Mary Ann Nichols

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Mary Ann Nichols
Cliche mortuaire de Mary Ann Nichols.
Biographie
Naissance
Deces
Sepulture
City of London Cemetery and Crematorium ( en ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Mary Ann Walker
Surnom
Polly Nichols
Nationalite
Activites
Autres informations
Taille
1,58 m Voir et modifier les données sur Wikidata
Yeux

Mary Ann Nichols (Londres, -Londres, ), dite Polly Nichols, nee Walker, est la premiere des cinq victimes, generalement reconnues ou ≪ canoniques ≫, de Jack l'Eventreur [ 1 ] .

Biographie [ modifier | modifier le code ]

Mary Ann Walker voit le jour dans la Cite de Londres [ 2 ] , fille d'Edward ? serrurier, puis forgeron ? et de Caroline. Elle est baptisee quelques annees apres sa naissance, en 1851.

Lorsqu'elle a sept ans, sa mere meurt de la tuberculose, maladie qui emporte probablement son frere cadet peu apres. Le menage se reduit alors a trois personnes, mais la fillette peut frequenter l'ecole grace aux revenus supplementaires de son frere aine [ 3 ] .

Son menage avec William Nichols [ modifier | modifier le code ]

En 1864, elle epouse a Londres William Nichols a Sainte-Bride , une eglise de la City . Son mari travaille dans une imprimerie de la City, a Whitefriars   (en) . Le couple emmenage Bouverie Street   (en) , a l'ouest de la City, mais s'installe rapidement chez le pere de Polly Nichols, Trafalgar Street, quartier de Walworth . Ils y vivent environ dix ans. Apres la naissance de leurs trois premiers enfants, Edward John (en 1866), Percy George (en 1868), et Alice Esther (en 1870), ils s'installent vers 1874-1875 dans l'une des cites ouvrieres construites par le philanthrope americain George Peabody dans Stamford Street   (en) . Leur loyer est de 5 shillings et 6 pence par semaine [ 4 ] . Naissent alors leurs deux derniers enfants, Eliza Sarah (en 1876) et Henry Alfred (en 1878). Le couple traverse de nombreuses crises ponctuees de ruptures et de retrouvailles, et se separe pour la derniere fois en 1880 [ 3 ] . Le mari reproche en particulier a sa femme son penchant pour l'alcool. D'apres son temoignage, elle aurait deserte cinq ou six fois le domicile conjugal avant de le quitter definitivement [ 5 ] , [ 6 ] , [ 7 ] , [ 8 ] .

La separation [ modifier | modifier le code ]

Apres le depart de sa femme, William Nichols lui verse une pension de cinq shillings par semaine [ 9 ] . Mais il interrompt ce versement en 1882. Les ≪ Gardiens ≫ de la Lambeth Union , organisme paroissial implique dans l'assistance aux demunis, tentent de le faire revenir sur sa decision et le font citer au tribunal de Lambeth   (en) [ 3 ] . La garde des enfants est egalement en jeu. Pour se justifier, Nichols invoque la liaison de sa femme ? qu'il a fait espionner en 1881 ? avec un autre homme [ 10 ] , [ 11 ] . De son cote, le beau-pere accuse Nichols de s'etre mis en menage avec la voisine, Rosetta Walls ? qui avait assiste Polly dans son dernier accouchement en 1878 ? ne lui laissant pas d'autre choix que la fuite [ 12 ] . Mais Nichols affirme que sa relation avec Rosetta Walls, qu'il epousera plus tard, est posterieure d'au moins deux ans au depart de sa femme [ 13 ] , [ 14 ] .

Les workhouses [ modifier | modifier le code ]

Refectoire des femmes dans un workhouse . Ici a St. Pancras, photographie de 1911
Le Lambeth Workhouse . Abrite aujourd'hui le Cinema Museum . Photographie de 2010

En 1880-1881, puis en 1882-1883, Polly Nichols est placee au workhouse de Lambeth , sorte d'etablissement d'assistance sociale fournissant un emploi, sous une surveillance quasi penitentiaire, aux personnes demunies et fragiles [ 15 ] . Elle y fait la connaissance de Mary Ann Monk. En , elle est hospitalisee quelques jours a la Lambeth Infirmary pour alcoolisme [ 16 ] , [ 17 ] .

Ensuite, elle retourne vivre trois mois chez son pere, entre et , dans le quartier de Camberwell . Cependant, celui-ci lui reproche son accoutumance a l'alcool. Au lendemain d'une explication houleuse, elle deserte le foyer paternel. Temoignant sur les circonstances de ce depart, Edward Walker affirme qu'il ne l'a pas chassee, mais qu'elle est partie de sa propre volonte.

De a , elle partage la vie d'un forgeron, Thomas Dew, dont l’echoppe est situee York Street, dans le quartier de Walworth . En , elle est presente aux funerailles de son frere Edward, mort tragiquement lors de l'explosion d'une lampe a petrole.

Elle retombe dans la precarite en . Apres une journee passee dans un workhouse du quartier de St. Giles   (en) , elle est transferee jusqu'a l'hiver a celui de Strand , dans le quartier d' Edmonton . En decembre, elle dort dans la rue, et fait partie des sans-abris ramasses par la police a Trafalgar Square . Elle est alors renvoyee pour quelques jours au Lambeth Workhouse   (en) [ 18 ] , [ 10 ] , puis transferee de a a celui de Mitcham, dans le quartier d' Holborn . Apres une nouvelle hospitalisation pour alcoolisme a l' infirmary d'Holborn, elle retourne au Lambeth Workhouse , ou elle resserre ses liens amicaux avec Mary Ann Monk [ 19 ] , et se lie egalement a M me Scorer.

Chez les Cowdry [ modifier | modifier le code ]

En avril ou 1888 [ 20 ] , le sort de Polly Nichols s'ameliore temporairement lorsque le Lambeth Workhouse lui procure un emploi de servante chez des particuliers, Samuel et Sarah Cowdry, menage devot de la petite bourgeoisie du quartier de Wandsworth . Le mari occupe un emploi de chef de travaux dans la police. Elle ecrit a son pere une lettre datee du , ou elle se dit heureuse de sa nouvelle situation : la maison est spacieuse, avec un jardin arbore. Ses patrons la traitent agreablement, la laissant parfois seule dans la demeure, et ne l'accablent pas de travail. Elle lui demande des nouvelles de son fils aine, Edward John, qui est venu emmenager chez lui l'annee precedente [ 21 ] . Mais lorsque son pere lui ecrit a son tour, la lettre reste sans reponse, car depuis le , Polly Nichols a quitte ses employeurs en derobant des vetements pour une valeur de trois livres et dix shillings [ 22 ] , [ 23 ] , [ 24 ] .

Vers la mi-juillet, elle retrouve Mary Ann Monk a la sortie du Lambeth Workhouse. Les deux femmes vont boire un verre ensemble au Duke's Head , Lower Kennington Road [ 25 ] , [ 26 ] , [ 10 ] .

Spitalfields, Whitechapel [ modifier | modifier le code ]

Apres etre retournee pour un ou deux jours dans un workhouse , Polly Nichols trouve refuge des le 13 ou le dans le quartier de Spitalfields , a la lodging house Wilmott [ 27 ] , au 18 Thrawl Street , logement collectif qui abrite soixante-six femmes [ 28 ] , [ 29 ] , [ 24 ] . Elle y occupe, pour quatre pence la nuit, une chambre de quatre lits avec trois ou quatre autres femmes [ 30 ] . Elle partage sans doute le meme lit avec Emily Holland (ou Ellen Holland), avec laquelle elle se lie d'amitie [ 31 ] . Mais la encore, le sejour est temporaire. Au bout de six semaines, le , elle trouve un gite a la White House du 56, Flower and Dean Street , rue voisine de Thrawl Street et l'un des lieux les plus mal fames de Londres. La White House est une doss-house   (en) , asile pour sans abris vivant dans la promiscuite, ou hommes et femmes peuvent partager une meme chambre pour la nuit. Ces deux rues sont a proximite immediate du croisement d'Osborn Street et de Bricklane ou Emma Elizabeth Smith a ete mortellement blessee.

Les attaques precedentes [ modifier | modifier le code ]

L'agression d'Annie Millwood [ modifier | modifier le code ]

Le samedi , Annie Millwood est hospitalisee a 17 h a la Whitechapel Workhouse Infirmary , comme le revelent les archives de l'institution, apres avoir recu de multiples coups de couteau aux jambes et a l'abdomen. Un article de l' Eastern Post donne quelques details sur l'agression qu'elle a subie par un inconnu utilisant un couteau pliant qu'il avait dans la poche. Aucun temoin n'a assiste a la scene. Elle decrit son agresseur comme un etranger. Au bout d'un mois, Annie Millwood semble retablie et sort le , pour etre placee au South Grove Workhouse , Mile End Road (dans le prolongement nord-est de Whitechapel Road, quartier de Bow). Mais dix jours plus tard, le , alors qu'elle est en plein travail, elle meurt subitement dans la cour du batiment. Une enquete judiciaire est ouverte par le coroner Baxter le , et conclut a une ≪ rupture de l'artere pulmonaire par ulceration ≫ ayant cause un ≪ epanchement soudain dans le pericarde ≫. Aucun lien n'est etabli avec son agression du mois precedent. Mais le cas retient l'attention de plusieurs auteurs [ 32 ] tentes d'y voir un lien avec l'un des meurtriers de Whitechapel, peut-etre l'assassin de Martha Tabram . Souvent oubliee, elle serait neanmoins la premiere de la serie macabre des femmes assassinees au cours de l'annee 1888.

Veuve d'un soldat nomme Richard Millwood, agee de 38 ans , la victime vivait dans une lodging house , l'une des quatre Spitalfields Chambers [ 33 ] de White's Row, au n o  8 (rue parallele a Dorset Street) [ 34 ] .

L'agression d'Ada Wilson [ modifier | modifier le code ]

Dans la nuit du mardi 27 au mercredi , dans le quartier de Bow, une prostituee nommee Ada Wilson se trouve chez elle au 19 Maidman Street , Mile End Road (tout pres du South Grove Workhouse ). Vers minuit et demi, alors qu'elle est sur le point de se coucher, quelqu'un frappe a la porte. Elle ouvre, et un inconnu entre de force exigeant qu'elle lui donne de l'argent. Sur son refus, il sort de sa poche un couteau pliant, et la poignarde deux fois a la gorge. Alertes, des voisins se precipitent, mais l'homme parvient a s'enfuir in extremis . Ada Wilson, emmenee au London Hospital, survit a ses blessures, et donne la description de son agresseur: environ 30 ans , 1 m 70 , visage brule par le soleil, moustache blonde, manteau sombre, pantalon leger, chapeau a larges rebords. Elle sort de l'hopital sans sequelles le .

La description ne laisse pas indifferent car elle semble correspondre aux divers signalements de Jack l'Eventreur . Certains auteurs y voient l'un des possibles coups d'essai du meurtrier [ 35 ] .

L'agression mortelle d'Emma Elizabeth Smith par une bande de criminels [ modifier | modifier le code ]

Dans la nuit du lundi 2 au mardi ,a 1 h 30 , une prostituee de quarante-cinq ans, Emma Elizabeth Smith , est agressee par trois jeunes hommes dans Osborn Street alors qu'elle rentre chez elle, a l'angle de Brick Lane et de Wentworth Street. Ils la suivaient depuis Whitechapel Road, quand elle est passee devant l'eglise St. Mary . L'un d'eux est tres jeune et doit avoir 19 ans . Grievement blessee, elle meurt le au London Hospital , dans Whitechapel Road. L'inspecteur Edmund Reid   (en) , du secteur de Stepney ( H Division ), mene l'enquete. Les auteurs ne sont pas retrouves. La police suspecte des bandes criminelles qui menacent les prostituees du quartier pour les racketter. L'affaire ne fait aucun bruit dans la presse, mais elle inaugure une serie de meurtres de prostituees a Whitechapel qui va peu a peu agiter l'opinion. Emma Elizabeth Smith a quitte son mari dix ans auparavant, avant de devenir veuve. Elle demeure, au moment de sa mort, dans une lodging house de Spitalfields au 18 George Street . Les femmes assassinees apres elle ont connu un parcours similaire [ 36 ] .

L'assassinat de Martha Tabram [ modifier | modifier le code ]

Entre-temps, dans la nuit du 6 au , est assassinee Martha Tabram , prostituee de trente-neuf ans. Elle est retrouvee au rez-de-chaussee d'un immeuble de George Yard, tout pres du carrefour ou a ete agressee Emma Elizabeth Smith, a Whitechapel. Elle a ete poignardee de trente-neuf coups de couteau. Le D r Killeen situe la mort vers 3 h . Elle etait la veille en compagnie d'une autre prostituee nommee ≪ Pearly Poll ≫ et de deux soldats. Ils ont tous les quatre ecume divers pubs avant de se separer vers 23 h 30 , chacune suivie d'un des deux soldats. Martha Tabram et son compagnon du soir s'etaient diriges vers George Yard.

L'enquete est de nouveau confiee a l'inspecteur Edmund Reid. Les enqueteurs font defiler les soldats de differentes garnisons devant Pearly Poll, mais les deux soldats ne sont jamais retrouves. Cependant, le crime n'est pas necessairement l’œuvre du soldat, etant donne l'intervalle important entre l'heure de sa mort et le moment ou elle est en compagnie du soldat. Les bandes criminelles qui sevissent dans le secteur sont toujours suspectees par la police. Plus tard, l'inspecteur Abberline et le chef du CID, Robert Anderson, attribueront ce meurtre a Jack l'eventreur [ 16 ] .

Martha Tabram est separee de son mari depuis treize ans, et vit depuis avec un charpentier. Mais son second menage vient tout juste de voler en eclats, trois semaines avant sa mort, en . Depuis, elle a trouve refuge a Spitalfields, dans la lodging house du 19 George Street , voisine de celle ou logeait Emma Elizabeth Smith, et tout pres des deux pensions ou a vecu Polly Nichols (George Street est perpendiculaire aux deux rues Thrawl Street et Flower and Dean Street). Martha Tabram souffrait d'alcoolisme et avait parfois ete internee au Whitechapel Workhouse avec ses fils.

Son meurtre suscite une vague d'emotion chez les habitants de Whitechapel, et l'opinion commence a s'emouvoir des conditions de vie des quartiers pauvres.

L'assassinat [ modifier | modifier le code ]

Les details concernant l'assassinat de Polly Nichols et l'enquete judiciaire qui a suivi nous sont principalement connus par trois pieces conservees aux Archives nationales du Royaume-Uni, dans le dossier MEPO (pour Metropolitan Police ) [ 37 ] , et les nombreux comptes rendus, parfois contradictoires, publies dans la presse.

Ses derniers moments connus [ modifier | modifier le code ]

La nuit du meurtre, du jeudi 30 au vendredi , les docks sont ravages par deux incendies qui projettent des lueurs au loin. L'un des incendies se declare vers 20h30 dans l'entrepot de la cale seche de Shadwell   (en) , au sud de Whitechapel et attire les curieux, dont Emily Holland, l'ancienne camarade de chambree de Polly Nichols. Le feu est maitrise a partir de 23h.

23h - Polly Nichols deambule dans Whitechapel Road   (en) , cherchant probablement le client. Les tarifs pratiques par les prostituees du quartier sont souvent d'environ deux ou trois pence, ce qui correspond aussi au prix d'un grand verre de gin servi dans les pubs. Bon nombre de prostituees sont entrainees dans le cercle infernal des passes qui offrent le prix d'un verre, et l'ivresse venant, se retrouvent dans l'impossibilite de payer un logement salubre. Elles se replient alors dans des asiles tels que la White House en y partageant la chambre d'un homme.

Minuit et demi - Des temoins la voient sortir d'un pub, le Frying Pan , a l'angle de Brick Lane et de Thrawl street. Elle retourne a la maison Wilmott du 18, Thrawl Street, ou elle partageait une chambre au debut du mois.

Vers 1h20-1h40 - L'un des responsables la surprend dans la cuisine, et la refoule de l'etablissement parce qu'elle n'a pas de quoi payer. Elle lui demande de lui reserver un lit, le temps pour elle de reunir la somme. Avant de le quitter, elle lui fait remarquer en riant son nouveau petit bonnet noir [ 38 ] , disant : ≪ Je serai bientot de retour avec l'argent. ≫ D'apres le temoignage du logeur, elle est ivre [ 25 ] , [ 39 ] , [ 24 ] .

2h30 - Revenant par Osborn Street, elle rencontre Emily Holland a l'angle de Whitechapel Road, devant la boutique d'un epicier. Celle-ci revient des docks ou elle est allee voir l'incendie qui ravage les entrepots de Shadwell, et rentre se coucher. D'apres elle, Polly Nichols marche en titubant, et se retient au mur pour ne pas tomber. Elle cherche a la persuader de rentrer avec elle a la pension Wilmott. Elle croit pouvoir la faire admettre a l'interieur. Pendant qu'elles parlent, l'horloge de l' eglise St. Mary   (en) sonne 2h30, et Emily Holland lui fait remarquer l'heure tardive. Polly Nichols lui explique qu'elle a deja gagne et depense trois fois le prix de la chambre, et qu'elle a bon espoir de trouver un dernier client. En cas d'echec, elle compte se replier a Flower and Dean Street ou elle connait un homme qui peut l'accueillir dans sa chambre. ≪ Je ne serai pas longue ≫, dit-elle. Apres avoir discute environ sept ou huit minutes, les deux femmes se separent. Polly Nichols remonte Whitechapel Road en direction de l'est [ 26 ] , [ 24 ] .

Emily Holland est la derniere personne a l'avoir vue vivante.

Configuration des lieux [ modifier | modifier le code ]

Buck's Row (aujourd'hui Durward Street   (en) ) est une ruelle parallele a Whitechapel Road   (en) On y accede a l'ouest par plusieurs voies perpendiculaires a Whitechapel Road : principalement Bakers Row   (en) et Thomas Street. Celles-ci debouchent dans White Street, qui s'evase vers l'est, puis formant une fourche, se divise en deux ruelles paralleles : Buck's Row au nord, et Winthrop Street au sud. Un internat scolaire, batiment imposant, marque le debut de l'embranchement. En poursuivant dans Buck's Row, apres avoir depasse l'internat, on traverse un pont qui enjambe une voie ferree. Celle-ci dessert la gare de Whitechapel . Immediatement apres le pont, au cote sud, on passe devant un portail d'environ trois metres de haut, donnant acces aux ecuries Brown. Vient ensuite une enfilade de maisons de ville, dont la premiere, nommee New Cottage , appartient a Emma Green, veuve habitant avec ses trois enfants. En face des ecuries Brown, au cote nord, se dresse Essex Wharf , immeuble administratif habite au premier etage par son gerant Walter Purkiss et sa famille. Il est borde sur sa droite par la manufacture Schneider. Puis viennent les vastes entrepots Brown & Eagle Wool . A l'est, Buck's Row et Winthrop Street debouchent sur Brady Street, rue perpendiculaire a Whitechapel Road. A l'angle de Buck's Row et de Brady Street, un lampadaire a gaz eclaire faiblement les lieux.

Ce quadrilatere est situe a l'extremite est du quartier de Whitechapel. Si Whitechapel Road forme une large avenue plutot animee [ 40 ] , et tres frequentee par les prostituees (selon les temoignages de l'agent Neil et de l'ouvrier Tomkins), les ruelles Buck's Row et Winthrop Street sont generalement calmes, quoique mal frequentees de temps en temps par des gens de passage qui y font du tapage (selon le temoignage d'Emma Green). L'endroit est meme repute dangereux (d'apres Robert Paul, qui signale qu'on peut y faire de mauvaises rencontres et se faire agresser). Les prostituees ont pour habitude de s'y retrancher avec leur clientele (d'apres le rapport de l'inspecteur Abberline [ 24 ] ). Mais cette nuit-la, les lieux sont exceptionnellement deserts et silencieux.

Plans [ modifier | modifier le code ]

Detail du plan de Londres publie en 1888 par Kelly & Co. : quartier de Buck's Row.
Plan de Whitechapel publie par l'Ordnance Survey en 1894.

Legendes des deux plans ci-contre.

Plan du quartier de Buck's Row (1888, plan Kelly & Co.):

  • Pastille rouge sombre: Lieu du crime.
  • Pastilles bleu marine: Immeuble Essex Wharf (au nord) ; ecuries Brown, et maison New cottage de Mme Green (au sud) ; dans Winthorp Street : le veilleur de nuit Mulshaw ; plus a l'est, l'abattoir Barber.
  • Pastilles bleu ciel: Rondes des trois agents de police Neil, Thain (dans Brady Street) et Mizen (carrefour d'Old Monague Street).
  • Pastille doree: Lampadaire.
  • Pastilles vertes: Trajet de Cross et Paul en entrant dans Buck's Row a l'est, puis rejoignant l'agent Mizen a l'ouest, avant de continuer dans Hanbury Street.
  • Pastilles violettes: L'internat scolaire (a l'entree de Buck's Row ; cote a cote dans Whitechapel Road : la gare de Whitechapel, le Working lads' institute et le Grave Maurice (pub ou se rendent les deux abatteurs de chevaux durant leur pause) ; Whitechapel Workhouse , batiment a l'angle de Thomas Street de Baker's Row (ou a ete internee Martha Tabram, et ou resident les deux employes de la morgue, comprenant un casual ward au 35 Thomas Street) et la Whitechapel Workhouse Infirmary , lui faisant face dans Baker's Row ; London Hospital (ou ont ete hospitalisees Emma Elizabeth Smith et Ada Wilson).
  • Pastille orange: Permanence du D r LLewellyn.
  • Pastilles rouges: Morgue d'Old Montague Street (interieur et cour).
  • Petites pastilles rouges: Passage de Woods Buildings (par ou l'assassin est susceptible d'avoir pris la fuite).

Plan de Whitechapel (1894, plan Ordnance Survey) :

Entre 1888 et 1894, le quartier a subi quelques transformations. La gare de Whitechapel s'est etendue. Buck's Row a ete rebaptise Durward Street. Mais le plan est plus precis et plus lisible que le plan Kelly.

Memes pastilles que ci-dessus, avec quelques ajouts :

  • Pastilles rouges: Trajet de Polly Nichols au croisement d'Osborn Street et Whitechapel Road ; la maison Wilmott (Thrawl Street) ; la White House (Flower and Dean Street) ; le pub du Frying Pan , a l'angle de Brick Lane et de Flower and Dean Street.
  • Pastilles violettes: eglise St. Mary et son clocher (pres du carrefour d'Osborn Street de Whitechapel Road) ; les deux lodging houses voisines dans George Street (rebaptisee depuis Lolesworth Street) ou logeaient Emma Elizabeth Smith et Martha Tabram (entre Thrawl Street et Flower and Dean Street, ou a vecu Polly Nichols).
  • Pastilles oranges: Agression d'Elizabeth Smith (a l'angle d'Osborn St. et de Wentworth Street) et son trajet depuis Whitechapel Road devant l'eglise St. Mary ; meurtre de Martha Tabram (George Yard); meurtre d'Annie Chapman (Hanbury Street) ; lodging house du 8 White's Row (parallele a Dorset Street) ou residait Annie Millwood

La decouverte du corps [ modifier | modifier le code ]

L'agent de police John Neil decouvre le corps de Polly Nichols. Gravure parue dans le Penny illustrated paper , 8 septembre 1888

3h - Alfred Mulshaw, gardien de nuit dans Winthrop Street, se reveille apres s'etre assoupi. Dans la meme rue se trouve l'abattoir Barber, ou travaillent de nuit trois abatteurs de chevaux, Henry Tomkins, Charles Brittain, et James Mumford. Au meme moment, M me Purkiss, habitante d' Essex Wharf , ouvre la fenetre de sa chambre qui donne sur la rue, et ne remarque rien.

3h15 - L'agent de police John Neil, faisant sa ronde, traverse Buck's Row   (en) , et ne remarque rien d'anormal. Au meme moment, l'agent de police John Thain remonte Brady Street passant devant l'entree de Buck's Row, ou il transite toutes les trente minutes. Les environs sont egalement parcourus par le sergent de police Kirby. Dans Winthrop Street, l'agent Neil voit les trois equarrisseurs en train de travailler. La porte de l'abattoir est grande ouverte sur la rue. La ronde de l'agent Neil le mene sur l'artere principale de Whitechapel Road   (en) , encore tres frequentee par des femmes qui sont apparemment en train de rentrer chez elles, et par des gens qui se rendent au marche.

Vers 3h30:

  • M me Purkiss ne trouve pas le sommeil et marche dans sa chambre. Elle n'entend rien de particulier.
  • Un train de marchandises passe sous le pont [ 41 ] .
  • Un charretier, Charles Cross , demeurant au 22, Doveton Street, sort de chez lui pour aller travailler aux etablissements Pickfords   (en) , a l'entrepot de marchandises de Broad Street. Il doit traverser Whitechapel d'est en ouest.

Vers 3h40 - Venant de Brady Street, Charles Cross s'engage dans Buck's Row [ 24 ] . La rue est deserte [ 42 ] . Apres quelques pas, il croit voir de loin une forme gisant a terre qu'il prend pour une bache abandonnee. En s'approchant, il realise qu'il s'agit d'une femme allongee sur le pave. Environ trente ou quarante metres derriere lui marche Robert Paul, egalement charretier, habitant au 30, Forster Street, qui se rend a son travail dans le quartier de Spitalsfield . Cross l'entend arriver et l'attend. Paul le remarque au milieu de la rue, et prenant peur, car le quartier est dangereux, il fait un ecart pour l'eviter. Cross le rejoint, et lui mettant la main sur l'epaule, lui signale sa decouverte [ 18 ] , [ 43 ] . Selon Robert Paul, il est alors 3h45.

Tous deux examinent le corps. Cross pense qu'elle est morte: les mains sont froides mais encore souples. Le visage est chaud. Paul, posant sa main sur la poitrine, croit sentir un mouvement: ≪ Elle respire encore, mais faiblement≫, dit-il. Il propose de deplacer la femme pour l'adosser au mur, mais Cross prefere s'abstenir: ≪ Allons plutot chercher un policier≫, repond-il. Ils entendent d'ailleurs un policier passer au loin. Comme il fait sombre, ils ne voient aucune trace de sang ou de blessure. Robert Paul constate a son tour que les mains sont froides, et comprend que la femme est morte. Les deux hommes sont en retard a leur travail et decident de vite quitter les lieux, avec la resolution d'avertir le premier policier qu'ils rencontreront en chemin. Avant de partir, Paul tente de reajuster les jupes de Polly Nichols, mais ne parvient pas completement a manier les plis des vetements [ 18 ] .

3h45 - L'agent de police John Neil, poursuivant sa ronde, est de retour dans Buck's Row qu'il traverse en venant de Bakers Row   (en) . Apres avoir franchi le pont, il decouvre le corps de Polly Nichols (a 3h45 selon sa deposition [ 44 ] ). Eclairant la scene avec sa lampe, il s'apercoit qu'elle a la gorge tranchee, et qu'une flaque de sang s'etend sur le pave. Ses bras sont encore chauds. Voyant passer l'agent Thain dans Brady Street, il lui fait signe avec sa lampe et l'envoie aussitot chercher le Docteur Llewellyn (il est 3h45 selon la deposition de Thain). La permanence du chirurgien est tout proche, a Whitechapel Road, a trois cents metres de la. Puis Neil continue d'inspecter la scene de crime. Il sonne chez les riverains pour recueillir les premiers temoignages en commencant par l'immeuble Essex Wharf .

Pendant ce temps, Cross et Paul parviennent au carrefour entre Hanbury Street   (en) , Old Montague Street et Bakers Row   (en) ou ils trouvent l'agent Jonas Mizen, apparemment occupe a frapper chez des habitants. Il est alors 3h45, selon Mizen. Selon Paul, la scene se passe quatre minutes apres la decouverte du corps. Cross lui parle d'une femme etendue dans Buck's Row, peut-etre ivre ou morte, mais il pense plutot qu'elle est morte. Paul ajoute qu'elle est surement morte. Mizen repond: All right .

Pendant l'enquete du coroner , une polemique oppose les temoignages discordants des trois hommes. Selon Mizen, Cross lui aurait dit qu'un agent de police l'attend dans Buck's Row, ce que Cross dement [ 45 ] . En revanche, Paul et Cross certifient tous deux qu'au lieu de se depecher d'aller dans Buck's Row, Mizen aurait continue de frapper a la porte de l'immeuble. Le temoignage de Mizen est moins clair : dans certains comptes rendus, il dement formellement, dans d'autres il reconnait avoir continue de frapper quelques coups chez l'habitant, avant de se diriger vers Buck's Row [ 18 ] .

Mizen voit Cross et Paul se remettre en chemin dans Hanbury Street. Ensuite, les deux hommes se separent pour aller chacun de leur cote, Paul tournant dans Corbett's Court. Des que Mizen arrive dans Buck's Row, Neil lui fait des signaux lumineux, puis l'envoie chercher une ambulance et des renforts au poste de police de Bethnal Green (quartier voisin de Whitechapel).

Les premieres constatations [ modifier | modifier le code ]

L'agent Neil se livre aux premieres constatations.

La femme est allongee au bas du portail donnant sur les ecuries Brown. Sa main gauche touche le portail, qui est ferme. Son bonnet de velours noir git sur le sol, pres de sa main droite. Sa tete est tournee vers Brady Street. Il ne remarque aucune trace de roues sur la chaussee : la victime n'a vraisemblablement pas ete transportee jusque ici.

Il va sonner a l'immeuble d'en face, Essex Wharf , dont les fenetres donnent directement sur la scene de crime. Walter Purkiss ouvre la fenetre, puis descend. Avec sa femme, ils occupent la partie donnant sur la rue. Ils se sont couches entre 23h et 23h15, mais ont veille une bonne partie de la nuit, et n'ont rien entendu. Il a du s'endormir vers 2h. Sa femme s'est levee au cours de la nuit, et ne dormait pas quand l'agent a sonne, mais elle n'a rien remarque. Leurs enfants et leur domestique dorment a l'arriere du batiment.

Vers 3h50-4h - L'agent Thain revient avec le D r Llewellyn, qui constate le deces de Polly Nichols, et estime, apres un bref examen, que la mort remonte a moins d'une demi-heure. Soit vers 3h30. Un filet de sang s'echappe de sa gorge. Les mains, ouvertes, et les poignets sont froids, mais le corps, les bras et les jambes sont encore chauds. Quant au filet de sang qui sillonne le pave, le medecin en evalue la quantite a un verre et demi de vin. Malgre cette faible quantite, il pense qu'elle a ete tuee sur place. Le corps n'a pas ete traine sur le sol. Il n'y a aucune trace de lutte.

Vers 4h :

  • Dans Winthrop Street, le gardien de nuit Mulshaw est averti du meurtre, et rejoint aussitot les policiers. Interroge, il dit n'avoir rien vu ni entendu au cours de la derniere heure.
  • Accouru dans Buck's Row a son tour, le sergent de police Kirby participe a l'interrogatoire des riverains, et va frapper chez M me Green, dont la maison est mitoyenne avec les ecuries Brown. Elle occupe le rez-de-chaussee. Reveillee, elle ouvre sa fenetre, et apercoit dans la penombre le corps de la victime. Ses deux fils se sont couches entre 21h et 21h45. Elle-meme s'est couchee en meme temps que sa fille vers 23h, et n'a rien entendu, quoiqu'elle ait le sommeil leger, jusqu'a ce qu'elle soit reveillee par la police.
  • Sont interroges egalement le gardien de l'internat, et le gardien des entrepots Brown & Eagle Wool . Personne n'a rien remarque.
  • Charles Cross arrive a son travail aux entrepots de Broad Street.
  • Pendant que le chirurgien examine le corps, un inconnu est apercu dans Buck's Row avant de disparaitre. Il ne sera jamais identifie malgre d'actives recherches.

Vers 4h15 - L'agent Thain passe devant l'abattoir de Winthrop Street, et informe les trois ouvriers du meurtre.

Vers 4h20 - Mumford et Tomkins, qui ont termine de travailler, se rendent sur la scene de crime, rejoints juste apres par Brittain. Ils n'ont rien remarque non plus. Ils disent avoir fait une pause entre minuit 20 et 1h, et n'ont pas cesse de travailler depuis. Tomkins, lors de l'enquete, dit que leur travail n'est pas bruyant, et que le quartier est reste silencieux durant la nuit. Ils n'ont vu passer personne devant l'abattoir hormis l'agent Neil, et n'ont pas entendu de vehicule circuler.

L'ambulance arrive avec Mizen [ 46 ] . Le D r Llewellyn ordonne de transporter le corps a la morgue pour qu'il puisse mieux l'examiner. Il quitte les lieux pour retourner a sa permanence. Les agents Thain et Neil placent le corps de Polly Nichols dans la voiture. Ils remarquent aussitot que le sang s'est repandu sous ses vetements et a commence a coaguler. Neil et Kirby convoient Polly Nichols jusqu'a la morgue d'Old Montague Street, ou ils trouvent portes closes. On envoie chercher le gardien qui vit au workhouse de Whitechapel (situe Thomas Street [ 47 ] ). En fait de morgue, il s'agit plutot de l'annexe mortuaire de la workhouse infirmary . Le district de Whitechapel est depourvu de morgue publique. L'endroit est inadapte pour pratiquer des autopsies et ne dispose pas d'un personnel qualifie.

La scene de crime est nettoyee avec un seau d'eau et un balai par James Green, l'un des fils de M me Green, aide d'un policier. Le fils Green est employe comme cocher par M. Brown, proprietaire des ecuries voisines. Les trois employes de l'abattoir desertent les lieux. L'agent Thain reste seul sur place.

4h30 - Arrivee de l'inspecteur John Spratling (du secteur de Bethnal Green , ou J Division de la police metropolitaine) au moment ou le fils Green est encore occupe a nettoyer le pave. Thain lui fait un rapport de la situation. Tous deux s'en vont pour rejoindre Neil, qui stationne dans la cour d'entree de la morgue avec le corps. Spratling commence a examiner celui-ci, et a dresser l'inventaire de ses effets, ordonnant a Thain d'aller inspecter tout le secteur ou le crime a ete commis. Thain retourne sur place, fouille le batiment d' Essex Wharf , les cours, les murs, les arches du pont qui surplombe la voie ferree, et parcourt celle-ci jusqu'a Thames Street. Il ne trouve aucun indice.

5h20 - Le gardien de la morgue, Robert Mann, se presente enfin. La depouille de la defunte est admise a l'interieur [ 48 ] . Spratling s'apercoit que la victime a aussi ete eventree et que les intestins sont a nu [ 24 ] . En revanche, les vetements sont intacts. Il envoie chercher le D r Llewellyn.

Vers 5h30 - Arrivee du D r Llewellyn a la morgue. Il decouvre les blessures a l'abdomen, dont la gravite exceptionnelle le surprend. D'apres ses constatations, la langue est legerement laceree, l’abdomen ouvert par une blessure irreguliere et profonde. Le visage porte une ecchymose a la machoire inferieure au cote droit, causee peut-etre par la pression d'un pouce. Une autre ecchymose entoure l’œil gauche, due sans doute a la pression des doigts de l'assassin. L'incision portee au cou, a l'aide d'une longue lame, atteint les vertebres, et a du necessiter une grande violence. Le tueur a porte ses coups de gauche a droite, signe qu'il est peut-etre gaucher. Un seul instrument a ete utilise pour l'ensemble des blessures. La mort a ete quasi instantanee.

L'hypothese retenue de nos jours est que le tueur a d'abord etrangle sa victime. Une fois celle-ci a terre, il a maintenu son visage a l'aide de la main gauche pour pratiquer des incisions de la main droite [ 49 ] .

Vers 5h55 - Spratling et Enright disent a l'employe de la morgue de laisser le corps en l'etat.

6h30 - Arrivee d'un second employe de la morgue, James Hartfield.

Entre 8h et 9h - L'inspecteur Joseph Helson arrive a la morgue, ou il trouve le corps de la victime encore habille. Puis il se rend dans Buck's Row [ 50 ] . Pendant ce temps, les employes de la morgue, Mann et Hartfield, ne tenant pas compte des instructions de l'inspecteur Spratling, depouillent et nettoient le corps en l'absence des policiers. Ils decouvrent l'estampille du Lambeth Workhouse sur les bandes des jupons de Polly Nichols.

Vers 10h - Le docteur Llewellyn se livre a un troisieme examen, plus approfondi, avec son assistant. Il fait ensuite une declaration detaillee disant qu'il n'a jamais rencontre de crime d'une telle sauvagerie [ 51 ] .

Entre 11h et midi - Spratling retourne sur les lieux, accompagne du dectective-sergeant George Godley, pour reprendre a la lumiere du jour les investigations dans Buck's Row et Brady Street ou ils ne trouvent aucune trace de sang. Ils recherchent aussi l'arme du crime, en vain. Ils inspectent les voies de chemin de fer de l' East London and District Railway , ainsi que les quais, les batiments de la Great Eastern Railway , sans resultat. Ils fouillent aussi la cour de l'internat et l'usine Schneider. Le gardien de nuit de la Great Eastern Railway , dont la guerite est a seulement une cinquantaine de metres de la scene de crime, n'a rien remarque. Ils reinterrogent les familles Purkiss et Green, ainsi que le gardien de nuit de l'internat. Ils ne remarquent aucun passage souterrain dans Buck's Row par laquelle l'assassin aurait pu s'echapper. Ils interrogent en tout une demi-douzaine d'habitants.

11h30 - Le journaliste du Star redige son article pour l'edition du soir.

Midi - Retour de Spratling a la morgue. Il constate que le corps a ete depouille et lave, malgre ses instructions, et que les vetements ont ete decoupes et mis en tas dans la cour.

Le jour meme de la decouverte du crime, quelques journaux du soir ( The Star, Evening news, Echo, Pall mall gazette ) commencent a repandre la nouvelle. Le lendemain, au 1 er septembre, la clameur est generale dans la presse londonienne. De longs articles detailles paraissent dans le Times , le Morning advertiser , l' East London observer , l' East London advertiser , le Daily telegraph et le Daily news . La presse etrangere se fait meme l'echo de l'affaire. A partir du 3 septembre, les journaux retranscrivent minutieusement de longs comptes rendus des auditions de temoins convoques devant le coroner .

L'identification [ modifier | modifier le code ]

Polly Nichols, photographiee a la morgue d'Old Montague Street, .

Des le matin du meurtre, l'inspecteur Helson, seconde par les detectives-sergeants Enright et Godley, enquetent pour identifier la victime. La marque imprimee sur ses vetements au nom de Lambeth Workhouse donne une piste aux policiers. Ils font venir la superieure du workhouse a la morgue, mais elle ne reconnait pas la victime, estimant que les vetements ont pu circuler depuis les trois dernieres annees en-dehors du cercle des residentes [ 25 ] . Cependant, comme la nouvelle se repand comme une trainee de poudre, quelques femmes du quartier se presentent pour visiter le corps. Certaines se souviennent de l'avoir vue a la pension Wilmott du 18, Thrawl Street, a Spitalsfield. On envoie chercher les habitantes de cet etablissement. Parmi elles, Emily Holland identifie sa camarade, et fond en larmes. Elle ne connait que son nom de Polly [ 26 ] .

Un vendeur du Smithfield market , James Scorer, alerte par une rumeur, relayee par le Star , qui fait de sa femme la victime, accourt a la morgue. Sa femme, dont il est separe depuis onze ans, travaille au Lambeth Workhouse . Il dit aux enqueteurs qu'il a vaguement connu une amie de sa femme du nom de Polly Nichols et se demande si elle ne serait pas la femme retrouvee dans Buck's Row. Mais apres avoir vu le corps, il ne reconnait ni sa femme ni Polly Nichols [ 52 ] .

Vers 19h30, l'une des habitantes du Lambeth Workhouse , Mary Ann Monk, identifie formellement Mary Ann Nichols dite Polly [ 25 ] .

Le lendemain, samedi 1 er septembre, la famille est prevenue. Edward Walker, son pere, et Edward John Nichols, son fils aine, arrivent les premiers a la morgue dans la soiree. Le fils aine, jeune ingenieur de 22 ans, bien habille, est affecte par la mort de sa mere. Une heure plus tard, ils sont rejoints par le mari, William Nichols, egalement affecte, qui reconnait a son tour le corps de sa femme. Toute la scene se deroule en presence des journalistes qui en publient de nombreux comptes rendus tres romances et a charge pour le mari, lequel fera paraitre plus tard un rectificatif dans la presse [ 18 ] , [ 53 ] .

Description [ modifier | modifier le code ]

Quarante-trois ans, 1,58  m , les yeux marron, le teint hale, chevelure brune grisonnante, pommettes saillantes, legere cicatrice sur le front depuis son enfance [ 54 ] . Il lui manque cinq dents (dont la perte est ancienne).

L'inspecteur John Spratling dresse l'inventaire de ses effets, dont l'etat general est use. Principalement :

  • un bonnet de velours noir.
  • un vieil ulster (sorte de pardessus) bordeaux, garni de sept gros boutons en laiton a l'effigie d'une femme a cheval accompagnee d'un homme.
  • une redingote de serge brune.
  • une robe neuve de serge brune.
  • un jupon de laine grise, et un jupon de flanelle, portant chacun l'inscription au pochoir : Lambeth Workhouse .
  • des bottines avec ouverture elastique sur le cote.
  • un peigne, un mouchoir blanc, un bout de miroir brise. Aucun argent n'a ete retrouve sur elle ni aucun bijou.

Les funerailles [ modifier | modifier le code ]

Tombe de Mary Anne Nichols, plaque commemorative, 1996

Mary Ann Nichols est inhumee le 6 septembre 1888 au Cimetiere d'Ilford   (en) , aux confins de la ville, en presence de son pere, de son fils aine et de deux autres de ses enfants. La famille tente de dejouer les badauds en tenant l'heure de l'enterrement secrete, mais ne peut empecher une foule considerable de se joindre au cortege. Des milliers de badauds se rassemblent aux alentours de la morgue, Old Montague Street, pour guetter l'arrivee du corbillard. Au moment ou l'on transfere la depouille, les journalistes apercoivent un cercueil en orme frappe d'une plaque au nom de la defunte. La voiture rejoint ensuite la famille qui attend dans Hanbury Street, ou elle s'est postee pour tromper la vigilance des badauds. A ce moment, toute la foule se precipite autour du corbillard, chacun voulant voir l'inscription sur le cercueil. Mais un detachement de policiers commandes par l'inspecteur Allisdon, du secteur de Stepney ( H Division ), tient les badauds a distance. La presse remarque que de nombreux Juifs du quartier, qui celebrent ce jour-la une solennite, se joignent a la foule pour accompagner le corps. Se mettant en route, le convoi funebre passe par Bakers Row, puis traverse Buck's Row, dont les habitants ont ferme leurs volets en signe de deuil. De nombreux policiers jalonnent cette rue ou Polly Nichols a ete assassinee. Puis le cortege, suivi de l'immense foule, traverse tout l'est de Londres jusqu'a Ilford [ 41 ] , [ 55 ] , [ 28 ] , [ 56 ] .

Une plaque commemorative est apposee plus d'un siecle plus tard sur sa tombe, en 1996.

L'enquete judiciaire [ modifier | modifier le code ]

L'enquete judiciaire est a distinguer de l'enquete de police, dont les archives concernant le meurtre de Polly Nichols se limitent a trois pieces [ 37 ] . Les comptes rendus retranscrits dans la presse des auditions de l'enquete judiciaire apportent de nombreux details supplementaires, qui doivent etre lus avec prudence etant donne certaines contradictions et approximations.

Deroulement des auditions [ modifier | modifier le code ]

Le 1 er septembre debute l'enquete judiciaire du coroner du Middlesex Sud-Est [ 57 ] Wynne Edwin Baxter, assiste d'un jury. Le Criminal investigation department (CID) de la police metropolitaine (c'est-a-dire Scotland Yard), est represente par l'inspecteur Frederick Abberline , assiste de l'inspecteur Helson (du secteur de Bethnal Green ou J Division , l'un des 21 secteurs de la police metropolitaine) et des detectives sergeants Godley et Enright.

Le jury populaire, preside par un contremaitre nomme Horey, est d'abord conduit a la morgue pour voir le corps.

Les temoins sont auditionnes les 1 er , 3 et 17 septembre dans la bibliotheque du Working Lads' Institute , Whitechapel Road, tout pres des lieux du crime. Le comite de cette institution de bienfaisance - destinee a procurer une education morale aux garcons des classes populaires [ 58 ] - a gracieusement mis ses locaux a disposition de la justice. Le district de Whitechapel ne dispose pas, en effet, de ≪ tribunal de coroner  ≫ comme il en existe dans d'autres districts, ni d'hotel de ville, ni meme de salle paroissiale. Sans ce geste, les seances auraient du se tenir dans le salon d'un pub [ 8 ] . Jures, policiers, journalistes et temoins s'entassent dans la petite salle [ 26 ] ou sont entendus : Edward Walker et William Nichols, pere et mari de la victime ; les agents de police Neil, Mizen et Thain ; le chirurgien Llewellyn ; les inspecteurs Spratling et Helson ; l'abatteur de chevaux Tomkins ; les charretiers Charles Cross et Robert Paul ; les amies de la victime Emily Holland et Mary Ann Monk ; les habitants de Buck's Row Emma Green et Walter Pukriss ; le gardien de nuit Alfred Mulshaw ; les deux employes de la morgue Robert Mann et James Hartfield ; et un temoin sans rapport avec les evenements [ 59 ] .

Selon le Times du 3 septembre, la police serait convaincue que les trois meurtres d' Emma Smith , Marta Tabram et de Polly Nichols, sont l’œuvre d'un seul et meme homme, et aurait tendance a abandonner la these, jusque la privilegiee, d'une bande de criminels assassinant par vengeance les prostituees qui refusent de se laisser racketter. Abberline et Helson sont d'avis que dans le cas de Polly Nichols, le tueur a agi seul [ 60 ] . Le meurtre de Polly Nichols est d'une telle nature que tres rapidement les officiers de police y voit l'œuvre d'un ≪ fou ≫ ou d'un ≪ maniaque ≫, dont le seul but est de commettre des mutilations gratuites : ≪ C'est pour cela que la police pense que la defunte a ete la victime d'un criminel souffrant d'une forme particuliere de demence, errant dans Londres pour commettre des crimes d'une nature mysterieuse [ 61 ]  ≫. Le Star estime que dorenavant, ≪ un maniaque hante les rues de Whitechapel ≫ et que ≪ trois femmes ont ete victimes jusqu'a present de sa frenesie meurtriere ≫ [ 62 ] .

Au bout d'une semaine, Abberline demande un delai pour poursuivre son enquete et obtient un ajournement des auditions. Pendant ce temps, l'excitation generale s'emballe. Le 4 septembre, la presse annonce que la police a une piste dont elle ne veut pas devoiler les indices. La rumeur commence a suspecter les hommes de l'abattoir de Winthorp Street, calomnies par une inscription sur la porte de leur entreprise. Le journaliste de l' Echo vient visiter l'abattoir et se fait montrer les couteaux utilises par les ouvriers, qu'il se complait ensuite a decrire dans son article, livrant au passage une interview de James Mumford, l'un des trois equarrisseurs [ 63 ] . Le meme jour commencent a se propager des rumeurs impliquant un denomme ≪ Tablier de Cuir ≫ qui importune les prostituees de Whitechapel [ 64 ] . Le personnage retient rapidement toute l'attention. Plusieurs temoins affirment l'avoir vu au moment des meurtres de Polly Nichols et de Martha Tabram a proximite des lieux des deux crimes. La paranoia, excitee par la presse, notamment le Star du 6 septembre, debouche sur une chasse a l'homme. Le journaliste du Star interviewe le proprietaire du 18, Thrawl Street, qui possede d'autres maisons de ce type dans le quartier. Selon lui, ≪ Tablier de Cuir ≫ fait regner une terreur generale [ 28 ] . En fin de compte, l'individu, nomme John Pizer, est arrete le 10 septembre et mis hors de cause le jour-meme.

Le samedi 8 septembre, deux jours apres les ferventes funerailles de Polly Nichols, l'assassinat d' Annie Chapman declenche l'hysterie. La police doit intervenir pour sauver un homme du lynchage. Et plusieurs scenes du meme genre eclatent dans le quartier. Trois hommes soupconnes sont arretes le jour-meme, puis relaches. Pendant qu'Abberline et Helson poursuivent leur enquete, la police quadrille tout le secteur, surveillant chaque rue en prevention d'un nouveau crime. Le dimanche 9 septembre, une foule se rassemble devant le poste de police de Commercial Road pour tenter d'apercevoir des suspects [ 53 ] . Le lendemain est fonde le ≪ Comite de vigilance ≫ de George Lusk, fonde par un groupe de commercants et d'entrepreneurs pour patrouiller dans Whitechapel.

Comme le tueur a preleve des organes sur le corps d'Annie Chapman, les enqueteurs veulent savoir si c'est aussi le cas de Polly Nichols. Il semble, d'apres la deposition du docteur Llewellyn, que son corps soit exhume pour etre de nouveau autopsie. A la suite de cet ultime examen, le chirurgien ne constate aucune disparition d'organe.

Le second crime de Jack l'eventreur plane sur les dernieres auditions du 17 septembre. Lorsque le coroner clot l'enquete judiciaire le 22 septembre, l'inspecteur Helson avoue ne disposer d'aucune piste [ 65 ] .

Audition de l'agent de police John Neil, J Division (secteur de Bethnal Green) , le 1 er septembre [ modifier | modifier le code ]

En faisant sa ronde, il traverse Buck's Row une premiere fois vers 3h15 (ou une demi-heure avant la decouverte du corps) ou il ne rencontre personne et n'entend aucun bruit suspect. Le quartier est meme inhabituellement silencieux. Vers 3h20 ou 3h15, il passe dans Winthorp Street ou il voit trois ouvriers, qu'il connait bien, en train de travailler dans un abattoir. Vers 3h30 (ou un quart d'heure avant de revenir dans Buck's Row), il passe par Whitechapel Road, qui n'est pas tres eloignee de l'endroit. Il voit un certain nombre de femmes en train de rentrer chez elles et des gens qui se rendent au marche. N'importe qui aurait pu passer par la sans attirer l'attention. Selon lui, il aurait ete aise de prendre la fuite par Brady Street jusqu'a Whitechapel Road, ou bien a travers un passage dans Queen's Buildings [ 21 ] . [Il est admis par les specialistes aujourd'hui que le passage couvert de l'immeuble Wood's Buildings , reliant Winthrop Street a Whitechapel Road, a pu offrir une issue ideale au criminel en fuite].

Remontant par Thomas Street, il tourne dans Buck's Row a 3h45 [ 44 ] en direction de Brady Street. La rue est deserte. Marchant sur le cote droit de la rue, il remarque qu'une personne est etendue a terre, le long d'un portail. Il fait sombre, malgre le lampadaire qui se trouve a l'autre bout de la rue. Le portail est ferme, et fait environ trois metres de haut. Il mene a des ecuries appartenant a M. Brown. Au-dela du portail, il y a des maisons. Et avant le portail, un internat scolaire. De l'autre cote de la rue, l'immeuble Essex Wharf . La victime est etendue, sa main gauche touchant le portail, la tete tournee vers Brady Street. Il eclaire le corps avec sa torche, et remarque que du sang s'echappe d'une blessure a la gorge. Au-dessous du cou, une flaque de sang s'est formee. Elle est couchee sur le dos, ses vetements en desordre, les jambes un peu ecartees, les mains ouvertes, les yeux grands ouverts. Son bonnet est a terre, tout pres de sa main droite. Son bras droit est assez chaud au-dessus du coude.

Il entend passer un agent dans Brady Street, et l'appelle, sans utiliser son sifflet. Il lui dit : ≪ Courez chercher le D r Llewellyn ≫, et voyant un autre agent dans Bakers Row, Il l'envoie chercher l'ambulance. Dans le laps de temps, l'agent examine le sol : il ne trouve aucune trace de roues, ni d'autres traces de sang, ni de trappe donnant acces a un passage souterrain. Puis il va sonner a l'immeuble Essex Wharf . Un homme parait alors a la fenetre, mais il n'a rien entendu d'inhabituel. Le sergent Kirby arrive ensuite et frappe a la maison nommee New Cottage , voisine du portail. M me Green ouvre sa fenetre, et dit qu'elle n'a rien entendu. Le docteur arrive tres rapidement, au bout de dix minutes, et commence a examiner le corps. Les premiers badauds qui se presentent sont deux hommes qui travaillent dans un abattoir de l'autre cote de la rue. Ils disent ne rien savoir de cette affaire, et n'avoir entendu aucun cri. Il voit aussi passer un inconnu dans la rue a ce moment-la. Apres avoir examine la femme, le docteur dit : ≪ Envoyez-la a la morgue. Elle est morte. Je ferai un examen plus approfondi la-bas ≫. Ils la mettent alors dans l'ambulance, et la convoient jusqu'a la morgue. L'inspecteur Spratling les y rejoint. En soulevant les vetements de la victime, ce dernier s'apercoit qu'elle a ete eventree, ce qui n'avait pas ete remarque jusque la. On retrouve sur elle un bout de peigne, un morceau de miroir, et dans sa poche un mouchoir blanc non marque. Elle n'a pas d'argent [ 66 ] , [ 18 ] , [ 67 ] , [ 21 ] .

Le Times du 3 septembre ajoute ces details : l'agent Neil, qui a pres vingt ans de service, est interroge de facon approfondie. Il certifie l'horaire de 3h45 pour la decouverte du corps, pas plus de trente minutes apres son precedent passage dans la rue. Selon lui, une marche rapide sur le meme parcours n'aurait pas pu prendre plus de douze minutes. Les trois gardiens de nuit postes a proximite n'ont rien remarque non plus. Il dement avoir ete alerte par deux hommes. Il a decouvert le corps en faisant sa ronde, puis il a fait signe a deux autres policiers avec sa torche. Ces deux-la n'ont vu personne de suspect quitter les lieux [ 60 ] .

Audition de l'agent de police Thain, J Division (secteur de Bethnal Green) , le 17 septembre [ modifier | modifier le code ]

Durant sa ronde, il passe devant l'entree de Buck's Row toutes les trente minutes. Il ne remarque rien au cours de la nuit. A 3h45, l'agent de police Neil lui fait signe avec sa lampe depuis Buck's Row. Il le rejoint et voit le corps de la femme assassinee. Il va aussitot chercher le D r Llewellyn. Il y a une bonne quantite de sang coagule etendue sur le pave sous le cou de la victime, et un filet s'epanchant dans le caniveau. Lorsqu'il aide a la transporter dans l'ambulance, il remarque que tout son dos est imbibe de sang jusqu'a la taille. Par la suite, il mene des investigations dans Essex Wharf , et dans toute la zone ferroviaire sans rien decouvrir de suspect [ 68 ] .

Audition du chirurgien Rees Ralph Llewellyn, le 1 er et le 17 septembre [ modifier | modifier le code ]

Il demeure au 153, Whitechapel Road. L'agent de police Thain vient le chercher aux environs de 3h55-4h. En arrivant dans Buck's Row, il trouve la femme gisant sur le dos, les jambes etendues. Il constate qu'elle est morte et qu'elle porte de graves blessures a la gorge. Ses mains et poignets sont froids, mais le buste et le haut des membres sont encore chauds. Il fait sombre. Il estime alors que la mort remonte a une demi-heure maximum. Il est certain qu'elle ne s'est pas infligee elle-meme ses blessures. Un peu de sang s'echappe du cou. Il n'y a aucune trace de lutte. Rien n'indique qu'elle aurait ete trainee sur le sol. Il demande a la police de l'emmener a la morgue pour pouvoir mieux l'examiner. Une heure plus tard, l'inspecteur l'envoie chercher pour voir les autres blessures qu'il vient de decouvrir a l'abdomen. Il constate que ces blessures sont profondes. Il revient a 10h avec son assistant pour se livrer a un troisieme examen post mortem [ 21 ] . La victime a environ 40 ou 45 ans. Il lui manque cinq dents. Il y a une legere laceration de la langue. Elle porte une ecchymose au cote droit de la machoire du bas qui semble avoir ete causee par un coup de poing, ou la pression d'un pouce, et une autre autour de l’œil gauche, causee sans doute par la pression des doigts de l'assassin. Une autre petite ecchymose est situee sur la gauche du cou et une abrasion sur la droite (...). Les incisions ont ete pratiquees a l'aide d'une longue lame de couteau, moderement aiguisee, avec une grande violence. Aucune trace de sang n'a ete trouvee au niveau de la poitrine, que ce soit sur le corps ou sur les vetements. Les blessures, tres profondes, reprennent au bas de l'abdomen, (...) pratiquees vers le bas avec violence, et de gauche a droite. L'auteur pourrait etre un gaucher, et semble avoir une connaissance approximative de l'anatomie, etant donne qu'il a su attaquer toutes les parties vitales [ 21 ] . Les blessures ont ete faites avec le meme instrument dans un intervalle de quatre a cinq minutes [ 66 ] , [ 60 ] , [ 67 ] , [ 21 ] , [ 69 ] , [ 18 ] .

Le 17 septembre, le docteur Llewellyn precise qu'il a reexamine le corps et qu'il n'y manque aucun organe (en echo au meurtre d'Annie Chapman, dont certains organes avaient ete preleves par l'assassin).

Le medecin aurait declare aussi que la facon d'ouvrir le corps de Polly Nichols faisant penser a l'eventrement d'un veau par un boucher, et que l'instrument du crime, a la difference du geste leger et precis du chirurgien, avait ete manie avec une grande brutalite comme dans un abattoir [ 70 ] .

Audition de l'abatteur de chevaux Henry Tomkins, le 3 septembre [ modifier | modifier le code ]

Il demeure 12 Coventry Street, dans le quartier de Bethnal Green . Il travaille pour M. Barber a l'abattoir de Winthrop Street. Il prend son service entre huit et neuf heures du soir, et quitte son travail vers 4h20. Deux collegues travaillent avec lui : James Mumford et Charles Brittain. Ils font une pause de minuit vingt a 1h, mais ne vont pas tres loin. Avec Brittain, il reste dans la cour de Wood's Buildings pendant cette pause. Questionne par le jury, il dit qu'ils vont souvent prendre un verre pendant leur pause [James Mumford occupe un rang superieur dans l'entreprise, et reste sur place pour garder les locaux [ 63 ] ].

Reprenant le travail a 1h, aucun d'entre eux ne quitte l'abattoir avant 4h20. Tous trois sont travaillent sans faire de vacarme. Les portes sont grandes ouvertes sur la rue, n'importe qui peut entrer. Depuis son retour a 1h, il n'entend aucun bruit, n'entend ni ne voit aucun vehicule circuler, et ne voit passer personne en-dehors de l'agent de police a 4h15. Il pense que si quelqu'un avait appele a l'aide ou se trouvait la victime, il ne l'aurait pas entendu parce que c'est trop loin.

Lorsque le coroner lui demande s'il y avait des femmes avec eux, il repond qu'il n'a rien a voir avec elles, en haussant les epaules. Le coroner insiste pour savoir s'il en a vu dans le quartier pendant sa pause. Tomkins met les mains dans les poches en repondant qu'il ne sait rien a leur sujet : aucune femme n'est venue, mais il y a toujours des hommes et des femmes de toutes sortes et de toutes tailles qui deambulent dans Whitechapel Road, qui est un endroit plutot mal fame. Ses differentes remarques font rire l'assistance [ 11 ] . [Tomkins est si peu clair dans ses explications que dans Pall mal gazette , le journaliste comprend qu'il est alle dans Whitechapel Road pendant sa pause. Le lendemain, pour eteindre la rumeur qui accuse les trois ouvriers, James Mumford repond a une interview de l' Echo , pour preciser que les deux hommes sont alles au Grave Maurice a minuit 20, juste avant la fermeture a minuit et demi, comme ils font d'habitude. Ils ont pris des rafraichissements pour les ramener a l'abattoir. Mumford ne peut pas aller avec eux car il doit veiller sur les chaudieres. Ce soir-la, ils abattent trois ou quatre chevaux [ 63 ] .]

Ils arretent de travailler a 4h. Quand l'agent Thain leur apprend, vers 4h15, qu'un meurtre a ete commis dans Buck's Row, il se rend sur place avec Mumford et le policier. Brittain les rejoint cinq minutes plus tard. En general, ils rentrent chez eux apres le travail, mais ils ont voulu aller voir ≪ cette femme qui a ete assassinee ≫. Ils n'ont pas d'heure fixe pour terminer leur travail. Ils terminent parfois a trois, quatre, cinq, six heures, et meme parfois dix heures. Tout depend de leur quantite de travail. Et ils vont toujours boire un verre avant que les debits de boisson ferment.

En arrivant sur place, ils voient le docteur avec trois ou quatre policiers. Il pense qu'il y a aussi deux autres hommes qu'il ne connait pas, et qui sont probablement en chemin pour leur travail. Cette question est longuement debattue et met le coroner hors de lui, car il n'arrive pas a obtenir une reponse claire sur le nombre de gens presents. Tomkins, jeune homme de petite taille modestement vetu, garde ses mains dans ses poches pendant que le coroner s'impatiente. Ce dernier finit par s'exclamer : ≪ Je ne comprends rien a ce langage d'equarrisseur ≫.

Il reste sur les lieux jusqu'a ce que le corps de la victime soit emmene par l'ambulance. A ce moment, il y a bien dix ou douze personnes presentes [ 50 ] , [ 71 ] .

L'activite de l'abattoir se resume a abattre des chevaux, et en faire bouillir la viande. Celle-ci est revendue ensuite comme nourriture pour les chats [ 63 ] .

Audition du veilleur de nuit Alfred Mulshaw le 17 septembre [ modifier | modifier le code ]

Il est veilleur de nuit pour le Whitechapel District Board of Works (ou Direction des travaux publics de Londres, district de Whitechapel), Winthorp Street, a l'arriere du Working lads' Institute . Il ne quitte pas son travail avant 6h05. Il a une vue sur la rue, et observe, durant sa nuit de veille, un chantier de drainage. Il reconnait somnoler de temps a autre (son temoignage suscite les rires du jury), mais il ne pense pas qu'il a dormi entre 3h et 6h. Il n'a vu personne et n'a entendu aucun bruit. L'abattoir est a environ 40-50 metres. Vers 5h20, un homme passe et lui dit : ≪ Vieil homme, une femme a ete assassinee la-bas ≫. Il s'y rend et voit le corps examine par un docteur. Si quelqu'un avait crie, il n'est pas certain pas qu'il l'aurait entendu. Il n'a vu personne s'enfuir. Apres 23h, tout a ete silencieux. Si quelqu'un s'etait mis a courir, Il l'aurait remarque. On ne voit pas souvent de policiers dans cette petite rue. Il en a vu deux patrouiller cette nuit, dont l'agent Neil. Il en passe peut-etre un toutes les deux heures [ 72 ] .

Audition de Walter Purkiss, habitant de l'immeuble Essex Wharf , le 17 septembre [ modifier | modifier le code ]

Il est le gerant d' Essex Wharf pour le compte de Brown & co., immeuble qui fait face a la scene de crime, ou il habite au premier etage avec sa famille. Lui et sa femme occupent la partie donnant sur la rue, et ses enfants ainsi que son domestique dorment a l'arriere du batiment. Le soir du crime, ils sont tous couches a 23h15. Mais il veille une grande partie de la nuit, et a du dormir a partir de 2h. Il n'a rien remarque de particulier venant de la rue jusqu'a ce que la police vienne le reveiller vers 4h. Sa femme se reveille vers 3h et ne se rendort pas, mais elle ne remarque rien non plus. D'ailleurs, la rue est inhabituellement silencieuse. Si un incident avait eclate, ils s'en seraient tres certainement apercus. Il aurait pu voir toute la scene depuis sa fenetre. Quand la police appelle, il ouvre la fenetre, puis il sort de chez lui. Sont alors presents deux ou trois hommes en plus des policiers [ 73 ] , [ 68 ] , [ 72 ] .

D'apres d'autres comptes rendus, sa femme, qui ne trouve pas le sommeil, marche dans sa chambre, au moment suppose du crime, sans rien remarquer.

Le journal Echo recueille egalement le temoignage de William Purkiss, pere du deposant : sa fille ouvre la fenetre de sa chambre a 3h. La distance avec le lieu du crime est seulement d'environ quatre metres. Il regne alors le plus grand silence. Et depuis ce moment, ils n'entendent aucun bruit.

L'immeuble Essex Wharf etait encore debout en 1989.

Audition d'Emma Green, habitante de la maison New Cottage dans Buck's Row, le 17 septembre [ modifier | modifier le code ]

Les lieux du crime quelques annees plus tard : la maison New Cottage et un local ferme par un rideau metallique, qui a remplace l'ecurie Brown. Vers 1900-1920

Elle est veuve et vit avec ses deux fils et sa fille. Ses fils sont couches entre 21h et 22h. Sa fille et elle-meme dorment dans une chambre du rez-de-chaussee, dont la fenetre donne sur la rue, et se couchent toutes deux a 23h. Elle a le sommeil leger, et n'est pourtant reveillee que lorsque l'agent de police vient frapper a la porte, vers 4h. Elle ouvre alors la fenetre, et voit trois ou quatre policiers et deux hommes rassembles dans la rue. Elle apercoit egalement le corps gisant a terre, mais il fait trop sombre pour le distinguer nettement. Aucun bruit n'a reveille la maisonnee, meme si en general, il y a souvent des gens tres dissipes qui passent dans la rue en faisant du tapage. En dehors de cela, le voisinage est tranquille. Elle n'a aucune idee si des habitants de la rue recoivent chez eux des prostituees. Les riverains sont tous des gens absorbes par leur travail.

Son fils a nettoye les traces de sang de la scene de crime, parce qu'apres l'enlevement du corps, elle a estime qu'il fallait le faire. Un policier a suivi son fils dans la cour de leur maison, d'ou ils sont revenus avec un balai, puis il l'a aide a nettoyer [ 73 ] , [ 68 ] , [ 72 ] , [ 74 ] .

Audition de l'agent de police Jonas Mizen, H Division (secteur de Stepney), le 3 septembre [ modifier | modifier le code ]

Il se trouve a 3h40 ou 3h45 au carrefour d'Hanbury Street et de Bakers Row, en train de frapper a la porte d'un habitant, lorsqu'il voit un homme venant de Buck's Row, ressemblant a un charretier, lui dire : You are wanted in Buck's Row . [Au cours de l'audition, Mizen dit reconnaitre l'homme parmi les temoins presents : il s'agit de Cross, qui est effectivement charretier]. Mizen demande a l'homme ce qui se passe. Cross, accompagne d'un autre homme, repond qu'une femme a ete trouvee, gisant a terre, ajoutant : ≪ Un policier vous attend la-bas ≫. Les deux hommes ont l'air de travailler ensemble. Ensuite, se remettant en chemin, ils s'eloignent tous deux dans Hanbury Street. Quand Mizen arrive dans Buck's Row, l'agent Neil lui fait signe avec sa lampe et l'envoie chercher une ambulance au poste de police. Neil est alors seul avec le corps. Du sang s'ecoule de la gorge de la victime jusque dans le caniveau. Il n'y a qu'une seule flaque de sang. Il remarque que le sang commence a coaguler. Plus tard, il aide a placer le corps dans l'ambulance.

Interroge par le jury, il dement avoir continue de frapper a la porte apres avoir appris ce qui se passait. Il s'est rendu immediatement dans Buck's Row. Mais dans d'autres comptes rendus, il admet avoir seulement termine de frapper chez l'habitant [ 75 ] , ne donnant que deux ou trois coups avant de partir [ 11 ] . Et Cross ne lui a jamais parle de meurtre ou de suicide [ 10 ] , [ 71 ] , [ 5 ] .

Audition de Charles Allen Cross, charretier, le 3 septembre [ modifier | modifier le code ]

Charles Allen Cross a pour veritable nom Charles Allen Lechmere (1849-1920). Pour une raison que l'on ignore, il se presente a l'audience du coroner sous le nom de Cross, emprunte a son beau-pere Thomas Cross, agent de police, second mari de sa mere, mort en 1869. La mere de Lechmere s'etait remariee en secondes noces, etant veuve, avec Cross en 1858, alors qu'il n'a que neuf ans. Son pere, John Allen Lechmere, semble avoir disparu deux ans apres sa naissance. Du vivant de Thomas Cross, tous ses beaux-enfants portent son nom, selon le recensement de 1861. Mais en se mariant en 1870, Lechmere reprend son nom d'origine qu'il conserve dans tous les actes officiels jusqu'a sa mort [ 76 ] . Il parait donc curieux qu'il ait repris, exceptionnellement, le nom de son beau-pere le jour de l'audience devant le coroner . Pour cette raison, le journaliste suedois Christer Holmgren le soupconne d'etre le tueur et d'avoir cherche a dissimuler son identite pour echapper aux poursuites eventuelles [ 77 ] .

Par commodite, Lechmere est nomme dans le present article sous le nom de Cross.

Cross se presente a l'audience en blouse de travail. Il est present pendant l'audition de l'agent Mizen.

Il habite au 22, Doveton Street, Cambridge Road, et travaille pour les etablissements Pickfords. Il sort de chez lui a 3h30 ou 3h20. Il doit arriver a 4h chez Pickfords , Broad Street, dans la City. Il passe par Parson Street, puis traversant Brady Street, il entre dans Buck's Row. Il ne rencontre personne de tout le trajet. Comme il marche dans Buck's Row, il voit une forme sombre qu'il prend pour une bache, gisant devant le portail d'un entrepot. Il marche au milieu de la rue, et s'approchant, il voit qu'il s'agit d'une femme. Au meme moment, il entend un homme venir derriere lui, a environ 30 ou 40 metres. Il recule pour l'attendre. L'homme parait craindre qu'il veuille l'agresser. Mais il lui dit : ≪ Venez voir, il y a une femme ≫. Tous deux examinent le corps, se placant de chaque cote de la femme. Il fait trop sombre pour voir s'il y a du sang ou une blessure. Il ne remarque pas qu'elle a la gorge tranchee. D'apres la position du corps, il pense que la femme a ete agressee, et qu'elle a perdu connaissance dans la lutte, mais il est loin d'imaginer qu'elle a ete assassinee [ 11 ] .

Il prend la main de la victime et constate qu'elle est froide. Son visage est encore chaud. Il dit a l'homme : ≪ Je crois qu'elle est morte ≫. L'autre met alors sa main sur la poitrine de la femme, et dit : ≪ Je crois qu'elle respire, mais tres faiblement ≫. Puis l'homme propose de la deplacer pour l'adosser au mur, mais Cross repond : ≪ Je ne veux pas la toucher. Allons plutot voir un agent de police ≫. L'autre dit qu'il irait bien chercher un policier, mais qu'il est presse d'aller au travail. Lui-meme est aussi presse par le temps. Comme la robe est retroussee au-dessus des genoux, l'autre homme veut la reajuster avant de partir, mais les plis des vetements resistent et ne veulent pas redescendre.

Il se remet en route et entre dans Bakers Row. Tournant a droite, il voit un agent de police (Mizen), et lui dit : ≪ Il y a une femme gisant a terre dans Buck's Row. Elle semble morte ou ivre ≫. L'autre homme, qui l'accompagne, ajoute : ≪ Je crois qu'elle est morte ≫. Le policier repond : All right . Apres cela, il voit l'agent Mizen retourner frapper a la porte d'un habitant, au lieu d'aller directement dans Buck's Row.

Se remettant en chemin avec l'autre homme, ils se quittent a un angle d'Hanbury Street, l'autre tournant dans Corbett's Court.

Il ne connait pas l'autre homme, qui lui parait etre un charretier. Il n'a rencontre personne d'autre que cet homme dans Buck's Row. Il n'a pas rencontre l'agent de police Neil, mais uniquement l'agent Mizen. Il n'a pas entendu passer de vehicule. Si quelqu'un s'etait trouve sur place au moment ou il a tourne dans Buck's Row, il l'aurait entendu s'en aller. Interroge par un jure, il dement avoir dit a l'agent Mizen qu'un autre policier l'attendait [ 10 ] , [ 71 ] , [ 75 ] , [ 5 ] .

Audition de Robert Paul, charretier, le 17 septembre [ modifier | modifier le code ]

Avant d'etre entendu par le coroner , Robert Paul repond aux questions d'un journaliste du Lloyd's weekly newspaper le jour meme du meurtre, 31 aout, dans la soiree, au retour de son travail. Son interview est publie le 2 septembre [ 78 ] .

Il habite au 30 Forster street, Whitechapel. Ce matin, il sort de chez lui un peu avant 3h45 pour aller a son travail a Covent Garden Market , et arrive dans Buck's Row exactement a 3h45. Il fait sombre et il est presse, lorsqu'il voit un homme debout pres de l'endroit ou se trouve la femme. Mais comme il sait que le quartier est dangereux, il essaie de faire un ecart pour eviter l'inconnu. Peu de gens passent ici sans se tenir sur leurs gardes, car il y a des bandes de voyous terribles qui trainent. Il y en a beaucoup qui se sont fait attaquer et voler a cet endroit. Cependant, l'homme s'approche, et lui mettant la main sur l'epaule, dit : ≪ Venez voir cette femme. ≫ Au bout de quelques pas, il trouve une femme allongee sur le dos. Son bonnet est a terre, a environ 60  cm de sa tete. Il a l'impression qu'elle respire encore. Son corps est chaud, alors qu'il fait froid ce matin-la. En prenant son poignet, il sent que ses mains sont froides et comprend qu'elle est morte. Elle est tellement froide qu'elle a du mourir depuis un bon moment. Il fait trop sombre pour voir des traces de sang. Comme ses vetements sont en desordre, il tente de les reajuster. Il pense alors qu'elle a ete violentee, et qu'elle a du mourir dans la lutte. Mais il craint d'arriver en retard a son travail, alors, discutant avec l'autre du meilleur parti a prendre, ils decident de se remettre en chemin et d'alerter le premier policier venu. Ils en trouvent un dans l'allee de l'eglise, tout en haut de Buck's Row, devant Old Montague Street, qui est en train d'appeler un habitant. Il dit au policier ce qu'il vient de voir, et lui demande d'y aller. [Dans une autre version, il dit qu'il envoie l'autre homme parler au policier [ 72 ] ]. Mais le policier ne lui dit pas s'il va y aller ou pas. Il continue plutot d'appeler les habitants de l'immeuble. Robert Paul trouve ce comportement honteux, sachant qu'il vient de lui apprendre qu'une femme est morte. Il ne s'ecoule pas plus de quatre minutes entre le moment ou il decouvre la femme et celui ou il rencontre ce policier.

Il ajoute qu'il est impossible de ne pas voir le corps, et qu'un policier passant par la ne pouvait que le remarquer [ 18 ] , [ 73 ] , [ 79 ] .

Audition d'Emily Holland, amie de Mary Ann Nichols, le 3 septembre [ modifier | modifier le code ]

Eglise St. Mary, Whitechapel, 1880, a la suite d'un incendie de la toiture

Emily Holland est une femme agee et mariee, vivant en ce moment a la pension Wilmott au 18, Thrawl Street. Elle se presente revetue d'un robe brune, d'un dolman et d'un bonnet, visiblement impressionnee par le jury.

Polly Nichols a vecu avec elle pendant six semaines a la pension ou elles partageaient le meme lit, mais elle a disparu depuis huit ou dix jours et n'a pas ete vue depuis. La nuit du meurtre, apres etre alle voir l'incendie a Ratcliff, elle voit Polly Nichols deboucher dans Whitechapel Road en venant d'Osborn Street, seule et ivre. Cette derniere lui explique qu'elle vit dans l'etablissement ≪ ou hommes et femmes peuvent dormir ensemble ≫ - c'est-a-dire, presume-t-elle, la White House , Flower and Dean Street - mais elle en a assez, car il y a trop de monde. Elle voudrait retourner vivre avec elle au 18, Thrawl Street, seulement, on ne l'a pas laissee revenir parce qu'elle n'a pas de quoi payer. Emily Holland pense pouvoir arranger cela, mais Polly refuse. Emily essaye alors de la persuader de rentrer avec elle. Pendant qu'elles parlent, l'horloge de l'eglise St. Mary sonne 2h30. Polly lui explique qu'elle a deja gagne trois fois l'argent du loyer aujourd'hui. Elle l'a depense, mais elle parviendra bien a reunir une nouvelle fois la somme du loyer. Puis elle la quitte en disant qu'elle ne serait pas longue, et s'eloigne dans Whitechapel Road en direction de l'est. Elles ont parle pendant environ sept ou huit minutes [ 26 ] .

Emily Holland ignore de quelle maniere elle gagnait de l'argent. C'etait une femme sans histoire. Elle se confiait peu, et paraissait melancolique, continuellement preoccupee par des soucis [ 75 ] .

Selon la presse, une certaine Jane Oram ou Oran vient aussi temoigner devant le coroner . Son temoignage correspond quasiment a celui d'Emily Holland. On croit aujourd'hui qu'elles sont une seule et meme personne, les journalistes ayant mal retranscrit le nom de ≪ Holland ≫ [ 80 ] , [ 31 ] , [ 5 ] .

Les vetements de la victime : audition des deux employes de la morgue Robert Mann et James Hartfield, le 17 septembre [ modifier | modifier le code ]

L'une des questions les plus discutees, et qui fait couler beaucoup d'encre, concerne le depouillement premature du corps a la morgue par les deux employes de la morgue, responsables de la destruction d'indices de premiere importance.

Le 3 septembre, le coroner est mecontent que la victime ait ete deshabillee par les employes de la morgue sans l'autorisation de la police. A present, il est difficile de savoir dans quelle position exacte et dans quel etat ont ete retrouves les effets de la victime. Enright precise qu'ils ont ete mis en tas dans la cour de la morgue. Abberline envoie les chercher. Spratling se rappelle avoir vu des taches de sang sur certains vetements, mais ces taches ont pu se produire au moment du deplacement du corps.

Malgre cette plainte du magistrat et de la police envers le personnel de la Whitechapel Workhouse , le cas se reproduit apres le meurtre d'Annie Chapman le 8 septembre. Son corps, conduit a la morgue d'Old Montague Street, est a son tour deshabille et nettoye sans l'autorisation de la police, avant meme que le chirurgien ait pu faire un examen approfondi.

Le sujet est aborde dans l'enquete sur le meurtre d'Annie Chapman le 13 septembre lors d'une premiere audition de Robert Mann , et revient dans les auditions du 17 septembre, lorsqu'il est de nouveau interroge avec un autre employe de la morgue. Le gardien Robert Mann, vieil homme en blouse de travail, par ailleurs resident du workhouse de Whitechapel, affirme qu'il n'a pas recu d'instruction de la police de ne pas toucher au corps, ce que dementent Spratling et Enright. Le coroner veut savoir dans quel etat etaient a l'origine les vetements de la victime. Selon Robert Mann, ils n'etaient ni dechires ni decoupes, mais il ne se souvient plus a quel endroit etaient les traces de sang. C'est son collegue Hartfield qui les a decoupes pour les retirer. James Hartfield, egalement un vieil homme en blouse de travail et pensionnaire lui aussi du Whitechapel Workhouse , precise qu'ils ont commence par decouper le pardessus puis la redingote. Il a du dechirer la chemise et les jupons. Ils ont pris cette initiative parce qu'ils ont entendu qu'un chirurgien allait venir autopsier le corps, et qu'ils ont voulu prendre les devants. Pendant l'audition, un jure indigne reproche a Hartfield d'avoir, lors de la visite du jury dans la cour de la morgue, essaye de remettre le corset sur le corps de la victime [ 81 ] . Le coroner juge que leurs temoignages ne sont pas fiables, car Robert Mann est sujet a des crises, et leur memoire est plutot hesitante [ 73 ] .

La question de la recompense [ modifier | modifier le code ]

Une polemique eclate durant l'enquete du coroner sur la question de la recompense. Le sujet a ete aborde une premiere fois quelques jours plus tot a l' audition du 13 septembre au sujet du meurtre d'Annie Chapman.

Le 17 septembre, le contremaitre Horey, qui preside le jury, regrette que le gouvernement n'ait pas offert de recompense apres le meurtre de Martha Tabram , en aout dernier, ce qui aurait peut-etre pu empecher que les deux suivants soient commis et fassent regner la terreur parmi la population. Si cette recompense etait proposee, il serait personnellement pret a y participer a hauteur de 25  livres. Puis il met en cause le ministre de l'Interieur, estimant que si un riche avait ete assassine, on n'aurait pas hesite a offrir 1 000  livres pour retrouver l'assassin. Le coroner conteste cet avis, repliquant que le gouvernement se soucie autant des pauvres que des riches, et lui rappelle que le systeme des recompenses ne se pratique plus depuis des annees [ 73 ] .

Plus tard dans la soiree, se tient au meme lieu - c'est-a-dire au Working Lads' Institute - une reunion politique presidee par Charles Tarling, en presence du depute liberal de Whitechapel, Samuel Montagu   (en) , lequel fait connaitre depuis plusieurs jours son intention d'offrir 100  livres de recompense pour l'arrestation du tueur, et demande que sa proposition soit transmise a la direction de Scotland Yard et au ministre de l'Interieur [ 72 ] . Rapidement, la rumeur court que la police du secteur de Stepney ( H Division ) serait prete a se cotiser pour ajouter 50  livres a la recompense promise par Samuel Montagu, rumeur dementie dans l' Illustrated police news du 22 septembre [ 82 ] .

Alors qu'on specule sur un encherissement possible de cette offre, le ministre Henry Matthews jette de l'huile sur le fleu en ecrivant qu'il n'y a aucun lieu de prevoir une telle recompense. Cette declaration suscite les hurlements de la presse [ 83 ] .

Conclusions de l'enquete [ modifier | modifier le code ]

Premiere page de l' Illustrated London News , 8 septembre 1888. Le bandeau central est consacre a l'affaire Polly Nichols

Le 22 septembre, le coroner resume l'affaire et presente ses conclusions :

La victime demeurait a la pension appelee White House , de Flower and Dean Street. Cet endroit a fait l'objet d'une enquete, et ne semble pas avoir de lien avec l'assassinat. Elle a ete vue vivante pour la derniere fois a 2h30 par Emily Holland qui la connait bien, a l'angle de Whitechapel Road et d'Osborn Street, face a l' eglise St. Mary   (en) , a environ 1 200 metres de Buck's Row. Elle est ivre, marche en titubant, se retenant au mur pour ne pas tomber. Elle marche dans Whitechapel Road en direction de l'est. On ne sait pas ce qu'elle fait ensuite, mais la frequentation habituelle a cette heure de cet endroit permet de supposer qu'elle y a rencontre de nombreuses personnes.

Moins d'une heure et quart plus tard, elle est decouverte par un charretier, Charles Cross, rejoint par Robert Paul, un autre charretier, tous deux sur le chemin de leur travail. Elle vient tout juste d'etre tuee. Paul dit qu'elle respire encore faiblement. Cross voit que ses mains sont froides, mais son visage est encore chaud. Ils ne remarquent aucune blessure, a cause de l'obscurite. Ils en avisent un policier a l'angle d'Hanbury Street et Bakers Row, environ 250-300 metres plus loin. Pendant ce temps l'agent Neil decouvre le corps. Il est alors 3h45, selon des temoignages concordants. Elle a certainement ete tuee sur place. Elle n'a pu ni crier ni se debattre. Il n'y a aucune trace de lutte. Beaucoup de gens presents a proximite n'ont rien entendu. Etant donne le peu de sang retrouve, toutes les blessures lui ont ete portees alors qu'elle etait deja couchee sur le sol, peut-etre parce qu'elle etait ivre, ou parce qu'elle a recu un coup, ou encore parce qu'elle a ete amenee au sol de force. L'agent Neil etait passe au meme endroit une demi-heure plus tot sans rien remarquer.

On peut s'etonner que l'auteur ait pu s'enfuir avec du sang sur les mains. Mais comme le quartier compte un grand nombre d'abattoirs, il a pu circuler dans Whitechapel Road, et se faufiler au milieu de la foule qui commence a animer les rues au petit matin, sans attirer l'attention.

Le coroner revient longuement sur les trois autres femmes assassinees depuis cinq mois : Emma Elizabeth Smith agressee par plusieurs hommes au petit matin dans Osborn Street le 3 avril, morte apres avoir survecu vingt-quatre heures a ses blessures au London Hospital ; Martha Tabram, retrouvee le 7 aout a 3h au rez-de-chaussee de George Yard Buildings , Wenthworth Street ; Annie Chapman , dont l'affaire recente est entre les mains d'un autre jury. Toutes avaient en commun d'etre des femmes mariees, separees de leurs maris, reduites a la precarite, trouvant refuge dans des lodging houses , et vivant dans l'indigence. Toutes ont ete agressees apres minuit, et ont recu des blessures a l'abdomen.

Cependant, les deux derniers crimes semblent avoir ete commis avec le meme type d'instrument, et montrent de fortes similitudes : la presence d'ecchymoses au visage ; la tete quasi detachee du corps ; le meme genre de blessures laissant supposer des connaissances anatomiques. Les deux crimes sont sans doute l’œuvre du meme homme. Dans le cas de Polly Nichols, agissant en pleine rue, il a surement ete interrompu avant d'atteindre son objectif probable d'emporter certains organes. Pour ne pas subir un nouvel echec, il a pris soin, pour le second meurtre, de se retrancher dans une arriere-cour.

Le mobile du tueur n'est certainement pas le vol, mais semble relever d'une sorte de ≪ fanatisme maniaque ≫.

En echo a l'une des polemiques soulevees au cours de l'enquete, il evoque par ailleurs la necessite pour le district de Whitechapel de se doter d'une morgue publique. Il y en avait une par le passe, mais elle a ete detruite par la Direction metropolitaine des chantiers lors du percement d'une rue, ce qui avait donne lieu a une dotation budgetaire pour en construire une nouvelle, dotation que les autorites locales ont utilise pour d'autres depenses. En l'absence de veritable morgue, on est oblige de recourir a l'annexe mortuaire de la workhouse infirmary , Old Montague Street. Les Gardiens de la Lambeth Union en permettent l'emploi comme morgue par courtoisie. Mais ce local prive n'est pas adapte a un tel emploi, ce qui a ete tres prejudiciable a l'enquete.

Apres avoir entendu les conclusions du coroner , le jury se retire pour deliberer vingt minutes, avant de delivrer le verdict : ≪ Meurtre commis par un auteur non identifie ≫ [ 65 ] , [ 8 ] .

L'enquete de police [ modifier | modifier le code ]

Le crime est commis sur le secteur de Bethnal Green ( J Division de la police metropolitaine), et a pour enqueteurs les inspecteurs Spratling et Helson. L'inspecteur Abberline, pour le CID, supervise l'ensemble de l'enquete. De nombreux interrogatoires et fouilles sont menes dans les environs de la scene de crime. On enquete egalement sur les faits et gestes de la victime dans les heures precedant sa mort. L'agent Neil, qui a decouvert le corps en faisant sa ronde, suppose que l'assassin s'est probablement enfui en empruntant un passage couvert reliant Winthorp Street et Whitechapel Road (il cite le passage de s Queen's buildings mais on pense qu'il s'agit plutot de celui des Woods buildings ). Le trafic de Whitechapel Road est important au moment du crime (nombreuses prostituees en train de rentrer chez elles, travailleurs se rendant aux marches), et il a pu facilement passer inapercu au milieu de tous ces passants.

L'attention se porte dans un premier temps sur les trois abatteurs de chevaux de Winthorp Street. Interroges tous les trois separement par la police, ils sont mis hors de cause, notamment grace au temoignage de l'agent John Neil qui les a vus travailler en faisant sa ronde. Mais rapidement, les policiers s'interessent a un certain ≪ Tablier de Cuir ≫ qui ressort des interrogatoires de nombreuses prostituees. L'homme aurait pour habitude depuis longtemps de les menacer et de les maltraiter, repandant chez elles un ≪ sentiment de terreur ≫. Mais l'information fuite, et des le 4 septembre, le public en est informe par le Star et d'autres journaux. Alerte par ce battage mediatique, ≪ Tablier de Cuir ≫ disparait de la circulation pour etre cache par ses proches. Les recherches menees dans de nombreuses lodging houses pour le debusquer ne donnent rien. La police le retrouve finalement le 10 septembre - il s'agit de John Pizer - et apres l'avoir interroge, le met hors de cause.

Entretemps, une seconde victime, Annie Chapman, est decouverte le 8 septembre au 29 Hanbury Street, sur le secteur de Stepney ( H Division ), du ressort des inspecteurs Chandler et West. L'enquete se poursuit sous la supervision d'Abberline, assiste de Helson.

L'inspecteur Abberline resume le bilan de l'enquete dans son rapport du 19 septembre [ 84 ] , [ 24 ] .

Contexte social et politique [ modifier | modifier le code ]

L'affaire du meurtre de Polly Nichols intervient dans un contexte de tension sur la scene politique, de pauperisation des quartiers populaires de Whitechapel et de Spitalfields, et de hausse de l'insecurite.

Climat social dans le district de Whitechapel [ modifier | modifier le code ]

L'emotion [ modifier | modifier le code ]

Dans la matinee qui suit la decouverte du crime, une vague d'emotion s'empare des habitants du quartier. Au debut du mois d'aout, l'assassinat de Marta Tabram quelques rues plus loin, s'ajoutant a celui d' Emma Smith en avril, avait deja declenche une premiere indignation qui commencait seulement a s'apaiser [ 85 ] . A present, les habitants sont persuades que les trois crimes sont l'œuvre d'un meme fou qui sillonne le quartier. La terreur s'empare en particulier des femmes de Whitechapel [ 86 ] .

Le jour-meme de la decouverte, la foule et les journalistes affluent sur la scene du crime. Chacun cherche des indices et croit meme decouvrir des traces de sang dans Brady Street. Par la suite, a mesure que la police pietine, de nombreux detectives amateurs se lancent aussi dans l'enquete [ 56 ] .

Rumeurs et paranoia [ modifier | modifier le code ]

Les rumeurs vont bon train sur le compte de nombreux suspects. Des les premiers jours, la vindicte populaire cherche activement un coupable. De nombreux incidents eclatent : tout acte d'agression, et parfois de simples propos mal interpretes, font naitre de nouveaux soupcons, entrainant des scenes de lynchage. Lorsqu'un homme est arrete pres de l'eglise de Spitalsfield pour des faits sans rapport avec l'affaire, tout le quartier entre immediatement en ebullition [ 18 ] . A travers les chroniques de la presse qui rapportent ces differents evenements, l'opinion decouvre le sort des femmes du Whitechapel et des violences qu'elles subissent au quotidien.

Rapidement, les trois abatteurs de chevaux de Winthrop Street, qui travaillaient a proximite du lieu du crime, sont soupconnes. La deposition confuse de Tomkins, le 3 septembre, devant le coroner , cherchant maladroitement a dissimuler qu'il s'est rendu dans Whitechapel Road pendant sa pause, produit un effet catastrophique. Dans la nuit, des graffitis traces sur la porte de l'abattoir accuse les trois ouvriers d'avoir assassine Polly Nichols dans leur atelier. Les habitants sont d'ailleurs persuades, puisque personne n'a rien entendu, et que peu de sang a ete retrouve, que la victime a ete tuee a l'interieur d'un batiment, puis transportee a bord d'un vehicule pour etre ensuite abandonnee dans la rue. Le coroner lui-meme soupconne les abatteurs de chevaux de recevoir des prostituees de Whitechapel Road sur leur lieu de travail. Il a d'ailleurs les memes soupcons envers les habitants de Buck's Row. Les trois equarrisseurs sont terrorises, et leur chef tente de reparer, dans une interview publiee par la presse, les propos maladroits de Tomkins en expliquant plus clairement leurs faits et gestes la nuit du meurtre. Le journaliste, invite a visiter leur abattoir, en profite neanmoins pour decrire en detail dans un article l'arsenal de couteaux utilises par les ouvriers.

Mais rapidement, les abatteurs de chevaux sont oublies au profit d'un personnage, surnomme ≪ Tablier de Cuir ≫, qui hante Whitechapel. La paranoia s'accompagne alors de relents d'antisemitisme, surtout a partir du meurtre d'Annie Chapman qui genere des manifestations violentes visant les Juifs. Ce climat conduit le Grand Rabbin de la synagogue de Bayswater   (en) , le D r Hermann Adler, a reagir en soulignant dans une declaration l'incompatibilite de ces crimes avec l'esprit du judaisme [ 68 ] .

Fascination morbide [ modifier | modifier le code ]

En parallele, cette vague d'emotion se teinte d'une certaine fascination pour la victime, ainsi que pour les lieux du crime, ou encore pour la morgue ou la depouille est entreposee. Des le samedi 1 er septembre, le lendemain du meurtre, et les jours suivants, les badauds prennent l'habitude de se rassembler quotidiennement dans Buck's Row, manifestant un ≪ interet morbide ≫ pour la scene de crime [ 10 ] . Une semaine plus tard, la ferveur de la foule, a laquelle se melent des ecrivains et des artistes, n'est toujours pas retombee. Des masses de badauds rodent quotidiennement autour de la morgue. Un journaliste s'en fait ouvrir les portes pour contempler la depouille de Polly Nichols, et examiner les vetements entasses dans la cour [ 87 ] . Le jour de l'enterrement, des milliers de personnes suivent le convoi funebre. Une bousculade se produit lorsque la foule cherche a voir de pres le cercueil, mais un important dispositif policier permet d'empecher les debordements. Le cortege passe symboliquement par Buck's Row, dont les habitants ont ferme leurs volets en signe de deuil.

Le sous-equipement du district de Whitechapel [ modifier | modifier le code ]

L'etat de delabrement du district de Whitechapel parait au grand jour. Les autorites n'y disposent d'aucun batiment administratif, et en l'absence de tribunal, les auditions doivent se derouler dans une salle du Working Lads Institute , institution de bienfaisance fondee par la bourgeoisie dans le but de fournir une education ≪ morale ≫ aux classes populaires. Par ailleurs, l'absence de morgue publique, compensee par l'utilisation d'un local inadapte fourni par le Whitechapel Workhouse, et confie a deux de ses residents, scandalise les editorialistes. Les deux employes ages croient bien faire en depouillant la victime, detruisant involontairement la ≪ chaine de preuve ≫, ce qui provoque la colere du coroner au cours de l'enquete, mais egalement la frustration amere des chroniqueurs devant la pauvrete des moyens. Le Daily telegraph va jusqu'a citer en exemple ≪ l'admirable modele francais ≫ dont on ferait bien de s'inspirer pour moderniser les equipements.

La precarite [ modifier | modifier le code ]

Polly Nichols est elle-meme une ancienne residente du Lambeth Workouse . L'examen de son parcours personnel met en pleine lumiere les conditions de vie des plus modestes travailleurs, des sans-abris, ou des femmes sans ressources, loges a la journee dans des pensions collectives, les lodging houses telles que la pension Wilmott, ou pis encore, les doss houses ou regne la plus grande promiscuite, ultime refuge avant la rue.

Les bandes criminelles [ modifier | modifier le code ]

Par ailleurs, l'affaire revele le niveau d'insecurite regnant dans le quartier. Les habitants sont notamment preoccupes par des bandes criminelles, dont l'une surnommee le High rips gang , terrorisant les passants, ou rackettant et menacant les prostituees. La police les soupconnait jusque la d'avoir assassine Emma Smith, victime de plusieurs agresseurs, ou Marta Tabram, et les surveille de pres. Elle suppose meme l'existence d'autres crimes dont on n'aurait pas connaissance, les bandes criminelles faisant peut-etre disparaitre les femmes qui auraient resiste a leur chantage [ 88 ] , [ 89 ] . La deposition de Robert Paul devant le coroner revele la dangerosite des rues, ou les passants peuvent tomber dans des guet-apens et etre devalises.

Les associations d'habitants [ modifier | modifier le code ]

Les commercants alertent les pouvoirs publics par l'intermediaire de la presse, ou en se liguant. L'un d'eux, par exemple, demeurant pres de l'eglise de Whitechapel, ecrit au Daily News pour se plaindre des nombreux actes de violence et des combats de rue qui se produisent dans le quartier, et accuse l'inaction de la police [ 21 ] . La presse fait etat d'une ≪ demande generale ≫ aux autorites d'une meilleure securite et d'une protection [ 66 ] . Dans ce contexte, emerge le 10 septembre, deux jours apres le meurtre d'Annie Chapman, un ≪ Comite de vigilance ≫ fonde au cours d'une reunion dans un pub par un groupe de commercants, et preside par George Lusk, entrepreneur et decorateur de theatre, incluant meme des artistes tels que l'acteur Charles Reeves. Leur intention est de patrouiller pour assurer la securite des femmes de Whitechapel.

Les preoccupations de la classe moyenne et de la bourgeoisie trouvent meme un echo pendant la seance de l'enquete judiciaire du 17 septembre, lorsque le jury populaire met en cause le gouvernement sur la question de la recompense. S'engage alors une joute tendue entre le contremaitre qui preside le jury et le coroner . Le soir meme, dans le meme Working Lads Institute , se tient une reunion politique animee par le depute liberal de Whitechapel, et banquier, Samuel Montagu   (en) , lequel prend a partie, a son tour, le gouvernement et en particulier le ministre de l'Interieur Matthews . Le gouvernement conservateur excluant de retablir le systeme de la recompense, devient la cible d'une opinion bourgeoise influencee par le parti liberal et la presse ≪ radicale ≫.

Crise interne au sein de la police et climat politique [ modifier | modifier le code ]

Avant meme que l'affaire eclate, la crise interne qui secoue la police metropolitaine fait grand bruit. Le jour meme du meurtre de Polly Nichols, la presse commente les remaniements en cours a la tete de Scotland Yard , avec la promotion de Robert Anderson comme adjoint au haut-commissaire ( assistant commissioner ), et chef du CID (ou Criminal Investigation Department , cellule d'elite de la Police metropolitaine), en remplacement de James Monro   (en) . Le Star du 31 aout reproche a Charles Warren , haut-commissaire ( commissioner ) depuis 1886, d'avoir transforme l'institution policiere en une force militaire, et d'avoir suscite un fort mecontentement interne qu'il a ecrase par une serie de sanctions disciplinaires et de revocations. Le depart de son rival Monro, tres populaire aupres des policiers, et dont le Star se fait le defenseur, en est l'acte final [ 90 ] . Warren en aurait profite pour introduire ses hommes issus de l'armee, en remplacement de policiers chevronnes. Le journal de gauche, rappelant l'inutile repression sanglante contre le rassemblement ouvrier de Trafalgar Square en novembre 1887, affirme qu'au bout d'un an de regne, Warren a reussi a monter totalement la population contre la police. Il l'accuse de n'avoir d'autre but que de mener une croisade contre la ≪ Revolution sociale ≫, et reclame sa demission. A travers le Star se manifeste toute l'animosite de l'opposition liberale qui guette avec impatience les prochaines elections pour reprendre le pouvoir [ 62 ] . Warren avait pourtant ete nomme par le gouvernement liberal en remplacement d'Edmund Henderson, demissionnaire apres la repression des precedentes emeutes socialistes du 8 fevrier 1886 a Trafalgar Square. Mais depuis la victoire des conservateurs aux elections de la meme annee, il s'est mue en cible de choix pour la gauche, et en representant de l'ordre bourgeois.

Dans son edition du lendemain, le Star commence a meler cette polemique a l'affaire des ≪ Meurtres de Whitechapel ≫, dont le dernier lui parait comparable a une nouvelle d' Edgar Poe telle que Double assassinat dans la rue Morgue . Le quotidien conclut sur une touche d'ironie : ≪ Le meurtrier est probablement un Monstre. Aussi, lorsque Sir Charles aura termine de chercher querelle a ses policiers, peut-etre envisagera-t-il d'aider les habitants de l'est londonien a l'attraper [ 52 ]  ≫. Finalement, ne resistant pas a cette charge, Warren annonce sa demission des le 3 septembre. Les liberaux s'en rejouissent et s'attendent a la nomination de Malcolm Wood pour lui succeder, qui a leur preference et etait deja pressenti en1886 [ 64 ] .

Mais Warren reste finalement en place, et le 19 septembre, c'est au tour du Daily telegraph de lancer une charge contre le ministre de l'Interieur, Henry Matthews , attirant l'attention sur l'etat deplorable des morgues londoniennes qu'il qualifie de ≪ scandaleux taudis ≫, les comparant a des ≪ hangars ≫ sous-equipes. Devant la deroute chaotique de la police, demunie de la moindre piste serieuse, le quotidien reclame que l'enquete soit maitrisee par ≪ une seule tete pensante ≫. Les competences de Warren, au demeurant excellent militaire et parfait pour le maintien de l'ordre, sont mises en doute en matiere d'investigation criminelle. L'auteur reclame la demission du ministre, et une reforme d'ampleur impliquant la creation d'un magistrat, sur le modele du ≪ juge d'instruction francais ≫, qui puisse avoir toute latitude pour diriger l'enquete judiciaire [ 81 ] .

L'evocation du modele francais est recurrent chez les opposants au pouvoir conservateur. Le Daily telegraph publie le meme jour une lettre d'Evans Hurndall, pasteur d'Harley Street Chapel appelant les pouvoirs publics a mieux assister les populations demunies de Whitechapel, sans quoi il predit le soulevement d'un demi-million de pauvres. Reclamant lui aussi l'avenement d'une police d'investigation qui ne soit pas seulement devolue au maintien de l'ordre, il va jusqu'a faire l'eloge de la Revolution francaise [ 79 ] . Le Daily news , en commentaire du constat d'echec de la police lors de la cloture de l'enquete du coroner le 22 septembre, se met a rever d'une police a la francaise sur le modele du fameux Lecoq , l'inspecteur mythique des romans de Gaboriau [ 65 ] .

Au fur et a mesure que les jours passent, la frustration augmente et les critiques contre le gouvernement se font de plus en plus feroces. Le 24 septembre, le Daily telegraph lance une nouvelle charge au vitriol contre les autorites accusees de pratiquer la retention d'information vis-a-vis des journalistes accredites. La France est encore citee en exemple avec sa Gazette des tribunaux reputee avoir fait preuve d'une transparence exemplaire et journaliere pendant l' affaire Pranzini en juillet 1887 [ 83 ] .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Philip Sugden, The complete history of Jack the ripper , 2002 (nouv. ed.)
  2. a Dawes Court, Shoe Lane, passage donnant sur Fleet Street .
  3. a b et c Hallie Rubenhold , The five : the untold lives of the women killed by Jack the Ripper , ( ISBN   978-0-85752-448-5 et 0-85752-448-8 , OCLC   1079190005 )
  4. Un ouvrier peut gagner entre 15 et 30 shillings par semaine.
  5. a b c et d Evening Standard , 4 septembre 1888, "The Whitechapel murder"
  6. Morning advertiser , , "The Whitechapel murder".
  7. Les conditions de separation entre Polly Nichols et son mari ne sont pas etablies clairement. William Nichols affirme que c'est sa femme qui l'a quitte, et non l'inverse. Dans un autre compte rendu, il aurait declare l'avoir quittee parce qu'elle buvait, mais il dement par la suite cette version diffusee dans la presse. East London Observer , , "The Whitechapel tragedy. The husband's evidence".
  8. a b et c The Times , 24 septembre 1888, "The Whitechapel murders".
  9. En comparaison, Annie Chapman recoit 10 shillings de pension de son mari.
  10. a b c d e et f Echo , , "The Whitechapel murder".
  11. a b c et d The illustrated police news , , "The murder in Whitechapel".
  12. victorianwhitechapel , ≪  ~*Victorian Whitechapel*~ ? Mary Ann Walker Nichols  ≫, sur Mary Ann Walker Nichols “ Mary Ann “Polly” Nichols (b. Mary Ann Walker). Birth date: August 26, 1845. Star Sign: Virgo. Nationality/Ancestry: English/British. Parents and siblings: Edward and Caroline... (consulte le )
  13. Il est possible que Polly Nichols ait quitte le domicile conjugal des 1865, a l'age de 20 ans , et recidive l'annee suivante, annee de naissance de son fils aine : un article du Times du evoque une affaire impliquant une certaine Mary Ann Nichols placee au Lambeth Workhouse . La ≪ detenue ≫ est emprisonnee dans une salle du workhouse , en attente d'une sanction disciplinaire, lorsqu'elle se met a briser une cinquantaine de carreaux de verre a l'aide d'un balai, preferant ecoper de 21 jours de prison de la part d'un tribunal de police plutot que de subir une punition du workhouse . Son affaire passe ensuite en jugement au tribunal. Un sergent de police, present a l'audience, rappelle qu'elle a deja ete condamnee en 1865 dans deux affaires similaires a quelques mois d'intervalle, ou elle avait detruit de la literie et brise des fenetres. Le juge la condamne a six semaines de travaux forces. Son fils aine, Edward John, nait le . S'il s'agit de la meme Mary Ann Nichols, les faits se seraient deroules alors qu'elle etait enceinte de sept mois.
  14. Dans une lettre publiee, par le Daily telegraph du , William Nichols reaffirme que sa femme l'a quitte cinq ou six fois durant leur vie de couple, avant de le quitter definitivement de son propre gre. Ce n'est que deux ans plus tard qu'il a change d'adresse pour emmenager avec l'infirmiere. Et il est reste en bons termes avec son fils aine, lequel a quitte son domicile il y a seulement deux ans et demi. Il dement ainsi toutes les versions contradictoires et interpretations publiees massivement dans la presse sur son compte.
  15. Jacques Carre, La prison des pauvres, l'experience des workhouses en Angleterre , Paris, Vendemiaire, coll.  ≪ Chroniques ≫,
  16. a et b Voir Bourgoin.
  17. Charlie Chaplin sejourne a plusieurs reprises dans son enfance avec sa mere en 1896 et 1898 dans ce meme Lambeth Workhouse , et sa mere Hannah Chaplin est admise regulierement a Lambeth Infirmary a partir de 1895. Voir : David Robinson, Chaplin, his life and art , 1985 ; Simon Fowler, The workhouse : the people, the places, the life behind doors , 2014.
  18. a b c d e f g h et i Morning advertiser , , "The Whitechapel murder".
  19. D'apres sa deposition, elles se sont connues au Lambeth Workhouse des 1881 ou 1882. Echo du , "The Whitechapel murder. When last seen."
  20. Le 12 mai, d'apres le temoignage de Mary Ann Monk, dans le Times du , "Another murder in Whitechapel".
  21. a b c d e f et g The Daily news , , The murder in Whitechapel, theory of the crime .
  22. Soit l'equivalent de 70 shillings ou 840 pence , ce qui represente le salaire mensuel d'une couturiere (voir Bourgoin, en debut de vol.), ou environ trois mois du loyer que payaient les Nichols lorsqu'ils vivaient ensemble.
  23. D'apres la plainte envoyee par Sarah Cowdry a la Lambeth Union . Paul Williams, Jack the ripper suspects , p.  20.
  24. a b c d e f g et h National Archives, MEPO-3/140, folio no. 242-257 (rapport de l'inspecteur Abberline, 19 septembre 1888).
  25. a b c et d The Times , 1 er septembre 1888, "Another murder in Whitechapel".
  26. a b c d et e East London Observer , , "The Whitechapel tragedy".
  27. (en) ≪  Wilmott's Lodging House  ≫, sur casebook.org (consulte le ) .
  28. a b et c The Star , , Leather Apron, more about his career, his latests movements, in the borough .
  29. Frances Coles, prostituee assassinee en 1889, a egalement reside dans la maison Wilmott.
  30. Le loyer revient a 28 pence la semaine, soit 2 shillings et 4 pence . Le plus bas salaire d'une ouvriere sans qualification est generalement de 4 shillings par semaine, soit 48 pence , ce qui suffit a peine pour payer ce type de logement. Voir Bourgoin en debut de vol.
  31. a et b Dans un article de presse, une certaine Jane Oram vient temoigner a l'audience du coroner , disant qu'elle a partage son lit avec Polly Nichols durant son sejour a la pension Wilmott. Mais les specialistes pensent aujourd'hui que Jane Oram est en realite Emily Holland. The Times , , "The Whitechapel murder".
  32. Sugden, The Complete Jack the Ripper  ; Hinton, From Hell.
  33. Voir le site Wiki Jack the ripper, page : Spitalfields Chambers [1]
  34. Voir le blog Casebook : Jack the Ripper : Annie Millwood .
  35. Voir le blog : Casebook : Jack the Ripper : Ada Wilson . Et Bourgoin, en debut de vol.
  36. D'apres le journaliste Terence Robertson (1921-1970), une certaine "Fairy Fay" aurait egalement ete assassinee a Mitre Square en . Mais il semble que ce soit une affabulation de l'auteur. Voir le blog Casebook : Jack the Ripper : Fairy Fay .
  37. a et b Conservees sous la cote : MEPO-3/140, aux folios 235-238 ( ), 239-241 ( ), et 242-257 ( ). Elles contiennent un rapport sur les premieres constations des agents Neil, Thain, Kirby et de l'inspecteur Spratling, le matin du crime ; un rapport sur Polly Nichols (ce que l'on sait de sa biographie, et son identification) et l'enquete sur le suspect surnomme ≪ Tablier de Cuir ≫ ; un rapport de quinze pages de l’inspecteur Abberline sur les deux meurtres de Polly Nichols et d’Annie Chapman.
  38. Les bonnets sont tres a la mode chez les femmes a l'epoque victorienne. Voir : Alison Gernsheim : Victorian and Edwardian fashion, a photographic survey , New York, Dover, 1963.
  39. D'apres plusieurs articles de presse, avant de s'en aller, elle aurait dit en riant a son logeur : "I'll soon get my doss money. See what a jolly bonnet I've got now."
  40. Un exemple de cette animation nocturne de Whitechapel's Road nous est fourni par un temoignage. Le jour de la decouverte du crime, le tenancier d'un cafe situe a l'angle de Whitechapel Road et de Cambridge Road, dit a la police qu'a 3h, une femme ressemblant a la description de la victime est entree dans son cafe avec un homme (environ 1,63  m , manteau sombre, chapeau melon, environ 35 ans, moustache noire, attitude nerveuse et anxieuse). Il a refuse de manger, mais a offert un cafe a la femme. Impatient de rentrer chez lui, il la presse de se depecher en bougonnant. Mais apres avoir vu le corps, le temoin pense que ce n'est pas la meme femme, sans en etre completement sur ( The Star , 1 er septembre 1888, "The Whitechapel horror, the third crime of a man who must be a maniac").
  41. a et b Echo , 6 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  42. Dans la version du Star , 3 septembre 1888 ("The Whitechapel crime, the inquest of the woman Nichols resumed to-day"), Cross part de chez lui a 3h20.
  43. Selon Paul, il est alors 3h45.
  44. a et b Cet horaire de 3h45 est notamment atteste dans le rapport de police redige le matin du 31 aout, conserve aux Archives nationales de Grande-Bretagne sous la cote : MEPO-3/140, aux f° 235-238 .
  45. Cross aurait dit exactement a Mizen : "You're wanted round in Buck's Row", selon le compte rendu du Star , 3 septembre 1888, "The Whitechapel crime, the inquest of the woman Nichols resumed to-day".
  46. Au moment de l'arrivee de l'ambulance, une douzaine d'hommes sont rassembles autour du cadavre, selon la deposition de Tomkins.
  47. Voir : The workhouse..., the story of an institution : Whitechapel (and Spitalfields), Middlesex, London. Blog de Peter Higginbotham , [s.d.].
  48. L'ecole St. Mary est voisine de la morgue. Pendant l'enquete du coroner , certains jures reprochent aux policiers d'avoir laisse le corps a la vue des enfants. Mais Spratling leur repond que le corps est entre a l'interieur avant l'arrivee des enfants.
  49. Paul Williams, Jack the ripper suspects , p. 22.
  50. a et b Pall mal gazette , 3 septembre 1888, "The brutal murder in Whitechapel" ; "The terrible murder in Whitechapel".
  51. "I have seen many horrible cases, but never such a brutal affair as this." Daily news , 1 er septembre 1888, "Brutal murder in Whitechapel".
  52. a et b The Star , 1 er septembre 1888, "The Whitechapel horror, the third crime of a man who must be a maniac".
  53. a et b The Daily telegraph , 10 septembre 1888.
  54. Dans la deposition du mari, cette cicatrice s'etait agrandie a la suite d'un accident, lorsque Polly Nichols avait ete renversee par un cab a Lambeth, et hospitalisee a St. Thomas. East London Observer , 8 septembre 1888, "The Whitechapel tragedy. The husband's evidence".
  55. Evening standard , 7 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  56. a et b East London advertiser , 8 septembre 1888, "The Whitechapel murder."
  57. Le Middlesex Sud-Est integre l'annee suivante, le comte de Londres, cree en 1889.
  58. (en) Louis Berk et Rachel Kolsky , Whitechapel in 50 buildings , Stroud, Amberley, ( lire en ligne )
  59. Thomas Ede ou Eades, aiguilleur de chemin de fer, a vu un homme se promener avec un couteau le 8 septembre a midi dans Cambridge Heath Road, au nord de Whitechapel. Le coroner n'y voit aucun rapport avec le meurtre de Buck's Row qui s'est produit une semaine auparavant, mais considere que la deposition peut interesser l'enquete sur le meurtre d'Annie Chapman (en fait, l'homme, nomme John James, considere comme un desequilibre inoffensif, est plus tard mis hors de cause).
  60. a b et c The Times , 3 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  61. Echo , 31 aout 1888, "Horrible murder in Whitechapel".
  62. a et b The Star , 31 aout 1888, "A revolting murder, another woman found horribly mutilated in Whitechapel".
  63. a b c et d Echo , 4 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  64. a et b The Star , 4 septembre 1888, "The Whitechapel crime".
  65. a b et c Daily news , 24 septembre 1888, "The Whitechapel murders".
  66. a b et c Evening standard , 3 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  67. a et b The Daily telegraph , 3 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  68. a b c et d Echo , 17 septembre 1888, "Whitechapel murders".
  69. Evening standard , 1 er septembre 1888, "Murder in Whitechapel".
  70. The Star , 11 septembre 1888.
  71. a b et c The Star , 3 septembre 1888, "The Whitechapel crime, the inquest of the woman Nichols resumed to-day".
  72. a b c d et e Morning advertiser , 18 septembre 1888, "The Whitechapel murders".
  73. a b c d et e Daily news , 18 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  74. East London advertiser , 22 septembre 1888, "The Whitechapel murders, the police still at fault, the resumed inquests, latest particulars".
  75. a b et c The Daily news , 4 septembre 1888, "The Whitechapel murder".
  76. Ces details sont le fruit d'une recherche menee par un groupe de passionnes (principalement a travers les listes de recensement et les archives d'Etat civil), dont les resultats sont presentes en 2012 sur le forum de discussion du site : Casebook : Jack the Ripper .
  77. Dans un film documentaire de 2014, diffuse en 2015 sur la chaine britannique Channel 5 : Jack the ripper : the missing evidence (diffuse en France en 2019, sur France 5, sous le titre : Jack l'eventreur, la fin du mystere).
  78. Lloyd weekly newspaper , 2 septembre 1888, "The Whitechapel horror, a sad family history disclosed", p. 1 ; "The Whitechapel murder", p. 6 ; "Another awful murder in Whitechapel, a woman found brutally hacked to death in the street", p. 7 (dont p. 7 : "Remarkable statement").
  79. a et b The Daily telegraph , 18 septembre 1888, "Whitechapel murders, the Buck's Row tragedy".
  80. Paul Williams : Jack the ripper suspects : the definitive guide and encyclopedia , [Toronto], VP publications, 2018, p. 24
  81. a et b The Daily telegraph , 19 septembre 1888, "The Whitechapel murders".
  82. The illustrated police news , 22 septembre, "The Whitechapel murders".
  83. a et b The Daily telegraph , 24 septembre 1888, "The Whitechapel murders".
  84. Rapport de l’inspecteur Abberline, le 19 septembre 1888. National Archives, MEPO-3/140, folio no. 242-257. Page 1 (fol. 242) : Charles Cross, charretier, 22 Doveton Street, Cambridge Road, Bethnal Green, traverse Buck’s Row vers 3h40 en allant a son travail. Il remarque une femme allongee sur le trottoir, au pied d’un portail menant a des ecuries. Il s’arrete pour examiner la femme lorsqu’arrive a son tour un autre charretier, Robert Paul, 30 Foster Street, Bethnal Green, egalement sur le chemin de son travail. Cross attire son attention vers la femme, mais comme il fait sombre, les deux hommes ne remarquent aucune trace de sang, et quittent les lieux avec l’intention d’informer le premier agent de police qu’ils rencontreront. Arrives a l’angle d’Hanbury Street et d’Old Montague Street, ils rencontrent l’agent de police 55H Mizen et l’informent de ce qu’ils ont vu. Page 2 (fol. 243) : L’agent se rend sur place ou il trouve l’agent de police 94J Neil, lequel a entretemps decouvert le corps pendant sa ronde, et appelait pour avoir du renfort. L’agent Neil, eclairant le corps avec sa torche, decouvre que la femme a ete egorgee. Il appelle l’agent de police 96J Thain et l’envoie chercher le Dr Llewellyn au 152 Whitechapel Road. Ce dernier arrive rapidement et declare le deces de la victime, ordonnant de la transporter a la morgue. Pendant ce temps, l’agent Mizen a ete envoye chercher une ambulance et des renforts au poste de Bethnal Green. A l’arrivee de l’inspecteur Spratling et d’un autre agent, le corps a deja ete transfere a la morgue. Page 3 (fol. 244) : En arrivant a la morgue, l’inspecteur examine le corps et decouvre que l’abdomen de la victime a ete ouvert en divers endroits, laissant a nu les intestins. L’inspecteur fait prevenir le Dr Llewellyn qui vient faire un examen plus approfondi du corps. Les blessures a l’abdomen sont suffisantes pour provoquer instantanement la mort. Le chirurgien estime donc que la victime a ete eventree avant d’avoir ete egorgee. Le corps n’est pas encore identifie a ce stade. L’inspecteur Helson examinant attentivement les vetements de la victime decouvre qu’ils portent la marque du Lambeth Workhouse , ce qui permet d’apprendre par la suite qu’elle est une ancienne residente du workhouse nommee Mary Ann Nichols. Page 4 (fol. 245) : Elle est l’ancienne femme de William Nichols, 34 Coburg Street, Old Kent Road, ouvrier d’imprimerie au service de MM. Perkins, Bacon & co. Whitefriars Street, City, dont elle est separee depuis 9 ans a cause de son alcoolisme et de sa vie dissolue. Pendant plusieurs annees, elle a reside dans divers workhouses . En mai de cette annee, elle a quitte le Lambeth Workhouse pour entrer au service de M. Cowdry, Ingleside, Rose Hill Road, Wandsworth, ou elle est demeuree jusqu’au 12 juillet. A cette date, elle disparait, derobant plusieurs vetements. Un ou deux jours plus tard, elle trouve un logement au 18 Thrawl Street, Spitalfields, maison d’habitation commune. Page 5 (fol. 246) : Elle dort egalement dans une autre lodging house , au 56 Flower and Dean Street, jusqu’a la nuit du meurtre. Vers 1h40, elle est vue a la cuisine du 18 Thrawl street, ou elle informe le logeur qu’elle n’a pas d’argent pour payer son logement, mais lui demande de reserver son lit, et le quitte en disant qu’elle serait bientot de retour avec l’argent. Elle est ivre. Plus tard, elle rencontre a 2h30, a l’angle d’Osborn Street de Whitechapel Road, Ellen Holland, une residente de la meme maison. Celle-ci remarque qu’elle est completement ivre, et tente de la persuader de rentrer avec elle a la lodging house . Mais elle refuse en disant qu’elle serait bientot de retour. Puis elle marche en descendant Whitechapel Road en direction de l’endroit ou son corps a ete decouvert. Page 6 (fol. 247) : L’heure est absolument certaine, car l’horloge de l’eglise de Whitechapel a sonne 2h30 pendant qu’elles discutaient, et la denommee Holland a attire l’attention de Mary Ann Nichols sur l’heure tardive. On n’a pas retrouve de temoin qui l’ait vue vivante par la suite. La distance entre Osborn Street et Buck’s Row est d’environ un demi mile (environ 800 metres). Des recherches ont ete menees dans toute la zone susceptible d’avoir ete parcourue par la victime, mais pas le moindre petit indice n’a ete retrouve. Une enquete aupres de nombreuses femmes de condition similaire a la victime a fait emerger un suspect nomme Tablier de Cuir qui repand aupres d’elles un ≪ sentiment de terreur ≫, ayant pris l’habitude depuis longtemps de les menacer et de les maltraiter. Page 7 (fol. 248) : Meme s’il n’y a aucune preuve qu’il soit lie au crime, il etait tres important pour l’enquete de le retrouver pour l’interroger sur ses faits et gestes au cours de la nuit du meurtre. Dans ce but, des recherches ont ete faites dans toutes les lodging houses en divers endroits de la ville. Mais a cause de la publicite qu’en ont faite le Star et d’autres journaux, l’homme a su qu’il etait recherche. Il est demeure introuvable jusqu’au 10 septembre, ou on a decouvert qu’il etait cache par ses proches. Enfin interroge, il nous a livre tous les details que nous souhaitions connaitre. Page 8 (fol. 249) : Nous avons pu etablir ses faits et gestes. Il en ressort que son implication dans l’affaire etait infondee. Les soupcons se sont aussi portes sur trois hommes employes par M. Barber, a l’abattoir ≪ Horseslaughterers ≫, Winthorp Street, qui se trouve a 30 yards (environ 27 metres) de l’endroit ou le corps a ete decouvert, et qui travaillaient sur place au cours de la nuit du meurtre. Ils ont ete interroges separement, et leurs explications sur leurs faits et gestes ont ete confirmees par l’agent de police qui les a vus en train de travailler. Finalement, aucun element ne les met en cause. Entretemps, le 8 septembre, a ete decouvert le corps mutile d’Annie Chapman dans la cour du 29 Hanbury Street, Spitalfields. Page 9 (fol. 250) : Elle a ete assassinee de la meme maniere, avec des mutilations comparables mais encore plus sauvages, ne laissant aucun doute qu’il s’agit du meme auteur. La victime a ete clairement identifiee. Elle etait la veuve d’un cocher, Chapman, mort a Windsor il y a environ 18 mois, dont elle etait separee depuis plusieurs annees a cause de son alcoolisme, et qui lui a verse 10 shillings par semaine jusqu’a sa mort. Durant ces dernieres annees, elle a frequente des lodging houses dans le quartier de Spitalfields, et demeurait depuis quelque temps au 35 Dorset Street, ou elle a ete vue vivante a 2h, le matin du meurtre. Page 10 (fol. 251) : N’ayant pas l’argent pour payer son logement, elle est sortie de la lodging house . Aucun temoin de ce qu’elle a fait ensuite n’a ete retrouve. Depuis deux ans, elle recevait parfois la visite d’un certain Edward Stanley, ouvrier residant a Osborn Place, Whitechapel. Elle ne parait pas avoir entretenu une autre relation avec un homme. Stanley a ete retrouve et interroge. Selon sa deposition, il est clairement etabli que pendant la nuit du 30, il etait en service avec la 2 de Brigade de Division Sud de l’ Hants Militia ( Second Brigade Southern Division Hants Militia ) au fort Elson a Gosport,… Page 11 (fol. 252) : …et que pendant la nuit du 7 septembre, il etait couche chez lui entre minuit et environ une heure apres la decouverte du corps d’Annie Chapman. Il passe pour un homme respectable, honnete travailleur, et aucun soupcon ne pese sur lui. La victime portait habituellement deux anneaux, dont une alliance, qui manquaient lorsque le corps a ete decouvert. D’apres les traces retrouvees sur ses doigts, ils lui ont ete arraches de force. Des recherches ont ete menees dans tous les lieux ou ils sont susceptibles d’avoir ete revendus, mais sans resultat. D’autres recherches ont ete faites dans les lodging houses pour savoir si quelqu’un aurait ete apercu avec du sang sur lui. Page 12 (fol. 253) : Les riverains de la scene de crime ont ete appeles comme temoins par le coroner , mais aucun n’a entendu quoi que ce soit d’inhabituel. Il n’y a aucun doute que chacun des deux meurtres a ete commis au meme endroit ou les corps ont ete decouverts. Buck’s Row est une petite rue tranquille, frequentee la nuit par les prostituees pour s’y livrer a la debauche. La cour du 29 Hanbury Street est tres certainement employee aux memes fins. Plusieurs suspects ont ete entendus dans divers postes de police, et leurs emplois du temps verifies. Page 13 (fol. 254) : Mais aucun resultat utile n’a ete recueilli. L’enquete ouverte pour les deux meurtres a ete regulierement ajournee jusqu’ici pour entendre de nombreux temoins. Les plans des deux scenes de crime ont ete releves a l’intention du coroner , et communiques au haut-commissaire. Les recherches se poursuivent dans toutes les directions, et aucun effort ne sera epargne pour elucider ces mysteres. Je dois ajouter qu’Isenschmid, detenu a Holloway depuis le 12 septembre, et confie aux autorites paroissiales pour etre interne comme dement,… Page 14 (fol. 255) : … correspond a la description de l’homme apercu au pub du Prince Albert, Bruschfield Street a 7h, le matin du meurtre d’Annie Chapman, par Mme Fiddymont et d’autres temoins, a 400 yards (366 metres) de la scene de crime. L’homme qui est entre dans l’etablissement avait du sang sur les mains. Isenschmid s’est etabli comme boucher, mais son affaire a fait faillite il y a douze mois. Il est ensuite tombe en depression et a perdu la raison. Interne dans un asile, il a ete libere vers la Noel comme gueri. Mais depuis quelques mois, il s’est signale par un comportement etrange. Depuis ces six dernieres semaines, il est absent de son domicile, errant dans les rues a n’importe quelle heure. Page 15 (fol. 256) : Quand il est sorti de chez lui, il avait en sa possession deux grands couteaux qu’il utilisait dans son travail. Il est a present interne a l’asile d’alienes de Bow ( Bow Infirmary Asylum ), Fairfield Road, Bow. Une confrontation devrait etre organisee avec Mme Fiddymont et d’autres temoins, mais le D r Mickle s’y oppose pour le moment. Il serait de la plus haute importance, non seulement pour etablir la verite, mais aussi pour apaiser l’opinion publique, que le medecin-chef, ou le medecin divisionnaire, rencontre le Dr Mickle pour rendre possible cette confrontation entre les temoins et Isenschmid. Signe : Abberline.
  85. Pall mall gazette , 31 aout 1888, "Horrible murder in East London, another Whitechapel mystery".
  86. Evening news , 1 er septembre 1888, "The Whitechapel mystery, horrible murder in Buck's Row, Whitechapel".
  87. Le journaliste de l' East London observer consacre quelques lignes a sa visite de la morgue, dans l'edition du 1 er septembre, "Another horrible tragedy in Whitechapel".
  88. Evening news , 31 aout 1888, "Another Whitechapel mystery, horrible murder in Buck's Row, Whitechapel".
  89. Apres le meurtre d'Annie Chapman, l' Echo du 8 septembre met cependant en doute l'existence meme de ces bandes criminelles.
  90. James Monro est rappele en novembre pour remplacer Charles Warren a la tete de Scotland Yard.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • BADDELEY, Gavin . WOODS, Paul. Saucy Jack : the elusive ripper , Hersham : I. Allan, 2009.
  • BEGG, Paul. Jack the Ripper : the definitive history . London : Pearson Education, 2003.
  • BEGG, Paul. Jack the Ripper : the facts. New York : Barnes & Noble Books, 2005.
  • BELL, Neil R. A. Capturing Jack the Ripper : in the boots of a bobby in Victorian England . Stroud : Amberley, 2016.
  • BERK, Louis. KOLSKY, Rachel. Whitechapel in 50 buildings. Stroud : Amberley, 2016.
  • BOURGOIN, Stephane. Le livre rouge de Jack l'eventreur . Paris : B. Grasset, 1998.
  • CARRE, Jacques. La prison des pauvres, l'experience des workhouses en Angleterre . Paris, Vendemiaire, 2016. (Chroniques).
  • CHERRY, Bridget. O'BRIEN, Charles. PEVSNER, Nickolaus. London 5 : East . New Haven ; London : Yale university press, 2005. (The buildings of England).
  • COOK, Andrew. Jack the Ripper . Stroud : Amberley, 2009.
  • COOPER, Geoff. Jack the Ripper map of Spitalfields & Whitechapel 1888 . [G. Cooper], 2017.
  • EDDLESTON, John J. Jack the Ripper : an encyclopedia . London : Metro, 2002.
  • EVANS, Stewart P. RUMBELOW, Donald. Jack the Ripper : Scotland Yard investigates . Stroud : Sutton, 2006.
  • EVANS, Stewart P. SKINNER, Keith. The ultimate Jack the Ripper sourcebook : an illustrated encyclopedia . London, Constable and Robinson, 2000.
  • FIDO, Martin. The crimes, death and detection of Jack the Ripper . Vermont : Trafalgar Square, 1987.
  • FOWLER, Simon. The workhouse : the people, the places, the life behind doors. Barnsley : Pen & Sword history, 2014.
  • GERNSHEIM, Alison. Victorian and Edwardian fashion, a photographic survey . New York : Dover, 1963.
  • HONEYCOMBE, Gordon. The murders of the Black Museum, 1870-1970. London : Bloomsbury, 1982.
  • MARRIOTT, Trevor. Jack the Ripper : the 21st Century investigation. London : J. Blake, 2005.
  • MATTERS, Leonard . The mystery of Jack the Ripper, the world's greatest crime problem , London : Hutchinson & Co., 1929.
  • ROBINSON, David. Chaplin, his life and art . London : Collins, 1985.
  • RUBENHOLD, Hallie. The five, the untold lives of the women killed by Jack the ripper. London, Doubleday, 2019.
  • RUMBELOW, Donald . The complete Jack the Ripper, fully revised and updated . Penguin, 2013 (nouvelle ed. ; 1 re   ed. 1975, W. H. Allen).
  • SUGDEN, Philip. The complete history of Jack the Ripper . New York : Carroll & Graf, 1994.
  • WHITTINGTON-EGAN, Richard. WHITTINGTON-EGAN, Molly. The murder almanac . Glasgow : N. Wilson, 1992.
  • WILLIAMS, Paul, Jack the ripper suspects, the definitive guide and encyclopedia . [Toronto], RJ Parker (VP publication), 2018.

Webographie [ modifier | modifier le code ]

  • Casebook : Jack the Ripper . Site internet rassemblant une documentation abondante sur les meurtres de Jack l'eventreur (retranscriptions de coupures de presse et de pieces d'archives, iconographie), des chronologies, des essais de synthese, des forums de discussion, etc. Dont :
    • Mary Ann Nichols  : chronologie et synthese concernant Mary Ann Nichols (comprenant de nombreux liens vers des coupures de presse retranscrites).
    • Full notes on Charles Cross / Lechmere  : discussion entre membres du forum faisant part des resultats de leurs recherches sur Charles Allen Lechmere alias Cross. Publiee principalement entre le 16 et le 23 aout 2012.
  • Wiki : Jack the Ripper . Banque documentaire, comprenant des images, du site Casebook : Jack the Ripper.
  • Jack the Ripper Map . S ite internet de Geoff Cooper, 2017. L'auteur presente son etude cartographique des meurtres de Jack l'eventreur.
  • The workhouse..., the story of an institution : Whitechapel (and Spitalfields), Middlesex, London. Blog de Peter Higginbotham , [s.d.].

Filmographie [ modifier | modifier le code ]

  • Jack the ripper : the missing evidence , film documentaire britannique realise en 2014 par Martin Pupp et Sam Berrigan Taplin, avec le journaliste suedois Christer Holmgren, le policier Andy Griffith, le criminologue Gareth Norris, et al., 45 min., musique de Kevon Cronin, diffuse en 2015 sur la chaine de television britannique Channel 5. Diffuse en France en 2019, sur France 5 , sous le titre : Jack l'eventreur, la fin du mystere.

Cette emission presente la these de la culpabilite de Charles Allen Lechmere, et s'appuie en grande partie sur les circonstances du meurtre de Polly Nichols.

Sources [ modifier | modifier le code ]

Archives de Scotland Yard [ modifier | modifier le code ]

Dans la serie MEPO (pour Metropolitan Police), conservee aux Archives nationales de Grande-Bretagne :

  • MEPO-3/140, folio no. 235-238 (31 aout 1888) : Mary Ann Nichols (31 Aug 1888) : Police report : examination and description of deceased with subsequent enquiries  : proces-verbal de l'inspecteur John Spratling, poste de police de Bethnal Green ( J Division ), concernant la decouverte du corps de Mary Ann Nichols. 3 p. Signe Spratling.
  • MEPO-3/140, folio no. 239-241 (7 septembre 1888) : Mary Ann Nichols (31 Aug 1888): Police report : identification and personal details of her history with subsequent enquiries leading to the search for Jack Pizer alias Leather Apron, known to be in the habit of ill-using prostitutes  : 4 p.
  • MEPO-3/140, folio no. 242-257 (19 septembre 1888) : Mary Ann Nichols (31 Aug 1888): Police report : details regarding the murders of Mary Ann Nichols and Annie Chapman alias Siffey ; detention and questioning of various suspects  : rapport de l'inspecteur George Abberline, Criminal Investigation Department ( CID ), sur les deux meurtres de Mary Ann Nichols et d'Annie Chapman. 15 p. Signe Abberline.

Sources de presse [ modifier | modifier le code ]

  • The Daily news , London, 1er, 3, 4, 18 et 24 septembre 1888.
  • The Daily telegraph , London, 3, 10, 18, 19 et 24 septembre 1888.
  • East London advertiser , London, 8 et 22 septembre 1888.
  • East London observer , London, 1er et 8 septembre 1888.
  • Echo , London, 31 aout, 3, 4, 6, 8 et 17 septembre 1888.
  • Evening news , 31 aout et 1er septembre 1888.
  • Evening standard, London, 1er, 3, 4 et 7 septembre 1888.
  • The Illustrated police news , London, 8 et 22 septembre 1888.
  • Lloyd weekly newspaper , 2 septembre 1888.
  • Morning advertiser , London, 3, 4 et 18 septembre 1888.
  • Pall mal gazette , London, 31 aout et 3 septembre 1888.
  • The Star , London, 31 aout, 1er, 3, 4, 6 et 11 septembre 1888.
  • The Times , London, 27 avril 1866 ; 1er, 3, 4 et 24 septembre 1888.

Sources iconographiques [ modifier | modifier le code ]

Photographies [ modifier | modifier le code ]
  • [ Portrait mortuaire de Mary Ann Nichols a la morgue d'Old Montague Street ] (voir ci-dessus ). Cliche realise entre le 31 aout et le 6 septembre 1888.

Conserve aux Archives nationales de Grande-Bretagne, a Londres ( Kew ), cote MEPO 3/3155 ( Photographs of victims Mary Ann Nichols, Annie Chapman, Elizabeth Stride and Mary Janet Kelly(2) : Papers sent anonymously to New Scotland Yard, Nov 1987 ), ou il a ete verse en 1988 a la suite d'un don anonyme (une enveloppe postee a Croyden, envoyee a Scotland Yard, contenait des photographies des cinq victimes, la fameuse lettre Dear Boss , et d'autres documents originaux provenant des archives de la police metropolitaine, probablement preleves par un policier et conserves dans sa famille jusqu'a cette restitution, d'apres le Daily telegraph , 19 aout 1988).

Publie pour la premiere fois en 1988.

  • [ Vue du carrefour d'Osborn Street et de Whitechapel Road ]. Cliche fin XIX e s., auteur et lieu de conservation inconnus.

Polly Nichols a ete vue pour la derniere fois vivante par Emily Holland a ce carrefour, devant la boutique d'un epicier (peut-etre celle que l'on apercoit a droite).

Consultable sur le site du Daily telegraph , en illustration de l'article : ≪ When Whitechapel’s impoverished streets were deadly for women at night ≫, de Troy Lennon, 3 avril 2018.

  • [ Vue de Woods Buildings, passage couvert reliant Winthorp Street et Whitechapel Road ]. Cliche de 1925, auteur et lieu de conservation inconnus.

On apercoit au fond Whitechapel Road. Cliche pris depuis l'entree du passage en venant de Winthorp Street. D'apres plusieurs auteurs, et notamment selon le temoignage de l'agent de police John Neil, ce passage offre une voie derobee ideale a l'assassin en fuite apres le meurtre de Polly Nichols.

Consultable sur Wiki : Jack the Ripper , banque documentaire du site Casebook : Jack the Ripper . D'autres photographies sont consultables sur le forum de discussion JTRForums .

  • [ Le lieu du meurtre de Mary Ann Nichols vers la fin du XIX e s. ], (voir ci-dessus ). Auteur et lieu de conservation inconnus.

Sur la gauche, on reconnait la maison New cottage (detruite au debut du XX e s.). Sur la droite, le portail en bois des ecuries Brown a fait place a un rideau metallique (les rideaux metalliques existaient deja dans les annees 1890 [ 1 ] ), donnant acces a un nouveau local ferme sous un toit incline. Mais on reconnait encore le mur de briques sur la droite surmonte d'une herse.

  • [ L'eglise St. Mary, a Whitechapel, apres l'incendie de 1880 ], (voir ci-dessus ). Auteur et lieu de conservation inconnus.

L'eglise St. Mary Matfelon, livree en 1877, se dressait dans Whitechapel Road a proximite du carrefour d'Osborn Street. On apercoit le clocher, avec son horloge, et sur sa droite l'eglise devastee par un incendie en aout 1880, apres seulement trois annees d'existence. En revanche, le clocher a ete epargne par le feu. L'eglise est reconstruite et livree en 1882. En grande partie detruite par un bombardement allemand en decembre 1940, elle est laissee a l'abandon jusqu'a sa demolition definitive en 1952.

Whitechapel Road longe le clocher sur son flanc gauche. Le cliche est pris depuis le carrefour d'Osborn Street, ou se sont rencontrees Emily Holland et Polly Nichols la nuit du meurtre. Pendant qu'elles discutent, elles entendent l'horloge de l'eglise sonner 2h30, une heure avant le crime. Polly Nichols marche ensuite dans Whitechapel Road, en passant devant l'eglise, en direction de l'est.

  • [ L'immeuble Essex Wharf ]. Cliche de 1989. Auteur et lieu de conservation inconnus.

L'inscription ≪ Essex Wharf ≫ est visible sur le flanc gauche de cet immeuble de briques. La nuit du meurtre, les epoux Purkiss occupent le premier etage. Leurs fenetres donnent directement sur le lieu du crime. Mme Purkiss est eveillee au moment du meurtre, mais ne remarque rien. L'immeuble est detruit dans les annees 1990.

Consultable sur Wiki : Jack the Ripper , banque documentaire du site Casebook : Jack the Ripper . D'autres photographies sont consultables sur le forum de discussion JTRForums .

Illustrations de presse [ modifier | modifier le code ]
  • Revolting and mysterious murder of woman, Buck's Row, Whitechapel . Vignette centrale en premiere page du journal : The Illustrated police news , Londres, 8 septembre 1888 (consultable ci-dessus ).

Comprend plusieurs illustrations : Finding the body in Buck's Row  ; The murdered woman, Whitechapel mortuary  ; Doctors at the mortuary  ; Witnesses  ; Inquest . Et quatre portraits : Coroner  ; Constable Neil  ; D r Llewellyn  ; Inspector Helston .

  • The Whitechapel mystery , dessin non signe paru en premiere page du journal : The Penny illustrated paper and illustrated Times , Londres, 8 septembre 1888 (consultable ci- dessus ).

L'agent de police John Neil decouvre et eclaire de sa torche le corps de Polly Nichols, avec vue en perspective de Buck's Row en direction de Brady Street. On reconnait le portail des ecuries Brown, et a sa gauche la maison New Cottage , dont la premiere fenetre du rez-de-chaussee donne sur la chambre de Mme Green et de sa fille. La victime touche le portail de sa main gauche, conformement aux descriptions, mais son visage n'est pas tourne vers Brady Street.

La vignette du haut contient les portraits esquisses de l'agent Neil, du D r Llewellyn, de l'inspecteur Helson et du coroner Baxter.

  • [ L'agent de police John Neil decouvrant et eclairant le corps de Polly Nichols ], gravure signee (F. Fi...) parue dans la presse vers 1888. Source non identifiee.

On reconnait a l'arriere-plan le portail des ecuries Brown et la maison New cottage (les proportions sont peu respectees, sans doute pour des questions de mise en page, la hauteur du portail atteignant en realite trois metres de haut d'apres la deposition de l'agent Neil). Ici, l'agent Neil parait venir de Brady Street (ce qui est peu conforme a son temoignage, car il s'avancait au contraire en direction de Brady Street).

Consultable sur le site du Daily telegraph , en illustration de l'article : ≪ Mary Ann Nichols was the first of five women believed to be victims of serial killer Jack the Ripper ≫, de Troy Lennon, 31 aout 2018.

  • [ Facade du Working Lads' Institute ], gravure anonyme parue dans l' Illustrated London news , le 7 novembre 1885, une semaine apres l'inauguration du nouveau batiment par le prince et la princesse de Galles, accompagnes du duc de Clarence le 31 octobre.

Construit en 1885 dans Whitechapel Road, non loin du lieu du crime, jouxtant la gare de Whitechapel sur sa gauche ( Whitechapel Station ) et le Grave Maurice (ou se rendent les deux abatteurs de chevaux pendant leur pause) sur sa droite. Le tribunal du coroner y tient ses seances dans la bibliotheque.

Consultable sur le site Jack the Ripper tour, a walk worth investigating , en illustration de l'article ≪ Opening off the Working Lads Institute ≫, de Richard Jones, 26 avril 2017.

  • [Charles Cross alertant l'agent de police Mizen] , gravure parue dans la presse vers 1888. Source non identifiee.

Consultable sur le site Unsold Whitechapel : Whitechapel murders, Jack the ripper case of 1888 .

  • [ La morgue d'Old Montague Street ], croquis paru dans la presse vers 1888. Source non identifiee.

Consultable sur Wiki : Jack the Ripper , banque documentaire du site Casebook : Jack the Ripper .

Cartes [ modifier | modifier le code ]

  • London drawn and engraved expressly for the Post office Directory . London : Kelly, 1888.

Plan de Londres en 1888. Consultable sur Gallica .

Carte publiee par l' Ordnance Survey , service cartographique d'Etat.

Consultable sur le site Casebook : Jack the Ripper .

  • Jack the Ripper map of Spitalfields & Whitechapel 1888 , par Geoff Cooper, 2017.

Comprend differents plans tres detailles et une etude cartographique des meurtres de Jack l'eventreur.

Consultable sur le site de l'auteur : Jack the Ripper map .

  • Polly Nichols, see what a jolly bonnet I'm wearing, 31st august, 1888.

Comprend la realisation d'un plan des environs du meurtres de Polly Nichols.

Article du site T en weeks in Whitechapel , publie le 21 octobre 2018, sous le pseudonyme Somegreengrass.

Batiments encore visibles de nos jours [ modifier | modifier le code ]

Durward Street, anciennement Buck's Row, en 2006. Au fond, le batiment du pensionnat. Les ecuries Brown etaient a l'emplacement du parking actuel. Le pont surplombe la voie ferree.
  • Le Lambeth Workhouse   (en) , vaste construction de brique aux allures de caserne, ou fut internee Polly Nichols a de nombreuses reprises entre 1880 et 1888, et ou sejourna egalement l'acteur et realisateur Charlie Chaplin dans son enfance en 1896-1898, avec sa mere et son frere. Construit entre 1871 et 1873 dans Renfrew Road, quartier de Lambeth , il abrite aujourd'hui le Cinema museum   (en) de Londres.
  • L'internat scolaire ( Board school en anglais), edifice imposant en briques, parcouru d'arcades au rez-de-chaussee, dresse sa silhouette large et massive au debut de la fourche entre Buck's Row (aujourd'hui Durward Street   (en) ) et Winthorp Street, a deux pas de l'endroit ou a ete assassinee Polly Nichols. Il est possible qu'accompagnee de son meurtrier, en venant de Whitechapel Road, elle ait longe ce batiment avant de traverser le pont qui enjambe la voie ferree et d'atteindre le portail des ecuries Brown, devant lequel elle a trouve la mort. Il est possible egalement que l'assassin soit repasse par ce chemin pour s'enfuir a l'approche de Charles Cross arrivant dans Buck's Row par Brady Street.
  • Le Working Lads' Institute , dans Whitechapel Road, construit en 1884-1885 par l'architecte George Baines, livre en 1885, dont le fronton eleve domine tout le quartier de Whitechapel. L'institution est d'abord fondee en 1878 par le philanthrope et marchand Henry Hill dans le but de fournir des distractions, dans un but educatif, aux garcons de plus de treize ans des classes populaires, sur leur temps de loisir. En 1885, elle se dote de ce nouveau batiment, etendu en 1887-1888, disposant dans sa realisation finale d'une bibliotheque, d'un gymnase, d'une piscine, de salles de classe, etc. ( Berk & Kolsky  ; Cherry, O'Brien & Pevsner , p. 430). Le batiment a ete reconverti depuis en immeuble d'habitation.
  • Woods Buildings , passage couvert reliant Winthorp Street et Whitechapel Road.
  • Le pub Frying pan , construit en 1891. Renove et transforme en 1966. L'etablissement ferme en 1991, puis devient un restaurant nomme le Sheraz . L'enseigne en terre cuite du Frying pan est toujours visible au fronton surmontant l'angle de l'edifice.

Batiments aujourd'hui detruits [ modifier | modifier le code ]

  • La maison New cottage , dans Buck's Row. Detruite au debut du XX e s. Elle etait encore debout en 1928 [ N 1 ] .
  • Les ecuries Brown, dans Buck's Row. Detruites vers les annees 1888-1900.
  • L'immeuble Essex Wharf , dans Buck's Row, detruit dans les annees 1990.
  • L'eglise St. Mary Matfelon, dans Whitechapel Road, detruite par les bombardements allemands de 1940, puis definitivement demolie en 1952.
  • La White house [ N 2 ] , maison d'hebergement du 56 Flower and Dean Street, appartenant a James Smith. Detruite en 1975.
  • La lodging house Wilmott , au 18 Thrawl Street. En activite depuis 1852. Appartient a George Wilmott de 1862 a 1872. En 1888, le proprietaire est Alfred Wood. Wilmott possedait aussi les lodging houses des 11-15 et 18 de la meme rue jusqu'en 1891. Frances Coles, prostituee assassinee en 1889, vivait aussi a la maison Wilmott. On ignore si le batiment a survecu aux travaux de reamenagement de 1908. En tout cas, il n'existait plus apres les travaux des annees 1970 [ N 3 ] .

Notes complementaires [ modifier | modifier le code ]

  1. La rue est decrite par Leonard Matters , The mystery of Jack the Ripper , 1929, p. 25-26. Voir Bourgoin.
  2. White house
  3. Wiki : Jack the Ripper : Wilmott's lodging house .

Liens externes [ modifier | modifier le code ]

  1. Voir par exemple : L'ingenieur civil, journal d'application et de vulgarisation des decouvertes les plus recentes , 15 juillet 1896, supplement p. 983, no. 253347, 21 janvier , invention d'Ottstadt, Muller et Brubacher, Systeme perfectionne de fermeture a rideau pour devantures de magasins, boutiques, etc.