Prison Sainte-Pelagie

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Prison Sainte-Pelagie
Image de l'établissement
La facade de la prison, rue du Puits-de-l'Ermite , a Paris, par Eugene Atget en 1898.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Region Ile-de-France
Localite Drapeau de Paris Paris
Coordonnees 48° 50′ 33″ nord, 2° 21′ 10″ est
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Prison Sainte-Pélagie
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Prison Sainte-Pélagie
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Prison Sainte-Pélagie
Installations
Type Prison
Fonctionnement
Date d'ouverture
Date de fermeture

La prison Sainte-Pelagie est une ancienne maison de detention parisienne, detruite en 1899.

Situation [ modifier | modifier le code ]

Elle se situait au niveau de l'actuel groupe d'immeubles [ 1 ] de la rue de la Clef , au carrefour de la rue du Puits-de-l'Ermite [ 2 ] dans le 5 e  arrondissement de Paris . L'entree de la prison se trouvait a la hauteur de l'actuelle place du Puits-de-l'Ermite .

Histoire de la prison [ modifier | modifier le code ]

L'une des cours interieures de la prison photographiee par Nadar entre 1875 et 1895.

Communaute religieuse de Sainte-Pelagie [ modifier | modifier le code ]

Le nom de Sainte Pelagie lui fut donne parce que cette sainte fut comedienne de la ville d' Antioche et devint illustre par sa penitence et par son martyre .

Creee par la ≪ Fondation des filles repenties ≫ en 1662, elle fut etablie rue du Puits-de-l'Ermite , a Paris (dans l'actuel 5 e  arrondissement ), en 1665.

Elle s’est d’abord appelee ≪ le Refuge ≫. Elle est concue, en reaction aux mauvais traitements qui etaient infliges aux pensionnaires de la Salpetriere , par Madame de Miramion suivant alors les preceptes de Vincent de Paul [ 3 ] .

Destinee aux ≪ filles repenties ≫, elle devint vite un lieu d'internement pour ≪ filles et femmes debauchees ≫ .

Prison Sainte-Pelagie [ modifier | modifier le code ]

En 1790, Sainte-Pelagie devint maison d'arret, recevant tous les ≪ exclus ≫ de la grande Revolution (en premier les royalistes, en dernier les republicains), puis prison departementale en 1811.

Prison pour hommes, elle recevra une premiere femme en la personne de Manon Roland , epouse de l’ ancien ministre et idole des Girondins, qui dira : ≪ Moi la seule femme dans cette geole ! Quelle horreur et quel honneur ≫.

La repression etatique y occasionnant l'emprisonnement frequent de chansonniers parisiens, ceux-ci finissent par creer dans leur cellule la goguette des Biberons qui publie en 1825 un volume : La Marotte de Sainte-Pelagie . Il connait deux editions [ 4 ] .

Prison reservee aux ≪ affaires de mœurs ≫, ≪  prison pour dettes  ≫, Sainte-Pelagie sera ≪ promue ≫ et devolue aux detenus politiques au mois de .

Les prisonniers pour dettes sont transferes en 1834 a la prison de Clichy .

≪ Cette prison est beaucoup trop petite pour tous ceux qu'elle renferme. Ce sont :
1° des condamnes a un emprisonnement plus ou moins long ;
2° des hommes detenus pour dettes dans la proportion ordinaire d'un quart a un tiers ;
3° des garcons dits a la correction paternelle , dans la proportion d'environ un vingt-cinquieme [ 5 ] . ≫

La mortalite annuelle moyenne de 1815 a 1818 est d'un detenu sur 24,48.

Emile de La Bedolliere precise en 1860 dans son Dictionnaire des besoins usuels dans Paris que l'adresse officielle de la prison Sainte-Pelagie est 14, rue du Puits-de-l'Ermite. Comme pour les 11 autres prisons parisiennes :

≪ On peut visiter les prisonniers deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, a l'aide d'un permis qu'il faut demander au 3 e bureau de la 1 re  division de la prefecture de police de Paris . Les parents seuls sont autorises [ 6 ] . ≫

Le dimanche , une revolte, appuyee par plusieurs sections de la Societe des amis du peuple eclate parmi les detenus ; elle fera un mort, le typographe Jacobeus.

Assassinat de Gustave Chaudey a la prison de Sainte-Pelagie en mars 1871 , photomontage d' Eugene Appert issu de la serie les Crimes de la Commune .

Les annees suivantes, la Societe des droits de l'homme , naguere secrete, se consacre alors, suivant ses convictions, a entretenir l’agitation republicaine contre la monarchie de Juillet . Ses tetes pensantes : Francois Arago et Etienne Arago , Louis Blanc , Victor Schœlcher , Alexandre Ledru-Rollin , Auguste Blanqui et Godefroy Cavaignac , organisent la nuit d'emeutes du , pendant laquelle tous les habitants d'une maison de la rue Transnonain , d'ou etait parti un coup de feu, furent massacres par l'armee. Cet evenement inspira le ≪  massacre de la rue Transnonain  ≫, celebre dessin d' Honore Daumier . Le , 164 ≪ conjures ≫ sont arretes et transferes a Sainte-Pelagie, sans aucun jugement. Barbes et Cavaignac organiseront de l'interieur meme de la prison, le , ≪ la grande evasion ≫ en sortant avec 26 autres des 164 ≪ conjures ≫ de cette prison parisienne reputee ≪ infranchissable ≫.

L'edifice, devenu insalubre, sera finalement demoli entre juin 1899 et fevrier 1900 [ 7 ] . Voici ce qu'en disait a sa seconde incarceration Evariste Galois  :

≪ Porte aussi massive que rebarbative, murs epais d'un metre qui le disputent a l'horreur de sombres couloirs, suintant la crasse, le froid et le desespoir. Tout ici sent la Mort ! Dante a du y venir, rediger ses Enfers [ 8 ] . ≫

Liste de prisonniers celebres [ modifier | modifier le code ]

Sont ci-dessous detailles quelques-uns des plus illustres personnages ayant ete mis en prison a Sainte-Pelagie :

  • des royalistes puis des revolutionnaires et enfin des republicains (dont beaucoup d'anarchistes) ;
  • des medecins, des peintres, des ecrivains, des hommes politiques, des scientifiques, des officiers, des pamphletaires… une bonne partie de l'intelligentsia francaise. ≪ Que du beau linge ! ≫ [ ref.  souhaitee] aurait dit Madame Sans-Gene . On pourrait encore citer Dumas  : ≪ Effectivement, Sainte-Pelagie, finit par ressembler, en mieux, a un quelconque Bottin mondain  ≫ [ ref.  souhaitee] .

A [ modifier | modifier le code ]

Louis-Remy Aubert-Roche (1810-1874), medecin specialiste de la peste .

Dans 3 interessantes lettres relatives aux troubles qui suivirent l’election de Louis-Napoleon Bonaparte , Louis Aubert-Roche ecrit de Sainte-Pelagie : ≪ Si vous saviez ce que j’ai vu et appris dans cette prison de Sainte-Pelagie ; que d’horreurs !! ≫ ( ). Reunion de 3 lettres autographes signees a F. de Montrol, depute. Paris (prison de Sainte-Pelagie), 12, 15 et  ; 3 pages in-4°, suscription au dos.

Francois Xavier Audoin (1765-1837), homme politique, ecrivain. Il est arrete le 21 floreal an II ( ), victime des dernieres operations de Robespierre contre les derniers Sans-culottes . A Sainte-Pelagie (ou il resta en permanence au secret), il ecrira un memoire qui deviendra celebre : A l'interieur des maisons d'arret . Transfere au Luxembourg puis au Fort de Ham (ou sa detention ne sera pas trop severe, puisqu'il y partageait son lit avec son epouse) le 5 prairial an III ( ), il sera enfin juge, condamne et amnistie en brumaire an IV (1797).

Libre, il se fait journaliste et publiera Le Publiciste Philanthrope . En 1802, avocat au barreau de Paris, il n'aura plus de role politique et ne sera d'ailleurs pas inquiete sous la Restauration.

Auteur de nombreux ouvrages, on lui doit notamment:

  • Du commerce maritime Paris , Baudouin, an IX (1801) 2 vol. in-8°. Ouvrage important surtout pour la legislation de l'armement en course avec detail sur la marine pendant la Revolution.
  • Histoire de l'administration de la guerre , Paris, Didot, 1811, 4 vol. in-8°.
  • Responsabilite des ministres : quelques pensees sur le projet de loi presente par les ministres de Sa Majeste le , Paris, Brissot-Thivars, 1819, in-8°.
  • L'interieur des maisons d'arret . Paris, 1795, in-8°.

Etienne Arago (1802-1892).

Zo d'Axa (1864-1930). Ecrivain, anarchiste, poursuivi a travers toute l'Europe pour ses idees, en decembre 1892, il est finalement arrete dans le consulat du Royaume-Uni, en principe inviolable, a Jaffa . Enchaine comme un droit commun, il est embarque sur le navire La Gironde pour Marseille. En arrivant, Zo d'Axa y passe quelques jours en prison, avant d'etre transfere a Paris, ou il passe 18 mois a Sainte-Pelagie comme politique, ayant, bien sur, refuse de signer une demande en grace.

En , libere, il publie : De Mazas a Jerusalem qu'il a ecrit en prison. Succes, critiques unanimes, on s'incline devant la valeur et la personnalite de l'homme et de l'œuvre. Jules Renard et Octave Mirbeau , l'encenseront, tout comme Georges Clemenceau qui dira de lui : ≪ D'Axa, cet anarchiste hors de l'anarchie ≫.

B [ modifier | modifier le code ]

Auguste Blanqui . En 1861 il est de nouveau arrete, condamne a quatre ans de prison, et enferme a Sainte-Pelagie, d’ou il s'evade en 1865.

Jeanne Becu, comtesse du Barry (1743-1793), fut emprisonnee a Sainte-Pelagie le . Elle s'y trouva en compagnie de Madame Roland, des epouses des Girondins telles Mmes Brissot et Petion ainsi que de nombreuses femmes et jeunes filles de toutes conditions. Comme Madame Roland, elle fut transferee a la Conciergerie peu avant son supplice.

Pierre-Jean de Beranger (1780-1857), chansonnier

Felix Julien Jean Bigot de Preameneu (1747-1825). Ce revolutionnaire modere, est le fils d'un avocat du Parlement de Bretagne , a Rennes. En 1767, il devient, lui-meme, avocat au parlement de Rennes, puis docteur en droit, en 1768. En 1778, il achete une charge de conseiller, juste avant de monter a Paris occuper les fonctions d'agent general des Etats de Bretagne.

Le , elu depute de la Seine, il s'installa sans hesiter sur les bancs des moderes, se montrant tres actif au Comite Legislatif, votant contre la poursuite des pretres insermentes ( ), contre les mesures proposees au sujet des emigres ( ). Il presida la Legislative du 15 au . Le , il fit adopter une mesure visant a interdire la presentation des petitions par des hommes armes. Enfin, au , il prit la defense de la famille royale. Menace, il se retire en Bretagne pour se faire oublier. Arrete le , il fut ramene a Paris et incarcere a Sainte-Pelagie. La chute de Robespierre le sauva sans doute de la guillotine. Libere le , il regagna Rennes par episodes, avant de devenir l'un des 4 redacteurs du Code civil, puis Ministre de Napoleon, de mourir a Paris et d'y etre inhume.

Aristide Bruant . En 1884, avec A la Villette (prison de Paris (1837-1900) qui servait de depot pour les condamnes a mort), il entame toute une serie de chansons sur les quartiers de Paris. Il decrit les bonheurs, miseres et preoccupations des petites gens, non sans une certaine demagogie, avec une certaine facilite mais, non sans une certaine poesie. A Zevaco qu'il croisa a Sainte-Pelagie en 1890 il dira : ≪ Parler tragique ? Oui, mais sur un fond rigolo ! ≫

Aime Picquet du Boisguy (1776-1839), ancien officier chouan , emprisonne pendant les Cent-Jours , pour avoir tente de partir en Bretagne , participer a la Chouannerie de 1815.

Nicolas de Bonneville (1760-1828). Libelliste, traducteur, imprimeur, fondateur du Cercle social . Arrete sur ordre du Prefet de police, il etait en detention a Sainte-Pelagie en 1804, ou il a cotoye son ami et admirateur Charles Nodier. Poursuivi a plusieurs reprises pour des critiques contre le Premier consul publiees dans son journal Le bien informe et accuse d'etre un ennemi du gouvernement, il fut ensuite assigne a residence dans sa ville natale d'Evreux, sur decision de Fouche.

C [ modifier | modifier le code ]

Armand Carrel , journaliste, incarcere du au pour ses ecrits peu apprecies par les autorites de la monarchie de Juillet .

Cavaignac (1801-1845), journaliste republicain. En 1834, la Societe des droits de l'homme , naguere secrete, se consacre a entretenir une agitation aussi republicaine que permanente contre la monarchie de Juillet . Ses tetes pensantes, Francois et Etienne Arago , Louis Blanc , Victor Schœlcher , Ledru-Rollin , Blanqui et Cavaignac, organisent la nuit d'emeutes, du . Le , 164 ≪ conjures ≫ sont arretes et transferes a Sainte-Pelagie, sans aucun jugement. Barbes et Cavaignac organisent de l'interieur meme de la prison, le ≪ la grande evasion ≫ en sortant avec 26 autres des 164 ≪ conjures ≫ de cette prison parisienne pourtant reputee ≪ infranchissable ≫ par un souterrain reliant la prison a l' hotel Pourfour du Petit situe sur la rue Lacepede .

Michel Chevalier (1806-1879), homme politique. En 1830, apres la Revolution de juillet , il devient un adepte de la doctrine saint-simonienne [ 9 ] et editeur du journal Le Globe [ 10 ] , qui sera interdit en 1832 lorsque la ≪  secte des Simoniens  ≫ est decretee contraire a l'ordre public. En tant qu'editeur, il est condamne a six mois de prison, qu'il effectue a Sainte-Pelagie [ 11 ] .

Emile Chodruc-Duclos (1780-1842), humaniste (?), ultra-royaliste. D'apres Les Celebrites de la rue , paru en 1868 : Vint le Consulat. Duclos, ardent royaliste, portait au Consul la meme haine vouee naguere aux republicains, il persista dans une systematique d'opposition. Des que Fouche , ministre de la Police, apprit sa presence dans la capitale, il le fit ecrouer a l' Abbaye . Lui, pour sortir de la, demanda audience a Fouche. Ce dernier, qui achetait volontiers ames et hommes ; croyait fermement que toute conscience etait a vendre. Il l'≪ invita ≫ a partir pour les iles. Duclos feignit d'accepter et promit de s'embarquer mais, a peine libere ; il se retrouva en Vendee a la tete d'un groupe d'insurges. Bientot, le general Hedouville soumit les dissidents de l'Ouest, puis il delivra un passeport a chacun d'eux, a charge pour les amnisties de se rendre deux fois par mois en prefecture, exhiber leur exeat. Duclos, qui evidemment, ne voulut point s'y conformer, fut deporte a Vincennes puis transfere, a Sainte-Pelagie ou l'ecrivain, Charles Nodier (1780-1844) l'a connu. Voici quelques lignes des Souvenirs de la Revolution ou l'on voit l'opinion de Nodier sur cet ardent royaliste (Dans Les celebrites de la rue , Paris, 1868, s.n.) :

≪ L'aristocratie de Sainte-Pelagie rappelait quelques beaux noms, tous dignes du Gotha  : M. de Custines, parent du malheureux general ; M. de Fenelon, officier superieur des Chouans, sous le nom de Telemaque ; M. de Beauvais, dit Chabrias ; M. de Resseguieres, aujourd'hui (1828) commandant d'une de nos colonies ; M. de Navarre ; M. d'Astorg ; M. d'Hozier, l'aine, si soigneusement recherche, si fidele a sa tenue d'etiquette, qu'on l'aurait toujours cru pare… pour un gala a Versailles. Tous aussi dignes que compasses ; seul M. Emile Duclos (de Bordeaux), dont M. d'Hozier lui-meme aurait peut-etre eu quelque peine a illustrer la genealogie, se faisait remarquer entre nos patriciens les plus huppes par la majeste de sa tournure, par la liberalite magnifique de sa depense, par l'affable dignite de ses manieres. Las, M. Duclos est bien cet infortune dont la raison… a degenere en monomanie. C'est Diogene, le barbu du Palais-Royal ! De Sainte-Pelagie, Duclos passa a Bicetre et y resta jusqu'a l'entree des allies, en 1814. Ils ouvrent les portes de la prison, et vaincus la veille, ils en sortent en triomphateurs. ≫

? Charles Nodier, Souvenirs de la Revolution

Mais, revoici, Diogene-Chodruc-Duclos, un peu plus loin dans les Memoires de Dumas  :

≪ Un jour, Chodruc voit Charles Nodier, qu'il avait connu a Sainte-Pelagie, condamne politique comme lui, devant le cafe de Foy  ; il le fixe attentivement, fait mine de vouloir lui parler, se ravise et passe son chemin. Je descendais vers le Louvre, Nodier parti, je rencontre Chodruc, qui venait droit a moi : ≪ Dumas, etes-vous lie avec Nodier ? me dit Chodruc. ? Oui, repondis-je, et je l'aime de tout cœur. ? Ne trouvez-vous pas qu'il vieillit singulierement ? Oui, eh bien ! savez-vous pourquoi ? ? Non, et je serais heureux de le savoir. ? Nodier vieillit parce qu'il se neglige, et rien ne vieillit un homme comme de se negliger. ≫ Chodruc trouvant que quelqu'un se neglige ! c'est inimitable, et la conviction avec laquelle il avait ose poser ce principe ! tout cela m'avait beaucoup frappe ! ≫

? Alexandre Dumas, Memoires, Paris.

Courbet : Autoportrait a Sainte-Pelagie (1872, musee Courbet ).

Gustave Courbet (1819-1877), peintre. Accuse d'avoir usurpe des fonctions publiques en tant qu'elu au Conseil de la Commune et surtout de s'etre rendu complice de la destruction de la colonne Vendome , renversee le , est arrete le . Son proces devant le troisieme Conseil de guerre commence le suivant. Apres deux mois d'audiences, le jugement, prononce le , condamne le peintre a 500 francs d'amende et six mois de prison qu'il purgera a Sainte-Pelagie.

Jean-Baptiste Courtois , chimiste et salpetrier, emprisonne pour dettes de a .

Gustave Chaudey , incarcere puis fusille dans la cour de cette prison le .

Gustave Paul Cluseret (1823-1900), officier, homme politique. En 1862, en Amerique ou il combat dans la guerre de Secession contre les Confederes, il est promu general et fait citoyen americain. Revenu en France, il adhere a la premiere Internationale . En 1868, interne a Sainte-Pelagie pour ses articles dans le journal L'Art , il est finalement banni du fait de sa citoyennete americaine.

Theodore Combalot (1797-1873), pretre diocesain, missionnaire apostolique. Pretre de choc, en 1830, un rapport de police le designe comme : ≪ pretre ambulant et suspect, aux idees fantasques ≫. De 1825 a 1832, il se montre un ardent partisan des idees nouvelles et n'hesite pas a entrer dans des polemiques publiques des plus brulantes du temps. En 1843, il publie un violent Memoire sur la guerre faite a l'Eglise et a la societe par le monopole universitaire . Il est condamne a 4 000 francs d'amende et a 15 jours d'emprisonnement a Sainte-Pelagie. Ses chefs-d'œuvre oratoires ont ete publies en 1894. ≪ Introduction aux Constitutions des Religieuses ≫ (1839-1840) dans Textes Fondateurs , Auteuil, 1991 [ 12 ] .

Paul-Louis Courier (1772-1825), pamphletaire. Condamne pour un pamphlet, le Simple Discours , a deux mois de detention. La veille du jour ou expirait cette peine, Courier fut tire de Sainte-Pelagie et conduit devant le tribunal pour un nouveau pamphlet : Petition pour les villageois qu'on empeche de danser… Il en fut quitte cette fois pour une simple reprimande. Il recidivera avec le Pamphlet des Pamphlets , ou il ecrira : ≪ …Allez mon bon monsieur, et ne pechez plus ; allez, allez donc a Sainte-Pelagie ≫.

D [ modifier | modifier le code ]

Honore Daumier (1808-1879) peintre, sculpteur. En 1832, condamne pour ses caricatures, il purge 6 mois a Sainte-Pelagie. Il fonde, a sa sortie, le journal Le Charivari ou il creera, bien plus tard, le personnage de Ratapoil . En 1835, il se rendra celebre par un dessin non moins celebre : le Massacre de la rue Transnonain . En 1845, apres sa serie ≪ les Gens de justice ≫, Baudelaire le compare a Delacroix et Ingres . En 1871, delegue des Beaux-Arts a la Commune , il s’oppose a la proposition de Courbet d’abattre la colonne Vendome .

Emile Debraux (1798-1831) chansonnier, poete et goguettier . En 1822 un recueil de ses chansons est saisi a la requete du procureur du roi. Il est emprisonne un mois a Sainte-Pelagie ou il retrouve Alexis Dumenil, Bonnin, Magalon, Alexandre Barginet , Eugene de Pradel et d'autres ecrivains [ 13 ] .

Edouard Drumont (1844-1917), fut emprisonne a Sainte-Pelagie du au , purgeant une peine de trois mois de prison infligee par la cour d'assises de la Seine pour avoir diffame le depute Auguste Burdeau , rapporteur de la commission parlementaire chargee de se prononcer sur le renouvellement des avantages accordes au conseil de regence de la Banque de France . Dans un article de son quotidien "La libre parole", Drumont avait accuse Burdeau d'avoir recu des fonds de la part d'un des membres du conseil de regence, le banquier Alphonse de Rothschild , pour conclure au renouvellement des privileges. Depuis sa cellule, il va reveler un a un les noms des politiciens et journalistes corrompus et reveler les mecanismes de l'escroquerie du scandale de Panama , qui paraitront dans son journal, La Libre Parole [ 14 ] .

Edouard Ducret (1854-1900), directeur-redacteur en chef de La Cocarde et ami de Drumont, est condamne, le , a un an de prison pour usage de faux apres avoir mene une campagne diffamatoire contre Georges Clemenceau . Ce dernier a ete accuse de corruption sur la base de documents forges par l'escroc recidiviste Louis-Alfred Veron dit ≪ Norton ≫. Transfere a Sainte-Pelagie a sa demande le , le journaliste boulangiste y purge sa peine dans le quartier de la ≪ Petite Siberie ≫ [ 15 ] , ou il redige un ouvrage ( Comment se fait la politique - Les dessous de l'affaire Norton , Paris, Chamuel, 1894) pour se disculper aupres de ses lecteurs.

Charles Duveyrier (1803-1866), poete et dramaturge. Le , il est condamne aux assises de Paris pour ≪ attentat a la morale ≫ et ≪ association illegale ≫ a une peine de six mois d'emprisonnement aux cotes de Barthelemy Prosper Enfantin ? condamne a un an de reclusion ? et Michel Chevalier , qu'il effectue a leurs cotes a Sainte-Pelagie [ 16 ] .

E [ modifier | modifier le code ]

Barthelemy Prosper Enfantin (1796-1864), l'un des principaux chefs de file du mouvement saint-simonien , condamne en 1832 a un an de prison pour paroles et ecrits liberaux. Durant son sejour en captivite, confortablement loge avec Chevalier dans un agreable appartement de quatre pieces, il cultive une riche correspondance avec ses disciples et ecrit: ≪ Nous sommes ici comme des princes ≫. Gracie par le roi, il sort de prison en .

Emile Eudes (1843-1888): leader blanquiste elu membre du comite central et general de la Commune de Paris . Le , il participe a la vaine attaque blanquiste contre la caserne des pompiers de La Villette , afin de trouver des armes, ce qui lui valut d'etre condamne a mort . Il fut fait prisonnier a la prison Sainte-Pelagie. Au cours du voyage pour aller visiter son mari, sa femme croise a nouveau le chemin de Louise Michel qui s'y dirigeait dans le meme but [ 17 ] . Il fut sauve in extremis par la defaite de Sedan [ 18 ] .

G [ modifier | modifier le code ]

Evariste Galois (1811-1832), mathematicien. Pour la police : ≪ Agitateur patente ≫, en 1831, lors d'un banquet republicain, Evariste lance, un couteau a la main, un toast : ≪ A Louis-Philippe s'il trahit ! ≫ Cette fois, c'en est trop : arrete par la police du roi, il est enferme a Sainte-Pelagie. Devant ses juges, il revendique son toast regicide et plaide pour la Republique. Le jury populaire l'acquittera. A peine a-t-il recouvre sa liberte que la police, saisissant le premier pretexte, le reconduit a Sainte-Pelagie. Une tentative d'assassinat est meme organisee contre lui dans les murs de la prison. Il mourra finalement, ≪ betement ≫, des suites d'un duel avec un autre republicain pour ≪ une infame coquette ≫ . Gravement blesse, c'est un paysan qui le recueillera pour le conduire a l' hopital Cochin ou il succombera a une peritonite.

Alfred-Leon Gerault-Richard , chansonnier, journaliste et militant socialiste. Plusieurs sejours, le dernier pour outrages au president de la Republique apres son article A bas Casimir ! dans Le Chambard socialiste . Condamne a un an de prison et incarcere fin 1894, Gerault-Richard est elu depute du 13e arrondissement de Paris a une election partielle le et libere debut fevrier par la loi d'amnistie votee apres la demission de Jean Casimir-Perier et l'election de Felix Faure .

Charles Gille (1820-1856), chansonnier revolutionnaire, en 1846 apres la dissolution de la tres politisee goguette des Animaux qu'il a fonde en 1839, il fait un sejour de six mois a Sainte-Pelagie pour ≪ activites illegales ≫.

Pierre Gosset (1764-1844), pretre refractaire de la Manche .

Paschal Grousset (1844-1909), journaliste, ecrivain et homme politique. Son journal prend part a une polemique assez forte entre deux journaux corses. S'estimant diffame dans un article signe par Pierre-Napoleon Bonaparte , cousin de Napoleon III, Grousset lui envoie en ses collaborateurs Victor Noir et Ulrich de Fonvielle pour convenir d'une reparation par les armes. La rencontre de Noir et de Bonaparte tourne mal, et Noir est assassine. Bonaparte sera condamne par la Haute Cour de justice a payer des dommages et interets. Les journalistes de La Marseillaise Rochefort, Fonvielle, Pain et Grousset, eux, seront condamnes pour outrage envers l'Empereur durant le proces, et emprisonnes a la prison Sainte-Pelagie.

H [ modifier | modifier le code ]

Fortune Henry (1821-1882), poete, journaliste et maroquinier. Il fut emprisonne comme opposant a Napoleon III a la suite du coup d'Etat du , puis comme militant socialiste membre de l'Internationale ouvriere en 1867. En 1871 il devint d'un des membres de la Commune.

J [ modifier | modifier le code ]

Antoine Jay (1770-1854), homme politique et ecrivain francais. Il fut emprisonne un mois dans la prison a cause d'un des articles de sa Biographie des Contemporains , qu'il ecrivit avec Benjamin Constant et Etienne de Jouy. Il publiera ensuite avec Jouy les Hermites en prison [ 19 ] .

Etienne de Jouy (1764-1846), ecrivain francais et membre de l'Academie francaise. Emprisonne en 1823 avec Antoine Jay (lire ci-dessus).

K [ modifier | modifier le code ]

Florian de Kergorlay (1769-1856), homme politique, ancien pair de France, ancien president du conseil general de l'Oise. Emprisonne a Sainte Pelagie de novembre 1830 a mai 1831 et de octobre 1835 a fevrier 1836 pour avoir manifeste son opposition au regime de la monarchie de Juillet .

Jean-Jacques Koechlin (1776-1834), homme politique. En, 1822, ayant dans une brochure : Relation historique des evenements qui ont eu lieu a Colmar en 1822 , accuse l’administration d’avoir use de moyens infames pour eprouver le loyalisme de populations paisibles ; il fut taxe de lese-majeste et condamne a douze mois de prison (ramenes en appel a six mois), qu’il purgea a Sainte-Pelagie, et a trois mille francs d’amende, somme qui fut couverte par une souscription publique. Son attitude courageuse lui valut une immense popularite. Recu a Mulhouse en triomphe a sa liberation, il y fut magistralement reelu aux legislatives de 1824.

L [ modifier | modifier le code ]

Mademoiselle Lange (1772-1816), actrice de la comedie-francaise , incarceree, en 1793 , avec les comediens, a la suite des representations de Pamela ou la Vertu recompensee de Francois de Neufchateau [ 20 ] .

Paul Lafargue (1842-1911). Condamne a la suite d'une conference dans l'Allier, il sejourne a Sainte-Pelagie (de 1883 a 1885), ou il en profite pour ecrire.

Felicite Robert de Lamennais (1782-1854). Sa brochure : le Pays et le Gouvernement lui vaut en 1840, d'etre enferme un an a Sainte-Pelagie, ou il ecrivit Une Voix de prison , publiee en 1843.

Sosthene de La Rochefoucauld , duc de Doudeauville (1785-1864), pour "insolences repetees envers le roi (Louis-Philippe I er )

Louis Lemercier de Neuville

Jules Lermina [ref. necessaire]

Prosper-Olivier Lissagaray  : Incarcere debut 1870 pour ≪ offenses envers les personnes de l'empereur et de l'imperatrice ≫ ou plutot a Emile Ollivier . Il y ecrit Jacques Bonhomme - Entretiens de politique primaire . Il denonce egalement dans L'Avenir du Gers le meurtre de Victor Noir . Il en ressort le .

Charles Longuet (1839-1903), militant socialiste et personnalite de la Commune de Paris, gendre de Karl Marx, y sejourne en 1864-1865 [ 21 ]

M [ modifier | modifier le code ]

Jean-Baptiste Marino (1767-1794), administrateur de police destitue, arrete et d'abord detenu a la prison de la Bourbe pour ≪ outrage a la representation nationale ≫ fut ensuite transfere a la Conciergerie ( ), puis - avec Froidure et Soules, egalement anciens policiers - a Sainte-Pelagie ( ). Ils furent, sous pretexte de complicite dans l'attentat perpetre dans la nuit du 22 au contre Jean-Marie Collot d'Herbois condamnes a mort a l'issue du proces dit de l' affaire des chemises rouges et guillotines le .

Josephine Mezeray (1774-1823), actrice de la comedie-francaise , incarceree, en 1793 , avec les comediens, a la suite des representations de Pamela ou la Vertu recompensee de Francois de Neufchateau [ 20 ] .

N [ modifier | modifier le code ]

Charles Nodier (1780-1844), ecrivain, historien .

Ne a Besancon de Suzanne Paris et de pere inconnu. En 1796, Il fonde avec des amis une societe secrete, les Philadelphes. Les Philadelphes organisent, en 1799, une representation parodique des seances du club des Jacobins . Il est oblige de fuir pour eviter l'arrestation. En 1801, il publie a Paris son premier roman Les Proscrits qui obtient un certain succes et compose la Napoleone , ode violemment anti-bonapartiste. Il rencontre Lucile Franque qu'il frequente secretement.

En 1803 : double peine : Lucile Franque meurt et il passe 36 jours a Sainte-Pelagie pour avoir compose la Napoleone . En 1804, renvoye a Besancon, il y frequente des suspects politiques et doit de nouveau fuir a la campagne. Son sejour en prison l’inspirera pour ses Souvenirs et portraits de la Revolution publie en 1841.

Gerard de Nerval (1808-1855), ecrivain, poete.

Incarcere brievement a Sainte-Pelagie en pour tapage nocturne rue des Prouvaires, il se lie d'amitie avec le mathematicien republicain Evariste Galois [ 22 ] . Ce sejour en prison lui inspire le poeme ci-dessous, paru dans Petits Chateaux de Boheme (1853).

Dans Sainte-Pelagie,
Sous ce regne elargie,
Ou, reveur et pensif,
Je vis captif,
Pas une herbe ne pousse
Et pas un brin de mousse
Le long des murs grilles
Et frais tailles!
Oiseau qui fend l'espace…
Et toi, brise, qui passe
Sur l'etroit horizon
De la prison,
Dans votre vol superbe,
Apportez-moi quelque herbe,
Quelque gramen, mouvant
Sa tete au vent !
Qu'a mes pieds tourbillonne
Une feuille d'automne
Peinte de cent couleurs
Comme les fleurs !
Pour que mon ame triste
Sache encor qu'il existe
Une nature, un Dieu
Dehors ce lieu,
Faites-moi cette joie
Qu'un instant je revoie
Quelque chose de vert
Avant l'hiver !

Gerard de Nerval , Petits Chateaux de Boheme , POLITIQUE (1832)

Gerard de Nerval fait une relation de son sejour a la prison de Sainte-Pelagie dans Memoire d’un parisien .

P [ modifier | modifier le code ]

Jean-Jacques Pillot (1808-1877), figure du communisme neo-babouviste et suspecte d’avoir participe aux journees de mai 1839 , il est ecroue a Sainte-Pelagie du 14 juin 1839 au 5 fevrier 1840.

Emile Pouget (1860-1931) anarcho-syndicaliste, journaliste. Fondateur du Pere Peinard , un veritable brulot, Pouget a l’anarchisme proletarien. Des les premiers numeros, il exalte les mouvements de greve. L’un des premiers, il sent tout ce que l’on peut tirer d'une greve generale et, des 1889, il ecrit : ≪ Oui, nom de Dieu, faut tout foutre en l'air, y a plus que ca aujourd’hui : la greve generale ! ≫

Face a une telle propagande, les poursuites pleuvaient dru et Pouget, allait faire de temps a autre des sejours a Sainte-Pelagie. Ce qui n’empechait pas Le Pere Peinard de paraitre, des ≪ frangins ≫ allant a tour de role chercher la copie a meme la prison…

En 1900, il fondera La voix du peuple , organe hebdomadaire de la CGT .

Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). En , Proudhon est un des trente opposants a la Constitution, adoptee par 739 voix. En , il est incarcere pour trois ans a Sainte-Pelagie pour ≪ offense au President de la Republique ≫ (du au ). La, il ecrit les Confessions d'un Revolutionnaire , L'Idee generale de la Revolution et La Philosophie du Progres . Ecrivant meme en 1852 : ≪  Louis-Napoleon cet infame aventurier, batard adulterin de la fille de Josephine, fils et petit-fils de catins, inepte, incapable… ≫. Il n'est cependant pas inquiete a sa sortie de prison. Il profite de ce sejour pour epouser Euphrasie Piegard, jeune et belle ouvriere (immortalisee par le tableau de Gustave Courbet , Proudhon et ses filles ).

R [ modifier | modifier le code ]

Mademoiselle Raucourt (1756-1815), actrice de la comedie-francaise , incarceree, en 1793 , avec les comediens, a la suite des representations de Pamela ou la Vertu recompensee de Francois de Neufchateau [ 20 ] , pendant six mois.

Elisee Reclus (1830-1905), Geographe, anarchiste. En 1870, engage comme simple soldat pour defendre la jeune Republique contre la Prusse , fait prisonnier, le , lors de la sortie de Chatillon (avec 1 500 de ses camarades). Il est interne d'abord au camp de Satory , puis a Sainte -Pelagie et enfin sur un ponton a Brest . Il est condamne, le 15 nov. 1871 a la deportation en Nouvelle-Caledonie pour l'unique raison d'avoir participe a la Commune de Paris.

De Ricard qui s'illustra par la publication des Lettres occitanes , est connu pour le proces que lui fit M gr Dupanloup ≪ pour outrages aux bonnes mœurs ≫ : le poete etait athee. Defendu par Gambetta , il passa trois mois a Sainte-Pelagie (avec 1 200 francs d’amende). ≪ Telle est la religion des qu’elle a le pouvoir et celui de juger ≫ dira-t-il. Du moins le proces lui donna une notoriete suffisante pour … vendre enfin ses ouvrages. Membre de la Commune , il collabora au Journal officiel de la Commune.

Le baron de Richemont († 1853), qui pretendait etre Louis XVII , fut enferme a Sainte-Pelagie entre 1833 et 1835, date a laquelle il s'en evada avec deux autres detenus. Condamne en 1834 a un peine de douze ans de reclusion pour complot contre la surete de l'Etat et plusieurs delits de presse, il beneficia d'une amnistie royale en 1840.

Jean Richepin , condamne a un mois de prison pour outrage aux bonnes mœurs, a la suite de la publication de La Chanson des gueux (1876).

Hubert Robert (1733-1808). Peintre de la Revolution, incarcere a Sainte-Pelagie en 1793. Temoin privilegie, c'est surtout la face cachee des choses qui l'attire. Peintre de ruines, il repere les lezardes, il saisit l'architecture a son automne. La comedie revolutionnaire, l'ascension et la chute de Robespierre ne le surprennent pas. ≪ La Revolution est comme Saturne, elle devorera tous ses enfants ≫ a dit Vergniaud . Ces paysages inedits, melancoliques et saisissants, ne sont-ils pas : ≪ Les tableaux d'un monde qui court, passionnement, a sa ruine. ≫

≪ Oui, j'ai peint la Bastille aux premiers jours de sa demolition. Hommage aux demolisseurs ? Certainement pas. J'ai simplement remarque que sous cet angle et dans cet eclairage rougeatre, la forteresse ressemblait a un bel edifice romain dont on haterait la ruine. Cela rejoignait les themes fondamentaux de mon œuvre. N'y cherchons pas un acte de rupture avec l'ancien regime. Nulle ingratitude de ma part. De l'indifference plutot. Un monde meurt, un autre nait qui lui ressemblera probablement pour l'essentiel, malgre quelques changements superficiels. On detruit une prison, on en peuplera d'autres. On exposa mon tableau au Salon de 1789. Je passais alors pour un revolutionnaire. Quelle plaisanterie ! Ma Fete de la Federation, le 14 juillet 1790 qui me valut un brevet de civisme, est avant tout une peinture du ciel… Quant au Pont du Gard en ruines n'est-il pas un ideal realiste ? ≫

? D'apres le Journal imaginaire de mes prisons en ruines , Hubert Robert, par Claude Courtot .

Henri Rochefort (1831-1913).

Manon Roland vicomtesse de la Platiere, nee Jeanne Marie Phlipon (1754-1793), femme politique, ecrivaine. Ardents partisans de la Revolution, les Roland s'eleveront pourtant contre ses exces. Ils devinrent tres impopulaires ; les accusations pleuvent. Au matin du , elle est arretee et incarceree a l'Abbaye puis a Sainte-Pelagie (ou elle ecrira ses celebres Memoires de prison , publiees en 1795 qui furent discretement recuperes par Jacques Nicolas Vallee ). Finalement, elle sera transferee a la Conciergerie .
Faussement accusee de sympathies royalistes par Robespierre qui cherche a ≪ decapiter ≫ l'opposition girondine. Jugee le 8 nov. 1793, la sentence rendue a 14 h 30, sera executee le soir meme. Passant devant la statue de la Liberte, elle se serait exclamee : ≪ O Liberte, comme on t'a jouee ! ≫ [ 23 ] Informe de cette mort tragique, son mari, Jean-Marie Roland , refugie a Rouen se suicidera le .
Lamartine dira d'elle ≪ Derriere toute grande œuvre, il y a toujours une femme. ≫

Jean-Antoine Roucher emprisonne d' a pour etre transfere a la prison Saint-Lazare

S [ modifier | modifier le code ]

Sade , Donatien-Alphonse, marquis de Sade (ecrivain francais, 1740-1814). Fameux romancier, a partir du nom duquel fut forge le mot sadisme . En 1798, le ≪ divin marquis ≫ (qui en fait etait comte) fit paraitre Juliette , en 6 volumes, livre plus obscene encore que Justine . En 1801, on saisit une nouvelle edition de Justine et Juliette en 10 vol. et 100 gravures. Le , Sade fut arrete de nouveau (peut-etre pour un pamphlet, contre Josephine, qu'on lui attribua), enferme a Sainte-Pelagie et transfere le a Charenton , comme fou incurable… Il y mourut le .

Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon [ 24 ]

V [ modifier | modifier le code ]

Jules Valles (1832-1885) Il fonde a Paris en 1850, le Comite des Jeunes qui tente en vain de soulever le Quartier Latin contre le coup d'Etat du (proclamation du Second Empire). A la suite de cet evenement, son pere, Louis Vallez, obtint, le , que son fils soit reconnu ≪ atteint d'alienation mentale ≫ et admis a l'asile d'alienes Saint-Jacques de Nantes. Jules Valles en sort le grace a la pression exercee sur son pere par ses amis.

Jules Valles est l'auteur de L'Argent (1857), de la trilogie de Jacques Vingtras, sorte d'autobiographie romancee : L'Enfant 1879, Le Bachelier 1881, L'Insurge qui paraitra apres sa mort.

Fondateur de l'hebdomadaire d'opposition La Rue , il est interne a deux reprises a Sainte-Pelagie, en 1868 pour deux articles parus dans Le Globe et Le Courrier de l'interieur .

En 1871, il prend fait et cause pour la Commune dont il soutient l'action avec son journal Le Cri du Peuple . Condamne a mort, il se refugie a Londres. Apres l'amnistie de 1880, il rentre a Paris et relance, avec succes, Le cri du peuple, porte-drapeau des opinions socialistes et libertaires.

L'actrice Charlotte Vanhove y est incarceree en 1793, consideree comme ≪  suspecte  ≫.

Eugene-Francois Vidocq (1775-1857), Forcat, policier, detective prive. Peut- etre le plus celebre des ≪ Saint-pelagiens ≫, il inspira a Balzac le personnage de Vautrin dans : Splendeurs et miseres des courtisanes .

En 1827, apres seize annees passees au service de la loi, il demissionne de ses fonctions de chef de la Surete. En 1832, rappele aux affaires par Casimir Perier , chef du gouvernement de la monarchie de Juillet  ; il demissionne en 1834 pour creer une ≪ entreprise plus lucrative ≫ : le Bureau de renseignements universels au 12, rue Cloche-Perche, a Paris. Il ouvre ainsi la premiere agence de detective prive qu'il dirige tout en publiant quelques ouvrages : les premiers volumes de Mes Memoires , un Dictionnaire de l'Argot , Les Chauffeurs du Nord en 1836 ; Les Vrais Mysteres de Paris , sur le modele du roman-feuilleton a succes d' Eugene Sue .

Mais son agence, est jalousee par la police parisienne qui, le , perquisitionne les lieux et emmene Vidocq a Sainte-Pelagie. Relaxe, puis libere le puis de nouveau arrete a l'ete 1842, le detective est cette fois-ci accuse d'≪ escroquerie, usurpation de titres et arrestation arbitraire ≫ (c'est le monde a l'envers). Lourdement condamne (a 5 ans de prison et 3 000  F d'amende), il fait appel et est libere le .

Vidocq, en 1847, apres une tournee de conferences a succes en Belgique et en Angleterre, cede son agence de Renseignements universels. Apres la revolution de fevrier et l'instauration de la Seconde Republique , l'ancien detective se mettra encore au service du pouvoir bonapartiste qui le fait incarcerer le , a la Conciergerie , afin de soutirer quelques renseignements, aupres des ≪ militants socialistes, les emeutiers du  ≫.

Eugene-Francois Vidocq mourra, le , au 2 rue Saint-Pierre de Popincourt, a l'age ≪ respectable ≫ de quatre-vingt-deux ans. Valles aura pour lui ces derniers mots : ≪ Il n'a guere que l'age qui fut respectable. Si ce diable de Talleyrand etait a la politique ce que Vidocq etait a la Police ; ce dernier eut plus de chance : il boitait des deux cotes… ≫

Z [ modifier | modifier le code ]

Michel Zevaco (1860-1918). Journaliste anarchiste et romancier populaire (romans de cape et d'epee : cf. Les Pardaillan . Polemiste virulent, sa cible preferee fut le ministre de l’Interieur, Constans , qu’il provoqua en duel, ce qui lui vaut d’etre assigne devant un tribunal pour ≪ provocation au meurtre ≫. Malgre la brillante plaidoirie de Marcel Sembat , il est condamne a quatre mois de prison et mille francs d’amende, et incarcere a Sainte-Pelagie du au . Il y rencontrera Bruant .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. ≪  Vue du carrefour entre la rue de la Clef et la Rue du puits de l'ermite  ≫, sur Google Maps
  2. Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments de Felix et Louis Lazare, editions Maisonneuve & Larose, 1855, p.  533.
  3. Jacques Hillairet, Gibets, piloris et cachots du Vieux Paris , Paris, Editions de Minuit , , page 308
  4. Lettre d'introduction d'Auguste Giraud, President de la Societe du Caveau Le Caveau, Societe lyrique et litteraire, Table generale des chansons et poesies diverses, publiees en 26 volumes, par la Societe du Caveau, de 1834 a 1860, …
  5. Memoire sur la mortalite dans les prisons. Par Louis Rene Villerme , Annales d'hygiene publique et de medecine legale , 1829.
  6. Emile de La Bedolliere , Dictionnaire des besoins usuels dans Paris , article ≪ Prisons ≫, Le Nouveau Paris , Paris, Gustave Barba, 1860, p.  361.
  7. La Croix , 15 fevrier 1900.
  8. Loin des censier battus : temoignages et documents sur le mouvement contre le CPE et la precarite, Sorbonne nouvelle, printemps 2006 , CNT region parisienne, 2007, 253  p. , ( ISBN   978-2-91573-115-6 ) , p.  9.
  9. Jules Simon , Notices et portraits : Caro, Louis Reybaud, Michel Chevalier, Fustel de Coulanges , Calmann Levy , .
  10. Pierre Musso, ≪  La distinction saint-simonienne entre reseaux "materiels" et "spirituels"  ≫, Quaderni , n o  39,‎ , p.  55-76 .
  11. ≪  notice CHEVALIER Michel  ≫, sur Dictionnaire biographique du mouvement social Maitron , (consulte le )
  12. M gr  Ricard, L'Abbe Combalot, missionnaire apostolique , Paris, Gaume et Cie ed.
  13. Vieille de Boisjolin, Alphonse Rabbe, Charles Augustin Sainte-Beuve Biographie universelle et portative des Contemporains ou Dictionnaire historique des hommes vivants et des hommes morts (de 1788 a 1828) , Paris, 1836, article Debraux (Paul Emile) , p.  1232.
  14. Enquete sur l'histoire , N°6, printemps 1993, Le scandale du Panama , p.17
  15. ≪ M. Ducret a Sainte-Pelagie ≫, Journal des debats , ed. du soir, 6 septembre 1893.
  16. Rushd? Fakk?r, Sociologie, socialisme et internationalisme premarxistes : contribution a l'etude de l'influence internationale de Saint-Simon et de ses disciples. (Bilan en Europe et portee extraeuropeenne) , vol.  1 de Bibliotheque de sociologie et de science politique, Neuchatel, Delachaux & Niestle , , 333  p. , 23 cm ( OCLC   932969169 , lire en ligne ) , p.  51
  17. ≪  EUDES Victorine  ≫, sur maitron.fr , 26 juillet 2009, derniere modification le 28 mars 2020 (consulte le )
  18. ≪  Mort d’Emile Eudes : Emile Eudes  ≫, L’Intransigeant , Paris, n o  2946,‎ , p.  1-2 ( lire en ligne , consulte le ) .
  19. Cet episode est raconte dans Les Aventures militaires, litteraires et autres d'Etienne de Jouy par Michel Faul (Editions Seguier, mars 2009, ( ISBN   978-2-84049-556-7 ) )
  20. a b et c ≪  Le Menestrel  ≫, sur Gallica , (consulte le )
  21. Emile Couret, Le pavillon des princes histoire de la prison politique de Sainte-Pelagie , Flammarion, Paris, 1891.
  22. Voir Biographie d’Evariste Galois
  23. Sept generations d'executeurs, 1688-1847 : memoires des Sanson t.  4 / mis en ordre, rediges et publies par H. Sanson, p.  309 [ouvrage apocryphe].
  24. Œuvres de Saint-Simon & d'Enfantin, Volumes 1 a 2. E. Dentu, Editeur, Libraire de la Societe des Gens de Lettres, 1865

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

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Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Ouvrages anciens [ modifier | modifier le code ]

Etudes contemporaines [ modifier | modifier le code ]

  • Philippe Darriulat , ≪  Les prisonniers de Sainte-Pelagie  ≫, L'Histoire , n o  167,‎ , p.  40-47 .
  • Jacques Hillairet , Gibets, piloris et cachots du Vieux Paris , Editions de Minuit, 1956, p. 308-312.
  • Michel Faul, La sulfureuse M lle Raucourt de la Comedie-Francaise, Theatre, sexe et politique des Lumieres a la Premiere Restauration , Editions Lanore, Le Poche Histoire, 2023 ( ISBN   9-782382-730799 ) .

Liens externes [ modifier | modifier le code ]