Les
Gokturk
(
vieux turc
:
??????:????????
, translitteration :
Kok Turuk
, lit. :
Turc celeste
) ou
Tou-kioue
chinois
:
突厥
;
pinyin
:
t?jue
[
1
]
) etait un
khanat
, gouverne par la maison des
Ashina
. Ils ont regne sur la
Mongolie
et l'
Asie centrale
et sa creation a contribue a l'expansion des
Turcs
vers la
mer Caspienne
[
2
]
.
Au debut du
VIII
e
siecle
, les Turcs ont cree une ecriture dite ≪ runique ≫ parce qu'elle ressemble aux
runes
. On en connait deux variantes, appelees
alphabet de l'Orkhon
et
alphabet de l'Ienissei
. Ils sont les premiers nomades de l'
Asie centrale
a avoir laisse des inscriptions. Celles qui ont ete redigees par les Gokturk proviennent de la vallee de l'
Orkhon
, en
Mongolie
septentrionale. Le cœur de leur empire s'y trouvait. Des inscriptions de
Siberie
meridionale sont attribuables a d'autres peuples turcs. Celles de la vallee de l'
Ienissei
, de courtes inscriptions funeraires, ont du etre redigees par les
Kirghizes
.
Les Gokturk recurent des missionnaires
bouddhistes
,
manicheens
et
nestoriens
, mais resterent majoritairement
chamanistes
. Ils avaient egalement une religion imperiale, le
tengrisme
, basee sur la veneration de
Tangri
, le Dieu-Ciel.
La langue des Gokturk est appelee
gokturk
ou vieux turc.
Les Turcs Bleus sont originaires des monts
Altai
. Ils sont connus pour etre des vassaux des
Ruanruan
, peuple qui occupait l'essentiel du territoire de l'actuelle Mongolie. Ils travaillent pour leurs suzerains comme
forgerons
(en vieux turc ≪
tarqan
≫).
Le mythe de leurs origines se presente ainsi. Ils etaient un rameau des
Xiongnu
. Un peuple voisin les extermina, a l'exception d'un jeune garcon. Les soldats ne voulurent pas le tuer, eu egard a son jeune age, mais ils lui couperent les pieds et le jeterent dans un
marais
. La, une louve le nourrit de viande. Comme il s'unit plus tard a elle, elle devint pleine. Le roi ennemi, ayant entendu dire qu'il vivait encore, envoya ses hommes pour le tuer. La louve parvint a se refugier dans une montagne au nord de
Tourfan
. Dans celle-ci, il y avait une immense caverne tapissee d'une herbe touffue. La louve donna naissance a dix garcons, qui prirent femmes au-dehors. Leurs descendants se multiplierent et apres plusieurs generations, ils sortirent de la caverne pour s'etablir au sud de l'
Altai
.
Les souverains Gokturk etaient issus du clan
Ashina
, dont la presence est attestee pour la premiere fois en 439
[
3
]
. Le
Livre des Sui
rapporte que cette annee-la, le
, l'empereur Taiwu de
Wei du Nord
, a renverse Juqu Mujian de
Liang du Nord
dans l'est du Gansu, d'ou 500 familles Ashina ont fui vers le nord-ouest jusqu'au
Khaganat des Rouran
dans les environs de Gaochang
[
4
]
.
Selon le
Livre des Zhou
et l'
Histoire des dynasties du Nord
, les Ashina etait une maison aristocratique vassaux de l'empire
Xiongnu
[
2
]
, plus precisement, ≪ qui s'installerent le long de la frontiere nord de la Chine ≫, selon
Edwin G. Pulleyblank
[
5
]
.
En
552
,
Bumin
battit le dernier khan des
Ruanruan
, que les Chinois appelaient
A-na-kuei
. Il s'installa en
Mongolie
centrale mais mourut un an apres. Son fils
Mugan
(553-572, appele Muhan par les Chinois) lui succeda en confiant l'aile occidentale de l'empire a
Istami
(†
576
), un frere de Bumin. Ce dernier s'allia avec les
Sassanides
perses
pour combattre les
Huns blancs
: il donna sa fille en mariage a l'empereur perse
Khosro
I
er
Anushirvan. Apres avoir elimine les Huns Blancs, vers
563
, les deux allies se partagerent ce qui deviendra ensuite le
Turkestan
russe, notamment le territoire des
Sogdiens
, mais ils ne tarderent pas a se brouiller. Pour prendre les Perses en tenaille, Istami envoya en
567
un Sogdien en ambassade a
Byzance
. L'annee suivante, le Byzantin Zemarque (Zemarchus) arriva chez Istami. Malgre les guerres qu'ils menerent ensemble, jusqu'en
630
, les Turcs et les Byzantins ne purent venir a bout des Perses.
L'autorite de
Taspar
(572-581), le frere cadet et successeur de Mugan, qui regnait en Mongolie avec le titre de
qaghan
, fut reconnue par les Turcs occidentaux. Ce souverain se convertit au bouddhisme, comme son frere
Nivar
(581-587, egalement appele Ishbara d'apres
Paul Pelliot
). Le
yabghu
Tardu
, fils d'
Istami
, rompit avec Nivar et prit le titre de
qaghan
. Il avait ete encourage par les Chinois, qui desiraient briser l'empire turc. Il y eut desormais deux Etats, celui des
Turcs orientaux
en
Mongolie
, dirige par Nivar, et celui des
Turcs occidentaux
dans les
Tian Shan
et au
Kazakhstan
oriental, dirige par Tardu. Un fils de Mugan, connu sous le nom d'Apa
qaghan
et que les textes chinois appellent Daluobian, se mit a convoiter le trone. Ses interets rejoignaient ceux de Tardu, qui desirait aussi abattre Nivar afin de refaire l'unite de l'empire. Pour empecher cela, les Chinois apporterent leur soutien a Nivar. Apa
qaghan
se retourna alors contre Tardu et parvint a prendre sa place. En
585
, Tardu demanda l'asile aux Chinois.
A Nivar, succederent deux empereurs appeles Chuluohu (587-588) et Yongyulu (588-599) par les Chinois. Le premier captura Apa
qaghan
, mais les Turcs occidentaux resterent separes de leurs freres orientaux. Ils elurent en
587
un
qaghan
que les Chinois appelaient Nili et dont on ne sait presque rien. Tardu reapparut en
594
, lors d'un conflit avec Yongyulu. Il reprit le controle des Turcs occidentaux. En
598
, il envoya a
Constantinople
une lettre ou il se declarait
qaghan
supreme, ≪ grand roi des sept races et maitre des sept climats ≫. Il s'attaqua aux Chinois, mais il fut vaincu en
603
, a la suite d'une revolte, et dut se refugier dans l'actuelle province chinoise du
Qinghai
, au nord-est du
Tibet
. On n'entendit plus jamais parler de lui.
A la fin de la
dynastie Sui
et au debut de la
dynastie Tang
, les Turcs orientaux attaquerent a leur tour la Chine, en profitant des difficultes interieures que connaissait ce pays. L'empereur
El Qaghan
(620-630, appele Xieli par les Chinois), arriva jusqu'a la capitale
Chang'an
le
avec 100 000 hommes. L'audacieux empereur
Taizong
des Tang, malgre le peu de moyens dont il disposait, parvint a lui faire rebrousser chemin. Par la suite, Taizong soutint les revoltes de certains aristocrates contre El Qaghan, puis en
630
, il envoya ses troupes en Mongolie et captura le
qaghan
. Des lors, les Turcs orientaux furent soumis a la Chine.
Apres la defaite de Tardu, les Turcs occidentaux etaient restes quelque temps desunis. Ils avaient ensuite retrouve un roi en la personne de Shigui, puis de son frere, le
yabghu
Tong (618-630, ce sont leurs noms chinois). Ce dernier fut un puissant souverain, qui etendit son pouvoir jusque sur une partie de l'
Afghanistan
et de l'
Inde
du Nord. Le pelerin chinois et moine
bouddhiste
,
Xuanzang
le rencontra dans les
Tian Shan
, lors de sa
peregrination vers l'Ouest
. Quelques mois plus tard, des tribus vassales, les Qarluq, se revolterent, et Tong fut tue. Les Turcs occidentaux perdirent de nouveau leur unite. Dans les annees
640
, les Chinois les evincerent des riches oasis du
bassin du Tarim
, sur la
Route de la soie
, qui se trouvaient juste au sud de leur territoire. En
651
, les Turcs occidentaux se rangerent sous l'autorite d'un
qan
que les Chinois appelaient Helu. Apres avoir obtenu l'appui des
Ouigours
, les Chinois se mirent en campagne contre lui et le vainquirent en
657
. Pratiquement toute l'Asie centrale tomba aux mains des Chinois.
Le retablissement de l'empire turc fut l'œuvre d'un dignitaire (
chor
) qui s'appelait
Qutlugh
, le Fortune. Il commenca comme un simple aventurier. Au debut, selon l'inscription de Kol Tegin (cf. ci-dessous), il n'avait que vingt sept hommes. Il profita du soutien non pas de l'aristocratie turque, mais du peuple, au sein duquel brulait un fort sentiment nationaliste anti-chinois. Un tres habile seigneur (
beg
) se joignit cependant a lui. Il s'appelait
Tonyuquq
(ou Tonuquq). C'etait un Turc ne en Chine et qui avait recu une education chinoise, mais il detestait les Chinois.
A partir de
682
, Qutlugh
chor
se mit a lancer des attaques devastatrices contre la Chine. Celle-ci etait alors gouvernee par un empereur faible,
Gaozong
, et son influence reculait dans toute l'
Asie centrale
. Entre
687
et
691
, Qutlugh, qui s'etait proclame empereur avec le titre d'
Ilterish Qaghan
, soumit les
Ouigours
et les Neuf
Oghuz
, d'autres confederations de tribus turques, et s'installa aux sources de l'Orkhon, dans ce qui avait toujours ete et ce qui resterait le cœur des empires des steppes. En Chine, en
683
, a la mort de Gaozong, le pouvoir tomba entre les mains de son energique concubine,
Wu Zetian
. Si elle parvint a reprendre le
bassin du Tarim
aux
Tibetains
vers
692
, elle fut impuissante face aux Turcs. Elle fut confrontee au frere cadet d'Ilterish
qaghan
, qui portait le titre de
Qapaghan Qaghan
, le
qaghan
Conquerant (691-716).
Cet empereur fit semblant de defendre la
dynastie Tang
contre les volontes d'usurpation de Wu Zetian, mais il n'en continua pas moins ses attaques. A chaque fois, les armees chinoises subissaient d'ecrasantes defaites et les Turcs ramenaient chez eux un butin fabuleux. En 699, il parvint a soumettre les Turcs occidentaux. Il remporta des victoires contre d'autres peuples turcs et tua meme le roi des
Kirghiz
, qui vivaient sur le cours superieur de l'
Ienissei
en
Siberie
meridionale. Le vent commenca a tourner en
711
, quand Tonyuquq se heurta aux
Arabes
lors d'un raid en
Sogdiane
. Il ne revint pres de l'
Altai
que trois ans plus tard et essaya de preter main-forte a des troupes qui assiegeaient la ville de Beshbaliq, mais ce fut un echec. Les vassaux des Turcs Bleus, dont les puissants Oghuz, commencerent alors a se revolter. Qapaghan
qaghan
fut tue lors d'une campagne contre la tribu des Bayirqu le
, pres de la riviere Tuul qui arrose
Oulan-Bator
.
Le pouvoir aurait du revenir au fils aine d'Ilterish, connu depuis
698
par le titre de
shad
des Tardush, puis au frere cadet de celui-ci,
Kol Tegin
(ou Kul Tegin). Tous les deux etaient alors des generaux renommes. Mais suivant la volonte de Qapaghan, ses suivants aiderent le fils de leur ancien maitre, Bogu, a monter sur le trone. Kol Tegin l'assassina, avec le soutien de nombreux aristocrates, et massacra toute la famille de Qapaghan n'epargnant que Tonyuquq. Il placa ensuite son frere aine sur le trone. Celui-ci fut appele
Bilga Qaghan
≪ le
qaghan
sage ≫ (716-734). Il fallut reconstituer l'empire, qui avait totalement eclate. Ce fut chose faite en
718
. Bilga Qaghan envisagea ensuite d'attaquer la Chine, qui avait aide les tribus rebelles. Le probleme etait que la Chine, alors gouvernee par l'empereur
Xuanzong
, etait en pleine gloire. Pour cette raison, Tonyuquq conseilla a Bilga Qaghan de proposer plutot un accord de paix aux Chinois. Mefiants, ceux-ci refuserent toute negociation et preparerent une grande offensive. Les Turcs la previnrent en ecrasant l'un de leurs allies, les Basmil, au nord de Tourfan (il s'agissait apparemment d'un peuple d'origine non turque) puis en attaquant la province chinoise du
Gansu
. En
721
, Xuanzong accepta la proposition de paix. Il est remarquable que les Turcs et les Chinois resterent fideles a leurs engagements. En 727, par exemple, Bilga Qaghan refusa de s'allier avec les
Tibetains
contre les Chinois.
A la mort de Kol Tegin en
731
, son frere fit graver sur une stele un eloge funebre qui est reste celebre. L'empereur sage perit a son tour trois ans plus tard, empoisonne par l'un de ses serviteurs. Deux de ses fils lui succederent, Izhan
qaghan
(734-739) et Tangri
qaghan
(740-741). A la mort de ce dernier, assassine par son oncle Qutlugh
yabghu
, l'empire commenca a se desintegrer. Qutlugh, qui usurpa le pouvoir sous le nom d'Ozmish
qaghan
, se heurta immediatement a la revolte des Basmil, des Ouigours et des Qarluq, et il fut tue en
744
par les premiers. La famille imperiale des Gokturk s'etant refugiee en
743
en Chine, leur territoire revint aux Ouigours.
Comme tous les empires ≪ nomades ≫, celui des Turcs Bleus avait une vocation universelle. Son noyau etait constitue par douze maisons aristocratiques dirigees par une empereur, issue de la lignee imperial des Ashina. Les Ouigours etaient constitues en dix maisons aristocratiques dirigees par la dynastique royal des Yaghlakar ; ils vivaient au nord de la
Mongolie
, originellement le long de la riviere Selenge, tandis que les Turcs Bleus occupaient la partie centrale de ce territoire. Ils sont devenus sujets des Turcs Bleus durant le
premier empire
. A l'ouest des Turcs Bleus, au
Kazakhstan
, se trouvaient les Toghuz-Oghuz, c'est-a-dire les ≪ Neuf oghouzes ≫. Ils formaient une population plus nombreuse que les Turcs Bleus eux-memes, mais qui etait moins unie. Deux autres confederations turques, celles des Qarluq et des Basmil, ont egalement joue un role dans l'empire turc
[
2
]
.
Les roitelets s'appelait l'
irkin
. Les royaumes etaient diriges par des
elteber
. A la tete du pouvoir imperial, se trouvait le
qaghan
et ses proches parents, les
shad
. Le
qaghan
etait entoure de conseillers, qui portaient des titres tels que
tarkhan
,
tudun
ou
chor
. Ils se partageaient des fonctions militaires, administratives ou diplomatiques. Il y avait aussi des fonctionnaires de rang inferieur, parmi lesquels les textes chinois distinguent 28 classes. Toutes ces charges se transmettaient de maniere hereditaire
[
2
]
.
La societe turque etait divisee en deux classes : une aristocratie hereditaire, constituee par les
beg
, et le peuple (
igil qara bodun
). Tout homme devenait un guerrier,
er
, apres une initiation consistant en un exploit accompli lors d'une bataille ou d'une chasse. Il recevait alors son
er aty
, c'est-a-dire son nom d'homme ou de heros. Son ideal etait de mourir au combat. Sa situation variait cependant beaucoup selon qu'il appartenait a l'aristocratie ou au peuple.
L'economie turque reposait sur l'elevage, la chasse et la guerre. Les razzias, effectuees en principe a partir de la pleine
Lune
, etaient un moyen d'acquerir du betail, surtout des chevaux, qui constituait la principale richesse. Les
beg
s'approvisionnaient egalement en objets precieux et en esclaves. Si l'on etait pauvre, c'etait parce que l'on ne s'etait pas assez bien battu. Les gens du peuple depourvus de betail etaient places dans des quartiers d'hiver ou des etablissements sedentaires (
baliq
), ou ils pratiquaient un peu d'agriculture. Ils cultivaient surtout du
millet
, qui etait entrepose dans des fortins (
qurgan
). S'ils voulaient rester nomades, ils devaient compter sur l'aide de relations riches. Les
er
depourvus de moyens devenaient toujours dependant des
beg
, en tant que gardes du corps ou que serviteurs.
On dispose de quelques representations de guerrier turcs, visibles par exemple au musee d'histoire d'
Oulan-Bator
. Les hommes partageaient leurs chevelures en de nombreuses tresses qui descendaient sur leur dos. Cette coiffure existe encore chez les
Ouigours
, mais plutot chez les femmes. Ils portaient des bottes, des pantalons et des vestes longues semblables a celles des autres peuples, y compris sedentaires, de l'
Asie centrale
de cette epoque. Une epee etait accrochee a leur ceinture.
Pour faire des contrats, les Turcs faisaient des entailles sur des plaquettes de bois. Ils payaient les impots en donnant des animaux domestiques. On les comptait en entaillant un baton, puis on y mettait un cachet de cire avec un fer de lance.
On connait les coutumes turques essentiellement grace a des textes chinois rassembles dans des annales dynastiques. Les annales des
Wei du Nord
ont l'interet d'avoir ete redigees vers 550, avant meme la fondation de l'empire turc. Nombre de ces textes ont ete traduits en 1864 par
Stanislas Julien
(≪ Documents historiques sur les Tou-kioue (Turcs) extraits du Pien-i-tien ≫,
Journal Asiatique
).
Les mariages s'effectuaient sans complication : si un homme tombait amoureux d'une jeune fille, il envoyait quelqu'un aupres de ses parents pour demander sa main et, generalement, sa demande etait acceptee. Une femme noble ne pouvait pas se lier avec un homme de condition inferieure.
La justice etait rendue de la maniere suivante. Les gens qui s'etaient rendus coupables d'homicide, de viol d'une femme mariee ou de revolte etaient condamnes a mort. En revanche, celui qui avait viole une jeune fille etait puni de la facon suivante : il devait payer une forte amende et epouser immediatement sa victime. Un individu qui avait cause une simple blessure, par exemple dans une bagarre, payait une amende proportionnee au dommage occasionne. Les coupables de vol devaient payer dix fois la valeur des animaux ou des objets voles.
Les hommes aimaient jouer aux osselets, occupation qui existe toujours chez les nomades de l'
Asie centrale
. Les femmes preferaient jouer a la balle. Les Turcs buvaient du
qumis
(lait de jument fermente), et quand ils etaient suffisamment ivres (reference necessaire), ils se lancaient dans des chants alternes : quelqu'un improvisait une chanson et une autre personne devait lui repondre de la meme maniere.
La terre
[tente ?]
du
qan
(le roi, avant la formation de l'empire turc) s'ouvrait a l'est par respect pour le soleil levant (reference necessaire). Cette orientation differe de celle des tentes
mongoles
, qui s'ouvrent toutes au sud. L'intronisation comprenait les rites suivants. De grands officiers mettaient le roi nouvellement nomme sur une litiere de feutre et lui faisaient faire neuf tours devant ses sujets, qui le saluaient chaque fois. Ils le placaient ensuite sur un cheval et lui serraient le cou avec une bande de soie, mais sans aller jusqu'a l'etrangler. Ils lui demandaient alors combien d'annees il resterait roi. Le
qan
prononcait quelques paroles incomprehensibles, que l'on interpretait pour connaitre la longueur de son regne. Une coutume tres similaire est aussi attestee chez les
Khazars
[
6
]
pour nommer leur
khaqan
.
On ne sait pas si elle avait subsiste a l'epoque imperiale. Sur la stele de Kol Tegin, il est ecrit : ≪ Tangri ayant saisi par le sommet de la tete mon pere le
qaghan
Ilterish et ma mere la
qatun
El Bilga, il les eleva en haut ≫. Le turcologue
Jean-Paul Roux
y voit le temoignage d'une ceremonie de sacre qui consistait a placer le souverain sur un tapis de feutre et a les elever vers le ciel. On reconnait la premiere partie de la ceremonie decrite ci-dessus ou le roi est mis sur une litiere de feutre.
Quand un homme mourait, ses parents tuaient chacun un mouton ou un cheval et placaient la victime devant la tente du defunt. Ils faisaient ensuite sept fois le tour de cette tente, montes sur un cheval, et en poussant des cris de douleur. Chaque fois qu'ils passaient devant la porte, ils se tailladaient le visage avec un couteau. Les enterrements n'etaient effectues qu'a deux periodes de l'annee : a l'automne, quand les feuilles tombaient, et au printemps, quand les bourgeons s'ouvraient et que les plantes etaient en fleurs. On creusait alors une fosse et l'on y mettait le mort. Pres de la tombe, on disposait des statuettes de pierres en nombre proportionne au nombre d'ennemis que le defunt avait tues. Les parents offraient des sacrifices, couraient a cheval et se tailladaient le visage comme la premiere fois. L'archeologie a montre que les guerriers etaient enterres en armes, avec leurs chevaux selles. Les veuves se remariaient pour rester dans la famille de leur epoux. Les fils epousaient les femmes de leur pere, sauf bien sur leur propre mere ; les freres cadets prenaient les femmes de leurs aines (c'est le
levirat
).
Les dates de regnes sont donnees principalement d'apres D. Sinor et S. G. Klyashtorny, ≪ The Turk Empire ≫,
History of Civilizations of Central Asia, Vol. III, The Crossroads of Civilizations: A.D. 250 to 750
, Paris, UNESCO Publishing, 1996. Le livre de
Rene Grousset
,
L'empire des steppes
, Payot, 1965, est egalement utilise. Les noms des souverains sont d'abord donnes sous leur forme chinoise (en
pinyin
), puis sous leur forme turque quand elle est connue.
Premier empire Gokturk :
- Tumen (
Bumin Khan
)
534
-
552
(On ne comprend pas pourquoi les Chinois ont remplace le
b
turc par un
t
).
Turcs orientaux :
Nom turc
|
Nom chinois
|
Regne
|
Remarque
|
Mugan
(
??????????????
)
|
木杆可汗
,
mug?n kehan
|
553
?
572
|
Fils de Bumin.
|
Taspar
(en)
|
Tuobo
|
572
?
581
|
Fils de Bumin et frere de Mugan.
|
Amrak
(en)
|
|
581
?
582
|
Fils de Taspar.
|
Ishbara
(en)
|
|
581
?
587
|
Fils d'Issik et petit-fils de Bumin.
|
Bagha
(en)
|
Chuluohu
|
587
?
588
|
Fils d'Issik et frere d'Ishbara.
|
Tulan
(en)
|
Nom de regne :
都?可汗
/
都蘭可汗
,
d?ulan k?han
Nom personnel :
阿史那雍虞?
/
阿史那雍虞閭
,
?sh?na y?ngyul?
|
588
?
599
|
Fils d'Ishbara.
|
Yami
(en)
|
Tuli
|
603
?
609
|
Fils d'Ishbara et frere de Tulan.
|
Shibi
(en)
|
始?可汗
/
始畢可汗
,
sh?bi k?han
|
611
?
619
|
Fils de Yami.
|
Chuluo
(en)
|
??
/
處羅
,
chuluo k?han
|
619
?
621
|
Fils de Yami et frere de Shibi.
|
Illig
(en)
|
Nom de regne :
?利可汗
,
xieli k?han
Nom personnel :
阿史那?苾
,
?sh?na du?bi
|
620
?
630
|
Fils de Yami et frere de Shibi et Chuluo.
|
Turcs occidentaux (divises a partir de
630
en deux groupes issue de cinq lignee aristocratiques, les Nushibi et les Dulu) :
- Shidiemi (
Istami
yabghu
, connu sous le nom de Silziboulos par les Byzantins)
553
-
575
(date de fin de regne d'apres Grousset, en tout cas avant
576
)
- Datou (Tardu
yabghu
)
575
-
603
(autoproclame
qaghan
entre
582
et
584
)
- Daluobian (Apa
qaghan
)
585
-
587
- Nili
587
-
604
?
- Chuluo (opposant a Shigui installe en Chine en
611
)
- Shigui avant
611
-
618
(d'apres Grousset)
- Tong
yabghu
619
-
630
(assassine)
- Dulu
638
-
651
(
qan
des Dulu, a essaye de reunir les deux groupes de tribus)
- Helu
651
-
657
(
qan
des Dulu, a impose son autorite aux Nushibi)
- Ashina Mishe
657
-
662
(impose par les Chinois aux Dulu)
- Ashina Buzhen
659
-
665
(impose par les Chinois aux Nushibi)
Les noms turcs des souverains du second empire sont tous connus :
- Ilterish
qaghan
(ou El Terish, Guduolu en chinois, d'apres le turc Qutlugh)
682
-
691
- Qapaghan
qaghan
(ou Qapghan, Mochuo en chinois, aussi appele Bak Tchor dans les anciens livres francais)
691
-
716
- Bogu
qaghan
716
- Bilga
qaghan
(Mojilian en chinois)
716
-
734
(assassine, a gouverne avec son frere Kol Tegin
716
-
731
)
- Izhan
qaghan
(Yiran en chinois)
734
-
739
- Tangri
qaghan
740
-
741
- Ozmish
qaghan
741
-
744
(usurpateur)
- ↑
Tujue
ecrit
T’ou-kiue
dans
Rene Grousset
,
Op. cit.
(
lire en ligne
)
, ≪ Le haut Moyen Age : T’ou-kiue, Ouigour et K’i-tan. ≫,
p.
119-189 (.pdf)
- ↑
a
b
c
et
d
Simon
Berger
, ≪
Nomadic State in the Sedentary World: The Military Mode of Government of Conquered Lands in the Mongol Empire, Chronica, 21, 2023
≫,
Chronica
,
(
lire en ligne
, consulte le
)
- ↑
(zh)
≪
Wei Shou, Livre des Wei
≫
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(en)
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