Une
larme de verre
,
larme du verrier
ou
larme batavique
est un petit objet de
verre
connu pour la particularite physique de se pulveriser quand sa pointe est rompue, alors qu'il est par ailleurs tres resistant aux chocs. On le qualifie aussi de
batavique
car c'est en
Hollande
qu'on a commence a en fabriquer.
Cette
larme
est realisee en laissant tomber du
verre
en fusion (autour de
1 500
°C
) dans de l'eau froide. Elle prend alors une forme assez semblable a celle d'une
larme
, avec une partie oblongue s'amenuisant en un petit filet plus ou moins long. A la rupture de cette extremite, les tensions provoquees par le refroidissement rapide sont liberees et toute la larme se transforme avec un grand bruit en une myriade d'infimes eclats.
Les tensions au sein d'une larme batavique sont importantes
[
1
]
,
[
2
]
.
La larme, avant d'atteindre l'eau, est chaude, a viscosite faible. Au contact de l'eau, la surface se refroidit immediatement, se contracte (par effet de
dilatation thermique
) et voit sa viscosite augmenter brutalement. En se contractant, elle comprime le cœur de la goutte. Mais le cœur, encore chaud et fluide,
relaxe cette contrainte
rapidement, et suit la contraction de la surface par cet effet. Au moment ou le cœur lui-meme se refroidit, il voudrait se contracter davantage par effet de
dilatation thermique
, mais la surface l'en empeche: elle est de viscosite trop elevee pour relaxer la contrainte que cela induit. Le cœur induit donc des
contraintes
de compression a la surface qui en echange induit des contraintes de traction dans le cœur. Ce phenomene est le meme que celui utilise pour la
trempe thermique
des verres, mais est plus violent pour la larme (le verre trempe etant refroidi a l'air et non a l'eau froide).
Pour qu'un verre casse, il faut qu'une fissure s'y propage. Cela n'est possible que si la fissure subit une contrainte de traction seuil definie par la
tenacite
du verre. La larme aura surtout des fissures a sa surface (issu de sa manipulation, des poussieres, etc...), mais sa surface est en compression. Cela signifie qu'avant d'atteindre une contrainte de traction suffisante pour propager une fissure, il faut deja appliquer une contrainte de traction annulant la compression de surface due a la trempe. De ce fait, la larme a une resistance mecanique exceptionnelle comparee a un verre ordinaire.
En revanche, si une fissure atteint le cœur, ce qui arrive si on coupe la queue de la larme, elle va entrer dans une zone ou la contrainte de traction depasse largement celle necessaire a sa rupture: elle a plus d'energie qu'il lui en faut pour se propager. Pour dissiper ce trop plein d'energie, la fissure augmente sa surface par ≪ branchement de fissure ≫
[
3
]
, ce qui produit de petits fragments de verre. Les fragments etant petits (donc de masse faible) et la propagation de fissure rapide (plusieurs milliers de m/s)
[
4
]
, la goutte explose alors de facon impressionnante
[
5
]
.
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