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Rafle de Marseille

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Rafle de Marseille
Déportation de Juifs, gare d'Arenc, Marseille, 24 janvier 1943.
Deportation de Juifs, gare d'Arenc, Marseille, .

Type Rafle ( Shoah en France )
Pays Drapeau de la France France
Localisation Marseille
Coordonnees 43° 17′ 47″ nord, 5° 22′ 12″ est
Organisateur Drapeau de l'Allemagne nazie  Reich allemand
Drapeau de l'État français  Etat francais
Date , et
Participant(s) SIPO-SD , Wehrmacht , police nationale francaise
Revendications La justice francaise via le pole du parquet de Paris ouvre un dossier pour crime contre l'humanite le
Repression
Arrestations 6 000 personnes arretees
1 642 personnes deportees

Geolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Rafle de Marseille
Geolocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Rafle de Marseille

La rafle de Marseille s’est deroulee dans le Vieux-Port les 22, 23 et . Accompagnes de la police nationale , dirigee par Rene Bousquet , les Allemands organisent alors une rafle de pres de 6 000 personnes. 1 642 personnes sont deportees, dont 782  Juifs (3 977 personnes sont relachees) [ 1 ] . Le quartier est vide de ses habitants avant destruction : environ 20 000 personnes sont evacuees de leur logement [ 2 ] , [ 3 ] . Le general SS Carl Oberg , responsable de la police allemande en France, fait le voyage depuis Paris, et transmet a Bousquet les consignes venant de Heinrich Himmler .

Contexte historique [ modifier | modifier le code ]

A la suite de l'invasion allemande de la zone libre ( operation Anton ), les troupes allemandes occupent Marseille a partir du . Plusieurs attentats touchent les forces allemandes, dont deux attentats le tuant des officiers et soldats allemands [ 4 ] . Des operations de represailles sont decidees par l'autorite allemande, et confirmees par la directive secrete de Heinrich Himmler du [ 4 ] imposant :

  • l'arrestation des criminels de Marseille et leur deportation vers l'Allemagne, avec ≪ un chiffre rond de 8 000 personnes [ 5 ] environ ≫ ;
  • la destruction du ≪ quartier criminel ≫ ;
  • la participation de la police francaise et de la ≪ garde mobile de reserve ≫ a ces operations.

L’operation allemande vise a remodeler le quartier du Vieux-Port, dont les ruelles sont considerees comme dangereuses par les autorites allemandes. En outre, selon les consignes d’ Himmler , la population raflee doit etre evacuee vers des camps de concentration de la zone nord (particulierement a Compiegne ), tandis que le quartier doit etre fouille par la police allemande, aidee de ses homologues francais, puis les immeubles dynamites.

Deroulement de la rafle [ modifier | modifier le code ]

Evacuation du Vieux-Port.

Cote francais, la rafle est placee sous l'autorite de Rene Bousquet , secretaire general de la police du regime de Vichy , Antoine Lemoine , prefet regional de Marseille, et Maurice de Rodellec du Porzic , intendant de police de Marseille (directeur des services de police de la ville de Marseille depuis le ).

Cote allemand, la rafle est encadree par Carl Oberg ( chef superieur de la SS et de la Police pour la France), Bernhard Griese ( SS et policier regulier allemand ), Rolf Muhler (chef du commandement de la police de securite et de surete ) et Hans-Gustav Felber ( Wehrmacht ).

Mandate par Laval , Rene Bousquet demande le un repit d’une semaine afin de mieux organiser l’operation et de faire venir des renforts policiers. De plus, alors que les nazis se preparaient a se cantonner aux limites du 1 er  arrondissement, Bousquet propose d’elargir l’operation a toute la ville. Selon l’historien Maurice Rajsfus , il demande ainsi la complete liberte d’agir pour la police francaise, qu’il obtient de Carl Oberg.

Selon l’historien Jacques Delarue , deux cents inspecteurs venus de Paris et ailleurs, quinze compagnies de GMR et des escadrons de gendarmerie et de gardes mobiles sont descendus a Marseille. En tout, ≪ douze mille policiers environ se trouvaient concentres a Marseille ≫ [ 6 ] . Le , le Vieux-Port est completement boucle. La ville est fouillee maison par maison, mis a part les quartiers residentiels, durant 36 heures . ≪ Au total, a la suite des dizaines de milliers de controles, pres de 2 000 Marseillais […] se retrouveront dans les trains de la mort. ≫ ecrit ainsi Maurice Rajsfus. 1 500 immeubles sont detruits.

Bilan humain de l'operation ≪ Tiger ≫ (estimations) : 1 642 transferts vers le camp de Royallieu a Compiegne le . Le 10 mars 1943, 786 Juifs (dont 570 de nationalite francaise) sont envoyes au camp de Drancy puis deportes a Sobibor (Convoi 52 et 53 des 23 et 25 mars 1943 : aucun survivant pour le convoi du 23 mars et 5 pour le convoi du 25 mars) [ 7 ] . 600 ≪ suspects ≫ sont deportes a Sachsenhausen .

La prefecture des Bouches-du-Rhone publie un communique le  :

≪ Pour des raisons d’ordre militaire et afin de garantir la securite de la population, les autorites militaires allemandes ont notifie a l’administration francaise l’ordre de proceder immediatement a l’evacuation du quartier nord du Vieux-Port. Pour des motifs de securite interieure, l’administration francaise avait, de son cote, decide d’effectuer une vaste operation de police afin de debarrasser Marseille de certains elements dont l’activite faisait peser de grands risques sur la population. L’administration francaise s’est efforcee d’eviter que puissent etre confondues ces deux operations. De tres importantes forces de police ont procede dans la ville a de multiples perquisitions. Des quartiers entiers ont ete cernes et des verifications d’identite ont ete faites. Plus de 6 000 individus ont ete arretes et 40 000 identites ont ete verifiees [ 8 ] . ≫

Le Petit Marseillais du ajoute :

≪ Precisons que les operations d’evacuation du quartier nord du Vieux-Port ont ete effectuees exclusivement par la police francaise et qu’elles n’ont donne lieu a aucun incident [ 8 ] . ≫

Pendant la rafle, Rene Bousquet ( en col de fourrure, le 2 e en partant de la droite ) entoure par, de gauche a droite, Bernhard Griese ( en manteau de cuir ), Antoine Lemoine , Rolf Muhler ( derriere Lemoine ) et Pierre Barraud, a l'hotel de ville de Marseille le [ 9 ] .

Une photo, prise lors de cette operation et connue depuis le debut des annees 1970 , montre Bousquet souriant, posant en compagnie du SS- Sturmbannfuhrer Bernhard Griese, de Rolf Muhler , chef local de la SiPo et du SD , d' Antoine Lemoine , prefet regional et de Pierre Barraud, prefet delegue a l’administration prefectorale de Marseille [ 10 ] .

Les et , la rafle s'est etendue au quartier de l'Opera ou vivaient de nombreuses familles juives, en raison de la proximite avec la grande synagogue de la rue Breteuil. Deux cent cinquante familles ont ete raflees, tot le matin, avec une brutalite inouie, les gens emmenes dans la tenue dans laquelle ils etaient au moment ou les policiers ont franchi la porte, sans bagage ni objet personnel ; les familles ont ete separees des le moment de l'arrestation, et ne se sont jamais retrouvees. Ce quartier etait aussi celui de la pegre et du grand banditisme, dont les truands employes par la Gestapo, ce qui peut expliquer la violence des sbires.

Jacques Delarue, un jeune gardien de la paix assiste a l'evacuation et temoigne : ≪ Le spectacle de ces familles, soudain miserables, avait quelque chose de vraiment poignant. Les vieillards et les enfants pleuraient et grelottaient dans le matin glacial. Tout ce monde, surcharge de paquets heteroclites s'interpellait, interrogeait les agents, cherchant a comprendre les causes du malheur qui les frappait si brutalement [ 5 ]  ≫ .

Images de la rafle [ modifier | modifier le code ]

Images de la reunion preparatoire du 23 janvier 1943 a la Mairie [ modifier | modifier le code ]

Images de la deportation a la gare d'Arenc [ modifier | modifier le code ]

Images de la montee dans les wagons a la gare d'Arenc [ modifier | modifier le code ]

La destruction du quartier nord du Vieux-Port [ modifier | modifier le code ]

Destruction du quartier du Vieux-Port janvier 1943
Destruction des immeubles.
Avant le dynamitage vue depuis le pont transbordeur .

A la suite de la rafle, a partir du , les troupes du genie allemand interviennent. Ils detruisent a l'explosif 1 200 immeubles, tout le quartier, soit l'equivalent de 14  hectares qui sont reduits en poussieres et en gravats [ 5 ] .

Louis Gillet ecrit le dans la revue municipale [ 4 ]  :

≪  Suburre obscene, un des cloaques les plus impurs, ou s'amasse l'ecume de la Mediterranee […] C'est l'empire du peche et de la mort. Ces quartiers patriciens abandonnes a la canaille, la misere et la honte, quel moyen de les vider de leur pus et les regenerer. ≫

L'amenagement du quartier s'etendant sur la rive nord du Vieux-Port est critique des le XVIII e  siecle [ref. necessaire] . Plusieurs projets de renovation ont ete ebauches au fil des siecles. Durant la guerre, un plan d’ urbanisme est prepare par des architectes acquis a la cause de la ≪  Revolution nationale  ≫ mise en œuvre par le regime de Vichy . Les premiers travaux ont debute a l'automne 1942 . Precedemment, deja, un quartier entier avait ete rase au debut du XX e  siecle, le ≪ terrain de derriere la Bourse ≫, laisse a l'etat de terrain vague pendant cinquante ans. Dans le cas du quartier du Vieux-Port, la reconstruction n'a ete achevee qu'en 1956. Les motivations d'assainissement et d'urbanisme ont servi a masquer une gigantesque entreprise de spoliation et de speculation.

Suites [ modifier | modifier le code ]

A la Liberation [ modifier | modifier le code ]

Maurice de Rodellec du Porzic , officier de marine et intendant de police de Marseille (directeur des services de police de la ville de Marseille depuis le ) est arrete a la Liberation pour sa participation a la destruction du vieux port et aux rafles de . Libere le , il est reintegre dans la Marine comme officier en , avec pleine reconnaissance de ses droits a la retraite [ 11 ] . Un de ses fils, Ivan de Rodellec du Porzic, engage dans la Legion des volontaires francais contre le bolchevisme (LVF) a disparu sur le front de l'Est .

Crime contre l'humanite [ modifier | modifier le code ]

La justice francaise via le pole du parquet de Paris ouvre un dossier pour crime contre l'humanite le [ 12 ] , [ 13 ] .

Stele commemorant la rafle de Marseille des 22, 23 et 24 janvier 1943 erigee dans le jardin de l' Eglise Notre-Dame-des-Accoules

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. ≪  Janvier 1943, les rafles de Marseille  ≫, sur jewishtraces.org , (consulte le ) .
  2. ≪  A Marseille, la rafle oubliee du Vieux-Port  ≫, Le Monde.fr ,‎ ( lire en ligne , consulte le )
  3. Chloe Leprince, ≪  Rafle a Marseille en 1943 : un quartier rase et le petit rire de Petain  ≫, France Culture ,‎ ( lire en ligne , consulte le )
  4. a b et c Follorou et Nouzille, Les Parrains corses , 2004, p.   47-48 .
  5. a b et c David Korn-Brzoza, ≪  La police de Vichy  ≫, France 3 ,‎ ( lire en ligne [video] , consulte le )
  6. Delarue 1971 , p.  262.
  7. ≪  Les rafles de janvier 1943  ≫, sur ares-assoc.net (consulte le )
  8. a et b Rajsfus 1995 , p.  213.
  9. (en) Donna F. Ryan , The Holocaust & the Jews of Marseille: The Enforcement of Anti-Semitic Policies in Vichy France , Urbana, University of Illinois Press, 1996, planche suivant la p.  180 ( ISBN   978-0-252-06530-9 ) .
  10. Rajsfus 1995 , p.  215.
  11. Societe des Membres de la Legion d'Honneur Finistere Nord .
  12. AFP, ≪  La justice enquete pour ≪crimes contre l’humanite≫ sur une rafle de 1943 a Marseille  ≫, Le Figaro ,‎ ( lire en ligne )
  13. Jean-Baptiste Mouttet , ≪  Marseille, 1943: autopsie d’un crime contre les quartiers populaires | Panoramiques  ≫, sur Mediapart (consulte le )

Annexes [ modifier | modifier le code ]

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Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Le Patriote resistant , n os  578 et 579, .
  • Jacques Delarue , Trafics et crimes sous l’Occupation , Le Livre de poche , .
  • Gerard Guicheteau, Marseille 1943, la fin du Vieux-Port , editions Le Provencal, 1973.
  • Ahlrich Meyer, Marseille 1942-1944. Le regard de l’occupant, photographies de propagande de la Wehrmacht (edition bilingue), Bremen, Editions Temmen, 1999.
  • Robert Mencherini (dir.), Provence-Auschwitz. De l’internement des etrangers a la deportation des Juifs 1939-1944 , Aix-en-Provence, ed. PUP, 2007.
  • Christian Oppetit (dir.), Marseille, Vichy et les nazis , Marseille, Amicale des deportes d’Auschwitz et des camps de Haute-Silesie, 1993.
  • Maurice Rajsfus , La Police de Vichy : Les forces de l’ordre francaises au service de la Gestapo, 1940/44 , Le Cherche midi , .
  • Anne Sportiolo, ≪ Le Vieux-Port de Marseille ≫, L'Histoire , n o  16, .
  • Jean Contrucci, Histoire de Marseille illustree , Le Peregrinateur editeur, 2007.
  • Renee Dray-Bensousan , Les Juifs a Marseille 1939-1944 , Editions les Belles Lettres, 2004.
  • Maurice Gouiran , Train Bleu, Train Noir , Editions Jigal , .
  • Donna F. Ryan - The Holocaust & the Jews of Marseille: the enforcement of anti-Semitic policies in Vichy France. University of Illinois Press ( ). ( ISBN   0252065301 et 978-0252065309 )

Filmographie [ modifier | modifier le code ]

  • Marseille, , Operation Sultan , documentaire de Jean-Pierre Carlon, France 3 Mediterranee?Productions du Lagon, 2004, 52  min .
  • Et le Vieux Port fut condamne , docufiction TV de Jean Dasque , ORTF, 1973, 48  min .

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Lien externe [ modifier | modifier le code ]