Lucie de Syracuse
|
Sainte Lucie de Syracuse
,
Francisco de Zurbaran
(v. 1637),
National Gallery of Art
,
Washington
.
|
Sainte
,
martyre
|
Naissance
|
vers 283
Syracuse
|
Deces
|
303, 304 ou 310
Syracuse
|
Veneree a
|
Sanctuaire de Santa Lucia al Sepolcro (Syracuse)
|
Veneree par
|
L'
Eglise catholique
, l'
Eglise orthodoxe
et les
Eglises orientales
, les
Anglicans
et
Lutheriens
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Fete
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13 decembre
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Attributs
|
yeux, yeux sur un plat, lampe, epee, attelee a une paire de bœufs
|
Sainte patronne
|
Patronne des
malvoyants
,
electriciens
,
opticiens
,
ophtalmologues
,
martyrs
,
commercants
,
ecrivains
. Evoquee contre la pharyngite, hemorragies. Patronne de
Perouse
,
Mtarfa
,
Syracuse
|
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Lucia de Siracusa par
Domenico Beccafumi
.
Lucie de Syracuse
ou
sainte Lucie
,
vierge
et
martyre
dont le nom est illustre dans l'histoire de l'Eglise
sicilienne
, etait issue d'une noble et tres riche famille de
Syracuse
. Elle a souffert le martyre au debut du
IV
e
siecle
, lors des
persecutions de Diocletien
. Certains considerent qu'elle est morte en
303
, d'autres en
304
ou meme en
310
.
Sainte Lucie figure d'ailleurs parmi les vierges martyres representees sur les mosaiques de la
basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf
a
Ravenne
. Son nom figure dans le
canon de la messe
, dans la
litanie des saints
, et dans la litanie des agonisants, de plus une commemoration lui etait dediee le
. Le poete
Dante
, qui lui vouait une intense devotion, la mentionne a plusieurs reprises dans sa
Divine Comedie
et la figure assise dans le Paradis juste a cote de
saint Jean l’Evangeliste
.
Son nom est un derive du latin
lux
(lumiere). Elle est egalement appelee
Luce
.
Jacques de Voragine
situe sa fete, dans
La Legende doree
, juste avant celle de
saint Thomas
, soit a peu de chose pres lors du
solstice d'hiver
. D'ou le dicton disant qu'≪ a la Sainte-Luce, les jours croissent du saut d'une puce ≫. D'ou aussi les
nombreuses fetes
de la lumiere auxquelles elle est associee en
Europe du Nord
, notamment en
Scandinavie
(et particulierement en
Suede
). L'explication du dicton est assez simple, bien qu'il paraisse faux a premiere vue. Il est probable que la raison provienne du passage du
calendrier julien
au
gregorien
qui eut lieu en France le
. Le
dans le julien correspond a notre epoque au
, date a laquelle la duree du jour commence a augmenter effectivement. Elle represente pour certains la sainte Lumiere qui protege la vue comme les yeux.
Martyre
: gorge tranchee (
Chroniques de Nuremberg
).
Les sources officielles reconnues par l'Eglise concernant sa vie sont par excellence le Breviaire et le Martyrologe romain. Le recit de son existence est pour l'essentiel compile a partir des sources anciennes dans
La Legende doree
, de Jacques de Voragine
[
1
]
. D'autres sources sont les
Bollandistes
, les ecrits de Dom Ruinart, Baillet, Tillemont, Fleury, d'Alban Butler (traduit par l'abbe Godescard), et l'ouvrage des abbes
Francois-Philippe Mesenguy
(1677-1763) et
Claude-Pierre Goujet
(1697-1767),
Les Vies des saints d'apres le Missel et le Martyrologe romain
.
L'Eglise enseigne donc que Lucie vivait a
Syracuse
avec sa mere Eutychie. Elle venerait depuis son enfance le Christ et la vierge martyre sicilienne
sainte Agathe
. Sa mere souffrait d'une inflammation des entrailles et de pertes de sang, sans guerison depuis quatre ans. Lucie decida un jour de conduire celle-ci devant le tombeau d'Agathe, a
Catane
, et de lui demander la guerison. Sainte Agathe apparut la nuit suivante a Lucie et lui declara :
≪ Vierge Lucie, ma sœur, pourquoi viens-tu me demander ce que tu pourras bientot accorder toi-meme a ta mere ? Comme j'ai ete etablie gardienne de la ville de Catane, tu seras etablie gardienne de la ville de Syracuse. ≫
.
Le lendemain, Eutychie recouvra la sante. A la suite de cette guerison, Lucie demanda a sa mere la permission de distribuer aux pauvres tout ce qui lui revenait de l'heritage de son pere, ce qu'Eutychie accorda. Toutes deux se mirent alors a donner chaque jour aux pauvres tout ce qu'elles possedaient. De plus, Lucie annonca a sa mere qu'elle avait depuis l'enfance fait secretement le vœu d'une virginite perpetuelle.
Mais avant d'avoir appris le vœu de chastete de sa fille, Eutychie avait promis Lucie a un jeune homme. Il entra dans une violente colere quand il apprit que sa fiancee voulait rester vierge et qu'elle vendait toute la fortune qu'il avait convoitee, pour la distribuer aux malheureux. Il alla donc denoncer sa fiancee au
consul
Pascasius, comme ennemie des divinites de l'Empire. La persecution de
Diocletien
faisait alors rage et le juge accueillit avec joie cette denonciation.
Lucie fut alors sommee de renoncer a sa foi chretienne. Devant le refus de la jeune vierge, le consul lui declara :
≪ Tu changeras de langage, lorsque tu seras torturee.
? Mon langage ne changera pas, repondit Lucie, le Seigneur lui-meme a fait cette recommandation aux serviteurs de Dieu : "Quand vous serez devant les rois et les juges, ne vous mettez pas en peine de ce que vous devrez dire ; ce n'est point vous qui parlerez, mais le
Saint-Esprit
qui est en vous."
? Le Saint-Esprit est donc en toi ?
? Oui, repondit Lucie, ceux qui vivent dans la piete et la chastete sont les temples du Saint-Esprit.
? Eh bien, s'exclama alors Pascasius, je vais te faire conduire dans un lieu de debauche, afin que ta virginite soit perdue, le Saint-Esprit ne trouve plus d'asile dans son propre temple et t'abandonne…
? Si vous me faites violer, ma chastete n'en sera que doublement recompensee dans le ciel. ≫
Irrite de ce courage, Pascasius donne l'ordre de trainer Lucie dans un lupanar afin de la faire violer par des debauches. Mais le Saint-Esprit intervient, et rend le corps de Lucie parfaitement immobile et intransportable. Meme avec un attelage de myriades d'hommes et de bœufs, on ne peut la deplacer. Pris de fureur, Pascasius fait alors verser sur elle de la poix, de la resine et de l'huile bouillantes, puis la fait entourer d'un bucher auquel on met le feu. Mais les flammes ne lui font rien et elle continue a chanter dans le feu les louanges du
Christ
. Alors on lui enfonce une epee dans la gorge, mais elle ne meurt pas tout de suite. Un
pretre
vient lui porter la
communion
, apres quoi seulement elle rend l'ame.
D'autres sources precisent qu'on lui aurait arrache les yeux. (Ou encore que, son fiance lui ayant repondu qu'il tenait tant a elle a cause de ses yeux, elle se les soit arraches elle-meme, et les lui ait portes a tatons sur un plateau.) A la suite de quoi, la Vierge serait venue lui en apporter de plus beaux encore. C'est la raison pour laquelle elle est frequemment invoquee pour guerir les maladies oculaires, et representee par les peintres portant ses yeux sur un plateau ou dans une coupe. D'autres ont recours a elle contre les maux de gorge.
Reliques de sainte Lucie dans l'
eglise San Geremia
de Venise.
Procession de la
Sainte-Lucie
, en Suede.
Les reliques de sainte Lucie, apres avoir ete transportees a
Constantinople
par les Byzantins, sont depuis la
chute de la ville
, a
Venise
, dans l'
eglise San Geremia
. Quelques fragments ont ete rapportes a Syracuse.
Le culte de sainte Lucie s’est egalement developpe a
Metz
apres qu’une partie de ses reliques fut rapportee en l’
eglise Saint-Vincent
.
Jusqu'a l'edition de
Jean XXIII
en 1960, et deja dans l'edition
tridentine
de
Pie V
, le
calendrier romain general
incluait a la date du
une commemoraison des saints Lucie et Geminien. La revision de 1969 l'a supprimee comme doublon de la fete principale (
dies natalis
) de Lucie et parce que ce Geminien, mentionne dans la
Passio
de la sainte, semble n'etre qu'un personnage fictif
[
2
]
.
Sainte Lucie de Syracuse est invoquee contre les maladies des yeux et les hemorragies. Elle est la patronne des
maladies ophtalmiques
, des
opticiens
, des
ophtalmologues
et des electriciens
[ref. necessaire]
.
Elle est l'une des trois grandes saintes de Sicile, elle a Syracuse, Agathe a
Catane
, et
Rosalie
a
Palerme
.
L'ile de
Sainte-Lucie
, dans les
Caraibes
, a ete nommee en son honneur.
L'iconographie de Lucie provient de ce que la tradition retient des circonstances de son martyre. La plus ancienne representation est une mosaique a
Ravenne
du
VI
e
siecle, consacree aux vierges, ou elle figure sans attributs.
Les representations de son jugement et de son immobilisation par le Saint-Esprit sont nombreuses (exemple le
retable de sainte Lucie
de
Lorenzo Lotto
).
Le motif des yeux portes sur un plateau n'apparait pas avant le
XIV
e
siecle, periode a laquelle les malvoyants l'invoquent pour retrouver la vue. Par exemple, l'œuvre de
Pietro Lorenzetti
dans l'eglise Santa Lucia Frole Rovinate a
Florence
. Elle est egalement representee porteuse d'une palme et d'un plateau avec une paire d'yeux
[
3
]
.
Veronese
, en 1585-1586, insiste sur la
communion
, dans le contexte de la
Reforme catholique
:
Le Martyre et la Derniere Communion de sainte Lucie
de 137 × 173
cm
, conserve a la
National Gallery of Art
de
Washington
.
L'opercule du coquillage nomme le
Turbo Rugueux
que l'on trouve sur les rivages mediterraneens symbolise les yeux de sainte Lucie. En porter un eloigne, dit-on, le mauvais œil et favorise la chance. En Corse egalement,
l'œil de sainte Lucie
est considere comme un porte-bonheur.
Elle est souvent representee avec une coupelle contenant ses yeux, offerts a la
Vierge Marie
.
- ↑
Jacques de Voragine
,
La Legende doree
, Bibliotheque de la Pleiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau, chapitre 4,
p.
37-40. Voir aussi
Jacques de Voragine (
trad.
Teodor de Wyzewa),
La legende doree
, Paris, Perrin,
(
lire en ligne
)
,
p.
27ss
.
- ↑
Calendarium Romanum
(
Libreria Editrice Vaticana
, 1969), p. 139
- ↑
Par exemple dans
Assunzione della Vergine et santi
de
Gandolfino da Roreto
(autour de 1500,
Galerie Sabauda
a Turin) et dans un tableau de
Francisco de Zurbaran
(
XVII
e
siecle,
Chartres
).
- ↑
Parmamorethanfood
- A. Noel,
Vie de Sainte Lucie vierge et martyre de Syracuse, suivie de l’histoire de son culte et de sa translation a Metz
, Rousseau?Pallez, Metz, 1869, XIV-126 p.
- George Goyau,
Sainte Lucie
, Paris, Laurens,
, 64
p.
(
lire en ligne
)
- J.B. Pelt, ≪ Le culte de sainte Lucie a Metz ≫,
A.M.I.
, 1934, pp. 21-29.
- Pierre-Edouard Wagner,
Culte et reliques de sainte Lucie a Saint-Vincent de Metz
, Academie nationale de Metz, 2002, 24 p (
lire en ligne
).
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