L'execution de prisonniers chinois lors du massacre
Belligerants
Troupes des Indes orientales neerlandaises, divers groupes d'esclaves
|
Chinois d'Indonesie
|
Pertes
500 soldats neerlandais tues
|
>
10 000 tues,
>
500 blesses
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modifier
Le
massacre de Batavia
de 1740 (en
neerlandais
Chinezenmoord
, ≪ Meurtre des Chinois ≫, en
javanais
Geger Pacinan
, ≪ Troubles du quartier chinois ≫) est un
massacre
des
Chinois
ayant eu lieu a
Batavia
(aujourd'hui
Djakarta
) dans les
Indes orientales neerlandaises
. La violence a l'interieur de la ville a dure du 9 au
. Des escarmouches secondaires se sont poursuivies a l'exterieur des murs jusqu'en novembre de la meme annee.
Les troubles dans la population chinoise ont ete declenches par la repression gouvernementale et la baisse des revenus a la suite de la baisse des prix du sucre avant le massacre. En reponse, lors d'une reunion du
Conseil des Indes
(
Raad van Indie
, l'organe directeur de la
Compagnie neerlandaise des Indes orientales
), le
gouverneur general
Adriaan Valckenier declare qu'il faut faire face a tout soulevement avec une force meurtriere. Sa resolution prend effet le
, apres que des centaines de Chinois de souche, dont de nombreux travailleurs des sucreries, ont tue 50 soldats neerlandais. Les Neerlandais envoient des troupes qui confisquent toutes les armes de la population chinoise et placent celle-ci sous couvre-feu. Deux jours plus tard, effrayes par des rumeurs d'atrocites chinoises, d'autres groupes ethniques de Batavia commencent a bruler les maisons chinoises le long de la riviere Besar et les soldats neerlandais attaquent les maisons chinoises avec des canons. La violence se repand rapidement dans tout Batavia, amenant plus de morts chinoises. Bien qu'Adriaan Valckenier decrete une amnistie le
, des bandes de francs-tireurs continuent a pourchasser et tuer les Chinois jusqu'au
, lorsque Valckenier appelle plus energiquement a une cessation des hostilites. En dehors des murs de la ville, les troupes neerlandaises continuent a se battre pour maitriser les emeutes des travailleurs des sucreries et apres plusieurs semaines d'accrochages mineurs, les troupes dirigees par les Neerlandais attaquent les bastions chinois des sucreries de toute la region, repoussant les survivants a l'est dans la direction de
Bekasi
.
Les historiens ont estime qu'au moins 10 000 personnes d'origine chinoise ont ete massacrees ; le nombre des survivants est incertain, les estimations variant entre 600 et 3000. L'annee suivante, les Chinois sont attaques dans tout
Java
, declenchant une guerre de deux ans qui oppose les forces des chinois et des javanais aux troupes neerlandaises. Valckenier fut plus tard rappele aux
Pays-Bas
et accuse des crimes lies au massacre.
Gustaaf Willem van Imhoff
le remplace comme gouverneur general.
Le massacre est largement cite dans la
litterature neerlandaise
. Il constituerait aussi une etymologie possible du nom de plusieurs quartiers de
Jakarta
.
Pendant les premieres annees de la colonisation hollandaise des
Indes orientales
(aujourd'hui l'
Indonesie
), de nombreuses personnes d'origine chinoise ont ete engagees comme artisans qualifies dans la construction de
Batavia
, sur la cote nord-ouest de
Java
[
1
]
. Ils travaillent en tant que commercants, travailleurs des sucreries et boutiquier
[
2
]
.Le boom economique, precipite par le commerce entre les Indes orientales et la
Chine
via le port de Batavia, provoque l'augmentation de l'immigration chinoise a Java. Le nombre de Chinois de souche a Batavia augmente rapidement, atteignant un total de 10 000 personnes vers 1740. Des milliers d'autres vivant a l'exterieur de la ville
[
3
]
. Les colons hollandais les obligent a avoir des papiers d'enregistrement, et expulsent ceux qui ne sont pas en regle vers la Chine
[
4
]
.
La politique d'expulsion est renforcee au cours des annees 1730, apres une epidemie de
paludisme
qui a tue des milliers de personnes, y compris le
gouverneur general des Indes
orientales neerlandaises, Dirck van Cloon
[
4
]
,
[
5
]
. Selon l'historien indonesien Benny G. Setiono, l'epidemie est suivie d'une suspicion accrue et du ressentiment des
Indonesiens
d'origine et des Hollandais envers les Chinois de souche, qui sont de plus en plus nombreux et dont la richesse est de plus en plus visible
[
5
]
.
En consequence, le Commissaire aux affaires indigenes, Ferdinand Roy, sous les ordres du gouverneur general Adriaan Valckenier, decrete le
que les Chinois consideres comme suspects seront expulses vers
Ceylan
(dont le nom actuel est
Sri Lanka
) et forces de recolter la
cannelle
[
5
]
,
[
6
]
,
[
7
]
,
[
8
]
. Ainsi, les fonctionnaires neerlandais corrompus ont extorque de l'argent aux riches Chinois en les menacant d'expulsion
[
5
]
,
[
9
]
,
[
10
]
. Stamford Raffles, un explorateur britannique et historien de Java, a note que dans certains recits javanais, le capitaine chinois (le chef des Chinois de souche, nomme par les Hollandais) de Batavia, Ni Hoe Kong, disait aux Neerlandais d'expulser tous les Chinois habilles de noir ou de bleu parce que ceux-ci etaient consideres comme pauvres
[
11
]
. Il y avait aussi des rumeurs selon lesquelles les personnes expulsees n'arrivaient pas a destination, mais etaient jetees par-dessus bord une fois hors de vue de Java
[
3
]
,
[
9
]
et, selon certains recits, ils sont morts lors d'emeutes sur les navires
[
11
]
. L'expulsion des Chinois causa de l'emoi parmi les autres Chinois, en conduisant beaucoup a abandonner leur emploi
[
3
]
,
[
9
]
.
Dans le meme temps, les occupants indigenes de Batavia, y compris les serviteurs de l'ethnie
Betawi
, deviennent de plus en plus mefiants envers les Chinois. Les facteurs economiques y jouent un role : la plupart des indigenes sont pauvres, et voient les Chinois occupant certains des quartiers les plus prosperes de la ville
[
12
]
,
[
13
]
. Bien que l'historien hollandais A.N. Paasman note qu'a l'epoque les Chinois etaient les ≪ Juifs de l'Asie ≫
[
7
]
, la situation reelle est plus compliquee. Beaucoup de pauvres Chinois de la region de Batavia sont des travailleurs du sucre et se sentent exploites par les elites hollandaises comme chinoises
[
14
]
. De riches Chinois possedent des usines et sont impliques dans l'
affermage
et le trafic maritime. Ils tirent un revenu du broyage et de la distillation de l'
arrack
, boisson alcoolique a base de melasse et de riz
[
14
]
,
[
15
]
. Cependant, les maitres hollandais fixent le prix du sucre, ce qui entraine de l'insatisfaction
[
16
]
. En raison de la baisse mondiale des cours du sucre, qui avait commence dans les annees 1720, provoquee par une augmentation des exportations vers l'Europe et la concurrence des Antilles
[
17
]
,
[
18
]
, l'industrie sucriere des Indes orientales avait beaucoup souffert. En 1740, le cours mondial du sucre a chute a la moitie du prix de 1720. Comme le sucre est un produit d'exportation majeur, cela cause des difficultes financieres considerables pour la colonie
[
19
]
.
Au debut, certains membres du Conseil des Indes (Raad van Indie) croient que les Chinois ne s'attaqueront jamais a Batavia
[
9
]
, et le renforcement des mesures visant a controler les Chinois est bloque par une faction dirigee par l'adversaire politique de Valckenier, l'ancien gouverneur de Ceylan Gustaaf Willem van Imhoff, qui revient a Batavia en 1738
[
20
]
,
[
21
]
,
[
22
]
. Cependant, de grands nombres de Chinois arrivent a l'exterieur de Batavia depuis des colonies voisines, et le
Valckenier convoque une reunion d'urgence du Conseil, au cours de laquelle il donne des ordres pour repondre a toutes insurrection des Chinois avec une force meurtriere
[
5
]
. Cette politique continue d'etre combattue par la faction van Imhoff. Vermeulen (1938)
[
note 1
]
a suggere que la tension entre les deux factions coloniales a joue un role dans le massacre qui s'ensuivit
[
6
]
.
Dans la soiree du
1
er
octobre, Valckenier recoit des rapports selon lesquels une foule d'un millier de chinois s'etait rassemblee devant la porte, irritee par ses declarations lors de la reunion d'urgence tenue cinq jours plus tot. Ce rapport est recu avec incredulite par Valckenier et le Conseil
[
23
]
. Cependant, apres l'assassinat d'un sergent balinais par les Chinois hors des murs, le Conseil decide de prendre des mesures extraordinaires et de renforcer la garde
[
10
]
,
[
24
]
. Deux groupes de 50 Europeens et quelques porteurs indigenes sont envoyes aux avant-postes des cotes Sud et Est de la ville
[
25
]
, et un plan d'attaque est elabore
[
10
]
,
[
24
]
.
Apres que des groupes de travailleurs chinois des sucreries se sont revoltes en utilisant des armes de fortune pour piller et bruler les sucreries
[
14
]
, des centaines de Chinois
[
note 2
]
, que l'on soupconne d'avoir ete diriges par le capitaine chinois Ni Kong Hoe
[
note 3
]
, tuent 50 soldats neerlandais a Meester Cornelis (aujourd'hui
Jatinegara
) et
Tanah Abang
, le
[
5
]
,
[
10
]
. En reponse, les Neerlandais envoient une troupe de 1800 soldats reguliers, accompagnes de
Schutterij
(milice bourgeoise) et onze bataillons de conscrits pour arreter la revolte ; ils etablissent un
couvre-feu
et annulent un festival chinois
[
5
]
. Craignant que les Chinois ne conspirent contre les colons a la lumiere des chandelles, il est interdit a ceux de l'interieur des murs de la ville d'allumer des bougies et ils sont contraints d'abandonner tout ≪ jusqu'au plus petit couteau de cuisine ≫
[
26
]
. Le lendemain, les Neerlandais repoussent, aux murs exterieurs de la ville, une attaque de 10 000 Chinois, dirigee par des groupes de
Tangerang
et de
Bekasi
[
6
]
,
[
27
]
. Raffles note que 1 789 Chinois sont morts dans cette attaque
[
28
]
En reponse, Valckenier convoque une autre reunion du Conseil le
[
6
]
,
[
27
]
.
Pendant ce temps, des rumeurs se repandent parmi les autres groupes ethniques a Batavia, y compris parmi les esclaves de
Bali
et des
Celebes
, les troupes
Bugis
et
balinaises
, que les Chinois ont l'intention de les tuer, violer ou les reduire en esclavage
[
4
]
,
[
29
]
. Ces groupes brulent de maniere preventive les maisons appartenant a la minorite chinoise le long de la riviere Besar. Les Neerlandais continuent ceci par un assaut contre les autres quartiers chinois de Batavia ou ils brulent des maisons et tuent les gens. Le politicien neerlandais, critique du colonialisme,
W.R. van Hoevell
ecrit que ≪ les femmes enceintes et allaitantes, les enfants et les vieillards tremblants sont passes au fil de l'epee. Des prisonniers sans defense sont abattus comme des moutons ≫
[
note 4
]
,
[
30
]
.
Les troupes commandees par le lieutenant Hermanus van Suchtelen et le capitaine Jan van Oosten, un survivant de
Tanah Abang
, prennent position dans le quartier chinois : Suchtelen et ses hommes se positionnent au marche des volailles, tandis que les hommes de van Oosten occupent un poste le long du canal d'a cote
[
31
]
Aux environs de 17 heures, les Hollandais ouvrent le feu au canon sur les maisons occupees par les chinois, les mettant en feu
[
32
]
,
[
8
]
. Certains Chinois meurent dans les maisons en flammes, tandis que d'autres sont abattus a la sortie de leurs maisons ou se suicident de desespoir. Ceux qui atteignent le canal pres du quartier d'habitation sont tues par les troupes neerlandaises qui les attendent dans de petites embarcations
[
32
]
, tandis que d'autres troupes patrouillent entre les rangees de maisons en flammes, tuant les survivants qu'ils peuvent trouver
[
30
]
. Ces actions s'etendent par la suite dans toute la ville
[
32
]
. Vermeulen note que nombre des auteurs de ces actes etaient des marins et autres ≪ irreguliers et mauvais elements ≫ de la societe
[
note 5
]
,
[
33
]
. Pendant cette periode, il y a du pillage intensif
[
33
]
et des saisies de biens
[
28
]
.
Le lendemain, la violence continue a se repandre. Les patients d'un hopital chinois sont amenes a l'exterieur et tues
[
34
]
. Les tentatives pour eteindre les incendies dans les zones devastees lors de la journee precedente echouent, la vigueur des flammes augmente, et l'incendie continuent jusqu'au
[
35
]
. Pendant ce temps, un groupe de 800 soldats neerlandais et de 2 000 indigenes prennent d'assaut Kampung Gading Melati, ou un groupe de survivants chinois tient sous la direction de Khe Pandjang
[
note 6
]
. Bien que les Chinois aient evacue a Paninggaran non loin de la, ils seront plus tard chasses de la region par les troupes neerlandaises. On denombre 450 pertes neerlandaises et 800 chinoises dans les deux attaques
[
28
]
.
Les lendemains du massacre, autres violences
[
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|
modifier le code
]
Le
, Valckenier demande en vain aux officiers de controler leurs troupes et d'arreter les pillages
[
36
]
. Deux jours plus tard, le Conseil decide d'une recompense de deux
ducats
pour chaque tete de Chinois remise aux soldats comme incitation pour les autres groupes ethniques d'aider a l'elimination
[
36
]
. En consequence, les Chinois qui ont survecu a l'assaut initial sont chasses par des bandes de francs-tireurs, qui tuent les Chinois qu'ils trouvent pour obtenir la recompense
[
34
]
. Les Neerlandais collaborent avec les autochtones dans differentes regions du Batavia. Des
grenadiers
bugis et balinais sont envoyes en renfort des Hollandais le
[
36
]
. Le
, Valckenier appelle a la cessation des massacres
[
34
]
. Dans une longue lettre dans laquelle il fait reposer entierement les troubles sur les rebelles chinois, Valckenier offre une amnistie a tous les Chinois, a l'exception des chefs de file de l'agitation, sur la tete desquels il place une prime de 500
rijksdaalders
[
note 7
]
,
[
37
]
.
En dehors de la ville, les escarmouches entre les rebelles chinois et les Neerlandais se poursuivent. Le
, apres presque deux semaines d'accrochages mineurs, 500 Chinois armes s'approchent de Cadouwang (aujourd'hui
Angke
), mais sont repousses par la cavalerie sous le commandement du capitaine Christoffel Moll et des
cornettes
Daniel Pions et Pieter Donker. Le lendemain, la cavalerie, composee de 1 594 soldats neerlandais et indigenes, marche sur le bastion rebelle de la sucrerie Salapadjang, se rassemble d'abord dans les bois environnants, puis boute le feu au moulin tandis que les rebelles sont a l'interieur. Un autre moulin, a Boedjong Renje, est pris de la meme maniere par un autre groupe
[
38
]
. Craignant d'etre pris a revers par les Hollandais, les Chinois se retirent dans une sucrerie a
Kampung Melayu
, a quatre heures de Salapadjang. Ce bastion tombe aux mains des troupes du capitaine Jan George Crummel. Apres avoir vaincu les Chinois et repris Qual, les Hollandais retournent a Batavia
[
39
]
. Pendant ce temps, les Chinois en fuite, qui sont bloques a l'ouest par 3 000 soldats du
Sultanat de Banten
, se dirigent vers l'est le long de la cote nord de Java
[
40
]
. Le
, les Chinois sont signales a Tangerang
[
39
]
.
Un ordre de cessez-le feu parvient a Crummel le
, a la suite duquel lui et ses hommes retournent a Batavia apres avoir poste un contingent de 50 hommes a Cadouwang. Quand il arrive a midi il n'y avait plus de Chinois sur les murs
[
41
]
. Le
, le Sultanat de Cirebon envoie entre 2 000 et 3 000 troupes indigenes pour renforcer la garde de la ville. Les pillages continuent au moins jusqu'au
, et les dernieres troupes indigenes se retirent a la fin de ce mois
[
36
]
.
La plupart des comptes-rendus du massacre estiment que 10 000 Chinois ont ete tues dans la ville de Batavia, et qu'au moins 500 autres ont ete grievement blesses. Entre 600 et 700 maisons appartenant a des Chinois ont ete attaquees et brulees
[
42
]
,
[
43
]
. Vermeulen donne un chiffre de 600 survivants
[
36
]
, tandis que le specialiste indonesien A.R.T Kemasang estime que 3 000 Chinois ont survecu
[
44
]
. L’historien indonesien Benny G. Setiono note que 500 prisonniers et des malades hospitalises ont ete tues
[
42
]
, et qu'un total de 3 431 personnes ont survecu
[
45
]
. Le massacre a ete suivi d'une ≪ open season ≫
[
note 8
]
,
[
46
]
contre les Chinois tout au long de Java, causant un massacre a
Semarang
en 1741, et d'autres plus tard a
Surabaya
et
Gresik
[
46
]
.
Dans le cadre des conditions de cessation de la violence, tous les Chinois de Batavia sont transferes dans un
pecinan
(en)
, ou Chinatown, a l'exterieur des murs de la ville, qui est maintenant connu sous le nom de
Glodok
. Cela permet aux Hollandais de surveiller les Chinois plus facilement
[
47
]
. Pour quitter le pecinan, les Chinois avaient besoin de laissez-passer speciaux
[
48
]
. En 1743, cependant, les Chinois retournent deja a l'interieur de Batavia. Plusieurs centaines de marchands y operent
[
3
]
. D'autres Chinois, diriges par Khe Pandjang
[
49
]
, ont fui vers le centre de Java, ou ils attaquent des comptoirs hollandais, et sont ensuite rejoints par des troupes sous le commandement du sultan javanais de
Mataram
, Pakubuwono II. Bien que ce nouveau soulevement soit ecrase en 1743
[
50
]
, les conflits a Java continuent presque sans interruption pendant les 17 annees suivantes
[
2
]
.
Le
, van Imhoff et deux collegues conseillers sont arretes sur les ordres de Valckenier pour insubordination et, le
, ils sont envoyes aux Pays-Bas a bord de navires distincts
[
51
]
,
[
52
]
. Ils y arrivent le
. Aux Pays-Bas, van Imhoff convainc le Conseil que Valckenier est a blamer pour le massacre et prononce le
un discours detaille intitule ≪
Consideratien over den tegenwoordigen staat van de Ned. O.I. Comp
≫. (≪
Considerations sur l'etat actuel de la Compagnie neerlandaise des Indes orientales
≫)
[
53
]
,
[
54
]
. A la suite de ce discours, les accusations portees contre lui et les autres conseillers sont rejetees
[
55
]
. Le
, van Imhoff est renvoye a Batavia sur le navire Hersteller en tant que nouveau Gouverneur general des Indes orientales, avec des attentes elevees du Conseil des Dix-Sept, la direction de la Compagnie neerlandaise des Indes orientales. Il y arrive le
[
53
]
,
[
56
]
,
[
57
]
.
Valckenier avait demande a etre remplace a la fin de 1740, et en
avait recu une reponse lui enjoignant de nommer van Imhoff comme son successeur
[
58
]
. Un autre rapport indique que Conseil des Dix-Sept l'a informe qu'il devait etre remplace par van Imhoff comme punition pour avoir exporte trop de sucre et trop peu de cafe en 1739 en provoquant ainsi d'importantes pertes financieres
[
59
]
,
[
60
]
. Au moment ou Valckenier recoit la reponse, van Imhoff est deja sur le chemin du retour aux Pays-Bas. Valckenier quitte les Indes le
, apres la nomination d'un successeur temporaire, Johannes Thedens. Prenant le commandement d'une flotte, Valckenier se dirige vers les Pays-Bas. Le
, il arrive
au Cap
ou il est arrete et ou il fait l'objet d'une enquete diligentee par le gouverneur Hendrik Swellengrebel sur ordre du Conseil des Dix-Sept. En
, Valckenier est renvoye a Batavia, ou il est emprisonne a Fort Batavia et, trois mois plus tard, juge sur plusieurs accusations, y compris son implication dans le massacre
[
61
]
. En
, il est reconnu coupable et condamne a mort, et tous ses biens sont confisques
[
62
]
. En
, le proces est rouvert apres que Valckenier a donne une longue declaration pour se defendre
[
57
]
,
[
63
]
,
[
64
]
. Valckenier demande plus de preuves des Pays-Bas, mais il meurt dans sa cellule le
, avant que l'enquete ne soit terminee. Sa peine de mort est annulee a titre posthume en 1755
[
57
]
,
[
64
]
. Vermeulen depeint l'enquete comme injuste et alimentee par l'indignation populaire aux Pays-Bas
[
65
]
, et sans doute que cela est reconnu officiellement lorsque, en 1760, le fils de Valckenier, Adriaan Isaak Valckenier, recoit des indemnites pour un total de 725 000 florins
[
66
]
.
La production de sucre dans la region a beaucoup souffert apres le massacre, comme le plus grand nombre des Chinois qui dirigeaient l'industrie etait tues ou disparu. Elle commence a se redresser apres que le nouveau gouverneur general, van Imhoff, a ≪ colonise ≫ Tangerang. Il a d'abord l'intention de faire venir des hommes des Pays-Bas pour travailler la terre, car il considerait ceux qui etaient deja installes dans les Indes comme paresseux. Toutefois, il est incapable d'attirer de nouveaux colons en raison des impots eleves et vend donc le terrain a ceux qui sont deja presents a Batavia. Comme il s'y attendait, les nouveaux proprietaires fonciers ne sont pas disposes a ≪ se salir les mains ≫ et louent rapidement les terres aux Chinois
[
18
]
. Apres cela, la production augmente regulierement, mais il faut attendre les annees 1760 pour atteindre des niveaux d'avant 1740, apres quoi elle diminue a nouveau
[
18
]
,
[
67
]
. Le nombre de sucreries diminue egalement. En 1710, il y en avait 131, pour 66 en 1750
[
15
]
.
Vermeulen decrit le massacre comme ≪ l'un des evenements les plus marquants du colonialisme [neerlandais] au
XVIII
e
siecle ≫
[
note 9
]
,
[
68
]
. Dans sa these de doctorat, W.W. Dharmowijono note que l'attaque figure abondamment dans la litterature neerlandaise. Parmi les exemples les plus anciens, on peut citer un poeme de Willem van Haren (datant de 1742) qui condamne le massacre et un poeme anonyme, de la meme periode, critiquant les Chinois
[
69
]
. Raffles ecrit en 1830 que les documents historiques hollandais sont ≪ loin d'etre complets ou satisfaisants ≫
[
70
]
.
L'historien neerlandais
Leonard Blusse
ecrit que le massacre conduit indirectement a l'expansion rapide de
Batavia
, et institutionnalise un
modus vivendi
qui conduit a une dichotomie entre les Chinois et les autres qui pourrait se faire sentir jusqu'a la fin du
XX
e
siecle
[
71
]
. Le massacre peut avoir egalement joue un role dans l'appellation de nombreux quartiers de Jakarta. Une etymologie possible du nom du quartier de Tanah Abang (qui signifie ≪ terre rouge ≫), est qu'il provient du sang des Chinois qui y a ete repandu. Van Hoevell suggere que l'appellation etait un compromis pour que les survivants chinois acceptent l'amnistie plus rapidement
[
72
]
,
[
73
]
. Le nom de Rawa Bangke, pour un sous-district de Jakarta-Est, est peut-etre derive du mot vulgaire indonesien cadavre, ≪ bangkai ≫, en raison du grand nombre de Chinois qui y ont ete tues. Une etymologie semblable a ete suggeree pour Angke a Tambora
[
72
]
.
- ↑
In Vermeulen, Johannes Theodorus (1938) (in Dutch). De Chineezen te Batavia en de troebelen van 1740 Les Chinois de Batavia et les troubles de 1740. Leiden: Proefschrift.
- ↑
Par exemple, le poste secondaire de Qual, situe pres de la riviere Tangerang et tenu par 15 soldats, a ete investi par au moins cinq cents chinois (van Hoevell, 1840, p. 473)
- ↑
Kong est connu comme ayant survecu a la fois a l'assaut et au massacre. On ne sait comment il y est arrive. On specule qu'il avait une cave secrete sous sa maison ou qu'il s'etait vetu de vetements feminins et cache a l'interieur du chateau du gouverneur(Dharmowijono 2009, p. 302?303). WR van Hoevell suggere que Kong a rassemble plusieurs centaines de personnes apres s'etre echappe du chateau et s'est cache dans une eglise portugaise a proximite des quartiers chinois (van Hoevell, 1840, p. 585). Il a ensuite ete capture et accuse d'avoir dirige le soulevement par les Hollandais, mais, malgre la torture, il n'a pas avoue (Dharmowijono 2009, p. 302?303).
- ↑
Version originale : ≪… Zwangere vrouwen, zoogende moeders, argelooze kinderen, bevende grijsaards worden door het zwaard geveld. Den weerloozen gevangenen wordt als schapen de keel afgesneden. ≫
- ↑
Version originale : ≪… vele ongeregelde en slechte elementen… ≫
- ↑
Des sources prononcent aussi ce nom comme Khe Pandjang, Que Pandjang, Si Pandjang ou Sie Pan Djiang (Raffles, 1830, p. 235 ; Dharmowijono, 2009, p. 301 ; Setiono, 2008, p. 135). Setiono suggere que son vrai nom etait peut-etre Oie Panko. (id.)
- ↑
Un rijksdaler est une piece de 2,5 florins
- ↑
Une Open Season est une expression anglaise qui peut designer, au sens propre, en cynegetique, une periode de chasse pour une espece sauvage particuliere. (source Wikipedia)
- ↑
Version originale : ≪… markante feiten uit onze 18e-eeuwse koloniale geschiedenis tot onderwerp genomen ≫
- ↑
Tan, 2005, p. 796
- ↑
a
et
b
Ricklefs, 2001, p. 121
- ↑
a
b
c
et
d
Armstrong, Armstrong et Mulliner, 2001, p. 32
- ↑
a
b
et
c
Dharmowijono, 2009, p. 297
- ↑
a
b
c
d
e
f
et
g
Setiono, 2008, p. 111?113
- ↑
a
b
c
et
d
Dharmowijono, 2009, p. 298
- ↑
a
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