Hovhannes Bagramian

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Hovhannes Bagramian
Hovhannes Bagramian
Hovhannes (Ivan) Bagramian.

Naissance
Tchardakhly, gouvernement d'Elizavetpol
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Deces (a 84 ans)
Moscou , RSFS de Russie
Drapeau de l'URSS Union sovietique
Allegeance Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Drapeau de l'Arménie Republique democratique d'Armenie
Drapeau de l'URSS Union sovietique
Grade Marechal de l'Union sovietique
Annees de service 1915 ? 1968
Commandement Premier front de la Baltique
Conflits Premiere Guerre mondiale
Guerre armeno-turque
Seconde Guerre mondiale
Distinctions Ordre de Lenine (7)
Ordre de la revolution d'Octobre
Ordre du Drapeau rouge (3)
Ordre de Souvorov , 1 e classe (2)
Signature de Hovhannes Bagramian

Hovhannes Khatchatouri Bagramian (en armenien  : ????????? ????????? ????????? ), egalement connu sous la forme russifiee de son nom, Ivan Khristoforovitch Bagramian (en russe  : Иван Христофорович Баграмя?н ), ne le ( selon le calendrier gregorien ) dans le village de Tchardakhly, appartenant au gouvernement d'Elizavetpol dans l' Empire russe [ 1 ] , et mort le a Moscou en URSS , est un marechal sovietique d'origine armenienne .

Au cours de la Seconde Guerre mondiale , Bagramian a ete le premier officier non- slave de l' Armee rouge a devenir commandant d'un front .

L'experience de Bagramian dans la planification militaire lui permit de se distinguer comme un commandant efficace dans les premiers stades des contre-offensives de l'Union sovietique contre le Troisieme Reich . Il recut son premier commandement d'unite en 1942 . En novembre 1943 , il recut le commandement du premier front de la Baltique .

Biographie [ modifier | modifier le code ]

De 1897 a 1941 [ modifier | modifier le code ]

Son nom de bapteme signifie ≪ Jean ≫. Il nait dans une famille armenienne pauvre : son pere, Khatchatour Bagramian, est un ouvrier cheminot autodidacte qui devient starost du village , car il etait estime pour sa sagesse, et sa mere, Mariam, est la fille d'un forgeron de village et s'occupe de ses sept enfants. Il recoit sa premiere education a l'ecole paroissiale armenienne d' Elizavetpol et ensuite de 1907 a 1912 etudie a l'ecole des chemins de fer de Tiflis , puis de 1912 a 1915 dans une ecole superieure technique et en sort avec son diplome de technicien superieur.

Bagramian en 1916.

Il ne travaille que quelques mois comme employe des chemins de fer imperiaux, car il se porte volontaire pour partir au front en 1915 et il russifie son prenom en ≪ Ivan ≫ [ 2 ] . Il combat au sein d'un bataillon d' infanterie , puis dans le 2 e  regiment d'infanterie des garde-frontieres. Jusqu'en , il est dans le Caucase dans un regiment de combat de la cavalerie . Considere comme brave et lettre, il est accepte pour faire ses classes de sous-lieutenant dans une ecole militaire, jusqu'au debut 1917. Il accueille la revolution de Fevrier avec enthousiasme et soutient par la suite un parti nationaliste armenien proche de la Federation revolutionnaire armenienne . L' Armenie est pour quelque temps independante, aussi Bagramian s'engage-t-il dans des combats contre les forces turques (soutenues par l' Empire allemand ). Il fait partie du 3 e  regiment de tirailleurs, puis du 1 er  regiment de cavalerie de la division armenienne de l'ephemere Premiere Republique d'Armenie , sous le commandement du general Silikian   (ru) (ou Silikov).

Cependant en 1920, il s'oppose au gouvernement armenien dachnak et rejoint les insurges de , puis s'engage dans l'Armee rouge armenienne au grade de commandant d'escadron du 1 er  regiment armenien. Il prend part au sein de la 11 e  armee a la liquidation des places fortes du regime et soutient la cause de l'internationalisme socialiste, en appuyant la prise de pouvoir des bolcheviques en Armenie, puis en Georgie . Il demeure commandant d'escadron jusqu'en . De mars a , il est secretaire de la representation militaire de l'Armenie bolchevique aupres de la Georgie, puis retourne a l'escadron. Il dirige aussi le contre-espionnage de son regiment jusqu'en . La guerre civile s'acheve et Bagramian, apres avoir termine ses cours de commissaire militaire, est nomme en 1923 commandant du regiment de cavalerie de Leninakan au sein de la division d'infanterie armenienne.

Il est envoye a l'automne 1924 a Leningrad pour suivre les cours de l'Academie militaire superieure de cavalerie. Il y fait la connaissance d'une generation de futurs officiers superieurs qui joueront un role eminent pendant la Seconde Guerre mondiale , comme Joukov , Eromenko , Tchistiakov , Romanenko ou Rokossovski . La formation est acceleree et, au lieu de deux ans, les cours sont menes de maniere intensive sur la duree d'une annee. Il retourne ensuite dans son regiment d'origine, jusqu'en 1931, date a laquelle il entre dans la prestigieuse Academie militaire Frounze a Moscou . De la encore, il en sort avec des louanges, car selon son dossier de sortie (appele ≪ attestat academique ≫ en russe) il y a fait entre autres preuve d'un : ≪ point de vue socio-politique etendu, d'une culture intellectuelle exceptionnelle et d'une grande erudition dans le domaine militaire. Son caractere est volontaire et il a fait montre d'un sens de la discipline sans faille. ≫

Il est nomme a sa sortie en 1934 chef du departement de planification et de preparation des operations de terrain a l'etat-major de la 5 e  division de cavalerie du district militaire de Kiev qu'il dirige jusqu'en 1936. Entre-temps, il est nomme colonel le . Il passe ensuite dans le departement equivalent, cette fois-ci a l'etat-major de l'armee en . Cependant c'est aussi la periode noire de la repression stalinienne , notamment au sein de l'armee. Un dossier est monte contre lui pour avoir servi ≪ l'armee armenienne bourgeoise ≫ . Il est heureusement lave de tout soupcon grace a l'intervention de Mikoyan . Il est choisi pour entrer en octobre 1936 quelques semaines plus tard a la toute nouvelle Academie de l'etat-major general , ou il fait partie de la meme promotion que les commandants de brigade Vladimir Klimovskikh et Johann Berbis et que les colonels Argounov, Skorobogatkine, Trofimenko et Sviridov . Il en sort avec mention tres bien en . Le colonel Bagramian devient alors professeur de cette academie et il occupe une chaire de tactique militaire, en s'interessant particulierement aux chars d'assaut, comme moyen offensif sur le front des operations. Toutefois il ne monte pas en grade et contrairement a ses anciens camarades de promotion qui poursuivent une carriere classique sur le terrain il semble se faire oublier. En effet, il n'est pas membre du parti communiste a cette epoque de terreur. Il reste au meme poste et au meme grade jusqu'a l'automne 1940. Il recoit tout de meme en fin de compte le poste de chef du departement de la planification des operations a l'etat-major de la 12 e  armee du district de Kiev, en septembre. Deux mois plus tard, il est chef en second du departement de planification des operations de tout le district. L'Europe est en proie au feu de la guerre, il va donc sauter le pas et s'inscrire au parti communiste en 1941. Mais ce sont ses qualites qui vont accelerer sa carriere lorsque la guerre eclate quelques mois plus tard.

Grande Guerre patriotique [ modifier | modifier le code ]

La Grande Guerre patriotique eclate le 22 juin 1941 par l' operation Barbarossa . Bagramian est alors chef du departement des operations a l'etat-major du front du sud-ouest, puis chef d'etat-major du front du sud-ouest. Il est lieutenant-general a partir de , puis general d'armee commandant le premier front de la Baltique a partir de . En il commande le troisieme front bielorusse et devient l'un des vainqueurs de la bataille de Konigsberg .

1941 [ modifier | modifier le code ]

Le district militaire de Kiev qui etait sous le commandement du general Joukov [ 3 ] devient au declenchement de la guerre le front sud-ouest . Bagramian est le chef en second de son etat-major, sous le commandement du general Kirponos , et chef des operations de planification de terrain. Il prepare l'organisation de l'operation de Lwow - Czernowitz [ 4 ] qui se deroule en juin-juillet et constitue l'une des premieres contre-attaques sovietiques avec l'utilisation d'engins mecanises. Mais le les avions allemands attaquent. C'est a cote de Doubno qu'a lieu une terrible bataille de chars . Le general von Kleist avec son 1 er  groupe blinde ( 1. Panzergrupp ) ecrase au bout de cinq jours les unites mecanisees de l' Armee rouge qui battent en retraite le . Les Allemands s'installent dans la region, la Bucovine du nord et l'Ukraine occidentale tombent, et ils se dirigent vers Kiev.

En juillet - septembre 1941 , Bagramian prend part a l' operation Kiev qui est menee selon une strategie defensive. La bataille se termine par une catastrophe pour les Sovietiques. Le , la 4 e  armee et l'etat-major du front sont encercles. Alors que Bagramian surveillait la bonne marche d'un convoi militaire, il parvient a miner les flancs-gardes allemands et a s'echapper avec 20 000 hommes. En revanche, le general Kirponos est tue, ainsi que le chef-d'etat-major du front sud-ouest , Vassili Toupikov, et des dizaines de generaux sovietiques tombent ou sont faits prisonniers.

Il recoit le 6 novembre 1941 sa premiere decoration d'importance, l' ordre du Drapeau rouge .

Pendant la bataille de Moscou , ou le desarroi des Sovietiques augmente, Bagramian participe a la planification de contre-attaques dans la region de Rostov-sur-le-Don a l'issue desquelles l'ennemi est chasse de la ville. Lorsque les Sovietiques reussissent a contre-attaquer aussi autour de Moscou (les Allemands sont arrives a Khimki a moins de 10  km de la capitale), Bagramian prepare a l'etat-major du front sud-ouest le mouvement de ses troupes vers Moscou. Elles s'attaquent d'abord a la 2 e Armee allemande basee a Yelts et l'aile droite du front du sud-ouest parvient en a faire reculer le front de 80 a 100  km et a liberer la zone de Yelts, tout en continuant a lutter victorieusement autour de Moscou. Il est nomme en consequence de ses faits lieutenant-general le , et le jour suivant il commande tout l'etat-major du front du sud-ouest. Il met au point l'operation Barvenkovo - Lozovaia qui aboutit a ce que, dans la seconde moitie de janvier 1942 , l'ennemi est repousse de 90 a 100  km a l'ouest et au sud-ouest. Desormais pour les Allemands la communication avec leurs troupes du Donbass est rendue difficile et leur position est fragilisee. Les Sovietiques, apres avoir subi de lourdes pertes dans les environs d' Izioum , coupent finalement la liaison Dniepropetrovsk - Stalino par voie de chemin de fer qui etait la route principale de la 1 re Armee blindee allemande. Pour ce faire, ils s'emparent de la base principale de la 17 e Armee allemande (cette armee est commandee par le fameux general Ruoff ) situee a Lozovaia , menent des operations dans le Donets du nord notamment a Izioum, menacent les Allemands a Kharkov et parviennent a traverser le Dniepr .

1942-1943 [ modifier | modifier le code ]

Situation de la contre-offensive sovietique du 6 decembre 1941 au 7 mai 1942.

A nouveau le general Bagramian, qui commande l'etat-major du front sud-ouest et au front sud-ouest lui-meme a partir d' , se fait remarquer pour ses qualites de planificateur et de stratege. Pourtant une epreuve terrible va survenir. Apres avoir perce, les Sovietiques decident de continuer leur avancee vers Kharkov par une offensive du marechal Timochenko [ 5 ] , qui commande alors le front sud-ouest. Les Allemands decident de contre-attaquer le . En deux semaines, 240 000 soldats sont faits prisonniers et plus de 1 200 chars de l'Armee Rouge sont neutralises. Les Allemands perdent quant a eux 20 000 hommes seulement en seize jours. Ils peuvent desormais se porter plus facilement vers le Caucase et vers Stalingrad . La responsabilite de ce grave echec echoit en fait a Timochenko et a Khrouchtchev , mais Staline n'en tient rigueur qu'au general Bagramian qu'il considere comme seul responsable. C'est encore le general Joukov qui va sauver son ancien camarade de promotion du tribunal de guerre. Il fait remarquer a Staline qu'il faut rechercher les responsabilites au sein de l'etat-major general et de la Stavka . Joukov admet aussi que l'Armee rouge manque de commandants en chef experimentes. Cependant, Staline ecrit le pour demander dans une lettre fort severe au commandement du front sud-ouest de renvoyer Bagramian de son poste. Il compare la defaite de Kharkov a celle de Rennenkampf et Samsonov en Prusse-Orientale pendant la Premiere Guerre mondiale a Tannenberg , ce qui equivaut a une grave condamnation. Cependant, a la fin de la lettre, il donne une seconde chance au general en lui laissant le commandement de la 28 e Armee.

Cette 28 e Armee se trouve dans un etat deplorable. Son commandement demoralise est base pres de Rossoch depuis le debut de . La ville meme de Rossoch s'est livree presque sans combat a la Wehrmacht le . Bagramian est rapidement transfere a la 16 e Armee du front ouest ou il remplace Rokossovski . Celle-ci se trouve au centre des combats et de l'automne 1942 a l'hiver 1943 porte des coups durs a l'ennemi. Le general Bagramian mene a la tete de la 16 e Armee l'operation Jizdra [ 6 ] pres de Kalouga du au . La 16 e Armee reprend la base en se battant heroiquement, et grace a cela elle est renommee en devenant la 11 e armee de la Garde . Le lieutenant-general Ivan Khristoforovitch Bagramian est decore le de l' ordre de Koutouzov de premiere classe.

Soldats de l'Armee rouge a la bataille de Koursk avec une mitrailleuse Maxime .

Le commandement sovietique prepare aussi au printemps 1943 une reprise de terrain dans la region d' Orel et de Koursk . C'est le plan de l'operation strategique d'Orel que la Stavka examine depuis avril. Le nom de code est Koutouzov . L'operation est preparee par les commandants de fronts a la Stavka qui invite a s'y joindre Bagramian, commandant de la 11 e armee de la garde au flanc droit du front de Briansk , ainsi que le general Belov , commandant la 61 e armee affectee au flanc gauche du front ouest. Bagramian fait valoir son point de vue qui consiste a encercler et aneantir les groupes de la Wehrmacht dans la region de Bolkhov ce qui permettrait de couper la route aux troupes allemandes de la zone d'Orel. Les commandants de front sont partages, mais Staline adhere aux propositions du general Bagramian. Les armees de la Wehrmacht se lancent dans l' operation Citadelle a partir de leur place d'arme d'Orel qui marque le debut de la bataille de Koursk ( - ), et le les Sovietiques repondent par l' operation Koutouzov . L'attaque de flanc de l'armee de Bagramian prend les Allemands par surprise. Les combats des deux premiers jours permettent aux troupes de reprendre 25  km au sud. Les Allemands, quant a eux, se concentrent sur leurs defenses a l'est et au sud d'Orel. Les Sovietiques liberent Bolkhov le et le Orel est totalement evacuee par les Allemands.

Le lieutenant-general Bagramian est eleve au grade de colonel-general le pour ses faits de guerre relatifs a l'operation Koutouzov, et recoit l'ordre de Souvorov de premiere classe. Il est appele le a Moscou pour etre nomme deux jours plus tard general d'armee et recevoir le commandement du premier front de la Baltique le .

Les troupes de Bagramian se lancent dans la seconde moitie de decembre 1943 dans l' operation Gorodok [ 7 ] , pres de Vitebsk qui a pour resultat de neutraliser quatre divisions de la Wehrmacht, de liberer Gorodok et la route de Vitebsk [ 8 ] . Toutefois, les Sovietiques sont stoppes par les contre-attaques allemandes dans les environs du petit village d'Ezerichtche a 41  km de Gorodok, dans la ≪ poche de Nevel  ≫.

1944-1945 [ modifier | modifier le code ]

En fevrier- , les forces du premier front de la Baltique qu'il commande participent a la bataille de Vitebsk ( - ) avec les troupes du front de l'ouest . C'est une operation offensive qui a pour resultat d'ameliorer les positions sovietiques, mais qui ne parvient pas a prendre Vitebsk .

Le haut commandement sovietique se prepare a une offensive strategique massive pour la Bielorussie , connue sous le nom de code d’ operation Bagration . Le premier front de la Baltique de Bagramian se trouve avec le troisieme front bielorusse (sous Tcherniakhovski) implique dans cette bataille qui est declenchee le . L'attaque de cette operation offensive, designee par les Sovietiques comme ≪ offensive Vitebsk- Orcha  ≫, n'a pas lieu par le centre, ce qui semblait pourtant plus profitable, mais au flanc droit a travers de vastes etendues marecageuses, ce qui rend l'avancee des troupes difficile. L'arrivee des Sovietiques de ce cote est inattendue pour les Allemands qui reagissent maladroitement. Les Sovietiques prennent une base ennemie importante et se rendent immediatement vers l'ouest.

Deja le deuxieme jour, les troupes des deux fronts elargissent la breche des defenses allemandes jusqu'a 30  km de profondeur et sur une largeur de 90  km , forcant le passage vers la Dvina occidentale . Elles encerclent conjointement a l'ouest de Vitebsk les forces allemandes et le terminent de neutraliser cinq divisions ennemies. Vitebsk, devastee par les Allemands, et Jlobine sont liberees le , ainsi qu' Orcha le lendemain. Lepel est investie le 28. Le lendemain debute l'offensive sovietique vers Polotsk sous le commandement de Bagramian. Ce point de defense et de communication est important pour les Allemands. Les troupes sovietiques parviennent a franchir les deux rives de la Dvina et a se diriger vers Dvinsk , et ensuite vers Chiaouliai (Schaulen) qui leur permet de delivrer une grande partie du territoire de la Lituanie et de la Lettonie , d'atteindre le golfe de Riga .

Le general Bagramian est fait Heros de l'Union sovietique le , en reconnaissance des hauts faits de ses hommes et de son commandement.

L'operation Bagration est remplie a la fin . Le front a glisse desormais a 600  km a l'ouest. La Bielorussie est liberee, ainsi que des parties de la Lituanie et de la Lettonie . Le premier front de la Baltique se tourne alors vers les terres proches de la mer Baltique en septembre-octobre et avec d'autres fronts, il se prepare a affronter les Allemands a Memel (voir bataille de Memel ) et a Riga et ainsi d'isoler le dispositif Nord de l'armee allemande de la Baltique, en le coupant de la Prusse-Orientale .

La Stavka decide de regrouper les forces du premier front de la Baltique qui etaient autour de Riga et de les replier autour de Chiaouliai (Schaulen) recemment liberee pour frapper Memel . Le general Bagramian procede a des manœuvres rapides utilisant l'obscurite de la nuit pour ses mouvements de troupe. Elles parcourent de nuit, y compris une armee de blinde, 200  km en six jours. Ce changement d'aile si rapide pour un front important, au vu du nombre d'hommes et d'engins, est encore etudie comme exemple pour les academies militaires d'aujourd'hui. Le , les Sovietiques sont aux portes de Memel, au bord de la Baltique et a l'extreme pointe orientale de la Prusse-Orientale. La voie d'acces des troupes de l'Armee du Nord allemande au reste de la province est desormais totalement fermee. Plus de trente divisions allemandes sont enfermees en Courlande . Bagramian recoit son second Drapeau rouge, le .

Plan de la bataille de Konigsberg .

Le premier front de la Baltique est supprime le , au terme d'objectifs operationnels et strategiques remplis. Certaines de ses formations se deploient dans le nouveau groupe operationnel du Samland ( Земльяндская оперативная группа войск ), commande par Bagramian qui est en meme temps commandant en second du troisieme front bielorusse sous les ordres du marechal Vassilievski . Son but est de prendre la forteresse de Konigsberg , nommee par Hitler comme ≪ le bastion absolument imprenable de l'ame allemande ≫ . Les troupes sovietiques arrivent aux abords de Konigsberg , le . La ville avait deja ete detruite par l'aviation anglo-americaine en , mais 130 000 soldats allemands s'y trouvaient encore sous le commandement du general von Lasch et quelques dizaines de milliers de civils qui n'avaient pas encore fui. La ville etait entouree de trois lignes de defense, composees de fortins et de bastions tout autour, et de la citadelle. Les Sovietiques font pleuvoir une attaque massive d'artillerie du plus grand calibre et quatre jours de combats extremement violents s'ensuivent, avec des combats de rue a la fin et l'utilisation de lance-flammes . Le general von Lasch, desobeissant aux ordres d'Hitler, demande la capitulation sans condition au soir du .

Bagramian prend la tete du troisieme front bielorusse le , apres avoir ete decore de l' ordre de Souvorov de premiere classe. Il remplace Vassilievski qui est envoye sur le theatre d'operations d'Extreme-Orient. Il poursuit les combats dans le Samland et les environs.

Il est a la tete du defile du premier front de la Baltique , qui parade aux fetes de la Victoire sur la place Rouge , le .

Apres-guerre [ modifier | modifier le code ]

Le general Bagramian est nomme a l'ete 1945 commandant en chef des forces armees du district militaire balte , position qu'il occupe jusqu'en 1954. Il devient haut-inspecteur militaire au ministere de la Defense d'URSS, le . Il est eleve au grade de marechal de l'Union sovietique , le (Staline etant mort...) et il est nomme, le , chef de l' Academie militaire Vorochilov , preparant les futurs officiers d'etat-major des forces armees d'URSS, et qui change de nom en 1958, devenant l'Academie militaire de l'etat-major-general. Le , le marechal Bagramian accede au poste de vice-ministre de la Defense et il est commandant des services de l'arriere au ministere de la Defense.

Le marechal Bagramian est nomme inspecteur general des groupes d'inspecteurs militaires generaux au ministere de la Defense, le .

Il est membre du Comite central du Parti communiste de l'Union sovietique de 1961 a sa mort et depute du Soviet supreme de 1946 a sa mort.

Le marechal Ivan Khristoforovitch Bagramian, deux fois Heros de l'Union sovietique , meurt le . C'etait le dernier des marechaux a avoir commande un front sovietique pendant la Seconde Guerre mondiale . Ses funerailles ont lieu a la maison centrale de l'Armee sovietique a Moscou le , une garde d'honneur se tenant devant le catafalque . Celle-ci se compose des hauts dignitaires du regime : Brejnev , Gromyko , Tchernenko , Solomentsev , Tikhonov et Gorbatchev . Son urne est placee dans la necropole du mur du Kremlin donnant sur la place Rouge .

Crise des Caraibes [ modifier | modifier le code ]

La crise des missiles de Cuba , ou crise des Caraibes, est un evenement majeur qui a failli mener a une autre guerre mondiale entre les Etats-Unis et l' Union sovietique en octobre 1962 avec la menace nucleaire. L'arsenal nucleaire des Etats-Unis etait quinze fois superieur a celui des Sovietiques qui etaient inquiets des fusees nucleaires que les Americains avaient placees en Turquie , leur fidele allie, et qui menacaient le territoire sovietique a seulement dix minutes de tir, ainsi que du deploiement de missiles nucleaires americains en Italie . La reponse de Cuba de la part de Nikita Khrouchtchev a tenu le monde en haleine. C'est le marechal Bagramian qui a ete charge de la preparation du transfert des fusees, sous le nom de code d' Operation Anadyr . Cinquante mille hommes, trente-six missiles nucleaires et quatre sous-marins sovietiques sont envoyes a Cuba.

Famille [ modifier | modifier le code ]

Timbre sovietique edite a son effigie en 1987.

Bagramian epouse en 1922 une veuve, Tamara Amaiakovna (1900-1973) [ 9 ] (qui le suit sur le front pendant la guerre), dont il a une fille, Margarita Ivanovna Bagramian (1923-1996), medecin-ophtalmologue. Il a aussi un fils adoptif, Movses Ivanovitch Bagramian, fils du premier mariage de son epouse (son premier epoux, officier armenien, perdit la vie en se defendant contre les Turcs) et qui est soldat pendant la Grande Guerre patriotique et deviendra peintre.

Decorations [ modifier | modifier le code ]

Les decorations du marechal Bagramian, ainsi que ses medailles, ont ete offertes au musee central des forces armees de Moscou par sa famille.

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Actuellement en Azerbaidjan , c'etait jusqu'au conflit du Haut-Karabakh un village de peuplement exclusivement armenien.
  2. ≪ Jean ≫ en russe. Ses etats de service sont decrits sous son nouveau nom. Il signe plus tard son autobiographie en tant qu'Ivan Khristoforovitch Bagramian.
  3. C'est lui qui accepta d'y faire servir son ancien camarade de promotion qui le lui avait demande.
  4. Aujourd'hui Lvov, ou Lviv, et Tchernovtsy.
  5. Nikita Khrouchtchev en tant que membre du conseil de guerre y participe aussi.
  6. Preparee depuis le 9 fevrier.
  7. Du nom de la ville de Gorodok , pres de Vitebsk .
  8. Les Americains relatent les faits dans le Time Magazine de l'epoque, qualifiant Ivan Bagramian, d'obscur Armenien : ≪  The laurels went to an obscure Armenian Ivan Christoforovich Bagramian  ≫ ; (en) article
  9. Elle meurt en 1973.

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Ouvrages ecrits par Ivan Bagramian, tel qu'il signe ses ouvrages, I Kh Bagramian, И Х Баграмян, pour Ivan Khristoforovitch Bagramian
  • (ru) C'est ainsi que commenca la guerre , Voienizdat (Editions militaires), 1971, traduit en allemand en 1979
  • (ru) C'est ainsi que nous avons marche vers la victoire , Voienizdat, 1977, traduit en allemand en 1984
  • (ru) Mes Memoires , Erevan, 1980
  • (ru) La Gloire martiale , Moscou, 1981
  • (ru) Fils du grand peuple , Moscou, 1984 (ouvrage documentaire posthume a propos de ses camarades de combat Joukov, Vassilievski, Rokossovski, Timochenko, Chapochnikov, Koniev, et Karbychev)
Autres ouvrages
  • (de) Ivan Bagramian, Geschichte der Kriegskunft , Berlin, 1978, traduit par Eduard Ullmann
  • (en) Antony Beevor , Berlin: The Downfall 1945 , Londres, Penguin Books, 2002
  • (ru) V.I. Egorchine, Фельдмаршалы и маршалы , Moscou, 2000 ( Marechaux allemands et marechaux sovietiques )
  • (ru) Vladimir Karpov , Маршал Ваграмян: Мы много пережили в тиши после войны , Moscou, 2006 ( Marechal Bagramian : ≪ Nous avons beaucoup endure dans le calme apres la guerre ≫ )

Liens externes [ modifier | modifier le code ]

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