Guerre peruano-equatorienne de 1858

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La guerre peruano-equatorienne de 1858 trouve son origine dans la cession par l' Equateur d'un territoire revendique par les deux pays a des creanciers britanniques. Le Perou s'y opposa et l'Equateur dut annuler la vente. Il s'agit du premier des conflits frontaliers entre le Perou et l'Equateur .

Guerre Peruano-equatorienne de 1858
Description de l'image Fragata Apurímac 1855.jpg.
Informations generales
Date 26 octobre 1858 - 25 janvier 1860
Lieu Province equatorienne de Guayas
Casus belli Cession par le gouvernement equatorien a des investisseurs britanniques de territoires contestes entre les deux pays
Issue Victoire peruvienne et annulation de la cession
Belligerants
Perou Equateur
Commandants
President Ramon Castilla President Francisco Robles (1858-1859) puis divers gouvernements revolutionnaires dont les principaux sont ceux de Guillermo Franco et de Garcia Moreno

Contexte [ modifier | modifier le code ]

L'origine du conflit remonte au decoupage territorial effectue lors de l' empire colonial espagnol . En 1563 , le roi d'Espagne crea la Real audiencia de Quito qui comprenait au nord, les territoires de Pasto , de Popayan , de Cali , de Buenaventura et de Buga (aujourd'hui en Colombie ), et au sud, de Piura (dans l'actuel Perou ). Elle fut rattachee a la Vice-royaute du Perou jusqu'en 1717 date a laquelle elle fut transferee a la Vice-royaute de Nouvelle-Grenade dont la capitale etait Bogota . A l'epoque, les frontieres, en particulier a l'est, etaient relativement imprecises a cause du manque de connaissances geographiques de la region. De plus, le peu d'habitants de la region en faisait un territoire de faible importance.

La premiere dispute territoriale intervint en 1802 quand l'administration et la defense des regions de Quito et Maynas fut redonnee a la Vice-Royaute du Perou. Les imprecisions territoriales de l'epoque se retrouverent lorsque les colonies espagnoles accederent a l'independance. Une autre source de discorde apparut de maniere similaire en 1803 quand la province de Guyaquil (et le port strategique de Guayaquil ) fut detachee du secteur controle par Lima .

De plus, au cours de l'exploration du continent, de nombreuses missions parties de Quito, notamment conduites par les Jesuites , atteignirent l' Amazone . Aussi, l'Equateur se reclama (jusqu'en 1999) etre un pays amazonien. Le roi confirma, et les droits equatoriens sur les regions jusqu'a l'Amazone, ce fait en 1563, 1749 et 1740. Le gouvernement equatorien considera que la reorganisation de 1802 etait seulement provisoire (a cause de l'expulsion des Jesuites) alors que les Peruviens la considerait aussi comme politique. Ce qui rattachait la region a la Vice-Royaute du Perou. Enfin, le gouvernement de Lima conteste le fait que certaines missions d'exploration soient parties de Quito et considere plutot un depart de Cuzco .

En 1819 , la Grande Colombie et libera l'essentiel de son territoire (comprenant les actuels Colombie , Venezuela , Panama et Equateur) en 1822. Simon Bolivar , president de la Grande Colombie, voulait creer un unique Etat sur la base des anciennes colonies espagnoles. Cependant, certains comme Jose de la Mar , ancien soldat de l'armee de Bolivar, consideraient ce projet comme autoritaire. Il se lanca dans une politique anti-colombienne et parvint a expulser l'armee colombienne de l'ancienne Vice-Royaute du Perou. En 1828, il envahit la Grande Colombie. Bolivar declara la guerre au Perou qui fut defait en 1829. Un coup d'Etat de l'armee peruvienne remplaca De la Mar et ouvrit la voie a un traite de paix. Ce traite reconnut les deux nouveaux Etats dans les frontieres des deux anciennes vice-royautes (principe du uti possidetis juris ). Cependant, l'armistice puis le traite Larrea-Gual reconnaissait la possession de la region de Guayaquil par la Grande Colombie.

En 1830, la federation de Grande Colombie est dissoute laissant la place a trois Etats : Colombie (Panama en faisant partie a l'epoque), Venezuela et Equateur. Au Perou, l'evenement est considere comme donnant naissance a trois nouveaux Etats. Cependant, il est plus normalement vu que les trois nouveaux Etats sont heritiers des traites signes par la Grande Colombie . La Colombie defendit ce point de vue et le fait de considerer que les traites disparaissent avec les Etats territoriaux signataires n'est pas reconnu.

Le protocole signe le a Lima (protocole Pedemonte-Mosquera), defendu par la Colombie et l'Equateur, fixait la frontiere ouest entre l'Equateur et le Perou sur les rivieres Tumbes et Macara et la frontiere est sur la riviere Maranon et le fleuve Amazone. Cela laissant en suspens le reglement de la frontiere dans une petite region andine, nommee Jaen de Bracamoros. Le protocole laissait entendre que la frontiere y serait fixee sur la riviere Chinchipe ou la riviere Huancacamba.

Le Perou s'appuya sur plusieurs points pour contester cet accord : ni la Colombie ni l'Equateur ne purent produire l'original du document, ses auteurs sont supposes par les Peruviens avoir ete a deux endroits differents lors de sa redaction, le protocole ne fut jamais ratifie par aucun pays, l'Equateur avait quitte la federation de Grande Colombie un mois avant sa signature, une copie presentee par la Colombie a ete jugee insuffisante par le gouvernement peruvien.

Cependant, il semble peu probable que l'Equateur ait forge un faux meme si le traite original a disparu. En 1910, un texte colombien ancien fut d'ailleurs retrouve et mentionne l'accord. Les versions entre les camps varient.

En 1832 , l'Equateur se separe definitivement de la Grande Colombie et la meme annee, un traite est signee avec le Perou (traite Pando-Noboa). Ce traite stipule que les frontieres du moment seront les frontieres entre les deux pays jusqu'a ce qu'une convention les fixe de maniere definitive. En 1841-1842, l'Equateur demanda au Perou de lui rendre la region de Jaen, Tumbes et Maynas selon le traite Larea-Gual de 1829. Le Perou jugea absurde de rendre des regions de facto peruvienne et qui avaient, en outre, manifeste le desir de le rester. De plus, le Perou considerait toujours que la region de Maynas (detachee en 1802 par le roi d'Espagne) lui appartenait. Les negociations echouerent en 1842 .

La situation s'envenima encore lorsqu'en 1851 un traite entre le Perou et le Bresil reconnut la possession au Perou de regions entre les rivieres Capqueta-Japura et Maranon-Amazone plus celle des territoires a l'est des Andes. Ces territoires etant contestes par la Colombie, le Perou et l'Equateur. Pour y defendre ses pretentions, Lima fonda le un gouvernement special dit gouvernement de Loreto charge du developpement de ces territoires. Des Peruviens y furent envoyes pour former la base d'un peuplement. L'exploration de la region fut ainsi presque essentiellement menee par des militaires peruviens. Cela offrait au Perou des bases solides pour trancher en sa faveur un eventuel arbitrage.

Le , les Equatoriens, pour payer les dettes de la guerre d'independance, envisagea de ceder un territoire dans la region de Canelos . Le Perou protesta en signalant que selon le principe uti possidetis juris lui appartenait. Cependant, l'Equateur, en proie a des troubles civils, continua ses negociations et le Perou en exigea l'arret.

La guerre [ modifier | modifier le code ]

Devant le refus equatorien d'annuler la cession, le Congres peruvien autorisa en le president Ramon Castilla de tous les moyens necessaires, y compris armes, pour l'empecher. L'armee fut mobilisee notamment la marine chargee d'etablir un blocus le long des cotes peruviennes. Le , 150 soldats peruviens debarquerent dans l'ile de Puna. En , deux insurrections eclaterent en Equateur renversant le president Robles. Deux gouvernements s'etablirent. Un mene par le general Guillermo Franco et un triumvirat (Garcia Moreno, Jeronimo Carrion et Pacifico Chiriboga) a Quito.

Le , Castilla proposa a Moreno, alors a Lima pour negocier, son appui pour chasser Franco et les deux autres triumvir . Les trois autres accuserent Moreno de trahison mais Carrion et Chiriboga furent contraints de se retirer. Le , il fut decide d'un vote entre Moreno et Franco. Le vote fut equilibre et ne resolut rien. Les deux caudillos rompirent peu apres quand Franco tenta d'arreter Moreno. Celui-ci gagna le nord du pays tandis que Franco demeura a Guayaquil.

Le , les Peruviens de Castilla debarquent et occupent Guayaquil, principal port du pays. Le general Franco proposa alors aux trois autres gouvernements etablis a ce moment-la en Equateur de former un gouvernement central pour negocier avec le Perou. Ils autorisent Franco a negocier en leur nom mais le , celui-ci fit arreter leurs representants et les expulsa hors de la ville. Le , il signa le traite de Mapasingue qui annulait la cession et reconnaissait la souverainete peruvienne sur les territoires contestes.

Suites de la guerre [ modifier | modifier le code ]

Ce traite unit les trois autres gouvernements de la guerre civile equatorienne contre lui. Moreno rappela d'exil Juan Jose Flores et lui confia l'armee de Quito. Moreno et Flores s'emparerent de Guayaquil le . Le general Franco fuit au Perou.

Le traite de Mapasingue est cependant un precedent grave pour l'Equateur en cela qu'un gouvernement revolutionnaire a signer un traite au nom du Perou. De plus, ce traite reconnait les droits du Perou sur les regions contestees. Malgre les protestations de l'Equateur, le Perou cherchera a s'en tenir a ce traite avantageux. De plus, avant de fuir, le general Franco a fait signer une petition aux habitants de la province demandant son rattachement au Perou.

Notes et references [ modifier | modifier le code ]


Sources de la traduction [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Robert L. Scheina, Latin's America's Wars, the age of the Caudillo, 1791-1899 , Brassey's Inc., Dulles, Virginie, 2003, ( ISBN   1-57488-450-6 )