Le terme
media
designe tout moyen de distribution, de diffusion ou de communication interpersonnelle, de masse ou de groupe, d'œuvres, de documents, ou de messages ecrits, visuels, sonores ou audiovisuels (comme la
radio
, la
television
, le
cinema
,
Internet
, la
presse
, les
telecommunications
, etc.)
[
1
]
. Ce terme est souvent utilise comme l'abreviation du terme anglais
mass-media
ou
medias de masse
en francais
[
2
]
.
L'expression
medias de masse
designe les medias qui ont acquis une diffusion a grande echelle pour repondre rapidement a une demande d'information d'un public vaste, completee dans de nombreux cas par une demande de distraction. La plupart des entreprises dites de media emploient des
journalistes
et des animateurs de divertissement. Ils recueillent dans un premier temps des informations aupres de
sources d'information
, en leur assurant la
protection des sources d'information
, ce qui leur permet d'acquerir une
audience
, et valorisent, dans un second temps, leur audience par la vente d'espaces publicitaires. A cote de ce modele dominant, les chaines de teleachat et les periodiques ne diffusant que des petites annonces et publicites sont aussi consideres comme des medias.
Dans les pays industrialises, ou les medias se sont largement developpes, ils sont majoritairement detenus par de
grands groupes industriels
dont les
dirigeants
, proches du pouvoir politique, sont regulierement critiques pour
instrumentaliser l'information
a des fins partisanes plus ou moins reconnues (these de la
≪ fabrication du consentement ≫
). Mais l'avenement d'
Internet
, des
TIC
signe celui des
medias alternatifs
(
blogs
,
reseaux sociaux
…). L'information n'est plus alors forcement soumise aux
regles deontologiques
, notamment celle de la
verification par les faits
, la multiplication et l'ampleur des
hoax
inaugurant selon certains une nouvelle ≪ ere ≫ : l'
ere post-verite
.
En latin,
media
est le pluriel de
medium
(milieu, intermediaire). Le mot francais est issu de l’anglais
mass(-)media
[
3
]
, mot anglais lui-meme forme sur l'usage italien
media
, venant aussi de la langue latine.
L'ecriture du terme
media
prete a discussion. Faut-il rajouter un
s
comme marque du pluriel sur un substantif deja au pluriel ?
[
ref.
souhaitee]
Le terme
media
est maintenant rarement employe selon son orthographe latine, ≪ Medias ≫ designe plusieurs supports et ≪ Media ≫ un support unique. Ces termes consacres par l'usage commencent a se trouver dans la plupart des dictionnaires francophones
[
3
]
,
[
4
]
,
[
5
]
. Le
Grand dictionnaire terminologique
et
FranceTerme
recommandent eux aussi ≪ media ≫ pour l’anglais
media
[
6
]
.
Les medias sont des outils de communication. Le choix d'un media depend evidemment du type de communication recherche :
Communication unilaterale et multilaterale
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]
Selon ses caracteristiques techniques propres, l'usage d'un media de masse est davantage approprie a un certain type de communication : par exemple, le
media de type Presse Ecrite
(
Le Monde
,
Le Figaro
, etc.) semble plus adapte pour communiquer de maniere unilaterale, les
medias de type Reseaux sociaux
(Facebook, Twitter,
Snapchat
,
Instagram
, etc.) semblent plus pertinents pour communiquer de facon multilaterale.
Communication mise a disposition du public
[
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]
Selon le critere de ≪
mise a disposition du public
≫ employe par les juristes francais
[
7
]
, on distingue :
- les medias simples : dont la consultation par le destinataire est
directe
(ex : un journal, une revue, un livre, une affiche…),
- les medias autonomes : dont la consultation implique la
detention d'un equipement
par le destinataire (ex : magnetoscope, lecteur CD, micro-ordinateur, telephone mobile…),
- les medias de telediffusion : dont la consultation suppose que le destinataire soit connecte a des reseaux de diffusion, dans le cadre d'une offre n'autorisant qu'un degre d'interactivite reduit. (ex : reseaux hertziens terrestres, teledistribution par cable, satellites de diffusion directe…),
- les medias de telecommunication : idem que ci-dessus, avec cependant la possibilite de consulter une offre presentant un degre d'interactivite important.
Les modes de traitement journalistiques et les enonciations editoriales sur le web
[
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]
L’apparition d’Internet dans les annees 1990 a demultiplie les sources d’information de presse en ligne. La presse ecrite a en effet souhaite s’inscrire dans cette nouvelle modernite en creant des versions en ligne de ses journaux, mais les medias en ligne ne sont pas les seules sources presentant l’actualite sur le web, on compte egalement les infomediaires, les blogs et les sites natifs de l’Internet.
Ces differentes sources presentent des disparites dans les modes de traitement de l’actualite et dans leurs enonciations editoriales qui sont marquees notamment dans les articles traitant de l’actualite politique, theme plus ou moins enclin d’etre sujet a controverse. On constate une hierarchie dans le traitement de l’actualite sur le web etant donne que tous les sites d’information n’ont pas les memes facons de montrer leur point de vue sur les questions traitees. Chaque site d’actualite en ligne se construit une identite propre qui decoule des plus ou moins grandes restrictions qui sont faites aux auteurs et qui se traduit par differents procedes :
- Les medias en ligne et infomediaires qui se doivent de respecter les normes qui regissent leur activite de journaliste font le choix d’un compte rendu factuel de l’evenement. Il est relate de facon distancie, ne faisant en apparence emerger aucune prise de parti. Le traitement de l’information peut cependant grandement differer d’un titre a l’autre compte tenu des contrats de communication respectifs des groupes de presse. L’opinion du journaliste peut cependant etre exprimee de facon tres discrete par des strategies de discours.
- Les blogs et sites natifs de l’Internet beneficient d’une plus grande liberte quant au fait d’exprimer leur opinion. Les auteurs de ces sites presentent en general un engagement plus marque se manifestant de diverses manieres.
Les strategies enonciatives et discursives mises en place par les auteurs des articles sont les suivantes (non exhaustif) :
- Les images illustrant les articles peuvent etre connotees ou non. La photographie peut etre utilisee comme une simple illustration de l’article et donc neutre ou bien elle peut etre connotee dans le but de faire passer un message, emettre une critique particuliere.
- Les blogs et sites natifs de l’Internet qui sont plus libres d’emettre des prises de positions ne construisent pas leurs articles de la meme facon que les medias en ligne, ils utilisent des procedes afin de marquer leur opinion tels que : de longs paragraphes argumentes et agrementes de nombreux connecteurs logiques, des adresses directes au lecteur, du vocabulaire connote (melioratif ou pejoratif) voire familier. Ils n’hesitent pas a montrer leur implication en utilisant la premiere personne.
- Les medias en ligne plus cadres par les normes qui dirigent l’activite de journaliste font passer leurs idees de facon plus discrete : dans le cas d’un article qui pourrait susciter les reactions d’acteurs politiques, le choix des personnes interrogees est un marqueur de prise de position si un parti politique est represente plus qu’un autre. Le lexique joue egalement un role important meme s’il est plus mesure que dans les blogs et sites natifs de l’Internet.
On peut distinguer les types de medias suivants :
- l'affichage
ou les professionnels appliquent des
techniques d'ecriture
publicitaires ;
- la
presse ecrite
ou les professionnels appliquent des
techniques d'ecriture
journalistiques ;
- la
radio
ou le journalisme utilise l'ecriture radio ;
- la
television
par la diffusion de montages videos commentes ;
- les nouvelles technologies de l'information et de la communication, avec en particulier le
Web
, comme systeme
hypertexte
public
de
contenus numeriques
fonctionnant sur
Internet
. La sophistication des TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) (voir les fonctionnalites du
WEB 2.0
) autorise des fonctionnalites tres puissantes :
- le
cinema
utilise notamment le cadrage, les jeux de lumieres ou meme des bandes-sons pour mieux faire passer un message ;
- la
bande dessinee
utilise une juxtaposition de dessins, accompagnes de textes ;
- les
medias tactiques
(ou media de proximite). Il s'agit de moyens de communication alternatifs : affichage indoor, supports publicitaires (sac a pain, set de table, gobelet, boite a pizza…) ;
- les
jeux video
: Sur consoles (PS4, Xbox One, Nintendo Switch, etc.), mobiles et PC.
Les medias sont souvent qualifies de
quatrieme pouvoir
, par allusion aux
trois pouvoirs constitutionnels
, dans le processus de la formation de l'
opinion publique
et dans l'influence que la revelation de ces faits peut avoir dans les prises de position des
citoyens
. Les faits, analyses ou commentaires qu'ils rapportent sont porteurs de sens, par exemple dans le domaine de la
politique
, de l'
economie
ou de la
culture
. Le choix des faits rapportes appartient aux responsables nommes par les proprietaires de ces medias d'ou la revendication par les syndicats de journalistes pour obtenir l'
independance des redactions
. Le
SNJ
, le
SNJ-CGT
,
FO
, la
CFTC
, et l'
USJ CFDT
ont redige a l'automne
2007
la petition nationale
[
8
]
pour l'
independance des redactions
[
9
]
, dans le sillage du combat mene par les journalistes des quotidiens economiques
Les Echos
et
La Tribune
, en
2007
[
10
]
. Ils demandent que la
ligne editoriale
respecte la
Charte de Munich
, adoptee par la
Federation europeenne des journalistes
et reference europeenne concernant la
deontologie du journalisme
, un texte qui distingue dix devoirs et cinq droits, en reprenant les principes de la
Charte des devoirs professionnels des journalistes francais
.
En France, en cas de desaccord avec la
ligne editoriale
, le journaliste peut en theorie demander l'application de la
clause de conscience
, supervisee par la
commission arbitrale
, l'une des cinq grandes commissions qui cogerent la profession, en vertu du
paritarisme
. En pratique, la
clause de conscience
est tres difficile a obtenir, la loi n'etant pas assez precise.
L'influence des medias - a condition de choisir les messages et les supports pertinents - est generalement concue et adressee vers celui qui achete (le consommateur-acheteur). Comme l’indique le sociologue
D. W. Smythe
, l’audience est ce que produisent les mass-media
[
11
]
. Cependant, d'autres cibles indirectes sont regulierement visees :
- le
consommateur
utilisateur : celui qui va effectivement consommer, utiliser le produit final.
- le
prescripteur
: celui qui est repute capable de conseiller ou d'influencer l'acheteur du produit final.
- le
distributeur
: les campagnes medias en faveur d'un produit final peuvent contraindre les distributeurs a
referencer
un produit fortement faisant l'objet d'une forte promotion (difficile de ne pas vendre le produit connu et demande par le consommateur…).
L'
annonceur
designe l'emetteur d'information qui passe commande a un support pour realiser ou diffuser un message en direction d'une cible.
Pour cet annonceur, la politique de communication est l'un des 4 piliers fondamentaux de son
marketing mix
.
Les informations peuvent etre elaborees :
- par l'emetteur lui-meme. De ce point de vue les nouvelles technologies numeriques facilitent la conception et la diffusion de l'information. Le recours a des intermediaires specialistes n'est plus obligatoire quand l'emetteur maitrise lui-meme les competences basiques (redaction de texte, graphisme, illustration par du son ou de la video, utilisation du mode interactif, etc.)
- en amont,
- par des
agences de presse
, qui fournissent les redactions des medias abonnes. On compte trois grandes agences de presse generalistes dans le monde :
AFP
(
France
) ;
Reuters
(
Royaume-Uni
) ;
Associated Press
(
Etats-Unis
) ;
- par des agences de communication, qui concoivent l'information a transmettre et a diffuser selon le cahier des charges elabore par l'annonceur.
Compte tenu de leur efficacite, mais aussi de leur cout, les donnees medias et leur analyse sont au cœur des choix d’investissement en communication (environnement produit, positionnement, strategie des concurrents, choix des supports, risques pour le client, impact sur les consommateurs, etc.). Les etudes medias, realisees a partir de
mesures d'impact et d'audience
.
- realisees
a priori
, elles permettent aux annonceurs d'effectuer le choix du media le plus approprie a la cible de leur campagne de communication, l'achat d'espaces de communication, ainsi que le suivi des supports de diffusion.
- realisee
a posteriori
, elles permettent de verifier l'efficacite de la communication et le retour sur investissement des budgets engages.
L'etude des medias ne neglige pas l'analyse qualitative :
- elle s'efforce de comprendre comment mieux segmenter les clienteles cibles et delivrer les messages les plus efficaces.
- elle integre de plus en plus l'analyse des themes comme :
- les effets de l'
image
de l'annonceur et de son produit
- les modes de communication en environnement urbain (la majorite des consommateurs resident aujourd'hui dans les zones urbaines).
Le
plan media
d'un annonceur (
media planning
, en anglais) designe le choix des supports, ainsi que le calendrier de mise en œuvre des medias.
Promoteurs et porteurs de la
culture de masse
, les medias, ecrits d'abord puis audiovisuels (radios, televisions), ont ete et restent encore des acteurs incontournables dans la diffusion de la culture et dans la structuration des marches culturels, en particulier des produits culturels. Pour ces derniers, aucune offre de quelque importance ne peut exister sans plan-medias et sans
mediatisation
reussie. Le ≪ diktat ≫ des medias peut etre decisif dans certains cas et necessite une intervention regulatrice des pouvoirs publics (par exemple les quotas de production de phonogrammes de langue francaise au Quebec, ou d'œuvres audiovisuelles d'origine europeenne sur les televisions francaises)
[
12
]
.
La plupart des grands groupes operant dans les industries culturelles sont egalement leaders dans le secteur des medias ecrits, audiovisuels et d'Internet : AOL Time Warner, Lagardere, Bertelsmann, Sony, etc. (quand ces medias sont utilises conjointement, on parle alors de
medias multiplateformes
[
13
]
).
Ces conglomerats financiers que l'on peut qualifier de ≪ mediatico-culturels ≫, ayant grandi par croissance externe ou fusion, sont presents sur les principaux marches des produits culturels editoriaux (livres, phonogrammes, videogrammes, presse ecrite, jeux video…) et des offres mediatiques. Leur strategie dans le domaine des medias doit en revanche tenir compte de deux contraintes majeures : les reglementations publiques, qui dans de nombreux pays controlent leur concentration (respect de l'information…) et la barriere linguistique, frein ≪ naturel ≫ au developpement de certains marches comme la presse, le livre et tous les contenus linguistiques. Neanmoins, cet obstacle est de moins en moins fort, en raison de la predominance de l'anglais. Les groupes mediatico-culturels (le plus souvent classes dans le secteur de la communication) sont ainsi les acteurs majeurs de la concentration financiere et de la concentration de l'offre, allant a l'encontre de la
diversite culturelle
et de la
diversite linguistique
[
12
]
.
Si les medias ont ete des acteurs cles de la constitution des ≪ majors ≫ dans les differents secteurs qui se sont structures autour d'oligopoles a frange (cinema, musique enregistree…), ils sont aujourd'hui eux-memes menaces par le developpement d'Internet et de nouveaux acteurs lies quant a eux aux offres et aux pratiques sur le Web (
Google
,
Yahoo
,
Facebook
,
Twitter
,
MyMajorCompany
…). Ainsi, dans le secteur de la musique enregistree, les deux piliers de la concentration, d'une part le couple star/major et, d'autre part, les reseaux professionnels cooperatifs associant
publishing
, scene, medias ecrits et audiovisuels, sont considerablement mis a mal par le developpement d'Internet. L'evolution rapide des usages sociaux qui en a resulte (ce que
Bernard Stiegler
appelle la consom'action) va a l'encontre de l'exposition traditionnelle des produits et du modele economique de la marchandisation a grande echelle sur lequel reposait jusqu'a present le systeme mediatico-culturel
[
14
]
.
Dans de nombreux pays, le secteur des medias releve egalement du champ culturel, en particulier pour l'intervention publique ; par exemple en France avec un
ministere de la Culture et de la communication
ou au Royaume-Uni avec le
Department for Culture, Media and Sport
(DCMS) cree par le gouvernement de
Blair
en 1996
[
12
]
.
Les nouveaux medias permettent l'hyperchoix (decrit par
Alvin Toffler
dans
Le Choc du futur
) et sont hyper-specialises, au detriment de ceux qui sont generalistes. Ainsi, on a eu une baisse de 15 % des ventes de journaux generalistes en 15 ans, et une augmentation de 15 % de la vente de magazines. (2)
Les utilisateurs de media choisissent desormais ce qu'ils regardent et quand qu'ils le regardent.
On peut s'inquieter de cet effet ≪ œillere ≫ qui limite de plus en plus l'ouverture d'esprit du public ou se rejouir de cette opulence de diversite
[
15
]
.
La theorie de l'hyperchoix reste critiquable, notamment avec le concept de ≪ circularite de l'information ≫ de
Pierre Bourdieu
qu'il decrit dans son livre
Sur la television
. Ainsi, il indique que les medias traitent, dans un grand nombre, des memes sujets, aux memes moments, et ceux-ci influences le plus souvent par les medias dominants (
Le Monde
aura plus d'impact que le
Midi libre
). On n'est bien sur pas surpris de savoir que les medias ont toujours eu le pouvoir de persuader l'opinion publique depuis ces medias dominants. On voit aussi que certaines medias en particulier tendraient a distraire le public de certains problemes, crises et changements gouvernementaux.
Les
medias de masse
sont notamment influences, voire profondement renouveles, par l’epoque de numerisation croissante presente.
Deja en 1984 le theoricien
Alan Kay
definissait ainsi l’ordinateur comme le ≪ premier meta-medium ≫, en ce qu’il ≪ est un medium qui peut simuler dynamiquement les details de toute autre medium ≫ et, en tant que tel, ≪ il a des degres de liberte de representation et d’expression jamais encore atteints ≫
[
16
]
: effectivement l’ordinateur aujourd'hui, par exemple, resume dans soi-meme plusieurs fonctions de mediation qu’auparavant appartenaient a differents media specifiques : il est television, agenda, courrier, machine a ecrire, etc.
Cette capacite des medias numeriques a remedier par une programmation numerique toutes les mediations anterieures, en le reconfigurant, a ete egalement soulignee par le philosophe
Vilem Flusser
, qui designe celle du numerique comme une phase de superposition de toutes les precedentes que l’histoire de la culture humaine a vu passer
[
17
]
.
Une fois posee l’hypothese d’une numerisation des medias quasiment ubiquitaire a l’epoque contemporaine
[
18
]
nous pouvons enoncer quelques-unes des principales caracteristiques de cette situation.
En premier lieu, et comme les
Software Studies
le remarquent, il y a une croissante densite et obscurite des appareils utilises, qui se font toujours plus accessibles et simples au niveau de leurs interfaces graphiques, et pourtant toujours plus insondables dans leur fonctionnement profond
[
19
]
, jusqu'au paradoxe des
algorithmes auto-apprenants
dont l’intelligence supere celle de leurs ingenieurs
[
20
]
,
[
21
]
ou, dans les termes de
Bernard Stiegler
, d’une hyper-industrialisation qui entraine une progressive exclusion de la force de travail intellectuel humaine
[
22
]
.
Certains auteurs ont entraine a cet egard la notion de
gouvernementalite
algorithmique
[
23
]
,
[
24
]
,
[
25
]
.
Les meta-media du numerique operent aussi ce que Yves Citton propose de nommer une ≪ premediation ≫
[
26
]
: dans leur complexite vouee a l’autoregulation, les medias numeriques s’evadent d’une certaine facon de l’intelligence humaine et ils tendent a pre-medier, voire a anticiper ou bien a fournir des categories preetablies de ce qu’ils nous proposent. Cela est evident dans le cas du ciblage commercial effectue par les algorithmes sur la base des donnees personnelles
[
27
]
, mais s'observe aussi dans le cas de la contestee fiabilite de l’information
[
28
]
, qui est souvent politiquement et economiquement conditionnee ou le resultat d’un calcul algorithmique, comme dans le cas des tableaux de bord de Facebook.
Plus generalement, la question de la pre-mediation entraine notamment des dangers au niveau socio-politique, et particulierement pour ce qui regarde les effets de lock-in
[
29
]
? le phenomene pour lequel plus une plateforme compte des participants, plus les donnees qu’elle genere sont nombreuses et ses algorithmes sont puissants, plus elle offre des services efficaces, ecrasant la concurrence en une tendance monopolistique - ou bien la ci-dite
vectorialisation
, a savoir la monopolisation de l’information operee par une classe dominante a travers le controle des vecteurs par lesquels l’information est abstraite que McKenzie Wark revendique dans son ≪ Hacker Manifesto ≫
[
30
]
. Cela pourrait nous emmener a l’horizon d’une croissante asymetrie du rapport au medium entre l’individu et le programme (et celui qui gere le programme), jusqu’aux perspectives catastrophiques d’une societe numerique basee sur la surveillance et sur la manipulation perpetuelle ou il ne reste pas beaucoup d’espace a l’intelligence et a l’individualite humaines
[
31
]
.
Une autre et essentielle caracteristique des meta-media numeriques est l’interconnectivite
[
32
]
: desormais tous les outils ? et non pas seulement les Smartphones et les ordinateurs, depuis l’avenement de l’
Internet des objets
[
33
]
, sont connectes, s’envoyant constamment des donnees entre eux qui enregistrent les preferences, les activites, les deplacements, les compagnies, etc. dans un grand reseau virtuel mondial que certains comparent a un ≪ cerveau collectif mondial ≫
[
34
]
.
Dans le danger d’une croissante standardisation et uniformisation des pratiques et des produits mediatiques, ou encore d’une colonisation commerciale du milieu numerique ou le monopole des
big data
appartiendrait a un nombre tres restreint de colosses capitalistes
[
35
]
,
[
36
]
,
[
37
]
, plusieurs auteurs soulignent l’importance de developper une conscience majeure des enjeux juridico-politiques que l’ere du numerique entraine conjointement a un effort de reglementation, et affirment la necessite de preserver l’heterogeneite au sein de l’espace numerique partage
[
38
]
,
[
39
]
. Dans ce contexte les actions du
hacktivisme
s’inscrivent dans une perspective de lutte et de contestation politique, et d’une particuliere ethique de revendication des droits personnels que le numerique met en danger
[
40
]
,
[
41
]
,
[
42
]
.
dans l'Union europeenne, les medias sont notamment reglementes par le reglement (UE) 2024/1083 du 11 avril 2024 etablissant un cadre commun pour les services de medias dans le marche interieur et par la directive-reglement europeen 2010/13/UE sur la liberte des medias
[
43
]
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