John Wilkes
(
?
) est un
homme politique
et
journaliste
britannique
. Membre du Parlement de Westminster,
Lord-Maire de Londres
, son nom reste attache aux scandales et aux emeutes que provoquerent ses articles et ses combats pour la liberte de la presse, l'inviolabilite parlementaire et le droit des classes moyennes a elire leurs representants.
Il fut a l'origine d'une celebre affaire sous le regne de
George III
connue en France sous le nom d'affaire Wilkes, ou pour la distinguer de la ≪ seconde affaire Wilkes ≫, affaire des Imprimeurs ou affaire du
North Briton
. Elle s'inscrit dans un contexte de mecontentement populaire a Londres aux lendemains de la
Guerre de Sept Ans
. Elle revela les intentions du roi George III d'affirmer son pouvoir, apres la relative faiblesse de ses deux predecesseurs.
Fils d'artisan distillateur londonien, John Wilkes manifesta tres tot le gout du scandale et epousa des opinions politiques
radicales
. Son genre de vie tres critique le rapprocha de milieux politico-libertins clandestins en activite a
Londres
dans les
annees 1750
, et en particulier le sulfureux
Hellfire Club
. En 1757, apres un premier echec, il est elu a la Chambre des communes par les electeurs d'
Aylesbury
.
En 1762, partisan de
William Pitt l'Ancien
, ministre de la guerre, qui venait de demissionner, il fonde le journal
The North Briton
pour defendre ses vues et un programme radical proche du groupe
whig
de la tendance de Sir
Francis Dashwood
. Il etait franc-macon
[
1
]
.
Dans les premiers numeros de
The North Briton
, il multiplie les attaques virulentes contre le gouvernement et en particulier contre
lord Bute
, premier ministre d'origine ecossaise percu par une partie de l'opinion comme un intrigant etranger. Mais bientot, dans le quarante-cinquieme numero, c'est la personne meme du roi qui est prise pour cible, surtout parce que William Pitt avait ete congedie assez brutalement. Wilkes est poursuivi pour outrage au roi et ≪ libelle seditieux ≫, juge, incarcere a la
tour de Londres
. Nombre de ses amis politiques l'abandonnent. Cependant, son proces occupe les esprits de tous les Londoniens. Une partie des couches moyennes et populaires de la ville s'indigna du sort qui lui etait reserve et des emeutes ? les emeutes wilkesites ? eclaterent en
1763
. Il fut tres vite libere a la faveur de ce mouvement d'adhesion populaire qui connut bien des debordements. Le peuple le porte en triomphe. Un slogan apparait, ≪
Wilkes & Liberty
≫, et la
caricature
gravee par
William Hogarth
, loin de l'atteindre, le rend encore plus populaire
[
2
]
.
Apres un exil francais, ou il est
accueilli triomphalement
[ref. necessaire]
par les hommes de lettres proches du ≪ parti philosophique ≫, il rentre clandestinement a Londres et se relance dans la vie politique. Car en 1768 se tiennent des elections pour le renouvellement de la Chambre des Communes. Il est reelu cette annee-la, a une large majorite, par le comte de Middlesex qui comprend une grande partie de la population ouvriere de Londres. Le peuple manifeste sa solidarite avec son elu et se rassemble aux Champs Saint-Georges. Tous les jours, la foule s’y presse. Le
, les esprits s’echauffent, les forces de l’ordre en faible nombre perdent leur sang-froid et font feu. Une dizaine de personnes sont mortellement blessees. Cet evenement qui prend valeur de symbole est connu sous le nom de
Massacre du Champ de Saint-Georges
.
Le calme est retabli mais Wilkes demeure en prison. A la fin de l'annee 1768, il redige un pamphlet selon lequel
Grafston
porte la responsabilite pleine et entiere de la fusillade. Ce dernier demande l’exclusion de Wilkes des Communes. Par trois fois, le Parlement invalide l’election de Wilkes qui est reelu par deux fois.
La troisieme fois, Grafston demande au colonel Luttrel de se presenter contre Wilkes et en quelque sorte de se sacrifier. L’invalidation est renouvelee le
. Cet acte du Parlement a profondement choque l’opinion des Londoniens. Bien des Britanniques estiment que le Parlement s’est discredite, s’est compromis avec le pouvoir royal. La liberte des electeurs semble avoir ete bafouee. Cette seconde affaire est a l'origine de la creation de l'ephemere Societe du
Bill of Rights
.
Durant les annees 1770, il soutient les revendications, sans en saisir peut-etre la portee, des
Insurgents
americains. Ce sera l'occasion pour lui de rencontrer
Beaumarchais
et
Arthur Lee
en
.
Son action theatrale souleve la question d'une reforme parlementaire et des limites des prerogatives royales face a la Chambre des Communes. Wilkes apparait alors comme le ≪ champion de la liberte ≫, demagogue qui beneficie du soutien des classes moyennes et qui recueille les faveurs du petit peuple de Londres, boutiquiers et artisans. Il incarne la perseverance contre un systeme politique percu comme soumis aux regles du clientelisme et de la corruption.
Dans les annees 1780, Wilkes se range dans le camp de la tradition, il defend ainsi, les armes a la main, son quartier face aux emeutiers, lors des
Gordon Riots
.
- Peter Ackroyd
,
Londres, la biographie
, traduction de Bernard Tulre, Stock, 2003.
- Bernard Cottret
(dir.),
Histoire des iles britanniques du
XVI
e
au
XVIII
e
siecles
, A. Colin, Paris, 2005.
- Bernard Cottret
,
Histoire de l'Angleterre. De
Guillaume le Conquerant
a nos jours,
Paris, Tallandier,
.
- George Rude,
(en)
Wilkes and Liberty: A Social Study of 1763 to 1774
, Clarendon Press, Oxford, 1962.
- Correspondence of the late John Wilkes with his friends
, London, 1805, 5 tomes.
- Lettre de
Denis Diderot
a Wilkes, Paris,
,
Œuvres completes de Diderot
, edition Assezat-Tourneux, Paris, Garnier, 1876, vol. XIX,
p. 498-500
.
- Tugdual de Langlais,
L'armateur prefere de Beaumarchais Jean Peltier Dudoyer, de Nantes a l'Isle de France
, Ed. Coiffard, 2015, 340 p.
(
ISBN
9782919339280
)
.
- ↑
Notice
sur
freemasons-freemasonry.com
.
- ↑
[Catalogue d'exposition]
William Hogarth
, Paris, Hazan, 2006,
pp.
232-233
.
Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes
: