Jean Daniel Guillaume Joseph Lenoir-Dufresne
, ne a
Alencon
le
et mort a
Paris
le
, est un
industriel
francais du tissage.
Le boulevard Richard-Lenoir dans le
11
e
arrondissement de Paris
.
Volontaire de 1791, Lenoir-Dufresne se trouva l’annee suivante a la
bataille de Jemmapes
, et il aurait suivi la carriere militaire, si la mort de son pere, qui, apres avoir tenu un magasin de draperie a Paris, s’etait retire dans sa ville natale, ne l’avait rappele, en 1797, a Alencon.
De retour dans la capitale, Lenoir-Dufresne ne tarda pas a s’y lier, en 1797, d’amitie, d’affaires et d’interets avec son compatriote
Francois Richard
. Cette association, en unissant deux personnalites tres bien assorties, leur fournit l’occasion de s’apprecier mutuellement. Richard possedait la hardiesse des conceptions, Lenoir avait la sagesse et la circonspection, tous deux possedaient un sens aigu du commerce qui conduit a la reussite des speculations heureuses ; de l’association de ces competences resulta une puissance reelle, dont les efforts devaient etre couronnes de succes.
En peu de mois, Lenoir-Dufresne et Richard realiserent 150 000 francs de benefices et, d’apres les conseils de Richard, qui sentit toute l’importance que les filatures et les tissus de coton pouvaient acquerir, ils entreprirent, la filature des cotons, au moyen des
mule-jenny
,
rue de Thorigny
, au
Marais
, a l’aide d’un prisonnier anglais du nom de Browne. Bientot, du fond de ses comptoirs, l’Angleterre vit s’elever, non sans inquietude des filatures, des mecaniques et des ateliers en France dont les produits allaient entrer en concurrence avec ceux de
Manchester
et de
Birmingham
. L’etablissement de manufactures de basins
[
1
]
et de piques
[
2
]
etait alors une nouvelle entreprise. Richard et Lenoir-Dufresne accueillirent avec exaltation, examinerent avec sagacite et developperent avec perseverance l’idee d’un pareil etablissement. Chacun eut sa part dans les succes qu’ils obtinrent bientot.
En 1799, Lenoir-Dufresne et Richard fonderent ensemble, a Paris, une manufacture de basins et de piques, et une mecanique pour la filature du coton, qui ne tarderent pas a rivaliser avec les etablissements du meme genre connus en Angleterre. L’annee suivante, l’etablissement d’Alencon eut lieu, mais cette manufacture, celle de Paris et quelques autres encore ne suffisaient pas a l’activite des entrepreneurs. Aussi en 1801, Lenoir-Dufresne et Richard firent l’acquisition de l’
abbaye Saint-Martin de Sees
et y fonderent une des meilleures manufactures de France. Bientot d’autres etablissements du meme genre s’eleverent a
L'Aigle
, dans le
Calvados
a l’ancienne abbaye d’
Aunay-sur-Odon
, et dans plusieurs autres departements de
Picardie
. L’immense succes de leur entreprise les amena egalement a ajouter la carderie et le blanchiment chimique a leurs activites initiales de tissage.
Decrit comme d’un caractere froid et calme, ferme et conciliant avec ses egaux comme avec ses subordonnes, honnete et franc avec tout le monde Lenoir-Dufresne etait perseverant dans les idees dont il sentait la justesse ; cette perseverance n’etait pas l’opiniatrete de l’entetement, mais la conviction d’un esprit, qui a la conscience de sa raison et le sentiment de ses forces. Cette application, cette constance lui aplanissaient les obstacles. Ce fut par elles qu’il vint a bout de perfectionner, de concert avec Richard, les machines qu’ils avaient fait construire pour la manufacture du
faubourg Saint-Antoine
, a Paris,
rue de Charonne
, etablies d’abord par un Anglais, du nom de Branwels. Ces machines furent ainsi reformees, et le merite revint a Lenoir-Dufresne de les avoir portees a un degre d’achevement inconnu jusqu’alors.
La mort prematuree, a trente-huit ans, de Lenoir-Dufresne qui, fut, en peu de jours, enleve par une fievre violente, occasionnee par la perte qu’il fit de Christian, un ami contremaitre de carderie dans les etablissements qu’il dirigeait, avec son associe Richard, a Paris, l’empecha de voir l’aboutissement de ses projets. Lors des funerailles de cet homme qui se regardait comme le pere et l’ami des employes de ses nombreux ateliers, le cure de l’
eglise Sainte-Marguerite
ne put achever le discours funebre qu’il avait commence en son honneur tant les sanglots de ses ouvriers couvrirent sa voix. Il a ete inhume au
cimetiere du Pere-Lachaise
4
e
division
[
3
]
dans le premier monument en marbre construit dans ce cimetiere. Lors de la construction de l'ossuaire, son monument a ete detruit
[
4
]
,
[
5
]
.
Sur son lit de mort, Lenoir-Dufresne avait demande a son associe de ne jamais separer leurs deux noms, aussi, fidele a sa memoire, Richard a-t-il publie des
Memoires
sous le nom de Richard-Lenoir et poursuivi leur entreprise commune, qui fit de lui l’homme le plus riche du
XIX
e
siecle
. Le nom en
Richard-Lenoir
est a l’origine de la rue, le square, du
boulevard Richard-Lenoir
et de la
station de metro parisien Richard-Lenoir
.
- Memoire pour les filatures et fabriques de coton
, Paris, A. Bailleul, 1814.
- ↑
Etoffe croisee dont la chaine est en fil et la trame en coton.
- ↑
Etoffe formee de deux tissus appliques l’un sur l’autre et unis par des points formant des dessins.
- ↑
J. B. Richard,
Le veritable conducteur aux Cimetieres du Pere La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard
, Paris, Terry,
(
lire en ligne
)
,
p.
197-198
- ↑
Paul
Bauer
,
Deux siecles d'histoire au Pere Lachaise
, Memoire et Documents,
, 867
p.
(
ISBN
978-2-914611-48-0
)
,
p.
500
- ↑
Domenico
Gabrielli
,
Dictionnaire Historique du cimetiere du Pere-Lachaise
XVIII
e
et
XIX
e
siecles
, Ed. de l'Amateur,
, 334
p.
(
ISBN
978-2-85917-346-3
)
,
p.
198
Sur les autres projets Wikimedia :