Robert Nozick
est un
philosophe
americain,
professeur
a
Harvard
, ne le
a
Brooklyn
(
New York
) et mort le
dans la meme ville.
Penseur
libertarien
et theoricien du
minarchisme
, il s’est fait connaitre a la fin des annees 1960 par des articles academiques consacres a des questions de
philosophie morale
, en particulier celle de la
coercition
puis sur ses reflexions sur la
liberte
. Mais c’est surtout le livre
Anarchie, Etat et utopie
(1974) qui fait de Nozick l’un des auteurs americains les plus influents.
Robert Nozick est issu d'une famille juive. Son pere est ne dans un
shtetl
en Russie imperiale
Il fait ses etudes a
Columbia
au Sidney Morgenbesser, a
Princeton
(
Ph.D.
1963), puis
Oxford
dans le
Fulbright Scholar
.
Professeur a l'
universite Harvard
, ses articles sur la philosophie morale, en particulier celui sur la coercition, le rendent celebre des la fin des annees 1960. Ses recherches portent sur des questions de liberte. En 1969, il publie un article sur le
paradoxe de Newcomb
. Cette publication se propose d'expliquer les differentes conceptions que manifeste le temps dans le cadre de la theorie des jeux. Cette publication provoque de nombreuses discussions parmi les universitaires aux Etats-Unis.
Il devient renomme pour son ouvrage
Anarchie, Etat et utopie
[
1
]
, ou il prend notamment la defense d'un Etat minimal. En s'opposant aux theories elaborees par
John Rawls
, Nozick propose une nouvelle theorie ≪ libertarienne ≫ plus radicale que celle de John Rawls, autrement dit qui se veut a l'oppose d'une intervention redistributrice de l’Etat trop favorable aux demunis. Sa theorie n'ecarte pas la dignite de la personne humaine developpee par
Kant
et la pensee
animaliste
. Son statut d'universitaire lui a valu alors d'etre considere comme le principal theoricien du mouvement
libertarien
; bien que celui-ci ait ete initie par
Murray Rothbard
, comme Nozick le relate lui-meme dans son ouvrage et quoiqu'il ait par la suite delaisse la philosophie politique, comme le signale Rothbard dans
L'Ethique de la liberte.
Il est habituellement presente comme l'opposant principal a
John Rawls
, son collegue a Harvard. C'est donc habituellement a Nozick que se referent les adversaires des
libertariens
, oubliant ou meconnaissant les autres auteurs majeurs de ce mouvement
[non neutre]
. En particulier son ouvrage majeur
Anarchie, Etat et utopie
, publie en 1974, est considere comme la reponse libertarienne a la
Theorie de la justice
de
John Rawls
, parue trois ans auparavant.
A la fin de sa vie, Nozick a nuance les positions qu'il avait defendues dans
Anarchie, Etat et utopie
. En particulier, dans
Meditations sur la vie
, il a qualifie certaines de ses positions passees de ≪ serieusement inadequates ≫ (≪
seriously inadequate
≫). Cependant, dans un entretien realise le
, il se reaffirme comme libertarien
[
2
]
. Il est enterre au
cimetiere de Mount Auburn
a Cambridge au Massachusetts
[
3
]
.
S'opposant a l'
anarcho-capitalisme
[
4
]
, Robert Nozick estime que l'
Etat minimal
est le seul Etat juste, puisque les plus etendus de ses pouvoirs peuvent etre justifies relativement au
droit naturel
de l'individu, et que celui-ci possede seul sa propre personne. C'est pourquoi il confronte le phenomene ≪ Etat ≫ au double imperatif de la morale kantienne qui implique que personne ne puisse etre considere seulement comme un moyen.
Nozick a concu la theorie de l'≪ habilitation ≫ (
entitlement
), qui veut que toute personne doive etre habilitee (
entitled
) a posseder des biens. Cette habilitation doit etre conforme a l'un des trois grands principes
libertariens
[
5
]
:
- La propriete de soi (
self-ownership
) : tout individu dispose d'un droit absolu sur sa personne, sur ses talents et les fruits de son travail. La seule restriction consiste a ne pouvoir renoncer a sa propre liberte.
- Le principe originel d'acquisition : le titulaire initial d'un droit de propriete sur un objet est la personne qui en a revendique en premier la propriete. Ce principe peut eventuellement etre tempere par la
clause lockeenne
. Celle-ci exige que l'appropriation ne peut s'etablir au detriment de personnes qui se trouveraient alors dans une situation pire que celle qu'elles connaitraient dans un "etat de nature", exempt de tout droit de propriete.
- Le principe de juste circulation : il y a juste transfert du droit de propriete lorsque celui-ci est obtenu par transfert volontaire entre l'acquereur et le proprietaire legitime, avec ou sans contrepartie.
Cependant, il s'ajoute un quatrieme principe, soit le principe de juste reparation. Ce dernier enonce que dans le cas ou les principes precedents n'ont pas ete respectes, il doit y avoir juste reparation de la part du fautif envers les personnes qui ont ete brimees, directement ou non.
Nozick s'oppose vigoureusement au principe de la redistribution obligatoire (et au principe de difference de
John Rawls
) car, en donnant a d'autres un droit sur soi, elle viole le
droit de propriete
. Reposant sur la coercition, elle viole en outre le principe de libre consentement et, passant par l'impot (une spoliation pour Nozick), elle retablit un travail force
[
6
]
.
Pour refuter l'
utilitarisme
classique, Robert Nozick propose une experience de pensee qui consiste en une machine sans defaut ou l'on peut entrer et vivre diverses experiences que l'on desire sans pouvoir differencier la realite de la machine
[
7
]
. Nozick affirme que les gens n'y entreraient pas, puisqu'ils veulent faire des choses plutot que d'avoir simplement l'experience de les faire. Nozick rajoute que les gens veulent aussi
etre d'une certaine maniere ou etre un certain type de personne
[
8
]
. Le non-desir d’entrer dans la machine demontre qu’il existe quelque chose par-dela l'experience du bonheur
[
7
]
. L'experience de pensee de Nozick s'oppose donc directement au postulat de l’utilitarisme selon lequel le bonheur serait la chose que l’etre humain desire le plus. C’est ici que l’exemple de Nozick prend tout son sens, car si cela etait reellement le cas, l’etre humain accepterait de vivre dans la machine, alors que selon Nozick, il le refuserait.
Il s'est egalement interesse au
paradoxe de Newcomb
et a de nombreux secteurs de la connaissance, avec notamment la publication en 1981 de
Philosophical Explanations
(en)
.
A la suite du probleme de
Gettier
, montrant l'insuffisance de la definition classique de la
connaissance
, Nozick propose une definition a la fois simple et nouvelle
[
9
]
. Selon lui, connaitre, c'est suivre a la trace. Par exemple, comment savons-nous que la lune brille ? Il suffit de remplir ces conditions : je crois qu'elle brille alors qu'elle brille, et si elle ne brillait pas, je ne croirais pas qu'elle brille. Ainsi, le sujet (S) sait p si et seulement si :
- p est vrai ;
- S croit p ;
- Si p etait faux, S ne croirait pas p ;
- Si p etait vrai, S croirait p.
Remarquons que l'enonce (3) est contre-factuel, ou irreel, car il evoque des possibilites distinctes de la realite presente.
- Anarchie, Etat et utopie
, Paris, PUF, 1974.
- Philosophical Explanations
(en)
, 1981
- ≪ Why Do Intellectuals Oppose Capitalism? ≫
, in
The Future of Private Enterprise
, 1986.
- The Nature of Rationality
, 1993.
- Meditations
sur
la
vie
, Editions Odile Jacob, 1995.
- Socratic Puzzles
, 1997.
- Invariances
, 2001.
- ↑
PUF
, collection Libre-echange
- ↑
≪
What I was really saying in
The Examined Life
was that I was no longer as hardcore a libertarian as I had been before. But the rumors of my deviation (or apostasy!) from libertarianism were much exaggerated.
≫ ; source :
≪ An Interview with Robert Nozick ≫
, 26 juillet 2001
- ↑
(en)
≪
Robert Nozick
≫, sur
Find a Grave
- ↑
Adrien
Faure
, ≪
L'impossibilite de l'anarchie liberale selon Robert Nozick
≫, sur
Contrepoints
,
(consulte le
)
.
- ↑
Christian Arnsperger
et
Philippe Van Parijs
,
Ethique economique et sociale
, Paris, La Decouverte, 2003, p. 34-35.
- ↑
Le Point
Hors Serie de janvier 2007,
Les textes fondamentaux du liberalisme
- ↑
a
et
b
(en-US)
Dale Murray, ≪
Nozick, Robert: Political Philosophy | Internet Encyclopedia of Philosophy
≫, sur
iep.utm.edu
, iep
(consulte le
)
.
- ↑
(en)
Robert Nozick,
Anarchy, state, and utopia
, Oxford & Cambridge, Blackwell,
, 367
p.
,
p.
43
- ↑
Dutant/Engel :
Philosophie de la connaissance, Croyance, connaissance, justification
, pp. 39-40
|
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