한국   대만   중국   일본 
Realisme scientifique ? Wikipedia Aller au contenu

Realisme scientifique

Un article de Wikipedia, l'encyclopedie libre.

Le realisme scientifique est la theorie selon laquelle le monde decrit par la science est le monde ≪ reel ≫ ou ≪ veritable ≫.

Dans le contexte de la philosophie des sciences , le realisme scientifique est une these a la fois ontologique (concernant l'etre des choses) et epistemologique (concernant la connaissance) qui doit permettre d'expliquer comment les sciences parviennent avec succes a predire les phenomenes. Pour le realisme scientifique, le succes predictif des sciences s'explique par le fait qu'il existe une realite independante de notre esprit dont la nature est celle qui est decrite par la science.

Les theses du realisme scientifique [ modifier | modifier le code ]

Le realisme scientifique est une forme de realisme metaphysique . La these minimale et commune aux differentes formes du realisme metaphysique peut etre formulee ainsi : ≪ Le monde existe et a une structure independante de notre esprit ≫ [ 1 ] . Cette structure est consideree comme n'etant nullement dependante de l'experience humaine, des croyances, des concepts ou du langage. Dans sa version forte, le realisme metaphysique generalise cette position aux objets, aux proprietes et aux evenements.

Lorsqu'on a postule l'existence d'un monde exterieur independant de notre esprit, se pose alors le probleme des relations entre ce monde et les descriptions que l'on peut en faire. C'est a cette question que repond le realisme scientifique proprement dit. Dans son expression la plus radicale, il enonce qu' ≪ une theorie scientifique acceptee et consolidee decrit exactement comment les choses se passent dans le monde : ceci implique que toutes les entites theoriques et les quantites physiques utilisees par la theorie existent dans le monde et qu'elles se comportent dans celui-ci exactement de la maniere decrite par la theorie. ≫ [ 2 ] .

Selon le philosophe des sciences Michael Esfeld [ 3 ] , on peut ainsi caracteriser le realisme scientifique par les trois propositions suivantes :

  1. Proposition metaphysique  : l’existence et la constitution du monde sont independantes des theories scientifiques . L’independance est a la fois ontologique et causale  : l’existence du monde ou sa constitution ne dependent pas du fait qu’il y ait ou non des personnes qui construisent des theories scientifiques (independance ontologique). S’il y a des personnes qui developpent des theories scientifiques, l’existence de ces theories ne cause pas l’existence ou la constitution du monde (independance causale).
  2. Proposition semantique  : la constitution du monde determine lesquelles de nos theories scientifiques sont vraies (et lesquelles ne sont pas vraies). Par consequent, si une theorie scientifique est vraie, les objets que pose cette theorie existent et leur constitution rend vraie la theorie en question. Autrement dit, leur constitution est le verifacteur ( truth-maker en anglais) de la theorie en question [ 4 ] .
  3. Proposition epistemique  : les sciences sont, en principe, capables de nous donner une representation generale et unique de la constitution du monde. Les theories ou interpretations scientifiques concurrentes doivent pouvoir etre evaluees rationnellement et empiriquement de telle facon que l'une d'elles seulement puisse etre consideree comme vraie.

Ces trois propositions caracterisent le ≪ realisme des theories ≫. Mais le realisme scientifique ne se contente pas toujours de determiner le rapport entre les theories scientifiques et la realite [ 5 ] . Dans la mesure ou ces theories postulent certaines entites ou proprietes, le realisme peut impliquer la these plus radicale selon laquelle ces entites ou proprietes elles-memes existent. Toutefois, les realistes ne s'accordent pas tous sur ce point. On peut en effet etre realiste a propos des theories sans etre realiste a propos des entites. L'epistemologue Ian Hacking prend pour exemple Bertrand Russell [ 6 ] . Pour celui-ci, ≪ le terme quark n'aurait pas les quarks pour referent mais serait une expression abregee, par la logique, d'une expression plus complexe ne faisant reference qu'aux seuls phenomenes observes. Russell etait alors realiste pour les theories mais antirealiste pour les entites ≫ [ 7 ] .

Ainsi le realisme scientifique implique une certaine interpretation de la science. Il s'agit d'adherer a la composante semantique du realisme : les objets, les structures decrites par la science ont quelque chose de reel. Pour le realiste, ces representations doivent etre comprises en termes d'absolu, et non relativement a un point de vue. Les electrons ou les proteines existent quel que soit le point de vue. De la vient la composante epistemique. Mais certains, certaines, avancent que les theories scientifiques ne sont que concordantes, a notre echelle, a ce qui pourrait etre la realite. Elles restent des apparences. C'est le cas, par exemple, du philosophe empiriste Bas van Fraassen [ 8 ] .

Representation schematique de la composition en quarks d'un neutron . Les lettres et les couleurs ne sont ici que des conventions qui ne decrivent pas la nature intrinseque des quarks mais definissent plutot leurs relations de causalite, comme l' interaction forte .

[pertinence contestee]

Realisme et anti-realisme [ modifier | modifier le code ]

Realisme des theories et realisme des entites [ modifier | modifier le code ]

Dans le contexte du realisme scientifique, on nomme ≪ realisme des theories ≫ l'idee qu'il existe une realite independante qui peut etre expliquee par les theories scientifiques, car elles en decriraient la structure veritable. On nomme ≪ realisme des entites ≫ l'idee plus radicale d'apres laquelle la realite comporte non seulement des entites observables, mais egalement des entites theoriques inobservables en tant que telles, comme les particules elementaires , les champs electromagnetiques , les trous noirs , etc. [ref. necessaire]

Selon cette version forte du realisme, le discours scientifique portant sur les entites inobservables a la meme fonction que celui portant sur les entites observables : fournir une description de ce qu'elles sont qui soit vraie. Par exemple, le specialiste de physique des particules essaie de fournir une description correcte de ce que sont les constituants des atomes.

Pour le realiste, nous avons ou tentons d'avoir des croyances justifiees quant a l'existence d’entites inobservables parce qu'elles ont un pouvoir explicatif  ; postuler leur existence permet notamment d’expliquer certains phenomenes observables.

Anti-realisme et empirisme [ modifier | modifier le code ]

Pour un anti-realiste, l'une des facons de concevoir le succes predictif du discours scientifique consiste a tenir les entites inobservables et leurs proprietes pour des ≪ fictions commodes ≫, des ≪ conventions ≫ ou des ≪ etres de raison ≫ qui permettent certes de predire les phenomenes observables, mais qui n'ont pas d'existence en tant que telles. Ernst Mach [ 9 ] , les positivistes logiques et les constructivistes en epistemologie defendent cette position. Cette forme d'anti-realisme est toutefois compatible avec un realisme theorique qui considere que les relations entre ces etres de raison existent vraiment dans le monde. Cette position nuancee est notamment defendue par Bertrand Russell .

L’anti-realisme est souvent motive par la conviction empiriste que nos connaissances authentiques (ou du moins nos croyances authentiquement justifiees) se limitent au domaine de l’observable, celui des phenomenes proprement dits [ 10 ] .

Realisme et anti-realisme selon Ian Hacking [ modifier | modifier le code ]

Ian Hacking resume l'opposition entre realisme et anti-realisme de la facon suivante :

≪ Pour le realisme scientifique, les entites, etats et processus decrits par les theories existent vraiment, pour peu que ces theories soient exactes. Protons, photons, champs de force et trous noirs sont aussi reels qu’ongles d’orteils, turbines, tourbillons dans un cours d’eau ou volcans. Les interactions faibles que decrit la physique des particules elementaires sont aussi reelles que le fait de tomber amoureux. Les theories qui concernent la structure des molecules portant les codes genetiques sont soit vraies, soit fausses et une theorie rigoureusement exacte doit etre vraie... Le realiste a propos des entites affirme que bon nombre d’entites theoriques existent vraiment. L’antirealiste s’oppose a ces entites qui ne sont pour lui que fictions, constructions logiques ou elements d’un processus intellectuel d’apprehension du monde. ≫ [ 11 ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Catherine Allamel-Raffin et Jean-Luc Gangloff, La raison et le reel , Paris, Ellipses , coll.  ≪ Champs philosophiques ≫, , 190  p. ( ISBN   978-2-7298-3127-1 , OCLC   85829690 ) , p.  115.
  2. G. Giulani, ≪ What Physicists Are Talking About ? The Case of Electrons and Holes ≫, tr. fr. C. Allamel-Raffin et J.-L Gangloff, Op. Cite, p.  116.
  3. M. Esfeld, La philosophie des sciences. Une introduction. , Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2006. Deuxieme edition revisee 2009, chap. 1.
  4. Cf. D. M. Armstrong, Truth and Truth-makers , Cambridge: Cambridge University Press, 2004 ; et "Verite et verifacteurs", dans Jean-Maurice Monnoyer (dir.), La structure du monde. Renouveau de la metaphysique dans l’Ecole australienne de philosophie , Vrin.
  5. C. Allamel-Raffin et J.-L Gangloff, Op. Cite, p.  117.
  6. I. Hacking, Concevoir et experimenter , Paris, Christian Bourgois, 1989.
  7. I. Hacking, Concevoir et experimenter , Paris, Christian Bourgois, 1989, p.  59.
  8. Quentin Ruyant, ≪  Les multiples nuances du courant realiste  ≫, sur www.larecherche.fr , (consulte le ) .
  9. E. Mach, L'analyse des sensations (1922).
  10. (en) Bas C. Van Fraassen, The scientific image , Oxford New York, Clarendon Press Oxford University Press, coll.  ≪ Clarendon library of logic and philosophy ≫, , 235  p. ( ISBN   978-0-19-824427-1 , OCLC   1088746187 , lire en ligne )
  11. I. Hacking, Concevoir et experimenter (1983), C. Bourgois Editeur, 1989, p.  59

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Michael Esfeld , La philosophie des sciences. Une introduction. , Presses polytechniques et universitaires romandes, .
  • Michael Esfeld , Physique et metaphysique : une introduction a la philosophie de la nature , Presses polytechniques et universitaires romandes, .
  • Bas van Fraassen , The Scientific Image , Oxford University Press , .
  • Ian Hacking , Concevoir et experimenter , C. Bourgois Editeur, .

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]