Jeong Yak-yong
, souvent simplement connu sous le nom de
Dasan
(茶山, 茶山, la montagne du the), est un des plus grands penseurs coreens, savant en sciences pratiques, philosophe, technologiste, ecrivain, poete de la derniere partie de la periode de
Joseon
. Il est ne le 5 aout 1762 dans le district de
Namyangju
et mort le
. Il a ecrit des livres de philosophie, de science et sur les theories de gouvernement. Haut fonctionnaire, il etait un confident du roi
Jeongjo
(1752-1800) et a ecrit des poemes. Ses positions philosophiques le font appartenir a l'ecole du
Silhak
(l'apprentissage pratique), ses preoccupations suivent des themes
neoconfucianistes
. Il passa 18 ans de sa vie en exil a
Gangjin
(Jeolla du Sud) entre 1801 et 1818 a cause de son appartenance a la
Faction meridionale
(namin) et a cause du catholicisme de son frere aine.
Il fait partie des Jeong de
Naju
, la ville du
Jeolla du Sud
dont son clan est originaire. A sa naissance, il recoit le nom de courtoisie de Gwinong (歸農) puis de Miyong (美容, 美庸) et Songbu. A part Dasan, il a utilise aussi d'autres noms de plume : Saam (沙巖, 俟菴), Tagong (濁옹, ?翁), Taesu (태수, 苔?), Jahadoin (자하도인, 紫霞道人), Cheolmasanin (철마산人, 鐵馬山人) et Yeoyudang (與猶堂, le nom de sa maison). Mundo (門도, 文度) est son pseudonyme pour la poesie.
Chaque generation de la famille de Dasan a obtenu des postes a la cour royale depuis le premier d'entre eux, Jeong Ja-geup (1423-1487) jusqu'aux derniers, Jeong Si-yun (1646-1713) et Jeong Do-bok (1666-1720) qui perdent leur pouvoir en 1694 car leur famille faisait partie de la faction des meridionaux.
Dasan nait en 1762. C'est l'annee ou le
prince Sado
est execute sous les ordres de son pere le roi
Yongjo
. Le pere de Dasan est tellement choque qu'il demissionne de son poste de maire de
Jinju
pour retourner dans ses domaines du village de Mahyeon. C'est pour cela que Dasan recoit le surnom de Gwinong (retour a l'agriculture) et qu'il obtient une education profonde de la part de son pere.
A 14 ans, il epouse Hong Hwabo et demenage a
Seoul
ou il fait la connaissance des textes de
Yi Ik
(1681-1764), un maitre a penser du
silhak
, un mouvement pronant des reformes sociales pour s'adapter aux rapides changement de la societe. Il passe ses
examens
(chinsagwa) en 1783 ce qui lui permet d'entrer a l'academie confuceenne nationale (
Seonggyunggwan
) ou l'objectivite de ses reponses impressionne le roi
Jeongjo
. En 1789, il passe avec brio l'examen du daegwa et obtient une place au bureau des decrets royaux en meme temps que cinq autres membres de la faction des meridionaux. Cette montee en puissance inquiete les partisans de la
vieille ecole
(noron) qui realisent rapidement a quel point ceux-ci sont influences par les idees du silhak mais aussi par le
catholicisme
.
Au service du roi, Dasan est d'abord charge de superviser la construction de la
forteresse de Hwaseong
, un batiment devant servir a abriter les restes du pere du roi Jeongjo, le
prince Sado
. Il y utilise une architecture et des techniques nouvelles, prenant inspiration dans des sources europeennes, chinoises et japonaises. Il est ensuite inspecteur royal secret dans le
Gyeonggi
pour des affaires de corruption. A partir de 1795, les tensions entre les factions devenant plus grandes et alors que ses ennemis l'accusent de soutenir les catholiques, il accepte des postes en province, d'abord a
Kumjong
puis a
Koksan
dans le
Hwanghae
.
Pendant l'ete 1800, le roi Jeongjo meurt subitement et sa veuve, la reine douairiere
Jeongsun
assure la regence. Appartenant au clan des Kim de
Gyeongju
et a la faction de la vieille ecole, elle s'oppose aux reformistes et aux catholiques, consideres comme des traitres et des ennemis de l'etat. Au printemps de 1801, le frere de Dasan,
Jeong Yak-jong
, un dirigeant de la nouvelle communaute catholique, est arrete et execute tout comme son fils Jeong Cheol-sang. Dasan est envoye a la forteresse de Janggi a
Pohang
. Interroge et torture, il est reconnu comme n'etant pas catholique et a droit a la vie sauve. Cependant, il doit s'exiler a
Gangjin
, tout d'abord dans une petite taverne. Il fait alors la connaissance de la vie des paysans demunis et de leur persecution. Cette experience a un profond impact sur son œuvre. Ensuite, a partir de 1808, il peut s'installer dans une maison dominant le port de Gangjin et sa baie. Le nom de la colline etait Dasan (la montagne du the) et c'est de la qu'il tire son nom de plume pour les œuvres qu'il a ecrites dans son exil. Entoure d'etudiants qui logeaient dans une maison proche de la sienne, il est alors tres prolifique, ecrivant 500 livrets. Il se concentre d'abord sur ≪ le classique des changements ≫ (
Yi Jing
), redigeant le ≪ Chuyeoksajeon ≫ en 1808. Il continue en 1809 par une reflexion sur ≪
les classiques de la poesie
≫. Il publie ses travaux les plus importants a son retour d'exil : ≪ Heumheumsinseo ≫ (1819) sur la jurisprudence, ≪ Aeongakbi ≫ (1819) sur la linguistique, ≪ Sadekoryesanbo ≫ (1820) sur la diplomatie, ≪ Mokminsimseo ≫ (牧民心書, 牧民心書) sur l'art de gouverner et ≪ Gyeongsesiryeong ≫ (1822) sur l'administration. Il ecrit egalement un livre sur le traitement de la rougeole et de la variole, ≪ Magwahwetong ≫. Meme s'il est autorise a revenir vivre dans sa maison familiale pres de Seoul, il ne parvient pas a retrouver une place au service du gouvernement. Il continue d'ecrire, utilisant cette fois le pseudonyme de Yeoyudang, le nom de sa maison d'alors. Il meurt au printemps 1836, a son soixantieme anniversaire de mariage. Les sources principales pour sa biographie sont deux versions de son epitaphe, ≪ Jachan myojimyeong ≫, et ≪ Saam seonsaeng yeonbo ≫, une chronologie composee par son arriere-petit-fils, Jeon Gyu-yeong.
A
Namyangju
, sa tombe et le Yeoyudang, sa maison natale, ont ete preserves.
[1]
A
Gangjin
, le Dasan Chodang a ete classe site historique n° 107 ; il existe aussi un musee en son honneur.
[2]
Dasan est connu pour avoir synthetise les pensees
neoconfucianistes
du milieu de la periode Joseon. Pour cela, il a ecrit sur les lois, la theorie politique et les classiques du confucianisme coreen. Il a essaye de retrouver une connexion directe avec la pensee originale de
Confucius
. Il a appele ce retour aux sources le
susa
(搜査, 洙泗), en reference aux deux fleuves qui coulent dans le pays de Confucius.
Au niveau de la gouvernance, Dasan pensait que le gouvernement et l'administration devaient jouer un role important dans la lutte contre la pauvrete. Il souligne l'importance pour les dirigeants de gouverner le peuple avec integrite et justice. Au service de cette idee, il critique les penseurs contemporains qui s'engagent dans des debats trop theoriques et demande que les examens pour le service civil national (
gwageo
) soient adaptes en consequence.
- L'art de gouverner, traduit par Philippe Thiebault, Autre temps, 2007. (牧民心書).
(
ISBN
9782845212978
)
.
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