Maarten van Heemskerck
[
a
]
, ne en
1498
a
Heemskerk
et mort le
a
Haarlem
, est un peintre manieriste des Pays-Bas.
Portraitiste
reconnu, il fut proche des milieux litteraires, notamment de Cornelius Musius qui lui passa plusieurs commandes. Il est celebre pour sa serie de gravures des
Sept Merveilles du monde
(1572).
Ne a
Heemskerk
aux Pays-Bas, il est place en apprentissage par son pere, petit metayer, aupres de Cornelius Willemsz et Jan Lucasz a
Haarlem
. Lorsqu'il se voit contraint de regagner l'exploitation paternelle pour labourer et traire les
vaches
, le jeune Heemskerck saisit la premiere occasion pour faire le mur et temoigne de sa volonte de fuir son hameau natal en faisant a pied et en une seule fois les quelques dizaines de kilometres qui le separent de la ville de
Delft
. La, il se trouve un maitre qu'il abandonne bientot pour
Jan van Scorel
de Haarlem.
C'est la qu'il acquiert ce que l'on a appele sa premiere maniere, qui n'est rien d'autre qu'une imitation du style italianisant introduit par
Jan Mabuse
et ses collegues.
Puis il entreprend un voyage de 1532 a 1536-1537, au cours duquel il visite le Nord de l'Italie, s'arretant a
Rome
ou il presente ses lettres d'introduction aupres d'un
cardinal
,
Willem van Enckenvoirt
. De ce voyage, on connait deux albums de dessins conserves a Berlin, comprenant des vues de la Rome moderne, des statues et des monuments antiques et de grandes realisations contemporaines, dessins qui sont graves a son retour aux Pays-Bas
[
1
]
. Il est probable qu'il etait devenu expert dans son art puisqu'il fut engage aux cotes d'Antonio da San Gallo, Battista Franco et Francesco Salviati pour decorer les arcs de triomphe ephemeres eriges en l'honneur de l'entree de l'empereur
Charles Quint
.
Vasari
, qui a pu observer les scenes de bataille executees alors par Heemskerck, affirme qu'elles etaient bien composees et d'une facture assuree.
De retour aux Pays-Bas, il s'installe a Haarlem, ou il devient rapidement doyen de sa guilde (1540), se marie deux fois et se constitue une clientele nombreuse et lucrative. Il appartient vraisemblablement a l'une des chambres rhetoriques de la ville qui rassemble les elites sociales et intellectuelles. A Delft, il fait la connaissance du poete
Cornelis Musius
, alors recteur du
monastere de Sainte-Agathe
(nl)
[
2
]
,
[
3
]
,
[
4
]
,
[
5
]
. Musius exerce son mecenat et passe commande a van Heemskerck plusieurs œuvres, en particulier pour Sainte-Agathe, ce qui permet au peintre de l'
ecole flamande
d'assoir sa notoriete
[
2
]
,
[
3
]
,
[
4
]
,
[
5
]
.
En 1572, il quitte Haarlem, fuyant le siege mene par les Espagnols, et se refugie a Amsterdam ou il redige un testament qui nous est parvenu et qui prouve qu'il avait reussi a amasser une fortune honorable. A sa mort, il legue de l'argent et des terres en
fiducie
a l'orphelinat de Haarlem, dont l'interet doit etre verse chaque annee a tout couple qui accepte de celebrer son mariage devant sa pierre tombale dans la cathedrale de Haarlem. Il existe encore aujourd'hui une croyance dans la partie catholique des Pays-Bas selon laquelle ce rite assure le repos de l'ame du defunt.
Heemskerck fut un peintre prolifique. De la periode qui precede le voyage italien, on peut citer
Adam et Eve
,
Saint Luc peignant la vierge
, un
perroquet en cage
et un retable dans le musee de Haarlem, ainsi qu'un
Ecce Homo
dans celui de
Gand
.
A son retour de Rome, son style a change : il ne se consacre qu'occasionnellement au portrait pour aborder des sujets religieux austeres et des themes mythologiques
[
8
]
. De cette periode nous possedons une
Crucifixion
(musee de Gand) de 1543 et le retable de la compagnie des marchands-drapiers de Haarlem qui date de 1546 et se trouve aujourd'hui au musee de
La Haye
. On peut y voir l'influence des œuvres de
Michel-Ange
et de
Raphael
qu'il avait etudiees a Rome, et celle des
fresques
de
Mantegna
et de
Giulio Romano
admirees en
Lombardie
. De cette periode (vers 1550) date aussi la nouvelle version de
Saint Luc peignant la Vierge
, conservee au musee des Beaux-Arts de Rennes, et sans doute un de ses chefs-d'oeuvre.
En 1551, il produit encore de memoire une copie de la
Madone de Lorette de Raphael
, au musee de Harlem. Un
Jugement de Momus
de 1561, conserve a la Gemaldegalerie de Berlin, est pleinement manieriste : poses contorsionnees, architecture fantaisiste, sujet litteraire erudit. Deux retables executes pour des eglises de Delft en 1551 et 1559 (musees de Haarlem et de Bruxelles) representent des scenes du Nouveau Testament (
Golgotha
,
Crucifixion
,
Fuite en Egypte
,
Christ sur la montagne
) et des scenes de la vie de
saint Bernard
et de
saint Benoit
tout a fait representatives de son style. Recemment, on a decouvert dans une modeste eglise de Normandie (ancienne commune de Saint-Martin-de-Fresnay) une
Crucifixion
signee et datee de 1557, reprenant et amplifiant les themes du tableau de Gand. Cette œuvre, assez abimee, est actuellement (2017) en restauration.
Citons encore une
Crucifixion
au
musee de l'Ermitage
, un
diptyque
≪
Adam et Eve
et
Gedeon
≫ au
Musee des beaux-arts de Strasbourg
et deux
Triomphes de
Silene
a Vienne. On trouve egalement de lui des toiles de moindre importance dans les musees de Rotterdam, Munich, Cassel, Brunswick, Karlsruhe, Mayence et Copenhague. Il existe de lui un
Jugement dernier
, conserve a
Hampton Court
.
Ses œuvres ont ete gravees dans l'atelier de
Jerome Cock
par
Dirck Volkertszoon Coornhert
,
Philippe Galle
et Herman Muller
[
9
]
.
- Portrait d'Anna Codde
, 1529, huile sur panneau de chene, 87 × 66
cm
,
Rijksmuseum
, Amsterdam
- Pieter Jan Foppeszoon noble d'Haarlem avec sa famille
, v. 1530,
Gemaldegalerie Alte Meister (Cassel)
[
8
]
- Homme de douleur
, 1532, huile sur panneau, 84 × 72
cm
,
Musee des beaux-arts de Gand
. Provient de l'eglise Saint-Corneille de
Machelen
[
10
]
- Saint Luc peignant la Vierge
, 1532,
Musee Frans Hals
,
Haarlem
- Le Triomphe de Bacchus
, 1536-1537, panneau de chene, 56 × 106
cm
,
Kunsthistorisches Museum de Vienne
[
11
]
- La Vierge et saint Jean l'Evangeliste, le donateur et sainte Marie-Madeleine
, v. 1540, huile sur chene, chaque panneau, 123 × 46
cm
,
National Gallery
, Londres
[
12
]
- Calvaire
, 1543, huile sur panneau, 334 × 270
cm
,
Musee des beaux-arts de Gand
. provient du Couvent des Clarisses de
Gand
[
10
]
- Saint-Luc peignant la Vierge
, 1545, huile sur bois, 205 × 143
cm
,
Musee des beaux-arts
,
Rennes
- Calvaire
, 1545-1550, huile sur panneau, 101 × 58
cm
,
Musee de l'Ermitage
,
Saint-Petersbourg
[
13
]
- Vue imaginaire du Colisee en ruine
, 1552, huile sur bois, 75 121 × cm,
Palais des beaux-arts
,
Lille
[
14
]
- Autoportrait au Colisee
, Rome
, 1553, huile sur panneau, 42 × 54
cm
,
Fitzwilliam Museum
,
Cambridge
- Crucifixion
, eglise de Saint-Martin-de-Fresnay, ancienne commune de
L'Oudon
, aujourd'hui commune de
Saint-Pierre-en-Auge
,
Calvados
,
Normandie
, 1557.
- Triptyque de l'Ecce Homo
, 1559-1560,
Musee Frans Hals
,
Haarlem
- Triptyque de la mise au tombeau
, 1560, chene chantourne, panneau central 219 × 66
cm
, volets 217 × 65
cm
,
Musee royal d'art ancien a Bruxelles
[
15
]
- Sept Merveilles du monde
, 1572, serie de sept gravures
[
16
]
- Notes
- ↑
Egalement graphie ≪ Maerten Jacobszoon Heemskerk van Veen ≫, et le prenom pouvant aussi etre ≪ Marten ≫ ou ≪ Martin ≫.
- References
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, p.80
- ↑
≪
Les Sept Merveilles du monde
≫, sur
www.cndp.fr
(consulte le
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Sur les autres projets Wikimedia :
: document utilise comme source pour la redaction de cet article.
- Extraits de
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- Samuel Bothamy, ≪ Heemskerck et l'Humanisme ≫ dans
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- Marco Folin, Monica Preti,
Les villes detruites de Maarten van Heemskerck. Images de ruines et conflits religieux dans les Pays-Bas au XVI
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≪ Marten van Heemskerck’s Momus criticizing the works of the gods : a problem of Erasmian iconography. ≫
, dans
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