Martin Dumollard
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Tueur en serie
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Martin Dumollard en 1861.
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Information
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Naissance
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Tramoyes
(
Ain
)
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Deces
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(a 51 ans)
Montluel
(Ain)
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Cause du deces
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Guillotine
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Surnom
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- Raymond
- L'assassin des bonnes
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Condamnation
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Sentence
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Peine de mort
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Actions criminelles
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Meurtres
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Victimes
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Douze agressions ou projets d'agression, dont trois assassinats
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Periode
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fevrier 1855-juin 1861
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Pays
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France
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Regions
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Arrestation
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modifier
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Martin Dumollard
, ne le
a
Tramoyes
dans l'
Ain
et mort guillotine le
a
Montluel
egalement dans l'Ain, est un
journalier
francais, connu pour avoir agresse et assassine des domestiques lyonnaises.
Les futures victimes sont abordees a
Lyon
par Dumollard qui leur propose une place attrayante en
Cotiere de l'Ain
. Convaincues, elles finissent par le suivre et, durant leurs peregrinations a pied, Dumollard les agresse. La totalite des douze agressions ou tentatives d'agressions connues se produisent a la fin des
annees 1850
et au debut des
annees 1860
jusqu'a celle de Marie Pichon le
. Il est alors rapidement arrete, ainsi que sa femme et complice,
Marie-Anne Martinet
, qui fait
recel
des effets personnels des domestiques pour son utilisation propre ou pour la revente. Leur proces se deroule du
au
: Martin Dumollard est
condamne a mort
et son epouse a vingt ans de
travaux forces
. Cette affaire, qui precede d'une trentaine d'annees celle de
Joseph Vacher
, a eu un grand retentissement en France ; elle est souvent consideree comme la premiere affaire de
tueur en serie
en France. Dumollard est notamment evoque dans
Les Miserables
de
Victor Hugo
.
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Photographies des epoux Dumollard en 1861.
|
Martin Dumollard est le fils de Marie-Josephte Rey et de Pierre Dumollard
[
1
]
. Ce dernier, originaire de la ville de
Pest
en
Hongrie
[
1
]
, arrive en France a
Salins
ou il rencontre Marie-Josephte Rey, qui est originaire de la region
[
1
]
. Le couple s'installe entre Dagneux et
Tramoyes
, ou Martin Dumollard nait en 1810. Il est baptise a
Mionnay
car Tramoyes ne constitue pas encore une paroisse a cette epoque
[
2
]
. En 1813, les Dumollard ont un second enfant prenomme Raymond, qui meurt en bas age
[
1
]
,
[
3
]
. Martin Dumollard est surnomme par la suite ≪ Raymond ≫ par les villageois de
Dagneux
[
4
]
.
Selon certains auteurs, le
nom de famille
≪ Dumollard ≫ serait une francisation du nom hongrois du pere de Martin Dumollard : ≪ Demola ≫
[
1
]
. A ce propos, certaines sources relient parfois a tort le nom de ≪ Dumollard ≫ au
lieu-dit
de Dagneux nomme ≪ Le
Molard
≫
[
5
]
.
Lors de son proces, Martin Dumollard raconte ainsi le suppose funeste destin de son pere : il aurait fui la Hongrie a cause d'un passe criminel la-bas. Quand les armees
austro-hongroises
arriverent dans l'
Ain
en
1814
, Pierre Dumollard craignit d'etre reconnu et s'enfuit vers
Padoue
. Des troupes austro-hongroises etant egalement presentes a Padoue, il fut reconnu par des soldats hongrois comme etant un criminel recherche, arrete puis execute par
ecartelement
. Martin Dumollard, age de quatre ans, et sa mere Marie-Josephte y auraient assiste
[
1
]
.
Marie-Josephte Rey meurt le
a
Dagneux
dans la pauvrete, alors que son fils s'est refugie a
Lyon
a la suite de larcins
[
6
]
.
Martin Dumollard commence a travailler comme berger des l'age de huit ans. Il est domestique au service de Guichard, proprietaire du chateau de Sure a
Saint-Andre-de-Corcy
[
7
]
, ou il rencontre
Marie-Anne Martinet
[
7
]
, avec laquelle il se marie bien plus tard, le
[
8
]
. Apres leur mariage, les jeunes epoux s'etablissent dans le village du
Montellier
[
8
]
, dans la region de la
Cotiere
, puis a Dagneux.
Naissance de Dumollard
|
Localisations associees aux affaires connues
Lyon est situee au coin sud-ouest de la carte.
|
Son mode operatoire consiste a aborder des jeunes filles, en particulier a
Lyon
, et a se faire passer pour un employe de maitre a la recherche d'une nouvelle domestique. Dumollard offre des emoluments importants pour ce type de poste et entraine alors la jeune fille, qui a rassemble prestement quelques affaires, dans la region rurale de la
Cotiere de l'Ain
. Quelques-unes de ces jeunes filles comptent parmi ses victimes entre 1855 et 1861.
L'enquete conduite par le juge Genod de
Trevoux
ne retiendra finalement que douze agressions (dont trois assassinats), projets d'agressions et vols avec ruse. Les agressions sont extremement violentes, comme en temoigne celle de Marie-Eulalie Bussod, le
[
9
]
, qui apres avoir ete depouillee de ses vetements, est blessee a la tete et violee avant d'etre enterree vivante
[
10
]
.
Les douze victimes d'agressions, de projets d'agression ou de vols par ruse
[
9
]
retenues sont :
- Marie Baday
(assassinat), fin
;
- Olympe Alubert
,
;
- Josephte Charletty
,
;
- Jeanne-Marie Bourgeois
,
;
- Victorine Perrin
,
;
- l'inconnue du bois de Montmain
(assassinat), novembre ou
;
- Julie Fargeat
,
;
- l'inconnue du moulin de Sainte-Croix
,
;
- la fille de l'auberge Laborde
(assassinat probable),
;
- Louise Michel
,
;
- Marie-Eulalie Bussod
(assassinat), 25 ou
;
- Marie Pichon
(tentative d'assassinat),
.
L'absence de faits demontres de 1855 a 1859 est par ailleurs examinee. Dumollard cite notamment une jeune fille accompagnee du cote de
Venissieux
en 1856 ou 1857, avant de se retracter. Le corps d'une jeune fille est effectivement retrouve dans ce voisinage, qui devient le
lieu-dit
de ≪ La femme morte ≫
[
9
]
,
[
Note 1
]
. Certaines affabulations de Dumollard mettent en scene des complices qui auraient tue du cote de
Neyron
. Enfin, seule une minorite des 648 effets personnels retrouves chez Dumollard sont lies aux douze affaires precitees
[
9
]
.
Le premier crime a l'origine de ce que l'
opinion publique
identifie comme les agressions et les assassinats de jeunes filles en Cotiere a lieu fin fevrier
1855
[
11
]
. Il s'agit de l'assassinat de Marie Baday, dont le corps est decouvert par des chasseurs, en foret de Montaverne, a
Tramoyes
[
11
]
,
[
12
]
.
Son identification va prendre plusieurs mois. Pour la faciliter, le juge d'instruction Genod demande au photographe lyonnais de renom Camille Bernabe
(
d
)
de venir prendre des cliches de la victime
[
13
]
. Apres l'avoir d'abord identifie a tort comme etant Marceline Ganelli
[
14
]
, le corps est associe au nom de Marie Baday, notamment grace aux verifications effectuees aupres de sa famille
[
15
]
. Sa derniere patronne, Madeleine Aussandon, precise que le jour de sa disparition, elle a quitte la place qu'elle occupait aupres d'elle, en arguant une offre pour une nouvelle place payee a plus de 200 francs annuellement
[
15
]
.
Un premier suspect denomme Jacques Verger est arrete
[
16
]
: il reste trois mois en prison avant d'etre disculpe
[
16
]
. Un second suspect du nom de Martin Mauriat est inquiete
[
16
]
, mais il etait en prison lors de l'assassinat de Marie Baday
[
16
]
.
Le juge Genod a recu le signalement du cas d'une jeune fille qui semble avoir ete agressee en
avant de trouver refuge chez la famille Barbet, a la ferme des Ragesses a
Mionnay
[
17
]
. Par la suite, l'enquete permet d'identifier puis de recueillir le temoignage de la jeune fille agressee, nommee Olympe Alubert
[
17
]
. Genod obtient ainsi des precisions sur le
modus operandi
de l'agresseur. Dumollard a aborde Olympe le
place de
la Guillotiere
a
Lyon
et lui a propose une place de bonne tres bien remuneree
≪ entre
Neuville
et
Miribel
≫
[
17
]
. Le dimanche suivant, il est venu la chercher avant de la conduire dans la region de Mionnay et de l'agresser ; elle est parvenue a s'echapper
[
17
]
.
Dans son temoignage, Olympe Alubert donne plusieurs elements relatifs a celui qui n'est pas encore identifie comme etant Dumollard
[
17
]
:
≪ Il a simplement la levre un peu difforme
[
Note 2
]
. […] Il m'inspirait confiance malgre sa levre boursouflee, avec son air bon enfant, […] parlant bien le francais. Il paraissait avoir la cinquantaine. ≫
Josephte Charletty, originaire de
Saint-Felix
et domestique a
Vernaison
, temoigne qu'en
, un homme qui n'est autre que Dumollard, l'aborde a
Lyon
et lui propose une place interessante en Cotiere. Rendez-vous est alors pris le
22 septembre
pour se rendre chez ce nouveau patron. Ils quittent Lyon, se rendent a pied sur le plateau de
La Croix-Rousse
puis continuent leur chemin par le
fort de Montessuy
. Les questions repetees que Dumollard adresse a la femme au sujet de l'eventuel pecule qu'elle aurait emporte avec elle la rendent mefiante. En chemin, elle prend l'initiative de demander le gite pour la nuit dans une ferme, puis se met d'accord avec Dumollard pour un rendez-vous le lendemain, rendez-vous qu'il n'honore pas. Elle retourne a Lyon
[
18
]
, ou elle ne depose pas plainte.
Dumollard utilise a nouveau le meme mode operatoire le
[
19
]
. Il aborde a Lyon Jeanne-Marie Bourgeois alors agee de 22 ans et originaire de
La Chapelle-Thecle
[
19
]
. Il lui propose une place grassement payee aux environs de
Trevoux
[
19
]
. La jeune femme se laisse convaincre et ils prennent la route a pied des le lendemain
31 octobre
. De plus en plus mefiante et inquiete au cours du trajet, elle quitte la compagnie de Dumollard en courant vers la premiere ferme apercue
[
19
]
. Elle se retrouve au domaine de Polletins situe a proximite immediate de l'ancienne
chartreuse de Poleteins
a
Mionnay
. Le fermier qui la recueille, Benoit Berthelier, fait immediatement le lien avec le meurtre de Marie Baday, decouverte dans la foret de Montaverne en fevrier de la meme annee
[
19
]
. En
mars-avril 1856
,
M
lle
Bourgeois est interrogee par le juge Genod dans le cadre de l'≪ affaire Marie Baday ≫. A cette epoque, Jacques Verger est incarcere ; Genod organise donc une confrontation. Le temoignage de la femme contribue a le disculper car elle ne reconnait absolument pas l'individu
[
19
]
.
En
, Dumollard parvient a persuader Victorine Perrin (22 ans, originaire de
Lons-le-Saunier
) de le suivre en Cotiere, a nouveau avec la promesse d'une bonne place. Il parvient egalement a la convaincre d'emporter ses affaires les plus precieuses dans une petite malle qu'il lui propose de porter
[
20
]
. Ils partent en direction de
Montluel
en passant par
La Croix-Rousse
puis
Rillieux
[
20
]
. Aux environs de
Neyron
, Dumollard s'enfuit en lui volant ses affaires. Victorine Perrin est alors recueillie par des habitants de Neyron
[
20
]
.
L'affaire de l'inconnue du bois de Montmain
[
Note 3
]
(un lieu-dit de
Dagneux
) n'est connue qu'apres l'arrestation de Dumollard et de son epouse
[
21
]
. Le
, le juge Genod demandera a entendre
Marie-Anne Martinet
. Au cours de l'interrogatoire, elle racontera que son mari a tue une jeune fille quatre ans auparavant, au bois de Montmain. Un soir, il revient avec quelques effets de la victime, dont des boucles d'oreilles en or. Il ressort aussitot pour aller l'enterrer. Le lendemain, il va a la
gare de Montluel
pour prendre la malle de la victime qui y est entreposee
[
21
]
. Le
31 juillet
, Genod, Guillot (le greffier), messieurs de Piellard (procureur imperial) et Raspail (commandant de gendarmerie de l'arrondissement) accompagnent les epoux menottes au bois de Montmain. Apres quelques recherches, le corps de la jeune fille est decouvert
[
21
]
. Dumollard, impassible, nie les faits, malgre les injonctions de son epouse
[
21
]
.
Dumollard aborde Julie Fargeat le
,
rue de la Charite
a
Lyon
[
22
]
. Celle-ci, originaire de
Thizy
, vient de perdre sa place de bonne pour cause de
grossesse
. Elle se laisse convaincre d'accepter l'emploi dans les environs de
Saint-Andre-de-Corcy
que Dumollard lui fait miroiter et le suit des le lendemain en direction de Saint-Andre-de-Corcy
[
22
]
. A la nuit tombee, Dumollard l'agresse, lui arrachant son tablier contenant ses economies. Elle crie alors si fort que Dumollard prend la fuite ; ses cris attirent deux villageois de Saint-Andre-de-Corcy, Simon Mallet et son fils Louis
[
22
]
. Le
20 janvier
, elle depose une declaration aupres des gendarmes de Saint-Andre-de-Corcy. N'ayant aucun document pour justifier de son identite (ils se trouvaient dans le tablier vole), elle ne rencontre que le scepticisme et est inculpee de vagabondage
[
22
]
.
Le
, un
meunier
de
Sainte-Croix
denomme Jean-Pierre Chretien est temoin indirect de l'agression d'une inconnue a Sainte-Croix
[
23
]
. Si la femme n'est jamais retrouvee ni meme identifiee, cette agression est l'une des douze affaires retenues lors du proces de Dumollard, au cours duquel Chretien est l'un des soixante-et-onze temoins
[
24
]
. Il raconte ainsi le deroulement des faits : dans la soiree, peu de temps apres avoir vu passer une jeune femme accompagnee d'un homme portant un colis, il la voit revenir en courant
[
23
]
. Elle lui explique que l'individu s'est enfui avec ses economies et son colis contenant ses affaires personnelles
[
23
]
. Chretien tente de rattraper le voleur, sans succes
[
23
]
. Il heberge pour la nuit la jeune fille qui serait repartie le lendemain a
Lyon
[
23
]
. En l'absence d'autre details, la jeune femme est appelee ≪ l'inconnue de Sainte-Croix ≫ dans les documents judiciaires
[
23
]
.
On ne sait que tres peu de choses sur cette femme
[
25
]
. L'affaire relative a cette victime a surtout permis de mieux comprendre le
modus operandi
de Dumollard. Si sa methode d'approche est invariable, il apparait qu'il a egalement certaines habitudes a chaque fois qu'il vient a
Lyon
: il mange regulierement au restaurant de Marguerite Chorel au
7, rue de Turenne
et a l'habitude de dormir a l'auberge Laborde tenue par Louise-Adele Fleury, epouse de Louis Laborde
[
25
]
. Debut
, Dumollard se presente a l'auberge accompagne d'une jeune fille qu'il dit etre sa niece ; il demande une chambre a deux lits. Quelques instants apres, la jeune fille s'enfuit, poursuivie par Dumollard. Il ne revient que fin
a l'auberge Laborde, comme le devoile l'enquete
[
25
]
. On ne sait ni qui est la fille de l'auberge Laborde ni si Dumollard est parvenu a la rattraper et ce qu'il a fait d'elle
[
9
]
. Toutefois, au cours de l'instruction, madame Laborde reconnait formellement le cabas et la robe de l'inconnue parmi les objets retrouves au domicile de Dumollard
[
9
]
, ce qui laisse suspecter un meurtre supplementaire.
Dumollard accoste Louise Michel le
. Il parvient non sans difficulte a la convaincre de le suivre et rendez-vous est pris pour le lendemain sur le
pont Tilsit
[
26
]
. Ils prennent le chemin de
Neuville-sur-Saone
puis de
Civrieux
, en voiture, a cheval, puis a pied
[
26
]
. Aux environs de Civrieux, Dumollard agresse Louise Michel et la somme de lui remettre son argent. Elle parvient a s'echapper et est recueillie par un fermier, Claude Aymond
[
26
]
.
Dumollard renonce a la poursuivre et bifurque vers
Saint-Andre-de-Corcy
en coupant par des terres agricoles, ou il croise deux paysans qui lui demandent ce qu'il fait la
[
26
]
. Il s’avere que ce sont Simon et Louis Mallet qui, deux ans auparavant, en
, ont recueilli
Julie Fargeat
[
26
]
. En
, les Mallet, accompagnes de Claude Aymond deposent leur temoignage aupres du juge Genod a Trevoux. Celui-ci fait venir Louise Michel a Trevoux et lui presente un suspect alors detenu nomme Audrillat, qu'elle ne reconnait pas
[
26
]
. Il semble qu'a ce moment, le juge Genod ne prete que peu de foi a l'hypothese d'un meme coupable
≪ a la levre boursouflee ≫
pour l'ensemble des agressions de bonnes
[
26
]
.
Ce n'est qu'apres l'arrestation de Dumollard en mai
1861
et a la suite de l'echo de cette affaire que trois femmes signalent aux autorites la disparition de leur sœur Marie-Eulalie Bussod en
[
27
]
, alors qu'un individu lui avait rendu visite et propose une place de bonne. Le juge Genod entend l'une des sœurs, Marie-Josephte, le
a
Trevoux
[
27
]
. Il lui presente les nombreux effets vestimentaires saisis chez les Dumollard et entreposes a Trevoux parmi lesquels elle reconnait certains comme appartenant a sa sœur disparue
[
27
]
. Marie-Josephte ayant furtivement rencontre le visiteur qui proposait le poste, Genod entreprend de lui confronter Dumollard ; elle reconnait immediatement l'individu que sa sœur a suivi plusieurs mois auparavant
[
27
]
.
A la suite de revelations de
Marie-Anne Martinet
, Genod fait inspecter le bois des Communes pres de
Pizay
[
28
]
,
[
Note 4
]
a partir du
31 juillet
. Le
1
er
aout
, Marie-Anne Martinet et Martin Dumollard sont amenes separement sur les lieux ou, contre toute attente, Dumollard declare
[
28
]
:
≪ Je connais l'endroit ou etait le cadavre et je suis pret a vous y conduire
[
28
]
. ≫
Dumollard tient parole et un corps enterre est rapidement exhume. Les premieres constatations permettent de conclure que la victime aurait ete enterree vivante apres avoir ete violee
[
28
]
. Les trois sœurs Bussod sont convoquees a Pizay ou elles identifient formellement le corps comme etant celui de Marie-Eulalie
[
27
]
. L'emotion est si vive a Pizay que deux croix sont rapidement erigees sur le territoire communal, la premiere se trouve sur le lieu de la decouverte du corps dans le bois des Communes appele depuis ≪ bois de la Morte ≫
[
29
]
. Elle porte l'inscription suivante :
≪ Ici Marie-Eulalie Bussod a ete assassinee
Le 25 fevrier 1861
De profundis
[
28
]
. ≫
La seconde est situee au cimetiere de
Pizay
et porte l'inscription suivante :
≪ Ci-git une des victimes d'un infame assassin
Marie-Eulalie Bussod
Agee de 42 ans de
Loysiat
(
Jura
)
Assassinee le 25 fevrier
Et enterree le 2 aout 1861
De profundis
[
28
]
. ≫
En
novembre 2013
, ni la croix du cimetiere ni la croix du ≪ bois de la Morte ≫ ne semblent plus etre presentes aux lieux indiques. L'ouvrage
Richesses touristiques et archeologiques du canton de Montluel
de 1999 indiquait cette derniere comme toujours localisee dans ce bois
[
29
]
, mais en 2013, elle est signalee comme disparue sur le site internet de la ville de
Pizay
[
30
]
.
Marie Pichon et l'arrestation de Dumollard
[
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|
modifier le code
]
Le
, Dumollard aborde Marie Pichon sur le
pont de la Guillotiere
[
31
]
a Lyon et lui propose une place de bonne a Dagneux payee 250 francs annuellement
[
32
]
. Pichon accepte la place, rassemble quelques affaires dans une malle et accompagne Dumollard dans le train pour
Montluel
, ou ils arrivent en fin de soiree
[
33
]
. Il s'ensuit alors une marche dans les bois, vers les hauteurs de Dagneux
[
33
]
. Dumollard l'agresse et tente de l'etrangler avec un lasso, mais Pichon s'echappe
[
34
]
,
[
35
]
et court jusqu'a trouver refuge dans la ferme d'un denomme Joly a
Balan
[
36
]
. Joly s'en va alors solliciter Croix-Moine le
garde champetre
de Dagneux
[
36
]
. A l'ecoute de la description precise de Marie Pichon, Croix-Moine pense reconnaitre Dumollard domicilie rue du Mollard a Dagneux
[
36
]
. Apres une rapide visite au domicile de ≪ Raymond ≫, comme les Dagnards surnomment Dumollard
[
37
]
, la conviction de Croix-Moine est faite et il part immediatement avertir le juge Genod de
Montluel
[
38
]
, qui ordonne l'arrestation du suspect le
[
39
]
,
[
38
]
. Le lendemain
[
39
]
, une premiere confrontation a lieu entre Marie Pichon et Martin Dumollard, qu'elle reconnait immediatement.
L'enquete permet d'etablir que l'un des objectifs des assassinats est le vol de tissus et d'habits. Lors de la
perquisition
au domicile du prevenu, les enqueteurs decouvrent 1 250 vetements de femmes (jarretieres, bas, jupons, mouchoirs, dentelles, chales, bonnets, robes, etc.) appartenant a 646 victimes differentes
[
39
]
. Dumollard et son epouse sont emprisonnes a
Trevoux
en attendant leur proces
[
40
]
, qui se tiendra le
a
Bourg-en-Bresse
[
40
]
.
Le proces des epoux et l’execution de Dumollard
[
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|
modifier le code
]
Le proces des epoux Dumollard se deroule du
29 janvier
au
1
er
fevrier 1862
au
palais de justice
de Bourg-en-Bresse, devant lequel une foule de 4 000 a 5 000 personnes se presse des le matin du
29 janvier
[
41
]
. Deux avocats assurent la defense des epoux Dumollard :
Marius Lardiere
[
Note 5
]
et maitre de Villeneuve
[
42
]
. Maitre Lardiere est choisi par Dumollard car il est originaire de Dagneux
[
43
]
,
[
44
]
. Le palais de justice de
Bourg-en-Bresse
accueille des journalistes d'une douzaine de periodiques dont
Le Salut public
, le
Memorial de la Loire
, le
Journal de Geneve
et le
Progres de Lyon
[
41
]
. Darmet et Guerin, libraires au
23, rue Neuve
, sont charges de la transcription des debats du proces
[
41
]
. L'accusation est representee par Louis Gaulot (procureur general), de Prandiere (substitut du procureur) et Joachim Jeandet (procureur imperial)
[
42
]
. La
cour d'assises
est presidee par Marilhat, assiste du vice-president de Varennes
[
42
]
et de trente-six jures
[
43
]
, tous originaires de communes de l'
Ain
.
Outre le rappel des chefs d'accusation ainsi que de la liste des 71 temoins prevus, la premiere journee est consacree aux interrogatoires successifs de Dumollard puis de son epouse
[
45
]
. Les journees des 30 et
sont essentiellement consacrees a la presentation des nombreuses pieces a conviction (les centaines d'effets personnels saisis chez les Dumollard) et a l'audition de temoins
[
46
]
. L'audience du
1
er
fevrier
est consacree a la fin des auditions de temoins, au requisitoire puis aux plaidoiries jusqu'a environ quatre heures de l'apres-midi
[
47
]
. Le jury quitte la salle pour examiner les differentes questions et revient vers dix-huit heures quinze. Le president Marilhat commence alors a interroger leur porte-parole, Jean-Jacques Celsi, sur les differents verdicts apportes par le jury aux questions successives
[
48
]
. La Cour se retire pour deliberer et revient environ trente minutes plus tard. Le president Marilhat annonce alors les differentes sentences
[
49
]
: Dumollard est condamne a mort et sa femme est condamnee a vingt ans de travaux forces. Elle mourra dans la prison d'
Auberive
, en
Haute-Marne
, ou elle est incarceree, en
1875
[
50
]
.
Apres sa condamnation a mort le
, Dumollard est a nouveau emprisonne a
Bourg-en-Bresse
. Il recoit un certain nombre de visites
[
51
]
: de
maitre Lardiere
d'abord, puis de l'abbe Beroud, vicaire et aumonier des prisons a Bourg-en-Bresse
[
51
]
. Il recoit egalement la visite de
Pierre-Henri Gerault de Langalerie
,
eveque de Belley
, qui tente d'obtenir, sans succes, un repentir de sa part. Il lui donne neanmoins la benediction et lui offre un portrait du
cure d'Ars
[
51
]
.
Le
, Dumollard apprend que son
pourvoi en cassation
est rejete, les deux avocats commis d'office pour l'occasion, Achille Morin et Gigot, n'ayant pas meme depose de memoire
[
51
]
. On l'informe egalement du mode d'execution retenu, la guillotine, annonce a laquelle il aurait reagi en disant:
≪ J'aime mieux ca que d'etre comme mon pere, ecartele sur une roue en etant tire dans tous les sens par des chevaux
[
51
]
. ≫
Le
7 mars
1862, la guillotine entreposee a Bourg-en-Bresse est emportee a
Montluel
pour installation place Bourgeat
[
52
]
. Ce meme jour, l'abbe Beroud obtient que Dumollard partage un dernier repas avec son epouse. Aussitot apres, il est emmene vers Montluel dans une voiture a cheval de la gendarmerie, accompagne par l'abbe Beroud
[
52
]
. La voiture arrive le
8 mars
vers quatre heures du matin a Montluel, attendue par une foule considerable malgre l'horaire matinal
[
53
]
. La prison de Montluel etant alors en tres mauvais etat, Dumollard est conduit a la salle du conseil municipal ou l'attend le juge de paix Simonnet
[
53
]
. Celui-ci donne son accord pour un dernier entretien en prive entre Dumollard, l'abbe Beroud et le cure Carrel de Montluel
[
53
]
. Dumollard boit ensuite un cafe, puis le dernier verre du condamne, un verre de
Madere
[
54
]
.
A six heures quarante-cinq, on propose a Dumollard d'utiliser la voiture a cheval pour aller a l’echafaud distant de 150 metres, ce qu'il refuse. Accompagne de l'abbe Beroud et du cure Carrel ainsi que des bourreaux de justice, et devant une foule de 5 000 personnes
[
Note 6
]
, Dumollard s'avance a pied jusqu'a la place Bourgeat (actuelle place Carnot) ou est installe l'echafaud, sur lequel il accepte de s'agenouiller et d'embrasser le
crucifix
presente
[
54
]
. Il est execute vers sept heures du matin.
L'affaire Dumollard et l'histoire criminelle
[
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]
Les affaires de
tueurs en serie
semblent apparaitre en France au cours de la seconde moitie du
XIX
e
siecle. L'affaire Dumollard est d'ailleurs souvent rapprochee de celle de Joseph Philippe (assassin de prostituees en France vers 1866)
[
55
]
, de celle d'Eusebe Pieydagnelle (tueur de six jeunes filles vers 1871) ou encore de l'affaire
Joseph Vacher
qui se deroule egalement et partiellement dans l'Ain au milieu des
annees 1890
[
56
]
. Dumollard est regulierement presente comme le premier tueur en serie identifie, en terme chronologique, en Europe occidentale
[
57
]
.
A la suite de son
guillotinage
, le corps de Dumollard est enterre dans un lieu indetermine, meme si une forte presomption place sa sepulture a l'oree du cimetiere jouxtant la
chapelle Saint-Barthelemy de Montluel
[
58
]
,
[
59
]
. La tete du condamne est envoyee (dans un caisson special) a l'
ecole de medecine de Lyon
des debut
mars 1862
[
58
]
,
[
59
]
. Des reception, des etudes sont lancees pour analyser le crane de Dumollard : ainsi plusieurs platres moules sont conserves au
musee Testut-Latarjet
[
58
]
.
Le crane est peu a peu delaisse puis oublie avant d'etre a nouveau analyse durant les
annees 1960
. Ces travaux effectues sur le crane, a l'
hopital d'instruction des armees Desgenettes
concluent que Dumollard avait un
angiome
a la
levre
[
58
]
.
Au milieu des
annees 1980
, trois chercheurs lyonnais, Claire Desbois
[
Note 7
]
, Claude Mallet et Raoul Perrot
[
Note 8
]
, mettent au point une methode de reconstitution du visage a partir des donnees issues de la seule structure osseuse
[
60
]
. Ils la nomment ≪ DMP ≫
[
61
]
, de leurs trois initiales. Ils vont experimenter cette methode sur le crane de Dumollard et obtenir ainsi une representation en
trois dimensions
de son visage
[
60
]
. La comparaison avec les photographies d'epoque valide cette nouvelle methode
[
60
]
. Le resultat de cette experimentation, le buste realise a partir de la tete de Dumollard apres execution et la face reconstituee a partir de la veritable peau de Dumollard sont tous trois conserves au
musee Testut-Latarjet
a
Lyon
.
Depuis 1991, le crane de Dumollard, analyse completement, et n'ayant plus aucun interet pour les chercheurs, devait etre inhume dans la dignite au cimetiere de Montluel, avec le tronc ou restes de son corps. La tete devait etre remise a la Police scientifique de Lyon, qui devait proceder a l'inhumation. Mais depuis 1991, la tete de Dumollard est toujours conservee au musee Testut-Latarjet a Lyon, et aucune inhumation ne fut constatee .
Victor Hugo
fait une reference explicite a Martin Dumollard, dans le
Tome I
de son roman
Les Miserables
[
62
]
.
≪ Cinq ans, dira-t-on, c’est invraisemblable. Helas, c’est vrai. La souffrance sociale commence a tout age. N’avons-nous pas vu, recemment, le proces d’un nomme Dumolard, orphelin devenu bandit, qui, des l’age de cinq ans, disent les documents officiels, etant seul au monde ≪ travaillait pour vivre, et volait ≫. ≫
? Victor Hugo,
Les Miserables, Tome I : Fantine
Dans son ouvrage
Bouvard, Flaubert et Pecuchet
traitant de
Bouvard et Pecuchet
,
Roger Kempf
explique que
Gustave Flaubert
, tres marque par l'affaire Dumollard, nomme dans un premier temps l'un des personnages ≪ Dumolard ≫, qui devient par la suite ≪ Dubolard ≫, et finalement ≪ Bouvard ≫
[
63
]
.
L'affaire Dumollard fait egalement l'objet d'une
bande dessinee
publiee dans
Le crime ne paie pas
du quotidien
France-Soir
.
A la television, en
1967
, un episode de la serie televisee
En votre ame et conscience
intitule
L'Affaire Dumollard
est consacre au tueur en serie
[
64
]
,
[
37
]
. Il est realise par
Jean Bertho
et l'acteur
Etienne Bierry
interprete le role de Martin Dumollard
[
65
]
. En
2011
,
Stephane Bourgoin
realise un documentaire de 15 minutes sur l'affaire Dumollard
[
66
]
.
Enfin, un refrain lyonnais du
XIX
e
siecle nomme
Veritable et authentique complainte de Dumollard
raconte la vie de Dumollard.
- ↑
Un virage du
boulevard peripherique de Lyon
situe a proximite se nomme le ≪ virage de la femme morte ≫.
- ↑
Des examens
post mortem
ont indique que Dumollard avait un
angiome
a la levre.
- ↑
Le bois de Montmain s'etendait sur
3
a
4
hectares, a 3 kilometres au nord de Dagneux.
- ↑
Le bois des Communes s'etendait alors sur une superficie d'environ 25 hectares. Il est situe a 3 kilometres de Pizay et 6 kilometres de Montluel. Il est a present appele ≪ Bois de la Morte ≫ (
45° 52′ 38″ N, 5° 04′ 25″ E
).
- ↑
Lardiere, parfois orthographie Lardieres, selon les sources.
- ↑
A titre indicatif, la population de Montluel en 1862 est d'environ 2 700 habitants.
- ↑
Page professionnelle de Claire Desbois
.
- ↑
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Martin Dumollard, 1855-1861 - Le tueur de bonnes
≫
La version du 22 decembre 2013 de cet article a ete reconnue comme ≪
bon article
≫, c'est-a-dire qu'elle repond a des criteres de qualite concernant le style, la clarte, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.