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Un cours de philosophie represente dans une
enluminure
des
Grandes Chroniques de France
.
La
philosophie medievale
est l'ensemble des œuvres et des courants philosophiques developpes durant le
Moyen Age
dans un espace geographique un peu plus etendu que celui des
mondes hellenistique
et
romain
de l'
Antiquite
et dans lequel se sont developpes le
judaisme
, le
christianisme
et l'
islam
. En font notamment partie la philosophie
scolastique
, la
philosophie byzantine
et la
philosophie islamique
.
La periode du Moyen Age a ete etablie selon des criteres de la tradition historiographique occidentale
[
1
]
. La philosophie medievale est ainsi l'objet de theses diverses et souvent contradictoires selon que le Moyen Age soit considere comme un age sombre de la pensee
[
2
]
, ou bien que l'idee meme de Moyen Age soit tenue pour une imposture alimentee par des legendes
[
3
]
. Ayant pour matiere principale les œuvres d'auteurs chretiens latins ayant vecu durant le millenaire qui separe l'
Antiquite
de la
Renaissance
, l'etude de la philosophie medievale porte en meme temps sur les relations de la pensee des chretiens du Moyen Age avec celle de juifs et de musulmans
[
4
]
, en particulier celles d'
Avicenne
et d'
Averroes
qui furent lus et traduits par les Latins au Moyen Age, ou bien encore, celle de
Maimonide
, un auteur juif du
XIII
e
siecle
ayant ecrit en arabe une œuvre offrant des considerations sur l'ensemble des pensees de son epoque.
Au Moyen Age, la religion n'apparaissait pas comme un element distinct dans les societes, tandis qu'a l'epoque ou l'etude de la philosophie medievale s'est constituee comme un champ disciplinaire, la religion etait largement jugee incompatible avec la philosophie. L'etude moderne de la philosophie medievale s'est ainsi mise en place dans un contexte polemique vis-a-vis du christianisme avec notamment les travaux d'
Ernest Renan
a la fin du
XIX
e
siecle
et ceux, plus apologetiques, d'
Etienne Gilson
au debut du
XX
e
siecle
. Ce dernier a identifie la philosophie medievale a une philosophie chretienne dans
L'Esprit de la philosophie medievale
[
5
]
. Dans ce contexte, la question etait celle de savoir si la philosophie peut etre religieuse, si une pensee qualifiee de religieuse peut etre consideree comme philosophique, ou encore, si la pensee des medievaux a apporte quoi que ce soit d'interessant a celle de l'humanite
[
6
]
.
L'etude de la philosophie medievale suppose une attention a la diversite des societes et des epoques englobees sous l'expression ≪ Moyen Age ≫.
Alain de Libera
propose ainsi une introduction generale intitulee
La philosophie medievale
dans laquelle il reprend les resultats de travaux de medievistes, de theologiens ou d'islamologues. Il organise ces elements autour de l'idee de
translatio studiorum
, c'est-a-dire, l'idee selon laquelle la ≪ science ≫, identifiee a la philosophie grecque, se deplace d'un endroit a l'autre et donne lieu, la ou elle s'etablit, a des facons de penser qui ont leur coherence propre et qui ne traitent pas des memes problemes
[
7
]
. Il est ainsi question de ≪ philosophie a Byzance ≫, d'≪ Islam oriental ≫ puis occidental, de ≪ philosophie juive ≫, et enfin, de ≪ philosophie medievale latinophone ≫ siecle par siecle, du
IX
e
au
XV
e
siecle. Pour
Remi Brague
la science ou la philosophie ne se presente cependant pas comme une ≪ chose ≫ susceptible de tels deplacements et il plaide pour une approche comparative des differentes philosophies, considerant que les problemes philosophiques qui y sont abordes traversent plus largement l'histoire et la diversite des civilisations que ne le suppose le modele de la
translatio studiorum
. Il pose aussi la question de savoir s'il est legitime de parler de philosophies medievales comme de philosophies juives, chretiennes ou musulmanes, ou bien si l'identification des courants de pensee du Moyen Age aux elements essentiels de la religion de leurs auteurs n'est pas abusive
[
8
]
.
Caracteristiques de la philosophie medievale
[
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]
Construction des fondements intellectuels du savoir
[
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]
La periode du Moyen Age (l'expression date du
XIX
e
siecle
) souffre quelquefois d'une image negative, surtout en Europe de l'Ouest, due au fait que la civilisation europeenne, aux
X
e
et
XI
e
siecles (voir
an mil
), accusait un retard important par rapport a d'autres
civilisations
(
musulmane
,
chinoise
...). On retient aussi des images d'intolerance.
Les grandes invasions des
V
e
et
VI
e
siecles, puis dans une moindre mesure, apres la periode
carolingienne
, les invasions
viking
, sarrasine et hongroise (de 850 a 920 environ), furent pour beaucoup dans la degradation des pays qui heriterent de la civilisation de l'ancien Empire romain d'Occident.
L'appropriation par l'
Occident
des grands systemes philosophiques de l'Antiquite, d'abord surtout
latins
, puis davantage grecs, aiderent l'
Occident
a etablir les fondements philosophiques et intellectuels du savoir, necessaires au developpement de la civilisation, sur les plans tant artistique que scientifique et technique.
Pendant le Moyen Age, cette appropriation a ete quasi exclusivement le fait de religieux, des humanistes au sens propre du terme, qui travaillaient dans des
monasteres
(
scriptoria
), puis dans des ecoles urbaines et des
universites
.
Dans les premiers temps de l'Eglise, les plus rigoristes des clercs veulent imposer l'abandon de la culture profane. Pour eux, ≪ il n'y avait pas compromis possible entre la culture classique et la culture chretienne. Si l'on voulait mettre son intelligence au service de Dieu, il fallait commencer a rejeter les lettres classiques, car on ne pouvait en meme temps sacrifier au culte des Muses et a celui de Dieu ≫
[
9
]
. Les biographes de
saint Cesaire
racontent que s'etant endormi sur un livre du grammairien
Julien Pomere
, il fait un reve pendant lequel il voit un dragon sortir du livre.
Gregoire le Grand
, biographe de
Benoit de Nursie
, raconte que celui-ci venu etudier dans les ecoles de Rome, qu'il s'arrete d'etudier dans les livres, effraye par les dangers qu'il y voit. Les
Statuta Ecclesiae antiquita
[
10
]
de la seconde moitie du
V
e
siecle interdisaient aux eveques de lire des ouvrages paiens. Cette interdiction s'appliquait aussi aux clercs des ordres majeurs. Au
V
e
siecle, ≪ le clerge cultive sent la necessite d'une rupture avec la culture classique, mais ne peut s'y resoudre ≫
[
11
]
.
Aux
V
e
et
VI
e
siecles vont se mettre en place les premieres ecoles chretiennes, monastiques, diocesaines et presbyterales, en France, en Espagne et en Italie. Elles forment les enfants et adolescents qui leur sont confies a la lecture et l'ecriture, a l'etude de la
Bible
, a apprendre par cœur le
Psautier
et a pratiquer la
psalmodie
.
Face a cette culture ascetique, certains clercs ont voulu etablir une voie moyenne pour etablir une science biblique telle que
saint Augustin
l'avait decrite dans
De doctrina christiana
. Il y avait montre ≪ ce que le lettre chretien devait emprunter au programme de l'education antique pour pouvoir, en toute surete, interpreter la Bible ≫
[
12
]
. Ce n'est qu'a partir du
VI
e
siecle que cet ouvrage de saint Augustin est etudie et recopie. L'abbe
Eugippe
y fait une place importante dans son ouvrage sur saint Augustin, en particulier, il retient le passage sur la legitimite des etudes profanes.
Cassiodore
disait qu'il etait un
exegete
remarquable. Il avait fonde pres de Naples un monastere qui etait un centre de culture religieuse qui n'avait pas d'equivalent a Rome a cette epoque, ce que regrette Cassiodore. Quand
Justinien
entreprend de reconquerir l'Italie, l'Afrique et l'Espagne, il essaie de retablir l'enseignement de la culture antique en redonnant aux professeurs leurs privileges et leurs traitements, mais vingt ans de guerre entre
Ostrogoths
et
Byzantins
et une nouvelle invasion de l'Italie par les
Lombards
, trois ans apres sa mort, va conduire a l'echec de cette tentative.
Gregoire le Grand a recu dans sa jeunesse une education liberale de lettre et en a conserve la connaissance de la grammaire et de la rhetorique mais semble avoir oublie la philosophie antique et il la combat apres sa conversion. Il est scandalise en 600 quand il apprend qu'un eveque en Gaule nomme Didier enseigne la grammaire, c'est-a-dire les belles-lettres. Il a fonde le monastere Saint-Andre qui est alors le seul centre de culture religieuse a Rome. Pour la formation des eveques, il a ecrit le
Regula Pastoralis Liber
dans lequel il insiste sur l'etude. Il exige qu'un candidat a l'episcopat sache au moins son psautier, c'est pourquoi il pense que le recrutement monastique est la meilleure garantie pour avoir un episcopat bien forme. Il est peut-etre a l'origine de la creation de la bibliotheque du Latran apres avoir recu une partie des manuscrits du
monastere de Vivarium
. Dans la preface de la Vie de
saint Eloi
,
saint Ouen
a ecrit ≪ Qu'avons nous besoin de Pythagore, de Socrate, de Platon et d'Aristote ? Que nous importent les chansons d'Homere, de Virgile, de Menandre, cette tourbe de poetes scelerats (
sceleratorum mœnia poetarum
) ? Salluste, Herodote, Tite-Live, ces historiens des Gentils, de quelle utilite sont-ils pour la famille chretienne ? ≫
En Espagne, apres la conversion des
Wisigoths
ariens
au catholicisme a la fin du
VI
e
siecle, la figure marquante est celle d'
Isidore de Seville
.
En Angleterre, le depart des Romains a partir du debut du
V
e
siecle va entrainer l'arrivee des
Angles
et des
Saxons
repoussant les
Celtes
a l'ouest et entrainant la quasi-disparition de la culture romaine a l'est. La culture romaine a trouve refuge dans l'
Eglise celte
creee au
IV
e
siecle. En Angleterre, les premieres ecoles chretiennes apparaissent au
VII
e
siecle avec l'ecole de
Cantorbery
apres l'envoi de missionnaires par le pape Gregoire le Grand. Dans les pays celtes, c'est le
monachisme irlandais
qui va essaimer la culture chretienne en Ecosse, a
Iona
, puis au nord de l'Angleterre, a
Lindisfarne
et
Whitby
.
saint Colomban
va le diffuser en
Francie
. Apres le
concile de Whitby
l'eglise de tradition celte a adopte les pratiques de l'eglise romaine.
Face a la mise en place d'une education chretienne dans le monde religieux qui se construit d'abord contre la culture antique avant de rechercher une synthese possible, l'education laique reste encore largement marquee par la culture antique dans l'education des laics les plus riches en Gaule et en Espagne jusqu'au
VII
e
siecle.
on peut ensuite distinguer tres schematiquement deux grandes periodes :
L'heritage de la philosophie antique au Moyen Age :
Platon, Seneque et Aristote
, miniature d'un manuscrit medieval anglais ecrit vers 1325-1335 (MS Hunter 231 (U.3.4), page 276).
Pendant cette periode, l'
Occident
etait encore tres rural. Le savoir se developpait dans les
monasteres
, en dehors des villes, sous la regle de saint Benoit qui impose le travail intellectuel (
benedictins
,
ordre de Cluny
). Les auteurs antiques etaient traduits et retranscrits dans les
scriptoria
des
monasteres
.
Les ecoles monastiques etaient le haut lieu du savoir medieval. Les bibliotheques des monasteres, tres reduites selon les criteres actuels (quelques centaines d'ouvrages au maximum), comprenaient les principaux auteurs de langue
latine
. La
philosophie
grecque
n'etait cependant pas totalement inconnue, car on traduisait et on lisait deja
Platon
[
13
]
(pas encore
Aristote
), qui avait ete transmis via
Plotin
,
saint Augustin
,
Isidore de Seville
...
Bede le Venerable
posa, au
VII
e
siecle
, les fondements des
arts liberaux
(
Septem artes liberales
), et etudia particulierement la
rhetorique
et la
dialectique
, a partir des philosophes grecs. A la cour de
Charlemagne
, on lisait
Platon
, qui etait connu de l'entourage de l'empereur (
Alcuin
). Le haut Moyen Age vit donc s'epanouir des philosophes
neoplatoniciens
comme
Jean Scot Erigene
et
Isaac Israeli
, ce dernier est compte parmi les premiers juifs neoplatoniciens
[
14
]
. Cette ecole perdura jusque dans le bas Moyen Age (
Saint Anselme
...), puis sous la forme de l'
augustinisme
.
Les bases de la philosophie reposaient alors sur des systemes de questions reponses, issus de la
dialectique
, un des sept
arts liberaux
. Le philosophe grec
presocratique
Zenon d'Elee
(
ecole eleatique
) est a l'origine de la
dialectique
, transmise par les traductions et transcriptions de
Platon
, de
Plotin
, et du haut Moyen Age.
Cependant, apres les invasions
viking
, les monasteres etaient desorganises, les regles n'etaient plus observees, et plusieurs
arts liberaux
n'etaient plus enseignes : la
dialectique
precisement, et les quatre disciplines du
quadrivium
(algebre, geometrie, astronomie, musique).
Ce fut le moine
Gerbert d'Aurillac
qui, vers les annees 970, elargit les bases de la culture medievale, en particulier a partir de la philosophie d'
Aristote
. Lors d'un sejour de deux ans en
Catalogne
, dans un monastere non loin de Barcelone, il enrichit sa culture en apprenant les œuvres d'
Aristote
, et les sciences (mathematiques, astronomie), grace aux echanges avec les musulmans alors etablis dans la plus grande partie de l'Espagne. Appele a
Reims
par
Adalberon
,
Gerbert d'Aurillac
introduisit la
dialectique
et le
quadrivium
a l'ecole cathedrale de
Reims
: en particulier l'algebre (les
chiffres arabes
). Gerbert avait une idee tres claire de la classification de la philosophie. Il devint
pape
sous le nom de
Sylvestre II
(le
pape
de l'
an mil
etait Franc).
Une nouvelle periode de traduction des œuvres d'
Aristote
commenca au
XI
e
siecle
, les traductions sont alors multiples et different les unes des autres, les rendant meme discordantes, et meme de leur sources originales, bien que certaines soient assez fideles et correspondent meme a ce que la philologie moderne a restitue
[
13
]
. Puis il fallut attendre les annees 1120 a 1190 pour que les traductions s'organisent.
Le
XI
e
siecle est marque par l'importance accrue de la
dialectique
dans les etudes et le combat entre dialecticiens et anti-dialecticiens. Les dialecticiens pensent que par le recours a la
logique
d'
Aristote
, une explication rationnelle des mysteres chretiens est possible. Les anti-dialecticiens pensent au contraire que la dialectique risque de dissoudre les mysteres de la religion chretienne et sont partisans de la foi et de l'autorite absolue des
Peres de l'Eglise
et des
Conciles
. L'œuvre imposante d'
Anselme de Cantorbery
domine cette epoque de tatonnement sur les rapports de la
raison
avec la
foi
.
Le
XII
e
siecle poursuit et amplifie le developpement de la dialectique et seme les germes qui aboutirent a la
scolastique
du
XIII
e
siecle. La
logique
et la
grammaire
speculative se developpent et deviennent les instruments de la
theologie
(voir
Alain de Lille
). C'est egalement au
XII
e
siecle que se structure durablement la
querelle des universaux
autour de deux groupes antagonistes : les
realistes
et les
nominalistes
. De tous ses maitres, on ne connait plus guere aujourd'hui que les noms de
Roscelin de Compiegne
et
Guillaume de Champeaux
, les maitres d'
Abelard
, le plus grand dialecticien et le principal nominaliste de l'epoque.
La passion de la logique n'est pas la seule activite intellectuelle du
XII
e
siecle. Deux ecoles monastiques se partagent le terrain :
A la fin du
XII
e
siecle,
Henri Aristippe
traduit du grec le Livre IV des
Meteorologiques
d’Aristote, dont Gerard de Cremone avait traduit les Livres I a II de l’arabe en latin. Alfred de Shareshel ecrit des gloses sur ce texte et ajoute, en les traduisant de l’arabe, trois ≪ chapitres ≫ nouveaux a ce traite : c’est le
De mineralibus
d’
Avicenne
. La science aristotelicienne fait ainsi son retour en Occident
[
15
]
.
La fondation de ces ecoles ouvre la voie a la fondation des
Universites
(
Bologne
la plus ancienne, suivie de
Paris
et
Oxford
) qui s'epanouissent au
XIII
e
siecle.
Les premieres
sommes de sentences
sont redigees et presentent de maniere ordonnee les diverses doctrines des
peres de l'Eglise
et des
Conciles
. L'un d'eux,
Pierre Lombard
, redige un
Liber de Sentencia
qui servira de base a l'enseignement de la theologie jusqu'a la fin du Moyen Age. Ce souci d'organiser la theologie de maniere systematique est la source directe des
sommes theologiques
du siecle suivant.
La seconde moitie du
XII
e
siecle voit s'amorcer un vaste mouvement de traduction qui part de
Tolede
, reconquise par les chretiens. De la, puis d'
Italie
partent des ecoles de traducteurs qui mettent a la disposition du monde chretien outre des textes religieux (
Pierre le Venerable
traduit le
Coran
) et scientifiques (ouvrages de geometrie et d'algebre,
Almageste
de
Ptolemee
), de nombreuses œuvres philosophiques :
Gerard de Cremone
traduit
Aristote
(1140/1142),
Alexandre d'Aphrodise
, le
Liber de Causis
(une compilation de
Proclus
attribuee par les Arabes a Aristote), des traites d'
Al-Kindi
et d'
Al-Farabi
.
Dominique Gundissalvi
traduit
Avicenne
,
Al-Ghazali
et
Salomon Ibn Gabirol
... Ses traductions qui souvent ne sont pas de premiere main, introduisent pourtant en Occident le vaste courant de l'aristotelisme arabe repense dans un esprit neo-platonicien.
La diffusion de la philosophie d'
Aristote
fit alors naitre une nouvelle methode philosophique : la
scolastique
. Celle-ci reposait sur un ensemble d'œuvres d'
Aristote
, progressivement regroupees, par
Thomas d'Aquin
et d'autres theologiens de l'universite de Paris (
Albert le Grand
). La classification comprenait plusieurs ensembles : la logique (
Organon
), la physique (
Physique
)
, la metaphysique (regroupement de quatorze livres d'
Aristote
), l'ethique (
ethique a Nicomaque
), la politique, la poetique... Toutefois, l'assimilation du corpus integral d'Aristote ne va pas sans poser un difficile probleme. Il s'agit en effet du premier corpus philosophique ou il etait clairement impossible de trouver la moindre reference aux croyances chretiennes. Pourtant, au milieu du siecle, l'incorporation de l'aristotelisme au christianisme, qui semblait une tache impossible, se realise grace a la gigantesque synthese
thomiste
. Si le courant dominicain l'adopte rapidement, un fort courant franciscain le rejette et reste fidele a
saint Augustin
(
saint Bonaventure
), tandis que d'autres se tournent vers
Avicenne
ou
Averroes
(
Siger de Brabant
,
Boece de Dacie
). Les luttes intellectuelles apres qui s'ensuivent aboutissent a la condamnation en
1277
de 219 propositions aristoteliciennes et averroistes par l'eveque de Paris. L'enseignement thomiste est suspendu jusqu'en
1285
tandis qu'une opposition vigoureuse au thomisme s'organise. C'est de cette opposition que de nouvelles ecoles vont surgir au debut du
XIV
e
siecle, issues des maitres franciscains :
Duns Scot
et
Guillaume d'Occam
.
L'evolution par rapport a la periode anterieure tenait a un degre superieur de dialogue par rapport aux
arts liberaux
qui restaient enseignes : la
dialectique
fut enrichie par la
logique
aristotelicienne
, qui apportait des fondements et des concepts tres evolues de
raisonnement
. Elle permettait a des positions et des systemes philosophiques concurrents ou contradictoires de se mettre a dialoguer les uns avec les autres, en vue d'une reconciliation. Cette methode etait a la base de la logique dite generale. Elle s'appuyait sur des
inferences
, qui n'etaient pas seulement des
deductions
logiques (logique mathematique).
Cette croyance est la veritable
essence
de la conception philosophique selon Aristote, qui etait intimement associee a la
philosophie scolastique
du bas Moyen Age.
Les debats
aristoteliciens
des
XII
e
et
XIII
e
siecles aboutirent a la subordination de la
philosophie
a la theologie, et a la rationalisation du message chretien.
Des la fin du
XIV
e
siecle, la scolastique marque le pas. Les ecoles (albertistes, thomistes, scotistes, nominalistes, averroistes...) subsistent et se disputent mais ne se renouvellent pas.
En
1438
, le byzantin
Gemiste Plethon
pousse
Cosme de Medicis
a la fondation d'une
Academie platonicienne
(
1459
) et en
1447
, l'Universite de
Louvain
separe l'enseignement de la theologie et de la philosophie. C'est la fin de la philosophie medievale.
La critique de l'inter-relation permanente de la religion avec la
speculation philosophique
durant la periode precedant la Renaissance, se developpe au
XVI
e
siecle
, et surtout au
XVII
e
siecle
, lorsqu'il devint evident que la methode
scolastique
placait ses protagonistes en retrait par rapport aux nouvelles observations experimentales des
realites
physiques. En particulier l'affaire
Galilee
discredita la scolastique, de sorte que
Descartes
n'eut de cesse de critiquer ses anciens maitres et la philosophie d'Aristote. Descartes produisit son celebre
cogito
, et proposa une classification de la
connaissance
melangeant philosophie et sciences dans
les Principes de la philosophie
redige en 1644.
Auguste Comte faisait remonter l'essor moderne de l'esprit scientifique aux philosophies des
XVII
e
siecle
et
XVIII
e
siecle
(Descartes,
Hume
,
Condorcet
...) et jugeait caduques les speculations theologiques et metaphysiques, mais il tenait pour socialement et moralement importantes les doctrines du Moyen Age (saint Bernard et Thomas d'Aquin en particulier).
Ces positions rejaillirent partiellement sur la philosophie d'Aristote. Elle fut, en effet, principalement rejetee sur ces deux points precis, que les decouvertes recentes faites avec la
methode scientifique
avaient largement invalides :
- le
geocentrisme
(Aristote retenait la vision du monde de son epoque au
V
e
siecle
),
- la notion de
mouvement
, dont Aristote donnait en fait une interpretation essentiellement a vocation
ethique
.
La plupart des manuels de philosophie et d'
histoire des sciences
en France eliminerent Aristote jusqu'a la
Seconde Guerre mondiale
environ.
Impacts de cette philosophie dans l'epoque actuelle
[
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]
Bien que ≪ l'argumentation scolastique sur des textes choisis ≫ ait, d'apres les medievistes, ≪ asseche ≫ la pensee rationnelle et l'observation experimentale
[
6
]
, la philosophie medievale a permis a la pensee theologique
patristique
de se confronter a la pensee antique ?notamment avec
Augustin d'Hippone
et
Thomas d'Aquin
?, transformant ainsi profondement les premieres
exegeses chretiennes
discutees lors de l'
Antiquite tardive
.
De plus, vers la fin de cette periode, les erudits orthodoxes etablis a
Byzance
(Constantinople) permirent, concurremment avec la civilisation arabo-islamique, la
transmission des philosophies
des grands penseurs de l'Antiquite (
Platon
,
Aristote
...), jusqu'a l'epoque contemporaine.
Mais elle ne s'est pas contentee de confronter des elements de la pensee grecque avec le christianisme dans l'Europe chretienne. Par cette
dialectique
, elle a tente de trouver la solution des rapports entre la
raison
et la
foi
, ce rapport problematique ayant donne lieu au debat central de cette periode :
foi et raison
. La solution de
Thomas d'Aquin
consistait a soumettre la raison au verdict de la foi, de subordonner la philosophie a la
theologie
. Cette subordination est largement consideree, aujourd'hui, comme une vision datee ; mais elle permettait alors de rendre a la philosophie une place elevee, sans laquelle elle n'aurait ete rien, la theologie pouvant tout a fait se passer d'elle dans un contexte
mystique
ou selon
Bonaventure de Bagnoregio
. La philosophie medievale a pousse l'interrogation sur la nature de la foi confrontee a la raison jusqu'a ses limites.
Ces ≪ joutes d'erudits ≫ (
disputatio
) furent le creuset de l'elaboration d'un
latin
abstrait, qui finit par devenir la ≪
lingua franca
≫ intellectuelle de l'Europe chretienne. Par reaction, cela permit
in fine
aux parlers courants de se
separer progressivement
du
latin savant
durant cette periode, donnant ainsi naissance aux differentes langues europeennes modernes.
Extraits de
L'Esprit de la philosophie medievale
par Etienne Gilson, professeur au College de France, Gifford Lectures (Universite d'Aberdeen), Librairie philosophique J. Vrin :
[
16
]
≪ Invite a la tache assez difficile de definir l'esprit de philosophie medievale, je l'ai pourtant acceptee, en pensant a l'opinion tres repandue que, si le Moyen Age a une litterature et un art, il n'a pas de philosophie qui lui soit propre.
Essayer de degager l'esprit de cette philosophie, c'etait se condamner a fournir la preuve de son existence ou a avouer qu'elle n'a jamais existe. C'est en cherchant a la definir dans son essence propre que je me suis vu conduit a la presenter comme la "philosophie chretienne par excellence".
Mais, en ce point, la meme difficulte m'attendait sur un autre plan, car si l'on a pu nier la possibilite d'une philosophie medievale a titre de fait, on a egalement nie la possibilite d'une philosophie chretienne en tant qu'idee. Il se trouve donc que les deux series de lecons convergent vers cette conclusion, que le Moyen Age a produit, outre une litterature chretienne et un art chretien, ce que l'on savait assez, une philosophie chretienne, ce dont on dispute.
Il ne s'agit pas de soutenir qu'il a cree cette philosophie de rien, pas plus qu'il n'a tire du neant son art et sa litterature. Il ne s'agit pas non plus de pretendre qu'il n'y ait eu, au Moyen Age, d'autre philosophie que chretienne, pas plus qu'on ne saurait pretendre que toute litterature medievale est chretienne et tout art medieval chretien. La seule question qu'il s'agisse d'examiner est de savoir si la notion de philosophie chretienne a un sens, et si la philosophie medievale, consideree dans ses representants les plus qualifies, n'en serait pas precisement l'expression historique la plus adequate.
L'esprit de la philosophie medievale, tel qu'on l'entend ici, c'est donc l'esprit chretien, penetrant la tradition grecque, la travaillant du dedans et lui faisant produire une vue du monde, une Weltanschuung specifiquement chretienne.
Il a fallu des temples grecs et des basiliques romanes pour qu'il y eut des cathedrales ; pourtant, quelle que soit la dette de nos architectes medievaux a l'egard de leurs predecesseurs, ils s'en distinguent, et l'esprit nouveau qui leur a permis de creer est peut-etre le meme que celui dont se sont inspires avec eux les philosophes de leur temps.
Pour savoir ce qu'il peut y avoir de vrai dans cette hypothese, la seule methode a suivre etait de montrer la pensee medievale a l'etat naissant, au point precis ou la greffe judeo-chretienne s'insere dans la tradition historique.
La demonstration tentee est donc purement historique ; si, tres rarement, une attitude plus theorique a ete provisoirement adoptee, c'est que l'historien doit rendre au moins intelligibles les notions qu'il expose ; il s'agissait de suggerer comment peuvent etre aujourd'hui encore concevables des doctrines dont, pendant des siecles, s'est satisfaite la pensee de ceux qui nous ont precede. ≫
Resume de l'ouvrage :
Apres avoir explique que la notion de ≪ philosophie chretienne ≫ a un sens, Etienne Gilson en propose la definition suivante : ≪
J'appelle philosophie chretienne toute philosophie qui, bien que distinguant formellement les deux ordres, considere la revelation chretienne comme un auxiliaire indispensable de la raison
≫.
Gilson examine ensuite ce que la pensee chretienne a fait de l'idee de Dieu, clef de voute de la metaphysique et les consequences de l'identification de Dieu et de l'Etre : la contingence de l'etre fini. Le rapport entre le createur et la creation est problematique pour l'entendement humain. Etienne Gilson montre comment les Peres de l’Eglise et les penseurs du Moyen Age, en particulier Thomas d'Aquin ont tente de penser cette relation sur le mode de la similitude et de la participation.
La notion de providence divine n'est pas une notion exclusivement chretienne, mais il y aurait, selon lui, une notion proprement chretienne de la providence divine : elle consiste dans la double election d'un peuple dans l'Ancien Testament et de l'Humanite tout entiere dans l’Evangile. L'homme serait un analogue de Dieu, doue d'activite et d'efficacite causale dans la mesure ou il serait a la fois etre ≪ autonome ≫, et conduit par la providence divine vers une fin qui lui est propre. Loin de rejeter le corps, la pensee chretienne insisterait, selon Gilson, sur sa dignite, sa valeur et sa perpetuite.
Pour definir l'amour et son objet, les penseurs chretiens - notamment Bernard de Clairvaux - partent de l'experience commune de l'amour. Le desir humain se satisfait momentanement de tout, mais rien ne peut le satisfaire durablement.
La philosophie chretienne n'a pas invente l'idee de liberte, mais l'insistance avec laquelle les Peres de l'Eglise soulignent l'importance de cette idee doit cependant retenir l'attention, ainsi que la nature tres speciale des termes dans lesquels ils l'ont fait.
Les moralistes chretiens ont rassemble les notions paiennes de beaute (kalos) et d'honneur (decorum) dans une notion plus comprehensible, celle du Bien, puis relie directement le bien a un principe transcendant, qui meriterait l'honneur en soi et absolument, plus que la vertu, et par rapport auquel seule la vertu le meriterait.
Pour Gilson, les penseurs du Moyen Age auraient fait subir des modifications a la conception grecque de la nature (
Phusis
). Partout, dans la philosophie medievale, l'ordre naturel s'appuie a un ordre surnaturel, dont il depend comme de son origine et de sa fin.
S'il en est ainsi, peut-on encore parler de nature dans une philosophie chretienne, ou ne vaudrait-il pas mieux dire, avec Malebranche, ≪
que la nature est une idee antichretienne par excellence, un reste de la philosophie paienne recueillie par des theologiens imprudents
≫ ? Les penseurs du Moyen Age estiment, comme les Grecs, qu'il existe une nature, mais ce n'est plus tout a fait la meme.
≪
Nous sommes
≫, disait Bernard de Chartres, ≪
comme des nains assis sur les epaules de geants. Nous voyons donc plus de choses que les Anciens, et de plus lointaines, mais ce n'est ni par l'acuite de notre vue, ni par la hauteur de notre taille, c'est seulement qu'ils nous portent et nous haussent de leur hauteur gigantesque
≫.
Liste des principaux philosophes medievaux
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]
Cette liste inclut des philosophes tant
chretiens
que
musulmans
et
juifs
. On indique egalement des traducteurs d'œuvres
grecques
, arabes, ou
persanes
en mathematiques et en astronomie.
- Tertullien
(cca 150-cca 230) -
antiquite tardive
- Origene
(cca 185-cca 253) -
antiquite tardive
- Augustin d'Hippone
(354-430) -
antiquite tardive
- Avec lui, les autres
Peres de l'Eglise
, et notamment les
docteurs de l'Eglise
, dont il fait partie avec
Ambroise de Milan
,
Jerome de Stridon
et
Gregoire le Grand
.
- Martianus Capella
(
V
e
siecle
)
- Pseudo-Denys l'Areopagite
(V
e
s.)
- Claudien Mamert
(? - 474)
- Boece
(480-c. 525)
- Cassiodore
(cca 485-cca 580).
- Isidore de Seville
(entre 560 et 570-636)
- Bede le Venerable
(
672
-
735
)
- Alcuin
(cca
730
-
804
)
- Theodulf d'Orleans
(
750
-
821
)
- Al-Kindi
(
801
-
873
)
- Jean Scot Erigene
(810-877)
- Al-Razi
(864-930)
- Al-Farabi
(872-950)
- Gerbert d'Aurillac
(cca 938-1003)
- Avicenne
(980-1037)
- Salomon ibn Gabirol
dit
Avicebron
(1020-1058)
- Anselme de Cantorbery
(1034-1109)
- Roscelin de Compiegne
(1050, 1120)
- Al-Ghazali
(1058-1111)
- Pierre Abelard
(1079-1142)
- Suger de Saint-Denis
, fondateur de la
basilique Saint-Denis
,
theologie
de la
lumiere
- Hugues de Saint-Victor
(1096-1141)
- Petrus Lombardus
ou
Pierre Lombard
(c. 1105-1160)
- Gerard de Cremone
(
1114
,
1187
)
- Adelard de Bath
(cca 1080-cca 1160)
- Robert de Chester
,
- Averroes
(1126-1198)
- Alphanus de Salerne
(1010-1085)
- Henri Aristippe
,
- Burgondio de Pise
,
- Moise Maimonide
(1135-1204)
- Guillaume d'Auxerre
(1150-1231)
- Robert Grosseteste
(1175-1253)
- Albertus Magnus
ou
Albert le Grand
(1193-1280)
- Alexandre de Hales
(c. 1200-1245)
- Guillaume de Moerbeke
(
1215
-
1286
)
- Henry de Ghent
(1217-1293)
- Roger Bacon
(1220-1292)
- Boece de Dacie
(XIII
e
)
- Bonaventure
(1221-1274)
- Thomas d'Aquin
(
1224
-
1274
)
- Raymond Lulle
(1235-1315)
- Gilles de Rome
(1247-1316)
- Godefroid de Fontaines
(c. 1250-1309)
- Raoul le Breton
(c. 1260-1320)
- Maitre Eckhart
(c. 1260-1327)
- Jean Duns Scot
(1266-1308)
- Pierre Auriol
(
1280
-1322)
- Guillaume d'Occam
(1285-1347)
- Jean Buridan
(1300-1358)
- Gregoire de Rimini
(1300-1358)
- Nicole Oresme
(c. 1323-1382)
- Hasdai Crescas
(1340- 1410)
- Pierre d'Ailly
(1351-1420)
- Gemiste Plethon
(1355-1452)
- Johannes Bessarion
(1395-1472)
- ↑
Alain de Libera
,
La philosophie medievale
, Paris, PUF, coll. Quadrige Manuels, 1993 (reed. 2004),
pp.
1-8
.
(
ISBN
978-2-13-054319-0
)
.
- ↑
Voir par exemple
Alain de Libera
:
≪ Apres la chute de l'empire romain d'Occident le monde chretien occidental entra dans une premiere nuit. ≫
,
Alain de Libera
La philosophie medievale
, Paris, PUF, coll. Quadrige Manuels, 1993 (reed. 2004).
p.
245.
(
ISBN
978-2-13-054319-0
)
.
- ↑
Remi Brague
,
Au moyen du Moyen Age
, Philosophies medievales en chretiente, judaisme et islam, Paris, Flammarion, Champs-Essais n°856, 2008.
pp.
56-58
≪ La legende du Moyen Age ≫
(
ISBN
978-2-0812-1785-0
)
; voir aussi
Jacques Heers
,
Le Moyen Age, une imposture
, Paris, Perrin, 2008, 358 p.
(
ISBN
978-2262029432
)
.
- ↑
Etienne Gilson
,
L'Esprit de la philosophie medievale
, (
1
re
ed. 1932), Paris, Vrin, 1989,
pp.
1-2
.
(
ISBN
2-7116-0283-4
)
.
- ↑
Etienne Gilson
,
L'Esprit de la philosophie medievale
, (
1
re
ed. 1932), Paris, Vrin, 1989,
(
ISBN
2-7116-0283-4
)
. Voir en particulier la conclusion ≪ Le Moyen Age et la philosophie ≫,
pp.
384-402
.
- ↑
a
et
b
Cf.
Remi Brague
,
pp.
112
. Voir aussi
Alain de Libera
Preface p. XVI. .
- ↑
Alain de Libera
La philosophie medievale
, Paris, PUF, coll. Quadrige Manuels, 1993 (reed. 2004).
p.
5.
(
ISBN
978-2-13-054319-0
)
.
- ↑
Remi Brague
,
Au moyen du Moyen Age
, Philosophies medievales en chretiente, judaisme et islam, Paris, Flammarion, Champs-Essais n°856, 2008. ≪ Sens et valeur de la philosophie dans les trois cultures medievales ≫
pp.
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lire en ligne
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. L'abbe Munier attribue ce texte a
Gennadius de Marseille
.
- ↑
Pierre Riche 1995
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et
b
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Libera, Alain de (1948-....).
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