La
prison Sainte-Pelagie
est une ancienne
maison de detention
parisienne, detruite en 1899.
Elle se situait au niveau de l'actuel groupe d'immeubles
[
1
]
de la
rue de la Clef
, au carrefour de la
rue du Puits-de-l'Ermite
[
2
]
dans le
5
e
arrondissement de Paris
. L'entree de la prison se trouvait a la hauteur de l'actuelle
place du Puits-de-l'Ermite
.
Le nom de
Sainte Pelagie
lui fut donne parce que cette sainte fut comedienne de la ville d'
Antioche
et devint illustre par sa penitence et par son
martyre
.
Creee par la ≪ Fondation des filles repenties ≫ en 1662, elle fut etablie
rue du Puits-de-l'Ermite
, a Paris (dans l'actuel
5
e
arrondissement
), en 1665.
Elle s’est d’abord appelee ≪ le Refuge ≫. Elle est concue, en reaction aux mauvais traitements qui etaient infliges aux pensionnaires de la
Salpetriere
, par
Madame de Miramion
suivant alors les preceptes de
Vincent de Paul
[
3
]
.
Destinee aux ≪ filles repenties ≫, elle devint vite un lieu d'internement pour
≪ filles et femmes debauchees ≫
.
En 1790, Sainte-Pelagie devint maison d'arret, recevant tous les ≪ exclus ≫ de la
grande Revolution
(en premier les royalistes, en dernier les republicains), puis prison departementale en 1811.
Prison pour hommes, elle recevra une premiere femme en la personne de
Manon Roland
, epouse de l’
ancien ministre
et idole des Girondins, qui dira : ≪ Moi la seule femme dans cette geole ! Quelle horreur et quel honneur ≫.
La repression etatique y occasionnant l'emprisonnement frequent de chansonniers parisiens, ceux-ci finissent par creer dans leur cellule la
goguette
des
Biberons
qui publie en 1825 un volume :
La Marotte de Sainte-Pelagie
. Il connait deux editions
[
4
]
.
Prison reservee aux ≪ affaires de mœurs ≫, ≪
prison pour dettes
≫, Sainte-Pelagie sera ≪ promue ≫ et devolue aux detenus politiques au mois de
.
Les prisonniers pour dettes sont transferes en 1834 a la
prison de Clichy
.
≪ Cette prison est beaucoup trop petite pour tous ceux qu'elle renferme. Ce sont :
1° des condamnes a un emprisonnement plus ou moins long ;
2° des hommes detenus pour dettes dans la proportion ordinaire d'un quart a un tiers ;
3° des garcons dits a la
correction paternelle
, dans la proportion d'environ un vingt-cinquieme
[
5
]
. ≫
La mortalite annuelle moyenne de 1815 a 1818 est d'un detenu sur 24,48.
Emile de La Bedolliere
precise en 1860 dans son
Dictionnaire des besoins usuels dans Paris
que l'adresse officielle de la prison Sainte-Pelagie est 14, rue du Puits-de-l'Ermite. Comme pour les 11 autres prisons parisiennes :
≪ On peut visiter les prisonniers deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche, a l'aide d'un permis qu'il faut demander au 3
e
bureau de la
1
re
division de la
prefecture de police de Paris
. Les parents seuls sont autorises
[
6
]
. ≫
Le dimanche
, une revolte, appuyee par plusieurs sections de la
Societe des amis du peuple
eclate parmi les detenus ; elle fera un mort, le typographe Jacobeus.
Les annees suivantes, la
Societe des droits de l'homme
, naguere secrete, se consacre alors, suivant ses convictions, a entretenir l’agitation republicaine contre la
monarchie de Juillet
. Ses tetes pensantes :
Francois Arago
et
Etienne Arago
,
Louis Blanc
,
Victor Schœlcher
,
Alexandre Ledru-Rollin
,
Auguste Blanqui
et
Godefroy Cavaignac
, organisent la nuit d'emeutes du
, pendant laquelle tous les habitants d'une maison de la
rue Transnonain
, d'ou etait parti un coup de feu, furent massacres par l'armee. Cet evenement inspira le ≪
massacre de la rue Transnonain
≫, celebre dessin d'
Honore Daumier
. Le
, 164 ≪ conjures ≫ sont arretes et transferes a Sainte-Pelagie, sans aucun jugement. Barbes et Cavaignac organiseront de l'interieur meme de la prison, le
, ≪ la grande evasion ≫ en sortant avec 26 autres des 164 ≪ conjures ≫ de cette prison parisienne reputee ≪ infranchissable ≫.
L'edifice, devenu insalubre, sera finalement demoli entre juin 1899 et fevrier 1900
[
7
]
. Voici ce qu'en disait a sa seconde incarceration
Evariste Galois
:
≪ Porte aussi massive que rebarbative, murs epais d'un metre qui le disputent a l'horreur de sombres couloirs, suintant la crasse, le froid et le desespoir. Tout ici sent la Mort !
Dante
a du y venir, rediger ses
Enfers
[
8
]
. ≫
Sont ci-dessous detailles quelques-uns des plus illustres personnages ayant ete mis en prison a Sainte-Pelagie :
- des royalistes puis des revolutionnaires et enfin des republicains (dont beaucoup d'anarchistes) ;
- des medecins, des peintres, des ecrivains, des hommes politiques, des scientifiques, des officiers, des pamphletaires… une bonne partie de l'intelligentsia francaise. ≪ Que du beau linge ! ≫
[
ref.
souhaitee]
aurait dit
Madame Sans-Gene
. On pourrait encore citer
Dumas
: ≪ Effectivement, Sainte-Pelagie, finit par ressembler, en mieux, a un quelconque
Bottin mondain
≫
[
ref.
souhaitee]
.
Louis-Remy Aubert-Roche
(1810-1874), medecin specialiste de la
peste
.
Dans 3 interessantes lettres relatives aux troubles qui suivirent l’election de
Louis-Napoleon Bonaparte
, Louis Aubert-Roche ecrit de Sainte-Pelagie : ≪ Si vous saviez ce que j’ai vu et appris dans cette prison de Sainte-Pelagie ; que d’horreurs !! ≫ (
).
Reunion de 3 lettres autographes signees a F. de Montrol, depute. Paris (prison de Sainte-Pelagie), 12, 15 et
; 3 pages in-4°, suscription au dos.
Francois Xavier Audoin
(1765-1837), homme politique, ecrivain. Il est arrete le 21 floreal an II (
), victime des dernieres operations de
Robespierre
contre les derniers
Sans-culottes
. A Sainte-Pelagie (ou il resta en permanence au secret), il ecrira un memoire qui deviendra celebre :
A l'interieur des maisons d'arret
. Transfere au Luxembourg puis au
Fort de Ham
(ou sa detention ne sera pas trop severe, puisqu'il y partageait son lit avec son epouse) le 5 prairial an III (
), il sera enfin juge, condamne et amnistie en brumaire an IV (1797).
Libre, il se fait journaliste et publiera
Le Publiciste Philanthrope
. En 1802, avocat au barreau de Paris, il n'aura plus de role politique et ne sera d'ailleurs pas inquiete sous la Restauration.
Auteur de nombreux ouvrages, on lui doit notamment:
- Du commerce maritime Paris
, Baudouin, an IX (1801) 2 vol. in-8°. Ouvrage important surtout pour la legislation de l'armement en course avec detail sur la marine pendant la Revolution.
- Histoire de l'administration de la guerre
, Paris, Didot, 1811, 4 vol. in-8°.
- Responsabilite des ministres : quelques pensees sur le projet de loi presente par les ministres de Sa Majeste le
, Paris, Brissot-Thivars, 1819, in-8°.
- L'interieur des maisons d'arret
. Paris, 1795, in-8°.
Etienne Arago
(1802-1892).
Zo d'Axa
(1864-1930). Ecrivain, anarchiste, poursuivi a travers toute l'Europe pour ses idees, en decembre 1892, il est finalement arrete dans le consulat du Royaume-Uni, en principe inviolable, a
Jaffa
. Enchaine comme un droit commun, il est embarque sur le navire
La Gironde
pour Marseille. En arrivant, Zo d'Axa y passe quelques jours en prison, avant d'etre transfere a Paris, ou il passe 18 mois a Sainte-Pelagie comme politique, ayant, bien sur, refuse de signer une demande en grace.
En
, libere, il publie :
De Mazas a Jerusalem
qu'il a ecrit en prison. Succes, critiques unanimes, on s'incline devant la valeur et la personnalite de l'homme et de l'œuvre.
Jules Renard
et
Octave Mirbeau
, l'encenseront, tout comme
Georges Clemenceau
qui dira de lui : ≪ D'Axa, cet anarchiste hors de l'anarchie ≫.
Auguste Blanqui
. En 1861 il est de nouveau arrete, condamne a quatre ans de prison, et enferme a Sainte-Pelagie, d’ou il s'evade en 1865.
Jeanne Becu, comtesse du Barry
(1743-1793), fut emprisonnee a Sainte-Pelagie le
. Elle s'y trouva en compagnie de Madame Roland, des epouses des Girondins telles Mmes Brissot et Petion ainsi que de nombreuses femmes et jeunes filles de toutes conditions. Comme Madame Roland, elle fut transferee a la Conciergerie peu avant son supplice.
Pierre-Jean de Beranger
(1780-1857),
chansonnier
Felix Julien Jean Bigot de Preameneu
(1747-1825). Ce
revolutionnaire
modere, est le fils d'un avocat du
Parlement de Bretagne
, a Rennes. En 1767, il devient, lui-meme, avocat au parlement de Rennes, puis docteur en droit, en 1768. En 1778, il achete une charge de conseiller, juste avant de monter a Paris occuper les fonctions d'agent general des Etats de Bretagne.
Le
, elu depute de la Seine, il s'installa sans hesiter sur les bancs des moderes, se montrant tres actif au Comite Legislatif, votant contre la poursuite des pretres insermentes (
), contre les mesures proposees au sujet des
emigres
(
). Il presida la Legislative du 15 au
. Le
, il fit adopter une mesure visant a interdire la presentation des petitions par des hommes armes. Enfin, au
, il prit la defense de la famille royale. Menace, il se retire en Bretagne pour se faire oublier. Arrete le
, il fut ramene a Paris et incarcere a Sainte-Pelagie. La
chute de Robespierre
le sauva sans doute de la guillotine. Libere le
, il regagna Rennes par episodes, avant de devenir l'un des 4 redacteurs du Code civil, puis Ministre de Napoleon, de mourir a Paris et d'y etre inhume.
Aristide Bruant
. En 1884, avec
A la Villette
(prison de Paris (1837-1900) qui servait de depot pour les condamnes a mort), il entame toute une serie de chansons sur les quartiers de Paris. Il decrit les bonheurs, miseres et preoccupations des petites gens, non sans une certaine demagogie, avec une certaine facilite mais, non sans une certaine poesie. A Zevaco qu'il croisa a Sainte-Pelagie en 1890 il dira : ≪ Parler tragique ? Oui, mais sur un fond rigolo ! ≫
Aime Picquet du Boisguy
(1776-1839), ancien officier
chouan
, emprisonne pendant les
Cent-Jours
, pour avoir tente de partir en
Bretagne
, participer a la
Chouannerie
de 1815.
Nicolas de Bonneville
(1760-1828). Libelliste, traducteur, imprimeur, fondateur du
Cercle social
.
Arrete sur ordre du Prefet de police, il etait en detention a Sainte-Pelagie en 1804, ou il a cotoye son ami et admirateur Charles Nodier. Poursuivi a plusieurs reprises pour des critiques contre le Premier consul publiees dans son journal
Le bien informe
et accuse d'etre un ennemi du gouvernement, il fut ensuite assigne a residence dans sa ville natale d'Evreux, sur decision de Fouche.
Armand Carrel
, journaliste, incarcere du
au
pour ses ecrits peu apprecies par les autorites de la
monarchie de Juillet
.
Cavaignac
(1801-1845), journaliste republicain. En 1834, la
Societe des droits de l'homme
, naguere secrete, se consacre a entretenir une agitation aussi republicaine que permanente contre la
monarchie de Juillet
. Ses tetes pensantes,
Francois
et
Etienne Arago
,
Louis Blanc
,
Victor Schœlcher
,
Ledru-Rollin
,
Blanqui
et Cavaignac, organisent la nuit d'emeutes, du
. Le
, 164 ≪ conjures ≫ sont arretes et transferes a Sainte-Pelagie, sans aucun jugement.
Barbes
et Cavaignac organisent de l'interieur meme de la prison, le
≪ la grande evasion ≫ en sortant avec 26 autres des 164 ≪ conjures ≫ de cette prison parisienne pourtant reputee ≪ infranchissable ≫ par un souterrain reliant la prison a l'
hotel Pourfour du Petit
situe sur la
rue Lacepede
.
Michel Chevalier
(1806-1879), homme politique.
En 1830, apres la
Revolution de juillet
, il devient un adepte de la doctrine
saint-simonienne
[
9
]
et editeur du journal
Le Globe
[
10
]
, qui sera interdit en 1832 lorsque la ≪
secte des Simoniens
≫ est decretee contraire a l'ordre public. En tant qu'editeur, il est condamne a six mois de prison, qu'il effectue a Sainte-Pelagie
[
11
]
.
Emile Chodruc-Duclos
(1780-1842), humaniste (?), ultra-royaliste. D'apres
Les Celebrites de la rue
, paru en 1868 : Vint le Consulat. Duclos, ardent royaliste, portait au Consul la meme haine vouee naguere aux republicains, il persista dans une systematique d'opposition. Des que
Fouche
, ministre de la Police, apprit sa presence dans la capitale, il le fit ecrouer a l'
Abbaye
. Lui, pour sortir de la, demanda audience a Fouche. Ce dernier, qui achetait volontiers ames et hommes ; croyait fermement que toute conscience etait a vendre. Il l'≪ invita ≫ a partir pour les iles. Duclos feignit d'accepter et promit de s'embarquer mais, a peine libere ; il se retrouva en Vendee a la tete d'un groupe d'insurges. Bientot, le general
Hedouville
soumit les dissidents de l'Ouest, puis il delivra un passeport a chacun d'eux, a charge pour les amnisties de se rendre deux fois par mois en prefecture, exhiber leur exeat. Duclos, qui evidemment, ne voulut point s'y conformer, fut deporte a Vincennes puis transfere, a Sainte-Pelagie ou l'ecrivain,
Charles Nodier
(1780-1844) l'a connu. Voici quelques lignes des
Souvenirs de la Revolution
ou l'on voit l'opinion de Nodier sur cet ardent royaliste (Dans
Les celebrites de la rue
, Paris, 1868, s.n.) :
≪ L'aristocratie de Sainte-Pelagie rappelait quelques beaux noms, tous dignes du
Gotha
: M. de Custines, parent du malheureux general ; M. de Fenelon, officier superieur des Chouans, sous le nom de Telemaque ; M. de Beauvais, dit Chabrias ; M. de Resseguieres, aujourd'hui (1828) commandant d'une de nos colonies ; M. de Navarre ; M. d'Astorg ; M. d'Hozier, l'aine, si soigneusement recherche, si fidele a sa tenue d'etiquette, qu'on l'aurait toujours cru pare… pour un gala a Versailles. Tous aussi dignes que compasses ; seul M. Emile Duclos (de Bordeaux), dont M. d'Hozier lui-meme aurait peut-etre eu quelque peine a illustrer la genealogie, se faisait remarquer entre nos patriciens les plus huppes par la majeste de sa tournure, par la liberalite magnifique de sa depense, par l'affable dignite de ses manieres. Las, M. Duclos est bien cet infortune dont la raison… a degenere en monomanie. C'est Diogene, le barbu du Palais-Royal ! De Sainte-Pelagie, Duclos passa a Bicetre et y resta jusqu'a l'entree des allies, en 1814. Ils ouvrent les portes de la prison, et vaincus la veille, ils en sortent en triomphateurs. ≫
? Charles Nodier,
Souvenirs de la Revolution
Mais, revoici, Diogene-Chodruc-Duclos, un peu plus loin dans les
Memoires
de
Dumas
:
≪ Un jour, Chodruc voit Charles Nodier, qu'il avait connu a Sainte-Pelagie, condamne politique comme lui, devant le
cafe de Foy
; il le fixe attentivement, fait mine de vouloir lui parler, se ravise et passe son chemin. Je descendais vers le Louvre, Nodier parti, je rencontre Chodruc, qui venait droit a moi : ≪ Dumas, etes-vous lie avec Nodier ? me dit Chodruc. ? Oui, repondis-je, et je l'aime de tout cœur. ? Ne trouvez-vous pas qu'il vieillit singulierement ? Oui, eh bien ! savez-vous pourquoi ? ? Non, et je serais heureux de le savoir. ? Nodier vieillit parce qu'il se neglige, et rien ne vieillit un homme comme de se negliger. ≫ Chodruc trouvant que quelqu'un se neglige ! c'est inimitable, et la conviction avec laquelle il avait ose poser ce principe ! tout cela m'avait beaucoup frappe ! ≫
? Alexandre Dumas,
Memoires, Paris.
Gustave Courbet
(1819-1877), peintre. Accuse d'avoir usurpe des fonctions publiques en tant qu'elu au Conseil de la
Commune
et surtout de s'etre rendu complice de la destruction de la
colonne Vendome
, renversee le
, est arrete le
. Son proces devant le troisieme
Conseil de guerre
commence le
suivant. Apres deux mois d'audiences, le jugement, prononce le
, condamne le peintre a 500 francs d'amende et six mois de prison qu'il purgera a Sainte-Pelagie.
Jean-Baptiste Courtois
, chimiste et salpetrier, emprisonne pour dettes de
a
.
Gustave Chaudey
, incarcere puis fusille dans la cour de cette prison le
.
Gustave Paul Cluseret
(1823-1900), officier, homme politique. En 1862, en Amerique ou il combat dans la
guerre de Secession
contre les Confederes, il est promu general et fait citoyen americain. Revenu en France, il adhere a la
premiere Internationale
. En 1868, interne a Sainte-Pelagie pour ses articles dans le journal
L'Art
, il est finalement banni du fait de sa citoyennete americaine.
Theodore Combalot
(1797-1873), pretre diocesain, missionnaire apostolique.
Pretre de choc, en 1830, un rapport de police le designe comme : ≪ pretre ambulant et suspect, aux idees fantasques ≫. De 1825 a 1832, il se montre un ardent partisan des idees nouvelles et n'hesite pas a entrer dans des polemiques publiques des plus brulantes du temps. En 1843, il publie un violent
Memoire sur la guerre faite a l'Eglise et a la societe par le monopole universitaire
. Il est condamne a 4 000 francs d'amende et a 15 jours d'emprisonnement a Sainte-Pelagie. Ses chefs-d'œuvre oratoires ont ete publies en 1894. ≪ Introduction aux Constitutions des Religieuses ≫ (1839-1840) dans
Textes Fondateurs
, Auteuil, 1991
[
12
]
.
Paul-Louis Courier
(1772-1825), pamphletaire. Condamne pour un pamphlet, le
Simple Discours
, a deux mois de detention. La veille du jour ou expirait cette peine, Courier fut tire de Sainte-Pelagie et conduit devant le tribunal pour un nouveau pamphlet :
Petition pour les villageois qu'on empeche de danser…
Il en fut quitte cette fois pour une simple reprimande.
Il recidivera avec le
Pamphlet des Pamphlets
, ou il ecrira : ≪ …Allez mon bon monsieur, et ne pechez plus ; allez, allez donc a Sainte-Pelagie ≫.
Honore Daumier
(1808-1879) peintre, sculpteur. En 1832, condamne pour ses caricatures, il purge 6 mois a Sainte-Pelagie. Il fonde, a sa sortie, le journal
Le Charivari
ou il creera, bien plus tard, le personnage de
Ratapoil
. En 1835, il se rendra celebre par un dessin non moins celebre : le
Massacre de la rue Transnonain
. En 1845, apres sa serie ≪ les Gens de justice ≫,
Baudelaire
le compare a
Delacroix
et
Ingres
. En 1871, delegue des Beaux-Arts a la
Commune
, il s’oppose a la proposition de
Courbet
d’abattre la
colonne Vendome
.
Emile Debraux
(1798-1831) chansonnier, poete et
goguettier
. En 1822 un recueil de ses chansons est saisi a la requete du procureur du roi. Il est emprisonne un mois a Sainte-Pelagie ou il retrouve Alexis Dumenil, Bonnin, Magalon,
Alexandre Barginet
, Eugene de Pradel et d'autres ecrivains
[
13
]
.
Edouard Drumont
(1844-1917), fut emprisonne a Sainte-Pelagie du
au
, purgeant une peine de trois mois de prison infligee par la cour d'assises de la Seine pour avoir diffame le depute
Auguste Burdeau
, rapporteur de la commission parlementaire chargee de se prononcer sur le renouvellement des avantages accordes au conseil de regence de la
Banque de France
. Dans un article de son quotidien "La libre parole", Drumont avait accuse Burdeau d'avoir recu des fonds de la part d'un des membres du conseil de regence, le banquier
Alphonse de Rothschild
, pour conclure au renouvellement des privileges. Depuis sa cellule, il va reveler un a un les noms des politiciens et journalistes corrompus et reveler les mecanismes de l'escroquerie du
scandale de Panama
, qui paraitront dans son journal,
La Libre Parole
[
14
]
.
Edouard Ducret
(1854-1900), directeur-redacteur en chef de
La Cocarde
et ami de Drumont, est condamne, le
, a un an de prison pour usage de faux apres avoir mene une campagne diffamatoire contre
Georges Clemenceau
. Ce dernier a ete accuse de corruption sur la base de documents forges par l'escroc recidiviste
Louis-Alfred Veron
dit ≪ Norton ≫. Transfere a Sainte-Pelagie a sa demande le
, le journaliste
boulangiste
y purge sa peine dans le quartier de la ≪ Petite Siberie ≫
[
15
]
, ou il redige un ouvrage (
Comment se fait la politique - Les dessous de l'affaire Norton
, Paris, Chamuel, 1894) pour se disculper aupres de ses lecteurs.
Charles Duveyrier
(1803-1866), poete et dramaturge. Le
, il est condamne aux assises de Paris pour ≪ attentat a la morale ≫ et ≪ association illegale ≫ a une peine de six mois d'emprisonnement aux cotes de
Barthelemy Prosper Enfantin
? condamne a un an de reclusion ? et
Michel Chevalier
, qu'il effectue a leurs cotes a Sainte-Pelagie
[
16
]
.
Barthelemy Prosper Enfantin
(1796-1864), l'un des principaux chefs de file du mouvement
saint-simonien
, condamne en 1832 a un an de prison pour paroles et ecrits liberaux. Durant son sejour en captivite, confortablement loge avec
Chevalier
dans un agreable appartement de quatre pieces, il cultive une riche correspondance avec ses disciples et ecrit: ≪ Nous sommes ici comme des princes ≫. Gracie par le roi, il sort de prison en
.
Emile Eudes
(1843-1888): leader
blanquiste
elu membre du comite central et general de la
Commune de Paris
. Le
, il participe a la vaine attaque blanquiste contre la caserne des pompiers de
La Villette
, afin de trouver des armes, ce qui lui valut d'etre
condamne a mort
. Il fut fait prisonnier a la prison Sainte-Pelagie. Au cours du voyage pour aller visiter son mari, sa femme croise a nouveau le chemin de
Louise Michel
qui s'y dirigeait dans le meme but
[
17
]
. Il fut sauve in extremis par la
defaite de Sedan
[
18
]
.
Evariste Galois
(1811-1832), mathematicien. Pour la police : ≪ Agitateur patente ≫, en 1831, lors d'un banquet republicain, Evariste lance, un couteau a la main, un toast :
≪ A
Louis-Philippe
s'il trahit ! ≫
Cette fois, c'en est trop : arrete par la police du roi, il est enferme a Sainte-Pelagie. Devant ses juges, il revendique son toast regicide et plaide pour la Republique. Le jury populaire l'acquittera. A peine a-t-il recouvre sa liberte que la police, saisissant le premier pretexte, le reconduit a Sainte-Pelagie. Une tentative d'assassinat est meme organisee contre lui dans les murs de la prison. Il mourra finalement, ≪ betement ≫, des suites d'un duel avec un autre republicain pour
≪ une infame coquette ≫
. Gravement blesse, c'est un paysan qui le recueillera pour le conduire a l'
hopital Cochin
ou il succombera a une peritonite.
Alfred-Leon Gerault-Richard
, chansonnier, journaliste et militant socialiste. Plusieurs sejours, le dernier pour outrages au president de la Republique apres son article A bas Casimir ! dans
Le Chambard socialiste
. Condamne a un an de prison et incarcere fin 1894, Gerault-Richard est elu depute du 13e arrondissement de Paris a une election partielle le
et libere debut fevrier par la loi d'amnistie votee apres la demission de
Jean Casimir-Perier
et l'election de
Felix Faure
.
Charles Gille
(1820-1856), chansonnier revolutionnaire, en 1846 apres la dissolution de la tres politisee
goguette des Animaux
qu'il a fonde en 1839, il fait un sejour de six mois a Sainte-Pelagie pour ≪ activites illegales ≫.
Pierre Gosset
(1764-1844),
pretre refractaire
de la
Manche
.
Paschal Grousset
(1844-1909), journaliste, ecrivain et homme politique. Son journal prend part a une polemique assez forte entre deux journaux corses. S'estimant diffame dans un article signe par
Pierre-Napoleon Bonaparte
, cousin de Napoleon III, Grousset lui envoie en
ses collaborateurs
Victor Noir
et Ulrich de Fonvielle pour convenir d'une reparation par les armes. La rencontre de Noir et de Bonaparte tourne mal, et Noir est assassine. Bonaparte sera condamne par la Haute Cour de justice a payer des dommages et interets. Les journalistes de
La Marseillaise
Rochefort, Fonvielle, Pain et Grousset, eux, seront condamnes pour outrage envers l'Empereur durant le proces, et emprisonnes a la prison Sainte-Pelagie.
Fortune Henry
(1821-1882), poete, journaliste et maroquinier. Il fut emprisonne comme opposant a Napoleon III a la suite du coup d'Etat du
, puis comme militant socialiste membre de l'Internationale ouvriere en 1867. En 1871 il devint d'un des membres de la Commune.
Antoine Jay
(1770-1854), homme politique et ecrivain francais. Il fut emprisonne un mois dans la prison a cause d'un des articles de sa
Biographie des Contemporains
, qu'il ecrivit avec
Benjamin Constant
et Etienne de Jouy. Il publiera ensuite avec Jouy
les Hermites en prison
[
19
]
.
Etienne de Jouy
(1764-1846), ecrivain francais et membre de l'Academie francaise. Emprisonne en 1823 avec Antoine Jay (lire ci-dessus).
Florian de Kergorlay
(1769-1856), homme politique, ancien pair de France, ancien president du conseil general de l'Oise. Emprisonne a Sainte Pelagie de novembre 1830 a mai 1831 et de octobre 1835 a fevrier 1836 pour avoir manifeste son opposition au regime de la
monarchie de Juillet
.
Jean-Jacques Koechlin
(1776-1834), homme politique. En, 1822, ayant dans une brochure :
Relation historique des evenements qui ont eu lieu a
Colmar
en 1822
, accuse l’administration d’avoir use de moyens infames pour eprouver le loyalisme de populations paisibles ; il fut taxe de
lese-majeste
et condamne a douze mois de prison (ramenes en appel a six mois), qu’il purgea a Sainte-Pelagie, et a trois mille francs d’amende, somme qui fut couverte par une souscription publique. Son attitude courageuse lui valut une immense popularite. Recu a
Mulhouse
en triomphe a sa liberation, il y fut magistralement reelu aux legislatives de 1824.
Mademoiselle Lange
(1772-1816), actrice de la
comedie-francaise
, incarceree, en
1793
, avec les comediens, a la suite des representations de
Pamela ou la Vertu recompensee
de
Francois de Neufchateau
[
20
]
.
Paul Lafargue
(1842-1911). Condamne a la suite d'une conference dans l'Allier, il sejourne a Sainte-Pelagie (de 1883 a 1885), ou il en profite pour ecrire.
Felicite Robert de Lamennais
(1782-1854). Sa brochure :
le Pays et le Gouvernement
lui vaut en 1840, d'etre enferme un an a Sainte-Pelagie, ou il ecrivit
Une Voix de prison
, publiee en 1843.
Sosthene de La Rochefoucauld
, duc de Doudeauville (1785-1864), pour "insolences repetees envers le roi (Louis-Philippe
I
er
)
Louis Lemercier de Neuville
Jules Lermina
[ref. necessaire]
Prosper-Olivier Lissagaray
: Incarcere debut 1870 pour ≪ offenses envers les personnes de l'empereur et de l'imperatrice ≫ ou plutot a
Emile Ollivier
. Il y ecrit
Jacques Bonhomme - Entretiens de politique primaire
. Il denonce egalement dans
L'Avenir du Gers
le meurtre de
Victor Noir
. Il en ressort le
.
Charles Longuet
(1839-1903), militant socialiste et personnalite de la Commune de Paris, gendre de Karl Marx, y sejourne en 1864-1865
[
21
]
Jean-Baptiste Marino
(1767-1794), administrateur de police destitue, arrete et d'abord detenu a la
prison de la Bourbe
pour ≪ outrage a la representation nationale ≫ fut ensuite transfere a la Conciergerie (
), puis - avec
Froidure
et Soules, egalement anciens policiers - a Sainte-Pelagie (
). Ils furent, sous pretexte de complicite dans l'attentat perpetre dans la nuit du 22 au
contre
Jean-Marie Collot d'Herbois
condamnes a mort a l'issue du proces dit de l'
affaire des chemises rouges
et guillotines le
.
Josephine Mezeray
(1774-1823), actrice de la
comedie-francaise
, incarceree, en
1793
, avec les comediens, a la suite des representations de
Pamela ou la Vertu recompensee
de
Francois de Neufchateau
[
20
]
.
Charles Nodier
(1780-1844), ecrivain,
historien
.
Ne a Besancon de Suzanne Paris et de pere inconnu. En 1796, Il fonde avec des amis une societe secrete, les Philadelphes. Les Philadelphes organisent, en 1799, une representation parodique des seances du
club des Jacobins
. Il est oblige de fuir pour eviter l'arrestation. En 1801, il publie a Paris son premier roman
Les Proscrits
qui obtient un certain succes et compose
la Napoleone
, ode violemment anti-bonapartiste. Il rencontre Lucile Franque qu'il frequente secretement.
En 1803 : double peine : Lucile Franque meurt et il passe 36 jours a Sainte-Pelagie pour avoir compose
la Napoleone
. En 1804, renvoye a Besancon, il y frequente des suspects politiques et doit de nouveau fuir a la campagne. Son sejour en prison l’inspirera pour ses
Souvenirs et portraits de la Revolution
publie en 1841.
Gerard de Nerval
(1808-1855), ecrivain, poete.
Incarcere brievement a Sainte-Pelagie en
pour tapage nocturne rue des Prouvaires, il se lie d'amitie avec le mathematicien republicain
Evariste Galois
[
22
]
. Ce sejour en prison lui inspire le poeme ci-dessous, paru dans
Petits Chateaux de Boheme
(1853).
Dans Sainte-Pelagie,
Sous ce regne elargie,
Ou, reveur et pensif,
Je vis captif,
Pas une herbe ne pousse
Et pas un brin de mousse
Le long des murs grilles
Et frais tailles!
Oiseau qui fend l'espace…
Et toi, brise, qui passe
Sur l'etroit horizon
De la prison,
Dans votre vol superbe,
Apportez-moi quelque herbe,
Quelque gramen, mouvant
Sa tete au vent !
Qu'a mes pieds tourbillonne
Une feuille d'automne
Peinte de cent couleurs
Comme les fleurs !
Pour que mon ame triste
Sache encor qu'il existe
Une nature, un Dieu
Dehors ce lieu,
Faites-moi cette joie
Qu'un instant je revoie
Quelque chose de vert
Avant l'hiver !
?
Gerard de Nerval
,
Petits Chateaux de Boheme
, POLITIQUE (1832)
Gerard de Nerval
fait une relation de son sejour a la prison de Sainte-Pelagie dans
Memoire d’un parisien
.
Jean-Jacques Pillot
(1808-1877), figure du communisme
neo-babouviste
et suspecte d’avoir participe aux
journees de mai 1839
, il est ecroue a Sainte-Pelagie du 14 juin 1839 au 5 fevrier 1840.
Emile Pouget
(1860-1931) anarcho-syndicaliste, journaliste. Fondateur du
Pere Peinard
, un veritable brulot, Pouget a l’anarchisme proletarien. Des les premiers numeros, il exalte les mouvements de greve. L’un des premiers, il sent tout ce que l’on peut tirer d'une greve generale et, des 1889, il ecrit : ≪ Oui, nom de Dieu, faut tout foutre en l'air, y a plus que ca aujourd’hui : la greve generale ! ≫
Face a une telle propagande, les poursuites pleuvaient dru et Pouget, allait faire de temps a autre des sejours a Sainte-Pelagie. Ce qui n’empechait pas
Le Pere Peinard
de paraitre, des ≪ frangins ≫ allant a tour de role chercher la copie a meme la prison…
En 1900, il fondera
La voix du peuple
, organe hebdomadaire de la
CGT
.
Pierre-Joseph Proudhon
(1809-1865). En
, Proudhon est un des trente opposants a la Constitution, adoptee par 739 voix. En
, il est incarcere pour trois ans a Sainte-Pelagie pour ≪ offense au President de la Republique ≫ (du
au
). La, il ecrit les
Confessions d'un Revolutionnaire
,
L'Idee generale de la Revolution
et
La Philosophie du Progres
. Ecrivant meme en 1852 : ≪
Louis-Napoleon
cet infame aventurier, batard adulterin de la fille de Josephine, fils et petit-fils de catins, inepte, incapable… ≫. Il n'est cependant pas inquiete a sa sortie de prison. Il profite de ce sejour pour epouser Euphrasie Piegard, jeune et belle ouvriere (immortalisee par le tableau de
Gustave Courbet
,
Proudhon et ses filles
).
Mademoiselle Raucourt
(1756-1815), actrice de la
comedie-francaise
, incarceree, en
1793
, avec les comediens, a la suite des representations de
Pamela ou la Vertu recompensee
de
Francois de Neufchateau
[
20
]
, pendant six mois.
Elisee Reclus
(1830-1905), Geographe, anarchiste. En 1870, engage comme simple soldat pour defendre la jeune Republique contre la
Prusse
, fait prisonnier, le
, lors de la sortie de Chatillon (avec 1 500 de ses camarades). Il est interne d'abord au
camp de Satory
, puis a Sainte -Pelagie et enfin sur un ponton a
Brest
. Il est condamne, le 15 nov. 1871 a la deportation en
Nouvelle-Caledonie
pour l'unique raison d'avoir participe a la Commune de Paris.
De Ricard
qui s'illustra par la publication des
Lettres occitanes
, est connu pour le proces que lui fit
M
gr
Dupanloup
≪ pour outrages aux bonnes mœurs ≫ : le poete etait athee. Defendu par
Gambetta
, il passa trois mois a Sainte-Pelagie (avec 1 200 francs d’amende). ≪ Telle est la religion des qu’elle a le pouvoir et celui de juger ≫ dira-t-il. Du moins le proces lui donna une notoriete suffisante pour … vendre enfin ses ouvrages.
Membre de la
Commune
, il collabora au
Journal officiel
de la Commune.
Le
baron de Richemont
(† 1853), qui pretendait etre
Louis XVII
, fut enferme a Sainte-Pelagie entre 1833 et 1835, date a laquelle il s'en evada avec deux autres detenus. Condamne en 1834 a un peine de douze ans de reclusion pour complot contre la surete de l'Etat et plusieurs delits de presse, il beneficia d'une amnistie royale en 1840.
Jean Richepin
, condamne a un mois de prison pour outrage aux bonnes mœurs, a la suite de la publication de
La Chanson des gueux
(1876).
Hubert Robert
(1733-1808). Peintre de la Revolution, incarcere a Sainte-Pelagie en 1793. Temoin privilegie, c'est surtout la face cachee des choses qui l'attire. Peintre de ruines, il repere les lezardes, il saisit l'architecture a son automne. La comedie revolutionnaire, l'ascension et la chute de Robespierre ne le surprennent pas. ≪ La Revolution est comme Saturne, elle devorera tous ses enfants ≫ a dit
Vergniaud
. Ces paysages inedits, melancoliques et saisissants, ne sont-ils pas : ≪ Les tableaux d'un monde qui court, passionnement, a sa ruine. ≫
≪ Oui, j'ai peint la
Bastille
aux premiers jours de sa demolition. Hommage aux demolisseurs ? Certainement pas. J'ai simplement remarque que sous cet angle et dans cet eclairage rougeatre, la forteresse ressemblait a un bel edifice romain dont on haterait la ruine. Cela rejoignait les themes fondamentaux de mon œuvre. N'y cherchons pas un acte de rupture avec l'ancien regime. Nulle ingratitude de ma part. De l'indifference plutot. Un monde meurt, un autre nait qui lui ressemblera probablement pour l'essentiel, malgre quelques changements superficiels. On detruit une prison, on en peuplera d'autres. On exposa mon tableau au Salon de 1789. Je passais alors pour un revolutionnaire. Quelle plaisanterie ! Ma
Fete de la Federation, le 14 juillet 1790
qui me valut un brevet de civisme, est avant tout une peinture du ciel… Quant au
Pont du Gard
en ruines
n'est-il pas un ideal realiste ? ≫
? D'apres le
Journal imaginaire de mes prisons en ruines
,
Hubert Robert, par
Claude Courtot
.
Henri Rochefort
(1831-1913).
Manon Roland
vicomtesse de la Platiere, nee Jeanne Marie Phlipon (1754-1793), femme politique, ecrivaine. Ardents partisans de la Revolution, les Roland s'eleveront pourtant contre ses exces. Ils devinrent tres impopulaires ; les accusations pleuvent. Au matin du
, elle est arretee et incarceree a
l'Abbaye
puis a Sainte-Pelagie (ou elle ecrira ses celebres
Memoires de prison
, publiees en 1795 qui furent discretement recuperes par
Jacques Nicolas Vallee
). Finalement, elle sera transferee a la
Conciergerie
.
Faussement accusee de sympathies royalistes par
Robespierre
qui cherche a ≪ decapiter ≫ l'opposition girondine. Jugee le 8 nov. 1793, la sentence rendue a 14 h 30, sera executee le soir meme. Passant devant la statue de la Liberte, elle se serait exclamee : ≪ O Liberte, comme on t'a jouee ! ≫
[
23
]
Informe de cette mort tragique, son mari,
Jean-Marie Roland
, refugie a
Rouen
se suicidera le
.
Lamartine
dira d'elle ≪ Derriere toute grande œuvre, il y a toujours une femme. ≫
Jean-Antoine Roucher
emprisonne d'
a
pour etre transfere a la
prison Saint-Lazare
Sade
, Donatien-Alphonse, marquis de Sade (ecrivain francais, 1740-1814). Fameux romancier, a partir du nom duquel fut forge le mot
sadisme
. En 1798, le ≪ divin marquis ≫ (qui en fait etait comte) fit paraitre
Juliette
, en 6 volumes, livre plus obscene encore que
Justine
. En 1801, on saisit une nouvelle edition de
Justine
et
Juliette
en 10 vol. et 100 gravures. Le
, Sade fut arrete de nouveau (peut-etre pour un pamphlet, contre Josephine, qu'on lui attribua), enferme a Sainte-Pelagie et transfere le
a
Charenton
, comme fou incurable… Il y mourut le
.
Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon
[
24
]
Jules Valles
(1832-1885) Il fonde a Paris en 1850, le Comite des Jeunes qui tente en vain de soulever le Quartier Latin contre le coup d'Etat du
(proclamation du Second Empire).
A la suite de cet evenement, son pere, Louis Vallez, obtint, le
, que son fils soit reconnu ≪ atteint d'alienation mentale ≫ et admis a l'asile d'alienes Saint-Jacques de Nantes.
Jules Valles
en sort le
grace a la pression exercee sur son pere par ses amis.
Jules Valles
est l'auteur de
L'Argent
(1857), de la trilogie de Jacques Vingtras, sorte d'autobiographie romancee :
L'Enfant
1879,
Le Bachelier
1881,
L'Insurge
qui paraitra apres sa mort.
Fondateur de l'hebdomadaire d'opposition
La Rue
, il est interne a deux reprises a Sainte-Pelagie, en 1868 pour deux articles parus dans
Le Globe
et
Le Courrier de l'interieur
.
En 1871, il prend fait et cause pour la
Commune
dont il soutient l'action avec son journal
Le Cri du Peuple
. Condamne a mort, il se refugie a Londres.
Apres l'amnistie de 1880, il rentre a Paris et relance, avec succes, Le cri du peuple, porte-drapeau des opinions socialistes et libertaires.
L'actrice
Charlotte Vanhove
y est incarceree en 1793, consideree comme ≪
suspecte
≫.
Eugene-Francois Vidocq
(1775-1857), Forcat, policier, detective prive. Peut- etre le plus celebre des ≪ Saint-pelagiens ≫, il inspira a
Balzac
le personnage de
Vautrin
dans :
Splendeurs et miseres des courtisanes
.
En 1827, apres seize annees passees au service de la loi, il demissionne de ses fonctions de chef de la Surete. En 1832, rappele aux affaires par
Casimir Perier
, chef du gouvernement de la
monarchie de Juillet
; il demissionne en 1834 pour creer une ≪ entreprise plus lucrative ≫ : le Bureau de renseignements universels au 12, rue Cloche-Perche, a Paris. Il ouvre ainsi la premiere agence de detective prive qu'il dirige tout en publiant quelques ouvrages : les premiers volumes de
Mes Memoires
, un
Dictionnaire de l'Argot
,
Les Chauffeurs du Nord
en 1836 ;
Les Vrais Mysteres de Paris
, sur le modele du roman-feuilleton a succes d'
Eugene Sue
.
Mais son agence, est jalousee par la police parisienne qui, le
, perquisitionne les lieux et emmene Vidocq a Sainte-Pelagie. Relaxe, puis libere le
puis de nouveau arrete a l'ete 1842, le detective est cette fois-ci accuse d'≪ escroquerie, usurpation de titres et arrestation arbitraire ≫ (c'est le monde a l'envers). Lourdement condamne (a 5 ans de prison et 3 000
F
d'amende), il fait appel et est libere le
.
Vidocq, en 1847, apres une tournee de conferences a succes en Belgique et en Angleterre, cede son agence de Renseignements universels. Apres la
revolution de fevrier
et l'instauration de la
Seconde Republique
, l'ancien detective se mettra encore au service du pouvoir bonapartiste qui le fait incarcerer le
, a la
Conciergerie
, afin de soutirer quelques renseignements, aupres des ≪ militants socialistes, les emeutiers du
≫.
Eugene-Francois Vidocq mourra, le
, au 2 rue Saint-Pierre de Popincourt, a l'age ≪ respectable ≫ de quatre-vingt-deux ans.
Valles
aura pour lui ces derniers mots : ≪ Il n'a guere que l'age qui fut respectable. Si ce diable de
Talleyrand
etait a la politique ce que Vidocq etait a la Police ; ce dernier eut plus de chance : il boitait des deux cotes… ≫
Michel Zevaco
(1860-1918). Journaliste anarchiste et romancier populaire (romans de cape et d'epee : cf.
Les Pardaillan
. Polemiste virulent, sa cible preferee fut le ministre de l’Interieur,
Constans
, qu’il provoqua en duel, ce qui lui vaut d’etre assigne devant un tribunal pour ≪ provocation au meurtre ≫. Malgre la brillante plaidoirie de
Marcel Sembat
, il est condamne a quatre mois de prison et mille francs d’amende, et incarcere a Sainte-Pelagie du
au
. Il y rencontrera
Bruant
.
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Vue du carrefour entre la rue de la Clef et la Rue du puits de l'ermite
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Cet episode est raconte dans
Les Aventures militaires, litteraires et autres d'Etienne de Jouy
par Michel Faul (Editions Seguier, mars 2009,
(
ISBN
978-2-84049-556-7
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Le Menestrel
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Emile Couret,
Le pavillon des princes histoire de la prison politique de Sainte-Pelagie
, Flammarion, Paris, 1891.
- ↑
Voir
Biographie d’Evariste Galois
- ↑
Sept generations d'executeurs, 1688-1847 : memoires des Sanson
t.
4
/ mis en ordre, rediges et publies par H. Sanson,
p.
309 [ouvrage apocryphe].
- ↑
Œuvres de Saint-Simon & d'Enfantin, Volumes 1 a 2. E. Dentu, Editeur, Libraire de la Societe des Gens de Lettres, 1865
Sur les autres projets Wikimedia :
- Les Prisons de France
: Bicetre. Saint-Lazare. Sainte-Pelagie. Le Temple. La Conciergerie… P., Impr. Lahure, sans date. Relie a la suite. Illustre par Th. Weber.
- Francois-Vincent Raspail,
Lettres sur les prison de Paris
, 2 vol., Paris, 1839.
- Maurice Alhoy et Louis Lurine,
Les prisons de Paris : histoire, types, mœurs, mysteres
, Paris, Editions Gustave Havard, 1846 ;
- Alfred Sirven
,
Les Prisons politiques - Sainte Pelagie
, 1868, Paris, Lebigre-Duquesne, 250 pages,
lire en ligne
;
- Pierre-Clement Berard,
Sainte-Pelagie en 1832
, Nantes, 1886.
- Ernest Gegout
,
Charles Malato
et Theophile Alexandre Steinlen (ill. de),
Prison fin de siecle. Souvenirs de Pelagie
, Cœuvres-et-Valsery, Ressouvenances, 1999, fac-simile de l'edition de 1891, 352
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(
ISBN
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)
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- Emile Couret,
Le Pavillon des princes, histoire complete de la prison de Sainte-Pelagie depuis sa fondation jusqu'a nos jours
, Paris, Librairie Ernest Flammarion, 1895.
- Philippe
Darriulat
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Les prisonniers de Sainte-Pelagie
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- Jacques Hillairet
,
Gibets, piloris et cachots du Vieux Paris
, Editions de Minuit, 1956, p. 308-312.
- Michel Faul,
La sulfureuse
M
lle
Raucourt de la Comedie-Francaise, Theatre, sexe et politique des Lumieres a la Premiere Restauration
, Editions Lanore, Le Poche Histoire, 2023
(
ISBN
9-782382-730799
)
.
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopedie generaliste
: