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Le Gobelet de Titan

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Le Gobelet de Titan
Artiste
Date
1833
Type
Materiau
Dimensions (H × L)
49,2 × 41 cm Voir et modifier les données sur Wikidata
N o d’inventaire
04.29.2 Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Le Gobelet de Titan (en anglais  : The Titan's Goblet ) est une peinture a l'huile de l'artiste paysagiste americain Thomas Cole . Peinte en 1833 , elle est peut-etre la plus enigmatique des scenes de paysage allegoriques ou imaginaires de Cole. Il s'agit d'une œuvre qui ≪ defie toute explication ≫ , selon le Metropolitan Museum of Art [ 1 ] . Le Gobelet de Titan est qualifie de ≪ tableau dans le tableau ≫ et de ≪ paysage dans le paysage ≫  : la coupe se trouve sur un terrain conventionnel, mais ses habitants vivent le long de son bord dans un monde qui leur est propre. La vegetation recouvre tout le bord, interrompue seulement par deux minuscules batiments, un temple grec et un palais italien. Les vastes eaux sont parsemees de voiliers. La ou l'eau se deverse sur le sol, l'herbe et une civilisation plus rudimentaire apparaissent.

Interpretations [ modifier | modifier le code ]

Yggdrasil , l'arbre terrestre , d'apres une planche incluse dans la traduction anglaise de Edda de Snorri par Oluf Olufsen Bagge (1847) [ 2 ] .

Thomas Cole fournit souvent des textes pour accompagner ses peintures, mais il n'a pas fait de commentaire sur Le Gobelet de Titan , laissant ses intentions ouvertes au debat. Dans les annees 1880 , une interpretation associe le gobelet de Cole a l' Arbre du Monde et plus particulierement a l' Yggdrasil de la mythologie nordique . Le catalogue d'une vente aux encheres, de 1904, reprend ce theme en ecrivant que ≪ l'idee spirituelle au centre du tableau, qui transmet la belle theorie nordique selon laquelle la vie et le monde ne sont qu'un arbre aux branches ramifiees, est soigneusement realisee par le peintre ≫ [ 3 ] . Il n'est pas evident, cependant, que Cole ait ete familier avec ce concept et le critique Elwood C. Parry suggere que la ressemblance avec un arbre mythologique se limite a la similitude de la tige du gobelet avec un tronc d'arbre. Le gobelet ne presente aucune analogie avec les branches ou les racines [ 3 ] .

L'echelle du gobelet en pierre massive contraste avec celle de la scene paysagere traditionnelle qui l'entoure, invitant a des comparaisons avec les grands objets en pierre laisses par d'anciennes races de geants, dans la mythologie grecque - un point de vue soutenu par l'historien de l'art Erwin Panofsky , dans les annees 1960 [ note 1 ] . Le titre du tableau, donne par Cole au dos de la toile, semble appuyer cette idee, comme si beaucoup de temps s'etait ecoule entre la creation de ce gobelet et la scene actuelle. Le soleil couchant, symbole romantique, evoque egalement le passage du temps.

Les volets exterieurs du Jardin des delices de Jerome Bosch .

La predominance du gobelet, dans le tableau, pourrait suggerer une interpretation cosmologique. Parry envisage mais rejette une comparaison avec les volets exterieurs fermes du Jardin des delices de Jerome Bosch (vers 1500), qui sont generalement consideres comme representant la creation de la Terre. Les deux images representent un monde contenu, mais utilisent l'eau et le terrain dans des proportions differentes. Le gobelet de Cole ne presente ni iconographie ni inscription qui confirmerait une interpretation religieuse de l'image. De plus, le peintre a place le gobelet loin du centre de la toile, ce qui minimise sa signification emblematique.

Les eaux du gobelet, cependant, peuvent etre considerees comme une influence civilisatrice. Les habitants du gobelet ont une existence utopique, naviguant avec plaisir sur les eaux tranquilles et vivant parmi les temples et les bois feuillus. La ou les eaux se deversent sur le paysage en contrebas, la ou les deux mondes interagissent, des signes de vie apparaissent. A l'arriere-plan, loin de l'influence des eaux du gobelet, les montagnes sont desolees et rocheuses. Une representation similaire de la civilisation, au bord de l'eau, se retrouve dans le tableau An Evening in Arcady (1843) de Cole [ 5 ] .

Louis Legrand Noble est un ami et un biographe de Cole, et on aurait pu s'attendre a ce qu'il ait une certaine connaissance de l'œuvre. Dans son commentaire, cependant, il n'y a aucune mention de ces idees. Il ecrit : ≪ La [le gobelet] se tient, ou plutot repose sur son axe, une structure moussue en forme de tour, legere comme une bulle, et pourtant une section d'un globe substantiel. Lorsque l'œil fait le tour de sa large bordure ondulee, d'une circonference de plusieurs kilometres, il se retrouve au pays des fees, en accord avec la nature a son echelle la plus vaste... Les touristes pourraient voyager dans les pays de cet anneau imperial, et tracer leurs fantaisies sur de nombreuses pages romantiques. Ici, dans les splendeurs dorees d'un coucher de soleil d'ete, se trouve une petite mer de Grece, ou de Terre sainte , avec une vie grecque et syrienne, une nature grecque et syrienne qui regarde ses eaux tranquilles. ≫ [ note 2 ] .

L'article de Parry, de 1971, sur le tableau, se tourne plutot vers la premiere tournee de Cole en Europe (1829-1932) pour demeler l'imagerie du gobelet. Cole visite l'Angleterre et son eminent paysagiste, J.M.W. Turner , dont l'œuvre lui inspire des sentiments mitiges. Il est cependant attire par l' Ulysse se moquant de Polypheme (1829) de Turner, realisant deux esquisses de la peinture et une autre etude pour un traitement possible de sa propre œuvre, qui ne s'est pas concretise. Le cyclope Polypheme est un personnage central de l' Odyssee , epopee de la Grece antique, et l'interet de Cole pour ce sujet demontre son ouverture aux ≪ possibilites creatives d'une telle scene mediterraneenne ≫ [ 6 ] . Pendant ce temps, alors que Cole recherche des themes pour sa serie de peintures intitulee Le Cours de l'Empire , il decouvre l'histoire du mont Athos dans le De architectura de Vitruve . L'ecrivain romain antique raconte que l'architecte Dinocrate de Rhodes avait suggere a Alexandre de donner a la montagne la forme de ≪ la statue d'un homme tenant dans sa main gauche une ville spacieuse, et dans sa main droite une enorme coupe, dans laquelle seront recueillis tous les ruisseaux de la montagne, qui seront ensuite deverses dans la mer ≫ [ note 3 ] Cette image fantastique apparait dans des illustrations des XVIII e et XIX e  siecles que Cole a peut-etre vues. Comme l'ecrit Parry, ≪ le precedent d'une fantaisie architecturale classique a cette echelle fournit une alternative a l'hypothese naturelle selon laquelle le gobelet du Titan a en fait ete fabrique par un geant qui l'a simplement laisse derriere lui ≫ [ 7 ] . Mais une restitution litterale de cette image ne convenait peut-etre pas a l'art de Cole : etant un paysagiste, il aurait ete plus a l'aise pour l'exprimer uniquement de maniere topographique, en evitant de rendre une forme humaine massive en pierre.

Dessin au crayon et a la plume de Thomas Cole, reproduit dans un article de journal. Legende dans l'article : Fontaine et bassins fantastiques avec vue sur la mer . Extrait de son carnet de croquis n° 2, Institut des Arts de Detroit , 39.559.

Les dessins de Cole [ note 4 ] datant de son voyage en Europe ou peu apres semblent egalement prefigurer le Gobelet. Ils temoignent de son interet pour les fontaines et les bassins et sont influences par ceux qu'il a vus pendant l'etape italienne de son voyage, a Florence, Rome et Tivoli. Dans un dessin, une serie d'immenses bassins ornes de vegetation descend vers la mer. Un autre represente un seul bassin de taille normale, borde de mousse, mais la vue au sol lui donne un aspect monumental. Les dessins de Cole representant les lacs volcaniques italiens Nemi et Albano rappellent egalement les eaux et le bord du gobelet, dans la mesure ou ils suggerent qu'une ≪ analogie visuelle de base etait a l'œuvre dans les pensees de Cole, une analogie entre [ces] paysages reels qu'il avait observes et la forme des vaisseaux et bassins d'eau qu'il imaginait ≫ [ 8 ] .

Parry suggere egalement l'idee ≪ inhabituelle, mais pas impossible ≫ que le gobelet de Cole est la reponse d'un paysagiste au genre de la nature morte . En visite chez son mecene Luman Reed   (en) , un collectionneur d'art passionne, Cole aurait vu une nature morte ≪ avec gobelet et citron ≫ de l'artiste neerlandais du XVII e  siecle Willem van Aelst . La piece maitresse de ce tableau est un gobelet en verre translucide. Les similitudes sont fondamentales, les deux tableaux ayant un format vertical et un gobelet decentre.

Origine [ modifier | modifier le code ]

Cole a probablement peint ce tableau en un laps de temps assez court, etant donne sa petite taille et l'application tres fine de la peinture [ note 5 ] . Il l'a fait sans commande, le sujet etant donc purement personnel. Il a demande 100 dollars pour l'œuvre, apparemment en raison de la taille de la peinture - a l'epoque, ses paysages a grande echelle se vendaient entre 250 et 500 dollars.

Cole a envoye Le Gobelet de Titan a Luman Reed, bien qu'il ne soit pas clair si Reed l'a possede ou l'a simplement examine. L'œuvre a ete exposee a l' Academie americaine des beaux-arts , en 1834, alors qu'elle appartenait a James J. Mapes. L'artiste John Mackie Falconer   (en) en etait le proprietaire en 1863. Samuel Putnam Avery a fait don de la peinture, en 1904, au Metropolitan Museum of Art de New York [ note 6 ] .

Reconnu comme une œuvre d'art unique, Le Gobelet de Titan est la seule peinture americaine anterieure au XX e  siecle incluse dans l'exposition Art fantastique, Dada, Surrealisme du Museum of Modern Art de 1936 [ 4 ] .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

Notes [ modifier | modifier le code ]

  1. Attribue a Panofsky dans fn. 3 [ 4 ] .
  2. Cite avec ellipses par Parry [ 3 ] .
  3. Cite par Joseph Gwilt, traducteur, dans Parry [ 6 ] .
  4. Trouves dans ses carnets de croquis a l' Institut des Arts de Detroit .
  5. La toile est tres visible dans l'image ci-jointe, vue en pleine resolution.
  6. Voir l'entree du Metropolitan Museum of Art pour la provenance.

References [ modifier | modifier le code ]

  1. (en) ≪  The Titan's Goblet 1833 Thomas Cole  ≫, sur le site du Metropolitan Museum of Art (consulte le ) .
  2. (en) ≪  Yggdrasil: The Sacred Ash Tree of Norse Mythology  ≫, sur le site publicdomainreview.org (consulte le ) .
  3. a b et c Parry 1971 , p.  126.
  4. a et b Parry 1971 , p.  123.
  5. (en) ≪  An Evening in Arcadia Thomas Cole  ≫, sur le site WikiArt.org (consulte le ) .
  6. a et b Parry 1971 , p.  131.
  7. Parry 1971 , p.  133.
  8. Parry 1971 , p.  135.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

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Liens externes [ modifier | modifier le code ]