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Reclus (moine)

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Sassetta (1445) : Saint Antoine rencontrant saint Paul de Thebes, National Gallery , Washington.

Un reclus (ou une recluse ) est un moine (ou moniale) qui, adoptant une forme extreme de penitence, s’enferme en solitaire dans un espace restreint (reclusion dans une ≪ celle ≫ ou cellule ou bien un reclusoir ), soit pour un temps, soit pour la vie. Cette cellule se trouve generalement pres d’un monastere ou d’une eglise .

Dans le christianisme , les reclus appartiennent aussi bien a l' Eglise catholique qu'a l' Eglise orthodoxe .

Origine et sens [ modifier | modifier le code ]

Ce genre d’ ascese extreme est deja present dans le monachisme chretien oriental du IV e  siecle . Il aurait ete inaugure en Syrie par Eusebe de Teledan (d'autres sources citent egalement Saint Paul Ermite (229-342) ou selon les sources Antoine le Grand (vers 250-356), ou encore Jean d'Egypte ).

Spirituellement, la reclusion monastique est une symbolique mais radicale ≪ mort au monde ≫, par l’adoption volontaire de l’enfermement et le choix delibere de la prison. En Occident, au Moyen Age , le ceremonial d’entree en reclusion comportait d’ailleurs le chant de funerailles In paradisum deducant te angeli . Le souhait du reclus est de trouver sa voie vers Dieu dans le ≪ fuis, tais-toi, reste tranquille ≫ de l’ hesychasme .

Monachisme oriental [ modifier | modifier le code ]

La tradition monastique orientale est plus longue et riche que celle de l’Occident dans ce choix de la reclusion comme forme de vie religieuse. Des auteurs tels que Rufin d'Aquilee (lui-meme un reclus) et Theodoret mentionnent la presence de reclus (y compris de recluses) en Syrie ou ils sont les plus nombreux. En Egypte sont celebres Nillamos et Jean de Lycopolis . Durant la periode byzantine, des colonies de reclus existent sur les iles de Paphos, Rhodes, Chypre. Le plus celebre, a Chypre, est Neophyte le Reclus (1134-c.1214).

L'eveque orthodoxe russe Theophane le Reclus.

Etant donne l’extravagance que prend parfois l’ascetisme des reclus ? l’un s’enferme dans un tombeau , un autre se construit une cellule ou il ne peut se tenir ni debout ni couche ? l’ Eglise invite a la prudence et, a partir du VII e  siecle , commence a legiferer.

Ainsi Theodore Balsamon , interpretant un canon synodal, ecrit vers 1170  : ≪ C’est une chose grande et courageuse que quelqu’un se renferme dans une maisonnette toute sa vie, comme s’il etait mort, mais les lois des Peres ordonnent que personne ne se fasse reclus sinon apres une consideration serieuse ≫ Il ajoute des conditions : ≪ que celui qui voudrait se decider pour ce genre de vie demeure auparavant trois ans sous l’obeissance d’un superieur de monastere ; ensuite il doit presenter une declaration minutieuse sur la maniere dont il pense pratiquer ce genre de vie ; cette declaration sera examinee et approuvee par l’eveque ; et encore apres cela il doit pratiquer la vie monastique en dehors de la reclusion ≫ [ 1 ]

En Russie la reclusion comme forme de vie eremitique survit jusqu’au XIX e  siecle . Certains des grands theologiens de l’epoque sont des reclus : Seraphin de Sarov (mort en 1833 ), et surtout l’eveque demissionnaire Theophane . Ce dernier est reclus de 1866 a sa mort en 1894 . Il a rassemble de nombreux livres dans sa recluserie, est abonne a des revues theologiques et repond aux lettres de consultation spirituelle qu’il recoit. Ces lettres sont de petits traites de theologie dogmatique ou spirituelle.

Monachisme occidental [ modifier | modifier le code ]

Emmurement d'une moniale recluse.

En Occident, le phenomene de la reclusion monastique apparait plus tard qu’en Orient. Un concile regional , a Orleans (en 533 ), mentionne la presence de reclus en Gaule merovingienne. Gregoire de Tours , egalement, un peu plus tard. En Espagne , l’Eglise commence a legiferer a partir de 648 , indiquant ainsi de maniere indirecte que cette forme de vie religieuse ascetique se repand.

C’est aux XI e et XII e  siecles ? les grands siecles mystiques du Moyen Age occidental ? que les reclusions se multiplient. Nombreux sont les monasteres qui amenagent des cellules speciales pres de leur eglise pour y recevoir ceux ou celles qui choisissent, apres de nombreuses annees en communaute, de devenir reclus. Les moniales recluses sont plus nombreuses, sans doute car la vie precisement eremitique, dans l’isolement d’un bois ou de la montagne, est consideree comme peu sure pour des femmes. Les reclusions ne sont pas necessairement des choix pour la vie entiere. Au XII e  siecle l'abbe Ælred de Rievaulx (1110-1167) du Yorkshire ecrit un texte tout d'abord destine a sa sœur, intitule La Vie de recluse et qui va inspirer un mouvement de mortification qui s'etendra dans toute l'Europe, particulierement en Grande-Bretagne, France, Belgique et Pays-Bas. Ce texte prit valeur de regle. Des recluses vont ainsi vivre dans de petites cellules percees de ces petites ouvertures appelees hagioscopes qui leur permettent d'assister aux offices mais aussi de recevoir eau et nourriture des passants. Le cimetiere des Saints Innocents de Paris abritait ainsi plusieurs reclusoirs tout au long du Moyen Age accueillant reclus et recluses.

La plus celebre des recluses en Allemagne est Wiborada de l' abbaye de Saint Gall qui, apres une preparation de quatre ans en communaute monastique fut enfermee en reclusion en 916 par l’abbe-eveque Salomon III, dans une cellule pres de l’eglise de Saint-Magne. Elle mourut assassinee en 926 par des bandits hongrois. C’est la premiere recluse dont on ait des details biographiques certains ; de meme Wiborada est la premiere femme officiellement canonisee par l’Eglise (en 1047 ) [ 2 ] . D’autres celebres recluses sont les saintes Julienne de Norwich (en Angleterre ) et Ivette de Huy (en Belgique ).

Saint Romuald qui fonde en 1012 l’ordre des camaldules ? des benedictins ermites ? y encourage explicitement la reclusion. Jusque vers 1450 les camaldules connaissent meme la ≪ reclusion collective ≫ durant les periodes de careme et d’ avent . Seuls en etaient dispenses les moines necessaires au service de l’eglise et du monastere. L’ordre des camaldules est le seul qui, encore recemment ? dans ses constitutions de 1968 ? prevoit la possibilite de vie en reclusion monastique.

Perceval a la recluserie ( XV e  siecle).

Au X e  siecle toujours a Treves , Simeon se reclut a la Porta Nigra . Il fut canonise peu apres sa mort.

Aux XIII e et XIV e  siecles la situation change : alors que les reclus tendent a disparaitre ou deviennent des ermites plus traditionnels, les recluses se multiplient, surtout dans les villes, et sous la protection des cathedrales et des autorites civiles. Ces recluses sont volontaires et soigneusement selectionnees. Elles recoivent l' extreme-onction avant d'etre enfermees, voire emmurees dans un espace de quelque neuf metres carres. Une petite fenetre a barreaux donnant sur la rue permet aux passants de leur donner a manger, en echange de prieres [ 3 ] .

En 1320 a Rome il y avait 230 recluses (au XVI e  siecle , quatre recluses vivaient encore pres de la basilique Saint-Pierre ).

A Saint-Flour , en France, la municipalite fait construire une recluserie sur un des ponts d’acces a la ville (le ≪ pont de la recluse ≫). La recluse est a charge de la ville et lui apporte en retour protection spirituelle. Pres d' Amiens vecut la recluse Colette de Corbie (1381-1447).

Au XVII e  siecle , le phenomene se ralentit comme tout autre forme de vie religieuse mais on note encore la presence de recluses a Paris, Lyon, Bruxelles, Louvain, Lille, Anvers. La plus celebre est sans doute Jeanne de Cambry qui vecut comme recluse a Lille de 1625 a sa mort en 1639 [ 4 ] . En 1695 Jeanne Le Ber se fait enfermer comme recluse a Ville-Marie , au Canada .

Le decedait a Rome, apres pres de 44 annees de reclusion a l'interieur du monastere camaldule de l'Aventin, l'une des dernieres recluses, sœur Nazarena.

Liste de quelques recluses [ modifier | modifier le code ]

Certaines recluses sont devenues celebres :

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Cite d'apres l'article ≪ Reclus ≫ dans le Dictionnaire de spiritualite , vol. XIII, p.  218
  2. Gian Franco Schubiger , Saints, martyrs et bienheureux en Suisse , Editions Saint-Augustin, , 217  p. ( ISBN   978-2-88011-158-8 , lire en ligne )
  3. a b et c Titiou Lecoq , Les Grandes oubliees. Pourquoi l'histoire a efface les femmes , L'Iconoclaste, , 330  p. ( ISBN   9782378802424 ) , p.  108-114
  4. H. de Boissieu, Une Recluse au XVII e  siecle, Jeanne de Cambry , Paris, 1934.
  5. a et b La recluse Renee de Vendomois par la Revue historique et archeologique du Maine 1892 (T1) page 205 a lire en ligne sur gallica.bnf.fr

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Essais [ modifier | modifier le code ]

Fiction [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]