Les
Siciliens
sont les habitants de la
Sicile
, une
region autonome
d'
Italie
; ils constituent une partie des
Italiens
.
L'ethnonyme est anciennement mentionne sous la graphie
Sycillien
[
3
]
. Il s'agit d'un emprunt au
latin medieval
sicilianus
; lui-meme issu de
Sicilia
, nom
latin
de la Sicile.
En
sicilien
:
siciliani
ou
siculi
[
4
]
.
D'apres
Carlo Denina
, l'origine des premiers habitants de la Sicile n'est guere moins obscure que celle des premiers
Italiens
. Selon lui, il n'est pourtant pas douteux qu'une grande partie de ces individus soient alles en Sicile en provenance de l'
Italie
, d'autres de la
Grece
, des cotes de l'
Asie
et de l'
Afrique
[
5
]
.
Thucydide
, qui est cite sur ce sujet, a dit que les Siciliens etaient venus de l'Iberie ; mais il est tres evident, par le passage meme que l'on en cite, que par Iberie il entendait l'Italie occidentale, ou la
Ligurie
, qui comprenait alors une grande partie de la
peninsule
. Il dit lui-meme qu'on y parlait l'
osque
[
5
]
. Or, l'osque etait le langage d'une partie meridionale du
royaume de Naples
, entre le
Latium
et la
Campanie
, entre la ville de
Rome
et celle de
Naples
ou de
Capoue
; et il est assez prouve que ce district avait ete occupe tres anciennement par des
Liguriens
, appeles souvent
Iberiens
[
5
]
.
Ce meme historien dit ailleurs que, de son temps, on parlait en Sicile trois langues differentes : l'osque, la
grecque
et la
phenicienne
. Ainsi la plupart des habitants etaient venus des cotes voisines de l'Italie ou etaient Capoue,
Gaeta
et les
Osques
; de la Grece continentale au centre de laquelle etaient les
Thessaliens
; des cotes de l'Asie et de l'Afrique, occupees par des
Pheniciens
, peuples de la
Syrie
, et des
Carthaginois
-
Africains
, dont le langage etait au fond le meme que le phenicien
[
5
]
. Il etait donc assez naturel que les Siciliens tinssent plus ou moins du caractere de ces trois nations ; et comme les
Romains
n'avaient pas bonne opinion du caractere des
Grecs
ni des Liguriens et encore moins des Carthaginois, c'est de la qu'est venu l'
axiome
Insulani mali, Siculi autem pessimi
. Neanmoins, independamment de ce que ces noms de
mali
et de
pessimi
pouvaient ne signifier que fins, ruses, astucieux ; non pas perfides ni cruels, M. Denina observe que l'on ne cite pas un seul fait bien constate qui indique une ferocite ou une cruaute naturelle dont on ait accuse la nation
[
5
]
.
Selon une etude de Capelli et al. en 2009, 7-8 % des lignees paternelles des
Espagnols
,
Portugais
et Siciliens sont d'origine
Arabo-berbere
et ont ete introduites par les
Maures
et les
Sarazins
au Moyen Age
[
6
]
.
Au
XVIII
e
siecle, des personnes etrangeres a la Sicile, mais qui ont bien connu les Siciliens, leur ont trouve le meme esprit penetrant, prompt et inventif, qui les distingua meme des Grecs vingt siecles auparavant
[
5
]
.
Ciceron
, citant
Aristote
, dit que ce sont deux Siciliens,
Corax
et
Tisias
, qui ont invente les preceptes de la
rhetorique
et cree l'
art oratoire
. Fardella, professeur a l'
universite de Padoue
, disait en termes bien expressifs que le genie des Siciliens etait capable de former sagement des systemes, ainsi que de contribuer aux progres des sciences et des arts
[
5
]
. Un
jesuite
espagnol
, nomme Antoine Perez et etant professeur dans le
college romain
, pronait hautement ses eleves Siciliens comme les plus capables de saisir tout ce que les autres ne comprenaient pas
[
5
]
.
Enfin, les Siciliens des
annees 1800
qui ont figure dans la republique des lettres et dans l'histoire des sciences et des arts, ont bien prouve que l'esprit de la nation, malgre les revolutions politiques qu'elle eprouva dans le cours de vingt siecles, est encore le meme esprit qu'on lui avait remarque dans le siecle d'Alexandre et dans celui d'Auguste
[
5
]
.
Au debut du
XIX
e
siecle, les trois grandes iles de la
Mediterranee
adjacentes a l'
Italie
presentent trois nations aussi differentes l'une de l'autre qu'elles le sont de l'Italienne. Cette difference tient egalement a la diversite de leur origine, des nations primitives dont elles sont issues et aux circonstances des pays qu'elles occupent ; l'un volcanique, l'autre marecageux et le troisieme montagneux et sauvage
[
5
]
.
Une etude genetique realisee sur le peuple sicilien a montre que 22,32 % des individus appartenaient a l'
haplogroupe E1b1b
a subdiviser en deux sous-groupes distincts marqueurs de differents flux migratoires, l'un typique des habitants de Grece et des pays des Balkans E-V13, et l'autre d'
Afrique du Nord
ou du
Proche-Orient
E-M81, tandis que 27,89 % appartenaient a l'
haplogroupe R1
(typique des
Europeens
), 26,67 % a l'
haplogroupe J
(typique du
Moyen-Orient
et d'
Anatolie
) et enfin parmi les autres origines on retrouvait 7,11 % appartenant a l'
haplogroupe G
(typique du
Caucase
) et 6,08 % a l'
haplogroupe T
(typique de l'
Asie du Sud
et d'
Afrique de l'Est
)
[
7
]
.
Plus generalement, il semble que l'
haplogroupe
'
E1b1b
' soit repandu chez 25 % des
Grecs
et des Siciliens
[
8
]
,
[
9
]
dont le variant EV-13 (Branche Europeenne de l'haplogroupe E1b1b predominant dans les Balkans et Grece continentale) principalement porte par les individus issus de l'immigration grecque et pays balkaniques
[
10
]
. Toutefois, cela cache d'importantes disparites et ainsi, dans l'Est de la Sicile, l'haplogroupe predominant est E1b1b avec 29 % alors que dans l'Ouest, R1 est predominant et E1b1b semble n'etre qu'aux alentours de 19 %
[
11
]
.
L'haplogroupe E3b1a2-V13 (E-V13) plus present dans la population Est de la Sicile montre un courant migratoire important depuis la Grece et plus generalement depuis la partie sud de la peninsule balkanique. Groupe defini par la combinaison d'alleles 13-13-30-24-10-11-13 correspondant a la variante V13 du groupe E frequemment rencontre en Grece continentale (11,7 %), en Albanie (29 %) et en Crete (3,62 %).
Cette forte presence du groupe V13 dans la partie Est de l'ile montre la presence d'un patrimoine genetique commun partage par les Siciliens et les Grecs. L'estimation TMRCA date a 2380 ans ce flux, basee sur les lignees STR du meme E3b1a2-V13 ce qui coincide avec le pic de l'ere classique grecque en Sicile (350 av.J.-C.). Cependant, d'autres hypotheses sont egalement possibles comme par exemple une presence de cet haplogroupe au sein des troupes romaines qui ont occupe l'ile de 241
av. J.-C.
a 535 pendant l'Antiquite, mais aussi de flux tardif en provenance de Grece et des Balkans au Moyen Age provoque par les invasions turques a partir de 1453. L'arrivee la plus precoce de certains des chromosomes E3b1a2-V13 en Sicile peut egalement demontrer une presence de fermiers neolithiques (6000/3000 av. J.-C.). Bien que plus present sur la partie Est, l'haplogroupe EV-13 est distribue de facon assez homogene a travers l'ile et revele une contribution de 37 % sur la population generale sicilienne.
L'haplogroupe E3b1b-M81 (E-M81) est quant a lui largement distribue au sein des populations nord-africaines et est estime a 6 % sur la population sicilienne principalement dans l'ouest de l'ile. La distribution des chromosomes E3b1b-M81 en Afrique correspond etroitement aux aires de distribution des populations de langue berbere, suggerant une etroite specificite ethnique. Cet haplotype est tres frequent dans la population berbere de Tunisie, alors qu'il est moins frequent ailleurs en Afrique du Nord. La presence conjointe en Sicile de cet haplotype pourrait etre attribuee aux flux de genes survenus lors de plusieurs migrations transmediterraneennes en provenance d'Afrique, y compris des invasions arabes du Haut Moyen Age (Emirat de Sicile 831-1091).
La frequence du R1b est particulierement elevee dans certains echantillons de l'ouest une autre caracteristique interessante du pool genetique paternel sicilien. Cela pourrait etre l'heritage des chromosomes provenant d'autres parties de l'Europe (invasions vandales / ostrogothes / normandes ?). De plus, les Hgs I-M170, I1a-M253 et I1b2a-M223 sont plus representes dans la zone nord-ouest de l'ile que dans la zone est.
Le royaume normand de Sicile a ete cree en 1130, avec Palerme pour capitale, 70 ans apres l'invasion normande initiale et 40 ans apres la conquete de la derniere ville, Noto en 1091, et durera jusqu'en 1198. De nos jours, il est au nord et a l'ouest de la Sicile, autour de Trapani, Palerme et Agrigente ou l'Y-DNA normand est le plus repandu, avec 15 a 20 % des lignees appartenant a l'haplogroupe I.
Cette etude met en evidence un contraste genetique important entre l'est et l'ouest de la Sicile et presente une similarite genetique avec d'autres iles mediterraneennes telle que la Crete ou la Sardaigne.
Costumes de 1873.
En 2008, le nombre de Siciliens dans les cinq pays ou ils sont les plus nombreux, l'
Allemagne
, la
Belgique
, la
Suisse
, l'
Argentine
et la
France
[
2
]
, se monte a 629 114 individus
[
2
]
. Selon la meme source, depuis 1900; le flux migratoire des siciliens d'origine sortant totalise 2.685.941 a mettre en parallele avec les 1.065.666 rentrants, ce qui donne un solde de 1 620 275 personnes.
Aux
Etats-Unis
, les Sicilo-Americains sont un grand sous-ensemble d'
Americains
dont les ancetres proviennent de Sicile.
- ↑
Istituto nazionale di statistica
.
- ↑
a
b
c
d
e
f
et
g
(it)
Museo Nazionale Emigrazione Italiana, ≪
Regione Sicilia
≫
- ↑
(fro)
Aime
du Mont-Cassin
,
L'Ystoire de li Normant et la chronique de Robert Viscart : d'apres un manuscrit francois inedit du
XIII
e
siecle
, Paris, Jules Renouard,
- ↑
(it)
Antonino
Traina
,
Nuovo vocabolario Siciliano-Italiano
, Lauriel,
(
lire en ligne
)
- ↑
a
b
c
d
e
f
g
h
i
et
j
Carlo
Denina
,
Essai sur les traces anciennes du caractere des Italiens modernes
, Paris, Fantin,
,
p.
119-129
- ↑
(en)
C.
Capelli
, V.
Onofri
, F.
Brisighelli
, I.
Boschi
, F.
Scarnicci
, M.
Masullo
, G.
Ferri
, S.
Tofanelli
et al.
, ≪
Moors and Saracens in Europe: estimating the medieval North African male legacy in southern Europe
≫,
European Journal of Human Genetics
,
vol.
17,
n
o
6,
,
p.
848-852
(
ISSN
1018-4813
,
PMID
19156170
,
PMCID
2947089
,
DOI
10.1038/ejhg.2008.258
,
lire en ligne
)
- ↑
Di Gaetano, C. et al., ≪
Differential Greek and northern African migrations to Sicily are supported by genetic evidence from the Y chromosome
≫,
European Journal of Human Genetics
,
(
lire en ligne
)
.
- ↑
(nl)
Hitler was verwant met Somaliers, Berbers en Joden
,
Knack
, 18 aout 2010
- ↑
(nl)
Hitler verwant met Somaliers, Berbers en Joden
,
De Standaard
, 18 aout 2010
- ↑
(en)
Cornelia
Di Gaetano
, Nicoletta
Cerutti
, Francesca
Crobu
et Carlo
Robino
, ≪
Differential Greek and northern African migrations to Sicily are supported by genetic evidence from the Y chromosome
≫,
European Journal of Human Genetics
,
vol.
17,
n
o
1,
,
p.
91?99
(
ISSN
1018-4813
et
1476-5438
,
PMID
18685561
,
PMCID
PMC2985948
,
DOI
10.1038/ejhg.2008.120
,
lire en ligne
, consulte le
)
- ↑
Zalloua, P. et al., ≪
Identifying Genetic Traces of Historical Expansions: Phoenician Footprints in the Mediterranean
≫,
The American Journal of Human Genetics
,
.
Sur les autres projets Wikimedia :
- Giovanni
Privitera
,
Les Siciliens
, Ateliers Henry Dougier,
(
ISBN
9791031203706
)
- Denis
Roussel
,
Les Siciliens : entre les Romains et les Carthaginois
, Paris,
Les Belles Lettres
,
Peuples d’Europe, selon ≪ National Minorities In Europe ≫
|
> 50 millions
|
- Russes
(Europe et Asie, 122 millions)
- Allemands
(de
langue allemande
,
notamment les
Allemands
,
Autrichiens
, mais aussi les
Alsaciens
,
Lorrains
,
Tyroliens du Sud
, la
Communaute germanophone de Belgique
et les
Schleswig du Nord
,
etc.
; 89,3 millions)
- Turcs
(Asie et Europe, 56,5 millions)
- Italiens
(56,4 millions)
- Francais
(
de
langue francaise
, les
francophones de Belgique
; 55,0 millions
)
|
> 20 millions
|
|
> 5 millions
|
- Magyars
(11,7)
- Portugais
(en incluant les
Galiciens
, 11,6)
- Grecs
(11,6)
- Bielorusses
(10,2)
- Roms
(10,0)
- Tcheques
(y compris les
Moraves
, 9,80)
- Suedois
(8,00)
- Serbes
(7,70)
- Suisses
(7,00)
- Bulgares
(en incluant les
Pomaks
, 6,70)
- Catalans
(en incluant les
Valenciens
(en)
, 6,40)
- Irlandais
(6,10)
- Occitans
(en incluant les
Aranais
, 5,95)
- Tatars
(en incluant les
Tatars de Crimee
, 5,70)
- Ecossais
(5,50)
- Finnois
(5,34)
- Albanais
(5,30)
- Danois
(5,10)
- Slovaques
(5,00)
- Siciliens
(5,05)
|
< 5 millions
|
|
Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger,
National Minorities In Europe
, Purdue University Press, 2004
(
ISBN
978-3700314431
)
: ≪
The Peoples of Europe by Demographic Size
≫, table 1,
p.
11f.
|