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Young Americans (album)

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Young Americans
Description de cette image, également commentée ci-après
Version en noir et blanc de la photo ayant servi comme illustration de la pochette de l'album
Album  de David Bowie
Sortie 7 mars 1975
Enregistre 8-18 aout 1974
20-24 novembre 1974
decembre 1974
janvier 1975
Sigma Sound ( Philadelphie )
Record Plant ( New York )
Electric Lady ( New York )
Duree 40:06
Genre blue-eyed soul , Philadelphia soul , dance-rock
Producteur Tony Visconti , Harry Maslin , David Bowie
Label RCA
Classement 2 e ( Royaume-Uni )
9 e ( Etats-Unis )

Albums de David Bowie

Singles

  1. Young Americans
    Sortie : 17 fevrier 1975
  2. Fame
    Sortie : 25 juillet 1975

Young Americans est le neuvieme album studio de David Bowie , sorti en mars 1975 chez RCA Records .

Il s'agit du premier album de Bowie entierement realise aux Etats-Unis . Le chanteur abandonne le glam rock qui l'a rendu celebre avec son personnage de Ziggy Stardust au cours des deux annees precedentes au profit d'une musique inspiree par la soul et le funk , des genres qu'il a toujours apprecies. La plupart des titres sont enregistres a Philadelphie entre aout et avec des musiciens americains, parmi lesquels le guitariste portoricain Carlos Alomar , qui continue a travailler avec Bowie tout au long des annees 1970, ainsi qu'un jeune Luther Vandross encore inconnu.

Dans un deuxieme temps, Bowie enregistre deux chansons a New York avec John Lennon en . L'une d'elles, Fame , devient son premier single a se classer en tete des ventes aux Etats-Unis. Ce virage artistique est un succes aussi bien commercial que critique et permet a Bowie de percer sur le sol americain. La vision lissee du rhythm and blues qu'il propose ouvre une voie ou s'engouffrent d'autres artistes dans les annees qui suivent, a l'epoque du disco .

Histoire [ modifier | modifier le code ]

Contexte [ modifier | modifier le code ]

Photo d'un homme aux cheveux roux allongé sur une passerelle dans un décor plongé dans l'obscurité où l'on distingue la silhouette d'un immeuble
Bowie sur scene le 5 juillet 1974 dans le decor futuriste de la tournee Diamond Dogs.

Le , David Bowie arrive a New York a bord du paquebot France [ 1 ] . C'est le debut d'un sejour de deux ans aux Etats-Unis , un pays qui fascine le chanteur depuis l'enfance. Avec sa petite amie Ava Cherry , il decouvre la scene soul et funk new-yorkaise, et notamment l' Apollo Theater [ 2 ] . Il assiste aux performances de groupes comme The Temptations , The Spinners ou The Main Ingredient , absorbant ces influences et louant leurs merites dans la presse [ 3 ] .

La tournee de promotion de l'album Diamond Dogs , sorti le , commence le par un concert au Forum de Montreal , au Canada . Cette tournee exclusivement nord-americaine se caracterise par un dispositif scenique complexe, avec des decors representant un paysage urbain post-apocalyptique et de nombreux accessoires. Les musiciens, qui se produisent derriere des draperies noires pendant presque tout le concert pour ne pas detourner l'attention du public, doivent s'en tenir scrupuleusement a leurs partitions tant le spectacle est choregraphie a la seconde pres. Nicholas Pegg, biographe de Bowie, decrit ces performances comme ≪ plus proche[s] d'une comedie musicale que d'un concert de rock normal [ 4 ]  ≫ . Musicalement, la tournee s'eloigne du glam rock energique grace auquel l'artiste s'est fait un nom dans son pays natal au cours des deux annees precedentes. Avec l'ajout de saxophones , de flutes et d'un hautbois , ses chansons sont reinventees dans de nouveaux arrangements ecrits par Michael Kamen , a mi-chemin entre le funk, la soul et le son d'un big band digne d'un cabaret de Las Vegas [ 5 ] , [ 6 ] .

Sur scene, le chanteur abandonne le look androgyne et extra-terrestre de Ziggy Stardust . S'il a toujours les cheveux teints, en orange dorenavant, il est vetu d'un elegant costume deux-pieces avec veste croisee et pantalon taille haute [ 7 ] . Il fait preuve d'une reserve totale vis-a-vis du public, dont il semble ignorer l'existence [ 8 ] . Sa forte consommation de cocaine a des effets significatifs sur sa sante : devenu pale et emacie, il sombre dans la paranoia et se montre sujet a de violents changements d'humeur [ 9 ] . La degradation de son etat physique et mental est visible dans le documentaire Cracked Actor , filme durant l'annee 1974 par Alan Yentob , ainsi que dans son passage au Dick Cavett Show a la fin de l'annee [ 10 ] .

C'est egalement durant cette periode que Bowie decouvre la veritable nature du contrat qu'il a signe avec son impresario Tony Defries et sa societe MainMan : loin d'en etre le proprietaire a 50 %, il n'est en realite qu'un employe de Defries, qui ne lui reverse qu'une fraction negligeable des benefices engranges grace a sa musique [ 11 ] . L'ambiance de la tournee se degrade lorsque les musiciens, deja mecontents d'etre presque invisibles sur scene et de loger dans des hotels bon marche, apprennent que les concerts de juillet a Philadelphie doivent etre enregistres en vue d'un album live . Le bassiste Herbie Flowers lance un ultimatum a Bowie et Defries et obtient que les salaires des musiciens soient revus a la hausse pour ces prestations [ 9 ] .

Enregistrement [ modifier | modifier le code ]

Le premier segment de la tournee Diamond Dogs s'acheve sur deux concerts a guichets fermes au Madison Square Garden , les 19 et . Durant les six semaines de pause avant le debut de la deuxieme partie, Bowie commence a travailler sur son prochain album. Il choisit de l'enregistrer aux studios Sigma Sound de Philadelphie , qu'il a eu l'occasion de visiter au cours de la tournee pour un projet abandonne de disque d'Ava Cherry. Les musiciens de studio du groupe MFSB etant occupes sur d'autres projets (a l'exception du percussionniste Larry Washington), le chanteur recrute d'autres accompagnateurs. Des participants de la tournee Diamond Dogs , il ne retient que le pianiste Mike Garson , le saxophoniste David Sanborn et le percussionniste Pablo Rosario . Pour tenir la guitare, il fait appel a Carlos Alomar , dont il a fait la connaissance au mois d'avril. Ce guitariste portoricain a fait partie du groupe resident de l' Apollo Theater et a joue avec James Brown , l'une des idoles d'enfance de Bowie. C'est sur sa recommandation que sont engages le batteur Andy Newmark (ex- Sly and the Family Stone ) et le bassiste Willie Weeks . Le chanteur invite egalement la femme d'Alomar, Robin Clark, et son ami d'enfance Luther Vandross a participer comme choristes [ 12 ] .

Les premieres seances de travail prennent place le . Trois jours plus tard, le producteur Tony Visconti , qui a deja collabore avec Bowie pour les albums Space Oddity (1969) et The Man Who Sold the World (1970), arrive d'Angleterre. Malgre le decalage horaire , il supervise le soir meme l'enregistrement de la future chanson-titre, Young Americans [ 13 ] . En l'espace de deux semaines, une dizaine de chansons supplementaires sont mises en boite, parmi lesquelles Right , Somebody Up There Likes Me , Who Can I Be Now , It's Gonna Be Me , Can You Hear Me , After Today , ainsi qu'une nouvelle version de John, I'm Only Dancing , un single sorti en 1972 . Cette periode de travail effrenee se conclut le . Dans la soiree, Bowie invite un petit groupe de fans ayant campe devant l'entree des studios pendant tout ce temps, surnommes ≪ les Sigma Kids ≫, a y entrer pour ecouter ses nouvelles chansons [ 13 ] .

La tournee Diamond Dogs reprend au debut du mois de septembre. Les imposants decors sont rapidement abandonnes, le personnel modifie avec l'arrivee de Carlos Alomar et de cinq choristes supplementaires et la musique devient beaucoup plus soul, avec l'ajout dans le repertoire scenique de plusieurs reprises comme Knock on Wood d' Eddie Floyd (1966), Here Today and Gone Tomorrow des Ohio Players (1969) ou Foot Stomping des Flares (1961). Quelques-unes des chansons enregistrees en aout sont egalement presentees au public lors de ces concerts : c'est le cas de Young Americans , It's Gonna Be Me , Can You Hear Me et Somebody Up There Likes Me [ 14 ] .

Lorsque la tournee repasse par Philadelphie fin novembre, Bowie en profite pour retourner aux studios Sigma Sound afin d'ajouter de nouveaux overdubs aux chansons d'aout et commencer le mixage de l'album [ 15 ] . Apres le dernier concert du Diamond Dogs Tour , le 1 er decembre a Atlanta , il se rend aux studios Record Plant de New York pour enregistrer deux nouveaux titres composes sur la route et etrennes sur scene, Fascination et Win [ 15 ] . Le premier est issu d'une composition de Vandross, Funky Music (Is a Part of Me) , pour laquelle Bowie ecrit de nouvelles paroles. Son titre est brievement envisage pour etre celui de l'album [ 16 ] .

Photo en noir et blanc de deux hommes assis face à face derrière une table basse
John Lennon interviewe par Tom Snyder en 1975.

En janvier 1975 , alors que le travail de mixage se poursuit aux studios Record Plant, Bowie renoue le contact avec John Lennon , dont il a fait la connaissance en septembre lors d'une fete a Los Angeles . L'ex- Beatles est alors en train de realiser Rock 'n' Roll , son album de reprises de chansons des annees 1950, dans le meme studio [ 17 ] . Visconti rentre a Londres pour continuer a mixer l'album, alors intitule provisoirement The Gouster , et ajouter des parties orchestrales a Win , Can You Hear Me et It's Gonna Be Me . En son absence, Bowie et Lennon se rendent dans un autre studio new-yorkais, les studios Electric Lady . Accompagnes d'Alomar et de quelques musiciens ayant participe a la fin de la tournee Diamond Dogs (notamment le guitariste Earl Slick et le batteur Dennis Davis ), ils se lancent dans un bœuf qui debouche sur l'enregistrement de deux titres produits par Bowie avec l'ingenieur du son Harry Maslin . La premiere est une reprise d'une chanson des Beatles ecrite par Lennon, Across the Universe . Les musiciens tentent ensuite d'interpreter Foot Stomping , mais le resultat est insatisfaisant et Bowie ne conserve que le riff de guitare d'Alomar, qui sert de base a une nouvelle composition sur le cote obscur de la celebrite, dont Bowie comme Lennon ont pu faire l'experience : Fame . Pour faire de la place a ces deux nouveaux titres, Who Can I Be Now? et It's Gonna Be Me sont ecartees de l'album, de meme que la nouvelle version de John, I'm Only Dancing [ 18 ] . Mis devant le fait accompli, Visconti ne peut que s'incliner [ 19 ] .

Young Americans est choisie tardivement comme titre de l'album. Plusieurs autres titres sont envisages et rejetes durant sa conception, parmi lesquels The Gouster et Fascination , mais aussi Dancin' , One Damn Song (d'apres les paroles de la chanson-titre), Shilling the Rubes (une expression argotique signifiant ≪ rouler les gogos ≫) ou Somebody Up There Likes Me [ 15 ] .

Parution et accueil [ modifier | modifier le code ]

Young Americans
Compilation des critiques
Periodique Note
The Village Voice [ 20 ] (1975) C+
Rolling Stone [ 21 ] (1975) positive
The New Rolling Stone Album Guide [ 22 ] (2004) 3/5 étoiles
Encyclopedia of Popular Music [ 23 ] (2006) 4/5 étoiles
Pitchfork [ 24 ] (2016) 8,7/10
AllMusic [ 25 ] (date inconnue) 3,5/5 étoiles

Young Americans sort le . Bowie est alors en pleins demeles judiciaires avec MainMan et Tony Defries, qui tente en vain d'empecher la parution de l'album [ 26 ] . Le succes commercial est au rendez-vous des deux cotes de l'Atlantique : il se classe n o  2 des ventes au Royaume-Uni [ 27 ] et n o  9 aux Etats-Unis, ou il est certifie disque d'or des le mois de juillet [ 28 ] et reste pendant cinquante-et-une semaines dans le Billboard 200 [ 29 ] . Les deux singles qui en sont extraits realisent egalement des performances notables dans le hit-parade americain  : la chanson-titre, publiee en 45 tours deux semaines avant l'album, atteint la 28 e  place, tandis que Fame , sortie au mois de juillet, se classe en tete des charts fin septembre [ 30 ] .

Les critiques sont enthousiastes, en particulier aux Etats-Unis. Le magazine Billboard est particulierement seduit par la performance vocale de Bowie, jugee plus sincere et moins forcee que sur ses albums precedents, et estime que cette nouvelle direction va apporter de nouveaux fans au chanteur [ 31 ] . Dans Rolling Stone , Jon Landau est moins enthousiaste, mais il considere la chanson-titre comme ≪ un classique ≫ et estime que les meilleurs titres sont ceux ou ≪ Bowie combine sa nouvelle passion pour la soul avec sa connaissance de la pop anglaise [ 21 ]  ≫ . En revanche, pour Robert Christgau dans The Village Voice , il s'agit d'une experience ratee, meme s'il salue la prise de risque qu'elle constitue [ 20 ] . Les critiques britanniques sont egalement circonspects. Michael Watts n'est pas convaincu par l'evolution de Bowie et l'exprime nettement dans Melody Maker , affirmant que l'artiste ≪ est clairement depourvu du moindre investissement emotionnel dans ses chansons [ 31 ]  ≫ .

Posterite [ modifier | modifier le code ]

La querelle entre Bowie et Defries, abondamment commentee par la presse, se poursuit durant toute l'annee 1975. Au terme de longues negociations, le contrat qui lie le chanteur a MainMan prend fin, mais le desormais ex-manager est garanti de toucher une part significative des benefices sur tous les enregistrements que Bowie produira jusqu'en 1982 [ 26 ] , [ 32 ] . Epuise physiquement et moralement, le chanteur ne donne pas de tournee de promotion pour Young Americans et se distancie rapidement de l'album, qu'il decrit en une occasion comme ≪ le R&B le plus bidon que j'aie jamais entendu [ 31 ]  ≫ . Il emploie egalement l'expression ≪  plastic soul  ≫ pour en decrire le son [ 33 ] . Au printemps 1975, il quitte New York pour Los Angeles, ou il laisse libre cours a sa consommation toujours croissante de cocaine et son interet pour l' occultisme [ 34 ] , [ 35 ] . Ces deux facteurs jouent un role determinant dans la conception de son album suivant, Station to Station , ou les influences soul et funk persistent, diluees dans un style plus personnel ou perce le son froid et mecanique de la trilogie berlinoise [ 36 ] .

Le succes de Young Americans ouvre la voie a d'autres artistes britanniques blancs qui publient des disques teintes de soul dans la foulee, comme le single Philadelphia Freedom d' Elton John ou l'album Atlantic Crossing de Rod Stewart , mais aussi les albums disco des Bee Gees [ 37 ] . Sa vision lissee du rhythm and blues inspire egalement des musiciens noirs, comme James Brown , qui reprend le riff de Fame pour sa chanson Hot (I Need to Be Loved, Loved, Loved) , ou George Clinton , qui s'en inspire pour le single de Parliament Give Up the Funk (Tear the Roof Off the Sucker) [ 24 ] . Michael Jackson poursuit cette demarche avec son album de 1979 Off the Wall [ 30 ] .

Avec le recul, Young Americans est considere de differentes manieres par les critiques et les fans de Bowie, qui s'opposent quant a la sincerite de la demarche du chanteur et son eventuelle reussite [ 37 ] . Pour Stephen Thomas Erlewine , l'album ≪ s'apprecie davantage quand on le considere comme une aventure stylistique que comme un disque en soi [ 25 ]  ≫ . Bowie se montre moins negatif apres quelques annees, le decrivant comme ≪ de la blue-eyed soul blanche plutot bonne ≫ dans une interview de 1990 [ 37 ] . Apres la mort du chanteur, en , Douglas Wolk salue dans Pitchfork la maniere dont Young Americans s'approprie les codes des musiques noires americaines sans jamais avoir l'air opportuniste, meme si le disque ≪ sonne parfois comme un artiste qui essaie tres fort de montrer a quel point il est imprevisible [ 24 ]  ≫ . Young Americans est l'un des neuf albums de Bowie qui figurent dans le livre Les 1001 albums qu'il faut avoir ecoutes dans sa vie .

Caracteristiques artistiques [ modifier | modifier le code ]

Paroles et musique [ modifier | modifier le code ]

Young Americans marque un changement radical de genre musical pour Bowie. Si son precedent disque, Diamond Dogs , proposait deja quelques chansons dans une veine soul et funk , notamment 1984 avec sa guitare wah-wah rappelant le Theme from Shaft d' Isaac Hayes [ 38 ] , il se plonge completement dans ces musiques noires sur cet album. Ses biographes s'accordent a y voir le fruit d'une passion sincere plutot que d'un calcul visant a conquerir le marche americain [ 3 ] , [ 39 ] , [ 40 ] .

La chanson-titre , la premiere a avoir ete enregistree, constitue ainsi une veritable ≪ declaration d'intention [ 41 ]  ≫ avec son glissando de piano en introduction (emprunte a I Want You Back des Jackson Five [ 40 ] ), son saxophone omnipresent et ses chœurs gospel arranges par Luther Vandross [ 42 ] . Ses paroles decrivent la relation compliquee d'un jeune couple au milieu d'allusions nombreuses a la vie culturelle et politique americaine, de Richard Nixon , qui vient de demissionner a la suite du scandale du Watergate , a l'emission de television Soul Train , en passant par les voitures Ford Mustang , Cadillac et Chrysler [ 33 ] , [ 42 ] .

La ballade Win presente des arrangements riches, avec l'echo applique au saxophone de David Sanborn et les nappes de cordes de Tony Visconti. Les chœurs, chuchotes durant la majeure partie du morceau avant l'envolee finale, y dominent la voix de Bowie qui reste dans un registre limite [ 43 ] . Ses paroles celebrent la reussite [ 39 ] . Bowie affirme en 1975 l'avoir ecrite comme une attaque contre la paresse et l'inaction [ 44 ] . L'autre ballade orchestrale, Can You Hear Me , est d'abord envisagee comme un single pour Lulu avant d'etre enregistree pour Young Americans . Cette chanson d'amour, probablement dediee a Ava Cherry, annonce dans sa grandeur les ballades de Station to Station [ 45 ] . Matthieu Thibault lui reproche un manque d'energie, tout comme a Somebody Up There Likes Me , la derniere ballade, dont les synthetiseurs froids constituent un autre presage de la direction prise par Bowie sur son album suivant [ 33 ] . Ode a un leader charismatique et genial, c'est une reflexion sur le culte de la personnalite , sujet deja aborde par le chanteur dans Diamond Dogs [ 46 ] .

Photo en noir et blanc d'un homme en sueur, vêtu d'une veste laissant visible sa poitrine, s'appuyant sur le pied du micro qu'il tient à la main
James Brown est l'une des inspirations vocales de Bowie.

Composee par Luther Vandross, Fascination constitue ≪ l'hommage le plus assume au Philly sound de Gamble et Huff  ≫ selon Nicholas Pegg [ 16 ] . Elle se distingue par une grande maitrise rythmique qui souligne le dialogue entre Bowie et ses choristes [ 43 ] . L'autre morceau funk de l'album issu des seances aux studios Sigma Sound, Right , temoigne de l'influence de James Brown et du son du label Stax Records  : la section rythmique chaloupee contraste avec le clavinet incisif de Mike Garson [ 47 ] , [ 48 ] .

Les deux morceaux enregistres avec John Lennon en se distinguent des autres en termes de production et d'accompagnement. La reprise de Across the Universe , avec ses arrangements grandiloquents et sa performance vocale manieree, est souvent consideree comme l'un des points faibles de l'album, voire de toute la decennie de Bowie : ≪ un horrible gachis ≫ pour Paul Trynka [ 49 ] , qui ≪ evoque davantage le spectacle d'une star sur le retour a Las Vegas que les hauteurs spirituelles de Lennon ≫ pour Matthieu Thibault [ 50 ] . Fame est quant a elle une chanson funk basique mais efficace, abondamment retravaillee en studio par Bowie qui decoupe et recolle les bandes des enregistrements, avec une partie de piano repassee a l'envers dans l'introduction par Lennon [ 51 ] . Les motifs de guitare et le chant rendent a nouveau hommage a James Brown, mais l'interpretation de Bowie fait preuve d'une plus grande distance, jouant un role de ≪ crooner desabuse ≫ qu'il reprend l'annee suivante sur Station to Station [ 52 ] .

Parmi les chansons ecartees de l'album, plusieurs biographes de Bowie s'etonnent de l'abandon de John, I'm Only Dancing (Again) et It's Gonna Be Me . La premiere est une reinvention radicale du single de 1972, dont ne subsistent que le refrain et le theme de guitare, desormais habilles de nouvelles paroles et d'une coda funk qui lui fait depasser les sept minutes de long [ 53 ] . Ballade soul a la Aretha Franklin , It's Gonna Be Me est caracterisee par le piano minimaliste de Mike Garson, qui sous-tend ≪ l'une [des] interpretations les plus reussies ≫ de Bowie [ 39 ] . Nicholas Pegg n'hesite pas a parler de ≪ chef-d'œuvre oublie [ 54 ]  ≫ . Who Can I Be Now? aborde le theme cher a Bowie de l'identite et des changements de personnalite avec une progression dramatique vers un apogee gospel [ 55 ] . After Today , ecartee tot de l'album et publiee en 1990 dans le coffret Sound + Vision , est une chanson disco sur laquelle le chanteur adopte une voix de fausset exageree [ 56 ] .

Pochette et photographie [ modifier | modifier le code ]

Pour la pochette de l'album, Bowie envisage d'abord de faire appel au peintre Norman Rockwell , mais il y renonce en apprenant qu'il lui faudrait au moins six mois pour realiser son portrait. En fin de compte, c'est une photographie du chanteur prise par Eric Stephen Jacobs le qui est choisie [ 31 ] . Retouchee a l' aerographe , elle montre en gros plan le visage de Bowie, les bras croises devant le menton, une cigarette allumee a la main. Le tout est concu pour rappeler l'esthetique de l'age d'or d' Hollywood . Cette photo s'inspire fortement d'un portrait de Toni Basil realise par Jacobs pour la couverture du magazine After Dark   (en) qui reprenait les memes codes : eclairage par l'arriere, cigarette allumee, bijoux etincelants [ 57 ] . Pour Matthieu Thibault, cette pochette ≪ s'adapte parfaitement au style factice de la musique par la pose de star hollywoodienne appretee et faussement nonchalante ≫ de Bowie [ 30 ] .

Fiche technique [ modifier | modifier le code ]

Chansons [ modifier | modifier le code ]

Album original [ modifier | modifier le code ]

Toutes les chansons sont ecrites et composees par David Bowie , sauf mention contraire.

Face 1
N o Titre Auteur Duree
1. Young Americans 5:10
2. Win 4:44
3. Fascination David Bowie, Luther Vandross 5:43
4. Right 4:13
Face 2
N o Titre Auteur Duree
5. Somebody Up There Likes Me 6:30
6. Across the Universe John Lennon , Paul McCartney 4:30
7. Can You Hear Me 5:04
8. Fame David Bowie, John Lennon, Carlos Alomar 4:12

Reeditions [ modifier | modifier le code ]

En 1991, Young Americans est reedite au format CD par Rykodisc / EMI avec les trois chansons ecartees de l'album au dernier moment pour laisser place a Across the Universe et Fame . Cette edition presente egalement des mixages differents des chansons Win , Fascination et Right , tandis que les reeditions CD ulterieures reprennent les mixages de l'album original [ 58 ] .

Titres bonus de la reedition CD de 1991
N o Titre Duree
9. Who Can I Be Now? (inedite) 4:36
10. It's Gonna Be Me (inedite) 6:27
11. John, I'm Only Dancing (Again) (publiee en single en 1979) 6:57

Une ≪ edition speciale ≫ de Young Americans parait en 2007. Elle comprend un DVD bonus avec des mixages en multicanal 5.1 de l'album, ainsi que des extraits videos du passage de Bowie dans l'emission de television americaine The Dick Cavett Show du .

Titres bonus du DVD de la reedition de 2007
N o Titre Duree
9. John, I'm Only Dancing (Again) (mixage stereo) 7:03
10. Who Can I Be Now? (mixage stereo) 4:40
11. It's Gonna Be Me (mixage stereo, version alternative avec cordes) 6:28
12. 1984 (version du Dick Cavett Show ) 3:07
13. Young Americans (version du Dick Cavett Show ) 5:11
14. Dick Cavett Interviews David Bowie 16:03

En 2016, le coffret retrospectif Who Can I Be Now? (1974?1976) inclut une reconstruction de l'album The Gouster tel qu'il etait envisage avant les seances de .

The Gouster
N o Titre Duree
1. John, I'm Only Dancing (Again) (deja parue en single en 1979 et sur la reedition de 1991) 7:01
2. Somebody Up There Likes Me (version alternative inedite) 6:32
3. It's Gonna Be Me (deja parue sur la reedition de 1991) 6:30
4. Who Can I Be Now? (deja parue sur la reedition de 1991) 4:42
5. Can You Hear Me (version alternative inedite) 5:24
6. Young Americans (identique a la version de l'album final) 5:17
7. Right (version alternative inedite) 4:40

Interpretes [ modifier | modifier le code ]

La majorite de l'album est enregistree par [ 3 ]  :

Sur Across the Universe et Fame , Bowie est accompagne des musiciens suivants [ 3 ]  :

Equipe de production [ modifier | modifier le code ]

  • Tony Visconti  : production (sauf Across the Universe et Fame )
  • Harry Maslin  : production ( Across the Universe et Fame )
  • David Bowie : production ( Across the Universe et Fame )

Classements et certifications [ modifier | modifier le code ]

Classements hebdomadaires
Pays (classement) Meilleure
position
Drapeau de l'Australie Australie ( Kent Music Report ) [ 59 ] 9
Drapeau du Canada Canada ( RPM ) 17
Drapeau des États-Unis Etats-Unis ( Billboard 200 ) [ 29 ] 9
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zelande ( RIANZ ) [ 60 ] 3
Drapeau de la Norvège Norvege ( VG-lista ) [ 61 ] 13
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni ( UK Albums Chart ) [ 27 ] 2
Drapeau de la Suède Suede ( Sverigetopplistan ) [ 62 ] 5
Certifications
Pays Certification Date Ventes certifiees
Drapeau du Canada Canada ( Music Canada ) [ 63 ] Disque d'or  Or 50 000
Drapeau des États-Unis Etats-Unis ( RIAA ) [ 28 ] Disque d'or  Or 500 000
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni ( BPI ) [ 64 ] Disque d'or  Or 100 000

References [ modifier | modifier le code ]

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Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

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