Nianshou
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Dans le folklore
chinois
,
Nianshou
(
chinois traditionnel
: 年獸 ;
chinois simplifie
: 年? ;
pinyin
: nian shou) ou
Nian
est un animal malefique a tete de lion et corps de taureau qui aurait selon la tradition donne son nom a l’annee (
nian
: an ;
shou
: bete). Sa legende est liee aux coutumes du
Nouvel An chinois
. Il est represente comme un lion des
danses de lions
, bien que ces derniers soient des animaux auspicieux.
Dans les temps anciens, il existait un animal feroce qui, une fois par hiver, descendait des montagnes ou sortait des bois pour s’approcher des villages, devorant les gens sur son passage. Il ne venait qu’a la nuit tombee et disparaissait au lever du jour. Les annees passant, la population finit par connaitre ses points faibles et savoir predire le soir de sa venue. La bete craignait la lumiere, le bruit et la couleur rouge. La resistance fut bientot au point. Chaque hiver, a l’approche du soir fatidique, les villageois accrochaient des decorations rouges aux portes, barricadaient betes et gens a l’interieur et, n’osant pas s’endormir, bavardaient en mangeant les nombreux plats qu’ils avaient prepares en prevision de la nuit de veille. Lorsqu’ils entendaient Nian roder pres de leur maison, ils tapaient sur des casseroles pour le faire fuir. Ils passaient ainsi cette nuit sans dommage. Par la suite, le dieu stellaire Ziwei (紫微) decida de descendre sur terre pour enchainer Nian, qui cessa definitivement de troubler les humains. Ces coutumes sont repetees la nuit du reveillon a travers les petards, les feux de bengale et autres feux d’artifice, ainsi que les caracteres auspicieux (
duilian
) traces sur papier rouge et colles sur les portes.
Selon une legende, il y avait dans l'antiquite un animal etrange et particulierement feroce avec des cornes sur la tete, nomme nian. L'animal vivait au fond de la mer et mettait pied a terre a la veille du Nouvel An pour devorer le betail et les gens. Chaque annee, par consequent, les villageois emmenaient les vieillards et les enfants dans les montagnes desertes pour y fuir la ferocite de l'animal.
Une veille du Nouvel An, un mendiant age arrive au village de Taohua, une canne a la main, un sac a l'epaule, a la barbe blanche et aux yeux brillants. Une vieille dame de l'est du village l'a persuade de fuir le nian dans les montagnes. Le vieux monsieur eclate de rire, la main a la barbe : "Si Madame me permet de rester une nuit chez vous, je chasserai l'animal".
A minuit, le nian entre dans le village. S'apercevant que dans la famille de la vieille dame a l'est du village, des papiers rouges ont ete colles a la porte et que la maison est particulierement eclairee, l'animal se jette sur la maison en poussant un cri sauvage. Pres de la porte, tout d'un coup s'elevent des sons pif ! paf ! dans la cour. Pris de frissons des pieds a la tete, l'animal se sauve a toutes jambes. En effet, le nian a peur du rouge, des flammes et des detonations.
Le lendemain, le 1er janvier, les refugies sont rentres au village. Voyant que tout est intact, ils se ruent vers la famille de la vieille dame et ils voient des papiers rouges a la porte, des bouts de bambous qui emettent encore des sons pif ! paf ! dans la cour et quelques bouts de bougies encore en train de bruler dans la maison ...
Fous de joie, les villageois changent d'habit et de chapeau pour celebrer l'avenement du bon augure et vont presenter leurs felicitations a leurs parents et amis. L'affaire est rapidement connue dans les villages voisins. On connait ainsi la facon de chasser le nian.
Desormais, une fois a la veille du Nouvel An, toutes les familles collent des papiers rouges paralleles a la porte, tirent des petards, allument des bougies toute la nuit et restent eveillees jusqu'au lever du soleil. Au petit matin du 1er janvier, on va se souhaiter la bonne annee dans les familles.
Avec sa diffusion, l'usage a evolue pour devenir la plus grande fete traditionnelle du peuple chinois.
Aussi populaire que soit le mythe de Nian dans le
monde chinois
, sa date d’apparition et son origine geographique exacte restent inconnues.
Il existe en
chinois
deux caracteres signifiant ≪ annee ≫.
Sui
(
?
/
歲
) designe a l’origine l’
annee astronomique
, mesuree par la revolution de Jupiter dont elle represente 1/12 ; Taisui (
太?
/
太歲
) est le dieu de Jupiter. En chinois moderne,
sui
designe les annees d’age, qui change traditionnellement le premier ou le septieme jour du Nouvel An chinois, et non a la date de naissance.
Quant a
nian
(
年
), il signifie ≪ annee ≫ dans tous les autres sens. Selon le
Shuowen jiezi
(
?文
/
說文解字
,
shu?wen ji?zi
) de
Xu Shen
(
??
/
許?
,
x? shen
58
?
147
), dictionnaire datant des
Han
,
nian
signifie ≪ maturite des cultures ≫ ; son sens s’est etendu a ≪ recolte ≫, evenement typiquement annuel en Chine du Nord, puis a ≪ annee ≫. Nian ne serait donc pas a l’origine le nom d’un animal.
Deux themes de sa legende semblent cependant avoir ete tres tot lies a la periode du Nouvel An : la nuit de veille et la lutte contre les forces malefiques attaquant les humains en cette periode charniere qu’on appelle aussi
niang?an
(
年?
/
年關
), ≪ sas ≫ ou ≪ epreuve ≫ de l’annee. Passer le reveillon,
guonian
(
?年
/
過年
) se dit aussi
aonian
(熬年), de
ao
, ≪ subir ≫ ou ≪ supporter en rongeant son frein ≫, impliquant l’idee d’une epreuve.
La coutume du repas de reveillon, qui doit etre pris tres lentement jusque tard dans la nuit, appelee
sh?usui
(
守?
/
守歲
), ≪ veiller l’annee ≫, existait deja sous les
Dynasties du Nord et du Sud
, puisqu’elle est mentionnee dans la premiere moitie du
VI
e
siecle
par Song Lin (宋?) dans
Coutumes de Jing et Chu
(
?楚???
/
荊楚歲時記
,
j?ng ch?sui shiji
) ; elle semble exprimer un souhait de longevite.
Quant a la lutte contre les forces malefiques, on en trouve la premiere mention dans le
Livre des Han
(
I
er
siecle) qui decrit un rituel appele
nuo
(
?
/
儺
) pratique a la cour aux environs du Nouvel An : de tres jeunes gens costumes mimaient un combat avec des betes feroces qu’ils chassaient du palais.
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