Histoire du costume

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L'etude des origines et evolutions du costume fait surgir de multiples approches et interpretations. On considere generalement qu'il existe deux phases dans son histoire : la premiere correspond a la periode dite du ≪ costume impersonnel ≫, des origines au XIV e  siecle. S'ouvre ensuite celle du costume dit ≪ personnalise ≫.

A travers 10 000 ans d'histoire humaine, les modalites vestimentaires se reduisent a cinq principaux archetypes :

  • ≪ Le costume drape ≫ : consistant dans l'enroulement d'une peau ou d'une piece d'etoffe autour du corps ( chendjit egyptien, pagne , himation grec, pareo tahitien mais aussi sari et sarong )
  • ≪ Le costume enfile ≫ : fait d'une piece (de peau ou de tissu) trouee pour permettre le passage de la tete et des epaules (paenula romaine, huque du Moyen Age, poncho mexicain)
  • ≪ Le costume cousu et ferme ≫ : compose de plusieurs pieces d'etoffe assemblees et comportant des manches ( chiton grec, tunique ionienne, gandoura , blouse et chemise )
  • ≪ Le costume cousu et ouvert ≫ : compose de plusieurs pieces d'etoffe assemblees dans le sens de la longueur, croise sur le devant et superpose a d'autres vetements ( caftan asiatique, redingote europeenne)
  • ≪ Le costume fourreau ≫ : ajuste pres du corps, surtout aux jambes, ancetre du pantalon et piece de costume typique des cavaliers et des nomades , jamais porte seul et composant un binome avec le caftan qui lui est complementaire.

Ces modeles vestimentaires ont ete inventes dans differentes regions du globe et disposent donc d'origines geographiques et culturelles tres diverses. Ils refletent les valeurs, croyances, mœurs et besoins des peuples qui les ont crees. S'ils ont pu, par la suite, etre melanges au cours de l'histoire, ils ne se sont toutefois pas toujours succede chronologiquement.

Origine [ modifier | modifier le code ]

Deux lectures s'opposent pour determiner si le ≪ costume ≫ precede ou non l'≪  habillement  ≫ (entendu comme port de vetements circonstancies selon leur utilite).

Une premiere approche considere que ce sont des motifs d'ordre essentiellement pratique qui ont conduit les premiers hommes a se vetir : les Grecs anciens et les Chinois , par exemple, auraient ici prioritairement cherche a se proteger du climat.

Une seconde analyse privilegie des raisons majoritairement psychologiques et symboliques. On la retrouve aussi bien dans des textes sacres comme la Bible - ou les costumes ont vocation a permettre le respect de la pudeur des individus - que dans les travaux d'anthropologues qui s'interessent aux tabous et a la magie .

L'exemple des tribus habitant la Terre de Feu, region situee a l'extreme sud du continent americain et au climat subarctique , semble donner raison tant a la Bible qu'aux chercheurs modernes. Nomades, elles disposaient en effet d'habitations sommaires ne leur permettant pas de lutter facilement contre l'humidite. Pour cette raison, elles vivaient nues et couvertes d'huile et de graisse de phoque, ce qui leur permettait de secher pres du feu en quelques minutes seulement, alors que cela aurait necessite beaucoup plus de temps pour des vetements.

Sans doute, les deux raisons evoquees ici ont eu autant d'importance et le costume a eu d'autres raisons qu'exclusivement utilitaires. Le desir de plaire n'a cependant du intervenir qu'assez tardivement. Se vetir, outre aux motivations strictement utilitaires, eut probablement avant tout des raisons d'ordre magique et religieux.

Le costume durant la Prehistoire [ modifier | modifier le code ]

Les vetements de cuir ou de fourrure ont probablement ete les premiers a avoir ete portes durant la Prehistoire . Des le Paleolithique moyen , au Mousterien , le travail du cuir est atteste par les analyses traceologiques des outils de pierre taillee.

Au Paleolithique superieur , des courants d'echange ont pu etre mise en evidence pour le silex mais aussi pour l' ambre et les coquillages , temoignant du gout pour la parure . Au Solutreen (- 22 a - 17 000 ans AP ), les premieres aiguilles a chas en os temoignent de techniques de couture elaborees. L'habillement durant les periodes froides du Paleolithique superieur etait peut-etre analogue a celui des Inuits .

Le climat constitue, de nouveau, un parametre majeur dans la comprehension de l'histoire du costume. Les pays chauds et temperes offrent ici un exemple singulier : n'etant pas confrontes a la necessite de s'y proteger des intemperies, les hommes y furent en general plus ornes que vetus. Il s'agissait alors de se premunir d'influences malefiques (raisons religieuses), de preciser le statut marital d'un individu ou sa tribu d'origine (raisons sociales), de seduire ou impressionner ses interlocuteurs (raisons symboliques). Si les peaux et pelleteries furent utilisees, ce fut sans doute davantage pour servir de cache-sexe que de protection. Ce pagne originel perdurera pendant des millenaires, en tissu par la suite. Les raisons magiques etaient parmi les plus importantes : porter certains attributs equivaut a invoquer un esprit ou une divinite, a s'identifier a un animal et a sa force, a faire echo a un symbole tel qu'un totem du clan.

Tres tot, le costume a eu pour but d'exprimer et de manifester des sentiments : correspondant a une certaine puissance il sert a exprimer une certaine richesse. La puissance et la richesse se confondant, le costume indique la caste et la fortune, le rang social et l'autorite.

Le tissage dut apparaitre dans les zones temperees sur le modele de la vannerie a partir de matieres vegetales des le Neolithique . Les tissus primitifs etaient de tres petite dimension. Des bandes etroites etaient cousues ensemble pour constituer un vetement. Au fur et a mesure que les metiers a tisser se perfectionneront, les pieces de tissus deviendront plus grandes.

La peinture corporelle (comme chez les aborigenes australiens) devait tenir une part importante du costume en tant qu'ornementation. On sait que l' ocre rouge fut tres utilisee durant pratiquement tout le Paleolithique ou elle est aussi universelle qu'omnipresente (la terre rouge est presente dans la plupart des sepultures), un peu moins au Neolithique. Les couleurs utilisees qu'on a pu identifier a partir de l' Aurignacien sont le jaune , le rouge et le mauve qui apparaissent aussi bien en Afrique du Nord qu'en Europe septentrionale. Les colorants utilises pour les teintures a partir du Neolithique etaient principalement d'origine vegetale : les bleus etaient obtenus a partir de l' aulne ou du sureau , les mauves des myrtilles , le jaune du reseda . Les ≪ terres ≫ servaient pour les ocres .

Origine des archetypes [ modifier | modifier le code ]

Le premier type de vetement primitif tisse est le ≪ drape ≫, quasi universellement considere celui des autochtones, par rapport au vetement ≪ confectionne ≫, considere un apport des envahisseurs. Ce sont la deux principes opposes du vetement de tous les temps.

L'anthropologue Marcel Mauss repartit l'espece humaine en deux grandes categories selon le type de vetement : l'humanite drapee qui appartient d'abord aux civilisations des pays chauds et l'humanite cousue qui domine dans les regions froides en ajustant au plus pres du corps les vetements par la couture afin de lutter contre le froid et faciliter l'equitation [ 1 ] .

Regions des plaines [ modifier | modifier le code ]

Il s'agit des regions interieures d'altitude basse ou faible de la Mesopotamie , la peninsule Arabique, la Palestine et la Syrie . Le costume des civilisations pre-aryennes les plus anciennes de l'Asie mineure est sans conteste celui de Sumer et d'Akkad et fut porte avant le III e millenaire du golfe Persique a la Mediterranee. Il s'agissait d'un pagne destine a couvrir les hanches et tombant a mi-jambe, d'abord en peau retournee puis en tissus .

Le pagne - jupon en kaunakes des sumeriens, en fourrure ou en tissus a meches (pour rappeler la fourrure originelle) est un costume masculin, sans doute celui des pretres ; il est figure sur de nombreuses statuettes. Les hommes portent un chale en jupon, dont un pan est ramene sur l'epaule.

Les femmes portent une tunique a manches courtes et par-dessus egalement un chale drape en forme de robe dont les franges (unies puis a glands) retombent en suivant l'enroulement autour du corps. Ce chale se retrouve dans le sari indien ulterieurement et jusqu'a nos jours. Elles portent egalement un manteau en kaunakes . Elles sont coiffees en chignon  ; quelques statuettes donnent l'impression que certaines portent des coiffures postiches.

Les peaux continuent a etre portees par les deux sexes.

Les Akkadiens , peuple semite different des Sumeriens et ne parlant pas la meme langue, adoptent cependant entierement le costume primitif sumerien qu'ils enrichissent et tendent a emphatiser. Dans son ensemble, le costume assyro-babylonien connait une evolution (les etoffes sont richement decorees et colorees) mais ne sera pas essentiellement different. Les coiffures masculines sont cependant plus elaborees, les cheveux sont portes longs et frises au fer ainsi que la barbe en ondes regulieres. Le gout de la parure est manifeste, les bijoux , nombreux, s'alourdissent, pendants d'oreilles, colliers a plusieurs rangs composes d' amulettes , sont portes par les deux sexes. Hommes comme femmes sont communement chausses de sandales laissant le dessus du pied decouvert, lace a la cheville, le gros orteil passant dans un anneau. La chaussure fermee fait son apparition, introduite par les populations des montagnes.

Au III e millenaire, la suprematie de la civilisation sumerienne formee depuis plusieurs siecles deja voit rayonner sa culture et son mode vestimentaire jusqu'en Asie mineure et en Syrie, face a Chypre, et de la dans les Cyclades . Plus au sud jusqu'a Byblos , l'influence vestimentaire sumerienne est attestee.

Regions cotieres [ modifier | modifier le code ]

D'altitude variable, il s'agit essentiellement des regions de la Mediterranee orientale et des bords de la mer Noire , mais d'autres aussi. Ce n'est qu'a partir de l'invasion dorienne et des migrations qu'elle provoque que les colonies ioniennes forment un groupe puissant et homogene. Le costume des populations cotieres de la mer Noire jusqu'a l' Oronte semble au depart ne pas avoir ete tres different du costume sumerien dans sa variante montagnarde apportee par les Hittites telles que les ≪ manches longues ≫ des pasteurs.

De - 1 300 a - 1700, le bloc culturel que forment Troie , la Phrygie et la Carie , bien que portant un habillement propre aux grecs, adopte largement les usages vestimentaires orientaux originaires de Mesopotamie. Cette adoption et ce melange etait facilite par la plus grande liberte des femmes d'Asie. Les ioniennes partagent la vie des hommes et prennent leur repas avec eux. Celles-ci ne sont pas voilees, et celles des classes aisees portent des tuniques d'etoffe de chanvre rose et transparente, brodee d'or. La couteuse pourpre est tres recherchee au point que les pheniciens iront chercher plus a l'ouest et au de-la des colonnes d'Hercule la precieuse teinture dont ils ne parviennent plus a satisfaire la demande. C'est en Ionie que les Grecs prennent l'habitude de ≪ plisser ≫ les vetements. Indubitablement, la mode ionienne fut somptueuse, indice d'une societe connaissant une certaine opulence.

Les hommes portent la tunique courte de lin . Celle-ci est un ≪  sous-vetement  ≫, ferme sur un cote par une couture . Les Pheniciens propagerent dans leur sillage toutes les modes et de toutes les influences rencontrees ; ce fut eux qui transmirent cette tunique, dont ils furent vraisemblablement les inventeurs, aux Cariens. Elle a ete portee a l'epoque dans toute l'Asie Mineure. Elle peut etre longue pour le fetes : c'est le ≪ khiton ≫ des grecs, repris de ≪ kitoneh ≫, mot semite designant le lin en arameen . Homere put donc parler des Ioniens ≪ trainant leur tunique ≫ . Les femmes portaient egalement cette tunique dans sa version longue, s'agrafant d'un cote par une fibule , guere differente de celle que portaient encore communement les femmes berberes dans la premiere moitie du XX e  siecle.

Durant le III e millenaire, le costume de ces populations se rattache a celui de Sumer et a son grand chale drape. Il perdure jusqu'au I er millenaire et le manteau des Israelites en est une variante. En Syrie et surtout en Phenicie, il est bigarre de couleurs bleues et rouges, decore de fleurs et de rosaces. A partir du II e millenaire, le jupon-pagne s'inspire du costume egeen , mais egalement du shenti egyptien, sorte de cache-sexe croise et releve sur le devant. Le premier, brode de fils multicolores, descend jusqu'aux genoux et est drape aux hanches formant ceinture, le second est de leger tissu blanc. La coiffure masculine est le turban mesopotamien ou la calotte sumerienne.

Le vetement feminin par excellence reste durant deux millenaires le grand chale drape, ample et plisse a l'egyptienne. Les femmes portent une coiffe , sorte de tiare cylindrique d'ou part un long voile enveloppant reserve aux femmes mariees. Cependant, aux alentours de -1 400 a -1 200, elles semblent porter un vetement inspire du costume cretois. On sait que les Cretois s'installaient en Syrie pour commercer, conservaient et propageaient les modes egeennes. Cette epoque coincide avec l'apogee de la civilisation cretoise et ses modes sont portees tant dans les Cyclades qu'a Chypre. Elles furent adoptees sans reserve par les Pheniciennes, s'habillant comme les elegantes de Cnossos .

Leur costume est assez conservateur, sans doute a cause de leurs peregrinations qui fait se maintenir plus longtemps leur costume derive du chale sumerien. La Bible donne peu de details a ce sujet et on n'a pas de renseignements sur leur costume a la periode de l'entree en Canaan . Leur religion interdisant toute representation humaine, c'est davantage l'iconographie des peuples qu'ils ont cotoyes et qui les ont representes qui renseigne. A la fin de l' age du bronze , (correspondant aux XVIII e et XIX e dynastie du Nouvel Empire egyptien), ils portent toutefois le grand chale enroule plusieurs fois autour du corps et retenu par une ceinture, nouveaute introduite en Mesopotamie par les hittites , formant pelerine sur les epaules.

Les femmes, vers -700 a -680, portent la tunique unie et longue et un long voile les enveloppant jusqu'aux pieds. Il semble cependant qu'elles aient eu la tete nue et le visage decouvert, avec un ruban dans les cheveux. Ainsi apparaissent-elles sur les bas-reliefs de la prise de Lakish par Sennacherib . Ceci contraste avec ce qu'en dit plus tard Tertullien au III e  siecle a Carthage ou il exhorte les chretiennes a sortir voilees comme les juives.

Le Deuteronome assigne un genre aux vetements : il interdit severement aux femmes les vetements masculins et reciproquement. La Torah prohibe de son cote le plisse transparent egyptien et fulmine les modes effeminees egyptiennes. Marc-Alain Descamps synthetise la facon dont les costumes ont toujours traduits historiquement le sexe des individus : ≪ Tous les peuples de toutes les epoques ont utilise le vetement pour indiquer le sexe de celui qui le porte. Les costumes masculins et feminins sont toujours et partout differents, mais la difference peut porter sur l’ensemble ou sur un detail. Encore faut-il savoir que ce qui peut paraitre un detail pour des etrangers peut constituer l’essentiel a l’interieur du groupe. C’est ainsi que dans l’antiquite les Grecs et les Romains portaient tous des toges, mais le plisse n’etait pas le meme pour les hommes et les femmes (ni les tissus, les couleurs, les formes et les noms). Et il en est encore de meme pour les costumes musulmans traditionnels. Le plus important est dans l’intention du groupe humain qui peut vouloir insister sur la difference ou la minimiser. Mais il en reste toujours au moins une. La mode de l’unisexe n’a jamais pu reussir a s’etablir et meme dans l’unisexe les vetements des femmes ont toujours les boutonnieres a gauche et ceux des hommes a droite. Avec l’uniformisation des roles masculins et feminins dans nos societes, les differences, qui etaient maximales en 1900, ont tendance a se restreindre et les femmes ont pu acceder au droit de porter des pantalons (differents, il est vrai, de ceux des hommes) [ 2 ] . ≫

Certaines prescriptions bibliques en matiere vestimentaire recommandent les franges et un cordon bleu aux pans des vetements. Les juifs adoptent cependant le costume grec, portant le khiton et l'himation, mais avec des pompons aux angles, mode qui se repand ailleurs.

Regions montagneuses [ modifier | modifier le code ]

Il s'agit des regions de montagne ou des hauts plateaux que sont l' Anatolie , la Cappadoce , l' Armenie , le Caucase , la Perse , (l' Iran ) le Turkestan ,l' Afghanistan et le Baloutchistan .

La, vers le debut de II e millenaire, les peuples des steppes poussent devant eux d'autres peuples autochtones et semi-nomades qui s'installent dans les vallees, principalement en Mesopotamie et en Chaldee, par vagues successives. Un empire Hyksos se forme, domine par une aristocratie Mitannienne , de Babylone a Tyr , englobant l'Egypte, et qui va durer plus d'un siecle et demi.

C'est vers cette periode, vers le milieu du second millenaire, que l'on voit pour la premiere fois apparaitre dans cette population constituee par le metissage des envahisseurs et des envahis, le ≪ costume confectionne ≫, dont les prototypes ont ete introduits par les populations venues des montagnes. En etoffe coupee et cousue, il est compose d'une tunique a manches.

Il semble qu'en realite la tunique ait ete apportee dans ces montagnes par les caravanes de Sumer, adoptee et perfectionnee par les populations autochtones. Celles-ci, contraintes de s'habiller chaudement, la porterent par-dessus le jupon sumerien. Enveloppant tout le corps et adaptee au climat des plateaux d'Asie centrale balayes par les vents, elle sera le vetement porte par les Medes . Cette tunique est fermee sur le devant, courte pour les hommes et longue pour les femmes. Elle est figuree adherente sur la statuaire ; en realite elle etait portee large. Le grand chale sumerien etait porte par-dessus durant la saison froide, servant de manteau, comme aux temps plus anciens de Ur et de Mari , garni d'un bourrelet.

Les femmes semblent avoir porte cette robe-tunique soit tombant droit sur les pieds, avec des manches tres courtes, ou trainante avec des manches evasees arrivant au poignet. Il semble qu'une jupe de tissu tres fin et a plis ait ete portee a la saison chaude. Le ≪ serapis ≫ de l'epoque greco-persane semble en etre ulterieurement derive. Les Grecs d'Asie mineure avaient emprunte cette longue tunique fine, ample et plissee aux Lydiens .

Chez les Perses , la tunique sera adaptee a une vie sedentaire, aux fastes de la Cour ainsi qu'au climat tres chaud, lui donnant plus d'ampleur, les manches ouvertes et pendantes. C'est le caftan , la ≪ candys ≫.

Un autre apport majeur est egalement l'heritage des populations montagnardes, les chaussures caracteristiques a bout recourbe, en cuir , avec un talon.

Les coiffures consistent en bonnets de feutre . Au premier millenaire, les Hittites des deux sexes portaient ce haut bonnet cylindrique sur calotte arrondie ou conique parent du bonnet phrygien , auquel les femmes ajoutaient un voile au sommet qu'elles pouvaient ramener sur le visage. Ce bonnet conique semble avoir ete en usage chez les populations non sumero-akkadiennes.

Les cheveux, et la barbe pour les hommes, sont frises, recouverts chez les Perses par un bonnet rond, avec des bandelettes pendant de chaque cote servant egalement de mentonniere. Les rois portent la tiare , semblable a l'actuel bonnet des popes , ou une couronne crenelee. La tresse, sortant de la tiare semble avoir ete d'usage rituel avant de devenir une mode, est a rapprocher de la meche postiche en usage chez les enfants en Egypte, et a celle reelle, des enfants grecs, ainsi qu'aux accroche-cœurs rituels des cretoises.

La steppe [ modifier | modifier le code ]

Les peuples venus des steppes, Huns , Scythes , Alains et Sarmates ont porte l'habillement de cuir et de peaux typique des cavaliers : la tunique, le ≪ pantalon long ≫, generalement des ≪  bottes  ≫ servant de ≪  jambieres  ≫, et la toque de fourrure ou de feutre . Ces peuples ont exerce une influence considerable sur ceux avec lesquels ils sont entres en contact et qui portaient generalement une robe . Il s'agit la d'un costume de chasse et de guerre. Dans l'iconographie, les Scythes par exemple sont toujours vus avec les cheveux longs et de longues moustaches. Polybe , en -179, a signale leurs cottes de mailles et leurs casques coniques, et Ammien Marcellin au IV e  siecle de notre ere rapporte que ce type de costume etait toujours de mise chez ces peuples. Il les decrit portant une casaque de peaux de rats cousues ensemble sur une tunique de lin, la tete couverte d'un casque ou d'un bonnet rejete en arriere et des peaux de bouc autour de leurs jambes. Leurs chaussures, sans forme, faites pour monter a cheval, ne leur permettaient pas de marcher.

Leurs parures consistaient en plaques de metal, gravees ou ornees en ≪ repousse ≫, cousues sur les vetements par des fils passant dans de petits trous prevus a cet effet. On pense que ce type d'ornement est a l'origine des decorations cousues sur les etoffes, les ≪ appliques ≫.

Le costume du monde antique [ modifier | modifier le code ]

L'Egypte [ modifier | modifier le code ]

Le costume egyptien est aussi bien drape (Haik) que cousu-ferme (Kalasiris - ou tunique a manches, par exemple). Synthese des propos de F. Boucher et J-N. Vigouroux Loridon.

La Crete [ modifier | modifier le code ]

Le costume des femmes est le seul, dans les pays de Mediterranee, a etre coupe et cousu. Il se compose d'un corsage serre a la taille, faisant parfois ressortir les seins, et d'une jupe bouffante. Les hommes portent des pagnes superposes.

Le costume classique dans le monde mediterraneen [ modifier | modifier le code ]

Le costume des Romains est pour l'essentiel le meme que celui des Grecs auxquels il est emprunte, sans grandes differences - seuls changent les noms des pieces du costumes. Les latins adoptent en outre certaines habitudes vestimentaires la ou ils s'installent dans l'empire, comme le ≪ capuchon ≫ et les braies ≫ des Gaulois (bandes de peau ou d'etoffe enroulees autour des jambes).

  • Le costume grec 

Le costume feminin par excellence est le ≪  peplos  ≫, vetement de dessus porte sur le ≪  chiton  ≫ (ou khiton ) qui est un vetement de dessous, court la plupart du temps mais pouvant egalement etre porte long, rectangle de toile, generalement de laine , cousu sur un cote et maintenu sur les epaules par des fibules . Le peplos est au contraire un vaste rectangle ≪ non-cousu ≫ mais drape, maintenu egalement sur les epaules par des fibules ou des boutons et par une ceinture a la taille. Il peut comporter un repli simple ou double, tant devant que derriere, selon la facon de le draper. Sans ceinture ni boutons ou fibules, il sert alors de manteau . Il existe cependant un manteau utilise par les deux sexes appele ≪ himation ≫, autre rectangle d'etoffe drapee.

Le chiton masculin est le meme que celui des femmes. Il sert egalement de vetement de dessous mais est porte plus court que celui des femmes, s'arretant aux genoux. Quand il n'est rattache que sur une epaule a l'aide d'une fibule, il constitue le vetement de travail ; on l'appelle alors l’ exomide . Ce fut le vetement de base des Doriens . Les hommes jeunes, les guerriers, le portent tres court. Les anciens, les rois, les aedes , les philosophes le porterent long ; ce fut alors la ≪ tunique talaire ≫ ou ≪ chiton talaire ≫ ou encore poderis .

La ≪  chlamyde  ≫ est un manteau porte exclusivement par les hommes, rectangle d'environ 2  m . sur 1  m , attache par une fibule sous le menton et formant une sorte de capuche par derriere pouvant etre rabattue sur la tete. Originaire de Thessalie , elle est portee principalement par les cavaliers. La jeunesse, les philosophes porterent souvent le seul himation sans chiton.

Pour obtenir le fameux plisse et le gaufrage , on plissait a l'ongle le lin ou on le trempait dans un empois ou amidon pour le tordre ensuite en le laissant secher et blanchir au soleil.

La sandale ( crepida ), fut commune aux deux sexes. Les ≪  cothurnes  ≫ furent les chaussures des acteurs, et les ≪ endromides ≫ des bottines lacees sur le devant.

Les coiffures des femmes furent les deux bandeaux ramenes en chignon sur la nuque maintenu par un ruban, le ≪ tœnia ≫ ; ce type de coiffure est quelquefois surmontee d'un diademe . La chevelure est parfois enserree dans un foulard . La ≪ kalyptra ≫ est le voile qui se porte a la campagne et qui est souvent surmonte d'un chapeau de paille , le ≪ tholicu ≫, coiffure qu'on trouve par exemple sur les statuettes de Tanagra . Les hommes portent un chapeau de feutre ou de paille, le ≪  petasos  ≫, a la campagne. Ordinairement leurs cheveux sont maintenus par une laniere de cuir laissant les meches s'echapper.

  • Le costume romain 

La toge est la piece centrale du costume romain.

Les apports exterieurs [ modifier | modifier le code ]

Les provinces de l'Empire romain fournissent des empereurs et la mode romaine change sous leur influence : elle integre des pieces de vetements etrangeres au monde latin. Ainsi, l'empereur Caracalla ( 168 ? 217 ) popularise le port du manteau gaulois d'ou il tire son surnom.

A partir du milieu du III e  siecle, le costume romain se ≪ barbarise ≫ progressivement en raison du role croissant que jouent notamment les Germains dans l'armee.

Le costume byzantin [ modifier | modifier le code ]

En 552, deux moines byzantins de l'ordre de Saint Basile rapportent des cocons de ≪ bombyx ≫ et font decouvrir la soie ce qui va ≪ revolutionner ≫ le vetement. L'etoffe est si onereuse que l'ampleur des vetements s'en trouve reduite ce qui favorise l'apparition d'ornements ( incrustation de pierres precieuses, motif) [ 3 ] . Le costume byzantin se compose typiquement d'un manteau a coupe arrondie tisse d'or, porte sur une tunique courte serree par une ceinture souvent tres ornee et des braies moulantes ( anaxyrides ). Un morceau d'etoffe ( tablion ) peut se draper sur les epaules par-dessus la tunique. Pour les femmes, les manches de la tunique sont collantes et elle se porte sous une autre tunique richement ornee et tombante jusqu'au pied (byzantine ≫). Un voile pend dans le dos et ombrage la tete des femmes dont les cheveux sont souvent decores de bijoux . Les chaussures sont en cuir souple ; celles des dignitaires sont noires, celles de l'empereur pourpre et ornees de pierres precieuses.

Le costume en Europe de la chute de l'Empire romain jusqu'au XII e  siecle [ modifier | modifier le code ]

L'etude du mobilier funeraire de la tombe de Childeric , inventorie a Tournai en Belgique , le , apporte les premieres indications sur le costume d'un roi franc au V e  siecle : l' anneau sigillaire du roi represente ce dernier vetu d'un manteau (qui devait etre de pourpre et brode d'abeilles d'or, certaines ayant ete retrouvees) et d'une cuirasse , attributs d'un officier romain. Sa tete est nue et ses cheveux sont longs : ce sont la les attributs de la noblesse franque. Enfin, la plupart des bijoux cloisonnes revelent l'influence de l' orfevrerie des steppes, importee en Europe par les Germains orientaux . Le costume de Childeric indique donc bien la double influence qui modele le haut Moyen Age : il est a la fois d'inspiration romaine et barbare.

L'iconographie permet de preciser pour les rois merovingiens qu'ils portaient la tunique (plus longue qu'a Rome), la toge et la chlamyde , ainsi qu'un manteau long ouvert sur le devant, d'origine gauloise ou germanique.

La ≪ Vie ≫ de Charlemagne ecrite par Eginhard contient une description du costume du roi :

≪ Il portait le costume national des Francs : sur le corps, une chemise et un calecon de toile de lin ; par-dessus, une tunique bordee de soie et une culotte ; des bandelettes autour des jambes et des pieds ; un gilet en peau de loutre ou de rat lui protegeait en hiver les epaules et la poitrine ; il s'enveloppait d'une saie bleue […] il dedaignait les costumes des autres nations, meme les plus beaux, et, quelles que fussent les circonstances, se refusait a les mettre. Il ne fit d'exception qu'a Rome ou, une premiere fois a la demande du pape Hadrien et une seconde fois sur les instances de son successeur Leon, il revetit la longue tunique et la chlamyde et chaussa des souliers a la mode romaine. ≫

Les ≪ invasions barbares ≫ n'apportent pas de maniere immediate de nouvelles tenues, ceux-ci portant d'ailleurs les braies que les Celtes portaient depuis la civilisation de La Tene de meme que les tuniques ajustees et meme la cotte de mailles [ 3 ] .

Les Merovingiens et les Carolingiens portent une tunique courte et pratique pour le cheval, la ≪ gonelle ≫ (ou ≪ gonne ≫) ; meme si les costumes longs existent toujours. La ceinture est un element important car les vetements n'ont pas de poches et elles servent donc a suspendre une ≪  aumoniere  ≫ qui contient argent, ciseaux,  etc. [ 3 ] Il existe peu de differences entre le costume feminin et le costume masculin.

La ≪  chainse  ≫, ancetre de la chemise, est une longue tunique de lin dont les manches sont etroites, serrees et souvent plus ornees a la manche gauche qu'a la manche droite dont le port est atteste au moins depuis la civilisation de Hallstatt. Sur la ≪  chainse  ≫ se porte le ≪  bliaud  ≫, une robe courte a manches longues et trainantes [ 3 ] .

Les croises decouvrent et ramenent de nouvelles teintures , etoffes et pelisses de fourrure [ 3 ] .

Pendant le bas Moyen Age , le costume masculin ne fait pas novation. Il consiste en une tunique de lin blanc a manches longues et adherentes aux poignets (≪ cotte ≫) portee sous le ≪  surcot  ≫ (tunique ornee longue jusqu'a la mi-jambe). Le ≪ surcot ≫ est maintenu a la taille ou sur les hanches par une ceinture brodee. Sous le surcot, de longues chausses ou des braies allant jusqu'au genou completent la tenue. Les chaussures sont de petites chausses a semelle de liege ou des petites bottes . Pour sortir s'ajoute un manteau rectangulaire ou arrondi.

Les cheveux longs sont la prerogative des hommes de haut rang. Les couvre-chefs sont des ≪ calottes ≫ ou des capuchons .

Pour les femmes, le ≪ surcot ≫ descend jusqu'aux pieds et un pan du manteau couvre la tete. Si le ≪ surcot ≫ est echancre sur la taille, les deux echancrures sont appelees ≪ portes de l'enfer ≫ .

Le costume du XIV e  siecle en Europe [ modifier | modifier le code ]

Dans la premiere moitie du XIV e  siecle : la robe a plusieurs garnements [ modifier | modifier le code ]

Au XIV e  siecle, le costume masculin et le costume feminin sont similaires, non genres et portes par toutes les classes de la population.

Homme et femme portent donc la robe a plusieurs garnements . Le terme de robe designe ici un empilement de vetements longs, flottants et porte sans ceinture.

La robe a plusieurs garnements est constituee, en partant des vetements les plus proches de la peau jusqu'aux plus eloignes :

  • la chemise , une tunique longue dans un tissu leger, le plus souvent blanc,
Jean de Vaudetar offrant sa bible a Charles V, Dedicace de la bible historiale de Jean de Vaudetar , Paris, 1372, peinture sur parchemin. Museum of Books, La Haye.
  • la cotte , une tunique portee sur la chemise et sous le surcot,
  • le surcot , un vetement long porte sur la cotte. Une variante du surcot apparait vers 1350 : le surcot court. Une variante feminine du surcot apparait egalement vers 1350, le surcot ouvert dont les emmanchures sont largement echancrees. Il deviendra ensuite le costume officiel des reines de France.

Sur l'enluminure ci-contre, le roi de France Charles V, a gauche, porte une robe a plusieurs garnements. En 1372, il est considere comme vetu ≪ a l'ancienne guise ≫, c'est-a-dire a l'ancienne mode.

Dans la seconde moitie du XIV e  siecle : apparition du costume genre [ modifier | modifier le code ]

  • Le costume masculin court

Une veritable differenciation des sexes s'opere avec l'apparition du pourpoint , porte uniquement par les hommes. Au XIV e  siecle, le pourpoint est tres ajuste sur le buste, en particulier a la taille, et se prolonge sur les hanches. Une ceinture est souvent posee sur les hanches aussi

Le pourpoint est porte avec des chausses, c'est-a-dire un vetement couvrant les jambes et fixe au pourpoint a l'aide de lacets ou d'aiguillettes.

L'association de ces deux pieces, pourpoint et chausses , laisse apparaitre les jambes, un changement notable et important pour l'histoire du costume en Europe.

Le costume court est d'abord porte par un groupe de jeunes nobles, parfois chevaliers, puis adopte par une grande partie de la population.

Sur l'enluminure ci-contre, le dedicant, Jean de Vaudetar, a droite, porte un pourpoint de couleur claire et des chausses de la meme couleur.

  • Le costume feminin

Contrairement au costume masculin, le costume feminin montre peu d'evolution. Il n'est pas question pour une femme du XIV e  siecle de devoiler ses jambes. Cependant, les pieces de la robe a garnement sont plus ajustees sur les bras et le buste, le decollete est plus marque et devoile les epaules.

Le costume au XV e  siecle en Europe [ modifier | modifier le code ]

Dans la premiere moitie du XV e  siecle [ modifier | modifier le code ]

Les Freres Limbourg, Le mois de mai, Les Tres Riches Heures du Duc de Berry , folio 5, vers 1412. Musee Conde, Chantilly.

Durant le regne de Charles VI , une nouvelle silhouette emerge ainsi que des nouvelles ornementations du vetement.

On assiste au developpement de la houppelande , un vetement du dessus ample, a manches volumineuses, qui reunit entre la longueur de la robe a garnement et l'ajustement du costume de la seconde moitie du XIV e  siecle.

La houppelande est portee aussi bien par les hommes, que par les femmes, mais avec des caracteristiques differentes. La houppelande masculine est ouverte devant et portee ceinturee, tandis que la houppelande feminine est fermee devant.

Pour les hommes, la houppelande est souvent portee sur le pourpoint.

L'ornementation des houppelandes , mais aussi des chapeaux, est assuree par les ≪ freppes ≫, ou ≪ dechirures ≫. Cette nouvelle ornementation apparait dans toutes les cours d'Europe, le terme ≪ freppe ≫ est d'ailleurs propre a la cour de Savoie. Le terme vient du latin frappa qui signifie ≪ lambeau d’etoffe ≫ ou ≪ tissu dechire ≫. Les dechirures disparaissent autour de 1450.

Il faut noter qu'une variante courte de la houppelande est avere, on la nomme haincelain .

Il y a aussi un developpement de l'orfevrerie, visible sur la peinture sur parchemin ci-contre a travers les nombreux bijoux arbores par le Duc de Berry et sa cour.

Les femmes portent une coiffure caracteristique du XV e  siecle, la coiffure ≪ a corne ≫. Elle consiste en la division de la chevelure en deux parties egales puis ramassees haut sur la tete, au-dessus des tempes, dans une resille. Enfin, on pose dessus un morceau d’etoffe ou du feuillage.

Dans la seconde moitie du XV e  siecle [ modifier | modifier le code ]

On assiste au retour de la differenciation des vetements masculins et feminins.

Le costume masculin : la mise en valeur des parties hautes [ modifier | modifier le code ]

La houppelande disparait et le pourpoint est porte seul. Le pourpoint du XV e  siecle marque la taille et se pare de manches bouffantes, artificiellement larges. Il est decore de plis tuyautes places dans la hauteur du pourpoint. Il est plus souvent porte dans des couleurs sombres.

Le costume au XVI e  siecle en Europe [ modifier | modifier le code ]

Les chaussures [ modifier | modifier le code ]

Les hommes de la Cour portent des souliers ≪ a pied d'ours ≫ ou ≪ bec de canard ≫ qui sont des souliers tres ouverts a large bout carre dont le bout pouvait atteindre 15  cm de large. Ils se fixent sur le cou-de-pied avec une laniere.

Les elegantes italiennes portaient d'etranges souliers rehausses par de tres hauts patins, les ≪ chopines ≫. Le haut socle place sous la plante du pied pouvait atteindre cinquante-deux centimetres et il ne permettait pas a celles qui les portaient de marcher seules, elles devaient obligatoirement s'appuyer sur les epaules de deux servantes se tenant de chaque cote d'elles. Ces ≪ chopines ≫ ne seront pas adoptees en France et furent interdites tres rapidement en Italie , car jugees inesthetiques et peu commodes.

D'Italie toujours, avait ete imposee une autre mode adoptee en France des le debut du XVI e  siecle : la ≪  pantoufle  ≫. Du terme d'origine italienne ≪ pantofla ≫ designant un objet en liege ; presque sans quartier (cote arriere), elle constituait un nouvel element de confort. Sa legerete, sa facilite d'usage en faisait une excellente chaussure d'appartement, surtout utilisee par les femmes.

La mode des ≪ creves ≫, entailles que l'on fait dans les tissus pour laisser voir la doublure, alors en plein essor pour le costume, descendit jusqu'au soulier, souvent en satin ou en velours . Ces chaussures portaient le nom ≪ d'escafignons ≫, dits aussi ≪ eschapfins ≫ qui vient d'Italie sous le nom de ≪ scapa ≫, mot qui designe toujours de nos jours en Italie les chaussures. Les escafignons, donc, etaient taillades sur l' empeigne (le devant) pour laisser voir a travers les creves, le tissu precieux des bas blancs ou de couleurs.

Les bottes en cuir ou en daim se portaient toujours tandis que les elegantes bottines d'etoffes tailladees (crevees) etaient utilisees a la Cour par les seigneurs. Elles ne depassaient pas, en hauteur, le milieu de la jambe.

Le peuple, lui, se chaussait toujours de sabots de bois tres rustiques ou de galoches (du latin ≪  gallica  ≫) maintenues par des brides, souliers a semelle de bois dont la partie superieure est en cuir. Il se chaussait egalement d'estivaux qui sont des bottines en cuir souple et leger. Le terme ≪ estivaux ≫ vient du bas latin ≪  aestivaleus  ≫, relatif a l'ete : il s'agit donc bien d'un soulier leger porte en ete.

Les paysans portaient des ≪ houses ≫ qui sont des guetres de cuir fendues d'un bout a l'autre fermees avec des boucles et courroies, ce qui etait si long et difficile que Rabelais les appelait ≪ bottes de patience ≫. Ils portaient aussi des sandales qui sont faites en cuir, en bois ou en corde, des ≪ bottes ≫ qui sont en fait des chaussures legeres et commodes qui ressemblent a s'y meprendre a nos pantoufles d'aujourd'hui.

Dans les grands pays d'Europe en bref [ modifier | modifier le code ]

Portrait de Prospero Alessandri de Giovanni Battista Moroni (1560), Liechenstein Museum : pourpoint fraise, et hauts-de-chausses bouffants.
  • En Espagne  : l'Espagne, au XVI e  siecle est une grande puissance europeenne, forte de ses decouvertes prodigieuses en Amerique . L'or, l'argent et les perles affluent sur les vetements devenant de plus en plus extravagant. Une serie de lois voit alors le jour vers 1500 , limitant les exces. La mode espagnole, tres influente, est portee par Charles Quint grand roi d'Espagne.

Cette mode est sobre et dans la plupart des cas, de couleur noire. Les femmes portent des robes en pyramide a col montant et aux epaules rembourrees. Les hommes portent l'epee au cote.

  • En Castille , la reine Jeanne de Portugal , alors enceinte, tente de cacher sa grossesse et lance la mode des jupes armees de cercles de jonc vert, le ≪ verdugo ≫ qui deviendra le ≪  vertugadin  ≫ en France. Il peut avoir une forme de cloche ou de tonneau.
  • Le costume francais est rapidement touche par la mode espagnole qui se veut sobre, simple, et de couleur generalement noire. La ≪ ropa ≫ vetement traditionnel d'Espagne fait fureur chez les nobles francais. La mode des ≪ creves ≫ originaire d' Allemagne , et qui consiste a rapiecer de petites etoffes de tissu sur le vetement touche aussi la France. On peut aussi noter que, en raison des exigences de Francois I er , la cour masculine se voit dans l'obligation de se couper les cheveux courts.
  • En Italie , la mode peu touchee par la periode gothique est influencee par l'Espagne et la mode des ≪ creves ≫. Malgre le noir, elle garde des elements vestimentaires traditionnels comme les robes rouges ou les hautes chaussures venitiennes. On peut aussi remarquer que la mode italienne influe notamment sur les coiffures tirees en arriere et sobres qui s'opposent aux coiffures nordiques plus compliquees avec un voile les recouvrant. Les manches aussi sont amples et bordees de fourrure tandis que le nord reste plus sobre avec des manches serrees.
  • L' Angleterre est une mode un peu a part bien qu'influencee par l'Espagne (mais plus tardivement). Les dentelles et les fraises affluent. Le chapeau ≪ style Robin des Bois  ≫ est en vogue.
  • Dans les pays germaniques se repand la mode des hauts-de-chausses bouffants.

Quelques definitions [ modifier | modifier le code ]

  • pourpoint  : vetement ajuste d'homme, qui couvrait le corps du cou a la ceinture.
  • chasuble   Ce lien renvoie vers une page d'homonymie : vetement ayant la forme d'un manteau sans manche.
  • toque  : coiffure sans bords, aux formes cylindriques.
  • chaperon : capuchon a longue pointe, porte par les hommes.
  • pelerine  : vetement feminin, couvrant les epaules et la poitrine.
  • cornette : coiffure que portent certaines religieuses catholiques.
  • echancrure  : partie echancree, creusee ou entaillee au bord.
  • surcot  : robe de dessus, portee au Moyen Age par les hommes comme les femmes.
  • brocart  : etoffe brochee de soie, d'or ou d’argent.

Le costume au XVII e  siecle en Europe [ modifier | modifier le code ]

C'est la France qui influence la mode du Grand Siecle .

Le costume au XVIII e  siecle en Europe [ modifier | modifier le code ]

Le costume feminin se compose de divers style de robes :

  • La robe battante  ;
  • La ≪ robe a la polonaise ≫ dont la jupe possede trois volants sur des paniers circulaires ;
  • La robe a la francaise (terme universel, mais qui a aussi des equivalents : ≪ contouche ≫ en allemand, ≪ andrienne ≫ en italien, ≪ sack-dress ≫ en anglais. On disait autrefois sacque en France, mais le terme s'est perdu) avec ou sans plis Watteau (ou a la Watteau) et avec une piece d'estomac ou des comperes selon l'epoque ;
  • La robe a l'anglaise , une robe a corsage ajuste, manches bouffantes, collerette et ≪ vertugadin ≫ plus large que les epaules.

Les jupes des robes peuvent se porter avec un pet-en-l'air ou des paniers (il existe un grand nombre de paniers au cours du XVIII e  siecle, parmi lesquels les paniers de cour, les considerations ou encore les paniers a la janseniste). D'apres Honore de Balzac , les paniers auraient leur origine en Angleterre  : ≪ La mode que nous appelons anglaise a Paris se nomme francaise a Londres, et reciproquement. Les paniers apportes par une Anglaise a Paris furent inventes a Londres, on sait pourquoi, par une Francaise, la fameuse duchesse de Portsmouth ; on commenca par s'en moquer si bien que la premiere Anglaise qui parut aux Tuileries faillit etre ecrasee par la foule ; mais ils furent adoptes [ 4 ] . ≫

Le corsage est quant a lui ajuste avec un ≪  corps a baleines  ≫ ou baleine (ancetre du corset ), dit aussi plus simplement ≪ le corps ≫ voire un corset blanc .

Les hauts de vetements feminins comporte le caraco , le casaquin , le pierrot , le juste , appele mantelet au Quebec.

Les hommes portent le tricorne ≪ a la suisse ≫ ou parfois un chapeau plat a large bord dit ≪ a la Pennsylvanie ≫.

C'est la mode des perruques poudrees, du teint blanc, des mouches et du fard rouge sur les pommettes et les levres.

Le costume en Europe de la Revolution a 1914 [ modifier | modifier le code ]

Bouleversant en profondeur la societe francaise, la Revolution marque egalement une rupture radicale sur le plan vestimentaire. Elle signe la fin relative du culte de l'apparat. Les sans-culottes acquierent leur notoriete en revetant des pantalons et vestes courtes (≪  carmagnole  ≫), par opposition aux bas portes par les classes privilegiees. Vetus d'habits a pans carres, les elegants du moment sont appeles Incroyables et prefigurent le dandysme . Quant aux elegantes, elles sont connues sous l'appellation de Merveilleuses et portent de longues robes decolletees dont un ruban marque la taille sous les bras.

L' antiquite greco-romaine redevient par la suite une source d'inspiration avec Napoleon I er .

Le ≪ pantalon de lingerie ≫ d'origine britannique fait son apparition. Originellement destine a la pratique du sport, il devient un vetement de dessous. Plus largement, la Grande-Bretagne influence la mode avec des elements tels que le spencer , la redingote , l' anglomanie , Brummell .

C'est au debut du XIX e  siecle qu'apparaissent les premieres enseignes de vetements a prix reduit. Elles joueront un role majeur dans la diffusion et la massification de la mode.

Le pantalon a definitivement remplace la culotte et les bas pour les hommes. Et les femmes remettent la ceinture a la taille. Le bijou est a la mode du medaillon ou se cachent portrait ou devise et prend alors une valeur sentimentale.

Charles Frederick Worth se fait remarquer et lance la haute couture . Alors qu'a peu pres a la meme epoque Levi Strauss invente le blue-jeans .

Si la vie au grand air se developpe notamment avec les bains de mer, la tenue des femmes est encore sous le regne du corset et de la crinoline qui deviendra ≪  tournure [ 5 ]  ≫ qui deviendra elle-meme ≪ robe a traine ≫ (symbole de la Belle Epoque ).

A la Belle Epoque , c'est la mode des moustaches et des barbes pour les hommes qui se doivent d'avoir un pli parfait ; pour ce faire, ils dorment avec un ≪ fixe-moustache ≫. Les femmes se doivent d'avoir une ≪ silhouette en S ≫ grace a un corset ou une guepiere visant a faire ressortir la poitrine et d'accentuer la cambrure. Les eventails sont en vogue.

C'est l'apparition des premiers manteaux de fourrure , l'apogee du haut-de-forme , et des manches gigot et des chapeaux volumineux pour les femmes.

Des les annees 1910, la silhouette feminine s'allonge de nouveau mais le bas des jupes s’entrave, obligeant les femmes a faire de petits pas. Paul Poiret supprime le corset et simplifie le vetement feminin. L'avenement du complet revolutionne la mode masculine.

La Premiere Guerre mondiale paralyse le monde de la mode. Elle introduit toutefois des ameliorations notables, notamment des sous-vetements plus confortables. Mais ce sont surtout ses consequences sociales qui vont avoir un impact durable sur l'industrie de l'habillement. En ayant contribue au developpement du travail des femmes, elle va favoriser l'emancipation economique et sociale de ces dernieres qui disposeront d'une liberte nouvelle et de moyens accrus. De meme, la progression de la pratique du sport jouera un role determinant.

Progressivement, l'industrialisation et les changements de mode font evoluer les vetements au point de sortir du cadre de l'histoire du costume pour entrer dans l' histoire de la mode .

En 2012, l' UNESCO a decide d'ajouter au patrimoine culturel immateriel de l'humanite le costume nuptial de Tlemcen , justifiant ainsi son choix : ≪ Les rites et les savoir-faire artisanaux associes a la tradition du costume nuptial de Tlemcen ont ete transmis de generation en generation par les hommes et les femmes de la communaute et servent de marqueur d’identite locale. […] L’inscription de l’element sur la Liste representative pourrait encourager le dialogue mutuel entre les communautes et les groupes, tout en sensibilisant a d’autres pratiques et rituels vestimentaires de la region mediterraneenne et ailleurs [ 6 ]  ≫

Cinema [ modifier | modifier le code ]

De nombreux titres de films font reference au costume :

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Andre Varagnac et Marthe Chollot-Varagnac, Les traditions populaires , PUF , , p.  411
  2. Marc-Alain Descamps, La Psychologie des vetements .
  3. a b c d et e Jean-Louis Besson, Le livre des costumes , La mode a travers les siecles , Paris, Editions Gallimard , coll.  ≪ decouverte cadet ≫, ( reimpr.  1994), 75  p. ( ISBN   2-07-039531-6 ) .
  4. Albert Savarus , edition Furne de 1845, vol.  I, p.  409.
  5. il en existe plusieurs types, dont le faux-cul (nom de la tournure en Allemagne) et la queue d'ecrevisse qui y ressemble a s'y meprendre.
  6. Les rites et les savoir-faire artisanaux associes a la tradition du costume nuptial de Tlemcen .

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Nathalie Bailleux, Modes et vetements , Paris, Gallimard, coll. ≪  Decouvertes Gallimard / Culture et societe ≫ ( n o  239 ), 1995, ( ISBN   978-2070532704 ) .
  • Quentin Bell, Isabelle Bour, Mode et societe : essai sur la sociologie du vetement , Paris, Presses universitaires de France., coll. ≪ Sociologie ≫, 1992, ( ISBN   978-2130434856 ) .
  • Jean-Louis Besson, Le Livre des costumes. La mode a travers les siecles , Paris, Gallimard, 1995, ( ISBN   978-2070593583 ) .
  • Francois Boucher, Histoire du costume en Occident de l'Antiquite a nos jours , Paris, Flammarion, 2008, (reedition 2023) ( ISBN   978-2081214644 ) .
  • Marie-Noelle Boulin-Arnaud et Sandrine Tasmadjian, Le Vetement , Paris, Nathan, 1997, ( ISBN   978-2091609904 ) .
  • Marc-Alain Descamps, Psychosociologie de la mode , Paris, PUF, 1979, ( ISBN   978-2130359289 ) .
  • Yvonne Deslandres, Le Costume, image de l'homme , Editions du Regard, 2002, ( ISBN   978-2950514790 ) .
  • Yvonne Deslandres et Florence Muller, Histoire de la mode au XX e  siecle , Paris, Somogy Editions d’Art, 1986, ( ISBN   978-2850561825 ) .
  • Camille Enlart, Manuel d'archeologie francaise depuis les temps Merovingiens jusqu'a la Renaissance, t. 2, Le costume , Paris, Picard, 1902-16.
  • Guillaume Erner, Victimes de la mode ? Comment on la cree, pourquoi on la suit , Paris, La Decouverte, 2006, ( ISBN   978-2707147783 ) .
  • Theophile Gautier , ≪ De la mode ≫ , Paris, Poulet-Malassis et E. de Broise , 1858.
  • Frederic Godart, Sociologie de la mode , Paris, La Decouverte, 2010, ( ISBN   978-2707157621 ) .
  • Frederic Monneyron, La Frivolite essentielle. Du vetement et de la mode , Paris, Presses Universitaires de France, 2001, ( ISBN   978-2130516538 ) .
  • Max Tilke , Wolfgang Bruhn, Encyclopedie du costume , Paris, Albert Morance, 1955, ( OCLC 301760614 ) .
  • Jacques Ruppert, Le Costume , Paris, R. Ducher, 1930, ( OCLC 3778397 ) .
  • Francoise Piponnier et Perrine Mane, Se vetir au Moyen Age, 1995 ( ISBN   2-87660-169-9 )
  • Michel Pastoureau , Le Vetement: histoire, archeologie et symbolique vestimentaires au Moyen Age , Leopard d'or, 1989.
  • Daniele Alexandre-Bidon, Nadege Gauffre Fayolle, Perrine Mane et Mickael Wilmart (dir.), Le vetement au Moyen Age : de l'atelier a la garde-robe , Brepols, 344 p., 2021, ( ISBN   978-2-503-59008-0 ) .

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]