Jean-Charles Cornay
(ne le
a
Loudun
,
Vienne
,
France
- mort le
a
Sontay
,
Tonkin
, actuel
Viet Nam
) est un
missionnaire
et
martyr
.
Il est fete comme
saint
catholique
le
20 septembre
[
1
]
, et avec d'autres martyrs du Viet Nam le
24 novembre
.
Troisieme enfant de Jean-Baptiste Cornay (ne en 1777) et de Francoise Mayaud (1780-1857), Jean-Charles Cornay avait trois sœurs et un frere : Elisabeth (1804-1871), Olympe (1806-1888), Eugene (1817-1893) et Louise (1821-1890).
Leurs parents les firent grandir dans la foi
[
2
]
.
Jean-Charles a ete baptise le
en l'eglise Saint-Pierre-du-Marche de Loudun, il avait pour parrain Henri Mayaud et pour marraine sa tante Therese Cornay.
Il etudie successivement au college Saint-Louis de
Saumur
, puis au Petit-Seminaire (ou college) des Jesuites de
Montmorillon
et au Grand Seminaire de
Poitiers
. Il apparait comme un eleve regulier humble et de caractere doux.
Il est tonsure le
en la chapelle du Grand Seminaire de Poitiers, il recoit les ordres mineurs le
en la meme chapelle, et le Sous-Diaconat le
en la cathedrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Poitiers.
En 1830, alors sous-diacre, il quitte Poitiers pour entrer au Seminaire des Missions Etrangeres de Paris le
[
3
]
. Sa vocation surprend ses parents et lorsqu'il envisage de devenir missionnaire, il rencontre de leur part reticence et incomprehension.
Il menera son premier combat pour repondre a l'appel de Dieu, en s'opposant a l'avis parental tout en affirmant son amour filial. ≪ Laisse-moi seulement aller a Paris, j’aurai au moins trois ans a y rester et j’aurai la toutes les facilites d’examiner ma vocation, tous les moyens de m’y preparer si elle est veritable ≫. C’est ainsi que Jean-Charles Cornay tenta de convaincre sa mere de le laisser suivre l’Appel du Seigneur aux Missions Etrangeres de Paris. Apres son bref passage au seminaire des missions etrangeres de Paris, periode d'insecurite a la suite de la
revolution de Juillet
, le seminaire est pris comme cible ≪ Hier on a penetre dans notre seminaire et l'on a affiche sept ou huit billets portant Mort aux Jesuites de la rue du Bac, et un poignard comme signature ≫.
En 1831, il est ordonne diacre. La meme annee, il quitte la France pour la province chinoise du
Sichuan
(anciennement orthographie
Se-tchoan
ou
Seu-Tchouan
). Le depart pour les missions du jeune loudunais fut brusque afin de remplacer un autre missionnaire. Sa destination devait etre Seu-Tchouan en Chine a 2 000
km
de la cote, il debarqua a
Macao
apres six mois de voyage. Il est debarque au
Tonkin
, ou les deux guides venus a sa rencontre, dans l'objectif de remonter le Yang-Tse-Kiang pour gagner le Sichuan, n'arriveront jamais. Reste bloque, voici Jean-Charles Cornay echoue au Tonkin en pleine persecution, en cette annee 1831.
Il est ordonne pretre trois ans plus tard, en secret, le
, par
M
gr
Joseph Havard
, a
Hanoi
, apres un voyage sur le fleuve Rouge deguise en Chinois. N'ayant aucun espoir de rejoindre la Chine par le Tonkin, il fait le choix d'y demeurer. Dans le ministere extenuant qu'il exerca, il etait toujours calme, voire gai, meme sa sante de plus en plus precaire, notamment des problemes ophtalmiques, n'entama en rien sa foi.
En 1837, arrete a la suite d'une denonciation, il est accuse d’etre le chef d’une secte fausse, de fomenter une rebellion et fait prisonnier. Il subit la
cangue
puis la
cage
. Il repondit a la torture en chantant. ≪ Apres cinquante coups on m'a delie. En arrivant a la prison, j'ai chante le Salve Regina, le chant a la Vierge ≫.
Par decret de l’Empereur Minh Mang, il est condamne a etre taille en pieces : avoir les membres puis la tete coupes, sa tete sera exposee trois jours puis jetee au fleuve
[
4
]
.
Le
, mercredi appele “des Quatre-Temps“, il est decapite puis demembre pres de la citadelle de Son-Tay, non loin de Hanoi, et sa tete sera ensuite jetee dans le fleuve. Au milieu de difficultes de toutes sortes et jusque dans la mort, Jean-Charles Cornay a proclame sans crainte la foi devant les hommes :
≪ Le Seigneur est fidele : il attend de nous une confiance totale en ses promesses ≫
. Il ecrivit a ses parents les mots suivants : "Lorsque vous recevrez cette lettre, mon cher pere, ma chere mere, ne vous affligez pas de ma mort ; en consentant a mon depart, vous avez deja fait la plus grande partie du sacrifice". Ses restes reposent en l'eglise Saint-Jean-Charles Cornay de Chieu-Ung.
Son exemple determina la vocation de saint
Theophane Venard
(1829-1861).
Declare Venerable le
par
Gregoire XVI
, inscrit au martyrologe le
par
Leon XIII
, beatifie par Leon XIII le
, il est canonise par
Jean-Paul II
le
parmi les 117 martyrs du Viet Nam (Jean-Charles Cornay est le
19
e
de la liste officielle des Martyrs de l'Eglise Catholique au Viet Nam). Il est fete le
, mais aussi le
lors de la fete des Martyrs du Viet Nam.
- Atrin, ≪ Cornay (Jean-Charles) ≫ dans
Dictionnaire de biographie francaise
,
vol.
9, Paris,
[
detail des editions
]
, col. 667-8
- Archives archidiocesaines de Poitiers d'apres les recherches de David Albert-Brunet.