Young Americans
est le neuvieme
album studio
de
David Bowie
, sorti en mars
1975
chez
RCA Records
.
Il s'agit du premier album de Bowie entierement realise aux
Etats-Unis
. Le chanteur abandonne le
glam rock
qui l'a rendu celebre avec son personnage de
Ziggy Stardust
au cours des deux annees precedentes au profit d'une musique inspiree par la
soul
et le
funk
, des genres qu'il a toujours apprecies. La plupart des titres sont enregistres a
Philadelphie
entre aout et
avec des musiciens americains, parmi lesquels le guitariste portoricain
Carlos Alomar
, qui continue a travailler avec Bowie tout au long des annees 1970, ainsi qu'un jeune
Luther Vandross
encore inconnu.
Dans un deuxieme temps, Bowie enregistre deux chansons a
New York
avec
John Lennon
en
. L'une d'elles,
Fame
, devient son premier single a se classer en tete des ventes aux Etats-Unis. Ce virage artistique est un succes aussi bien commercial que critique et permet a Bowie de percer sur le sol americain. La vision lissee du
rhythm and blues
qu'il propose ouvre une voie ou s'engouffrent d'autres artistes dans les annees qui suivent, a l'epoque du
disco
.
Le
, David Bowie arrive a
New York
a bord du paquebot
France
[
1
]
. C'est le debut d'un sejour de deux ans aux
Etats-Unis
, un pays qui fascine le chanteur depuis l'enfance. Avec sa petite amie
Ava Cherry
, il decouvre la scene
soul
et
funk
new-yorkaise, et notamment l'
Apollo Theater
[
2
]
. Il assiste aux performances de groupes comme
The Temptations
,
The Spinners
ou
The Main Ingredient
, absorbant ces influences et louant leurs merites dans la presse
[
3
]
.
La tournee de promotion de l'album
Diamond Dogs
, sorti le
, commence le
par un concert au
Forum
de
Montreal
, au
Canada
. Cette tournee exclusivement nord-americaine se caracterise par un dispositif scenique complexe, avec des decors representant un paysage urbain post-apocalyptique et de nombreux accessoires. Les musiciens, qui se produisent derriere des draperies noires pendant presque tout le concert pour ne pas detourner l'attention du public, doivent s'en tenir scrupuleusement a leurs partitions tant le spectacle est choregraphie a la seconde pres. Nicholas Pegg, biographe de Bowie, decrit ces performances comme
≪ plus proche[s] d'une comedie musicale que d'un concert de rock normal
[
4
]
≫
. Musicalement, la tournee s'eloigne du
glam rock
energique grace auquel l'artiste s'est fait un nom dans son pays natal au cours des deux annees precedentes. Avec l'ajout de
saxophones
, de
flutes
et d'un
hautbois
, ses chansons sont reinventees dans de nouveaux arrangements ecrits par
Michael Kamen
, a mi-chemin entre le funk, la soul et le son d'un
big band
digne d'un cabaret de
Las Vegas
[
5
]
,
[
6
]
.
Sur scene, le chanteur abandonne le look androgyne et extra-terrestre de
Ziggy Stardust
. S'il a toujours les cheveux teints, en orange dorenavant, il est vetu d'un elegant costume deux-pieces avec veste croisee et pantalon taille haute
[
7
]
. Il fait preuve d'une reserve totale vis-a-vis du public, dont il semble ignorer l'existence
[
8
]
. Sa forte consommation de
cocaine
a des effets significatifs sur sa sante : devenu pale et emacie, il sombre dans la paranoia et se montre sujet a de violents changements d'humeur
[
9
]
. La degradation de son etat physique et mental est visible dans le documentaire
Cracked Actor
, filme durant l'annee 1974 par
Alan Yentob
, ainsi que dans son passage au
Dick Cavett Show
a la fin de l'annee
[
10
]
.
C'est egalement durant cette periode que Bowie decouvre la veritable nature du contrat qu'il a signe avec son impresario
Tony Defries
et sa societe MainMan : loin d'en etre le proprietaire a 50 %, il n'est en realite qu'un employe de Defries, qui ne lui reverse qu'une fraction negligeable des benefices engranges grace a sa musique
[
11
]
. L'ambiance de la tournee se degrade lorsque les musiciens, deja mecontents d'etre presque invisibles sur scene et de loger dans des hotels bon marche, apprennent que les concerts de juillet a
Philadelphie
doivent etre enregistres en vue d'un album
live
. Le bassiste
Herbie Flowers
lance un ultimatum a Bowie et Defries et obtient que les salaires des musiciens soient revus a la hausse pour ces prestations
[
9
]
.
Le premier segment de la tournee
Diamond Dogs
s'acheve sur deux concerts a guichets fermes au
Madison Square Garden
, les 19 et
. Durant les six semaines de pause avant le debut de la deuxieme partie, Bowie commence a travailler sur son prochain album. Il choisit de l'enregistrer aux studios
Sigma Sound
de
Philadelphie
, qu'il a eu l'occasion de visiter au cours de la tournee pour un projet abandonne de disque d'Ava Cherry. Les
musiciens de studio
du groupe
MFSB
etant occupes sur d'autres projets (a l'exception du percussionniste Larry Washington), le chanteur recrute d'autres accompagnateurs. Des participants de la tournee
Diamond Dogs
, il ne retient que le pianiste
Mike Garson
, le saxophoniste
David Sanborn
et le percussionniste
Pablo Rosario
. Pour tenir la guitare, il fait appel a
Carlos Alomar
, dont il a fait la connaissance au mois d'avril. Ce guitariste portoricain a fait partie du groupe resident de l'
Apollo Theater
et a joue avec
James Brown
, l'une des idoles d'enfance de Bowie. C'est sur sa recommandation que sont engages le batteur
Andy Newmark
(ex-
Sly and the Family Stone
) et le bassiste
Willie Weeks
. Le chanteur invite egalement la femme d'Alomar, Robin Clark, et son ami d'enfance
Luther Vandross
a participer comme choristes
[
12
]
.
Les premieres seances de travail prennent place le
. Trois jours plus tard, le producteur
Tony Visconti
, qui a deja collabore avec Bowie pour les albums
Space Oddity
(1969) et
The Man Who Sold the World
(1970), arrive d'Angleterre. Malgre le
decalage horaire
, il supervise le soir meme l'enregistrement de la future chanson-titre,
Young Americans
[
13
]
. En l'espace de deux semaines, une dizaine de chansons supplementaires sont mises en boite, parmi lesquelles
Right
,
Somebody Up There Likes Me
,
Who Can I Be Now
,
It's Gonna Be Me
,
Can You Hear Me
,
After Today
, ainsi qu'une nouvelle version de
John, I'm Only Dancing
, un single sorti en
1972
. Cette periode de travail effrenee se conclut le
. Dans la soiree, Bowie invite un petit groupe de fans ayant campe devant l'entree des studios pendant tout ce temps, surnommes ≪ les Sigma Kids ≫, a y entrer pour ecouter ses nouvelles chansons
[
13
]
.
La tournee
Diamond Dogs
reprend au debut du mois de septembre. Les imposants decors sont rapidement abandonnes, le personnel modifie avec l'arrivee de Carlos Alomar et de cinq choristes supplementaires et la musique devient beaucoup plus soul, avec l'ajout dans le repertoire scenique de plusieurs reprises comme
Knock on Wood
d'
Eddie Floyd
(1966),
Here Today and Gone Tomorrow
des
Ohio Players
(1969) ou
Foot Stomping
des
Flares
(1961). Quelques-unes des chansons enregistrees en aout sont egalement presentees au public lors de ces concerts : c'est le cas de
Young Americans
,
It's Gonna Be Me
,
Can You Hear Me
et
Somebody Up There Likes Me
[
14
]
.
Lorsque la tournee repasse par Philadelphie fin novembre, Bowie en profite pour retourner aux studios Sigma Sound afin d'ajouter de nouveaux
overdubs
aux chansons d'aout et commencer le mixage de l'album
[
15
]
. Apres le dernier concert du
Diamond Dogs Tour
, le
1
er
decembre a
Atlanta
, il se rend aux studios
Record Plant
de
New York
pour enregistrer deux nouveaux titres composes sur la route et etrennes sur scene,
Fascination
et
Win
[
15
]
. Le premier est issu d'une composition de Vandross,
Funky Music (Is a Part of Me)
, pour laquelle Bowie ecrit de nouvelles paroles. Son titre est brievement envisage pour etre celui de l'album
[
16
]
.
En janvier
1975
, alors que le travail de
mixage
se poursuit aux studios Record Plant, Bowie renoue le contact avec
John Lennon
, dont il a fait la connaissance en septembre lors d'une fete a
Los Angeles
. L'ex-
Beatles
est alors en train de realiser
Rock 'n' Roll
, son album de reprises de chansons des annees 1950, dans le meme studio
[
17
]
. Visconti rentre a Londres pour continuer a mixer l'album, alors intitule provisoirement
The Gouster
, et ajouter des parties orchestrales a
Win
,
Can You Hear Me
et
It's Gonna Be Me
. En son absence, Bowie et Lennon se rendent dans un autre studio new-yorkais, les
studios Electric Lady
. Accompagnes d'Alomar et de quelques musiciens ayant participe a la fin de la tournee
Diamond Dogs
(notamment le guitariste
Earl Slick
et le batteur
Dennis Davis
), ils se lancent dans un
bœuf
qui debouche sur l'enregistrement de deux titres produits par Bowie avec l'ingenieur du son
Harry Maslin
. La premiere est une reprise d'une chanson des Beatles ecrite par Lennon,
Across the Universe
. Les musiciens tentent ensuite d'interpreter
Foot Stomping
, mais le resultat est insatisfaisant et Bowie ne conserve que le riff de guitare d'Alomar, qui sert de base a une nouvelle composition sur le cote obscur de la celebrite, dont Bowie comme Lennon ont pu faire l'experience :
Fame
. Pour faire de la place a ces deux nouveaux titres,
Who Can I Be Now?
et
It's Gonna Be Me
sont ecartees de l'album, de meme que la nouvelle version de
John, I'm Only Dancing
[
18
]
. Mis devant le fait accompli, Visconti ne peut que s'incliner
[
19
]
.
Young Americans
est choisie tardivement comme titre de l'album. Plusieurs autres titres sont envisages et rejetes durant sa conception, parmi lesquels
The Gouster
et
Fascination
, mais aussi
Dancin'
,
One Damn Song
(d'apres les paroles de la chanson-titre),
Shilling the Rubes
(une expression argotique signifiant ≪ rouler les gogos ≫) ou
Somebody Up There Likes Me
[
15
]
.
Young Americans
sort le
. Bowie est alors en pleins demeles judiciaires avec MainMan et Tony Defries, qui tente en vain d'empecher la parution de l'album
[
26
]
. Le succes commercial est au rendez-vous des deux cotes de l'Atlantique : il se classe
n
o
2 des ventes au Royaume-Uni
[
27
]
et
n
o
9 aux Etats-Unis, ou il est certifie
disque d'or
des le mois de juillet
[
28
]
et reste pendant cinquante-et-une semaines dans le
Billboard
200
[
29
]
. Les deux singles qui en sont extraits realisent egalement des performances notables dans le
hit-parade americain
: la chanson-titre, publiee en 45 tours deux semaines avant l'album, atteint la
28
e
place, tandis que
Fame
, sortie au mois de juillet, se classe en tete des
charts
fin septembre
[
30
]
.
Les critiques sont enthousiastes, en particulier aux Etats-Unis. Le magazine
Billboard
est particulierement seduit par la performance vocale de Bowie, jugee plus sincere et moins forcee que sur ses albums precedents, et estime que cette nouvelle direction va apporter de nouveaux fans au chanteur
[
31
]
. Dans
Rolling Stone
,
Jon Landau
est moins enthousiaste, mais il considere la chanson-titre comme
≪ un classique ≫
et estime que les meilleurs titres sont ceux ou
≪ Bowie combine sa nouvelle passion pour la soul avec sa connaissance de la pop anglaise
[
21
]
≫
. En revanche, pour
Robert Christgau
dans
The Village Voice
, il s'agit d'une experience ratee, meme s'il salue la prise de risque qu'elle constitue
[
20
]
. Les critiques britanniques sont egalement circonspects. Michael Watts n'est pas convaincu par l'evolution de Bowie et l'exprime nettement dans
Melody Maker
, affirmant que l'artiste
≪ est clairement depourvu du moindre investissement emotionnel dans ses chansons
[
31
]
≫
.
La querelle entre Bowie et Defries, abondamment commentee par la presse, se poursuit durant toute l'annee 1975. Au terme de longues negociations, le contrat qui lie le chanteur a MainMan prend fin, mais le desormais ex-manager est garanti de toucher une part significative des benefices sur tous les enregistrements que Bowie produira jusqu'en 1982
[
26
]
,
[
32
]
. Epuise physiquement et moralement, le chanteur ne donne pas de tournee de promotion pour
Young Americans
et se distancie rapidement de l'album, qu'il decrit en une occasion comme
≪ le R&B le plus bidon que j'aie jamais entendu
[
31
]
≫
. Il emploie egalement l'expression
≪
plastic soul
≫
pour en decrire le son
[
33
]
. Au printemps 1975, il quitte New York pour Los Angeles, ou il laisse libre cours a sa consommation toujours croissante de cocaine et son interet pour l'
occultisme
[
34
]
,
[
35
]
. Ces deux facteurs jouent un role determinant dans la conception de son album suivant,
Station to Station
, ou les influences soul et funk persistent, diluees dans un style plus personnel ou perce le son froid et mecanique de la
trilogie berlinoise
[
36
]
.
Le succes de
Young Americans
ouvre la voie a d'autres artistes britanniques blancs qui publient des disques teintes de soul dans la foulee, comme le single
Philadelphia Freedom
d'
Elton John
ou l'album
Atlantic Crossing
de
Rod Stewart
, mais aussi les albums
disco
des
Bee Gees
[
37
]
. Sa vision lissee du
rhythm and blues
inspire egalement des musiciens noirs, comme
James Brown
, qui reprend le riff de
Fame
pour sa chanson
Hot (I Need to Be Loved, Loved, Loved)
, ou
George Clinton
, qui s'en inspire pour le single de
Parliament
Give Up the Funk (Tear the Roof Off the Sucker)
[
24
]
.
Michael Jackson
poursuit cette demarche avec son album de 1979
Off the Wall
[
30
]
.
Avec le recul,
Young Americans
est considere de differentes manieres par les critiques et les fans de Bowie, qui s'opposent quant a la sincerite de la demarche du chanteur et son eventuelle reussite
[
37
]
. Pour
Stephen Thomas Erlewine
, l'album
≪ s'apprecie davantage quand on le considere comme une aventure stylistique que comme un disque en soi
[
25
]
≫
. Bowie se montre moins negatif apres quelques annees, le decrivant comme
≪ de la blue-eyed soul blanche plutot bonne ≫
dans une interview de 1990
[
37
]
. Apres la mort du chanteur, en
, Douglas Wolk salue dans
Pitchfork
la maniere dont
Young Americans
s'approprie les codes des musiques noires americaines sans jamais avoir l'air opportuniste, meme si le disque
≪ sonne parfois comme un artiste qui essaie tres fort de montrer a quel point il est imprevisible
[
24
]
≫
.
Young Americans
est l'un des neuf albums de Bowie qui figurent dans le livre
Les 1001 albums qu'il faut avoir ecoutes dans sa vie
.
Young Americans
marque un changement radical de
genre musical
pour Bowie. Si son precedent disque,
Diamond Dogs
, proposait deja quelques chansons dans une veine
soul
et
funk
, notamment
1984
avec sa
guitare wah-wah
rappelant le
Theme from Shaft
d'
Isaac Hayes
[
38
]
, il se plonge completement dans ces musiques noires sur cet album. Ses biographes s'accordent a y voir le fruit d'une passion sincere plutot que d'un calcul visant a conquerir le marche americain
[
3
]
,
[
39
]
,
[
40
]
.
La
chanson-titre
, la premiere a avoir ete enregistree, constitue ainsi une veritable
≪ declaration d'intention
[
41
]
≫
avec son
glissando
de
piano
en introduction (emprunte a
I Want You Back
des
Jackson Five
[
40
]
), son
saxophone
omnipresent et ses chœurs
gospel
arranges par
Luther Vandross
[
42
]
. Ses paroles decrivent la relation compliquee d'un jeune couple au milieu d'allusions nombreuses a la vie culturelle et politique americaine, de
Richard Nixon
, qui vient de demissionner a la suite du
scandale du Watergate
, a l'emission de television
Soul Train
, en passant par les voitures
Ford Mustang
,
Cadillac
et
Chrysler
[
33
]
,
[
42
]
.
La
ballade
Win
presente des arrangements riches, avec l'echo applique au saxophone de David Sanborn et les nappes de cordes de Tony Visconti. Les chœurs, chuchotes durant la majeure partie du morceau avant l'envolee finale, y dominent la voix de Bowie qui reste dans un registre limite
[
43
]
. Ses paroles celebrent la reussite
[
39
]
. Bowie affirme en 1975 l'avoir ecrite comme une attaque contre la paresse et l'inaction
[
44
]
. L'autre ballade orchestrale,
Can You Hear Me
, est d'abord envisagee comme un single pour
Lulu
avant d'etre enregistree pour
Young Americans
. Cette chanson d'amour, probablement dediee a Ava Cherry, annonce dans sa grandeur les ballades de
Station to Station
[
45
]
. Matthieu Thibault lui reproche un manque d'energie, tout comme a
Somebody Up There Likes Me
, la derniere ballade, dont les synthetiseurs froids constituent un autre presage de la direction prise par Bowie sur son album suivant
[
33
]
. Ode a un leader charismatique et genial, c'est une reflexion sur le
culte de la personnalite
, sujet deja aborde par le chanteur dans
Diamond Dogs
[
46
]
.
Composee par Luther Vandross,
Fascination
constitue
≪ l'hommage le plus assume au
Philly sound
de
Gamble et Huff
≫
selon Nicholas Pegg
[
16
]
. Elle se distingue par une grande maitrise rythmique qui souligne le dialogue entre Bowie et ses choristes
[
43
]
. L'autre morceau funk de l'album issu des seances aux studios Sigma Sound,
Right
, temoigne de l'influence de
James Brown
et du son du label
Stax Records
: la section rythmique chaloupee contraste avec le
clavinet
incisif de
Mike Garson
[
47
]
,
[
48
]
.
Les deux morceaux enregistres avec
John Lennon
en
se distinguent des autres en termes de production et d'accompagnement. La reprise de
Across the Universe
, avec ses arrangements grandiloquents et sa performance vocale manieree, est souvent consideree comme l'un des points faibles de l'album, voire de toute la decennie de Bowie :
≪ un horrible gachis ≫
pour Paul Trynka
[
49
]
, qui
≪ evoque davantage le spectacle d'une star sur le retour a Las Vegas que les hauteurs spirituelles de Lennon ≫
pour Matthieu Thibault
[
50
]
.
Fame
est quant a elle une chanson funk basique mais efficace, abondamment retravaillee en studio par Bowie qui decoupe et recolle les bandes des enregistrements, avec une partie de piano repassee a l'envers dans l'introduction par Lennon
[
51
]
. Les motifs de guitare et le chant rendent a nouveau hommage a James Brown, mais l'interpretation de Bowie fait preuve d'une plus grande distance, jouant un role de
≪ crooner desabuse ≫
qu'il reprend l'annee suivante sur
Station to Station
[
52
]
.
Parmi les chansons ecartees de l'album, plusieurs biographes de Bowie s'etonnent de l'abandon de
John, I'm Only Dancing (Again)
et
It's Gonna Be Me
. La premiere est une reinvention radicale du single de 1972, dont ne subsistent que le refrain et le theme de guitare, desormais habilles de nouvelles paroles et d'une coda funk qui lui fait depasser les sept minutes de long
[
53
]
. Ballade soul a la
Aretha Franklin
,
It's Gonna Be Me
est caracterisee par le piano minimaliste de Mike Garson, qui sous-tend
≪ l'une [des] interpretations les plus reussies ≫
de Bowie
[
39
]
. Nicholas Pegg n'hesite pas a parler de
≪ chef-d'œuvre oublie
[
54
]
≫
.
Who Can I Be Now?
aborde le theme cher a Bowie de l'identite et des changements de personnalite avec une progression dramatique vers un apogee gospel
[
55
]
.
After Today
, ecartee tot de l'album et publiee en 1990 dans le coffret
Sound + Vision
, est une chanson disco sur laquelle le chanteur adopte une voix de
fausset
exageree
[
56
]
.
Pour la pochette de l'album, Bowie envisage d'abord de faire appel au peintre
Norman Rockwell
, mais il y renonce en apprenant qu'il lui faudrait au moins six mois pour realiser son portrait. En fin de compte, c'est une photographie du chanteur prise par Eric Stephen Jacobs le
qui est choisie
[
31
]
. Retouchee a l'
aerographe
, elle montre en gros plan le visage de Bowie, les bras croises devant le menton, une cigarette allumee a la main. Le tout est concu pour rappeler l'esthetique de l'age d'or d'
Hollywood
. Cette photo s'inspire fortement d'un portrait de
Toni Basil
realise par Jacobs pour la couverture du magazine
After Dark
(en)
qui reprenait les memes codes : eclairage par l'arriere, cigarette allumee, bijoux etincelants
[
57
]
. Pour Matthieu Thibault, cette pochette
≪ s'adapte parfaitement au style factice de la musique par la pose de star hollywoodienne appretee et faussement nonchalante ≫
de Bowie
[
30
]
.
Toutes les chansons sont ecrites et composees par
David Bowie
, sauf mention contraire.
En 1991,
Young Americans
est reedite au format
CD
par
Rykodisc
/
EMI
avec les trois chansons ecartees de l'album au dernier moment pour laisser place a
Across the Universe
et
Fame
. Cette edition presente egalement des mixages differents des chansons
Win
,
Fascination
et
Right
, tandis que les reeditions CD ulterieures reprennent les mixages de l'album original
[
58
]
.
Une ≪ edition speciale ≫ de
Young Americans
parait en 2007. Elle comprend un DVD bonus avec des mixages en
multicanal
5.1
de l'album, ainsi que des extraits videos du passage de Bowie dans l'emission de television americaine
The Dick Cavett Show
du
.
|
|
9.
| John, I'm Only Dancing (Again)
(mixage stereo)
| 7:03
|
---|
10.
| Who Can I Be Now?
(mixage stereo)
| 4:40
|
---|
11.
| It's Gonna Be Me
(mixage stereo, version alternative avec cordes)
| 6:28
|
---|
12.
| 1984
(version du
Dick Cavett Show
)
| 3:07
|
---|
13.
| Young Americans
(version du
Dick Cavett Show
)
| 5:11
|
---|
14.
| Dick Cavett Interviews David Bowie
| 16:03
|
---|
En 2016, le coffret retrospectif
Who Can I Be Now? (1974?1976)
inclut une reconstruction de l'album
The Gouster
tel qu'il etait envisage avant les seances de
.
|
|
1.
| John, I'm Only Dancing (Again)
(deja parue en single en 1979 et sur la reedition de 1991)
| 7:01
|
---|
2.
| Somebody Up There Likes Me
(version alternative inedite)
| 6:32
|
---|
3.
| It's Gonna Be Me
(deja parue sur la reedition de 1991)
| 6:30
|
---|
4.
| Who Can I Be Now?
(deja parue sur la reedition de 1991)
| 4:42
|
---|
5.
| Can You Hear Me
(version alternative inedite)
| 5:24
|
---|
6.
| Young Americans
(identique a la version de l'album final)
| 5:17
|
---|
7.
| Right
(version alternative inedite)
| 4:40
|
---|
La majorite de l'album est enregistree par
[
3
]
:
|
Sur
Across the Universe
et
Fame
, Bowie est accompagne des musiciens suivants
[
3
]
:
|
- Tony Visconti
: production (sauf
Across the Universe
et
Fame
)
- Harry Maslin
: production (
Across the Universe
et
Fame
)
- David Bowie : production (
Across the Universe
et
Fame
)
- ↑
Cann 2012
,
p.
321.
- ↑
Trynka 2012
,
p.
372.
- ↑
a
b
c
et
d
Pegg 2016
,
p.
374.
- ↑
Pegg 2016
,
p.
558.
- ↑
Pegg 2016
,
p.
558-559.
- ↑
Thibault 2016
,
p.
146-147.
- ↑
Trynka 2012
,
p.
378.
- ↑
Thibault 2016
,
p.
144.
- ↑
a
et
b
Pegg 2016
,
p.
560.
- ↑
Spitz 2009
,
p.
243-247.
- ↑
Pegg 2016
,
p.
561.
- ↑
Pegg 2016
,
p.
374-375.
- ↑
a
et
b
Pegg 2016
,
p.
375.
- ↑
Pegg 2016
,
p.
562.
- ↑
a
b
et
c
Pegg 2016
,
p.
376.
- ↑
a
et
b
Pegg 2016
,
p.
89.
- ↑
Thibault 2016
,
p.
152-153.
- ↑
Thibault 2016
,
p.
153-154.
- ↑
Pegg 2016
,
p.
376-377.
- ↑
a
et
b
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