Gokturk

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Gokturk
( otk )
( zh ) 突厥

552 ? 657
682 ? 745

Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Le khaganat Gokturk a son apogee territorial entre l'an 572 et l'an 580 (superpose avec les frontieres des etats actuels en blancs).
Informations generales
Statut Khaganat
Capitale Ordu-Baliq
Religion Tengrisme
Histoire et evenements
552 Victoire de Bumin contre les Avars
Annees 580 Guerre civile gokturk , division en khaganat turc occidental et khaganat turc oriental
657 Defaite contre les Tang
682 Qutlugh se rebelle et recree l'empire turc
744 Assassinat du dernier ka?an
745 La region revient aux Ouighours
Ka?an
( 1 er ) VI e  siecle Bumin
(D er ) 741 - 744 Ozmish

Entites precedentes :

Entites suivantes :

Les Gokturk ( vieux turc  : ??????:???????? , translitteration : Kok Turuk , lit. : Turc celeste ) ou Tou-kioue chinois  : 突厥  ; pinyin  : t?jue [ 1 ] ) etait un khanat , gouverne par la maison des Ashina . Ils ont regne sur la Mongolie et l' Asie centrale et sa creation a contribue a l'expansion des Turcs vers la mer Caspienne [ 2 ] .

Au debut du VIII e  siecle , les Turcs ont cree une ecriture dite ≪ runique ≫ parce qu'elle ressemble aux runes . On en connait deux variantes, appelees alphabet de l'Orkhon et alphabet de l'Ienissei . Ils sont les premiers nomades de l' Asie centrale a avoir laisse des inscriptions. Celles qui ont ete redigees par les Gokturk proviennent de la vallee de l' Orkhon , en Mongolie septentrionale. Le cœur de leur empire s'y trouvait. Des inscriptions de Siberie meridionale sont attribuables a d'autres peuples turcs. Celles de la vallee de l' Ienissei , de courtes inscriptions funeraires, ont du etre redigees par les Kirghizes .

Les Gokturk recurent des missionnaires bouddhistes , manicheens et nestoriens , mais resterent majoritairement chamanistes . Ils avaient egalement une religion imperiale, le tengrisme , basee sur la veneration de Tangri , le Dieu-Ciel.

La langue des Gokturk est appelee gokturk ou vieux turc.

Histoire [ modifier | modifier le code ]

Origines [ modifier | modifier le code ]

Les Turcs Bleus sont originaires des monts Altai . Ils sont connus pour etre des vassaux des Ruanruan , peuple qui occupait l'essentiel du territoire de l'actuelle Mongolie. Ils travaillent pour leurs suzerains comme forgerons (en vieux turc ≪  tarqan  ≫).

Le mythe de leurs origines se presente ainsi. Ils etaient un rameau des Xiongnu . Un peuple voisin les extermina, a l'exception d'un jeune garcon. Les soldats ne voulurent pas le tuer, eu egard a son jeune age, mais ils lui couperent les pieds et le jeterent dans un marais . La, une louve le nourrit de viande. Comme il s'unit plus tard a elle, elle devint pleine. Le roi ennemi, ayant entendu dire qu'il vivait encore, envoya ses hommes pour le tuer. La louve parvint a se refugier dans une montagne au nord de Tourfan . Dans celle-ci, il y avait une immense caverne tapissee d'une herbe touffue. La louve donna naissance a dix garcons, qui prirent femmes au-dehors. Leurs descendants se multiplierent et apres plusieurs generations, ils sortirent de la caverne pour s'etablir au sud de l' Altai .

Les souverains Gokturk etaient issus du clan Ashina , dont la presence est attestee pour la premiere fois en 439 [ 3 ] . Le Livre des Sui rapporte que cette annee-la, le , l'empereur Taiwu de Wei du Nord , a renverse Juqu Mujian de Liang du Nord dans l'est du Gansu, d'ou 500 familles Ashina ont fui vers le nord-ouest jusqu'au Khaganat des Rouran dans les environs de Gaochang [ 4 ] .

Selon le Livre des Zhou et l' Histoire des dynasties du Nord , les Ashina etait une maison aristocratique vassaux de l'empire Xiongnu [ 2 ] , plus precisement, ≪ qui s'installerent le long de la frontiere nord de la Chine ≫, selon Edwin G. Pulleyblank [ 5 ] .

Le premier empire [ modifier | modifier le code ]

En 552 , Bumin battit le dernier khan des Ruanruan , que les Chinois appelaient A-na-kuei . Il s'installa en Mongolie centrale mais mourut un an apres. Son fils Mugan (553-572, appele Muhan par les Chinois) lui succeda en confiant l'aile occidentale de l'empire a Istami († 576 ), un frere de Bumin. Ce dernier s'allia avec les Sassanides perses pour combattre les Huns blancs  : il donna sa fille en mariage a l'empereur perse Khosro I er Anushirvan. Apres avoir elimine les Huns Blancs, vers 563 , les deux allies se partagerent ce qui deviendra ensuite le Turkestan russe, notamment le territoire des Sogdiens , mais ils ne tarderent pas a se brouiller. Pour prendre les Perses en tenaille, Istami envoya en 567 un Sogdien en ambassade a Byzance . L'annee suivante, le Byzantin Zemarque (Zemarchus) arriva chez Istami. Malgre les guerres qu'ils menerent ensemble, jusqu'en 630 , les Turcs et les Byzantins ne purent venir a bout des Perses.

L'autorite de Taspar (572-581), le frere cadet et successeur de Mugan, qui regnait en Mongolie avec le titre de qaghan , fut reconnue par les Turcs occidentaux. Ce souverain se convertit au bouddhisme, comme son frere Nivar (581-587, egalement appele Ishbara d'apres Paul Pelliot ). Le yabghu Tardu , fils d' Istami , rompit avec Nivar et prit le titre de qaghan . Il avait ete encourage par les Chinois, qui desiraient briser l'empire turc. Il y eut desormais deux Etats, celui des Turcs orientaux en Mongolie , dirige par Nivar, et celui des Turcs occidentaux dans les Tian Shan et au Kazakhstan oriental, dirige par Tardu. Un fils de Mugan, connu sous le nom d'Apa qaghan et que les textes chinois appellent Daluobian, se mit a convoiter le trone. Ses interets rejoignaient ceux de Tardu, qui desirait aussi abattre Nivar afin de refaire l'unite de l'empire. Pour empecher cela, les Chinois apporterent leur soutien a Nivar. Apa qaghan se retourna alors contre Tardu et parvint a prendre sa place. En 585 , Tardu demanda l'asile aux Chinois.

A Nivar, succederent deux empereurs appeles Chuluohu (587-588) et Yongyulu (588-599) par les Chinois. Le premier captura Apa qaghan , mais les Turcs occidentaux resterent separes de leurs freres orientaux. Ils elurent en 587 un qaghan que les Chinois appelaient Nili et dont on ne sait presque rien. Tardu reapparut en 594 , lors d'un conflit avec Yongyulu. Il reprit le controle des Turcs occidentaux. En 598 , il envoya a Constantinople une lettre ou il se declarait qaghan supreme, ≪ grand roi des sept races et maitre des sept climats ≫. Il s'attaqua aux Chinois, mais il fut vaincu en 603 , a la suite d'une revolte, et dut se refugier dans l'actuelle province chinoise du Qinghai , au nord-est du Tibet . On n'entendit plus jamais parler de lui.

A la fin de la dynastie Sui et au debut de la dynastie Tang , les Turcs orientaux attaquerent a leur tour la Chine, en profitant des difficultes interieures que connaissait ce pays. L'empereur El Qaghan (620-630, appele Xieli par les Chinois), arriva jusqu'a la capitale Chang'an le avec 100 000 hommes. L'audacieux empereur Taizong des Tang, malgre le peu de moyens dont il disposait, parvint a lui faire rebrousser chemin. Par la suite, Taizong soutint les revoltes de certains aristocrates contre El Qaghan, puis en 630 , il envoya ses troupes en Mongolie et captura le qaghan . Des lors, les Turcs orientaux furent soumis a la Chine.

Apres la defaite de Tardu, les Turcs occidentaux etaient restes quelque temps desunis. Ils avaient ensuite retrouve un roi en la personne de Shigui, puis de son frere, le yabghu Tong (618-630, ce sont leurs noms chinois). Ce dernier fut un puissant souverain, qui etendit son pouvoir jusque sur une partie de l' Afghanistan et de l' Inde du Nord. Le pelerin chinois et moine bouddhiste , Xuanzang le rencontra dans les Tian Shan , lors de sa peregrination vers l'Ouest . Quelques mois plus tard, des tribus vassales, les Qarluq, se revolterent, et Tong fut tue. Les Turcs occidentaux perdirent de nouveau leur unite. Dans les annees 640 , les Chinois les evincerent des riches oasis du bassin du Tarim , sur la Route de la soie , qui se trouvaient juste au sud de leur territoire. En 651 , les Turcs occidentaux se rangerent sous l'autorite d'un qan que les Chinois appelaient Helu. Apres avoir obtenu l'appui des Ouigours , les Chinois se mirent en campagne contre lui et le vainquirent en 657 . Pratiquement toute l'Asie centrale tomba aux mains des Chinois.

Le deuxieme empire [ modifier | modifier le code ]

L'Asie vers 700

Le retablissement de l'empire turc fut l'œuvre d'un dignitaire ( chor ) qui s'appelait Qutlugh , le Fortune. Il commenca comme un simple aventurier. Au debut, selon l'inscription de Kol Tegin (cf. ci-dessous), il n'avait que vingt sept hommes. Il profita du soutien non pas de l'aristocratie turque, mais du peuple, au sein duquel brulait un fort sentiment nationaliste anti-chinois. Un tres habile seigneur ( beg ) se joignit cependant a lui. Il s'appelait Tonyuquq (ou Tonuquq). C'etait un Turc ne en Chine et qui avait recu une education chinoise, mais il detestait les Chinois.

A partir de 682 , Qutlugh chor se mit a lancer des attaques devastatrices contre la Chine. Celle-ci etait alors gouvernee par un empereur faible, Gaozong , et son influence reculait dans toute l' Asie centrale . Entre 687 et 691 , Qutlugh, qui s'etait proclame empereur avec le titre d' Ilterish Qaghan , soumit les Ouigours et les Neuf Oghuz , d'autres confederations de tribus turques, et s'installa aux sources de l'Orkhon, dans ce qui avait toujours ete et ce qui resterait le cœur des empires des steppes. En Chine, en 683 , a la mort de Gaozong, le pouvoir tomba entre les mains de son energique concubine, Wu Zetian . Si elle parvint a reprendre le bassin du Tarim aux Tibetains vers 692 , elle fut impuissante face aux Turcs. Elle fut confrontee au frere cadet d'Ilterish qaghan , qui portait le titre de Qapaghan Qaghan , le qaghan Conquerant (691-716).

Cet empereur fit semblant de defendre la dynastie Tang contre les volontes d'usurpation de Wu Zetian, mais il n'en continua pas moins ses attaques. A chaque fois, les armees chinoises subissaient d'ecrasantes defaites et les Turcs ramenaient chez eux un butin fabuleux. En 699, il parvint a soumettre les Turcs occidentaux. Il remporta des victoires contre d'autres peuples turcs et tua meme le roi des Kirghiz , qui vivaient sur le cours superieur de l' Ienissei en Siberie meridionale. Le vent commenca a tourner en 711 , quand Tonyuquq se heurta aux Arabes lors d'un raid en Sogdiane . Il ne revint pres de l' Altai que trois ans plus tard et essaya de preter main-forte a des troupes qui assiegeaient la ville de Beshbaliq, mais ce fut un echec. Les vassaux des Turcs Bleus, dont les puissants Oghuz, commencerent alors a se revolter. Qapaghan qaghan fut tue lors d'une campagne contre la tribu des Bayirqu le , pres de la riviere Tuul qui arrose Oulan-Bator .

Le pouvoir aurait du revenir au fils aine d'Ilterish, connu depuis 698 par le titre de shad des Tardush, puis au frere cadet de celui-ci, Kol Tegin (ou Kul Tegin). Tous les deux etaient alors des generaux renommes. Mais suivant la volonte de Qapaghan, ses suivants aiderent le fils de leur ancien maitre, Bogu, a monter sur le trone. Kol Tegin l'assassina, avec le soutien de nombreux aristocrates, et massacra toute la famille de Qapaghan n'epargnant que Tonyuquq. Il placa ensuite son frere aine sur le trone. Celui-ci fut appele Bilga Qaghan ≪ le qaghan sage ≫ (716-734). Il fallut reconstituer l'empire, qui avait totalement eclate. Ce fut chose faite en 718 . Bilga Qaghan envisagea ensuite d'attaquer la Chine, qui avait aide les tribus rebelles. Le probleme etait que la Chine, alors gouvernee par l'empereur Xuanzong , etait en pleine gloire. Pour cette raison, Tonyuquq conseilla a Bilga Qaghan de proposer plutot un accord de paix aux Chinois. Mefiants, ceux-ci refuserent toute negociation et preparerent une grande offensive. Les Turcs la previnrent en ecrasant l'un de leurs allies, les Basmil, au nord de Tourfan (il s'agissait apparemment d'un peuple d'origine non turque) puis en attaquant la province chinoise du Gansu . En 721 , Xuanzong accepta la proposition de paix. Il est remarquable que les Turcs et les Chinois resterent fideles a leurs engagements. En 727, par exemple, Bilga Qaghan refusa de s'allier avec les Tibetains contre les Chinois.

A la mort de Kol Tegin en 731 , son frere fit graver sur une stele un eloge funebre qui est reste celebre. L'empereur sage perit a son tour trois ans plus tard, empoisonne par l'un de ses serviteurs. Deux de ses fils lui succederent, Izhan qaghan (734-739) et Tangri qaghan (740-741). A la mort de ce dernier, assassine par son oncle Qutlugh yabghu , l'empire commenca a se desintegrer. Qutlugh, qui usurpa le pouvoir sous le nom d'Ozmish qaghan , se heurta immediatement a la revolte des Basmil, des Ouigours et des Qarluq, et il fut tue en 744 par les premiers. La famille imperiale des Gokturk s'etant refugiee en 743 en Chine, leur territoire revint aux Ouigours.

La civilisation turque [ modifier | modifier le code ]

La societe [ modifier | modifier le code ]

Comme tous les empires ≪ nomades ≫, celui des Turcs Bleus avait une vocation universelle. Son noyau etait constitue par douze maisons aristocratiques dirigees par une empereur, issue de la lignee imperial des Ashina. Les Ouigours etaient constitues en dix maisons aristocratiques dirigees par la dynastique royal des Yaghlakar ; ils vivaient au nord de la Mongolie , originellement le long de la riviere Selenge, tandis que les Turcs Bleus occupaient la partie centrale de ce territoire. Ils sont devenus sujets des Turcs Bleus durant le premier empire . A l'ouest des Turcs Bleus, au Kazakhstan , se trouvaient les Toghuz-Oghuz, c'est-a-dire les ≪ Neuf oghouzes ≫. Ils formaient une population plus nombreuse que les Turcs Bleus eux-memes, mais qui etait moins unie. Deux autres confederations turques, celles des Qarluq et des Basmil, ont egalement joue un role dans l'empire turc [ 2 ] .

Les roitelets s'appelait l' irkin . Les royaumes etaient diriges par des elteber . A la tete du pouvoir imperial, se trouvait le qaghan et ses proches parents, les shad . Le qaghan etait entoure de conseillers, qui portaient des titres tels que tarkhan , tudun ou chor . Ils se partageaient des fonctions militaires, administratives ou diplomatiques. Il y avait aussi des fonctionnaires de rang inferieur, parmi lesquels les textes chinois distinguent 28 classes. Toutes ces charges se transmettaient de maniere hereditaire [ 2 ] .

La societe turque etait divisee en deux classes : une aristocratie hereditaire, constituee par les beg , et le peuple ( igil qara bodun ). Tout homme devenait un guerrier, er , apres une initiation consistant en un exploit accompli lors d'une bataille ou d'une chasse. Il recevait alors son er aty , c'est-a-dire son nom d'homme ou de heros. Son ideal etait de mourir au combat. Sa situation variait cependant beaucoup selon qu'il appartenait a l'aristocratie ou au peuple.

L'economie turque reposait sur l'elevage, la chasse et la guerre. Les razzias, effectuees en principe a partir de la pleine Lune , etaient un moyen d'acquerir du betail, surtout des chevaux, qui constituait la principale richesse. Les beg s'approvisionnaient egalement en objets precieux et en esclaves. Si l'on etait pauvre, c'etait parce que l'on ne s'etait pas assez bien battu. Les gens du peuple depourvus de betail etaient places dans des quartiers d'hiver ou des etablissements sedentaires ( baliq ), ou ils pratiquaient un peu d'agriculture. Ils cultivaient surtout du millet , qui etait entrepose dans des fortins ( qurgan ). S'ils voulaient rester nomades, ils devaient compter sur l'aide de relations riches. Les er depourvus de moyens devenaient toujours dependant des beg , en tant que gardes du corps ou que serviteurs.

On dispose de quelques representations de guerrier turcs, visibles par exemple au musee d'histoire d' Oulan-Bator . Les hommes partageaient leurs chevelures en de nombreuses tresses qui descendaient sur leur dos. Cette coiffure existe encore chez les Ouigours , mais plutot chez les femmes. Ils portaient des bottes, des pantalons et des vestes longues semblables a celles des autres peuples, y compris sedentaires, de l' Asie centrale de cette epoque. Une epee etait accrochee a leur ceinture.

Pour faire des contrats, les Turcs faisaient des entailles sur des plaquettes de bois. Ils payaient les impots en donnant des animaux domestiques. On les comptait en entaillant un baton, puis on y mettait un cachet de cire avec un fer de lance.

Mœurs et coutumes [ modifier | modifier le code ]

On connait les coutumes turques essentiellement grace a des textes chinois rassembles dans des annales dynastiques. Les annales des Wei du Nord ont l'interet d'avoir ete redigees vers 550, avant meme la fondation de l'empire turc. Nombre de ces textes ont ete traduits en 1864 par Stanislas Julien (≪ Documents historiques sur les Tou-kioue (Turcs) extraits du Pien-i-tien ≫, Journal Asiatique ).

Les mariages s'effectuaient sans complication : si un homme tombait amoureux d'une jeune fille, il envoyait quelqu'un aupres de ses parents pour demander sa main et, generalement, sa demande etait acceptee. Une femme noble ne pouvait pas se lier avec un homme de condition inferieure.

La justice etait rendue de la maniere suivante. Les gens qui s'etaient rendus coupables d'homicide, de viol d'une femme mariee ou de revolte etaient condamnes a mort. En revanche, celui qui avait viole une jeune fille etait puni de la facon suivante : il devait payer une forte amende et epouser immediatement sa victime. Un individu qui avait cause une simple blessure, par exemple dans une bagarre, payait une amende proportionnee au dommage occasionne. Les coupables de vol devaient payer dix fois la valeur des animaux ou des objets voles.

Les hommes aimaient jouer aux osselets, occupation qui existe toujours chez les nomades de l' Asie centrale . Les femmes preferaient jouer a la balle. Les Turcs buvaient du qumis (lait de jument fermente), et quand ils etaient suffisamment ivres (reference necessaire), ils se lancaient dans des chants alternes : quelqu'un improvisait une chanson et une autre personne devait lui repondre de la meme maniere.

La terre [tente ?] du qan (le roi, avant la formation de l'empire turc) s'ouvrait a l'est par respect pour le soleil levant (reference necessaire). Cette orientation differe de celle des tentes mongoles , qui s'ouvrent toutes au sud. L'intronisation comprenait les rites suivants. De grands officiers mettaient le roi nouvellement nomme sur une litiere de feutre et lui faisaient faire neuf tours devant ses sujets, qui le saluaient chaque fois. Ils le placaient ensuite sur un cheval et lui serraient le cou avec une bande de soie, mais sans aller jusqu'a l'etrangler. Ils lui demandaient alors combien d'annees il resterait roi. Le qan prononcait quelques paroles incomprehensibles, que l'on interpretait pour connaitre la longueur de son regne. Une coutume tres similaire est aussi attestee chez les Khazars [ 6 ] pour nommer leur khaqan .

On ne sait pas si elle avait subsiste a l'epoque imperiale. Sur la stele de Kol Tegin, il est ecrit : ≪ Tangri ayant saisi par le sommet de la tete mon pere le qaghan Ilterish et ma mere la qatun El Bilga, il les eleva en haut ≫. Le turcologue Jean-Paul Roux y voit le temoignage d'une ceremonie de sacre qui consistait a placer le souverain sur un tapis de feutre et a les elever vers le ciel. On reconnait la premiere partie de la ceremonie decrite ci-dessus ou le roi est mis sur une litiere de feutre.

Quand un homme mourait, ses parents tuaient chacun un mouton ou un cheval et placaient la victime devant la tente du defunt. Ils faisaient ensuite sept fois le tour de cette tente, montes sur un cheval, et en poussant des cris de douleur. Chaque fois qu'ils passaient devant la porte, ils se tailladaient le visage avec un couteau. Les enterrements n'etaient effectues qu'a deux periodes de l'annee : a l'automne, quand les feuilles tombaient, et au printemps, quand les bourgeons s'ouvraient et que les plantes etaient en fleurs. On creusait alors une fosse et l'on y mettait le mort. Pres de la tombe, on disposait des statuettes de pierres en nombre proportionne au nombre d'ennemis que le defunt avait tues. Les parents offraient des sacrifices, couraient a cheval et se tailladaient le visage comme la premiere fois. L'archeologie a montre que les guerriers etaient enterres en armes, avec leurs chevaux selles. Les veuves se remariaient pour rester dans la famille de leur epoux. Les fils epousaient les femmes de leur pere, sauf bien sur leur propre mere ; les freres cadets prenaient les femmes de leurs aines (c'est le levirat ).

Empereurs ( kha?an ) [ modifier | modifier le code ]

Les dates de regnes sont donnees principalement d'apres D. Sinor et S. G. Klyashtorny, ≪ The Turk Empire ≫, History of Civilizations of Central Asia, Vol. III, The Crossroads of Civilizations: A.D. 250 to 750 , Paris, UNESCO Publishing, 1996. Le livre de Rene Grousset , L'empire des steppes , Payot, 1965, est egalement utilise. Les noms des souverains sont d'abord donnes sous leur forme chinoise (en pinyin ), puis sous leur forme turque quand elle est connue.

Premier empire Gokturk :

  • Tumen ( Bumin Khan ) 534 - 552 (On ne comprend pas pourquoi les Chinois ont remplace le b turc par un t ).

Turcs orientaux :

Nom turc Nom chinois Regne Remarque
Mugan ( ?????????????? ) 木杆可汗 , mug?n kehan 553 ? 572 Fils de Bumin.
Taspar   (en) Tuobo 572 ? 581 Fils de Bumin et frere de Mugan.
Amrak   (en) 581 ? 582 Fils de Taspar.
Ishbara   (en) 581 ? 587 Fils d'Issik et petit-fils de Bumin.
Bagha   (en) Chuluohu 587 ? 588 Fils d'Issik et frere d'Ishbara.
Tulan   (en) Nom de regne : 都?可汗 / 都蘭可汗 , d?ulan k?han
Nom personnel : 阿史那雍虞? / 阿史那雍虞閭 , ?sh?na y?ngyul?
588 ? 599 Fils d'Ishbara.
Yami   (en) Tuli 603 ? 609 Fils d'Ishbara et frere de Tulan.
Shibi   (en) 始?可汗 / 始畢可汗 , sh?bi k?han 611 ? 619 Fils de Yami.
Chuluo   (en) ?? / 處羅 , chuluo k?han 619 ? 621 Fils de Yami et frere de Shibi.
Illig   (en) Nom de regne : ?利可汗 , xieli k?han
Nom personnel : 阿史那?苾 , ?sh?na du?bi
620 ? 630 Fils de Yami et frere de Shibi et Chuluo.

Turcs occidentaux (divises a partir de 630 en deux groupes issue de cinq lignee aristocratiques, les Nushibi et les Dulu) :

  • Shidiemi ( Istami yabghu , connu sous le nom de Silziboulos par les Byzantins) 553 - 575 (date de fin de regne d'apres Grousset, en tout cas avant 576 )
  • Datou (Tardu yabghu ) 575 - 603 (autoproclame qaghan entre 582 et 584 )
  • Daluobian (Apa qaghan ) 585 - 587
  • Nili 587 - 604 ?
  • Chuluo (opposant a Shigui installe en Chine en 611 )
  • Shigui avant 611 - 618 (d'apres Grousset)
  • Tong yabghu 619 - 630 (assassine)
  • Dulu 638 - 651 ( qan des Dulu, a essaye de reunir les deux groupes de tribus)
  • Helu 651 - 657 ( qan des Dulu, a impose son autorite aux Nushibi)
  • Ashina Mishe 657 - 662 (impose par les Chinois aux Dulu)
  • Ashina Buzhen 659 - 665 (impose par les Chinois aux Nushibi)

Les noms turcs des souverains du second empire sont tous connus :

  • Ilterish qaghan (ou El Terish, Guduolu en chinois, d'apres le turc Qutlugh) 682 - 691
  • Qapaghan qaghan (ou Qapghan, Mochuo en chinois, aussi appele Bak Tchor dans les anciens livres francais) 691 - 716
  • Bogu qaghan 716
  • Bilga qaghan (Mojilian en chinois) 716 - 734 (assassine, a gouverne avec son frere Kol Tegin 716 - 731 )
  • Izhan qaghan (Yiran en chinois) 734 - 739
  • Tangri qaghan 740 - 741
  • Ozmish qaghan 741 - 744 (usurpateur)

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Tujue ecrit T’ou-kiue dans Rene Grousset , Op. cit. ( lire en ligne ) , ≪ Le haut Moyen Age : T’ou-kiue, Ouigour et K’i-tan. ≫, p.  119-189 (.pdf)
  2. a b c et d Simon Berger , ≪  Nomadic State in the Sedentary World: The Military Mode of Government of Conquered Lands in the Mongol Empire, Chronica, 21, 2023  ≫, Chronica ,‎ ( lire en ligne , consulte le )
  3. (zh) ≪  Wei Shou, Livre des Wei  ≫
  4. (en) Christian, David. A history of Russia, Central Asia and Mongolia, Vol. 1: Inner Eurasia from prehistory to the Mongol Empire. , p.249
  5. Peter B. Golden , ≪  The Ethnogonic Tales of the Turks  ≫, The Medieval History Journal , vol.  21, n o  2,‎ , p.  291?327 ( ISSN   0971-9458 et 0973-0753 , DOI   10.1177/0971945818775373 , lire en ligne , consulte le )
  6. J. Piatigorsky, J. Sapir, L'Empire Khazar VII e ??? XI e  siecle, l'enigme d'un peuple cavalier, Editions autrement - collection Memoire n°114, Paris, 2005

Annexes [ modifier | modifier le code ]

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Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Rene Grousset , L'empire des steppes. Attila, Gengis-khan, Tamerlan , Paris, Payot, coll.  ≪ Regard De L'histoire ≫, ( 1 re   ed. 1938), 620  p. ( ISBN   2-228-88130-9 , presentation en ligne , lire en ligne )
  • (en) D. Sinor et S. G. Klyashtorny , History of civilizations of Central Asia , vol.  3. The crossroads of civilizations : A.D. 250 to 750, UNESCO Publishing, , 569  p. ( ISBN   978-92-3-103211-0 , lire en ligne ) , chap.  14 (≪ The Turk Empire ≫) , p.  317-337 (.pdf)
  • Jean-Paul Roux , Histoire des Turcs , Fayard, , 389  p. ( ISBN   978-2-213-60672-9 )
  • Stanislas Julien , Documents historiques sur les Tou-kioue (Turcs) , ( lire en ligne )
  • Jean-Baptiste Grosier, Michel Ange Andre Le Roux Deshauterayes , Histoire generale de la Chine : ou Annales de cet empire (13 volumes) , vol.  5, P. D. Pierres, ( lire en ligne )
  • Jean-Baptiste Grosier et Michel Ange Andre Le Roux Deshauterayes , Histoire generale de la Chine : ou Annales de cet empire (13 volumes) , vol.  6, P. D. Pierres, ( lire en ligne )