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Vautour fauve

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Gyps fulvus

Le Vautour fauve ( Gyps fulvus ), ou anciennement le griffon [ 1 ] , est une espece d' oiseaux charognard de la famille des Accipitridae .

Description [ modifier | modifier le code ]

Comme les autres vautours du genre Gyps , il possede un long cou et une tete qui, malgre la croyance, ne sont pas denudes mais dotes d'un fin duvet. S'ils etaient emplumes, ils se saliraient trop lors des curees ; a l'inverse, une peau nue rendrait difficile le nettoyage. Le duvet permet d'effriter facilement le sang seche et donc d'ameliorer l'hygiene de l'oiseau [ 2 ] . Leur bec fort permet d'arracher muscles et visceres des carcasses, guides vers l’œsophage grace a leur langue en forme de gouttiere. Leurs pattes, contrairement a celles de la plupart des autres Accipitrides , ne sont pas prehensiles, puisqu'elles n'ont pas d'utilite pour la chasse et ne leur servent que pour se percher et marcher (ils ne peuvent meme pas transporter avec elles une branche pour leur nid et doivent utiliser leur bec). Le poids moyen d'un Vautour fauve est de 9 kilos (6,5 a 11,5  kg ) [ 3 ] et son envergure est de 2,60  m (2,35 a 2,70  m ) [ 3 ] , [ 4 ] . Sa longueur varie de 95 a 110  cm [ 4 ] . Sa longevite est de 30 ± 10 ans.

D'un aspect general de couleur fauve, la couleur du plumage est neanmoins variable entre les individus, tirant tantot sur le brun sombre, le dore ou le gris. Les pattes et la cire du bec sont grises. La peau de la face est legerement bleutee. Il n'y a pas de dimorphisme sexuel. En revanche il est possible de distinguer les immatures des adultes. Les immatures ont une collerette filandreuse brune, alors qu'elle devient cotonneuse et blanche avec l'age. Le bec noir devient progressivement blanc ivoire. L’œil, d'abord integralement noir, s'eclaircit vers un jaune ocre avec des tirant un peu sur le rouge au debut, puis de plus en plus vers le dore. Enfin la couleur generale change aussi, les jeunes etant souvent bruns et assez unis, alors que les vieux individus presentent souvent des robes plus ecailleuses tirant sur le dore [ 3 ] .

Systematique [ modifier | modifier le code ]

D'apres Alan P. Peterson , cette espece est constituee des deux sous-especes suivantes :

  • Gyps fulvus fulvus , Hablizl, 1783, la plus commune au niveau mondial et la seule presente en Europe.
  • Gyps fulvus fulvescens, Hume, 1869, sous-espece qui se rencontre dans la partie orientale de l'aire de repartition du fauve, vers l’Himalaya ;

Comportement [ modifier | modifier le code ]

Vautour fauve en vol dans les Pyrenees (France).

Locomotion [ modifier | modifier le code ]

Le Vautour fauve est un oiseau planeur ; lourd et massif, il utilise les courants ascendants thermiques et orographiques pour planer et peut parcourir ainsi de grandes distances a la recherche de nourriture. Pour la prospection alimentaire, il parcourt habituellement une centaine de kilometres par jour, mais peut en faire plus de 300  km dans des conditions favorables. En cas de deplacement entre massifs ces distances peuvent encore augmenter.

Comportement social [ modifier | modifier le code ]

Animal gregaire , le Vautour fauve vit en colonie, qui comprennent des aires et des reposoirs ou les grands oiseaux se rassemblent et sont toujours a proximite de sources de nourriture. Ces surfaces sont en general orientees au sud ou au sud-est. Les vautours fauves restent en hauteur (falaises) pour profiter des courants d'air et s'elever sans efforts.

Les vautours partent en petits groupes dans la matinee pour prospecter leur territoire a la recherche de nourriture et reviennent en fin d'apres-midi.

Alimentation [ modifier | modifier le code ]

Strictement charognard , il se nourrit sur les carcasses de grands animaux qu'il detecte en vol grace a sa vue. De nos jours, avec la rarefaction ou la disparition des grands animaux sauvages ( mouflons , chamois , bouquetins ), le Vautour fauve se nourrit principalement d'animaux domestiques morts ( moutons , chevres , vaches , porcs , chevaux ).

Souvent, tout un cortege d'animaux precedent les vautours : grands corbeaux , milans , renards , etc. Ce sont d'excellents indicateurs pour les vautours, car, tres farouches, ils ne se risquent a approcher une proie que quand il n'y a pas de danger.

Comme tous les vautours du genre Gyps , le Vautour fauve est un ≪ tireur-fouilleur ≫. Son long cou lui permet de s'introduire dans les carcasses par les orifices naturels ou les zones de peau fine ( mamelles , aines , aisselles ). Il ne se nourrit que des chairs molles ( muscles et visceres ) et laisse le reste ( tendons , cartilages , os …) qui est exploite par d'autres especes, comme le Vautour moine ou le Gypaete barbu .

Reproduction [ modifier | modifier le code ]

Œuf de Vautour fauve, Museum de Toulouse .

Entre novembre et janvier, les couples de Vautours fauves se forment au sein de la colonie. Les oiseaux font alors des vols en tandem, le male planant au-dessus de la femelle le plus pres et le plus longtemps possible. Le couple forme, ils construisent un nid d'un peu moins d'un metre de large pour 20  cm de haut, fait de branches enchevetrees au sein desquelles est creusee une legere depression garnie de brindilles, plumes et lambeaux de peaux.

Ils pondent chaque annee un œuf unique d'environ 300  g au mois de janvier ou fevrier. L'incubation dure en moyenne 55 jours (50 a 57) [ 3 ] . L'adulte lui apporte sa nourriture, qu'il quemande energiquement : l'avant du corps est baisse, les ailes a demi-ecartees, la tete relevee, il piaille plaintivement tout en donnant regulierement de petits coups de bec sur le bec de l'adulte. Il fait son premier vol a l'age de 4 mois, alors qu'il pese environ 8  kg , entre juillet et aout et reste dependant de ses parents encore un a deux mois.

Repartition et habitat [ modifier | modifier le code ]

L'aire de repartition du Vautour fauve est comprise entre les 13 e et 48 e  paralleles Nord, et s’etend du Portugal au Nepal. La sous espece nominale fulvus occupe le bassin mediterraneen et les zones montagneuses plus au Nord, l'Asie mineure et la peninsule arabique. La sous especes fulvescens est presente en Asie centrale autour de l'Himalaya. La limite entre les deux populations se situe en Afghanistan.

Le Vautour fauve est rupicole, il est donc relativement dependant de la presence de falaises pour nicher. Cela dit, de rares cas de nidification sur des arbres sont connus. C'est la presence de falaises pour nicher et la presence de ressources alimentaires dans un rayon de quelques dizaines de kilometres qui rendent attractifs une region pour une colonie. Il niche en dessous du niveau de la mer dans un canyon a Ein Gedi en Israel, sur des falaises maritimes sur l’ile de Cres, en Croatie, et jusqu’a 3 000  m d'altitude dans l'Himalaya.

Aux zones de nidifications s'ajoutent :

  • les zones de prospection alimentaires, generalement entre 50 et 150 km autours des colonies ;
  • les zones de transits entre les colonies, qui forment des couloirs dans lesquels des vautours circulent regulierement ;
  • les zones d'hivernages, principalement utilisee entre deux reproductions, par les immatures, les individus solitaires ou ayant echoues precocement leur reproduction ;
  • les zones d’erratismes, les immature mais aussi parfois des groupes d'adultes s'aventurent loin de leurs territoires ≪ habituels ≫, on peut par exemple voir chaque annee des vautours de la Bretagne a la Pologne en passant par les Pays-Bas.

En Europe, au Moyen Age, le Vautour fauve nichait encore dans les Vosges, le Sud de l' Allemagne et possiblement jusqu’aux Ardennes. En raison de differents facteurs (modifications des pratiques agricoles, destructions directe volontaire ou involontaire) son aire de repartition a progressivement diminuee. Apres avoir failli etre extermine au debut du XX e  siecle, le fauve ne subsistant plus que dans la peninsule Iberique, la crete et de maniere tres precaire dans de rares endroit dans les Balkans. La mise en place de mesures de protections et de programmes de reintroductions dans la seconde moitie du XX e  siecle ont permis la creation de plusieurs nouvelles populations. Depuis les populations augment et recolonisent petits a petits leurs anciens territoires. En 2008, l'ile de Majorque a ete colonisee : apres une tempete, un groupe de vautours s'est trouve et y a forme une nouvelle population. La situation est plus preoccupante au Maghreb et dans la peninsule arabique ou les faibles noyaux de populations se maintiennent encore mais sont toujours menaces [ 3 ] .

Le Vautour fauve et l'Homme [ modifier | modifier le code ]

Victimes de leur mauvaise reputation, les vautours avaient fortement regresse en Europe, et dans le pourtour mediterraneen, et meme totalement disparu sur une vaste partie de leur aire naturelle de repartition. Les populations ont commence a remonter des les annees 1980 apres l'interdiction des pratiques d'empoisonnement des nuisibles dans les annees 1970. En effet, oiseau necrophage, il capte les substances toxiques des charognes dont il se nourrit.

Pour accelerer ce retour naturel, des programmes de protection et de reintroduction ont ete mis en place (notamment par le FIR , depuis fusionne avec la LPO , en France des 1976 dans les Grands Causses ). Les lachers de jeunes adultes ont ete les plus efficaces (au niveau de la survie a long terme [ 5 ] ) et ils ont permis de reconstituer une population viable. On denombrerait en 2022 : 902 couples dans le Massif central, 800 dans les Alpes et environ 1 200 dans les Pyrenees [ 6 ] .

Protection [ modifier | modifier le code ]

Le Vautour fauve beneficie d'une protection totale sur le territoire francais depuis 1972, renforce par la protection de l'ensemble des rapaces en 1976 [ 7 ] et enfin par l'arrete ministeriel du relatif aux oiseaux proteges sur l'ensemble du territoire. Il est inscrit a l'annexe I de la directive Oiseaux n o  79/409/CEE de l' Union europeenne [ 8 ] , a l'annexe II de la convention de Berne du relative a la conservation de la nature en Europe, a l'annexe II de la convention de Bonn du relative a la conservation des especes migratrices (du fait de l'erratisme juvenile amenant les oiseaux a beaucoup voyager au debut de leur vie), a l'annexe II de la convention de Washington du relative au commerce international d'espece menacee (CITES) et de fait, par l'annexe I du Reglement communautaire n o  3626/82/CEE declinant la convention de Washington a l'echelle europeenne.

Il est donc interdit de le detruire, le mutiler, le capturer ou l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de detruire ou enlever les œufs et les nids et de detruire, alterer ou degrader leur milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le detenir, de le vendre ou de l'acheter.

Programmes de reintroduction [ modifier | modifier le code ]

  • Grands Causses : 4 oiseaux laches en 1971, echec de l'etablissement d'une population
  • Grands Causses : 61 oiseaux laches entre 1981 et 1986
  • Cirque de Navacelles : 50 oiseaux laches entre 1993 et 1997, tous rejoignent la colonie des Grands Causses
  • Baronnies : 61 oiseaux laches entre 1996 et 2001
  • Verdon : 90 oiseaux laches entre 1999 et 2004
  • Vercors - Diois : 80 oiseaux laches entre 1999 et 2008
  • Italie : 4 projets de reintroduction depuis 1992, dont un en Sicile. A cela s'ajoute un programme de renforcement de population en Sardaigne.
  • Espagne : un renforcement de population dans les Picos de Europa
  • Israel : debut d'une reintroduction en 1989 sur sur le mont Carmel
  • Bulgarie : 260 oiseaux laches entre 2010 et 2014
  • Chypre : projet de renforcement de population en cours depuis 2021

Pressions et menaces sur l'espece [ modifier | modifier le code ]

Depuis longtemps les vautours sont impactes par les activites humaines. Le remplacement des mammiferes sauvages par des animaux domestiques et la modification des pratiques agricole avec de grandes variations des zones ouvertes et du betail accessible ou une fermeture des milieux et une progressions de la foret ont joue un role dans l’evolution des populations de vautours au cours des derniers siecles. Plus recemment l'empoisonnement de nombreux carnivores dans le monde (loups, chiens errants, renards, etc.) a conduit a de nombreux empoisonnements de vautours, ceux-ci arrivant generalement avant l’espece visee sur les cadavres empoisonnes. A cela s'ajoutent des cas empoisonnement volontaires, visant directement les vautours. Les vautours sont chasses depuis longtemps notamment pour leurs plumes, mais ce n'est qu'a l'epoque moderne que cette chasse devient sportive, ce a quoi s'ajoute la mode des collections naturalistes au XIX e  siecle. L'empoisonnement et les tirs ont mene a l’extinction de nombreuses populations de vautours en Europe et sont toujours les principales menaces dans le monde.

Actuellement, en France, les causes de mortalite anthropique sont toujours majoritaires et representent environ deux tiers des causes de mortalites identifiees sur les cadavres recuperes et autopsies dans le cadre du programme Vigilance Poison [ 3 ] , [ 9 ] . On trouve environ un tiers d'empoisonnements, la majorite provenant de molecules interdites a la vente depuis plusieurs annees (avec en premiere position le Carbofurant , pourtant interdit depuis 2008) et dans une moindre mesure du plomb. Viennent ensuite le reseau electrique (percussion des cables et electrocution), autours de 10 %. Puis les tirs et destructions directes, environ 6 %. Et enfin les eoliennes, encore peu representees dans les statistiques (2 %) du fait de leur arrivee relativement recente dans les zones ou les vautours sont presents, sachant que les populations de vautours sont encore basses (toujours en train de recoloniser leurs anciens territoires) et que le nombre de centrales eoliennes est amene a augmenter, notamment dans des zones ou sont presents les vautours (de fait les deux se retrouvent dans des zones avec du vent et une faible densite de population). Une situation qui inquiete les gestionnaires, d'autant plus au vu de la situation en Espagne ou, dans des zones avec de fortes densites de vautours et d'eolienne, les vautours fauves representent un quart des mortalites recensees [ 10 ] , [ 11 ] .

Le Diclofenac , responsable de l'effondrement des populations sur le sous-continent indien dans les annees 1990 et 2000, a ete autorise en Europe en 2013 et possede actuellement une autorisation de mise sur le marche en Espagne et en Italie. Les scientifique alertent regulierement les pouvoirs publics du risque que cette autorisation represente pour la perennite des population europeennes [ 12 ] , [ 13 ] , [ 14 ] .

Le Vautour fauve a ete teste en tant qu' espece-sentinelle pour la biosurveillance du plomb (en integrant les signatures isotopiques et en utilisant des modelisations (sur la base de 691 echantillons de sang d'oiseaux preleves sur cinq ans) [ 15 ] . Cette experience a notamment montre que le risque de saturnisme est tres eleve pour cette espece : 44,9 % des Vautours fauves testes (soit 15 % de la population europeenne) presentait des plombemies tres elevees (> 200 ng/ml) expliquees d'une part par des sources geologiques et d'autre part par des sources anthropiques (munitions telles que grenailles ou balles a base de plomb notamment, source d'un saturnisme animal du a la toxicite de ces munitions ) [ 15 ] . Cette experience s'integre dans une approche de type One health . Le saturnisme peut etre reduit par l'offre de carcasses saines et le passage aux munitions sans plomb [ 16 ] .

Les vautours servent depuis longtemps d'equarrisseurs pour les activites humaines. Cela dit les societes ont evolue et avec elles leurs rapports a la mort et a la gestion des cadavres. En France, la loi Martel de 1902 commence a encadrer la gestion des cadavres. En 1942 est mis en place le Service Public de l’Equarrissage, interdisant de fait les depots incontroles de cadavres d’animaux. Les lois du 31 decembre 1975 puis du 26 decembre 1996 ont conforte cette reglementation en etendant ce service a l’ensemble des dechets et sous produits animaux. Les animaux sauvages etant remplaces par des animaux domestiques et les cadavres d'animaux domestiques ne pouvant plus etre laisse en nature, ces evolutions reglementaires ont diminue la ressource alimentaire disponible pour la guilde des necrophages. A l'echelle europeenne, apres la crise de la vache folle , les charniers a ciels ouverts ont ete interdit le 12 mai 2003. L'Espagne notamment utilisait encore beaucoup les vautours comme equarrisseur(pour des raisons economiques) et continue de tolerer ces charniers pendant quelques annees. Le 23 septembre 2005 la commission europeenne amende le texte pour permettre le nourrissage des necrophages. Contre toute attente l'Espagne se decide alors a appliquer la loi de 2003, sans tenir compte de l’amendement de 2005, et ferme brutalement tous ses charniers. La population espagnole, alors estimee autours de 24 000 couples, se retrouve donc privee de sa plus importante source de nourriture. Le succes reproducteur s'est alors effondre et les adultes ont emigre vers d'autres regions, notamment le Massif central et les Alpes. Des bandes de Vautours fauves explorant de nouveaux territoires ont ete apercues a des centaines de kilometres de leur territoire (Nord de la France, Allemagne). En , jusqu'a 200 vautours survolaient la Belgique et les environs. La Commission europeenne a reprecise que sa directive permettait des derogations en Espagne, au Portugal, en France, Italie et Grece, si les carcasses offertes a la faune sauvage ne presentaient aucun risque pour la sante et sont exemptes du prion de l' ESB . L'Espagne a finalement utilise cette derogation via un Decret Royal [ 17 ] , mettant un terme au probleme. Le , le parlement europeen a vote l'autorisation d'utilisation des carcasses d’animaux pour nourrir les rapaces necrophages [ 18 ] .

Controverse sociale [ modifier | modifier le code ]

C'est en 1990, en Espagne, que la presse relaie pour la premiere fois une ≪ attaque ≫ de vautours a l'encontre de chevaux [ 3 ] . En 1993 puis en 1996, de nouveaux articles sont publies cote espagnol [ 19 ] et dans le meme temps ce phenomene atteint le cote francais, dans les Pyrenees-Atlantiques. Apres un fort pic des plaintes en 2007 [ 19 ] , [ 3 ] , [ 20 ] , cette polemique va gagner les autres zones frequentees par les vautours : Alpes de Savoie [ 21 ] et Causses. 1 165 temoignages d'attaques de betail domestique par des vautours auraient ainsi ete recenses en Espagne pendant la periode 2006 - 2010 [ 22 ] . Cette recrudescence du phenomene en Espagne, faits exceptionnels pour des animaux principalement charognards (plus de 1 % des curees lors du pic de 2007 [ 23 ] ), pourrait etre liee a la fermeture soudaine fin 2005 des muladares , des charniers illegaux jusque-la toleres. Il s'est ensuivi une reduction drastique et instantanee de la disponibilite alimentaire. Cela a entraine une famine pour les necrophages, dont une grande partie a emigre (jusqu'a 80 % des individus par endroits). Dans les annees suivantes, les juveniles et immatures ont vu leur taux de mortalite augmenter et tandis que le succes reproducteur s'effondrait [ 3 ] . Apres la reouverture des charniers (mieux encadres) en 2009, les populations de vautours se sont reinstallees dans ces zones.

Pour repondre a la pression sociale naissante, l'Etat constitue un comite de pilotage dans les Pyrenees-Atlantiques en 2002, copreside par le prefet de region et l'Institut patrimoniale du Haut-Bearn. Dans un contexte tres tendu autour de la reintroduction des ours, la nomination de l'IPHB, se presentant comme les portes-paroles des eleveurs, devait permettre une baisse des tensions, legitimant au passage cette structure aux yeux du public. Ce comite a notamment en charge la mise en place de constats institutionnalises, permettant de recueillir les temoignages de maniere homogene. Seuls les agents assermentes de l'IPHB, du parc national des Pyrenees et de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (devenue depuis l' OFB ) sont habilites a recueillir les constats. La plupart des constats ne reposent sur aucun element materiel et se limitent a un recueil de temoignages. Rapidement, une scission se cree entre les agents de l'Etat, accuses de minimiser les faits, et les agents de l'IPHB, a qui l'on reprochait a contrario un manque d'objectivite et une trop grande facilite a tout imputer aux vautours. Finalement, les constats normalises, loin de dissiper les doutes, ont plutot laisse le sentiment a une partie de la profession agricole de ne pas etre ecoutes et ont renforce les clivages [ 24 ] .

Depuis, des articles reviennent de maniere recurrente dans les medias [ 25 ] , [ 26 ] , [ 27 ] , presentant des temoignages aboutissant tres souvent a une affirmation que l'on peut resumer ainsi : ≪ les vautours sont trop nombreux, ils ont faim, donc ils attaquent ≫ allant parfois jusqu’a des demandes de regulation de la population. Ces phenomenes ne sont pourtant pas correles au nombre de vautours. Ainsi, dans les Pyrenees, on compte six attaques entre 1993 et 1996 pour plus de 300 couples ; on en compte 256 en 2007 lors du pic, pour 560 couples et seulement 52 en 2012 pour 830 couples [ 23 ] . L'evolution du nombre de plaintes est ainsi completement decorrele a l'evolution du nombre de couples de vautours fauves sur les territoires. Les cœurs des colonies, ou les vautours sont pourtant plus concentres, sont les zones avec le moins de plaintes. La majorite des plaintes se situent en limite d'aire de repartition, dans les zones nouvellement recolonises par les oiseaux. En revanche la publication d'un article dans la presse cree souvent un effet d'emballement mediatique et le nombre de signalements augmente localement pendant les semaines qui suivent, comme si il y a avait des epidemies d'attaques ou un phenomene de contagion sociale. Les recherches recentes sur le sujet mettent ainsi en avant que la reponse a ce phenomene n'est plus a chercher du cote de la biologie, mais plutot des sciences sociales, pointant notamment le role des media et des fake-news dans l'entretien de cette polemique [ 28 ] , [ 29 ] , [ 30 ] , [ 31 ] , [ 32 ] .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Georges-Louis Leclerc de Buffon , Histoire Naturelle des Oiseaux ( lire en ligne ) , p.  113
  2. Pierre Deom , La Hulotte , , 43  p. , chap.  91 (≪ Tonton Griffon ≫), p.  41
  3. a b c d e f g h et i Bertrand Eliotout, Antoine Adam, Bruno Berthemy et Olivier Duriez, Le vautour fauve , Paris, Delachaux et Niestle , , 2 e   ed. ( 1 re   ed. 2007), 192  p. ( EAN   9782603029114 ) , p.  34
  4. a et b Killian Mullarney, Lars Svensson, Dan Zetterstrom, Peter J.Grant ( trad.  du suedois), Le guide ornitho : le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, 900 especes , Paris, Delachaux et Niestle , , 448  p. ( ISBN   978-2-603-02393-8 ) , Rapaces diurnes, Vautour fauve
  5. A. Robert, D. Couvet, F. Sarrazin, S. Legendre, ≪  Releasing young versus adult in reintroductions : interaction between demography and genetics  ≫, Conservation Biology n o  18, 2004, pages 1078-1087 (article commente dans Nature n o  430, p.  739)
  6. DREAL Nouvelle-Aquitaine, Bilan a mi-parcours - Plan National d'Actions Vautour fauve et activites d'elevage 2017-2026 ,
  7. ≪  Loi n o  76-629 du 10 juillet 1976 relative a la protection de la nature  ≫, sur Legifrance ,
  8. Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue pour la protection des oiseaux
  9. Lydia Vilagines, ≪  Vigilance Poison: 13 ans de suivi des causes de mortalite des vautours et des milans royaux sur la chaine pyreneenne  ≫ Accès libre [PDF] , sur Comite National Avifaune ,
  10. Esther Sebastian-Gonzalez , Juan Manuel Perez-Garcia , Martina Carrete et Jose Antonio Donazar , ≪  Using network analysis to identify indicator species and reduce collision fatalities at wind farms  ≫, Biological Conservation , vol.  224,‎ , p.  209?212 ( ISSN   0006-3207 , DOI   10.1016/j.biocon.2018.06.003 , lire en ligne , consulte le )
  11. @NatGeoFrance , ≪  Comment mieux proteger les oiseaux des eoliennes ?  ≫, sur National Geographic , (consulte le )
  12. Audrey Gleonec, ≪  Un medicament toxique menace la survie des vautours en France  ≫, Reporterre ,‎ ( lire en ligne )
  13. ≪  Biodiversite : la menace pese sur les vautours dans les Pyrenees  ≫, sur Franceinfo , (consulte le )
  14. ≪  Pyrenees : des scientifiques alertent sur la menace d’un empoisonnement des vautours  ≫, sur SudOuest.fr , (consulte le )
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  16. ≪  Journees d’experimentation de munitions sans plomb en Lozere | Parc national des Cevennes  ≫, sur www2.cevennes-parcnational.fr (consulte le )
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  18. LPO, Equarrissage Naturel , coll.  ≪ Cahier Technique de la Mission Rapace ≫, , 41  p. ( lire en ligne )
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  20. (en) Antoni Margalida , David Campion et Jose A. Donazar , ≪  Vultures vs livestock: conservation relationships in an emerging conflict between humans and wildlife  ≫, Oryx , vol.  48, n o  2,‎ , p.  172?176 ( ISSN   0030-6053 et 1365-3008 , DOI   10.1017/S0030605312000889 , lire en ligne , consulte le )
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  31. Ornithomedia , ≪  Les "attaques" de vautours : fantasmes et realites  ≫, sur Ornithomedia.com , (consulte le )
  32. Stephane Thepot, ≪  [Attaques de vautours fauves] Prises de bec  ≫, sur Revue SESAME ,

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

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Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Bertrand Eliotout, Antoine Adam, Bruno Berthemy, Olivier Duriez, Le Vautour fauve , 2022, 2nd edition, ed. Delachaux et Niestle, Paris, 192p.
  • Pierre Deom, La Hulotte , n o  91 et 93, ≪ Tonton Griffon ≫
  • Killian Mullarney, Lars Svensson, Dan Zetterstrom, Petter J. Grant, Le guide ornitho , Collection ≪ Les guides du naturaliste ≫, ed Delachaux et Niestle
  • Aristote , H.A., 6, 5, 562 b ; 9, 11, 615 a.
  • Pline , 10, 113.
  • Belon , H.O., 2, 1 ; 2, 2.
  • Martine Razin , Isabelle Rebours et Christian Arthur , ≪  Le Vautour fauve Gyps fulvus dans les Pyrenees francaises : statut recent et tendance  ≫, Ornithos , Rochefort, Ligue pour la protection des oiseaux, vol.  15-6,‎ , p.  385-393 ( ISSN   1254-2962 )

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

References taxonomiques [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]