La
greve generale de 1922 a Guayaquil
est une greve generale qui a lieu du 13 au
dans la ville de
Guayaquil
, en
Equateur
. Cette greve generale fait suite a une greve des cheminots, commencee le
. Les cheminots sont rejoints progressivement par les travailleurs d'autres secteurs d'activite, jusqu'a aboutir a une greve generale insurrectionnelle du 13 au
. Le
, la greve est reprimee implacablement par l'armee, avec un bilan estime, selon les ouvrages, entre plusieurs centaines
[
lara 1
]
,
[
ayala 1
]
et un millier de morts
[
ycaza 1
]
. Cette repression est l'evenement qui,
par sa marque sanglante marque le debut des luttes syndicales en Equateur
, selon les mots de l'historien
Jorge Salvador Lara
[
lara 2
]
.
Cet episode dramatique de l'histoire de l'Equateur fournit le cadre d'un roman de
Joaquin Gallegos Lara
,
Las cruces sobre el agua
(trad. : ≪Les croix sur l'eau≫)
[
1
]
.
Les
, les
cheminots
de
Duran
transmettent a leur employeur,
The Guayaquil & Quito Railays Co.
, une liste de revendication integrant en particulier le respect integral des lois sur la journee de 8 heures et de celle sur les accidents du travail, une augmentation des salaires, la reintegration de plusieurs travailleurs licencies, une reglementation des licenciements, et la mise en place d'un dispositif d'assistance medicale. La compagnie refuse ces revendications, en argumentant qu'une hausse salariale ne serait possible que si le gouvernement decidait d'une hausse des tarifs, demarche refusee par les cheminots. L'ultimatum pose par les travailleurs expirant le
a 7 heures sans que satisfaction n'ait ete donnee, les cheminots entrent en greve le
, paralysant l'ensemble du trafic ferroviaire dans le secteur. La compagnie menace les grevistes de licenciement immediat, et le gouvernement la soutient en faisant occuper les gares par l'armee. Toutefois, les habitants de la zone, femmes et enfants, s'allongent sur les rails, dejouant ainsi les tentatives de la compagnie de faire reprendre le trafic en recourant a des
briseurs de greve
. Le
, les cheminots, largement soutenus dans leur mobilisation par plusieurs organisations de travailleurs dans tout le pays (COG, FTRE, SAIP) obtiennent satisfaction de leurs revendications. Pour le secretaire general du FTRE, Luis Maldonado Estrada, ≪pour la premiere fois, une augmentation salariale est obtenue grace a une lutte magnifique≫, un succes qui encourage d'autres categories de travailleurs a formuler egalement des revendications
[
ycaza 2
]
.
Le
, les travailleurs de l'electricite et ceux des
omnibus
(a traction animale) formulent leurs revendications : strict respect de la loi sur les
accidents du travail
, remuneration des
heures supplementaires
, fin des licenciements arbitraires, respect du syndicat, hausse des salaires, journee de 8 heures (au lieu de 18 ou parfois 20 heures). Ces revendications sont refusees, et le patronat repond par un
lock out
, puis menacent d'abandonner leurs entreprises, avant de finalement de proposer d'acceder a certaines revendications moyennant une hausse des tarifs pour les usagers, solution energiquement refusee par les grevistes, pour qui cela serait revenu a ≪se rendre solidaires des exploiteurs≫
[
2
]
. La plupart des organisations syndicales, corporatives et mutuelles de la ville sont solidaires de cette greve et cherchent les moyens d'organiser une action collective plus efficace, par la paralysation totale de l'activite de la ville. Ces demarches se traduisent, a l'initiative de la FTRE
[
notes 1
]
, par la formation d'une ≪Grande assemblee des travailleurs≫ (GAT). Entre le 10 et le
, les travailleurs du gaz, des chemins de fer et des chantiers navals, les typographes, et la quasi-totalite des ouvriers des fabriques de la ville se mettent a leur tour en greve par solidarite. Le
dans l'apres-midi, la FTRE puis la GAT decretent ≪la
greve generale
. Nous sommes lies par un grand imperatif : LA FAIM, et nous ne tolerons pas que le despote capitaliste pietine nos droits. Si eux vivent dans l'abondance et l'orgie, c'est grace a nos bras, a nos forces et parfois meme a nos vies≫
[
ycaza 3
]
.
Des 16 heures, les principales activites du port sont bloquees, et le comite de greve prend le controle de la ville. Alors que, jusqu'au
, les grevistes avaient accepte de retablir le courant la nuit, ce n'est plus le cas a partir du soir du
: des gardes ouvrieres nocturnes sont alors mises en place afin de garantir l'ordre une fois la nuit tombee. Le soir meme, la Grande Assemblee se reunit et, les dirigeants de la COG parviennent a convaincre une majorite des grevistes qu'une augmentation salariale ne peut profiter aux travailleurs si par ailleurs la monnaie nationale (le
sucre
) se devalue face au dollar. L'Assemblee decide en consequence que la revendication prioritaire sera la mise en place d'un controle des changes, en lieu et place des revendications salariales. A la suite de ce changement de mot d'ordre qu’ils percoivent comme une trahison des interets proletariens, certains dirigeants issus en particulier de la FTRE abandonnent la conduite du mouvement (≪les ouvriers ne sont pas des agents de change≫ pour un dirigeant de la FTRE)
[
ycaza 4
]
.
Le
, le general Barriga, responsable militaire de Guayaquil, recoit l'ordre du president
Jose Luis Tamayo
(es)
de mettre fin aux troubles dans la journee du lendemain, ordre qui sera execute au prix de plusieurs centaines de morts
[
1
]
.
- (es)
Patricio
Ycaza Cortez
,
Historia del movimiento obrero ecuatoriano de su genesis al Frente Popular
, Quito, Ediciones La Tierra,
coll.
≪ Pensamiento socialista ≫,
, 208
p.
(
ISBN
978-9978-320-30-3
)
- ↑
p.
91-105
- ↑
p.
91-94
- ↑
p.
94-96
- ↑
p.
96-99
- (es)
Jorge Salvador
Lara
,
Breve historia contemporanea del Ecuador
, Quito, Fondo De Cultura Economica,
, 642
p.
(
ISBN
978-968-16-6115-1
)
- (es)
Enrique
Ayala Mora
,
Resumen de historia del Ecuador
, Quito, Corporacion editora nacional,
, 167
p.
(
ISBN
9978-84-644-1
)
- ↑
Federacion de Trabajadores Regional Ecuatoriana
, anarcho-syndicaliste