Le
haut allemand
(
Hochdeutsche Dialekte
)
[
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]
est, en linguistique, un groupe de dialectes
germaniques
. Il se distingue du groupe
bas-allemand
par le phenomene de la
seconde mutation consonantique
et en est separe par la
ligne de Benrath
. Le nombre total de locuteurs dans sa zone traditionnelle, de
Dusseldorf
en
Allemagne
a
Bad Radkersburg
en
Autriche
est d'environ 60 millions. Il comprend les dialectes du
moyen allemand
, ou la seconde mutation consonantique est incomplete, et les dialectes de l'
allemand superieur
, ou cette mutation est complete.
Sous l'influence de l'allemand ≪
Hochdeutsch
≫, qui designe aujourd'hui presque exclusivement la
langue standard
, le mot francais ≪ haut allemand ≫ designe aussi parfois par extension l'
allemand standard
, langue allemande officielle issue des dialectes de ce groupe.
Parmi les langues que l’on rattache aux dialectes haut-allemands, il y a d'abord l’
allemand standard
(parfois designe comme l'≪ allemand ecrit ≫), le
yiddish
et le
luxembourgeois
. La langue allemande ecrite s'est formee il y a maintenant plus d'un demi-millenaire, avec la decouverte en Europe de l'imprimerie a caracteres mobiles et la Reforme. Elle supplante depuis peu a peu tous les dialectes allemands.
Les dialectes haut-allemands sont parles dans plusieurs regions centrales et meridionales de l'Europe germanophone :
Allemagne
,
Autriche
et
Tyrol
(
Italie
), de
Suisse
,
Liechtenstein
,
Luxembourg
, en
Alsace
et en
Lorraine
(
France
), dans le
Limbourg
et par endroits encore en Haute-Silesie (
Pologne
). On trouve en outre de par le monde quelques
isolats linguistiques
haut-allemands, par exemple aux
Etats-Unis
, en
Russie
ou en
Roumanie
.
Dans l’expression ≪ haut-allemand ≫, l’
adjectif
≪ haut ≫ fait allusion au fait que ce groupe de dialectes etait a l'origine parle principalement dans les regions montagneuses de l'espace germanophone, par opposition aux dialectes ≪ bas-allemands ≫ de la
plaine d'Allemagne du Nord
et du littoral baltique. Le concept de
hochdeutsch
apparait pour la premiere fois en 1440 dans les traductions effectuees de l'allemand vers le neerlandais puisqu'on lit en preface : ?Uut hoghen duutsche ghetransfereert / Ende in onser talen ghekeert“
[
2
]
et
niederdeutsch
n'apparait qu'en 1457:
≪ vanden hooghen duutsche int neder duutsche
[
2
]
. ≫
≪
Tudesque
≫ (
Deutsch
) signifie etymologiquement ≪ propre au peuple, populaire ≫ et, contrairement aux autres adjectifs de nationalite, designe d'abord une langue ; ce n'est qu'ensuite qu'elle en designe les locuteurs et meme le pays ou ils vivent : l'epithete latin
theodiscus
apparait pour la premiere fois en 786, dans un rapport du
nonce apostolique
Georges d'Ostie
adresse au pape
Adrien Ier
a propos de deux synodes en Angleterre. Les decrets etaient alors rediges a la fois en latin et en langue vernaculaire (
latine
et
theodisce
), afin qu'ils puissent etre compris de tous ; mais dans ce contexte, l'adjectif designait encore une variante du
vieil-anglais
. En 813,
Charlemagne
recommande a ses clercs de dire les messes non seulement en
latin
mais aussi en
langue romane
et tudesque (
in rusticam Romanam linguam aut Theodiscam
). Ce mot savant de tudesque derive de l’adjectif
vieux-francique
*theodisk
(a rapprocher du gotique
þiuda,
et du vieux haut-allemand
diot
qui signifient ≪ peuple ≫), et se rapproche des gentiles
tedeschi
en italien et
tedescos
en sarde, mais aussi des mots
deutsch
et "deitsch" en haut et moyen allemand.
Jusqu'au
XV
e
siecle
, le
francais medieval
designait la langue allemande comme
tiedeis, tieis, tiois
; en
flamand
,
dietsch
(d'ou
Dutch
en anglais, qui designe a vrai dire le
neerlandais
).
Vers la fin du
IX
e
siecle
, l'adjectif latin
teutonicus
supplante graduellement
theodiscus
(encore atteste en 1050) : cette forme a ete preservee en
italien
moderne :
tedesco
.
Les plus anciens temoignages ecrits du vieux haut-allemand sont des
gloses
du
VIII
e
siecle
.
Vers 1200, le
Moyen haut-allemand
, combinaison de differents
dialectes souabes
, finit par s'imposer comme une langue litteraire de portee inter-regionale, reconnue jusqu'en Allemagne du Nord.
Cette langue evolue a la Renaissance vers une
langue ecrite
commune aux chancelleries du
Saint Empire
, en s'enrichissant d'apports haut-franconiens et bavarois de l'espace germanophone oriental. Elle gagne graduellement l'Allemagne hanseatique tout au long du
XVII
e
siecle
(evincant le
bas saxon
, juge trop rustique et bourgeois), et au cours du
XVIII
e
siecle
s'impose comme la langue allemande ecrite.
Les periodes du haut-allemand se divisent en :
- Vieux haut-allemand
(Ahd.), de 750 a 1050
- Moyen haut-allemand
(Mhd.), de 1050 a 1350
- Moyen haut-allemand tardif
(Fnhd.), de 1350 a 1650
- Haut-allemand moderne
(Nhd.), de 1650 a aujourd'hui
La delimitation temporelle pose a vrai dire plusieurs problemes. Tout d'abord la date de 750 n'est qu'une hypothese pour l'apparition du vieux haut-allemand : elle traduit simplement que dans l'etat actuel de nos connaissances, les plus anciennes sources ecrites de ces parlers ne vont pas au-dela de la seconde moitie du
VIII
e
siecle
: il s'agit d'un
glossaire
, le codex
Abrogans
, compose aux alentours de l'an 770
[
3
]
. D'ailleurs les transitions sont tres floues (elles ne valent qu'a 50 ans pres environ). Le
processus de differenciation
s'etend en effet sur differents plans, avec un rythme different.
Les variantes du haut-allemand sont bien distinctes, et si, dans bien des cas, les locuteurs de regions voisines se comprennent aisement, cela ne va pas de soi pour des regions suffisamment eloignees, qui doivent alors recourir a la
langue-toit
qu'est l'allemand standard.
Les variantes du haut-allemand sont concernees de facon tres variable par la mutation consonantique : seul le
bavarois
(par ex. le
tyrolien
et les dialectes
alemaniques
) presentent une mutation complete, alors qu'elle n'est que tres partielle dans la plupart des autres dialectes haut-allemands : un cas extreme est celui du
Limbourgeois
et du
Molmsc
, ou la mutation se limite au passage de
ik
a
ich
, mais qui, par leur situation nettement au nord de l'
isoglosse
maken?machen
(ou
ligne de Benrath
) peuvent etre rattaches aux
parlers franciques
. C'est particulierement dans l'ouest de l'Allemagne moyenne que la mutation linguistique s'est erodee, par influence meridionale (frontiere linguistique francique) : mais cette tendance est geographiquement tres progressive d'est en ouest, de sorte qu'il n'y a pas d'accord sur la frontiere linguistique du haut-allemand dans les regions rhenanes.
- ↑
L’attribut se refere a l’altitude geographique de la region des locuteurs.
Bas
signifie donc ≪ basse altitude ≫, ce qui correspond au Nord proche de la mer, et
haut
signifie ≪ haute altitude ≫, donc le Sud plus proche des Alpes.
- ↑
a
et
b
Cite d'apres
(de)
Raphael Berthele,
Die Deutsche Schriftsprache und die Regionen.
, Berlin, Walter de Gruyter,
, 285
p.
(
ISBN
3-11-017497-9
,
lire en ligne
)
,
p.
137
.
- ↑
D'apres
(de)
Werner Konig,
dtv-Atlas
deutsche Sprache
, Munich, Deutscher Taschenbuch Verlag,
, 248
p.
(
ISBN
3-423-03025-9
)
,
p.
66 et suiv.
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