Jean Simeon Chardin

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Jean Simeon Chardin
Autoportrait aux besicles (1771), pastel, 46 × 38 cm, Paris , musee du Louvre .
Biographie
Naissance
Deces
Nom de naissance
Jean Baptiste Simeon Chardin Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalite
Francaise
Formation
Activites
Periode d'activite
Conjoint
Marguerite Pouget ( d ) (a partir de ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Pierre Jean-Baptiste Chardin ( d ) Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maitre
Genres artistiques
Œuvres principales

Jean Simeon Chardin [ 1 ] , [ 2 ] , ne le a Paris , mort dans la meme ville le , est considere comme l'un des plus grands peintres francais et europeens du XVIII e  siecle. Il est surtout reconnu pour ses natures mortes , ses peintures de genre et ses pastels .

Biographie [ modifier | modifier le code ]

La Raie (1728), Paris , musee du Louvre .
Le Chateau de cartes , Washington , National Gallery of Art .

Formation [ modifier | modifier le code ]

Jean Simeon Chardin nait a Paris le , d'un pere artisan , fabricant de billards . Mis a part le fait qu'il a ete l'eleve du peintre d’histoire Pierre-Jacques Cazes [ 3 ] et qu'il a peut-etre ete conseille par Noel Nicolas Coypel , on n'a aucune certitude a propos de sa formation avant le , date a laquelle il est recu a l' Academie de Saint-Luc avec le titre de maitre ? titre auquel il renonca en 1729.

D'apres les freres Goncourt , Coypel aurait fait appel a Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, ce qui lui aurait donne le gout des natures mortes.

Il est probable que deux de ses tableaux, la Raie et Le Buffet , ont ete remarques par deux membres de l' Academie royale a l' Exposition de la Jeunesse , place Dauphine, en 1728 : Louis de Boullogne , Premier peintre du Roi , et Nicolas de Largillierre un des meilleurs peintres francais de natures mortes.

Ces deux tableaux sont les morceaux de reception de Chardin a l'Academie royale [ 4 ] , et se trouvent a present au musee du Louvre .

Entree a l'Academie [ modifier | modifier le code ]

Chardin devient ainsi peintre academicien ≪ dans le talent des animaux et des fruits ≫, c'est-a-dire au niveau inferieur de la hierarchie des genres reconnus .

La Serinette , dit aussi Une dame variant ses amusements (1750-1751), Paris , musee du Louvre .
La Fille de cuisine , Washington , National Gallery of Art .

La Raie fait l'objet d'une admiration et d'une fascination unanimes depuis le XVIII e  siecle. Notons que le Buffet est une des premieres œuvres datees de Chardin. Henri Matisse copia ces deux tableaux en 1896 ; ils se trouvent actuellement au musee Matisse du Cateau-Cambresis .

Chose rare chez Chardin, un animal vivant figure dans la Raie comme dans le Buffet . L'artiste peint tres lentement, revient sans cesse sur son travail, ce qui n'est guere compatible avec la representation d'animaux vivants. Il est aussi probable que Chardin ait redoute que l'on compare ses œuvres a celles des deux maitres du temps ≪ dans le talent des animaux ≫ : Alexandre-Francois Desportes (1661-1743) et Jean-Baptiste Oudry (1661-1755). Ce dernier avait precede Chardin a l'Academie de Saint-Luc en 1708 et a l'Academie royale en 1717.

L'annee 1731 est marquee par des evenements particulierement importants. Il epouse Marguerite Saintard sept ans apres un contrat de mariage passe avec elle. Le pere de l'artiste meurt peu apres, et son fils Jean Pierre nait en novembre. Cette meme annee, sous la direction de Jean-Baptiste van Loo (1684-1745), il participe a la restauration des fresques de la galerie Francois I er du chateau de Fontainebleau .

Dans son Abecedario (1749), un contemporain de Chardin, Pierre-Jean Mariette , rapporte l'anecdote suivante : Chardin faisant remarquer a un de ses amis peintres, Joseph Aved (1702-1766), qu'une somme d'argent meme assez faible etait toujours bonne a prendre pour un portrait commande quand l'artiste n'etait pas tres connu, Aved lui aurait repondu : ≪ Oui, si un portrait etait aussi facile a faire qu'un cervelas. ≫ L'artiste etait mis au defi de peindre autre chose que des natures mortes. Mais ce n'etait pas la seule raison de changer de registre. Mariette ajoute : ≪ Ce mot fit impression sur lui et, le prenant moins comme une raillerie que comme une verite, il fit un retour sur son talent, et plus il l'examina, plus il se persuada qu'il n'en tirerait jamais grand parti. Il craignit, et peut-etre avec raison, que, ne peignant que des objets inanimes et peu interessants, on ne se lassat bientot de ses productions, et que, voulant essayer de peindre des animaux vivants, il ne demeurat trop au-dessous de MM. Desportes et Oudry, deux concurrents redoutables, qui avaient deja pris les devants et dont la reputation etait etablie. ≫ . Il debuta les premiers tableaux a figure en 1733.

Sa femme Marguerite meurt en 1735 et sa fille Marguerite Agnes en 1737.

Maturite [ modifier | modifier le code ]

En 1744, Chardin epouse Francoise-Marguerite Pouget (1707-1791) [ 5 ] . Il a 45 ans, elle en a 37. Ils n'eurent pas d'enfant.

Bientot Chardin est protege et encourage par un personnage important, le marquis de Vandieres (1727-1781), futur marquis de Marigny et de Menars , directeur des Batiments de 1751 a 1773, frere de Madame de Pompadour , qui lui obtient une pension [ 6 ] .

≪ Sur le rapport que j'ai fait au Roy Monsieur de vos talents et de vos Lumieres, Sa Majeste vous accorde dans la distribution de ses graces pour les Arts, une pension de 500 livres, je vous en informe avec d'autant plus de plaisir, que vous me trouverez toujours tres dispose de vous obliger, dans les occasions qui pourront se presenter et qui dependront de moi a l'avenir. ≫

? Lettre du 7 septembre 1752.

En 1754, son fils Jean Pierre remporte le premier prix de l'Academie et entre a l' Ecole royale des eleves proteges . En 1757, il recoit son brevet pour aller poursuivre ses etudes de peinture a Rome . Enleve par des corsaires anglais au large de Genes en 1762, puis libere, Jean Pierre meurt en 1767 a Paris, a moins qu'il ne se soit suicide a Venise .

Il est nomme tresorier de l'Academie en 1755, et deux ans apres Louis XV lui accorde un petit appartement dans les Galeries du Louvre, ce dont il se montre tres fier. Marigny, dont la bienveillance a l'egard de Chardin ne se dementit jamais, est a l'origine de cet honneur rendu au peintre et l'en avertit lui-meme.

≪ Je vous apprends avec plaisir, Monsieur, que le Roy vous accorde le logement vacant aux Galeries du Louvre par le deces de S. Marteau, vos talents vous avaient mis a portee d'esperer cette grace du Roy, je suis bien aise d'avoir pu contribuer a la faire verser sur vous. Je suis, Monsieur, Votre tres humble et tres obeissant serviteur. ≫

? Lettre du 13 mars 1757.

Nature morte (vers 1760), Paris , musee du Louvre .

On imagine sans peine Chardin savourant avec delice l'annonce de cette distinction devant ses confreres, en pleine seance de l'Academie :

≪ M. Chardin, Conseiller, Tresorier de l'Academie, a fait part a la Compagnie de la grace honorable que le Roy lui a faitte en lui accordant un logement aux Galeries du Louvre. La Compagnie a temoigne de l'interest qu'elle prend a tous les avantages que son merite et ses talents lui procurent. ≫

? Proces verbal de la seance du 2 avril 1757.

L'inventaire apres deces des biens de Chardin revele que cet appartement comportait quatre chambres, une salle a manger, une cuisine, un corridor, une cave et une soupente sous l'escalier.

Tres occupe par ses fonctions de tresorier et par la responsabilite qui lui incombe de l'arrangement des tableaux pour le Salon de l'Academie (office dit de ≪ tapissier ≫ qui lui vaut des demeles avec Oudry), Chardin se consacre a nouveau a la nature morte depuis 1748. Il expose toujours des peintures de genre, mais cesse d'en creer : ce sont, la plupart du temps, des œuvres anterieures ou des variantes.

En 1760, Quentin de La Tour avait fait, au pastel, un portrait de Chardin (Paris, musee du Louvre) qui l'avait offert a l'Academie a l'occasion de sa demission de la charge de tresorier.

≪ Le Secretaire a ajoute que M. Chardin seroit flatte si l'Academie avoit agreable de lui permettre de placer en l'Academie son portrait peint au pastel par M. de la Tour (…). [L'Academie] a recu le don de son portrait avec action de graces, et Elle a prie M. le Moyne, ancien Directeur et M. Cochin, Secretaire, d'aller ches M. Chardin, de la part de la Compagnie, lui reiterer ses remerciements ≫

? Proces verbal de la Seance du 30 juillet 1774

Le , en presence de Chardin, ce portrait est accroche dans la salle des seances.

Conflit a l'Academie [ modifier | modifier le code ]

A sa mort, Madame de Pompadour avait, en quelque sorte, legue Boucher (1703-1770) a Louis XV qui en fit son Premier peintre en 1765 et le nomma directeur de l'Academie. Chardin quant a lui est recu a la suite d'un vote a l'unanimite, a l’ Academie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen comme associe libre.

Les attaques d'un Diderot , que sa morale bourgeoise frappe parfois de cecite esthetique, n'y font rien : Boucher est un grand peintre. Mais a la mort du ≪ favori de la favorite ≫, les tenants de la peinture d’histoire se dechainent. Charles-Nicolas Cochin le jeune [ 7 ] (1715-1790), grand ami de Chardin et jadis protege de Marigny, en sera la victime : force de demissionner de sa place de secretaire de l'Academie, il est remplace par Jean-Baptiste Marie Pierre (1714-1789), nouveau Premier peintre du Roi.

Marigny lui fait obtenir une pension de 200 livres par an pour ses responsabilites dans l'organisation du Salon du Louvre et l'accrochage des tableaux. ≪ J'ai obtenu du Roy, pour vous, Monsieur, 200 livres par an en consideration des soins et peines que vous prene lors de l'Exposition des tableaux du Louvre, Regarde ce petit avantage comme un temoignage du desir que j'ay de vous obliger [ 8 ] . ≫ , et en 1769, les epoux Chardin recoivent une rente viagere annuelle de 2 000  livres exempte d'impots ? rente augmentee de 400 livres l'annee suivante.

Louis XV meurt en 1774, mais depuis dix ans deja, M me de Pompadour n'etait plus a ses cotes pour orienter ses gouts. Cette meme annee, le comte d'Angivillier succede au frere de la favorite, protectrice des arts et des lettres, comme directeur et ordonnateur des Batiments du Roi. Les relations entre Chardin et lui sont extremement differentes de celles que le peintre entretenait avec le frere de M me de Pompadour. Il est meme possible de dire que Chardin doit faire face a un mepris teinte d'hostilite. Ainsi, lorsqu'en 1778, il exprime aupres de d'Angivillier son desir de percevoir les honoraires jadis affectes a sa charge de tresorier de l'Academie, il se heurte au dedain du comte.

C'est l'epoque ou la peinture de ≪ grand genre ≫, soutenue par d'Angivillier et Pierre, se tourne vers le neo-classicisme , mais Chardin souffre finalement assez peu de ces changements, et de toute facon, ses detracteurs ne parviennent pas a entrainer une desaffection du public cultive. Chardin est a la fois conscient de la haute maitrise dont temoigne son art, et du peu d'estime que l'on accorde aux peintres de nature morte  :

≪ Si j'osais, en finissant, Monsieur le Comte apres avoir parle des interets du Tresorier, stipuler aussi ceux du peintre, je prendrois la liberte d'observer au Protecteur des Arts que cette faveur rejailliroit en meme tems sur un artiste qui se plait a convenir a la verite que dans le courant de ses travaux, les bienfaits de sa Majeste l'ont aide a soutenir la peinture avec honneur, mais qui a malheureusement eprouve que les etudes longues et opiniatres qu'exige la nature, ne le conduisoient point a la fortune. Si cette capricieuse m'a refuse ses faveurs, Elle n'a pu me decourager, ni m'enlever l'agrement du travail. Mes infirmites m'ont empeche de continuer a peindre a l'huile, je me suis rejete sur le pastel qui m'a fait recueillir encore quelques fleurs, si j'ose m'en rapporter a l'indulgence du public. Vous meme, Monsieur le Comte, avez paru m'accorder votre suffrage aux precedens Salons, avant que vous en fussiez le premier ordonnateur et vous m'avez encourage dans cette carriere dans laquelle je me suis montre plus de 40 annees. ≫

? Lettre du 28 juin 1778, fautivement datee par Chardin du 21 juin.

Autoportrait a l'abat-jour et aux lunettes (1775), pastel, Paris , musee du Louvre .

Dans sa reponse, d'Angivillier fait remarquer que Chardin percevait une somme deja plus importante que les autres ≪ officiers ≫ (ceux qui ont un office, c'est-a-dire une charge, un emploi) dans le cadre de l'Academie. Mais surtout il reprend a son compte l'idee, qui n'avait presque plus cours chez les veritables amateurs d'art, que la peinture de natures mortes demande moins d'etudes et de travail que la peinture d’histoire. En consequence, il considere que ce fut une erreur de remunerer aussi largement Chardin, qui devrait s'estimer bien heureux que le roi lui ait attribue un logement.

≪ Si vos ouvrages prouvent les soins qui vous ont merite une reputation dans un genre, vous deves sentir que l'on doit la meme justice a vos confreres, et vous deves convenir qu'a travail egal vos etudes n'ont jamais comporte les frais aussi dispendieux ny des pertes de temps aussi considerables que celles de MM. Vos confreres qui ont suivi les grands genres. L'on peut meme leur savoir gre du desinteressement, car si leurs pretentions se montoient en raison de leur fatigue, l'administration ne seroit pas en mesure de les satisfaire. ≫

? Lettre du 21 juillet 1778.

A aucun moment d'Angivillier ne suppose que l'absence de revendications de la part des autres membres de l'Academie puisse etre simplement due a une reconnaissance du genie de Chardin dont les œuvres transcendant l'archaique classement en ≪ genres ≫. Au debut des annees 1770 Chardin se consacre au pastel, ce qu'il explique notamment par des raisons de sante, dans une correspondance avec le comte d'Angivillier .

Portrait de Madame Chardin (1775), pastel, Paris , musee du Louvre .

Fin de carriere [ modifier | modifier le code ]

En 1772 Chardin commence a etre gravement malade. Il souffre probablement de ce que l'on appelait ≪ la maladie de la pierre ≫, c'est-a-dire de coliques nephretiques . A cause de l'age et de la maladie, le , il demissionne de sa charge de tresorier de l'Academie et meurt le , a 9 heures du matin a Paris dans son appartement des galeries du Louvre . Il est inhume dans l' eglise voisine Saint-Germain-l'Auxerrois .

Par l'inventaire apres deces, nous savons que le menage Chardin etait a l'aise financierement. Toutefois, Madame Chardin demande une part de reversion des rentes de son mari. On ne peut, cette fois, reprocher a d'Angivillier son refus :

≪ Mais quoiqu'il y ait eu, en effet, quelques exemples de veuves d'artistes qui ont obtenu des pensions apres la mort de leurs maris, je trouve que c'etoient des ou des veuves d'artistes qui etoient morts specialement au service du roy, ou quelques-unes qui, par la suite de la mort de leur mari, restoient dans un etat de detresse telle que l'honneur des arts de l'Academie exigeoit en quelque sorte que l'on vint a leur secours. M. Chardin s'est fait une reputation meritee et dans le public et dans l'Academie, mais n'a pas eu le premier avantage, parce que la nature de son talent, quoique eminent, ne le comportoit pas. Je suis assure que le second cas ne vous est pas applicable, et votre delicatese refuseroit surement un bienfait du roi a ce titre. ≫

Document [Lequel ?] des Archives nationales datant de 1779

Madame Chardin se retire chez un membre de sa famille. Elle meurt le .

L'Œuvre [ modifier | modifier le code ]

Les Scenes de genre : un defi remporte [ modifier | modifier le code ]

Les premiers tableaux a figures de Chardin ont ete peints en 1733 au plus tard. Chardin se rend compte qu'il ne peut pas vendre indefiniment des natures mortes. Il lui faut devenir maitre dans un autre genre pictural.

Une Femme occupee a cacheter une lettre (vers 1732), Potsdam , palais de Sanssouci .
Bulles de savon (1734), New York , Metropolitan Museum of Art .

Chardin se consacre donc aux scenes de genre , ce qui n'est pas sans difficultes pour lui. Les amateurs de peinture du XVIII e  siecle prisent, plus que tout, l'imagination. Or, c'est la faculte qui faisait le plus defaut a Chardin. Il a du mal a composer ses tableaux, et c'est ce qui explique en partie que lorsqu'il trouve, apres de longues et patientes recherches, une structure qui lui convient, il la reproduit dans plusieurs œuvres. Cette periode de la vie de Chardin s'ouvre sur deux pieces maitresses :

  • Une Femme occupee a cacheter une lettre (146 × 147  cm , Potsdam , palais de Sanssouci . Ce tableau est expose place Dauphine en 1734, et le Mercure de France le decrit ainsi : ≪ Le plus grand represente une jeune personne qui attend avec impatience qu'on lui donne de la lumiere pour cacheter une lettre, les figures sont grandes comme nature. ≫
  • Une Femme tirant de l'eau a la fontaine , dit La Fontaine , ou encore La Femme a la fontaine (38 × 43  cm , Stockholm , Nationalmuseum ). Comme dans le tableau precedent, une ouverture dans le mur du fond, a droite, apporte de la clarte et montre une scene secondaire. Cependant aucun rapprochement n'est possible avec les tableaux hollandais : les interieurs de Chardin sont fermes et les fenetres sont tres rares [ 9 ] .

Chardin expose ce dernier tableau au Salon du Louvre en 1737, avec la Blanchisseuse de Stockholm , La Fillette au volant en collection particuliere et Le Chateau de cartes de Washington . Puis les expositions se succederont presque tous les ans jusqu'a sa mort.

Particulierement dans La Fillette au volant , Chardin ne veut pas donner d'impression de mouvement. Cette immobilite, par contre, semble naturelle dans Le Chateau de cartes , du fait meme du theme qui convient si bien a Chardin qu'il effectue quatre compositions avec peu de variantes sur ce sujet.

La Blanchisseuse (vers 1735), Saint-Petersbourg , musee de l'Ermitage .

Presente a Louis XV a Versailles en 1740 par Philibert Orry , surintendant des Batiments du Roi [ 10 ] et controleur general des Finances, Chardin offre deux tableaux au souverain La Mere laborieuse et Le Benedicite . Ce fut la seule rencontre de Chardin avec Louis XV.

Les natures mortes de la maturite [ modifier | modifier le code ]

Le Panier de fraises des bois .

Chardin se consacre a nouveau a la nature morte depuis 1748. Il expose toujours des peintures de genre, mais cesse d'en creer : ce sont, la plupart du temps, des œuvres anterieures ou des variantes.

Un canard col-vert attache a la muraille et une bigarade , collection privee, Paris
Nature morte avec carafe et fruits (1750), Karlsruhe , Staatliche Kunsthalle .

Il est protege et encourage par le marquis de Vandieres (1727-1781) frere de Madame de Pompadour , qui possedait, notamment, l'Ecureuse dit aussi la Recureuse (1738, 45,4 × 37  cm , Glasgow , Hunterian Museum and Art Gallery ), et la Serinette dit aussi Dame variant ses amusements (50 × 43,5  cm , 1751, Paris, collection privee).


Nature morte avec une tasse blanche (1764), 33,1 × 41,2  cm , huile sur toile, National Gallery of Art , Washington D.C .

Les natures mortes qu'il expose dans cette periode sont assez differentes des premieres. Les sujets en sont tres varies : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres, etc. Chardin semble s'interesser davantage aux volumes et a la composition qu'a un verisme soucieux du detail, voire des effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empatees. Il est plus attentif aux reflets, a la lumiere : il travaille parfois a trois tableaux a la fois devant les memes objets, pour capter la lumiere du matin, du milieu de journee et de l'apres-midi.

Le bocal d'olives (1760)
Raisins et Grenades (1763), Paris , musee du Louvre .

Durant cette periode le style de Chardin evolue :

≪ En un premier temps,l'artiste peint par larges touches qu'il dispose cote a cote sans les fondre entre elles (…) ; apres avoir pendant quelques annees, vers 1755-1757, multiplie et miniaturise les objets qu'il eloigne du spectateur, tente d'organiser des compositions plus ambitieuses, il accordera une place de plus en plus grande aux reflets, aux transparences, au ≪ fondu ≫; de plus en plus ce sera l'effet d'ensemble qui preoccupera l'artiste, une vision synthetique qui fera surgir d'une penombre mysterieuse objets et fruits, resumes dans leur permanence. ≫

? Pierre Rosenberg, catalogue de l'exposition de 1979, p.  296.

Retenons La Table d'office , dit aussi Partie de dessert avec pate, fruits, pot a oille [ 11 ] et Huilier (38 × 46  cm , Paris, musee du Louvre). Chardin propose ici une composition horizontale dans laquelle il multiplie des couleurs et les formes geometriques. Au musee des beaux-arts de Carcassonne , se trouve une nature morte de meme titre, memes dimensions, avec les memes objets.

Il peint aussi des compositions plus sobres, inscrites dans une figure ovale, avec des fruits, et ou l'accent porte sur les reflets, les jeux complexes de la lumiere. Par exemple, Le Bocal d'abricots (Ovale 57 × 51  cm , Toronto , Musee des beaux-arts de l'Ontario ), et Le Melon entame (Ovale 57 × 52  cm , Paris, collection particuliere [ 12 ] .

Nature morte, fleurs dans un vase (vers 1760-1763), Edimbourg , Galerie nationale d'Ecosse .


Il faut rappeler enfin Le Bocal d'olives (7I × 98  cm , Paris, musee du Louvre) dont Diderot disait qu'il fallait commencer par le copier pour apprendre le metier de peintre. Mais le mieux est de laisser la parole au philosophe :

≪ C'est que ce vase de porcelaine est de la porcelaine ; c'est que ces olives sont vraiment separees de l'œil par l'eau dans laquelle elles nagent, c'est qu'il n'y a qu'a prendre ces biscuits et les manger, cette bigarade l'ouvrir et la presser, ce verre de vin et le boire, ces fruits et les peler, ce pate et y mettre le couteau.
C'est celui-ci qui entend l'harmonie des couleurs et des reflets. O Chardin ! Ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c'est la substance meme des objets, c'est l'air et la lumiere que tu prends a la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile.
(…) On n'entend rien a cette magie. Ce sont des couches epaisses de couleur appliquees les unes aux autres et dont l'effet transpire de dessous en dessus. D'autres fois, on dirait que c'est une vapeur qu'on a soufflee sur la toile ; ailleurs une ecume legere qu'on y a jetee. Rubens , Berghem , Greuze , Loutherbourg vous expliqueraient ce faire bien mieux que moi ; tous en feront sentir l'effet a vos yeux. Approchez-vous, tout se brouille, s'aplatit et disparait ; eloignez-vous, tout se cree et se reproduit.
(…) Ah ! Mon ami, crachez sur le rideau d' Apelle et sur les raisins de Zeuxis . On trompe sans peine un artiste impatient et les animaux sont mauvais juges en peinture. N'avons-nous pas vu les oiseaux du jardin du Roi se casser la tete contre la plus mauvaise des perspectives ? Mais c'est vous, c'est moi que Chardin trompera quand il voudra. ≫

Salon de 1763

La Brioche (1763), Paris , musee du Louvre .

Le temps des pastels [ modifier | modifier le code ]

Il faut faire une place a part au pastel dans l'œuvre de Chardin. Cet art, deja pratique par Leonard de Vinci et Hans Holbein [Lequel ?] , prend son essor au XVI e  siecle, notamment avec les portraits de la famille royale par Quentin de La Tour (1704-1788). Peut-etre est-ce lui qui a donne le gout de cette technique a Chardin, son ami.

Chardin doit faire face a un mepris teinte d'hostilite du nouveau directeur des Batiments du Roi, le comte d'Angivillier . C'est dans ce contexte, et malgre ses ennemis, que Chardin s'impose aupres des amateurs par ses pastels, ultimes joyaux de son art. Aux Salons de 1771, 1773, 1775, 1777, 1779 il expose des autoportraits , des portraits de sa femme, des tetes de vieillards, des tetes d'enfants, des tetes d'expression [ 13 ] , et une copie de Rembrandt .

Chardin connait le succes avec ces dessins dans lesquels il fait preuve de bien plus de maitrise que dans ses quelques portraits a l'huile. ≪ C'est un genre auquel on ne l'avait point vu encore s'exercer, et que, dans ses coups d'essais, il porte au plus haut degre ≫ , ecrit un critique dans l'Annee litteraire , en 1771.

Deja les connaisseurs avaient remarque que, dans ses peintures a l'huile, l'artiste juxtaposait les pigments plutot qu'il ne les melangeait sur la palette.

Ainsi, l'abbe Guillaume-Thomas-Francois Raynal (1713-1796, dans sa Correspondance litteraire , ecrit en 1750 : ≪ Il place ses couleurs l'une apres l'autre sans presque les meler de sorte que son ouvrage ressemble un peu a la mosaique de pieces de rapport, comme la tapisserie faite a l'aiguille qu'on appelle point carre. ≫

Le pastel permet a Chardin d'approfondir cette technique. Quant aux couleurs, elles s'imposent a l'artiste dans leur relation.

En effet, le probleme n'est pas de savoir s'il y a du bleu ou du vert sur tel visage reel, mais s'il en faut dans le portrait. Un demi-siecle avant que les theories d' Eugene Chevreul (1786-1899) n'influencent les impressionnistes , il developpe dans ses pastels l'art du melange optique des teintes, et de la touche hachuree qui accroche la lumiere. Par-dessus ses besicles, dans son Autoportrait de 1771 (Paris, musee du Louvre), le doux et malicieux regard du ≪ Bonhomme Chardin ≫ invite l'amateur, non pas a scruter l'ame du peintre, mais a revenir sur l'œuvre meme, pour observer, etudier sans cesse les audaces picturales qui conferent une vie fascinante a son visage.

≪ Des trois couleurs primitives se forment les trois binaires [ 14 ] . Si au ton binaire vous ajoutez le ton primitif qui lui est oppose, vous l'annihilez, c'est-a-dire vous en produisez la demi-teinte necessaire. (…) De la, les ombres vertes dans le rouge. La tete des deux petits paysans. Celui qui etait jaune avait des ombres violettes ; celui qui etait le plus sanguin et le plus rouge, des ombres vertes. ≫

Eugene Delacroix , Journal , annee 1852

Chardin aurait pu ecrire, s'il avait ete theoricien, ces notes extraites des Carnets de voyage au Maroc de Delacroix (1832)… comme il aurait pu lui aussi declarer que ≪ l'ennemi de toute peinture est le gris ≫ .

Au Salon du Louvre du , Chardin expose ses derniers pastels. Mesdames ? ainsi nommait-on les filles de Louis XV ? connaissaient et appreciaient Chardin : pour leur demeure de Bellevue, il avait peint en 1761 deux dessus de portes, Les Instruments de la musique guerriere , et Les Instruments de la musique civile . L'une d'elles, M me Victoire, se laisse tenter par un portrait de Jacquet (c'est-a-dire de jeune laquais):

≪ On a beaucoup parle de la richesse du dernier salon. La reine [ 15 ] et toute la famille royale voulurent le voir et en marquerent leur satisfaction. Un des morceaux qui fit le plus de plaisir a Mme Victoire, dont le suffrage eclaire fait l'ambition des meilleurs artistes, fut un petit tableau de M. Chardin representant un petit Jacquet . Elle fut si frappee de la verite de cette figure que des le lendemain, cette princesse envoya au peintre, par M. le comte d'Affry, une boite en or, comme un temoignage du cas qu'elle faisait de ses talents. ≫

Necrologe des Hommes Celebres , t.  XV , 1780 [ 16 ]

Sans doute M me Victoire a-t-elle voulu acheter le pastel ; Chardin le lui a offert, et le lendemain elle lui a fait parvenir une tabatiere en or.


La Diffusion des œuvres [ modifier | modifier le code ]

Antoine Pesne , Frederic II de Prusse (vers 1745).

L'œuvre de Chardin a ete largement diffusee de son vivant aupres de nombreux collectionneurs. La liste des differents proprietaires de ses tableaux, tres loin d'etre exhaustive, n'est ici presente que pour donner un apercu de la tres haute estime dans laquelle Chardin etait tenu par ses contemporains.

Parmi les princes, on peut citer Louise-Ulrique de Prusse , reine de Suede, Louis XV , Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt , Catherine II de Russie , Frederic II de Prusse et Joseph-Wenceslas (prince de Liechtenstein) . Dans la noblesse Pierre-Louis Eveillard , marquis de Livois et le Chevalier Antoine de Laroque possedaient plusieurs tableaux.

Reconnu egalement par ses pairs, plusieurs artistes firent l'acquisition de ses œuvres, tels que son ami Joseph Aved dont il fit le portrait, le sculpteur Jean-Baptiste Pigalle , le peintre et graveur Jacques Augustin de Silvestre [ 17 ] , le directeur du Musee Napoleon Vivant Denon et le peintre Jean-Baptiste Marie Pierre .

Gravures et poemes [ modifier | modifier le code ]

Avant le XIX e  siecle et en dehors des expositions et Salons qui, de toute facon, ne duraient guere, peu de personnes pouvaient contempler des tableaux, hormis dans les lieux de culte. La gravure, mode de reproduction autant que moyen d'expression pour de grands artistes, comme Rembrandt , fut egalement un mode de reproduction et diffusion d'une extreme importance depuis la fin du XIV e  siecle jusqu'a l'invention de la photographie en 1839 par Daguerre .

Au XVIII e  siecle particulierement, les collectionneurs se plaisaient a faire reproduire ainsi les œuvres de leurs collections particulieres. Les tableaux de Jean-Baptiste Greuze et de Chardin (les peintures de genre) sont sans doute ceux qui, en ce siecle, ont donne lieu au plus grand nombre de gravures. Mariette en temoigne dans son Abecedario  : ≪ Les estampes qu'on a gravees d'apres les tableaux de M. Chardin (…) sont devenues des estampes a la mode (…). Le gros public revoit avec plaisir des actions qui se passent journellement sous ses yeux dans son menage. ≫ Souvent une breve legende en vers accompagne l'image. En voici quelques exemples :

Une Femme occupee a cacheter une lettre , grave par Etienne Fessard .

≪ Hate-toi, Frontain : vois ta jeune Maitresse,
Sa tendre impatience eclate dans ses yeux ;
Il lui tarde deja que l'objet de ses Vœux
Ait recu ce Billet, gage de sa tendresse.
Ah ! Frontain, pour agir avec cette lenteur
Jamais le Dieu d'Amour n'a donc touche ton cœur. ≫

≪ Contemple bien Garcon
Ces petits globes de Savon :
Leur mouvement si variable
Et leur eclat si peu durable
Te feront dire avec raison,
Qu'en cela mainte Iris leur est assez semblable. ≫

Une Dame qui prend du the
grave par Pierre Filloeul .

≪ Que le jeune Damis seroit heureux, Climene,
Si cette bouillante liqueur,
Pouvoit echauffer votre cœur,
Et si le sucre avait la vertu souveraine
D'adoucir ce qu'en votre humeur
Cet amant trouve de rigueur. ≫

  • Le Chateau de cartes ou Le Fils de M. Le Noir s'amusant a faire un chateau de cartes [ 21 ] , grave par Pierre Filloeul :

≪ Vous vous moquez a tort de cet adolescent
Et de son humble ouvrage
Prest a tomber au premier vent
Barbons dans l'age meme ou l'on doit etre sage
Souvent il sort de nos serveaux (sic)
De plus ridicules chateaux. ≫

  • Et parfois, le graveur lui-meme est l'auteur de l'epigramme. Ainsi de la gravure d'apres ce meme tableau, par Francois-Bernard Lepicie (1698-1755) :

≪ Aimable Enfant que le plaisir decide,
Nous badinons de vos freles travaux :
Mais entre nous, quel est le plus solide
De nos projets ou bien de vos chateaux. ≫

Eleves [ modifier | modifier le code ]

Opinion critique [ modifier | modifier le code ]

Le regard du XIX e  siecle : Chardin, peintre des vertus bourgeoises [ modifier | modifier le code ]

Benedicite (1740), Paris , musee du Louvre . Il en existe plusieurs variantes, comme celle de l'Ermitage .

Le Benedicite (49,5 × 38,5  cm , Paris, musee du Louvre) et la Mere laborieuse (49 × 39  cm , meme musee) sont tombes dans l'oubli dix ans apres la mort de Louis XV, puis ont ete redecouverts en 1845 : le siecle bourgeois apprecie les representations des vertus bourgeoises qu'il oppose a la dissolution supposee generale des mœurs de la noblesse.

L'auteur anonyme d'un article du volume XVI du Magasin Pittoresque ecrit en 1848 : ≪ A Watteau les dejeuners sur l'herbe, les promenades au clair de lune, la capricieuse beaute du jour avec l'elegant cavalier de son choix, les danses sous la feuillee des bergeres et des bergers titres ; mais a Chardin l'honnete et paisible interieur, la mere qui brosse l'habit de son fils avant de l'envoyer a l'ecole, la mere apprenant a begayer le nom de Dieu a sa petite couvee. Il imite le calme avec calme, la joie avec joie, la dignite avec dignite. Il semble qu'un siecle ne puisse contenir deux histoires si differentes ; cependant elles se cotoient. Chacune a eu son historien, tous deux hommes de genie. Le brillant chatoiement de Watteau a trop souvent eclipse la douce clarte de Chardin. Ebloui par l'agacante coquetterie de la marquise, a peine s'arrete-t-on devant l'humble bourgeoise ; et pourtant, quel plus doux mystere que cette suave peinture renfermant les vrais tresors de la vie humaine : honneur, ordre, economie ! ≫ Et si l'auteur, dans le meme passage, parle de Chardin comme d'un poete aux doux coloris, ce n'est qu'un bref intermede avant de s'emerveiller devant la representation de son ideal feminin :

≪ Elle est le type de ces milliers d'autres femmes auxquelles les hommes rigides, honnetes, confient leur honneur, leur joie, leur nom, leurs enfants, et dont la presence est une benediction pour le seuil qu'elles ont une fois passe. ≫

La Fillette au volant (1741), Florence , Galerie des Offices .

Le lien avec le role des estampes se fait tout naturellement sitot que l'on sait que la sortie de chaque nouvelle gravure d'apres un tableau de Chardin est la source d'un commentaire, generalement elogieux, dans le Mercure de France . Toutefois, ce n'est pas dans ce periodique qu'il convient de puiser quelques critiques.

La Font de Saint-Yenne (1688-1776), Reflexions sur quelques causes de l'Etat present de la Peinture en France , 1747 :

≪ J'aurais du parler du Sieur Chardin dans le rang des peintres compositeurs et originaux. On admire dans celui-ci le talent de rendre avec un vrai qui lui est propre et singulierement naif, certains moments dans les actions de la vie nullement interessants, qui ne meritent par eux-memes aucune attention, et dont quelques-uns n'etaient dignes ni du choix de l'auteur ni des beautes qu'on y admire : ils lui ont fait cependant une reputation jusque dans le pays etranger. Le public avide de ses tableaux, et l'auteur ne peignant que pour son amusement et par consequent tres peu, a recherche avec empressement pour s'en dedommager les estampes gravees d'apres ses ouvrages. Les deux portraits au Salon, grands comme nature, sont les premiers que j'ai vus de sa facon. Quoi qu'ils soient tres bien, et qu'ils promettent encore mieux, si l'auteur en faisait son occupation, le public serait au desespoir de lui voir abandonner, et meme negliger un talent original et un pinceau inventeur pour se livrer par complaisance a un genre devenu trop vulgaire et sans l'aiguillon du besoin. ≫

Anonyme, ≪ Eloge historique de M. Chardin ≫, dans Le necrologue des Hommes illustres , 1780 :

≪ Son premier maitre fut la nature : il avait porte en naissant l'intelligence du clair-obscur, et il s'attacha de bonne heure a perfectionner ce talent si rare, persuade que c'est la couleur qui fait tout le charme de l'imitation, et qui donne a la chose imitee un prix qu'elle n'a pas souvent dans la realite. Cette exactitude l'empecha sans doute de s'elever au genre de l'Histoire, qui exige plus de connaissances, une imagination plus vaste, plus d'effort, de genie, et plus de details que tous les autres genres, ou, pour mieux dire, qui les reunit tous. Il se borna a un seul, preferant d'etre le premier dans un genre inferieur, que d'etre confondu dans la foule des Peintres mediocres dans un genre plus eleve ; aussi sera-t-il toujours regarde comme un des plus grands Coloristes de l'Ecole Francaise. ≫

Charles Nicolas Cochin , 1715-1790, Essai sur la vie de M. Chardin , 1780 :

≪ Ces tableaux lui coutaient beaucoup de temps, parce qu'il ne se contentait pas d'une imitation prochaine de la nature, qu'il y voulait la plus grande verite dans les tons et dans les effets. C'est pourquoi il les repeignait jusqu'a ce qu'il fut parvenu a cette rupture de tons que produit l'eloignement de l'objet et les renvois de tous ceux qui l'environnent, et qu'enfin il eut obtenu cet accord magique qui l'a si superieurement distingue. (…) Aussi, quoiqu'en general son pinceau fut peu agreable et en quelque sorte raboteux, il etait bien peu de tableaux qui pussent se soutenir a cote des siens, et l'on disait de lui, comme de M.  Restout le pere , que c'etait un dangereux voisin. Ses tableaux avaient, de plus, un merite fort rare : c'etait la verite et la naivete, soit des attitudes, soit des compositions. Rien n'y paraissait amene expres ni pour grouper ni pour produire de l'effet ; et cependant toutes ces conditions etaient remplies avec un art d'autant plus admirable qu'il etait plus cache. Independamment du vrai et de la force du coloris, cette simplicite si naturelle charmait tout le monde. En general, le public est peu touche des efforts de genie qu'on fait pour trouver des effets et des tournures qu'on nomme pittoresques. A la verite, elles ont quelquefois un vrai merite ; mais trop souvent elles s'ecartent de la nature et manquent par la l'impression qu'on s'etait propose qu'elles fissent. C'est la verite et le naturel que le plus grand nombre cherche principalement : aussi M.  Chardin eut-il les plus grands succes dans toutes les expositions. ≫

Jules de Goncourt (a droite) avec son frere Edmond.

Edmond et Jules de Goncourt, ≪ Chardin ≫, dans Gazette des Beaux-Arts , 1864 :

≪ Chez lui, point d'arrangement ni de convention : il n'admet pas le prejuge des couleurs amies ou ennemies. Il ose, comme la nature meme, les couleurs les plus contraires. Et cela sans les meler, sans les fondre : il les pose a cote l'une de l'autre, il les oppose dans leur franchise. Mais s'il ne mele pas ses couleurs, il les lie, les assemble, les corrige, les caresse avec un travail systematique de reflets, qui, tout en laissant la franchise a ses tons poses, semble envelopper chaque chose de la teinte et de la lumiere de tout ce qui l'avoisine. Sur un objet peint de n'importe quelle couleur, il met toujours quelque ton, quelque lueur vive des objets environnants. A bien regarder, il y a du rouge dans ce verre d'eau, du rouge dans ce tablier bleu, du bleu dans ce linge blanc. C'est de la, de ces rappels, de ces echos continus, que se leve a distance l'harmonie de tout ce qu'il peint, non la pauvre harmonie miserablement tiree de la fonte des tons, mais cette grande harmonie des consonances, qui ne coule que de la main des maitres. ≫

Marcel Proust , ≪ Chardin et Rembrandt  ≫, ecrit en 1895 et publie en premier dans Le Figaro Litteraire , (ed. La Pleiade, Contre Sainte-Beuve , 1971, p.  373) :

≪ Si je connaissais ce jeune homme, je ne le detournerais pas d'aller au Louvre et je l'y accompagnerais plutot ; mais le menant dans la galerie Lacaze et dans la galerie des peintres francais du XVIII e  siecle, ou dans telle autre galerie francaise, je l'arreterais devant les Chardin. Et quand il serait ebloui de cette peinture opulente de ce qu'il appelait la mediocrite, de cette peinture savoureuse d'une vie qu'il trouvait insipide, de ce grand art d'une nature qu'il croyait mesquine, je lui dirais : Vous etes heureux ? Pourtant qu'avez-vous vu la ? qu'une bourgeoise aisee montrant a sa fille les fautes qu'elle a faites dans sa tapisserie ( la Mere laborieuse ), une femme qui porte des pains ( la Pourvoyeuse ), un interieur de cuisine ou un chat vivant marche sur des huitres, tandis qu'une raie morte pend aux murs, un buffet deja a demi degarni avec des couteaux qui trainent sur la nappe ( Fruits et Animaux ), moins encore, des objets de table ou de cuisine, non pas seulement ceux qui sont jolis, comme des chocolatieres en porcelaine de Saxe ( Ustensiles varies ), mais ceux qui vous semblent le plus laids, un couvercle reluisant, les pots de toute forme et toute matiere ( la Saliere, l'Ecumoire ), les spectacles qui vous repugnent, poissons morts qui trainent sur la table (dans le tableau de la Raie ), et les spectacles qui vous ecœurent, des verres a demi vides et trop de verres pleins ( Fruits et Animaux ). Si tout cela vous semble maintenant beau a voir, c'est que Chardin l'a trouve beau a peindre. Et il l'a trouve beau a peindre parce qu'il le trouvait beau a voir. ≫

Maurice Denis (1870-1943), ≪  Cezanne  ≫, dans l'Occident , n o  70, , p.  131 :

≪ L'aspect caracteristique des tableaux de Cezanne vient de cette juxtaposition, de cette mosaique de tons separes et legerement fondus l'un dans l'autre ≪ Peindre, disait-il, c'est enregistrer ses sensations colorees. ≫ Telles etaient les exigences de son œil qu'il lui fallait recourir a ce raffinement de technique pour conserver la qualite, la saveur de ses sensations, et contenter son besoin d'harmonie… Les fruits de Cezanne, ses figures inachevees sont le meilleur exemple de cette methode de travail, renouvelee peut etre de Chardin : quelques touches carrees en indiquent par de doux voisinages de teintes la forme arrondie ; le contour ne vient qu'a la fin, comme un accent rageur, un trait a l'essence, qui souligne et isole la forme deja rendue sensible par le degrade de la couleur. ≫

Elie Faure (1873-1937), Histoire de l'Art, Art Moderne , IV, 1921, p.   226-227  :

≪ Toute la splendeur est dans la volupte exclusive de peindre que jamais, Vermeer de Delft a part, sans doute, nul ne posseda a ce degre. Le bon peintre Chardin fait sa tache avec amour, comme un bon menuisier, un bon macon, un bon tourneur, un bon ouvrier qui a fini par aimer la matiere qu'il travaille et l'outil qui le tire de l'uniforme ennui et l'eleve a la dignite de connaitre ses moyens. Il n'y a pas plus d'amour dans le bras nu sortant de la manche echancree que dans la serviette qu'il tient et le gigot qui la remplit et pese a la main rose et grasse. C'est avec la meme attention qu'il a peint la petite fille appliquee a bien dire le Benedicite pour avoir plus vite sa soupe, la maman qui va la servir et s'amuse a la regarder, et les harmonies bourgeoises qui les entourent l'une et l'autre, les tabliers, les robes de laine, la raie bleue courant sur la nappe, la soupiere, les meubles de chene verni, l'ombre rodante et caressante. Il sait que tout cela s'accorde, que la vie des objets depend de la vie morale des etres, que la vie morale des etres recoit le reflet des objets. Tout ce qui est a droit a son tendre respect. Il est avec Watteau , en France, le seul peintre religieux de ce siecle sans religion. ≫

Andre Malraux (1901-1976), Les Voix du silence , Paris, 1951 :

≪ L'humilite de Chardin implique moins une soumission au modele qu'une destruction secrete de celui-ci au benefice de son tableau. Il disait qu'≪ on fait de la peinture avec des sentiments, non avec des couleurs ≫ ; mais avec ses sentiments il faisait des peches. L'enfant du Dessinateur n'est pas plus attendrissant que la nature morte au pichet, et l'admirable bleu du tapis sur lequel il joue n'est pas tres soumis au reel : la Pourvoyeuse est un Braque genial, mais tout juste assez habille pour tromper le spectateur… Chardin n'est pas un petit maitre du XVIII e  siecle plus delicat que ses rivaux, c'est, comme Corot, un simplificateur doucement imperieux. Sa maitrise silencieuse detruit la nature morte baroque des Hollandais, fait de ses contemporains des decorateurs, et rien ne peut lui etre oppose en France, de la mort de Watteau a la Revolution … ≫

Rene Demoris, ≪ La Nature morte chez Chardin ≫, dans Revue d'esthetique , n o  4, 1969 :

≪ Frequemment, la nature morte hollandaise surprend les objets, dans l'ordre ou l'homme, pour son usage, les a disposes. Elle tend en somme a constituer une scene de genre dont l'homme est provisoirement absent (…). Latente encore chez les Hollandais, la presence humaine est resolument expulsee chez Chardin. (On saisit mieux pourquoi il se debarrasse si vite du chien et du chat, qui constituent un element anecdotique et parasite.)
(…) Si les personnages sont bien representes dans une action, cela ne veut pas dire en mouvement : ils sont saisis dans un temps mort de cette action, qui les met en position de repos. Pour le dejeuner, c'est l'instant du Benedicite  ; pour la sortie de l'enfant, celui ou la gouvernante jette sur lui un dernier regard. De meme, la servante immobile et courbee tient une cruche sous la fontaine. Mieux encore, le garcon cabaretier et la servante qui nettoient poele ou tonneau ont releve la tete et regardent quelque chose qui doit etre hors du tableau. L'instant ou est presentee la pourvoyeuse, c'est celui ou, ayant depose le pain sur le buffet et son sac encore a la main, elle semble reprendre son souffle. Suspension encore plus nette dans le cas des enfants qui construisent des chateaux de cartes et semblent retenir geste et souffle pour ne pas les ebranler, ou de celui qui est fascine par son toton .
(…) Chez les meres ou les gouvernantes qui regardent des enfants, le regard est attentif, mais sans fonction precise : on peut mettre tout ce qu'on veut dans le regard de la Jeune Gouvernante de la National Gallery ou dans celui de la Mere du Benedicite . Il semble que, l'enfant cessant de requerir l'attention, l'adulte, prenant sur lui un leger recul, le regarde pour rien, pour le regarder ? et c'est peut-etre sur cette plage d'attention sans but precis que pourrait se definir le sentiment, dans ce moment de temps perdu, ou l'etre, objet de l'activite, est regarde pour lui-meme, hors de toute exigence pratique. Ce temps mort, que rien n'habite (car nous ne savons ce que regarde la servante, et le visage de la mere n'exprime rien), n'est pas soumis au temps que decoupe l'activite entreprise : il donne donc le sentiment d'une duree indefinie, nous montrant des personnages a la fois engages dans une action et detaches d'elle. ≫

Hommages [ modifier | modifier le code ]

Le buste.

Philatelie [ modifier | modifier le code ]

  • En 1946, emission d'un timbre de 2 francs et surtaxe de 3 francs au profit de L'Adresse Musee de La Poste , rouge-brun, representant Le cachet de cire , ce timbre a fait l'objet d'une vente anticipee a Paris au Salon de la Philatelie le . Il porte le n° YT 753
  • En 1956, un timbre de la serie Celebrites du XV e au XX e  siecle , vert, de 15 francs avec surtaxe de 5 francs est emis par la poste. Il figure la reproduction d'un autoportrait. Il est vendu en 1 er  jour a Paris le . Il porte le n° YT 1069.
  • En 1997, dans la serie artistique , la poste emet un timbre multicolore de 6,70 francs representant le tableau Raisins et Grenades . La vente anticipee 1 er  jour a eu lieu a Paris le . Il porte le n° YT 3105 [ 23 ] .

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Pierre Rosenberg , Chardin , editions de la Reunion des Musees Nationaux, 1979.
    Catalogue de l'exposition a Paris au Grand Palais, du 29 janvier au 30 avril 1979. Pierre Rosenberg, commissaire de l'exposition, historien d'art et essayiste, a ete elu a l'Academie francaise en 1995 au fauteuil d' Henri Gouhier , philosophe et historien de la philosophie. La biographie de Chardin est due a Sylvie Savina.
  • Jean-Pierre Neraudau, Dictionnaire d'histoire de l'art , PUF, coll. ≪ Quadrige ≫, 1985.
  • Denis Diderot , Salon de 1763 , Salon de 1765 .
  • E. et J. de Goncourt , L'Art du XVIII e  siecle , paru en monographies separees, ≪ Chardin ≫, 1864. Edition definitive en 3 volumes, Paris, Flammarion-Fasquelle, 1927-1928.
  • Vincent van Gogh , Lettres a son frere Theo , lettre de (sur le livre des Goncourt et sur Chardin) [ref. incomplete] .
  • Philippe Levantal, ≪ Chardin ≫, in Encyclopaedia Universalis , 1986.
    Ou l'on retrouve d'ailleurs la faute commise a propos du prenom du peintre.
  • Yves Bottineau, L'art baroque , editions Citadelles, 1986.
  • Scott Schaefer, ≪ Le Paysage dans la peinture francaise au cours des annees 1860 ≫, in L'Impressionnisme et le paysage francais , Paris, editions de la Reunion des Musees Nationaux, 1985.
    Catalogue de l'exposition a Paris au Grand Palais. A propos de la classification academique de la peinture en genres.
  • Marianne Roland Michel, Chardin , editions Hazan, 1994 ( ISBN   978-2-85-025370-6 )
  • Rene Demoris, Chardin, la chair et l'objet , Vilo Editions, 1999 ( ISBN   978-2-71-910460-6 )
  • Jose Goncalves, Chardin , Editions ACR, 1999.
  • Marcelin Pleynet , Chardin, le sentiment et l'esprit du temps , Epure, 1999 ( ISBN   978-2-90-768773-7 )
  • Jean-Louis Schefer , Chardin , P.O.L , 2002 ( ISBN   978-2-86-744878-2 )
  • Andre Comte-Sponville , La matiere heureuse. Reflexions sur la peinture de Chardin , Hermann , 2006 ( ISBN   978-2-70-566645-3 )
  • Alice Dekker, Chardin, la petite table de laque rouge , Arlea , 2012 ( ISBN   978-2-86-959989-5 )
  • Christine Kastner-Tardy, Chardin, le souffle de l'instant , Nouvelles editions Scala, 2013 ( ISBN   978-2-35-988082-3 )
  • Marc Pautrel , La Sainte Realite. Vie de Jean-Simeon Chardin , Paris, Editions Gallimard, coll. ≪ L’infini ≫, 2017 ( ISBN   978-2-07-270102-3 ) .
  • Manuel Mayer , Sobald uns die Augen zufallen. Jean-Baptiste-Simeon Chardins Still Life with Game zu Washington , ART-Dok. Publikationsplattform Kunst- und Bildwissenschaften der Universitat Heidelberg, , 1-10  p. ( lire en ligne )
  • Alexis Merle du Bourg, Chardin , editions Mazenod, 2020, 384 pages, ( ISBN   978-2-85-088824-3 ) .

Iconographie [ modifier | modifier le code ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Baptise de son premier prenom Jean (pour Jean le Baptiste et non pas Jean l'Evangeliste , et certification apres sa mort qu'il ne faut pas ajouter Baptiste a ce nom de bapteme.
  2. Acte de naissance :

    ≪ Paroisse de Saint Sulpice, 1699. Ledit jour troisieme novembre, a ete baptise Jean Simeon, ne le jour precedent, fils de Jean Chardin, maitre menuisier, et de Jeanne-Francoise David, sa femme, demeurant rue de Seine, maison du Sieur Jean Chardin ; le parrain Simeon Simonet, aussi menuisier, la marraine, Anne Bourgine, femme de Jacques Riche, menuisier, laquelle a declare ne savoir signer. ≫

    ? (Extrait des registres des baptemes de Saint-Sulpice, publie par Edmond et Jules de Goncourt, 1863)

    Rectification en date du 4 mars 1780 (trois mois apres la mort de Chardin) :

    ≪ Le Sieur Jean Charles Rousseau, bourgeois de Paris (…) et le Sieur Joseph Gombaux, bourgeois de Paris (…) ont certifie et atteste que (…) c'est par erreur et inadvertance si dans divers actes titres et pieces, et notamment dans son extrait mortuaire, il a ete nomme de nom de bapteme Jean Baptiste Simeon, Jean Bpte Simon, ou autrement au lieu de Jean Simeon. ≫

    ? (Document des Archives nationales , Minutier Central, Etude LVI, liasse 248 ? cite p.   406-407 du catalogue de l'exposition Chardin de 1979)

  3. Voir le tableau Deux barriques, un chaudron et autres dedie a son professeur.
  4. Proces-verbal de l'Academie rendant compte de la seance du 25 septembre 1728 (proces-verbaux edites en 1883) :

    ≪ Le meme jour le sieur Jean Simeon Chardin, peintre dans le talent des animaux et des fruits, a presente plusieurs tableaux dans ce genre, desquels l'Academie a ete si satisfaite qu'ayant pris de meme les voix par les feves, elle a agree sa presentation et l'a recu en meme temps en qualite d'Academicien, retenant deux de ces tableaux, auxquels il mettra des bordures, representant l'un un Buffet et l'autre une Cuisine pour son tableau de reception et a modere son present pecuniaire a cent livres et il a prete le serment de meme. ≫

  5. cf. Prosper Dorbec, ≪ Un portrait de la seconde femme de Chardin, par Chardin, au Musee Carnavalet ≫, in Gazette des Beaux-arts , 1 er  semestre 1903, p.   37-41 .
  6. Abel-Francois Poisson de Vandieres ? de son titre exact directeur des Batiments, Arts, Academies, Jardins et Manufactures du Roi ? etait le frere de Jeanne Antoinette d'Etiolles , nee Poisson, marquise de Pompadour. Comme sa sœur, il appreciait beaucoup les tableaux de Chardin et en possedait (ainsi que des gravures executees d'apres des tableaux), certains en propre, d'autres venus par heritage a la mort de sa sœur en 1764. Il avait dans ses collections, notamment, l'Ecureuse dit aussi la Recureuse (1738, 45,4 × 37  cm , Glasgow , Hunterian Museum and Art Gallery ), et la Serinette dit aussi Dame variant ses amusements (50 × 43,5  cm , 1751, Paris, collection privee).
  7. Secretaire et historiographe de l'Academie, nomme par Louis XV ≪ Dessinateur des Menus-Plaisirs ≫, il etait le fils de Charles Nicolas Cochin ≪ le Vieux ≫, dit aussi ≪ le Pere ≫ a qui l'on doit de nombreuses gravures executees d'apres des œuvres de Chardin.
  8. Lettre du 5 mai 1763
  9. Il y en a une, par exemple, dans la Bonne Education (41 × 47  cm , Suede , Wanas collection ).
  10. Sorte de ministre de la Culture de l'epoque.
  11. Le mot oille vient de l'espagnol olla qui designe une sorte de pot-au-feu. Le pot a oille etait en argent (comme dans Un chat guettant une perdrix et un lievre morts jetes pres d'un pot a oille du Metropolitan Museum of Art de New-York), ou en faience comme dans nature morte de Carcassonne.
  12. Il existe une replique ni signee ni datee de ce tableau, mais dont la qualite inferieure laisse penser qu'il ne s'agit pas d'une œuvre de Chardin. [ref. necessaire]
  13. Ce ne sont pas des portraits proprement dits, mais des etudes dans lesquelles l'artiste met en valeur un element de la vie affective (une emotion, un sentiment).
  14. Les trois couleurs primitives : jaune, bleu, rouge. Les trois couleurs binaires : vert, violet, orange.
  15. Il s'agit de Marie-Antoinette (1755-1793) qui avait epouse en 1770 le futur Louis XVI (1754-1793).
  16. Cite par Paul Lacroix , Bulletin des arts : guide des amateurs de tableaux, dessins, estampes, livres, manuscrits, autographes, medailles et antiquites , 1846, p.  223 .
  17. Francois-Leandre Regnault-Delalande, Catalogue raisonne d'objets d'art du cabinet de feu M. de Silvestre, ci-devant chevalier de l'ordre de Saint-Michel et maitre a dessiner des enfants de France , , p.  4-5 .
  18. Une Femme occupee a cacheter une lettre , 146 × 147  cm , Potsdam , palais de Sanssouci .
  19. Les Bouteilles de savon , 93 × 74,5  cm , Washington , National Gallery of Art .
  20. Une Dame qui prend du the , 80 × 101  cm , Glasgow , Hunterian Museum and Art Gallery .
  21. Le Chateau de cartes , 60 × 72  cm , Londres , National Gallery .
  22. Cedric Pietralunga, ≪  Le Panier de fraises des bois , de Chardin, classe tresor national par l’Etat ≫ , Le Monde , 22 avril 2022.
  23. Catalogue Yvert et Tellier, Tome 1.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

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