Marcel Deat
, ne a
Guerigny
(
Nievre
) le
et mort a
Turin
(
Italie
) le
, est un
homme politique
francais
,
socialiste
, puis
neo-socialiste
et enfin
fasciste
, figure de la
collaboration
sous l'
Occupation
.
Normalien
, agrege de philosophie, journaliste et intellectuel, il est
depute
SFIO
de
a
et de
a
. En
, il est exclu du parti pour ses doctrines de plus en plus autoritaristes et son soutien au
cabinet Daladier
. Il participe la meme annee a la creation du
Parti socialiste de France
, et devient le chef de file des
neo-socialistes
, de plus en plus seduits par les modeles
fascistes
. Il est
ministre de l'Air
en
, dans le
cabinet Sarraut
, et depute ≪ Rassemblement anticommuniste ≫ en
.
Il fonde en
le
Rassemblement national populaire
, parti
≪ socialiste et europeen ≫
favorable a l'
occupant nazi
. Il termine sa carriere politique en
comme ministre du Travail et de la Solidarite nationale dans le
gouvernement de Vichy
, et s'enfuit a
Sigmaringen
avec le dernier carre des ultra-collaborationnistes, avant de se refugier en Italie ou, converti au catholicisme, il termine sa vie dans la clandestinite.
Marcel Deat, fils de Joseph Deat (ne en
a
Jenzat
), commis administratif de la Marine, et d'Amelie Ernestine Le Roux (nee en
a
Brest
)
[
1
]
, est issu d’un milieu modeste, republicain et patriote. Il fait des etudes brillantes, et entre en
a l’
Ecole normale superieure
apres avoir ete l’eleve d'
Alain
, professeur actif au
Parti radical
[
2
]
. La meme annee, il adhere a la
SFIO
, plus par ≪ idealisme philosophique que par materialisme ≫.
Il est mobilise au front pour la guerre, qu’il termine avec le grade de capitaine. Sous le pseudonyme de
Taed
, il publie
Cadavres et maximes, philosophie d’un revenant
, ou il exprime son horreur de la guerre, des tranchees, qui explique un pacifisme visceral qui est determinant pour ses choix dans sa carriere. Il est aussi fascine par la discipline collective et par la camaraderie au front.
En
, il reprend ses etudes et sort deuxieme du classement special de l’
agregation
de
philosophie
de
[
3
]
avant de s’orienter vers la
sociologie
, sous la tutelle de
Celestin Bougle
, sociologue
radical
et ami d’Alain. Bougle place Deat au secretariat du Centre de documentation sociale de l'Ecole normale superieure de la
rue d’Ulm
.
A la scission socialiste de
Tours
, il se situe a droite de la
SFIO
, dans le
groupe de la Vie socialiste
, aux cotes de
Pierre Renaudel
.
En
, il est elu
conseiller municipal
de
Reims
, ou il enseigne. A la faveur d’une election partielle, en
, il est elu a la
Chambre des deputes
, mais est battu en
. A cette epoque,
Leon Blum
cherche a favoriser quelques jeunes car la montee dans la hierarchie du parti est difficile. Il nomme Deat secretaire du groupe parlementaire de la SFIO. Il fonde un centre documentaire pour ces parlementaires.
En
, il participe au troisieme
cours universitaire de Davos
, avec de nombreux autres intellectuels francais et allemands.
En
, Deat publie
Perspectives socialistes
, un ouvrage theorique de reflexion sur la doctrine socialiste. Il pense qu’il faut s’adapter a l’evolution de la societe capitaliste qui ne parait pas s’autodetruire, contrairement aux predictions
marxistes
. L’Etat doit avoir un role privilegie dans la gestion de la propriete, qui doit etre individuelle. Deat est contre la
collectivisation
et contre la revolution, car le chaos est selon lui le credo des
fascistes
. En ces points, il s’oppose farouchement aux
marxistes
, mais se rapproche des
planistes
. Deat pense qu’il faut passer par un regime intermediaire, et non pas attendre le vide politique pour que le
socialisme
s'installe. Ce livre est
≪ mal accueilli dans le Parti ≫
[
4
]
.
En
, il est elu depute du
20
e
arrondissement de Paris
, aux depens de
Jacques Duclos
, qui avait lui-meme battu
Leon Blum
en
.
Le Parti socialiste de France-Union Jean Jaures (1933-1935)
[
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]
En 1933, Deat adhere au
Parti socialiste de France-Union Jean Jaures
(PSdF) ne en 1933 d'une scission des franges
reformiste
,
planiste
et
neo-socialiste
de la SFIO exclues par le congres du
. Influents dans le groupe parlementaire, ces futurs exclus etaient tres minoritaires au sein du parti, en butte a l'hostilite de l'aile gauche (
pivertistes
) et des centristes (
blumistes
). Ce mouvement qui veut
≪ renforcer l’Etat contre la crise economique ≫
s’ouvre aux classes moyennes et participe aux gouvernements non socialistes.
L'Union socialiste republicaine (1935-1940)
[
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]
Deat et ses proches, Renaudel, Marquet et Montagon fusionnent le PSdF avec deux autres groupes de gauche moderee pour former en 1935, l’
Union socialiste republicaine
. Deat est membre du
comite de vigilance des intellectuels antifascistes
(CVIA). Deat est
ministre de l’Air
en
1936
, dans le cabinet
Sarraut
. Le pacifisme est une donnee importante de son engagement. L’USR se rallie au gouvernement Blum apres la victoire du Front populaire. Il est battu aux elections legislatives de 1936.
A l'epoque du Front populaire, Marcel Deat, alors professeur de philosophie au
lycee Fenelon
de Paris, rencontre
Charles de Gaulle
a plusieurs reprises grace a un proche de ce dernier, l'avocat
Jean Auburtin
; les deux hommes s'apprecient et restent en contact jusqu'a la veille de la Seconde Guerre mondiale
[
5
]
. De Gaulle ecrit a Auburtin en
[
6
]
:
≪ Deat a sans aucun doute un grand talent et une haute valeur. C'est de quoi on lui en veut. Mais patience, je crois qu'on le verra remonter et aller tres haut ≫
.
Marcel Deat qui a ete orateur en 1933 a un rassemblement de protestation contre l'
antisemitisme
hitlerien
[
7
]
, pourfend tout au long des annees 1930 le racisme et l'antisemitisme. Il prend la parole a des diverses reunions antinazies de la
LICA
[
8
]
. Il participe en
a une reunion de protestation contre les lois de Nuremberg et affirme :
≪ Nous sommes un peuple de metis ≫
. Invoquant
Hegel
,
Fichte
,
Schelling
,
Kant
,
Goethe
et
Schiller
, il souhaite que l'Allemagne renoue avec l'humanisme et retrouve son veritable visage. Prosioniste, il est au comite France-Palestine, au Comite de defense des droits des israelites en Europe centrale et orientale
[
9
]
,
[
10
]
.
Le Droit de vivre
, journal de la LICA, dans son numero du
, appelle a voter Deat et publie sa photo. Associe a la LICA autant qu'a d’autres structures projuives, Deat est l'un des hommes politiques francais qui protestent le plus contre l'antisemitisme et le racisme dans les annees 1930
[
11
]
.
En
1939
, il est elu depute a
Angouleme
, pour le
≪ Rassemblement anticommuniste ≫
[
12
]
, apres avoir perdu son ancien mandat au profit d'un communiste.
Pacifiste depuis toujours, il publie en 1939 dans
L'Œuvre
un article retentissant denoncant les garanties donnees par la Grande-Bretagne a la Pologne et s'insurge contre l'idee que les ouvriers et paysans francais aient a verser leur sang pour une cause aussi lointaine
[
13
]
. Il sourit de la forfanterie des Polonais qui s'estiment en mesure d'affronter victorieusement l'Armee allemande et ses divisions blindees
[
13
]
,
[
11
]
,
[
14
]
:
≪ Combattre aux cotes de nos amis polonais pour la defense commune de nos territoires, de nos biens, de nos libertes, c’est une perspective qu’on peut courageusement envisager, si elle doit contribuer au maintien de la paix. Mais
mourir pour Dantzig
, non ! ≫
[
13
]
.
Il accuse les dirigeants de la
Troisieme Republique
de
bellicisme
et d'etre manipules par une Angleterre capitaliste cherchant a defendre son empire economique en se servant de la France.
En 1940, il appuie l'
armistice du 22 juin 1940
demande par
Petain
et la nomination de
Pierre Laval
comme
vice-president du Conseil
. A la suite de la demission forcee et du renvoi de Laval le 13 decembre, il est arrete le 14, tres provisoirement, sur ordre du
general de La Laurencie
.
Le Rassemblement national-populaire (1941-1944)
[
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]
Allie politique de
Laval
et des Allemands, mais deteste par
Philippe Petain
, Deat part pour Paris et tente d'unifier les
mouvements collaborateurs
de la
zone Nord
en vue de creer un parti unique, qui serait le fer de lance d'une revolution nationale-socialiste ayant pour modele ses voisins allemand et italien. Il propose a Petain de former sous son patronage un comite pour la constitution du parti unique, dont-lui-meme serait le president. Petain, qui ne souhaite pas donner suite, ecoute le conseil de
Henry du Moulin de Labarthete
en demandant la redaction de divers rapports afin de devier cette offensive. En dehors de
Xavier Vallat
, la plupart des membres,
Charles Spinasse
,
Paul Rives
,
Rene Chateau
viennent du Parti socialiste et du Parti radical, ce qui donne a l'ensemble une nette tonalite de gauche
[
15
]
[ref. a confirmer]
. Petain, influence par son entourage conservateur, ne donnant pas suite a ce projet totalitaire, Deat s'eloigne alors peu a peu de
Vichy
et de sa politique qu'il juge trop frileuse et reactionnaire et se rapproche des Allemands. Durant quatre ans, il affirme quotidiennement dans
L'Œuvre
son desaccord avec Vichy, tout en se gardant d'attaquer Petain ou Laval, qui pourraient lui obtenir un poste au gouvernement.
A la suite de l'echec de sa tentative pour former un parti unique, il entreprend, aide de parlementaires de gauche et de droite, la constitution d’un parti unique destine a promouvoir les valeurs du nouveau regime mais se heurte a l’hostilite de l’entourage de Petain, trop conservateur pour etre tente par l’aventure totalitaire. Il fonde le RNP et apres le depart des elements droitiers, Deat reorganise sur une base ideologique homogene son parti en reservant les postes a d'anciens militants socialistes et syndicalistes
[
16
]
. Dans ses ecrits, Deat se reclame de la tradition republicaine et revolutionnaire et affirme la parente entre le jacobinisme et le totalitarisme :
≪ L’Etat revolutionnaire de
1793
est singulierement proche de l’Etat totalitaire ; ce n'est pas du tout l'Etat capitaliste et liberal (…). Disons en raccourci que la Revolution francaise a tendu vers un national-democratisme, et que nous tendons maintenant a un national-socialisme. Mais le premier mouvement etait aussi revolutionnaire que le second, il avait le meme sens, il allait dans la meme direction. Il est absolument faux de vouloir les opposer l'un a l'autre ≫
[
17
]
. La tonalite specifique du deatisme, faite de surenchere collaborationniste et de defense d'une ligne de gauche republicaine, se traduit par des protestations contre la revocation des maires de gauche, contre les campagnes visant les francs-macons et les instituteurs et dans le meme temps la celebration d'un Hitler imaginaire, qu'il decrit comme desireux d'effacer les frontieres au profit d'echanges economiques, edifiant une Europe pacifiee, unie et socialiste
[
18
]
. Le RNP est favorable a un regime
fasciste
et
totalitaire
dans une Europe unifiee et socialiste. Il ne renie cependant pas tout son heritage republicain,
laic
et
pacifiste
, ce qui le differencie radicalement de son grand rival, le PPF de Doriot. Ainsi, le RNP defend le principe du
suffrage universel
, l’ecole publique, une ligne
anti-clericale
, la forme republicaine de l'Etat ou encore le maintien des bustes de
Marianne
dans les mairies
[
19
]
. Ces idees entrainent une opposition constante entre le RNP et les elements
reactionnaires
du debut du
regime de Vichy
.
Marcel Deat verse dans un
antisemitisme
moins violent que le PPF. Il ecrit dans ses memoires politiques qu'il s'opposa a l'antisemitisme radical et que distinguant les Juifs etrangers arrives recemment ≪ peu desirables ≫ et les Juifs francais assimiles, il fit acclamer par le congres du RNP les noms de
Brunschvicg
et
Bergson
[
20
]
.
Le
Rassemblement national populaire
souffre cependant de la concurrence des autres partis de la zone Nord, et notamment du
PPF
de
Doriot
.
Au fil des mois, Deat s'engage dans une fuite en avant motivee par l'attraction du pouvoir et s'interdit de renier ses engagements de l'ete 1940. Le
, il est blesse dans l'attentat de
Paul Collette
contre Laval a Versailles, alors qu'ils passent en revue les troupes de la
LVF
.
Le
, lors d'une conference au theatre de Tours, un engin explosif artisanal est lance des troisiemes galeries, mais la meche se detache en heurtant le pupitre. Les auteurs de l'attentat,
Georges Bernard
et Maxime Bourdon, responsables du
Front national
, ainsi que Louis Andre et Maurice Beaufils, sont retrouves et fusilles en compagnie de quatre autres jeunes communistes, selon un temoin de l'attentat.
Marcel Deat echappe a un nouvel attentat le
, alors qu'il sejourne avec sa femme dans sa villa d'
Arbourse
(Nievre)
[
21
]
,
[
22
]
.
Sous la pression des Allemands, Deat entre le
dans le
gouvernement de Pierre Laval
comme ministre du Travail et de la Solidarite nationale et appuie une politique de collaboration totale avec l'Allemagne. Le conflit qui l'oppose a Laval bloque cependant toute initiative de sa part. Il essaye neanmoins d'imprimer sa marque et confie a
Ludovic Zoretti
le projet de creation d'une universite ouvriere
[
23
]
.
Lors de la
liberation de la France
a l'
ete 1944
, il fuit vers l'Allemagne le 17 aout, rejoignant
Sigmaringen
ou il conserve son titre de ministre du Travail au sein de la
Commission gouvernementale
, le gouvernement vichyste en exil. Le
, avec sa femme Helene, il passe en
Italie
: le couple se refugie pendant trois semaines dans un chalet pres de
Naturno
, mais la menace d'une arrestation imminente l'oblige a s'enfuir a travers la montagne jusqu'a
Merano
. Aides par des pretres, Marcel et Helene Deat partent pour
Bolzano
puis
Milan
[
24
]
.
Apres un sejour a
Genes
, le couple s'installe en 1947 a
Turin
[
25
]
, dans l'Institut Jeanne-d'Arc, un pensionnat pour filles gere par des religieuses
[
26
]
. Deat prend le nom de jeune fille de sa femme (Delaveau)
[
27
]
. Il avait ete
condamne a mort
par
contumace
en
, mais ne sera jamais arrete.
Il finit ses jours a l'hopital
San Vito
de Turin, converti au catholicisme
[
28
]
. D'apres un article du
Monde
date du
, il est enterre au cimetiere de Turin, sa tombe portant le
numero 5
du
bloc 23
dans la section C. Ses restes ont ete transferes le
au cimetiere de
Rozet-Saint-Albin
(
Aisne
), dans la concession de ses beaux-parents
[
29
]
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:
|
III
e
Republique
(1906-1940)
|
|
Seconde Guerre mondiale
(1940-1944)
|
|
GPRF
et
IV
e
Republique
(1944-1958)
|
|
V
e
Republique
(depuis 1959)
|
- Paul Bacon
t
- Gilbert Grandval
t
- Jean-Marcel Jeanneney
a
- Maurice Schumann
a
- Joseph Fontanet
t,e
- Edgar Faure
a
- Georges Gorse
t,e
- Michel Durafour
t
- Christian Beullac
t
- Robert Boulin
t
- Jean Matteoli
t
- Nicole Questiaux
s
et
Jean Auroux
t
- Pierre Beregovoy
a,s
- Michel Delebarre
t,e
et
Georgina Dufoix
a,s
- Philippe Seguin
a,e
- Michel Delebarre
a,e
- Jean-Pierre Soisson
t,e
et
Claude Evin
s puis a
- Martine Aubry
t,e
et
Jean-Louis Bianco
s,a
puis
Rene Teulade
a
- Michel Giraud
t,e
et
Simone Veil
a
- Jacques Barrot
t
- Martine Aubry
e,s
- Elisabeth Guigou
e,s
- Francois Fillon
a,t,s
- Jean-Louis Borloo
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- Xavier Bertrand
t,s
- Brice Hortefeux
t,s
- Xavier Darcos
t,s
- Eric Woerth
t,s
- Xavier Bertrand
t,e
et
Roselyne Bachelot
s
- Marisol Touraine
a
et
Michel Sapin
t,e
,
Francois Rebsamen
t,e
puis
Myriam El Khomri
t,e
- Muriel Penicaud
t
puis
Elisabeth Borne
t,e
et
Agnes Buzyn
s
puis
Olivier Veran
s
- Olivier Dussopt
t,e
et
Damien Abad
s
,
Jean-Christophe Combe
s
puis
Aurore Berge
s
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t
Ministre du Travail ;
a
Ministre des Affaires sociales ;
e
Ministre de l'Emploi ;
s
Ministre de la (des) Solidarite(s)
Articles connexes :
Ministere du Travail
;
Ministere des Affaires sociales
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