La Force
(en italien :
Fortezza
) est une peinture
allegorique
de
Sandro Botticelli
, datant de
1470
, conservee a la
Galerie des Offices
a
Florence
.
Il s'agit probablement de l'œuvre datee la plus ancienne de Botticelli.
Un contrat datant du
stipule une commande de sept
Vertus
a
Piero Pollaiuolo
par le
Tribunale della Mercanzia
(it)
qui diligentait les
Corporations d'arts et metiers medievales
de Florence, afin de decorer les dossiers des bancs de la salle des audiences du siege situe
piazza della Signoria
.
Une deuxieme deliberation fait etat de la confirmation de la commande a laquelle a probablement participe
Antonio
, le frere de Piero.
L'atelier du Pollaiuolo porta a terme six des sept tableaux prevus, tandis que le jeune Sandro Botticelli realisa le septieme ≪ La Force ≫.
Le jeune peintre a ete choisi sur proposition du magistrat de la
Mercatura
Tommaso Soderini, a son tour conseille par
Pierre
I
er
de Medicis
qui avait pris l'artiste sous sa protection.
Ce choix a ete fait en
1469
, le tableau a ete alloue au cours du mois de mai
1470
, et a ete livre le
, date correspondant au versement du solde de la commande.
La peinture plut aux commanditaires, qui auraient voulu confier a Botticelli la realisation d'une seconde Vertu, mais les energiques protestations du Pollaiuolo, soutenu par l'
Arte dei Medici e Speziali
corporation a laquelle les peintres etaient affilies, firent echouer l'initiative.
L'œuvre a ete citee par Albertini en
1510
[
1
]
. A la suite de la suppression du tribunal en
1777
, elle a ete transportee a la Galerie des Offices ou elle a ete exposee seulement a partir de
1861
, car son etat de conservation etait juge decadent et seule la Vertu
Prudence
(it)
etait exposee.
La peinture a fait l'objet d'une restauration en
1997
qui a permis de recuperer la force plastique de la figure, la luminosite du trone et de la cuirasse tandis que la fraicheur du visage est restee alteree a la suite des precedentes interventions.
Par la meme occasion, le tableau a ete examine par
reflectographie infrarouge
optique qui a mis en evidence le dessin preparatoire tres elabore qui a subi diverses corrections au cours de l'execution de l'œuvre
[
2
]
.
La representation
allegorique
obeit a plusieurs regles dans le but de representer des idees abstraites sous forme de figures humaines ou animales, ou d'objets symboliques.
Parmi elles celles des
Vertus cardinales
sont dediees aux valeurs humaines.
Celle de la
Force
se doit d'etre representee avec les attributs permettant le
courage
, soit l'armure, un baton de commandement...
La Figure est construite selon une diagonale qui lui permet d’occuper tout l’espace. La
Force
, interpretee comme ≪ determination ≫, tient le
sceptre
du commandement a la main, assise sur un ample trone semblant taille dans le marbre avec accoudoirs, inspire d'
Andrea del Verrocchio
. Son coude gauche repose sur la colonne, un autre de ses attributs.
La couleur et la plasticite derivent de l'art de
Fra Filippo Lippi
, premier maitre de Sandro Botticelli, ainsi que le physique et la beaute idealisee du modele feminin, bien qu'un peu energique et legerement
melancolique
, typique de Botticelli. Les formes sont solides et monumentales, animees d'une tension lineaire apprise aupres d'Antonio Pollaiuolo.
Le trone, a difference de l'austere banc en
marbre
de Pollaiuolo, est richement decore et comporte des formes fantastiques rappelant les qualites
morales
necessaires dans l'exercice de la magistrature, une allusion symbolique au ≪ tresor ≫ qui accompagnait la possession de cette vertu.
L'utilisation de couleurs sombres font ressortir par contraste la figure principale. Il en ressort une sensation que la figure ne semble pas assise, mais apposee au premier plan, dans un espace spatio-temporel. La richesse du drape de la veste semblable au ≪
bagnato
≫ de
Verrocchio
, definit la structure corporelle, mais en meme temps la dematerialise en privilegiant la ligne du contour par rapport aux autres elements expressifs.
Une grande maitrise est palpable dans la representation de l'armure brillante et finement decoree, demontrant une connaissance approfondie de l'
orfevrerie
.
La recherche continuelle de la beaute absolue, au-dela du temps et de l'espace, fera que Botticelli se detachera progressivement des modeles initiaux et elaborera un style substantiellement divers de celui de ses contemporains, qui le rendirent pratiquement unique dans le panorama artistique florentin de l'epoque.
Botticelli demontre sa maitrise dans le rendu des lueurs metalliques de l’armure, le relief constitue par des feuilles d’acanthe luxuriantes disposees en volutes sur le trone et les details ornementaux de la figure comme les joyaux sur le front et le vetement dont les tissus legers retombent en cascade sur la taille, formant des plis soigneusement disposes.
Les perles du diademe sont un symbole de purete virginale
- ↑
Francesco Albertini,
Memoriale
, Florence,
1510
.
- ↑
Fossi, cit.,
p.
258.
- L'opera completa del Botticelli
, collana
Classici dell'arte Rizzoli
,
Rizzoli
, Milan,
1978
.
- Bruno Santi,
Botticelli
, in
I protagonisti dell'arte italiana
, Scala Group, Florence 2001
(
ISBN
8881170914
)
- Pierluigi De Vecchi, Elda Cerchiari,
I tempi dell'arte
, volume 2,
Bompiani
, Milan, 1999
(
ISBN
88-451-7212-0
)
- Gloria Fossi,
Uffizi
, Giunti, Florence, 2004
(
ISBN
88-09-03675-1
)