Le
siege d'Alesia
est un evenement qui a fortement marque l'
historiographie
francaise, surtout depuis le
XIX
e
siecle. Marquant la fin de l'independance des
peuples celtiques
de la
Gaule
ainsi que le debut du controle romain sur la region, cet affrontement fut au cœur des problematiques de definition de l'identite nationale et de recherche des origines de la
nation francaise
, pour plusieurs raisons : le siege d'Alesia marque d'abord le terme de la resistance organisee contre les armees de Cesar en Gaule, il est donc l'episode final de la conquete entreprise par le proconsul romain sur un vaste territoire correspondant peu ou prou a la France actuelle ; de plus, le siege d'Alesia consacre l'echec militaire de Vercingetorix a la tete d'une vaste armee coalisee, que d'aucuns ont percu comme l'embryon d'une nation ou d'un peuple francais conscient de son identite.
Outre la question nationale et politique, les debats historiques autour de cette bataille ont essentiellement porte sur la question de la localisation du lieu de la bataille et donc de l'
oppidum
d'
Alesia
. En depit des sources litteraires medievales et modernes identifiant le lieu, et en depit des nombreux vestiges archeologiques du siege a
Alise-Sainte-Reine
en
Bourgogne
, issus de fouilles effectuees sous le
Second Empire
et tout au long du
XX
e
siecle, de nombreux ≪ sites alternatifs ≫ furent regulierement proposes comme des candidats plus ou moins fantaisistes, pour la plupart situes dans le
Jura
.
Si de nombreuses identifications concurrentes ont ete proposees a la suite des explorations napoleoniennes du site, les fouilles archeologiques franco-allemandes menees entre 1991 et 1997 ont porte a la lumiere et a la connaissance de la communaute des chercheurs suffisamment d'indices pour confirmer l'identification d'Alesia avec le
site
d'
Alise-Sainte-Reine
, soit par la reprise systematique des pistes ouvertes au
XIX
e
siecle, soit grace a la decouverte d'elements inedits et probants
[
2
]
. Les photos aeriennes recentes, realisees par Rene Goguey, ont notamment permis de localiser precisement les fosses et fortifications identiques a ceux que decrit
Cesar
, grace au principe d'indice phytographique exploite par l'archeologie aerienne depuis plus d'un demi-siecle pour identifier les vestiges archeologiques enfouis sous les cultures. Les debats historiques sont aujourd'hui clos puisque la communaute scientifique, internationale et francaise, dans son immense majorite, s'accorde pour dire que les elements mobiliers et stratigraphiques issus du
site archeologique d'Alesia
a Alise-Sainte-Reine, dans le
departement
de la
Cote-d'Or
en Bourgogne
[
3
]
, correspondent au siege de Cesar et forment un dossier documentaire exemplaire et unique en son genre a l'echelle de l'archeologie antique.
Cependant, la polemique survit actuellement en France par quelques echos mediatiques periodiquement relances par des non-professionnels de l'archeologie
[
4
]
.
Phenomene exclusivement francais
[
5
]
,
[
3
]
,
[
n 1
]
, les raisons qui ont conduit a la proliferation de differentes ≪ Alesia ≫ sont multiples.
S’il n’est pas un seul colloque, un seul ouvrage d’archeologie militaire romaine qui ait remis en cause la localisation Alesia/
Alise-Sainte-Reine
[
3
]
, la question est tout autre en France ou l’enjeu depasse, souvent, le domaine de la recherche archeologique en raison de la dimension symbolique que revetent Alesia et Vercingetorix
[
3
]
. L’origine de la querelle a precede de quelques annees l’entreprise des fouilles de
Napoleon
III
[
6
]
. Mais le debat a ete perturbe par le caractere officiel de cette demarche organisee par celui qui etait reste au pouvoir grace a un coup d’Etat ; la passion fut d’autant plus vive qu'au meme moment, son ouvrage
Histoire de Jules Cesar
allait etablir la verite officielle, fatalement entachee de suspicion et truquee : ≪ on n’a jamais rien trouve a Alise-Sainte-Reine ≫ et ≪ tout a ete invente pour faire plaisir a l'empereur ≫ sont ainsi des reproches couramment faits a l'encontre des fouilles d'Alise Sainte Reine, malgre les resultats incontestables verifies dans les annees 1990
[
7
]
.
Le principal reproche formule par les detracteurs de la localisation a Alise-Sainte-Reine est l'inadequation reelle ou supposee du site avec le texte cesarien qui est lui considere comme parfaitement veridique (chose fort peu credible puisqu'il s'agissait d'un ouvrage de propagande utilise par Cesar lui-meme). Sur la base de cette constatation, le site d'
Alaise
est alors propose le
lors d'une communication de l'architecte
Alphonse Delacroix
a la societe d'Emulation du Doubs qu'il a fondee, entrainant une vive polemique entre
Francs-Comtois
et Bourguignons
[
8
]
. D’autres ≪ Alesia ≫ vont emerger par la suite, parmi lesquelles se sont surtout illustrees :
Salins
(Jura, 1952) ;
Syam
-
Chaux-des-Crotenay
(Jura, 1962). Ces Alesia franc-comtoises ont pour origine les textes de
Plutarque
≪ C'est pourquoi il fit mouvement et traversa le pays des Lingons pour atteindre celui des Sequanes, peuple ami, qui separe l'Italie du reste de la Gaule. La, les ennemis l’assaillirent et l'envelopperent avec de nombreuses myriades d'hommes ≫
[
9
]
et
Dion Cassius
≪ Vercingetorix l'intercepta sur le territoire des Sequanes et l'encercla ≫
[
10
]
qui situent tous les deux Alesia en pays
sequane
, le seul texte de Jules Cesar (B.G, VII, 66,2.), trop vague
[
11
]
,
[
12
]
,
[
13
]
,
[
14
]
, ne permet aucune certitude sur l'emplacement ou a eu lieu l'embuscade de Vercingetorix. S'appuyant ainsi sur de simples considerations
philologiques
, ≪ chacun y est alle de sa proposition d'itineraire, ce qui explique qu'on trouve des Alesia alternatives a chacun des passages possibles du Jura, depuis les parages de
Montbeliard
jusqu'en Savoie ≫
[
15
]
.
Ces controverses archeologiques francaises ont ete parodiees dans
Le Bouclier arverne
, album de la
bande dessinee
Asterix
[
16
]
. Symbole de la victoire romaine et de la reddition gauloise, Alesia constitue un sujet tabou aux yeux du chef
Abraracourcix
, qui repond furieusement a une innocente interrogation touristique formulee par
Asterix
:
≪ Alesia, connais pas, Alesia ! Je ne sais pas ou se trouve Alesia ! Personne ne sait ou se trouve Alesia ! ≫
[
17
]
,
[
18
]
. En refoulant patriotiquement
≪ le souvenir de la defaite ≫
, le chef gaulois fait pendant de maniere humoristique au
≪
resistancialisme
gaullien
≫
, observe le critique
Nicolas Rouviere
[
19
]
.
Une localisation sans grand debat du Haut Moyen Age au
XIX
e
siecle
[
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|
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]
Avant le
XIX
e
siecle la localisation d'Alesia ne souleve pas de grand debat, et contrairement a ce qui est souvent affirme par les promoteurs d'autres sites,
Napoleon III
n'a pas invente la localisation d'Alesia a Alise-Sainte-Reine. En fait, l'identification du
mont Auxois
comme lieu du siege d'Alesia est courante et admise depuis le Haut Moyen Age.
L'identification d'
Alise-Sainte-Reine
a Alesia (voir
site archeologique d'Alesia
) apparait pour la premiere fois au
IX
e
siecle. Vers
865
, le moine
Heri de Saint-Germain d'Auxerre
, dans son recit du transfert des reliques de sainte Reine d'Alise jusqu'a
Flavigny
, fait explicitement le lien entre Alise et le siege mene par Cesar
[
20
]
,
[
21
]
. La figure de sainte Reine temoignerait d'une tradition hagiographique attestee depuis le
V
e
siecle, a l'epoque ou le territoire etait un
Pagus Alisiensis
[
22
]
; a la meme epoque, Saint-Germain fait d'ailleurs un court sejour a Alise / Alesia pour y voir les reliques de sainte Reine disposees dans une basilique
[
20
]
; Heri etait un des eleves de
Loup de Ferrieres
, abbe erudit qui, curieux de manuscrits, avait redecouvert une copie de la
Guerre des Gaules
de Cesar. Son poeme enterinera l'assimilation de l'oppidum d'Alise-Sainte-Reine avec le lieu ou se deroula la bataille d'Alesia ; a partir de cette epoque la tradition ne variera pas. Cette localisation entrainera le lancement des recherches au
XIX
e
siecle. Au
XIV
e
siecle, le Florentin
Giovanni Villani
, dans sa chronique du siege de
Montecatini
, evoque a son tour les
≪ ouvrages et l'enceinte des fosses et des chevaux de frise dont on lit que Jules Cesar les a faits au castel d'Alise en Bourgogne, et dont on voit encore l'enceinte […] ≫
[
20
]
. Des les premieres editions du texte de Cesar, au
XVI
e
siecle, on ajoute a l’œuvre des cartes de la Gaule. Sur l'essentiel d'entre elles, le territoire des
Mandubiens
est figure comme etant celui de l'Auxois, aux confins du territoire des
Lingons
et des
Eduens
. Les rares exceptions de l'epoque sont regulierement fantaisistes, comme la carte de
Jean-Pierre des Ours de Mandajors
, situant Alesia a
Ales
en
Languedoc
[
23
]
.
La localisation a Alise est celle generalement retenue par ceux que l'on appelle les
antiquaires
comme
Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville
[
24
]
qui donna en
1755
une carte tiree d'un releve precis du site
[
25
]
.
En
1784
,
Pierre Laureau
, ecuyer du
comte d'Artois
, effectue des fouilles sur le mont Auxois, qui permettent de mettre au jour des monnaies et des inscriptions
[
25
]
. La decouverte a Alise, en 1839, de l'inscription mentionnant
ALISIIA
(
CIL
XIII, 2880) appelee
Pierre de Martialis
dans la litterature archeologique, ajouta un element important pour l'identification du site
[
26
]
, et malgre les debats linguistiques sur le radical celtique
alis-
, il est un element determinant de la localisation.
A partir du milieu du
XIX
e
siecle, plusieurs scientifiques contestent la localisation du site a Alise et mettent en avant le village d'
Alaise
, dans le
Doubs
, a une vingtaine de kilometres au sud de Besancon. Les principaux soutiens a la these d'Alaise ne viennent pas de la region jurassienne, mais de savants tres sceptiques sur le site bourguignon, qui serait incompatible avec le texte de Cesar.
La premiere declaration en faveur d'Alaise est faite par l'architecte
Alphonse Delacroix
qui presente le
un memoire historique a une societe savante du Doubs
[
27
]
. Il s'appuie principalement sur les textes anciens pour estimer que le site ne peut etre Alise. Son choix d'Alaise est dicte par le rejet d'Alise et par une ressemblance phonetique entre les deux toponymes. D'autres facteurs, moins importants, sont parfois cites : l'existence d'un lieu-dit
Champ de guerre
et une tradition locale voulant qu'Alaise ait ete autrefois une ville ? devenue un mystere pour les habitants
[
28
]
.
Il y a aussi la decouverte de
tumuli
avec des armes
[
27
]
, comme on en trouve beaucoup sur le territoire, vaguement interpretees comme appartenant a la periode de la
guerre des Gaules
, a une epoque ou l'exploration archeologique est encore balbutiante
[
27
]
: l'absence d'etudes typo-chronologiques et stratigraphiques empeche de dater ces armes
[
27
]
. La datation gauloise de ce tumulus se revelera erronee et anachronique, meme si elle etait alors soutenue par les erudits locaux et les societes savantes regionales.
D'autres savants exterieurs a la region du Jura appuient l'hypothese d'Alaise.
Ernest Desjardins
, par exemple, specialiste de la geographie antique
[
29
]
.
Jules Quicherat
, historien et archeologue reconnu de l'epoque, prend lui aussi position contre Alise, en
1857
[
30
]
: parmi ses arguments, l'expression de Cesar,
in Sequanos iter facere
, qui voudrait dire ≪ aller chez les Sequanes ≫ et non ≪ aller vers les Sequanes ≫
[
31
]
. Quicherat est un savant, jamais engage en politique. Au moment ou il redige son memoire
L'Alesia de Cesar rendue a la Franche-Comte
, sa demarche scientifique l'amene a prendre parti pour une localisation
franc-comtoise
, region ou il n'a encore jamais mis les pieds, sans privilegier un site en particulier. Ce n'est que plus tard qu'il defend la localisation
sequane
la plus credible a l'epoque : Alaise.
Les savants du milieu du
XIX
e
siecle ne peuvent ni connaitre les regles de la
phonetique historique
, ni la
methodologie
en
toponymie
, largement ignorees a l'epoque, et les formes anciennes connues d'Alaise se reveleront ensuite incompatibles avec la forme
Alesia
, a moins que les auteurs romains n'aient commis une
cacographie
. Le nom d'Alaise n'est pas connu avant le
XI
e
siecle
[
32
]
ou le
XII
e
[
33
]
et il apparait sous la forme
Alasia
, puis en 1278 sous la forme
Elaise
[
34
]
.
Ernest Negre
interprete ce toponyme comme le nom de personne germanique
Alati-us
, cite par
Marie-Therese Morlet
[
35
]
, +
-a
, c'est-a-dire
*Alatia (villa)
[
34
]
, seul capable de rendre compte du [a] d’
Alasia
, forme qui a regulierement abouti a
Alaise
.
Des 1858, un article du
duc d'Aumale
paru dans la
Revue des Deux Monde
s
souleve les difficultes d'une localisation du siege a Alaise, alors que les deplacements des armees adverses s'expliquent mieux autour du mont Auxois. En outre, l'auteur estime que les guerriers gaulois retranches a Alesia etaient moins de 80 000, chiffre cite par Cesar
[
36
]
.
Alaise n'a plus aujourd'hui, comme hypothese, qu'une notoriete historiographique dans les milieux scientifiques et academiques
[
3
]
.
C'est la decouverte d'un important depot d'armes de l'
age du Bronze
pres de la ferme de l'Epineuse, aux environs d'Alise, qui incite en
1861
l'empereur
Napoleon
III
a programmer des fouilles autour du mont Auxois (voir
site archeologique d'Alesia
). L'association de ces armes a l'epoque gauloise et a la bataille constitue un anachronisme notable, mais l'absence de typologies etablies et datees est une lacune dont souffrent aussi au meme moment les decouvertes de tumulus du site concurrent, Alaise, qui se reveleront etre elles aussi de l'age du bronze.
Les fouilles sont commencees sous le patronage de
Felix de Saulcy
, savant responsable de la
Commission de topographie des Gaules
, puis sont placees, a partir de 1862, sous la direction du baron
Eugene Stoffel
. Ces fouilles ne font pas l'objet d'une publication detaillee et precise, mais furent reetudiees par la suite par la mission franco-allemande des annees 1990. Leur deroulement exact, l'emplacement des trouvailles, la nature des vestiges ne sont pas non plus precisement exposes. Ce n'est que la redecouverte tardive d'archives, a la fin des annees
1950
qui permet de mieux comprendre ces fouilles, et leur valeur
[
37
]
.
La commission de topographie effectue 282 coupes sur les fortifications de Cesar, fouillant d'avril a juillet, puis de novembre a
, essentiellement dans la plaine des Laumes en ete, puis vers le Rea dans l'automne
[
38
]
. L'annee 1862, jusqu'a la nomination de Stoffel en septembre, est consacree a retrouver tout autour du site l'acquis de l'annee precedente. Les fouilles sont donc effectuees dans toutes les directions. Selon
Jacques Harmand
, ≪ la probite et l'efficacite de ces travaux apparaissent avec evidence lorsque l'on suit sur les plans et planche de la commission comme sur une sorte de film la progression des decouvertes
[
39
]
. ≫ De la fin 1862 a 1865, Stoffel dirige les fouilles, s'appuyant sur place sur Paul Millot et Victor Pernet. Les fouilles s'attachent alors a preciser le trace des contrevallations, a retrouver les camps, a rechercher systematiquement les dispositifs de defense, comme les trous de loup
[
40
]
. Des fouilles ont aussi lieu sur le plateau du mont Auxois : des puits sont fouilles et des sondages pratiques sur l'enceinte de l'oppidum
[
41
]
. Les fouilles de Stoffel s'achevent avec la publication de l'
Histoire de Jules Cesar
ecrite par
Napoleon
III
. Le contexte d'apres la
guerre de 1870
limite momentanement les debats, qui reapparaissent dans les annees
1900
. En 1913, la commission des enceintes dresse une bibliographie sur la querelle occupant quatorze pages du
Bulletin de la societe prehistorique francaise
[
42
]
.
Les comparaisons topographiques de Victor Revillout
[
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]
En
1856
, un livre de Victor Revillout passe au crible les deux sites en concurrence, ceux d'Alise et d'Alaise, sur le critere d'une confrontation des ecrits de Cesar concernant la description topographique du siege et des combats militaires
[
43
]
. L'auteur estime que le site ne peut en aucun cas etre a Alise-Sainte-Reine, mais decouvre aussi des incompatibilites topographiques avec celui d'Alaise.
C'est a partir de ce livre que des recherches s'orientent aussi vers les regions a l'est du pays, plus compatibles avec les ecrits de Cesar que la Bourgogne
[
43
]
.
Les fouilles d'Alaise dans les annees 1950
[
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]
En 1950 parait a titre posthume
La bataille d’Alesia
, de
Georges Colomb
, savant botaniste egalement connu comme dessinateur du
sapeur Camember
, qui avait deja presente des arguments en faveur d'
Alaise
en 1922, dans l'
Enigme d'Alesia
[
44
]
. Cette publication amene
Lucien Febvre
a reclamer en 1951 de vraies fouilles pour eclairer le cas d'Alaise
[
45
]
. Des campagnes de fouilles sont menees en
1952
et
1953
par Maurice Dayet, puis completees en 1953 par des sondages diriges par Louis Deroche pour une association de soutien a Alaise. Ces fouilles ne revelent que des vestiges bien anterieurs a la bataille ou medievaux
[
46
]
,
[
47
]
.
Jean Berard
, auparavant plutot peu convaincu par Alise, conclut : ≪ Il n’y a rien a Alaise
[
48
]
. ≫ En 1958, le livre de
Jerome Carcopino
semble mettre un terme au debat, en faveur d'Alise
[
49
]
.
Andre Berthier, la methode du portrait-robot et l'hypothese de Chaux-des-Crotenay
[
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]
En
1960
,
Andre Berthier
, archiviste
paleographe
, conduit des fouilles a
Tiddis
, en Algerie
[
50
]
. Il s'interesse a la question d'Alesia en lisant le livre de Jerome Carcopino
[
51
]
qui presente les
Mandubiens
comme des ≪ Sequanes de l'Ouest ≫. Berthier, grand admirateur de Carcopino
[
52
]
, attend beaucoup de cet ouvrage, mais il est decu par la faiblesse de l'argumentation et il enverra en 1966 a Carcopino un memoire intitule ≪ Scepticisme devant Alise ≫. Deja perplexe sur la topographie du site d'Alise Sainte-Reine
[
53
]
, il n'est pas plus convaincu par le rapprochement Alise = Alesia : pour lui, Alesia est un nom generique, d'origine celte et designant un escarpement, qui est tres repandu
[
54
]
. Alise comme Alaise peuvent provenir d'une meme etymologie, cela n'en fait pas pour autant l'Alesia des Mandubiens. Selon lui toujours, sur les vingt-sept localites gauloises citees par Cesar, seulement six ont conserve depuis leur nom
[
55
]
, suivant le meme cas de figure, il est donc tout a fait possible que l'Alesia citee par Cesar l'ait perdu. Berthier estime qu'il doit etre possible de retrouver Alesia par un moyen inedit en archeologie, la methode du portrait-robot. Cette demarche consiste a forger, a partir du texte de Cesar, un ≪ portrait-robot ≫ theorique du site d'Alesia, issu de quarante criteres geographiques et tactiques
[
56
]
, et de plaquer le schema obtenu sur les cartes d'etat-major d'une large zone couvrant le centre-est de la France
[
57
]
. Il etudiera pres de 300 sites. Imaginee en 1962, cette methode ne fut formellement nommee par Berthier que dans les annees 1980.
Berthier compare son portrait-robot ainsi obtenu aux deux principaux sites,
Alise-Sainte-Reine
et Alaise : selon lui, aucun des deux ne correspond a son modele theorique. Berthier est d'autant plus motive que le site officiel d'Alise-Sainte-Reine est selon lui en tres ≪ nette discordance ≫ avec le portrait-robot, notamment du fait de sa taille.
La superficie de l'oppidum doit etre vaste, potentiellement jusqu'a
1 000
ha
, car il doit pouvoir accueillir une armee de 80 000 hommes, de nombreux troupeaux et les Mandubiens
[
58
]
. Les descriptions employees par Jules Cesar doivent s'appliquer a la lettre
[
59
]
et ne pas etre edulcorees
[
60
]
. Berthier doit donc absolument trouver une plaine d'une longueur de 3000 pas, soit 4,5
km
[
61
]
et deux rivieres de chaque cote, au pied meme (
radices
) de l'oppidum
[
62
]
. Sur les cartes d'etat-major qu'il s'est procurees et a l'aide de son ≪ portrait-robot ≫, Andre Berthier, etudie tout d'abord l'oppidum d'Alise-Sante-Reine et la
Cote-d'Or
, puis il descend progressivement jusque dans le
Jura
, eliminant site apres site avant de s'arreter sur un vaste eperon barre, montagneux et totalement inconnu
[
n 2
]
situe a
Chaux-des-Crotenay
.
A partir de
1964
, il multiplie les demandes de fouilles qui se heurtent presque systematiquement a des refus, Michel Redde emploie d'ailleurs le terme de ≪ guerres picrocholines ≫ avec les services de l'Etat pour qualifier cette periode, quand A. Berthier parle lui de veritable comedie. Le professeur Lucien Lerat, directeur des Antiquites de Besancon, farouche adversaire de Berthier de la premiere heure, mettra sa demission dans la balance des
1965
, elle fut refusee mais une deuxieme demande aboutira en
1971
[
20
]
,
[
64
]
. Berthier finit par se rendre directement aupres des ministres. Il obtient d’eux quelques autorisations de courte duree et s'attire les foudres des autorites archeologiques
[
65
]
. Une campagne de fouilles de sauvegarde realisee en tranchees de sondage met au jour plusieurs structures. Il obtiendra quatre autres campagnes de fouilles, de duree et d'espace tres limites, qui ne feront pas l'objet de publications scientifiques. Par la suite, les sondages menes sur le site viendront fortement compromettre les interpretations de Berthier : parmi tous les echantillons de ceramique preleves sous la cote Poire, lieu presume du camp nord decrit par Cesar, la periode de La Tene Finale, celle de la guerre des Gaules, est quasiment absente de la documentation, le site s'averant etre occupe au Haut-Empire plutot qu'a l'epoque de Cesar
[
66
]
. Au total cinq fouilles et neuf sondages ont ete autorises a
Chaux-des-Crotenay
[
67
]
. Ces campagnes, rapidement interrompues par l'absence de resultats probants attestant d'un site celtique, n'ont pas fait l'objet de publication scientifique
veritable
, en partie du fait des desaccords interpretatifs entre Berthier et les differents specialistes mobilises par les instances archeologiques nationales
[
68
]
. L'ensemble des rapports des fouilles autorisees a ete auto-edite en acces restreint et payant sur le site ArcheoJuraSites
[
69
]
qui a numerise les archives d'
Andre Berthier
. Elles ne sont consultables que sur inscription au site internet et sur adhesion a l'association. C'est a l'heure actuelle cette association qui detient le mobilier archeologique
[
70
]
decouvert a l'occasion des trois fouilles autorisees a Chaux-des-Crotenay, et qui detient de fait plein pouvoir sur l'etude et la publication de celui-ci, comme le soulignent plusieurs archeologues et historiens dans un
manifeste
en reponse a Danielle Porte et ArcheoJuraSites
[
68
]
.
En
1980
, Berthier fonde l'Association
Lemme
et
Saine
d'interet archeologique (A.L.E.S.I.A.)
[
n 3
]
pour soutenir ses hypotheses. En
1984
, il recapitule sa demarche et ses hypotheses, en particulier ≪ la methode du portrait-robot ≫ au
109
e
Congres national des societes savantes tenu a l'
universite de Dijon
[
71
]
. En
1990
, il publie un ouvrage en collaboration avec
Andre Wartelle
[
72
]
.
En
2008
, le journaliste interesse par l'histoire
Franck Ferrand
appelle a accomplir des fouilles ≪ ambitieuses
[
73
]
≫, et deplore leur absence, meme si la ville a ete ≪ brulee, rasee, promise au neant ≫ au terme du siege
[
74
]
.
Andre Berthier et son successeur
Danielle Porte
, ou encore le cineaste Jean-Pierre Picot
[
75
]
, estiment avoir retrouve des fortifications gauloises, des murs delimitant un espace urbain, des monuments cultuels protohistoriques
[
76
]
, des camps et des fortifications romaines
[
77
]
, mais n'en ont pour l'instant publie aucun resultat probant.
L'association ArcheoJuraSites, qui poursuit la ≪ promotion ≫ du site, a herite des archives et documents rassembles par Andre Berthier jusqu'a son deces en 2000. La mairie de
Chaux-des-Crotenay
lui a permis d'installer une petite exposition dans l'ex-poste du village. L'association a par ailleurs entrepris la numerisation des archives d'Andre Berthier, l’essentiel des documents est desormais en ligne sans faire l'objet d'une publication scientifique verifiee puisqu'il s'agit des archives personnelles de Berthier, notamment constituees de tres nombreuses correspondances
[
69
]
.
La methode du portrait-robot, qui n'est pas consideree dans l'enseignement universitaire comme probante, a ete refutee en
1984
par
Gilbert Charles-Picard
[
78
]
et Richard Adam
[
79
]
qui publie aussi une critique du site de Chaux dans son ensemble
[
80
]
. En 2001, Marie-Pierre Rothe
[
81
]
, auteur d'une carte archeologique de la Gaule pour le Jura considere que sur les communes de
Crans
et de Syam, secteur de la Grange d'Aufferin, si des occupations datees de
la Tene
III ainsi que de l'epoque gallo-romaine sont bien attestees, l'epoque republicaine n'est pas representee significativement et ≪ il n'y a aucune preuve de camp romain
[
66
]
≫. Elle signale aussi qu'un fanum commemoratif serait en fait medieval suivant les travaux de l'archeologue Chr. Meloche, concernant Chaux-des-Crotenay, elle explique qu'Andre Berthier a voulu y voir un grand oppidum sans fournir d'indices archeologiques
[
82
]
. La these est de nouveau critiquee en 2003 par
Michel Redde
, ancien vice-president du Conseil national de la recherche archeologique (C.N.R.A.) et directeur d'etudes a l'Ecole pratique des hautes etudes (EPHE) qui insiste sur le caractere abstrait de la methode du portrait-robot
[
83
]
, force
[
84
]
voire errone
[
85
]
. Les critiques de l'hypothese insistent aussi sur l'absence de decouverte archeologique probante (materiel date par stratigraphie et typologie
[
86
]
) et sur le caractere exceptionnel qu'occuperait ce site dans la typologie des
oppida
celtiques de la fin de l'epoque de
La Tene
(surface, organisation). Du 14 au
, le quartier du Pont de la Chaux est fouille par l'Etat, qui veut y installer une
ZAC
, sans concertation avec l'association d'Andre Berthier. Celle-ci critique le rapport
[
87
]
. Pour autant les conclusions du rapport d'operation indiquent que les 31 sondages se sont reveles negatifs et ne comportent pas de traces d'occupation gauloise.
Dans une etude de 1985, Jean-Yves Guillaumin, proche d'Andre Berthier, avait souligne que seuls trois sites (
Alise-Sainte-Reine
,
Chaux-des-Crotenay
et
Alaise
) avaient fait l’objet d’etudes et de debats de niveau national
[
88
]
. A partir de la fin des annees 1980, la plupart des sources secondaires et tertiaires parlent d'un debat entre Alise et le Jura
[
89
]
,
[
90
]
,
[
91
]
,
[
92
]
. En 2003, M. Redde signale qu'≪ on compte plusieurs dizaines de sites regulierement proposes a l'attention du public ≫, et il precise que la plupart des Alesia alternatives sont situees en Franche-Comte
[
3
]
.
Pour autant, Elisabeth Rabeisen, conservatrice d’Alise-Sainte-Reine, affirme en 1999 que nous disposons de 3 850 sites potentiels bien qu'elle n'en enonce que 17, proposes entre 1695 et 1984
[
93
]
, quant a la mediatrice culturelle du
MuseoParc Alesia
, Maud Goldscheider, elle indique en 2016, sans les lister, que depuis ≪ cent cinquante ans, plus de 1 200 sites ont deja revendique etre Alesia, jusque dans le sud-ouest de la France ≫
[
94
]
. Parmi ceux qui ont ete defendus sur la base de sources historiques, outre
Alaise
et
Chaux-des-Crotenay
, deux autres sont aussi situes dans le Jura :
- Izernore
a des 1865 ete propose comme lieu possible de la bataille par
Jacques Maissiat
[
95
]
. Il est encore defendu par Ferreol Butavand, ingenieur polytechnicien originaire du village proche de
Nurieux-Volognat
dans les annees 1930
[
96
]
, puis ne fait plus parler de lui.
- Novalaise
en Savoie (territoire des Allobroges) est proposee en 1866 par
Theodore Fivel
[
97
]
. Cet architecte de Chambery soutenait l'etymologie
Nova Alesia
, ≪ Nouvelle Alesia ≫, erronee selon les toponymistes qui proposent un derive de
novalia
≪ terres nouvellement defrichees ≫
[
98
]
.
- Un autre site escarpe est propose a
Salins-les-Bains
[
99
]
, par un livre de Pierre et Marcel Jeandot de Mouchard, en 1974, se fondant une nouvelle fois exclusivement sur les indications topographiques du recit de
Jules Cesar
[
100
]
. L'oppidum ≪ Le Camp du Chateau ≫ de
Salins-les-Bains
n'a finalement livre aucune trace archeologique attestant d'une occupation ou d'une bataille a l'epoque de la guerre des Gaules
[
101
]
, meme s'il a bien abrite un important habitat celte durant la periode de
Hallstatt
et au debut de l'epoque de La Tene, soit respectivement huit et quatre siecles avant les evenements de la
guerre des Gaules
.
De nombreux sites ont ete proposes sans sources historiques, ni ecrites ni archeologiques. En 1936,
Xavier Guichard
propose de retrouver dans le toponyme Alesia l'indice d'une geometrie sacree perdue
[
102
]
, speculations qui paraissait a l'historien
Lucien Febvre
du temps et de la peine perdus a base de calembours
[
103
]
. En Bourgogne,
Aluze
a ete proposee, sans aucun succes
[
104
]
. La commune de
Guillon
a ete avancee en
1984
comme site de la bataille par Bernard Fevre, carrier a Guillon
[
105
]
,
[
106
]
. Les structures vues comme des temoignages des fortifications par les partisans du site sont interpretees par les services locaux d'archeologie comme des epierrements agraires, des vestiges medievaux ou plus recents encore
[
107
]
. Fevre developpe une interpretation esoterique de sa decouverte, la mettant en rapport avec la legende de l'
Atlantide
[
108
]
. La localisation d'Alesia a Guillon est reprise par l'auteur Sylvain Tristan
[
109
]
, selon qui Alesia aurait ete l'heritiere d'un peuple qui aurait ete a l'origine des monuments
megalithiques
. Elle ne repose sur aucun constat scientifiquement publie. L'hypothese du village de
Luzy
,
chef-lieu de canton
de l'arrondissement de
Chateau-Chinon
, dans le departement de la
Nievre
, est egalement avancee
[
110
]
.
Le site d'Alise Sainte-Reine : la reprise progressive des enquetes de terrain
[
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]
A partir de 1905,
Emile Esperandieu
mene des fouilles regulieres au mont Auxois. Ces campagnes, comme en
1911
et
1912
, sont d'abord limitees
[
111
]
. Il pense identifier plusieurs destructions successives de la ville d'Alesia et plusieurs batailles dans l'Antiquite : celle de Cesar, une sous les empereurs julio-claudiens, une autre a la fin du
II
e
siecle
, une autre encore vers
275
et une derniere enfin au
IV
e
siecle
. On sait desormais que ces destructions supposees sont en fait tres hypothetiques, etant deduites ou supposees a partir de traces tres ponctuelles, notamment pour les destructions posterieures a celle de Cesar.
Apres
1908
, c'est
Jules Toutain
qui reprend la direction des fouilles a
Alise
, en association avec Victor Pernet d'abord, puis seul, et ce jusqu'en
1958
[
112
]
. Les fouilles, qui ont lieu sur le plateau, revelent surtout la ville gallo-romaine mais se heurtent aussi a des difficultes materielles
[
113
]
. Toutain defend regulierement la localisation a Alise arguant d'un faisceau de preuves lui permettant de dire que le doute s'evanouit
[
112
]
. Jusque vers 1950, le dossier d'Alise ne connait donc pas de bouleversement important, l'integralite des fouilles du
XIX
e
siecle n'etant alors pas contestee. Le bimillenaire de la bataille en
1949
suscita cependant un nombre important de publications dont plusieurs refutations de la these d'Alaise
[
114
]
. Dans ces publications, la toponymie est avancee comme un argument en faveur d'Alise, dans un probleme deja resolu, selon l'expression utilisee par
Raymond Lantier
dans son bilan des recherches archeologiques publie en
1953
[
115
]
.
A la fin des annees
1950
, cette situation change assez rapidement. Ce sont d'abord les analyses numismatiques de
Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu
qui demontrent l'authenticite des trouvailles monetaires effectuees au
XIX
e
siecle sur le
site
d'
Alise
[
116
]
. Les decouvertes de Colbert de Baulieu sont rapidement prises en compte par
Jerome Carcopino
dans son ouvrage sur la bataille d'Alesia et apportent un argument fort en faveur de la localisation a Alise : le site a bien abrite, a la fin de la guerre des Gaules, un
atelier monetaire de crise
, emettant des
monnaies obsidionales
de Vercingetorix, utilisant meme les coins des monnaies d'or pour frapper des monnaies de bronze ou de laiton
[
117
]
.
Dans la meme periode, la redecouverte et la publication d'archives des fouilles du Second Empire revelent leur precision et donnent un apercu plus precis de ce qui avait ete alors degage
[
118
]
,
[
37
]
,
[
40
]
,
[
119
]
, precisant notamment la topographie des considerables structures de siege reperees alors (fosses, palissades, camps, tours).
Enfin, a partir de
1958
,
Joel Le Gall
consacre nombre de recherches historiques au site d'Alise
[
119
]
. Revenant sur les destructions multiples supposees, il n'identifie formellement qu'un episode, a l'epoque de
Septime Severe
[
121
]
. Il publie de nouvelles decouvertes archeologiques et surtout met systematiquement en rapport les fouilles passees, surtout les archives des fouilles du Second Empire, et les nouveaux apports de l'archeologie : nouveaux objets, nouvelles methodes. Il souligne que les
photographies aeriennes
ont fait apparaitre les fosses des deux lignes de retranchement (
contrevallation
a l'interieur,
circonvallation
a l'exterieur) et qu'au total
≪ les fosses de Cesar representent une longueur de 40 kilometres et supposent la presence de 50 a 70 000 hommes
[
122
]
≫
.
En
1963
, dans
Alesia. Archeologie et histoire
, il s'attache a presenter l'etat des connaissances archeologiques du site d'Alise
[
123
]
, entrainant des la fin des annees 1960 la conviction de beaucoup d'historiens, en France et aussi ailleurs. Ainsi, a propos de son livre,
Andre Chastagnol
dit en
1969
: ≪ l'identification ne saurait plus desormais etre remise en question ≫
[
124
]
. En 1974, Joel Le Gall publie l'une des
tesseres
portant le nom des
Alisienses
, habitants d'Alesia
[
125
]
. Ses travaux portent aussi sur la publication des textes antiques concernant le site
[
126
]
et surtout sur la publication, en 1989, des archives des fouilles de Napoleon III
[
127
]
. Ces archives montrent la minutie et la precision des fouilles menees par la commission de 1861 et par contraste le cote brouillon de celles menees par
Stoffel
, qui procedait cependant a une tout autre echelle
[
128
]
. A cette date toutefois, la fiabilite des decouvertes du Second Empire a recu une autre confirmation. Les decennies suivant 1960 connaissent aussi le developpement de la prospection aerienne. Les photographies prises par
Rene Goguey
au cours de multiples survols du mont Auxois revelent les tres nombreux dispositifs de siege que les tranchees des fouilles du
XIX
e
siecle avaient recoupes
[
129
]
,
[
130
]
. En
1983
, dans une etude consacree au celebre canthare en argent trouve a Alise,
Michel Lejeune
montre que l'on ne peut contester l'authenticite de la trouvaille et qu'il faut exclure une fraude des fouilleurs du Second Empire. Il rappelle toutefois que cela n'entraine pas une certitude absolue sur sa date, l'objet precieux ayant pu etre enfoui par son proprietaire bien apres la bataille
[
131
]
. En
1987
, la
Revue historique des armees
publie un dossier sur ≪ Alesia au mont Auxois ≫
[
132
]
qui fait le point sur l'etat des connaissances acquises a l'epoque par les specialistes
[
133
]
.
La question apres les fouilles franco-allemandes d'Alise
[
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]
Dans la perspective d'une mise en valeur du
site
d'
Alise
, la direction archeologique du
ministere de la Culture
propose en
1990
la reprise de fouilles importantes
[
2
]
. C'est l'occasion de reprendre avec des methodes contemporaines l'exploration scientifique du site, et la possibilite de trancher les querelles ouvertes par Berthier sur la localisation. Sous la direction du ministere de la Culture francais et en collaboration avec la
Romisch-Germanische Kommission
de l'institut archeologique allemand, un programme de fouilles commence en
1991
sous la direction de
Michel Redde
et de Siegmar von Schnurbein. Il s'acheve en
1997
. Il confirme les trouvailles et la topographie degagees sous le
Second Empire
[
134
]
. La decouverte de deux balles de
fronde
dont les inscriptions (≪ T.LABI ≫) sont attribuees au legat de Cesar,
Titus Labienus
a ete soulignee
[
135
]
,
[
136
]
et identifient d'apres
Michel Redde
≪ sans contestation possible ≫
le
camp C
a celui de Labienus
[
137
]
.
Des sondages preliminaires sont executes durant l'annee
1990
, et les annees suivantes voient des campagnes de fouilles plus importantes : trois mois en 1991 et en 1992 durant lesquels est pratiquee l'exploration archeologique de grandes surfaces planes. Un premier bilan est presente en 1993 a l'Academie des inscriptions et belles lettres
[
2
]
.
-
Jurgen Kohler, chef de chantier de l'equipe allemande, relevant des drains (gallo-romains) decouverts dans la plaine des Laumes
(fouilles de 1992, photo de
Michel Redde
).
-
Etudiants francais fouillant la circonvallation au sud du camp C
(fouilles de 1992, photo de
Michel Redde
).
-
L'equipe allemande au repos. Au centre : Jurgen Kohler
(fouilles de 1992, photo de
Michel Redde
).
Un consensus dans la communaute des historiens et archeologues
[
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]
Les fouilles realisees sur le
site
d'
Alise-Sainte-Reine
dans les annees 1990, et la publication de leurs resultats en 2001
[
138
]
tranchent definitivement la question pour la communaute scientifique des historiens et archeologues. Leur apport a ete enterine dans des ouvrages de reference issus de cooperations scientifiques internationales
[
139
]
et en particulier dans un colloque international qui a compare les approches scientifiques et archeologiques des champs de bataille d'Alesia et de
Teutoburg
[
140
]
. Les fouilles d'Alesia permettent le developpement d'une archeologie du champ de bataille et offrent un site de reference pour la datation des artefacts.
L'historien
Maurice Sartre
n'en prophetise pas moins que :
≪ [l]es superbes volumes qui presentent les resultats des fouilles franco-allemandes des annees 1991-1997 ne mettront pas un terme a cette polemique ignoree a l'etranger puisqu'elle releve du fantasme, non de la recherche scientifique. […] Gageons […] qu'en depit de toutes les preuves accumulees, des Alesia fantasmatiques continueront longtemps d'apparaitre aux endroits les plus improbables, pour le bonheur de leurs inventeurs et des journalistes en mal de copie. C'est que, contre les mythes, l'historien reste impuissant
[
7
]
. ≫
Les archeologues Jonhattan Vidal et Christophe Petit observent que malgre le consensus dans la communaute des historiens et archeologues,
≪ des localisations alternatives du site
sont toujours defendues et cette pseudo-controverse trouve un echo mediatique inespere au regard de la faiblesse des arguments evoques [sic]. On s’interroge ici sur les questions ethiques que soulevent de telles presentations mediatiques de sujets archeologiques, lorsqu’elles soumettent une question scientifique a des considerations mercantiles
[
141
]
≫
. Ils notent que les promoteurs des theories alternatives accusent le plus souvent les historiens et archeologues de cacher des preuves et les services de l'Etat de persecution. Bien que chacune des theories alternatives ait son propre parcours, elles comportent
≪ d'importants traits communs avec un vocabulaire et une semantique caracteristiques du
complotisme
dont plusieurs particularites sont detectables : le
renversement de la charge de la preuve
[…] L'emploi de la
methode hypercritique
[…] Le tout avec un evident
biais de confirmation
de l'hypothese puisque la theorie du complot se justifie par elle-meme. Elle permet ainsi de discrediter ses contradicteurs et donc de ne pas etre
refutable
[
142
]
. ≫
L'
archeologue
,
philologue
et
historien
Michel Redde
observe que ce type de polemique trouve un terreau favorable dans le cadre de
≪ la professionnalisation recente de l'archeologie, inevitable et necessaire ≫
. Autrefois
≪ peu structuree autour de grands laboratoires de recherche ou d'une administration patrimoniale ayant une large capacite d'intervention sur le terrain ≫
au profit d'un
≪ reseau dense d'amateurs et d'associations savantes locales ≫
, l'archeologie metropolitaine s'agence en 2008 selon un schema exactement inverse. Les difficultes de financement des societes savantes s'ajoutent a la part congrue qu'elles occupent sur le terrain des fouilles.
En consequence, Michel Redde releve que :
≪ Cette situation cree d'inevitables conflits d'interets avec les professionnels, et l'on met volontiers en regard les sommes reputees fantastiques investies dans les recentes fouilles franco-allemandes autour du Mont-Auxois, commandees par le ministere de la Culture, avec le refus du site de
Syam
d'une autorisation de fouille accompagnee de moyens adequats. Ceci alimente necessairement la
these d'un complot
. A la verite “officielle”, on oppose donc une recherche pauvre, mais faite d'intuition, de bon sens, de bonne volonte et d'enthousiasme. Au mandarin universitaire, repute sur de lui, on prefere l'image sympathique de l'amateur persecute, car tout homme qui sait le latin et est doue d'un sens aigu de l'observation peut faire des fouilles archeologiques. Du moins le croit-on volontiers. C'est la une vision naive et obsolete de la recherche, qui conduit a de terribles mecomptes, et explique, notamment, la grande deficience technique des sondages pratiques a
Syam
/
Chaux-des-Crotenay
, qu'illustre involontairement, mais cruellement, la publication consacree a ce site par ses inventeurs [a savoir l'ouvrage de
Danielle Porte
,
L'Imposture Alesia
, 2004]
[
143
]
. ≫
Les archeologues et historiens
Jean-Louis Brunaux
[
144
]
,
Maurice Sartre
[
145
]
et
Jean-Louis Voisin
[
146
]
, reprennent la conclusion de Redde :
≪ Si ce site, entoure d'un
murus gallicus
, qui s'appelait dans l'Antiquite “ALISIIA”, qui a fourni le plus grand complexe militaire d'epoque
tardorepublicaine
actuellement connu, des quantites d'armes a la fois romaines, celtiques, bien datees de
La Tene D2
, mais probablement aussi germanique, des balles de fronde frappees au nom de
Labienus
, n'est pas l'Alesia cesarienne, c'est que le hasard fait vraiment mal les choses
[
147
]
≫
. Et Brunaux de finir :
≪ Desormais, il ne peut plus etre question de hasard. Mais les fantasmes et la mauvaise foi peuvent-elles etre raisonnes
[
148
]
? ≫
-
Planches d'armements decouverts a Alesia lors des fouilles (armes romaines a gauche et gauloises a droite)
-
Umbo
de bouclier germanique decouvert a Alesia - Musee d'Archeologie Nationale de Saint Germain en Laye
-
Tribuli
romains decouverts a Alesia - Musee d'Archeologie Nationale de Saint Germain en Laye
-
Stimuli
romains decouverts a Alesia - Musee d'Archeologie Nationale de Saint Germain en Laye
-
Casque en fer decouvert a Alesia - Musee d'Archeologie Nationale de Saint Germain en Laye
-
Copie en platre d'une paragnathide de casque gaulois decouverte a Alesia - MuseoParc Alesia
Les polemiques mediatiques au
XXI
e
siecle
[
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]
En
, un reportage d'investigation intitule
Alesia, la bataille continue
produit par
Canal+
et portant sur les sites d'
Alise-Sainte-Reine
et
Chaux-des-Crotenay
, provoque une vive reaction parmi les grands noms de l'archeologie francaise. S'ensuit un communique signe par douze scientifiques qui denoncent la partialite du reportage, ses erreurs historiques et archeologiques, ainsi que la tentative de promotion d'une these depuis longtemps recusee
[
149
]
.
En
, les editions Pygmalion publient
Alesia, la supercherie devoilee
. Cet ouvrage collectif, dirige par
Danielle Porte
, entend demontrer que la bataille n'a pas eu lieu a
Alise-Sainte-Reine
. Outre Danielle Porte (latiniste, ancien professeur de l'Universite Paris IV-Sorbonne), les contributions sont l’œuvre de non-professionnels de l'histoire et de l'archeologie
[
n 4
]
. A la suite de cette publication, l'
animateur audiovisuel
Franck Ferrand
, qui a preface l'ouvrage, fait paraitre sur le site
Vox histoire
du
Figaro
, une chronique titree
≪ Site d'Alesia : admettons la verite ! ≫
[
150
]
.
Jean-Louis Brunaux
,
Yann Le Bohec
et
Jean-Louis Voisin
, trois enseignants-chercheurs en archeologie et en histoire, repondent le
a cette chronique : ≪ Non Franck Ferrand, le site d'Alesia n'est pas une “supercherie” ≫. Ils rappellent l'imprecision du texte de Cesar, le caractere minutieux des fouilles successives (originellement sous
Napoleon
III
puis par l'equipe franco-allemande entre 1991 et 1997) ainsi que l'ensemble des decouvertes archeologiques effectuees a Alise-Sainte-Reine par contraste avec le site de
Chaux-des-Crotenay
qui ne comporte aucun element anterieur a l'epoque gallo-romaine. Partant,
Brunaux
, Le Bohec et Voisin observent que
≪ cette querelle n'emeut aucun historien de l'Antiquite en France et hors de France : le
Barrington Atlas du monde grec et romain
edite par l'universite de Princeton qui fait autorite en la matiere situe Alesia la ou elle doit etre, au Mont Auxois. Et personne parmi les archeologues et les specialistes de l'Antiquite n'a pense a rectifier cette localisation
[
151
]
. ≫
Anticipant la reaction de Franck Ferrand
≪ et consort ≫
, les trois chercheurs notent que leurs contradicteurs adoptent la posture de frondeurs solitaires luttant pour une verite historique censement dissimulee par des institutions fantasmees. Brunaux, Le Bohec et Voisin pointent ainsi le fait que l'animateur croit denoncer une soi-disant
≪ histoire "officielle" ≫
dispensee par de pretendus
≪ mandarins ≫
qui souhaiteraient
≪ etouffer une voix discordante
[
151
]
. ≫
En
, vingt et un chercheurs, principalement issus d'universites ou d'unites de recherche, redigent et envoient un manifeste a plusieurs journaux ainsi qu'a divers elus francs-comtois
[
152
]
. Ils y expriment leur exasperation face aux allegations des defenseurs du site de Chaux-des-Crotenay. Dans ce message de quatre pages, ils recapitulent l'histoire de la polemique, rappellent que les elements permettant de situer le siege a Alise-Sainte-Reine sont nombreux et probants, puis invitent les defenseurs du site de Chaux a tourner leur regard vers l'oppidum du
mont Rivel
dont la qualite archeologique est incontestable. Ils expriment aussi la crainte que le peu de fonds disponible pour l'archeologie francaise soit detourne au profit d'une recherche peu serieuse
[
153
]
.
Dans un texte date du
et publie par
L'Est republicain
, vingt-cinq chercheurs universitaires reviennent plus precisement sur certains elements textuels, puis s'attardent sur l'historique des fouilles entreprises a Chaux-des-Crotenay, en denoncant le peu de resultats obtenus et leur non-publication. Les signataires affirment que Berthier
≪ s’est trompe sur toute la ligne ≫
et demandent aux defenseurs du site d'elaborer un projet scientifique pour valoriser un patrimoine archeologique qui se rattache a l'
antiquite tardive
et a la
periode medievale
:
≪ Il est evident que les differents sites de Syam, Crans et de Chaux-des-Crotenay presentent un reel interet archeologique et historique […]. Mais il faudrait, pour cela, monter un projet scientifique rigoureux avec des specialistes des periodes concernees (medievistes et modernistes) et cesser de faire croire que ces sites ont un quelconque rapport avec un siege militaire du
I
er
siecle
av. J.-C.
L’acharnement des defenseurs d’une Alesia jurassienne a nier la realite des faits porte clairement prejudice a ces sites, qu’ils sont pourtant censes defendre, en empechant tout travail scientifique serein dans cette zone. ≫
Estimant que la communaute archeologique est lassee par cette polemique, ils demandent qu'elle cesse d'etre soutenue par la presse comme par certains pouvoirs publics
[
154
]
.
Le
, l'association Archeojurasites, s'estimant particulierement visee par les manifestes des universitaires et les articles de
L'Est republicain
, met a disposition du grand public un argumentaire denoncant ce qu'elle considere comme des contre-verites et des approximations dans les textes cites. Elle refute les donnees comptables fournies par les auteurs des manifestes et s'insurge sur le fait qu'on tente ainsi d'empecher la realisation d'une investigation
LIDAR
sur le territoire de Chaux-des-Crotenay
[
155
]
.
Dans son edition du
[
156
]
, la
Voix du Jura
se fait le relais des defenseurs du site jurassien, en leur donnant tribune afin qu'ils presentent les resultats de releves
Lidar
effectues en
sur le territoire de la commune de Chaux-des-Crotenay. Ils affirment avoir decouvert plusieurs elements topographiques pouvant correspondre a des gisements archeologiques, et relevant ? selon les auteurs de la prospection ? de l'age du Bronze et du debut de l'age du Fer. Presentee comme ayant permis d'identifier un unique site de
918
hectares, la prospection LIDAR ne permet cependant ni ne dater ni de caracteriser, quant a leur nature et leur fonction, les anomalies topographiques detectees en l'absence de fouilles, ni de preciser la relation entre les vestiges. Cette methode a pour benefice principal d'etre non invasive et de pouvoir detecter des vestiges potentiels sous le couvert forestier, sans pour autant les expliciter, chose que seule la fouille permet. Les auteurs de la prospection LIDAR disent avoir demontre que le territoire de Chaux n'etait pas ≪ archeologiquement nul ≫, alors que plusieurs fouilles ont deja eu lieu sur le territoire de Chaux-des-Crotenay, et n'ont livre que des vestiges protohistoriques neolithiques, de l'age du Bronze, ou des epoques gallo-romaine et medievale.
- 1784
: Alise : recherches de Pierre Laureau, ecuyer du comte d'Artois
[
25
]
.
- 1839
: decouverte a Alise de l'inscription mentionnant
ALISIIA
(
CIL
XIII, 2880
) ajouta un element important pour l'identification du site
[
157
]
.
- 1855
:
Alphonse Delacroix
presente un memoire s'appuyant principalement sur les textes anciens, dont l'
Histoire Romaine
, de
Dion Cassius
.
≪ Dion Cassius confirma de nouveau, et de la maniere la plus precise, mes previsions ≫
[
158
]
, pour estimer que le site ne peut etre Alise
[
159
]
. Il penche pour Alaise, dans le massif du Jura :
≪ Dion Cassius confirma de nouveau, et de la maniere la plus precise, mes previsions ≫
[
160
]
.
- 1856
: un livre de Victor Revillout passe au crible les deux sites d'Alise et d'Allaise, sur le critere d'une confrontation aux ecrits de Cesar, et rejette les deux
[
161
]
. C'est a partir de ce livre que des recherches s'orientent aussi vers l'est du pays, plus compatible avec les ecrits de Cesar que la Bourgogne.
- 1861
: l'empereur Napoleon III programme des fouilles autour du mont Auxois, qui mettent au jour de nombreuses structures de contrevallation entourant et enserrant le mont Auxois, des camps fortifies, plusieurs centaines d'armes romaines, celtiques et germaniques, ainsi que des monnaies de Vercingetorix.
- 1862
: Alise-
Izernore
, dans le
Jura
est propose comme lieu possible par un livre d'A. Gravot, publie par Armand Le Chevalier. Choque par la promotion d'Alise Sainte-Reine, l'auteur s'y adresse a Napoleon III pour denoncer l'incompatibilite avec les ecrits de Cesar
[
162
]
.
- 1866
: l'empereur Napoleon III finit et publie sa grande œuvre l'≪ Histoire de Jules Cesar ≫.
- 1905
: Emile Esperandieu mene des fouilles a Alise, au mont Auxois, il met notamment au jour une partie des vestiges gallo-romains de l'agglomeration.
- 1908
: Jules Toutain prend la direction des fouilles a Alise, au mont Auxois, en association avec Victor Pernet
- 1936
: grand succes de
Cesar
, portrait magistral par
Jerome Carcopino
, faisant suite a son ≪ Points de vue sur l'imperialisme romain ≫ (1934). Carcopino est nomme peu apres directeur de l'
Ecole francaise de Rome
.
- 1941
:
Jerome Carcopino
, ministre, fait voter l'importante loi du
sur les fouilles archeologiques, dite ≪ loi Carcopino ≫.
- 1945
: Seule la premiere de deux ≪ lois Carcopino ≫ validee, par l'ordonnance du
- Fin des annees 1950 : analyses numismatiques de
Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu
demontrant l'authenticite des trouvailles monetaires du
XIX
e
siecle sur le site d'Alise
[
116
]
, prouvant ainsi que des "monnaies de crise" a l'effigie de Vercingetorix ont bien ete frappees au mont Auxois.
- 1958
:
Joel Le Gall
consacre nombre de recherches historiques au site d'Alise
[
123
]
.
- 1958
:
Jerome Carcopino
publie
Alesia ou les ruses de Cesar
, reedition de son
Cesar
de 1936, visant a clore definitivement la polemique: il explique avoir trouve des sources disant que les
Mandubiens
sont des ≪
Sequanes
de l'Ouest ≫
[
163
]
et que Vercingetorix a joue sans mefiance, avec une inconscience absolue, le jeu auquel Cesar s'etait propose de l'acculer, pour se refugier sous l'illusoire protection d'Alesia, tandis que
≪ Cesar a lu avec la meme surprenante perspicacite entre les lignes du terrain et dans l'esprit des hommes ≫
pour l'amener
≪ sur l'emplacement predestine d'Alesia…comme 18 siecles plus tard Napoleon attira les Autrichiens a Austerlitz ≫
[
164
]
.
- 1966
:
Andre Berthier
adresse un memoire de critiques a
Jerome Carcopino
apres des fouilles a
Chaux-des-Crotenay
(
Jura
), autorisees par
Andre Malraux
mais pas par la Direction nationale des antiquites.
- 1974
: un livre
[
165
]
propose le site de
Salins-les-Bains
, egalement dans le Jura, en estimant que le ≪ Mand ≫ de ≪ mandubiens ≫, pouvait faire reference au sel
[
166
]
.
- Annees 1990
: campagnes de fouilles massives a Alise Sainte-Reine menees sous la direction conjointes de Michel Redde et de Siegmar Von Schnurbein. Ces fouilles reprennent les travaux sur la topographie d'Alesia menes sous Napoleon III, et retrouvent ainsi tous les fosses de contrevallation de Cesar, les amenagements de siege, les grands fosses, des armes. Elles mettent un terme scientifique ? mais pas mediatique ? au debat sur la localisation du siege.
- 2001 : parution de la monographie des fouilles des annees 1990 dirigees par Michel Redde et Sigmar Von Schnurbein (
Redde et von Schnurbein 2001
)
- 2003-2012 : parution et reedition du livre de Michel Redde :
Alesia : l'archeologie face a l'imaginaire
(
Redde 2012
) ; l'ouvrage propose un acces vulgarise aux resultats anciens et modernes des fouilles faites a Alise, ainsi qu'un retour sur l'historiographie du debat. Il propose par ailleurs des extraits critiques des travaux d'Andre Berthier, soulignant leur decalage avec les methodes et techniques de l'archeologie historique moderne.
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Les localisations de
Gergovie
et
Uxellodunum
ont egalement fait l'objet de debats.
- ↑
≪ Au confluent de la Saine et de la Lemme, a l'endroit ou la plaine de Syam aurait pu s'allonger, elle nous est apparue obstruee par une imposante masse montagneuse dressant un mur presque vertical de 250
m
de hauteur. Un site privilegie se detachait tout a coup sur la carte et s'isolait de lui-meme ≫
[
63
]
.
- ↑
La Lemme et la Saine sont deux rivieres qui coulent de part et d'autre du site et confluent : elles font partie du ≪ portrait-robot ≫ etabli par Andre Berthier a partir des descriptions de Cesar dans la Guerre des Gaules.
- ↑
A savoir : Eric de Vaulx (veterinaire), Regis Sebillotte (retraite des societes autoroutieres), Yannick Jaouen (charge d'etudes dans le BTP), Bernard Gay (retraite de l'armee), Jacques Rodriguez (professeur au Conservatoire), Rene Marchand (journaliste de presse halieutique), Arnaud Lerossignol (secteur bancaire) et Francois Chambon (architecte).
- ↑
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Petite histoire d’une statue peu ordinaire
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p.
469
,
≪ Ainsi recemment
une latiniste francaise
, soutenue par
un animateur populaire de radio
, parvint encore a relancer le sujet, pourtant clos scientifiquement, depuis les annees 1990, grace aux fouilles franco-allemandes et aux travaux de chercheurs incontestes dans le domaine. ≫
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≪ Car enfin nous chercherions en vain dans le livre VII du bello gallico… les chemins qu'il a empruntes avant de se heurter a Vercingetorix ≫ (
Carcopino 1958
,
p.
188).
- ↑
≪ Nous ignorons ou a eu lieu la bataille de cavalerie… les indications donnees par les commentaires sont tellement vagues qu'elles peuvent s'appliquer a maints paysages entre lesquels il est impossible de choisir ≫ (
Le Gall 1963
,
p.
76-77)
- ↑
≪ L'emplacement de cette bataille de cavalerie n'est toujours pas assure ≫ J.-L. Voisin, Alesia -
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, Editions de Bourgogne, 2012.
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49
- ↑
≪ Ce membre de phrase du bellum gallicum a ete souvent disseque et utilise pour prouver qu'Alesia se trouvait a l'est ou a l'ouest de Langres, en Cote d'Or ou dans le Jura. On voit qu'il ne permet pas de trancher ≫ Y. Le Bohec,
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: ≪ Quoique Strabon, et apres lui plusieurs geographes, aient cru trouver ailleurs que sur le mont Auxois les ruines d’Alise, il est bien reconnu aujourd’hui que cette ville, chef-lieu des Mandubiens, au territoire des Eduens, s’etendait sur le plateau de la montagne dont la position est ainsi decrite par Cesar […]. Cette montagne est le mont Auxois. ≫ (
p.
102-103
). De l’inscription, il dit qu’≪ elle fixe irrevocablement l’identite, contestee jadis par Strabon, et depuis par un grand nombre de geographes et d’antiquaires modernes. ≫ (
p.
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≪ Cependant les indigenes sont loin d'avoir une faible estime de leur pays. Ils conservent la tradition qu'Alaise fut jadis une ville, un refuge dans de grands evenements ≫ A. Delacroix, ≪ Decouverte d'Alesia ≫,
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- ↑
≪ Andre s'interessait-il depuis longtemps a la situation d'Alesia ? ca le tracassait depuis longtemps parce que, voyageant par le train, on passait regulierement au pied du mont Auxois domine par la statue de Vercingetorix. Il ne peut pas s'etre passe quelque chose ici, on ne peut loger 80 000 hommes la-dessus ! C'est la l'origine de son scepticisme ≫, Daniel Coulon,
Andre Berthier, un homme, une œuvre
, Estimprim, 2012,
p.
44. Voir aussi
Berthier et Wartelle 1990
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p.
13-14.
- ↑
Andre Berthier, ≪ La methode du portrait-robot ≫,
lire en ligne
.
- ↑
Andre Berthier, ≪ La methode du portrait-robot ≫,
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- ↑
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"Les annales d'Alesia, la methode du portrait-robot dans la recherche d'Alesia", par Andre Berthier, page 4
[1]
- ↑
≪ J. Carcopino a eu raison d'appeler la description d'Alesia par Cesar
un petit chef-d’œuvre d'exactitude et de transparence descriptive
≫. (
Berthier et Wartelle 1990
,
p.
133).
- ↑
≪ La plaine n'est pas ≪ a proximite ≫ mais elle est devant l'oppidum (ante id oppidum) ; les hauteurs ne sont pas placees n'importe comment ≪ alentour ≫ mais elles ceinturaient (cingebant) l'oppidum, a meme altitude (pari altitudinis fastigio), laissant un faible intervalle de bord a bord (mediocri spatio interjecto). Cet oppidum, les deux rivieres ne le bordaient pas tout simplement, mais elles en lavaient (subluebant) le pied ≫. (
Berthier et Wartelle 1990
,
p.
133).
- ↑
≪ Devant la ville s'etendait une plaine d'environ trois mille pas de longueur ≫. B.G. 7, 69. ≪ Pendant les travaux, il y eut un combat de cavalerie dans cette plaine entouree de collines et qui s'etendait dans un espace de trois mille pas, comme nous l'avons dit plus haut ≫. B.G. 7, 70. ≪ Ayant le lendemain fait sortir la cavalerie de leur camp, ils couvrent toute cette plaine que nous avons dit avoir trois mille pas d'etendue ≫. B.G. 7, 79.
- ↑
≪ Cuius collis radices duo duabus ex partibus flumina subluebant ≫. B.G.7, 69, 2.
- ↑
Berthier et Wartelle 1990
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- ↑
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Osteopathe ne en 1946. Il rencontre Andre Berthier au debut des annees 1980 et participe aux fouilles de son equipe. Il realise trois films en 1989, 1995 et 1999 : “Alesia retrouvee”, “Le Proces des Dieux” et “Alesia, le Proces”.
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Photographies de pierres interpretees par les partisans de la localisation de la bataille a Chaux comme des dolmen-menhirs
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Voir encore
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Extraits de "LES MANDUBIENS et leur ALESIA", 1974, par Pierre JEANDOT
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Contradiction toponymique de Pierre et Marcel Jeandot