Francois Ravaillac
est un
regicide
francais ne en
1577
a
Angouleme
et execute le
en
place de Greve
a
Paris
, pour l'
assassinat
d'
Henri
IV
,
roi de France
, le
.
Esprit tourmente, eleve dans la haine des
Huguenots
, il est sujet a de frequentes visions mystiques dans les annees precedant son crime. Lors de son proces, il affirme avoir agi seul, accomplissant une mission divine. Les membres de sa famille subissent les consequences de son acte.
Fils cadet de Jean Ravaillac, secretaire
greffier
du maire d'Angouleme, et de Francoise Dubreuil, mere pieuse et illettree, Francois Ravaillac nait
[
1
]
dans une region catholique traumatisee par les guerres de religion
[
2
]
.
Ses oncles maternels, Julien et Nicolas Dubreuil, chanoines a la cathedrale d'Angouleme, lui enseignent la lecture, l'ecriture et lui inculquent tres tot la haine des
Huguenots
[
3
]
.
Sa famille est confrontee a d'importants problemes, lies a la conduite de son pere. En 1588, Jean Ravaillac perd en effet son poste de greffier en raison de sa participation a une tentative d'assassinat du
duc d'Epernon
, gouverneur de la ville. Il sombre alors dans l'alcool et enchaine les deboires financiers, dilapidant progressivement le patrimoine familial. Le frere de Francois, Geoffroy, se fera connaitre a l'age adulte par sa brutalite et ses demeles judiciaires, tandis que ses deux jeunes sœurs quittent rapidement le foyer familial
[
4
]
.
C'est dans ce contexte que Francois Ravaillac commence a travailler.
Il commence en effet sa vie professionnelle a onze ans en tant que valet de chambre et clerc de Maitre du Port des Rosiers, conseiller au
siege presidial
d'Angouleme. Cet emploi, que lui ont fourni ses oncles, lui permet d'apprendre les rudiments des fonctions d'auxiliaire de justice
[
5
]
.
En 1595, la famille Ravaillac, qui occupait une maison modeste de la paroisse Saint Paul est contrainte d'en louer le rez-de-chaussee et de s'installer dans l'unique piece du premier etage
[
6
]
. Francois devient coursier judiciaire pour un
procureur
angoumoisin. Angouleme etant du ressort du
Parlement de Paris
, le futur regicide est amene a se rendre frequemment dans la capitale. Vers 1602, age de 25 ans, il s'installe a
Paris
ou il sert de correspondant a son employeur pendant quatre ans.
Tres croyant, Ravaillac abandonne son emploi qui lui assurait une vie confortable
[
7
]
en 1606 pour entrer dans l'Ordre strict des
Feuillants
en tant que
frere convers
. Il en est expulse au bout de quelques semaines du fait de ses ecrits etranges faisant reference a l'eternelle Providence, dont il fait part aux responsables de l'Ordre. Le jour de son exclusion, il tente en vain de rejoindre la
Compagnie de Jesus
rue Saint Antoine. En l'absence du pere superieur, il ne peut etre recu
[
8
]
.
Desargente, il quitte Paris et retourne a Angouleme. Il y aide sa mere a obtenir la separation de ses biens d'avec son pere
[
9
]
. Ce dernier ayant dilapide la plus grande partie du patrimoine familial, la famille Ravaillac, sans ressources, s'etait refugiee dans un logis lui appartenant a
Magnac-sur-Touvre
. Rapidement, son pere y avait installe une catin et en avait chasse son epouse, laquelle se trouvait dans la plus grande misere
[
10
]
.
Pour subvenir a leurs besoins, Francois Ravaillac se fait maitre d'ecole, enseignant le
catechisme
a
80 enfants
. Ce travail etant tres mal paye, le plus souvent en nature (dons de nourriture), il vit alors dans un etat proche de la mendicite et, incapable d'honorer des dettes qui s'accumulent, est envoye en prison a la fin de l'annee 1608
[
11
]
.
Hante depuis 1606 par des visions mystiques, Francois Ravaillac semble psychologiquement instable. Dans les dernieres annees de sa vie, il s'accuse ainsi a plusieurs reprises, en confession, d'≪ homicide par intention ≫.
Dans les premiers jours de l'annee
1609
, selon ses dires lors de son proces, il a une vision lui demandant de purger le royaume de l'
Antechrist
Henri IV
. Des lors il s'estime convie a une guerre sainte afin de propager la vraie parole de Dieu
[
12
]
. Sorti de prison, il monte a Paris a la
Pentecote
pour convaincre le roi de convertir les
huguenots
. Celui-ci etant absent de la capitale, il erre quelques jours puis revient a Angouleme. Il tente de nouveau sa chance a la
Noel
1609, sans plus de succes
[
13
]
. Le
, veille de
Paques
, il decouvre les projets guerriers d'
Henri
IV
a l'occasion d'un repas chez un parent, Helie Beliard
[
14
]
,
[
15
]
, ancien conseiller du roi. Il interprete la decision royale d'intervenir militairement dans la
succession des principautes de Cleves et Juliers
comme le debut d'une guerre contre le pape, c'est-a-dire selon lui contre Dieu. Il decide alors de tuer le roi de France
[
16
]
.
Se rendant a Paris, Ravaillac vole un couteau dans une
auberge
, mais hesitant encore sur la conduite a tenir, epointe l'arme peu apres. Rendu dans la capitale, il tente une derniere fois, en vain, de rencontrer
Henri
IV
. Il cherche ensuite a confesser son intention regicide. Il est recu par le Pere d'Aubigny, un
Jesuite
de la rue Saint-Antoine, lequel essaie de le temperer et lui conseille de retourner dans son pays
[
17
]
. Apres quelques jours passes a solliciter diverses personnes pouvant l'heberger, Ravaillac reprend le chemin d'Angouleme. En chemin, il est de nouveau convaincu de la necessite de son acte lors d'un arret a
Etampes
devant un Christ crucifie, et repare son couteau. Revenu a Paris, il passe a l'acte le
, frappant par trois fois
Henri
IV
, alors que le carrosse royal est bloque par un encombrement
rue de la Ferronnerie
[
18
]
.
Le regicide ne cherche pas a s'enfuir. On le ramene a l'
Hotel de Retz
afin de lui eviter un
lynchage
. Il reste
48 heures
dans cet hotel particulier puis est conduit une journee a l'hotel du
duc d'Epernon
avant d'etre enfin transfere legalement a la
Conciergerie
[
19
]
,
[
20
]
.
Il est condamne a mort par le
Parlement de Paris
[
21
]
a l'issue d'un proces de dix jours qui conclut a l'acte isole d'un fanatique catholique
[
20
]
. Lors de son proces, il presente son acte comme une mission divine
[
22
]
et affirme avoir agi seul. Le
, apres avoir ete soumis a la
question
a quatre reprises
[
23
]
, il se confesse aupres des docteurs en Sorbonne
Jean Filesac
et Gamaches
[
24
]
puis il est conduit
place de Greve
ou il est
ecartele
apres de longues heures de supplice. Ses membres reduits en cendres sont jetes au vent tandis que la foule hysterique disperse le reste de son corps
[
25
]
.
La presence des Ravaillac, egalement mentionnee dans l'
Albigeois
, est etablie en
Angoumois
au commencement du
XVI
e
siecle
[
26
]
. Bien que le pere de Francois Ravaillac possede un logis a
Magnac-sur-Touvre
, un village situe a l'est d'Angouleme, les plus anciens registres faisant mention de la famille Ravaillac dans cette region sont les archives paroissiales d’Angouleme
[
27
]
.
Ils y possedent alors des offices de
judicature
. Le grand-pere et l'oncle de Francois Ravaillac etant procureurs au presidial d'Angoumois, sa famille appartient a la bourgeoisie de robe angoumoisine
[
4
]
. Elle est ruinee par les agissements de son pere.
Les biens de la famille sont saisis, sa maison d'Angouleme est rasee, avec interdiction d'utiliser le terrain pour batir. Les freres et sœurs du regicide sont contraints de changer de nom sous peine de mort
[
21
]
.
Ses parents sont forces a l'exil. Ils s'etablissent dans le petit hameau isole de Rosnay, actuellement situe sur la commune de
Lavigny
en
Franche-Comte
. La Franche-Comte faisant alors partie de la
monarchie espagnole
ils echappent ainsi aux menaces. Le nom de Ravaillac s'y transforme progressivement en Ravaillard et Ravoyard
[
4
]
ou Rafaillac.
- Les principaux membres connus de cette famille sont les suivants :
- Francois Ravaillac
[
28
]
, procureur au presidial d'Angouleme, marie en
premieres noces
avec Marguerite Lecomte (vers 1520-vers 1573), fille de Raymond Lecomte, procureur au presidial d'Angouleme ;
- Pierre Ravaillac, mort jeune ;
- Jean Ravaillac (1540-vers 1611), marchand ou greffier de la mairie d'Angouleme dans un acte de 1588, marie vers 1575 avec Catherine Francoise Dubreuil, sœur de Nicolas et Julien Dubreuil, pretres, puis chanoines de la cathedrale d'Angouleme ;
- Geoffroy Ravaillac (1576- ), praticien, il prend le nom de Montalque apres la condamnation de son frere par le parlement de Paris. L'acte condamnant a mort son frere indiquait que nul a l'avenir, frere, sœur, oncle, neveu, ne pourrait porter le nom de Ravaillac. Arrete en 1612, il est interroge le 3 octobre 1612 au presidial de Perigueux. Il declare avoir 35 ou 36 ans. Amedee Callandreau emet l'hypothese qu'il s'est ensuite installe en Franche-Comte, a Baume-les-Messieurs, sous le nom de famille a peine modifie de Ravaillard
[
29
]
,
[
30
]
;
- Francois Ravaillac
(Angouleme, 1577-Paris, 27 mai 1610), valet de chambre et clerc dans l'etude du notaire Maitre Du Rozier, a Angouleme, coursier judiciaire d'un procureur a Paris, maitre d'ecole enseignant le catechisme, meurtrier d'
Henri IV
, execute
place de Greve
;
- Michel Ravaillac, procureur au presidial d'Angouleme. Jean Ravaillac plaide contre lui, le 25 juillet 1579, a l'occasion de la succession de leur mere. Il ne s'est pas marie. Dans son testament du 10 mars 1586 il desherite son frere en instituant legataires universels ses frere et sœur consanguins, Pierre et Catherine
[
31
]
. Son mecontentement vis-a-vis de son frere Jean l'a amene a faire un second testament le 15 juillet 1588 ;
- Une fille mariee a Helie Arnauld, procureur au presidial d'Angouleme ;
- Catherine Ravaillac mariee a Nicolas Mesnard ;
- Pierre Mesnard, praticien ;
- Jehanne Mesnard mariee en 1604 avec Jehan Robin, marchand a Angouleme ;
- Francois Ravaillac, procureur au presidial d'Angouleme, marie en
secondes noces
avec Jeanne Cousseau originaire d'Argence, paroisse de Champniers ;
- Pierre Ravaillac marie vers 1600 a Anne Chauvet, ses freres Francois et Jean Chauvet sont qualifies d'ecuyer, sieurs de Fontbelle. Lui-meme est qualifie d'ecuyer en 1600. Sa trace disparait apres 1610 ;
- Isaac-Michel Ravaillac-Montjon ;
- Jean Ravaillac-Montjon (1602- ) ;
- Jacquette Ravaillac, morte jeune sans alliance ;
- Catherine Ravaillac, dite la jeune pour la distinguer de Catherine Ravaillac epouse Mesnard, mariee a Pierre Graziller.
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