≪ Vive la Montagne ; vive la Republique une et indivisible ≫,
estampe d'Etienne Bericourt, 1793.
Histoire
Fondation
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Dissolution
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Organisation
Membres principaux
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Positionnement
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Ideologie
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La
Montagne
(ses membres etant appeles ≪ les
montagnards
≫) est un groupe politique de la
Revolution francaise
, a la
Convention nationale
, compose des revolutionnaires les plus radicaux et opposes aux
girondins
.
Pendant la
Revolution francaise
, les deputes de l'
Assemblee legislative
de
1791
les plus a gauche prirent le nom de montagnards (formant le groupe de la
Montagne
), alors que les deputes des bancs les plus moderes prenaient le nom de
Plaine
ou de
Marais
. Si l'appellation ≪ girondins ≫ pour qualifier le groupe des fideles de
Brissot
renvoie a leur origine geographique
bordelaise
, celle de ≪ montagnards ≫ continue de susciter des interrogations parmi les historiens. Plusieurs explications sont avancees.
L'une des plus courantes veut que ces deputes siegent a gauche sur les bancs les plus eleves de cette assemblee, d’ou les references a la ≪ Montagne ≫, et, par opposition, a la ≪ Plaine ≫. Selon L. Maitrier, cette opposition correspond plus generalement a la topographie politique parisienne, puisque la gauche de l'Assemblee nationale etait issue des milieux
clericaux
des quartiers de la
montagne Sainte-Genevieve
, et se reunissait au
couvent des Cordeliers
, tandis que la droite etait issue des milieux financiers etablis dans les quartiers de la
plaine de la Rive droite
(entre la
place Vendome
et le
Palais-Royal
), et se reunissait au
couvent des Feuillants
[
2
]
.
Cette opposition se trouvait egalement deja dans un texte classique, connu des revolutionnaires : la ≪ Vie de
Solon
≫, issue des
Vies paralleles
, ou
Plutarque
decrit en ces termes les divisions politiques a
Athenes
:
≪ Les habitants de la montagne soutenaient avec force la democratie, ceux de la plaine l’oligarchie ; les habitants de la cote formaient un troisieme parti, favorable a une forme de gouvernement intermediaire… ≫
.
De plus, on ne peut exclure, de la part d'un courant politique impregne de sa philosophie, un hommage aux
Lettres ecrites de la montagne
de
Jean-Jacques Rousseau
.
Enfin, M. Belissa et Y. Bosc avancent quant a eux que les montagnards ne se nomment pas ainsi parce qu'ils se situent au sommet des bancs de l'Assemblee, mais parce que la montagne est un symbole de liberte, entendue, comme le veut la tradition des
Lumieres
depuis
Montesquieu
, comme obeissance a la loi qu'on s'est donne a soi-meme. Ainsi, le nom de montagne fait a la fois echo, selon ces historiens, a l'histoire biblique des
tables de la loi
recues par
Moise
sur le
mont Sinai
(la
declaration des Droits de l'homme
serait la nouvelle loi, le ≪ Sinai des droits de l'homme ≫), et a l'idee de liberte (
via
la metaphore de la montagne) comme l'enjeu politique le plus difficile, auquel il est neanmoins necessaire de faire face, ce que revendiquent les montagnards
[
3
]
.
Au
Club des jacobins
et dans la presse, s'ouvre, vers
, un grand debat sur l'opportunite de declencher une guerre contre l'Europe
[
4
]
. A
Brissot
,
Vergniaud
,
Guadet
,
Gensonne
,
Condorcet
,
Carra
,
Roederer
, partisans de la guerre a outrance, s'opposent notamment
Maximilien Robespierre
,
Georges Danton
,
Jean-Paul Marat
,
Nicolas Billaud-Varenne
,
Camille Desmoulins
,
Francois Nicolas Anthoine
,
Philibert Simond
,
Jean-Marie Collot d'Herbois
,
Stanislas Freron
,
Etienne-Jean Panis
, Jean-Christophe Merlin (ou
Merlin de Thionville
),
Francois Chabot
,
Claude Basire
,
Louis-Joseph Charlier
,
Francois Robert
,
Pierre-Jean Audouin
,
Philippe Fabre d'Eglantine
,
Edmond Dubois-Crance
,
Pierre Joseph Duhem
,
Laurent Lecointre
,
Lambert Tallien
[
5
]
. Contrairement aux premiers, ces derniers soutiennent que les ennemis de l'interieur sont plus dangereux que les ennemis de l'exterieur. On peut aussi a ce titre citer le plan d'abolition totale des droits feodaux presente par
Georges Couthon
, montagnard qui en decembre 1791 s'etait plutot montre favorable a la guerre. Mais presente le 29 fevrier 1792 a l'assemblee legislative il prolonge le plan presente par Robespierre le 10 fevrier au club des jacobins, comme une alternative a l'epopee guerriere. Devenus ou redevenus deputes a la Convention nationale, ils siegent alors a la Montagne. S'etaient egalement engages dans ce combat anti-belliciste leurs soutiens,
Jacques Hebert
, Amedee Doppet, Antoine Santerre,
Marc-Antoine Jullien
(ou Jullien de Paris), Joseph Dusaulchoy,
Sylvain Marechal
,
Anaxagoras Chaumette
, auxquels on peut ajouter le jeune jacobin, F. Machenaud, mort prematurement en
.
Favorables a la Republique, domines par
Georges Danton
,
Jean-Paul Marat
et
Maximilien de Robespierre
, les montagnards connurent leur apogee au printemps de
1793
, avec 300 deputes a la
Convention nationale
, pour la plupart elus de la
Seine
et des grandes villes. Hostiles a la monarchie, favorables a une "democratie" centralisee, les montagnards, proches de la petite bourgeoisie, firent condamner a mort
Louis
XVI
, firent en
et
rejeter toutes les manœuvres dilatoires de la
Gironde
ou de la Plaine visant a sauver le roi, telles que l'appel au peuple et le sursis. Dans la prise en compte statistique du groupe montagnard a la Convention, deux historiennes, Alison Patrick et Francoise Brunel, ajoutent deux autres scrutins de l'annee 1793 : les votes contre la mise en accusation de Marat en
et fin mai contre le Retablissement de la Commission des Douze. De mars a
; voire aussi les combats de l'an III par les "Derniers Montagnards". Apres leur election a la Convention en 1792 les montagnards s’appuyerent sur les
sans-culottes
et combattirent a nouveau aprement cette fois-ci sur les questions economiques, sociales et militaires les girondins, devenus alors les seuls representants de la bourgeoisie aisee. Ils finirent par les evincer du pouvoir le
.
Dominant la Convention et le
Comite de salut public
, ils imposerent une politique de
Terreur
. Les montagnards se scinderent alors en plusieurs courants distincts, ceux qui etaient partisans d'une alliance avec le peuple et de mesures sociales menees par
Maximilien de Robespierre
et les tenants d'une Terreur ponctuelle menee par
Georges Jacques Danton
. Par ailleurs, plusieurs deputes montagnards etaient proches des
enrages
de
Jacques Roux
ou des
hebertistes
menes par
Jacques-Rene Hebert
. En
, ils se reconcilient au nom du genre humain, par le vote de l'abolition de l'esclavage colonial et l'introduction consecutive sur les bancs de la Montagne de trois nouveaux deputes de Saint-Domingue : le Blanc
Louis-Pierre Dufay
, le Metis
Jean-Baptiste Mills
et le Noir
Jean-Baptiste Belley
chaleureusement accueillis a la Convention par Camboulas, Maribon-Montaut, Danton, Delacroix, Rene Levasseur, l'abbe Gregoire les 3, 4 et 5 fevrier 1794 (15, 16 et 17 pluviose an II). Momoro les fait inscrire le soir du 4 fevrier au club des Jacobins. Chaumette organise avec les trois nouveaux deputes une fete au temple de la Raison le 18 fevrier (30 pluviose) Hebert publie un article tres enthousiaste pour cette fete et l'arrivee des "trois rois mages" le surlendemain(20 fevrier-2 ventose).
Les Enrages, qualifies de subversifs car exprimant la volonte populaire contre les speculations et magouilles commercantes, furent mis a mort par les Montagnards et les hebertistes. Les hebertistes appelant a une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant echoue, le gouvernement revolutionnaire fit arreter, dans la nuit du
au
(23-
24
ventose
an
II
), Hebert et les principales figures du
Club des cordeliers
. Tous furent condamnes a mort et executes dix jours plus tard, le
. Par la suite, ce fut au tour des
indulgents
, qui menaient campagne pour renverser le gouvernement, mettre fin a la Terreur et negocier une paix rapide avec les monarchies coalisees, d'etre elimines. Arretes, ils sont condamnes a mort le
4
germinal
an
II
(
) et guillotines, dont Georges Danton et Camille Desmoulins.
Apres la chute de
Maximilien de Robespierre
et de ses partisans le
9 thermidor an II
(
), les montagnards (que l'on a pris l'habitude de qualifier de montagnards de l'
an III
, pour les distinguer des montagnards ≪ dantonistes ≫, qui s'etaient allies aux moderes du
Marais
), de moins en moins nombreux et reunis dans le groupe des
Cretois
, tenterent de s’opposer a la
Convention thermidorienne
, mais en vain. Ils furent en grande partie elimines apres les insurrections de
germinal
et de
prairial
.
Au cours du dix-neuvieme siecle, la reference aux montagnards servira aux partisans de la Republique pour revendiquer leur filiation avec les redacteurs de la
Declaration des droits de l'homme et du citoyen
et rassembler autour de ces principes. Ainsi n'hesite-t-on pas, dans l'ambiance revolutionnaire de 1830, a glorifier la figure du montagnard en le designant comme :
≪ l'oppose, l'antagoniste, l'ennemi jure du
girondin
, car quiconque aime la vertu doit abhorrer le crime. Le montagnard est l'homme simple, naturel, qui cultive ses sentiments et sa raison, qui s'occupe sans cesse du bonheur d'autrui, qui fait la guerre aux oppresseurs de tout genre, qui ne transige jamais avec sa conscience, qui soulage les malheureux, qui ne reconnait dans l'amour de la patrie que l'amour de l'humanite et qui la sert de tout son pouvoir ; enfin c'est celui qui fait aux autres tout ce qu'il voudrait qu'on lui fit. Voila le Montagnard, le Republicain, le Democrate ≫
[
6
]
.
Sous la
Deuxieme Republique
, les deputes republicains heritiers de la revolution francaise par consequent places a gauche de l'hemicycle (
Armand Barbes
,
Alexandre-Auguste Ledru-Rollin
) reprirent le nom de
Montagne
pour designer leur groupe politique, tandis que les
royalistes
legitimistes
les plus ultras, partisans de ≪ l'appel au peuple ≫ et convaincus que le suffrage universel aboutirait a retablir la monarchie, adoptaient le nom de
≪ Montagne blanche ≫
[
7
]
.
- ↑
Lors de l’election des nouveaux deputes a la legislative le
, elle comportait une majorite de 350 deputes moderes ≪ Constitutionnels ≫, une aile droite constituee par plus de 250
feuillants
, divises entre ≪ fayettistes ≫ et ≪ lamethistes ≫ et une aile gauche ou l’on remarque 136 deputes inscrits aux
jacobins
(meme si l'etat-major girondin y est peu assidu, preferant les salons), parmi lesquels plusieurs provinciaux (dont Guadet, Gensonne et Vergniaud, originaires de Gironde, expliquant la denomination de la future Gironde), avec un petit groupe de democrates plus avances (Lazare Carnot, Robert Lindet, Georges Couthon). Voir Michel Vovelle,
La Chute de la Royaute, 1787-1792
, tome 1 de la
Nouvelle histoire de la France contemporaine
, Paris, Le Seuil, 1999,
p.
270-271
, et Jean-Claude Bertaud,
Camille et Lucile Desmoulins
, Presses de la Renaissance, 1986,
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157.
- ↑
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- ↑
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≪ Elle n’a pas meme epargne ses membres ! ≫ Les epurations de la Convention nationale entre 1793 et 1795
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Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes
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