Numa Denis Fustel de Coulanges
Biographie
Naissance
| |
---|
Deces
| |
---|
Sepulture
| |
---|
Nationalite
| |
---|
Formation
| |
---|
Activites
| |
---|
Autres informations
A travaille pour
| |
---|
Domaine
|
Histoire antique (histoire de la longue duree)
|
---|
Membre de
| |
---|
Maitres
| |
---|
Distinctions
| |
---|
modifier
-
modifier le code
-
modifier Wikidata
![Documentation du modèle](//upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/38/Info_Simple.svg/12px-Info_Simple.svg.png)
Numa Denis Fustel de Coulanges
[
1
]
, ne le
a
Paris
et mort le
a
Massy
, est un
historien
francais
.
Son ouvrage le plus connu est
La Cite antique
, paru en
1864
. Il est aussi l'auteur de l'
Histoire des institutions politiques de l'ancienne France
qui a influence plusieurs generations d'historiens jusqu'a
Marc Bloch
. Directeur de l'
Ecole normale superieure
et titulaire de la premiere chaire d'
histoire medievale
a la
Sorbonne
, il engagea l'
historiographie
francaise dans une voie scientifique.
Precurseur de la
sociologie
, par l'exemplarite de sa methode, il connut une renommee certaine en
Italie
. Il insista dans son œuvre sur l'importance de la longue duree et relativisa l'importance du fait racial dans l'histoire de la
France
au profit de l'impact des institutions.
Bien avant et, apres la
Premiere Guerre mondiale
, les
nationalistes
, puis l'
Action francaise
devaient se reclamer de ses ecrits
[
2
]
,
[
3
]
.
Quoique depassee aujourd'hui compte tenu des recherches recentes, les intuitions fusteliennes restent selon
Arnaldo Momigliano
historien de l'Antiquite. Ne serait-ce l'œuvre de Fustel de Coulanges, aujourd'hui precieuse par sa qualite intrinseque mais surtout par les efforts de l'auteur : essayer de reconstituer avec le plus d'exactitude possible les sentiments et les besoins des hommes du temps passe. Son influence est importante, notamment pour ce qui est de l'interpretation du role fondamental des religions dans la structuration des societes. Le sociologue
Emile Durkheim
a choisi de dedier sa these de doctorat a l'œuvre de Fustel de Coulanges
[
4
]
. La cite grecque qu'il etudia va de
Gustave Glotz
a
Henri Van Effenterre
.
Marc Bloch
lui est redevable pour ses travaux sur le
Moyen Age
.
Numa Denis Fustel de Coulanges est issu d'une famille de la bourgeoisie de
Bretagne
installee a
Paris
[
5
]
. Il a pour pere un
lieutenant de vaisseau
qui meurt peu apres la naissance de son fils. Fustel est alors recueilli par son grand-pere qui le fait admettre au
lycee Charlemagne
a Paris, grace a l'amitie qu'il entretient avec
M. Massin
[
6
]
.
Jeune lyceen, il lit les lecons de
Guizot
sur la
Civilisation en France
, qui ont ensuite une forte influence sur son metier d'historien. Il est admis a l'
Ecole normale superieure
en 1850. Dans l'ambiance d'une periode ideologiquement troublee, il frequente avec assiduite la bibliotheque de l'Ecole.
Universite de Strasbourg
, entree de la salle Fustel de Coulanges, ou ont lieu les soutenances de these.
Plaque commemorative en l'honneur de Fustel a Strasbourg (au 79
Grand'Rue
).
Nomme membre de l'
Ecole francaise d'Athenes
, il dirige des fouilles archeologiques dans l'ile de
Chios
, lors de son sejour en
Grece
. Avant son depart, Fustel ecrit a un ami : ≪ Je ne cours pas a la recherche d'une marche oubliee de l'Acropole, je vais observer les hommes et ceux d'autrefois et ceux d'aujourd'hui ≫.
En
1856
, Fustel de Coulanges est professeur de seconde au lycee d'Amiens, l'annee suivante, il est recu agrege des lettres. Le 10 avril
1858
, il soutient ses deux theses de
doctorat es lettres
a la Faculte de Paris
[
7
]
. La premiere, en francais, s'interesse a l'historien grec
Polybe
[
8
]
. La deuxieme, en latin, traite des
Vesta
[
9
]
, a un moment ou les questions touchant les origines indo-europeennes sont tres discutees.
En
1860
, il est nomme professeur d'histoire a l'
universite de Strasbourg
. Il y travaille avec son ami et ancien condisciple de l'Ecole normale
Joseph-Emile Belot
[
10
]
. Rapidement les cours de ce jeune universitaire sont tres suivis. En
1862
et
1863
, Fustel traite de ≪ La famille et de l'Etat chez les Anciens ≫ et ce cours devient un livre au printemps 1864
[
Note 1
]
.
En
1864
, il publie
La Cite antique
qui est tres tot un succes de librairie, distribue des avant 1870 lors des remises annuelles des prix d'excellence scolaire dans les lycees de France. Fustel y met en lumiere une question qui l'interesse au plus haut point : les rapports entre la propriete et les institutions politico-religieuses. Selon lui, les anciens ne connaissaient ni la liberte de la vie privee, ni la liberte de l’education, ni la liberte religieuse. La personne humaine comptait pour bien peu de chose vis-a-vis de cette autorite sainte et presque divine qu’on appelait la patrie ou l’Etat.
Plus specifiquement, il s'interesse a la question tres debattue de l'origine et du developpement de la religion antique, comparant les racines du culte grec a celle du culte hindou, qu'il percevait comme identiques. D'une certaine maniere, il s'applique egalement a chasser toute confusion entre les pratiques sociales et les coutumes familiales du monde romain et du monde grec, qu'il justifie par une lecture et une analyse tres fine du droit romain.
Dans la preface de
La Cite antique
, Fustel affirme que l'imitation maladroite de l'
Antiquite
par les revolutionnaires a conduit a la
Terreur
.
La Cite antique
en outre decrit en effet plusieurs ≪ revolutions ≫ de la periode antique et se conclut par l'avenement du christianisme et de l'individu, ce qui fait que cette œuvre soit longtemps passee comme un hommage rendu au genie du
christianisme
. Fustel de Coulanges a, par ailleurs, longtemps eu une reputation de
clerical
et de
bonapartiste
. En
1876
,
Ernest Bersot
, son predecesseur a l'Ecole normale superieure, ecrit au ministre de l'Instruction publique: ≪ Rassurez-vous, je viens de causer avec M. Fustel de Coulanges... il n'est que francais et
liberal
[
11
]
. ≫
En
1865
, il signe un contrat avec
Hachette
, des lors reeditions et reimpressions se succedent regulierement. Fustel de Coulanges desire quitter Strasbourg : ≪ La province a du bon, mais encore n'en faut-il pas abuser. Je crains de m'endormir ; je deviens paresseux ≫.
Direction de l'Ecole normale superieure et premiere chaire d'histoire medievale a la Sorbonne
[
modifier
|
modifier le code
]
Debut
1870
, avec le soutien de
Victor Duruy
, il est nomme maitre de conferences a l’
Ecole normale superieure
, dont il devient le directeur en
1880
. il se rend regulierement aux
Tuileries
pour donner des lecons d'histoire a l'
Imperatrice Eugenie
.
Le
,
Napoleon III
depose les armes a Sedan. Lorsque la
guerre
arrive aux portes de
Paris
, Fustel de Coulanges endosse son uniforme de garde national, et monte la garde aux remparts. Apres l'annexion de l'
Alsace-Lorraine
et la ≪ guerre d'envahissement ≫ de
Bismarck
, Fustel polemique contre
Theodor Mommsen
dans
une serie d'articles
[
12
]
.
En
1875
, il est elu membre de l'
Academie des sciences morales et politiques
. De 1875 a 1878, il est suppleant de
Geffroy
, professeur d'histoire ancienne a la
Faculte des lettres de Paris
[
13
]
et en
1878
, il obtient, sur la proposition de
Gambetta
, la premiere chaire d'histoire medievale a la
Sorbonne
[
14
]
.
En
1888
, dans la preface de
La monarchie franque
(Tome III de l'
Histoire des institutions politiques de l'ancienne France
dont la publication a demarre dix ans plus tot), Fustel de Coulanges expose, les imperatifs d'une methode historique que l'historien doit selon lui respecter, les yeux ≪ uniquement fixes sur les sciences ≫. La meme annee, il laisse dans une lettre a un de ses amis un testament spirituel : ≪ J'arrive, ecrivait-il le
, a l'age ou l'on ne pense plus beaucoup a soi, mais ou l'on pense beaucoup a l'œuvre pour laquelle on a travaille et peine. Mes livres ont ete accueillis par trop de clameurs ou de haine pour pouvoir produire quelque effet. C'est votre generation qui fera ce que j'avais voulu faire et qui mettra l'histoire dans la voie scientifique ... la voie sera plus libre pour vous. J'ai rempli le role d'un humble chasse-pierres: j'ai derange les cailloux et ils m'ont lance leurs maledictions ; mais vous passez, et la
science historique
avec vous. ≫
En
1889
, annee de sa mort, Fustel projetait de mettre sur pied un ouvrage qui couvrirait la periode allant de la fin de l'
Empire romain
jusqu'a la
Revolution francaise
. Il tomba malade, et a sa mort, il avait a peine esquisse la mise en œuvre des materiaux qu'il reunissait depuis plus de vingt ans. Son
Histoire des institutions politiques de l'ancienne France
fut achevee par un de ses disciples,
Camille Jullian
. Certains volumes, deja entierement rediges, ne demanderent que peu de reprise, comme ce fut le cas pour
la Gaule romaine
et
les Origines du regime feodal
. D'autres a peine commences, comme
Les Transformations de la royaute pendant l'epoque carolingienne
, publie en 1891, furent presque entierement recomposes par Camille Jullian a partir de notes eparses.
Il est inhume au cimetiere des Sablons, a Massy.
Enseignant capable d'attirer a lui seul de nombreux disciples par la qualite de son travail et l'ascetisme intellectuel auquel il se soumet, c'est aussi un innovateur qui engage l’historiographie sur des voies nouvelles. Pour lui, l'engagement politique, cher a
Jules Michelet
ou
Augustin Thierry
, devrait etre ecarte afin d'eviter toute idee preconcue et favoriser autant que possible la verite historique. Pour lui le patriotisme est une vertu, l’histoire est une science, il ne faut pas les confondre
[
15
]
.
Maison de Fustel de Coulanges a
Massy
, dans l'
Essonne
.
Quelques questions touchant a l'
Antiquite
le preoccupent, en particulier celle de la
propriete
et de sa transmission. Mais Fustel de Coulanges se tourna en particulier vers l'histoire medievale
[
16
]
,
[
17
]
. Il chercha a etablir que les
institutions francaises
procedent d'une source differente du
droit germanique
[
Note 2
]
. D'autre part, Fustel tenta egalement de formaliser un certain nombre de ses intuitions methodologiques.
Contestation de la notion de conquete franque
[
modifier
|
modifier le code
]
Fustel est amene a denoncer la faussete de la these d'une pretendue conquete franque de la Gaule et d'autres idees connexes a cette these.
Fustel s’opposa a la notion de conquete franque : ≪ On dit generalement que les
Germains
vainqueurs s’emparerent des terres de la
Gaule
, se les partagerent et fonderent un regime qui s’appela le regime feodal. Mais quand on lit les documents de cette epoque, on s’apercoit que ce sont la autant d’erreurs. Les Germains n’apporterent pas chez nous les institutions feodales, pour cette raison simple qu’ils ne les connaissaient pas en Germanie. De plus, il est certain qu’ils ne s’emparerent pas du sol, et que les Gaulois conserverent leurs proprietes et leur liberte civile. Ces Germains etablis chez nous etaient en fort petit nombre : ils auraient voulu depouiller les anciens habitants qu’ils ne l’auraient pu. ≫ Ce theme nourrit l’œuvre de Fustel pendant dix-huit ans
[
18
]
. L’installation des Germains en Gaule fut une ≪ rencontre ≫ entre le monde romain et le monde barbare, une lente infiltration d’individus, de ≪ bandes ≫, autour de quelques chefs souvent improvises ; il ne s'agit pas d’une invasion par des armees regulieres, pas d'une conquete d’un Etat par un autre : et pour cause, les Germains ne connaissaient ni les uns les autres
[
15
]
.
Fustel de Coulanges s'eleva contre l'idee que la
noblesse francaise
trouve son origine dans une conquete franque, idee emise incidemment par
Boulainvilliers
, puis retournee contre la noblesse par
Sieyes
, puis par
Guizot
et
Thierry
[
18
]
. Des avant la guerre franco-allemande de 1870, Fustel n’adherait ni a la tradition romaniste qui faisait descendre la monarchie francaise de l’Empire romain ni a la tradition germaniste encore defendue par
Auguste Geffroy
entre 1871 et 1874.
Il conteste l'idee de l'existence d'une armee germanique : il n’y eut d’armee germanique qu’episodiquement chez les
Goths
au temps de
Gallien
, chez les
Wisigoths
au temps de
Valens
, de la grande invasion de
Radagaise
en 405, d’
Attila
: ≪ Les vrais conquerants de la Gaule ont combattu sous les drapeaux de l’Empire. Les Wisigoths, les Burgondes, les Francs ont ete des soldats federes au service de l’Etat romain […]. A cinq siecles de distance […], l’attitude de ces barbares a l’egard de l’empire est demeuree la meme : ils ont ete respectueux de la majeste imperiale et desireux d’appartenir au monde romain
[
15
]
. ≫
Il conteste l'idee d'un important
transfert de population
: sa conception des invasions barbares, longuement meditee, exposee et prouvee etait a l’oppose de celle d’Augustin Thierry qui voyait les conquetes territoriales comme de veritables transferts de population.
Il conteste l'idee d'une opposition entre un despotisme pur de l’Empire romain et une pretendue liberte germanique
[
19
]
. Il conteste a cet egard que la royaute ait ete elective chez les Germains et en particulier chez les Francs ; il refuse de voir dans une ou deux phrases de
Tacite
trop sollicites la preuve d’une assemblee de la nation dans les tribus franques ; il ne trouve dans les documents aucune trace de l’election des rois.
Il conteste qu'il y ait eu une noblesse chez les Francs formant une caste : il y a de riches proprietaires, d’anciennes familles, des familiers des rois, de hauts officiers royaux, mais rien qui rappelle les ordres privilegies
[
19
]
. Fustel ne rencontre la noblesse chez les Germains que chez ceux qui sont restes en Germanie. Les peuples installes dans l’Empire ne connaissent plus que la noblesse des
optimates
, c’est-a-dire des fonctionnaires royaux ; cette conception est d’une grande modernite pour l’epoque et elle a ete rehabilitee recemment par les recherches des specialistes comme
Walter Goffart
(en)
,
Karl Ferdinand Werner
ou
Walter Pohl
(en)
[
20
]
,
[
21
]
,
[
22
]
. Les pouvoirs du roi merovingien sont surtout romains, empruntes deliberement a la panoplie politique de Rome. Les Francs reutilisent la hierarchie administrative et sociale qu’ils trouvent sur place en
Gaule
.
Il y a chez Fustel une idee fixe : la distinction des races, des divers peuples de l’Europe n’explique rien ; elle ne s’applique a aucune des institutions qu’il etudie et qui toutes ont des origines diverses et procedent d’un seculaire travail de la societe sur elle-meme. Ces institutions se retrouvent a la fois chez les Romains et les Germains. D’ou le refus definitif et constant de toute explication des institutions et des realites sociales a fondement racial, que ce soit au profit ou detriment du germanisme
[
23
]
.
La recherche de la longue duree, l’insistance sur l’evolution interne des institutions, la negation de l’idee de conquete organisee, consciente et volontaire sont systematiques chez Fustel et aboutissent a l'idee d'une sorte de disparition des races par leur fusion au profit d’un melange a la fois physique et moral : de meme que les
Gaulois
s’etaient faits latins, les
Francs
peu nombreux se sont faits gallo-romains ; les Gallo-Romains formeront par fusion et assimilation reciproques un nouveau peuple dont cette diversite d’origine fait la noblesse
[
23
]
.
Fustel ne nie pas la diversite des races mais l'importance de leur existence dans l'histoire de la Gaule du fait meme de leur fusion et du role autrement important selon lui du fait institutionnel.
Importance des institutions et de la longue duree
[
modifier
|
modifier le code
]
En tant qu'historien, Fustel comme
Mommsen
son contemporain, attribuent une grande importance aux institutions qui recouvrent ou du moins determinent presque tout le champ de l’histoire. Une des consequences de cette conviction, c’est la prise en compte, la predominance si l’on veut, de la tres longue duree, c’est-a-dire de la continuite, sur le court terme
[
24
]
. Les institutions ne naissent pas du caprice des hommes, du hasard des evenements, qui n’ont de portee que s’ils viennent s’inserer dans une lente et longue maturation, une sorte d’autogenese. Mais cette evolution, produit des changements si considerables dans les choses et les mots que toute communication directe devient impossible entre l’homme et son passe. Sauf par l’effort d’un artefact nouveau : l’histoire en tant que science.
Selon Fustel de Coulanges, le resultat de la conquete romaine a d’abord ete d’eviter que la Gaule ne tombe sous la domination des Germains, puis d’operer par la seule force d’attraction de la superiorite romaine une romanisation de la Gaule
[
25
]
. Pour Fustel de Coulanges
[
26
]
: ≪ Notre societe a pris alors des habitudes, un genre d’esprit, que rien depuis n’a pu nous enlever ; elle est restee en grande partie romaine. On dit generalement que nous sommes de race latine ; ce n’est pas exact. Il n’y a pas de sang latin dans notre sang. Les Romains ne se sont pas etablis chez nous ; il n’y avait pas de garnisons romaines dans le pays, excepte a la frontiere. (…) Le sang romain ne s’est donc pas infuse dans le notre. Mais l’esprit romain s’est infuse en nous. Nous ne sommes pas de race latine, mais nous sommes d'esprit latin. ≫ L'esprit latin s'est infuse par le biais de quelques institutions
[
26
]
: ≪ Comme institution [les Romains] apportent le regime de la cite, c’est-a-dire un systeme regulier de magistratures electives, avec un Senat et des Assemblees populaires. Comme principe politique, l’habitude de la discipline. Comme principe social, l’egalite de tous devant la loi. ≫
Fustel a une vision positive de la conquete romaine car elle a permis l’unite politique des Gaules prefigurant la France et rendue manifeste par le culte rendu au culte des trois Gaules a Lyon et par l'etablissement d'institutions municipales : les soixante-quatre cites etablies apres la conquete avec leurs institutions apparemment democratiques mais plus generalement aristocratiques
[
27
]
.
C'est par les institutions romaines que la
Gaule
a ete romanisee en esprit sur la longue duree.
Concernant les origines du systeme feodal, il introduit sur cette question une distinction sur laquelle s’appuie toujours la science actuelle. Il faut selon lui distinguer deux choses.
D'un cote, l'histoire de la grande propriete fonciere, du domaine rural, dont la physionomie, la structure remonte au Bas-Empire et qui demeure pratiquement inchangee du
IV
e
au
IX
e
siecle ; ce grand domaine possede en propriete
quiritaire
par un grand proprietaire est divise en deux parts, l’une exploitee directement, la reserve, l’autre distribuee en tenures a des esclaves, des affranchis ou de colons partiaires ; elle n’a pas subi dans sa nature de transformations a la suite des invasions germaniques
[
28
]
.
De l'autre, l'histoire de la feodalite n'a rien a voir avec cette histoire de la propriete rurale : la feodalite se developpa a la fin du
VIII
e
siecle et sortit de trois institutions : le benefice, le patronage, l’immunite : le precaire etant des la fin de la republique l’equivalent du benefice ; la clientele personnelle etait alors la forme que prenait la recommandation ; enfin, par l’immunite, qui se developpe a partir du palais du roi, la royaute soustrait certains grands domaines a l’autorite de ses agents. Mais ces trois coutumes ont en commun un caractere : elles concernent non plus les terres mais les hommes, elles creent des liens reciproques de sujetion entre les hommes sur une meme terre
[
28
]
.
Plusieurs
lycees Fustel-de-Coulanges
ont ete nommes en hommage a Numa Denis Fustel de Coulanges.
La salle de lecture de la
Bibliotheque de la Sorbonne
reservee a l'Antiquite et au Moyen Age a ete nommee Salle Numa Denis Fustel de Coulanges
[
29
]
.
Plusieurs rues portent son nom, notamment
a Massy
et dans le
5
e
arrondissement de Paris
.
- ↑
Note biographique sur Persee
- ↑
Voir les reeditions des
Questions contemporaines
. L'Action francaise celebre en 1905 avec eclat le
75
e
anniversaire de sa naissance ; en 1926, elle cree un
Cercle d'etude Fustel de Coulanges
; Fustel est alors pour citer
Charles Maurras
: L'"historien bien francais, different des 3 Reinach et des 400 Monod".
Catherine Valenti
L'Action Francaise et le cercle Fustel de Coulanges a l'ecole de l'Antiquite (premiere moitie du
XX
e
siecle
Anabases, 4/2006
- ↑
Stephen Wilson,
Fustel de Coulanges and The Action Francaise
sur Jstor
- ↑
Francois Heran, L'institution demotivee. De Fustel de Coulanges a Durkheim et au-dela, Revue francaise de sociologie, 1987 sur www.persee.fr
- ↑
Gustave Chaix d'Est-Ange
,
Dictionnaire des familles francaises anciennes ou notables a la fin du
XIX
e
siecle
, tome 19, pages 351 a 352
Fustel de Coulanges
.
- ↑
Paul Guiraud
,
Fustel de Coulanges
, Paris, Hachette, 1896, p. 2. Fustel disait de M. Massin ≪ C'est a cet homme excellent que je dois mon instruction ≫.
- ↑
https://eslettres.bis-sorbonne.fr/notice/Doctorant/5204
, consulte le 04 decembre 2023.
- ↑
Numa Denis Fustel de Coulanges,
Polybe, ou, la Grece conquise par les Romains
, Amiens, T.Jeunet, 1858, 108 p., URL :
https://books.google.fr/books?id=pbhXAAAAcAAJ&hl=fr&pg=PP11#v=onepage&q&f=false
, consulte le 04 decembre 2023.
- ↑
Numa Denis Fustel de Coulanges,
Quid Vestae cultus in institutis veterum privatis publicisque valuerit ?
, Amiens, T.Jeunet, 1858, 64 p., URL :
https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001105497387/IMG00000001
, consulte le 04 decembre 2023.
- ↑
Charles Bayet
,
Emile Belot, sa vie, son enseignement, ses travaux : Discours prononce a la seance de rentree des Facultes de Lyon, le 3 novembre 1886
, Lyon,
, 36
p.
(
BNF
30070113
,
lire en ligne
)
,
p.
10
.
- ↑
Claude Nicolet
1889 Reflexions sur Fustel de Coulanges
, Comptes-rendus des seances de l'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1989
- ↑
Nombreuses reeditions ; en 1917, sous le titre de
Questions contemporaines
- ↑
Christophe
Charle
, ≪
42. Fustel de Coulanges (Numas, Denis)
≫,
Publications de l'Institut national de recherche pedagogique
,
vol.
2,
n
o
1,
,
p.
76?77
(
lire en ligne
, consulte le
)
- ↑
Le Moyen Age au miroir du XIXe siecle,(1850-1900)
, Editions L'Harmattan, 2003 - 122 pages
, p. 23.]
- ↑
a
b
et
c
Nicolet 2003
,
p.
220.
- ↑
Alain Guerreau
Fustel de Coulange medieviste
, Revue Historique, Avril-Juin 1986
- ↑
Historiographie du XIXe siecle. Fustel de Coulanges (1830-1889)
- ↑
a
et
b
Nicolet 2003
,
p.
218.
- ↑
a
et
b
Nicolet 2003
,
p.
221.
- ↑
K.-F. Werner,
Conclusions
, p. 262.
- ↑
W. Goffart,
Barbarians and Romans, AD 418-574, The techniques of accomodation
, Princeton University Press, 1980.
- ↑
W. Pohl (et Ian Wood), ed.,
Kingdoms of the Empire, The inegration of Barbarians in the late antiquity
, NY/Leyde, Bril, 1977, p. 153-180.
- ↑
a
et
b
Nicolet 2003
,
p.
223.
- ↑
Nicolet 2003
,
p.
219.
- ↑
Nicolet 2003
,
p.
209.
- ↑
a
et
b
Nicolet 2003
,
p.
210.
- ↑
Nicolet 2003
,
p.
226.
- ↑
a
et
b
Nicolet 2003
,
p.
222.
- ↑
≪
Salles thematiques
≫, sur
www.bis-sorbonne.fr
(consulte le
)
- Quid Vestæ cultus in institutis veterum privatis publicisque valuerit?
Amiens, T. Jeunet, 1858.
- Polybe ou la Grece conquise par les Romains.
Amiens, T. Jeunet, 1858. reedition 1980, Milan, Jovene Editore,
con una nota di lettura di
Bertrand Hemmerdinger
.
- La Cite antique
, Paris, Durand, 1864. En 1866 une
2
e
edition a paru chez Hachette, en 1878 une
7
e
edition revue et augmentee.
- Histoire des institutions politiques de l'ancienne France. Premiere partie. L'Empire romain, les Germains, la royaute merovingienne
. Paris, Hachette, 1875.
Prix Therouanne
de l’
Academie francaise
en 1875. Une deuxieme edition ≪ revue, corrigee et augmentee ≫ a paru en 1877. Repris en plusieurs volumes dans
Histoire des anciennes institutions francaises
, Paris, Hachette, 1901-1914. Les six volumes de
L'histoire des institutions politiques de l'ancienne France
ont ete reedites en 1964 a Bruxelles par la librairie Culture et Civilisation.
- Recherches sur quelques problemes d'histoire
, Paris, Hachette, 1885.
2
e
edition en 1894.
4
e
edition en 1923.
- La Monarchie franque
, Paris, Hachette, 1888.
6
e
edition en 1930.
- L'Alleu et le domaine rural pendant la periode merovingienne
, Paris, Hachette, 1889.
5
e
edition en 1931.
- La Gaule romaine
. Ouvrage revu et complete sur le manuscrit et d'apres les notes de l'auteur, par
Camille Jullian
. Paris, Hachette, 1891.
1
er
volume de
Histoire des institutions politiques de l'ancienne France
.
2
e
edition en 1938,
3
e
edition en 1998.
- L'Invasion germanique et la fin de l'empire
. Ouvrage revu et complete sur le manuscrit et d'apres les notes de l'auteur, par Camille Jullian. Paris, Hachette, 1891.
2
e
volume de
Histoire des institutions politiques de l'ancienne France
.
6
e
edition en 1930.
- Nouvelles recherches sur quelques problemes d'histoire...
revues et completees d'apres les notes de l'auteur, par Camille Jullian. Paris, Hachette, 1891.
2
e
edition en 1923.
- Les Transformations de la royaute pendant l'epoque carolingienne
. Ouvrage revu et complete sur le manuscrit et d'apres les notes de l'auteur, par Camille Jullian. Paris, Hachette, 1892.
6
e
volume de
Histoire des institutions politiques de l'ancienne France
.
7
e
edition en 1937.
- Questions historiques
, revues et completees d'apres les notes de l'auteur, par Camille Jullian. Paris, Hachette, 1893.
- Questions contemporaines
, Paris, Hachette, 1916,
4
e
edition en 1930.
- Lecons a l'imperatrice sur les origines de la civilisation francaise
, Paris, Hachette, 1930. Publie par Pierre Fabre.
- Histoire des institutions politiques de l'ancienne France
, sur Gallica,
Tome 1
La Gaule romaine,
Tome 2
L'invasion germanique et la fin de l'empire,
Tome 3
La monarchie franque,
Tome 4
L'alleu et le domaine rural pendant l'epoque merovingienne,
Tome 5
Les origines du systeme feodal,
Tome 6
Les transformations de la royaute pendant l'epoque carolingienne
- ≪
De l'inegalite du wergeld dans les lois franques
≫,
Revue historique
,
t.
2,
,
p.
460-489
(
lire en ligne
)
- Leon Aucoc
,
Academie des sciences morales et politiques
, seance publique annuelle du 28 novembre 1891 : discours du president
, Paris,
Imprimerie Firmin Didot
,
, 116
p.
, in-4°
. ? Contient aussi une
Notice historique sur la vie et les travaux de M. Fustel de Coulanges
, par
Jules Simon
.
- Camille Jullian
,
Extraits des historiens francais du
XIX
e
siecle ; publies, annotes et precedes d'une introduction sur l'histoire en France
, Paris, Hachette, 1913, (
7
e
ed.).
- Paul Guiraud
,
Fustel de Coulanges
, Paris, Hachette, 1896
Lire en ligne sur Gallica
- Gabriel Monod
, Portraits et souvenirs, 1897.
- (en)
Jane Herrick
The historical thought of Fustel de Coulanges
, Catholic University of America, Washington D.C 1954.
- Felix Bourriot
,
Recherche sur la nature du Genos
, Paris, Honore Champion, 1976.
- Moses I. Finley
, ≪ La Cite antique. De Fustel de Coulanges a
Max Weber
et au-dela ≫ in
Mythe, Memoire, Histoire
, Paris, Flammarion, 1981,
p.
89-120.
- Arnaldo Momigliano
, ≪
La Cite antique
de Fustel de Coulanges ≫ in
Problemes d'historiographie ancienne et moderne
, Paris, Gallimard, 1983,
p.
402-423.
- Pierre Vidal-Naquet
,
Preface
a
L'invention de la politique
, de Moses I. Finley, Flammarion 1985.
- Andrea Galatello-Adamo,
Le mura e gli uomini. Societa e politica in N. D. Fustel de Coulanges
, Edizioni scientifiche italiane, Naples, 1987.
- Francois Hartog
,
Le
XIX
e
siecle et l'histoire. Le cas Fustel de Coulanges
, Paris, Presses Universitaires de France, 1988.
- Gabor Hamza, Some Thoughts on the Contemporary Significance of the Work ?La cite antique” of Fustel de Coulanges, Acta Facultatis Politico-iuridicae Universitatis Scientiarum Budapestinensis de Rolando Eotvos nominatae 32 (1990) pp. 199?201.
- Gabor Hamza, Some Thoughts on the Work ?La cite antique” of Fustel de Coulanges, Jogtudomanyi Kozlony 56 (2001) pp. 326?328.
- Gabor Hamza, Fustel de Coulanges: La Cite antique, ELTE Eotvos Kiado, Budapest, 2003.
- Claude Nicolet
,
La fabrique d'une nation. La France entre Rome et les Germains
, Paris, Perrin,
coll.
≪ Pour l'histoire ≫,
(
ISBN
2-262-01633-X
)
,
chap.
9 (≪ Fustel de Coulanges ou le refus de la conquete ≫)
.
- Gabriel Privat (
pref.
Axel Tisserand),
Fustel de Coulanges
, Paris, Editions de Flore,
, 657
p.
(
ISBN
978-2-900689-31-8
)
Sur les autres projets Wikimedia :