La
rafle de Marseille
s’est deroulee dans le
Vieux-Port
les 22, 23 et
. Accompagnes de la
police nationale
, dirigee par
Rene Bousquet
, les Allemands organisent alors une
rafle
de pres de 6 000 personnes. 1 642 personnes sont deportees, dont 782
Juifs
(3 977 personnes sont relachees)
[
1
]
. Le quartier est vide de ses habitants avant destruction : environ 20 000 personnes sont evacuees de leur logement
[
2
]
,
[
3
]
. Le general SS
Carl Oberg
, responsable de la police allemande en France, fait le voyage depuis Paris, et transmet a Bousquet les consignes venant de
Heinrich Himmler
.
A la suite de l'invasion allemande de la zone libre (
operation Anton
), les troupes allemandes occupent Marseille a partir du
. Plusieurs attentats touchent les forces allemandes, dont deux attentats le
tuant des officiers et soldats allemands
[
4
]
. Des operations de represailles sont decidees par l'autorite allemande, et confirmees par la directive secrete de
Heinrich Himmler
du
[
4
]
imposant :
- l'arrestation des criminels de Marseille et leur deportation vers l'Allemagne, avec ≪ un chiffre rond de 8 000 personnes
[
5
]
environ ≫ ;
- la destruction du ≪ quartier criminel ≫ ;
- la participation de la police francaise et de la ≪ garde mobile de reserve ≫ a ces operations.
L’operation allemande vise a remodeler le quartier du Vieux-Port, dont les ruelles sont considerees comme dangereuses par les autorites allemandes. En outre, selon les consignes d’
Himmler
, la population raflee doit etre evacuee vers des
camps de concentration de la zone nord
(particulierement a
Compiegne
), tandis que le quartier doit etre fouille par la police allemande, aidee de ses homologues francais, puis les immeubles dynamites.
Cote francais, la rafle est placee sous l'autorite de
Rene Bousquet
, secretaire general de la police du
regime de Vichy
,
Antoine Lemoine
, prefet regional de Marseille, et
Maurice de Rodellec du Porzic
,
intendant de police
de Marseille (directeur des services de police de la ville de Marseille depuis le
).
Cote allemand, la rafle est encadree par
Carl Oberg
(
chef superieur de la SS et de la Police
pour la France),
Bernhard Griese
(
SS
et
policier regulier allemand
),
Rolf Muhler
(chef du commandement de la police de
securite
et de
surete
) et
Hans-Gustav Felber
(
Wehrmacht
).
Mandate par
Laval
, Rene Bousquet demande le
un repit d’une semaine afin de mieux organiser l’operation et de faire venir des renforts policiers. De plus, alors que les nazis se preparaient a se cantonner aux limites du
1
er
arrondissement, Bousquet propose d’elargir l’operation a toute la ville. Selon l’historien
Maurice Rajsfus
, il demande ainsi la complete liberte d’agir pour la police francaise, qu’il obtient de Carl Oberg.
Selon l’historien
Jacques Delarue
, deux cents inspecteurs venus de Paris et ailleurs, quinze compagnies de
GMR
et des escadrons de gendarmerie et de gardes mobiles sont descendus a Marseille. En tout,
≪ douze mille policiers environ se trouvaient concentres a Marseille ≫
[
6
]
. Le
, le Vieux-Port est completement boucle. La ville est fouillee maison par maison, mis a part les quartiers residentiels, durant
36 heures
.
≪ Au total, a la suite des dizaines de milliers de controles, pres de 2 000 Marseillais […] se retrouveront dans les trains de la mort. ≫
ecrit ainsi Maurice Rajsfus. 1 500 immeubles sont detruits.
Bilan humain de l'operation ≪ Tiger ≫ (estimations) : 1 642 transferts vers le
camp de Royallieu
a
Compiegne
le
. Le 10 mars 1943,
786 Juifs
(dont 570 de nationalite francaise) sont envoyes au camp de Drancy puis deportes a
Sobibor
(Convoi 52 et 53 des 23 et 25 mars 1943 : aucun survivant pour le convoi du 23 mars et 5 pour le convoi du 25 mars)
[
7
]
.
600 ≪ suspects ≫
sont deportes a
Sachsenhausen
.
La prefecture des
Bouches-du-Rhone
publie un communique le
:
≪ Pour des raisons d’ordre militaire et afin de garantir la securite de la population, les autorites militaires allemandes ont notifie a l’administration francaise l’ordre de proceder immediatement a l’evacuation du quartier nord du Vieux-Port. Pour des motifs de securite interieure, l’administration francaise avait, de son cote, decide d’effectuer une vaste operation de police afin de debarrasser Marseille de certains elements dont l’activite faisait peser de grands risques sur la population. L’administration francaise s’est efforcee d’eviter que puissent etre confondues ces deux operations. De tres importantes forces de police ont procede dans la ville a de multiples perquisitions. Des quartiers entiers ont ete cernes et des verifications d’identite ont ete faites. Plus de 6 000 individus ont ete arretes et 40 000 identites ont ete verifiees
[
8
]
. ≫
Le Petit Marseillais
du
ajoute :
≪ Precisons que les operations d’evacuation du quartier nord du Vieux-Port ont ete effectuees exclusivement par la police francaise et qu’elles n’ont donne lieu a aucun incident
[
8
]
. ≫
Une photo, prise lors de cette operation et connue depuis le debut des
annees 1970
, montre Bousquet souriant, posant en compagnie du SS-
Sturmbannfuhrer
Bernhard Griese, de
Rolf Muhler
, chef local de la
SiPo
et du
SD
, d'
Antoine Lemoine
, prefet regional et de Pierre Barraud, prefet delegue a l’administration prefectorale de Marseille
[
10
]
.
Les
et
, la rafle s'est etendue au quartier de l'Opera ou vivaient de nombreuses familles juives, en raison de la proximite avec la grande synagogue de la rue Breteuil. Deux cent cinquante familles ont ete raflees, tot le matin, avec une brutalite inouie, les gens emmenes dans la tenue dans laquelle ils etaient au moment ou les policiers ont franchi la porte, sans bagage ni objet personnel ; les familles ont ete separees des le moment de l'arrestation, et ne se sont jamais retrouvees. Ce quartier etait aussi celui de la pegre et du grand banditisme, dont les truands employes par la Gestapo, ce qui peut expliquer la violence des sbires.
Jacques Delarue, un jeune gardien de la paix assiste a l'evacuation et temoigne :
≪ Le spectacle de ces familles, soudain miserables, avait quelque chose de vraiment poignant. Les vieillards et les enfants pleuraient et grelottaient dans le matin glacial. Tout ce monde, surcharge de paquets heteroclites s'interpellait, interrogeait les agents, cherchant a comprendre les causes du malheur qui les frappait si brutalement
[
5
]
≫
.
Images de la reunion preparatoire du 23 janvier 1943 a la Mairie
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]
Images de la deportation a la gare d'Arenc
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]
Images de la montee dans les wagons a la gare d'Arenc
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]
La destruction du quartier nord du Vieux-Port
[
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]
A la suite de la rafle, a partir du
, les troupes du genie allemand interviennent. Ils detruisent a l'explosif 1 200 immeubles, tout le quartier, soit l'equivalent de
14
hectares qui sont reduits en poussieres et en gravats
[
5
]
.
Louis Gillet
ecrit le
dans la revue municipale
[
4
]
:
≪
Suburre
obscene, un des cloaques les plus impurs, ou s'amasse l'ecume de la Mediterranee […] C'est l'empire du peche et de la mort. Ces quartiers patriciens abandonnes a la canaille, la misere et la honte, quel moyen de les vider de leur pus et les regenerer. ≫
L'amenagement du quartier s'etendant sur la rive nord du
Vieux-Port
est critique des le
XVIII
e
siecle
[ref. necessaire]
. Plusieurs projets de renovation ont ete ebauches au fil des siecles. Durant la guerre, un plan d’
urbanisme
est prepare par des architectes acquis a la cause de la ≪
Revolution nationale
≫ mise en œuvre par le
regime de Vichy
. Les premiers travaux ont debute a
l'automne 1942
.
Precedemment, deja, un quartier entier avait ete rase au debut du
XX
e
siecle, le ≪ terrain de derriere la Bourse ≫, laisse a l'etat de terrain vague pendant cinquante ans. Dans le cas du quartier du Vieux-Port, la reconstruction n'a ete achevee qu'en 1956. Les motivations d'assainissement et d'urbanisme ont servi a masquer une gigantesque entreprise de spoliation et de speculation.
Maurice de Rodellec du Porzic
, officier de marine et intendant de police de Marseille (directeur des services de police de la ville de Marseille depuis le
) est arrete a la Liberation pour sa participation a la destruction du vieux port et aux rafles de
. Libere le
, il est reintegre dans la Marine comme officier en
, avec pleine reconnaissance de ses droits a la retraite
[
11
]
. Un de ses fils, Ivan de Rodellec du Porzic, engage dans la
Legion des volontaires francais contre le bolchevisme
(LVF) a disparu sur le
front de l'Est
.
La justice francaise via le pole du parquet de Paris ouvre un dossier pour crime contre l'humanite le
[
12
]
,
[
13
]
.
- ↑
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Janvier 1943, les rafles de Marseille
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Marseille, 1943: autopsie d’un crime contre les quartiers populaires | Panoramiques
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Sur les autres projets Wikimedia :
- Le Patriote resistant
,
n
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578 et 579,
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- Jacques
Delarue
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Trafics et crimes sous l’Occupation
,
Le Livre de poche
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Marseille 1943, la fin du Vieux-Port
, editions Le Provencal, 1973.
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Marseille 1942-1944. Le regard de l’occupant, photographies de propagande de la Wehrmacht
(edition bilingue), Bremen, Editions Temmen, 1999.
- Robert Mencherini (dir.),
Provence-Auschwitz. De l’internement des etrangers a la deportation des Juifs 1939-1944
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- Christian Oppetit (dir.),
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- Donna F. Ryan - The Holocaust & the Jews of Marseille: the enforcement of anti-Semitic policies in Vichy France. University of Illinois Press (
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(
ISBN
0252065301
et
978-0252065309
)
- Marseille,
, Operation Sultan
, documentaire de Jean-Pierre Carlon, France 3 Mediterranee?Productions du Lagon, 2004,
52
min
.
- Et le Vieux Port fut condamne
, docufiction TV de
Jean Dasque
, ORTF, 1973,
48
min
.
|
|
Prelude
|
|
|
Debut
|
|
v
·
m
Participants
|
Participants
|
A ? B
|
|
C ? F
|
|
G ? L
|
|
M ? P
|
|
R ? Z
|
|
|
|
Gouvernements
|
|
Parties et
organisations
|
|
Juridique
et traites
|
|
Ideologie
et politique
|
|
Portee
geographique
|
|
Presse et
propagande
|
|
Antisemitisme
et persecution
|
|
Armee
|
Forces armees
|
|
Batailles
|
|
Officiers
|
|
|
Dissolution
|
|
Repercussions
et impact
|
|
Histoire
et medias
|
Histoire et
historiographie
|
|
Cinema
|
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Romans
|
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|