Force publique

Un article de Wikipedia, l'encyclopedie libre.

La Force publique (FP) etait la force armee exercant des fonctions de police de l' Etat independant du Congo . Elle conserva son nom et son role dans le Congo belge (avec des detachements au Rwanda-Urundi releves par roulement) puis, apres l'accession a l'independance, jusqu'a la crise congolaise qui marqua en 1965 le debut de la Deuxieme Republique.

Deux soldats africains de la Force publique avant 1914.

Les debuts sous l'Etat independant du Congo [ modifier | modifier le code ]

La Force publique fut creee le par Camille Coquilhat lorsque le roi Leopold II de Belgique , qui venait de prendre possession du pays sous le nom d'Etat independant du Congo, commanda a son ministre des Affaires interieures de creer une force militaire et de police pour l'Etat. A partir de 1886, Leopold II envoya de nombreux officiers belges detaches pour mettre en place la force militaire annoncee. Pour s'assurer la maitrise de cette force, le corps des officiers fut compose d'officiers belges mais aussi suedois, danois, et autres europeens [ 1 ] .

La defense du drapeau par la Force publique. Photo de la Societe de Geographie, 1928.

En 1888, les soldats etaient d'origine zanzibarite ou en provenance de zones cotieres anciennement colonisees ( Liberia , Nigeria …). A partir de 1886, il fut decide d'essayer de recruter les soldats au Congo et de mettre progressivement un terme a l'emploi de mercenaires etrangers. En 1887, cent Bangalas (tribu guerriere du Haut-Congo ) constituerent une premiere compagnie operationnelle. Le recrutement initial (le long du fleuve Congo) des premiers soldats congolais fit que leur principal dialecte, le lingala , devint la langue utilisee par l'encadrement europeen pour s'adresser aux sous-officiers et soldats congolais, quel que fut leur dialecte d'origine.

Leopold II acheta aussi des esclaves a Tippu Tipp . Les esclaves, connus des lors sous le nom de liberes , etaient liberes s’ils acceptaient de s'engager pour quatre ans dans la Force publique. D'autres avaient ete kidnappes dans leur enfance lors de raids sur leur village, et eleves dans des missions catholiques ou ils recevaient une education militaire proche de l'esclavage. [ref. necessaire]

Pour son organisation, le gouvernement de l'Etat independant du Congo promulgue le , un decret destine a pourvoir a la creation d'une armee nationale. Le recrutement de la Force publique se fait par des engagements volontaires et des levees annuelles de miliciens dans chaque district. La duree du service actif est de cinq ans, les soldats etant ensuite verses pendant deux ans dans la reserve. Les miliciens recoivent deux tenues de soldats, une solde et sont rassembles dans des camps d'instruction [ 2 ] . En 1897, on comptait sept camps d'instruction regroupant environ 500 miliciens, quelques sous-officiers et un officier : a Zambi, Kinshasa , Bolobo , Irebu , Kasongo , Umangi et Romee [ 3 ] .

La Force publique se construit sur base de la defense du territoire et de la lutte contre les marchands d'esclaves. La principale operation fut la guerre qu'elle mena contre les Arabo-Swahilis de l'Est du pays de 1892 a 1894, guerre menee par Francis Dhanis . Louis Napoleon Chaltin occupera par ailleurs l' enclave de Lado en 1897.

Dans les annees 1890, l'effectif de la Force publique prend de l'ampleur et devient une veritable force armee. En 1889, la Force publique comptait ainsi 111 Congolais, en 1891, 1623, en 1894, 5208. En 1897, la Force publique comptait 14 000 hommes dont 8 000 autochtones provenant des levees annuelles, 4 000 engages volontaires congolais et 2 000 volontaires africains etrangers [ 4 ] . De 1886 a 1908, le corps des officiers etait compose de 648 Belges, 112 Italiens, 53 Danois, 47 Suedois, 26 Norvegiens et un plus petit nombre recrutes dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis [ 5 ] .

Sous Leopold II, un des roles de la FP fut aussi de repondre a la demande des agents de l'Etat charges d'assurer la rentabilite economique du territoire [ref. necessaire] , par l'exploitation du caoutchouc et de l' ivoire . Certains de ces agents [Qui ?] , pour atteindre les quotas de production fixes, eurent recours au travail force et a la chicotte ou fimbo ? un fouet fait de lanieres de peau d'hippopotame. Tous les Congolais qui ne respectaient pas le reglement colonial pouvaient recevoir de 50 a 100 coups de fouet, nombre qui fut ensuite [Quand ?] baisse a 20. [ref. necessaire] Les coups pouvaient bien evidemment etre mortels. [ref. necessaire] A la demande de ces agents, la FP prenait des otages, le plus souvent des femmes, afin de forcer leur mari a travailler pour remplir les quotas de production demandes. [ref. necessaire] Les femmes etaient parfois violees. [ref. necessaire] Des villages furent incendies, et les mains des cadavres devaient etre coupees et ramenees pour justifier la depense en munitions. [ref. necessaire] Lors d'abus, des mains furent coupees a des individus vivants pour justifier des munitions depensees autrement. [ref. necessaire]

La Force publique dut faire face a des problemes de discipline au cours de son histoire. Au cours des premieres annees, des mutineries de la part des soldats noirs se produisirent (voir notamment revolte des Batetela ). Les problemes d'organisation avec des officiers blancs furent egalement frequents. Quelques-uns [Qui ?] utiliserent en effet plus le pouvoir qui leur etait donne sur le territoire pour leur profit personnel que pour servir les interets de l'Etat. [ref. necessaire] Pour Stanley , le controle de certains officiers etait le principal probleme auquel il fallait faire face. [ref. necessaire]

Jusqu'a la reprise du pays par le Congo Belge, 23 % des officiers et sous-officiers belges y ayant servi perirent lors de batailles ou de maladie (principale cause de mortalite) [ 6 ] .

Le Congo belge [ modifier | modifier le code ]

La reprise [ modifier | modifier le code ]

Apres la reprise de l'Etat independant du Congo par le gouvernement belge en 1908, la Force publique fut organisee en 21 compagnies distinctes, completees d'unites d'artillerie et de genie. Chaque compagnie comprenait au moins 4 officiers blancs, 8 sous-officiers congolais et plus de 150 soldats africains. [ref. necessaire] Ces officiers belges prirent rapidement [Quand ?] la place des Europeens de toutes origines qui constituaient le corps des officiers sous l'Etat independant. Les troupes du Katanga etaient constituees en une force autonome de 6 compagnies et une unite cycliste. Les 21 compagnies etaient les suivantes [ref. necessaire]  : Aruwimi , Bangalas , Bas-Congo , Cataractes , Equateur , Ituri , Kasai , Kwango , lac Leopold II , Lualaba , Lulongo , Makrakas , Makua-Bomokandi , Ponthierville , Rubi , Ruzizi-Kivu , Stanley Falls , Stanley Pool , Ubangi , Uele-Bili .

Premiere Guerre mondiale [ modifier | modifier le code ]

Campagne de 1916-1917 dans l' Est africain .

En 1914, la Force publique, comprenait environ 17 000 soldats, forces katangaises incluses. La plupart servaient en de petites garnisons affectees a un territoire, avec un role de police. Seules les unites katangaises etaient organisees en bataillons, avec une fonction militaire premiere. Des efforts [Quoi ?] furent accomplis afin de remedier aux exces du temps de l'Etat independant [ref. necessaire] , et pour transformer la FP en une force coloniale plus classique, mieux disciplinee.

Leur armement differait quelque peu de celui de l'armee belge. Le fusil Albini-braendlin 11  mm constituait l'arme individuelle. Quelques mitrailleuses Maxim et canons (Nordenfeldt 4,7  cm et Krupp 7,5  cm ) appuyaient l'infanterie. Les soldats continuerent de porter un uniforme bleu avec un fez rouge, remplaces par un uniforme kaki pour la periode 1915-17. L'enrolement annuel etait base sur un systeme de quota de recrues (volontaires ou non) fixe par district, les non-volontaires etant designes d'office par les chefs des villages. Il etait d'une duree de 7 annees.

Au cours de la Premiere Guerre mondiale , des unites renforcees de la Force publique combattirent l' Empire colonial allemand au Cameroun , au Rwanda , au Burundi , et durant la campagne d'Afrique de l'Est sur le territoire de l'actuelle Tanzanie . Elles remporterent plusieurs succes militaires ( Tabora , Mahenge ), apportant une contribution importante a la victoire finale des forces alliees en l' Afrique de l'Est allemande . De 1914 a fin 1917, 58 militaires europeens, 1 895 soldats et 7 124 porteurs congolais perirent au combat ou d'epuisement [ 7 ] .

D'avril a juillet 1916, une escadrille de l'aviation militaire belge composee de quatre hydravions Short Admiralty type 827 , amenes en pieces detachees de Grande-Bretagne, ont pris une part importante dans la campagne contre les positions allemandes du lac Tanganyika  : observations aeriennes, bombardement du port de Kigoma , mise hors de combat du Graf von Gotzen (navire de 1 500 tonnes) et du remorqueur Adjutant [ 8 ] .

Entre-deux-guerres [ modifier | modifier le code ]

Apres la Premiere Guerre mondiale, comme specifie par le Traite de Versailles , l'Allemagne doit ceder le controle de la partie ouest de l' Afrique orientale allemande a la Belgique. Le , le Ruanda-Urundi (1924?1945), qui comprenait le territoire du Rwanda et Burundi actuels, constituent un territoire attribue par mandat de la Societe des Nations a la Belgique qui est chargee de l'administrer, avec Usumbura comme capitale.

Le , l'administration coloniale belge promulgue un arrete royal reorganisant la Force Publique en deux groupes distincts [ 9 ]  :

  • les troupes campees (environ 7500 hommes) chargees de garder la frontiere et de proteger la colonie contre les dangers exterieurs, maintenir l'ordre et la securite generale. Cette force est a la disposition du gouverneur general du Congo. Les troupes campees sont essentiellement mobiles ;
  • les troupes en service territorial (environ 8500 hommes) portent appui a l'administration des territoires. Cette force est a la disposition des vice-gouverneurs de province. Les troupes en service territorial possedent des campements fixes. Des bataillons de ce dernier groupe sont repartis dans chaque capitale provinciale, tandis que les compagnies sont stationnees dans chaque chef-lieu de district.

Le krach de 1929 et la Grande Depression qui s'ensuit ont des repercussions importantes au Congo belge, dont l'economie repose en ordre principal sur l'exportation de matieres premieres. Le general Paul Ermens , commandant en chef de la force publique a qui le gouverneur general Auguste Tilkens demande de faire des economies demissionne. C'est au lieutenant-general Leopold De Koninck que revient cette tache : il reduit les effectifs militaires et redeploye les troupes sur le territoire de la colonie. L'armee coloniale passe de 16000 a 14000 hommes. S'ensuit une valse des chefs de la Force publique. Les cadres superieurs sont demotives, les soldats mal habilles dans les compagnies en service territorial et l'armement n'est que legerement modernise [ 10 ] . Les pistolets FN 1910 , FN 1922 et FN 1935 GP cotoient en 1939 des mitraillettes Thompson et des fusils Mauser 1936 . De meme, des Browning BAR FN Mle 30 et des Browning 1919 constituent les seules mitrailleuses en service en 1939. A la veille de la Seconde Guerre mondiale , il y a encore penurie de munitions.

Seconde Guerre mondiale [ modifier | modifier le code ]

A partir du 15 fevrier 1941, la Force publique fut mobilisee et passa sur ≪ pied de guerre ≫ [ 11 ] . Pour etoffer son encadrement europeen, un centre d'instruction pour Europeens ( C.I.E. ) fut cree a Luluabourg pour les belges, de 17 a 25 ans, qui s'etaient inscrits volontairement dans la reserve de recrutement de la Force Publique pour la duree de la guerre [ 12 ] . De novembre 1941 a fin juin 1945, en quatre sessions annuelles, il forma 150 adjudants, et une centaine d'aspirants pour des unites techniques.

De mars a juillet 1941, des detachements (5 700 hommes, porteurs compris) [ 13 ] combattirent avec succes au cote des forces britanniques en Abyssinie italienne sous le commandement du general-major Gilliaert . La 23 e D.I. italienne se rendit aux troupes belges et congolaises apres les victoires de Bortai et de Saio. Sur toute la campagne, la FP fit 15 000 prisonniers dont 9 generaux, 2 945 grades et soldats italiens et 3 500 combattants autochtones, le reste etant des porteurs; et cela au prix de 500 deces du cote de la FP.

Medaille de la guerre africaine 1940-1945.

Des avions prives furent requisitionnes ou achetes (De Havilland DH.85 Leopard Moth) pour assurer les liaisons et mener des vols d'observation lors de cette campagne, et constituerent la base de ce qui sera la composante aerienne de la Force publique. Deux Fokker F.VII /3M de la Sabena furent egalement requisitionnes pour l'hopital volant au Kenya .

D'autre part de jeunes belges furent envoyes dans la force aerienne sud-africaine ou ils recurent une formation de pilote, navigateur ou armurier. 47 pilotes participerent aux operations de la SAAF en Afrique du Nord et en Italie. 60 autres pilotes rejoignirent la 349 e escadrille , puis plus tard la Royal Air Force en Angleterre [ 14 ] .

De fevrier 1942 a fevrier 1943, un corps expeditionnaire de 13 000 hommes (porteurs compris) fut envoye au Nigeria en vue d'une attaque eventuelle des colonies francaises du golfe de Guinee , ralliees au gouvernement de Vichy . Cependant le debarquement allie en Afrique du Nord provoqua le ralliement de ces colonies aux Allies . Des lors ce corps expeditionnaire devint inutile en Nigeria.

En fevrier 1943, les meilleures unites, sans porteurs, quitterent le Nigeria pour constituer un corps expeditionnaire de 8 000 hommes (dont 7 % d'officiers et sous-officiers europeens) au Moyen-Orient ( Egypte et Palestine ) sous l'appellation ≪  Troupes coloniales belges au Moyen-Orient ≫ (TCBMO), initialement pour la garde de camps de prisonniers de guerre italiens et allemands et la surveillance de depots militaires. Ulterieurement il y fut reequipe, re-entraine et renove sur base des normes britanniques. Il devint alors le 1st Belgian Congo Brigade Group compose de 3 bataillons d'infanterie, une batterie d'artillerie antichar dotee du canon de 37 mm M3 , une batterie antiaerienne de Bofors 40 mm , une compagnie du Genie, une compagnie Atelier et un hopital de campagne , et ce dans l'optique d'une intervention sur un theatre d'operation .

En avril 1944, le 3e bataillon contribua a reduire une mutinerie pro-communiste de la 1ere brigade des forces armees grecques au Moyen-Orient .

Mais a la fin juillet 1944 la decision fut prise de ne pas l'employer sur le front europeen et de le renvoyer au Congo belge. Cette decision serait due au trop faible taux d'encadrement europeen de cette brigade au regard des criteres de l'armee britannique [ 15 ] , [ 16 ] , [ 17 ] . Des lors 221 officiers, 326 sous-officiers et 36 auxiliaires feminines europeens plus 7 238 soldats congolais rentrerent au Congo belge sur trois bateaux (le premier quitta Haifa le 24 septembre 1944, le deuxieme partit de Suez le 8 octobre 1944 et le dernier depart eut lieu le 8 decembre 1944 de Port-Said ). Debut janvier 1945 les dernieres unites arriverent a Matadi .

De 1944 a 1945, un hopital de campagne de la FP de 370 hommes (le 10th Belgian Congo Casualty Clearing Station ) fut envoye en Inde puis Birmanie en soutien medical a la 11e division d'infanterie (East Africa) combattant les Japonais. Fin septembre 1944, encercles par les troupes nipponnes a Yazagio dans la vallee de Kabaw , les soldats de la FP furent accroches par celles-ci [ 18 ] . Ce fut la seule unite belge qui dut se battre contre des Japonais.

Le la Force Publique fut remise sur ≪ pied de paix ≫ [ 19 ] .

Apres-guerre [ modifier | modifier le code ]

Force Publique a la fin des annees 1940

Pour la periode restante sous autorite belge, la Force publique poursuivit son double role de force militaire et de police :

  • les troupes campees devaient assurer la defense de la colonie contre un ennemi exterieur potentiel. Elles disposaient de l'armement lourd et des blindes de reconnaissance M8 Greyhound .
  • les troupes en service territorial assuraient le maintien de l'ordre dans le pays. En 1959 [ 20 ] , dix mois avant l'independance du Congo, ces dernieres furent transformees en Gendarmerie .

La composante aerienne de la Force publique (Avi/Mil ou Avimil) basee principalement a l' aeroport de Ndolo a Leopoldville avait pour missions le transport de passagers et de marchandises, surtout des transports sanitaires, ainsi que des vols de liaison et de reconnaissance. Elle etait equipee de differents types d'avions et d'helicopteres de liaison non armes. Se sont ainsi succede entre 1944 et 1960 :

Entre 1945 et 1960, la Belgique continua d'utiliser la Force publique comme un corps de police coupe du peuple, avec des unites melangees comprenant au maximum 25 % de natifs d'un meme district [ 21 ] . Corps discipline et exigeant, la Force publique impressionnait les visiteurs par son apparence soignee et serieuse, mais entretenait une culture de segregation, encouragee par ses officiers belges [ref. necessaire] , qui conduisit a des tensions violentes des l'independance proclamee en juin 1960. La chicotte elle-meme ne fut abolie qu'en 1955.

Dans son autobiographie Le bataillon Leopard , Jean Schramme en dresse une image tres romantique :
" Je crois que c'etait la plus belle armee d'Afrique [...] Essentiellement mobile, la Force Publique circulait sans cesse par toutes les pistes du Congo, vivant temoignage d'ordre, de justice et de discipline. Depuis 1886, elle n'avait connu que des jours de gloire. Une trentaine d'hommes, tous congolais, formaient un peloton. Ils etaient toujours recrutes dans d'autres provinces que celles ou ils servaient pendant les trois, six ou neuf annees de leur engagement. Ceux de Stanleyville, par exemple, venaient tous du Bakongo. Ils partaient pour deux ou trois semaines en operations - des operations toutes pacifiques - puis retrouvaient la base arriere ou leur famille les attendait. A la tete de chaque peloton se trouvaient deux cadres blancs. Nous les retenions a diner a la plantation, partageant une antilope ou un phacochere. Autour d'un feu de camp, les hommes fumaient des cigarettes et bavardaient, interminablement. Parfois, un chant indigene montait, dans la nuit africaine, couvrant un instant les bruits de la brousse. On entendait longtemps des rires qui se repondaient dans les tenebres ." [ 22 ]

En 1953 l'effectif total de la Force publique etait de 22 416 hommes et le contingent a recruter cette annee la etait de 3 788 hommes [ 23 ] . En 1956 sur un contingent de recrutement de 3819 hommes, on comptait 1544 volontaires, 1426 rengages et seulement 849 miliciens tires au sort ou designes par leur chef de tribu [ 24 ] . Le 28 septembre 1959 une ecole d' adjudants fut creee et ouvrit ses portes a 9 grades d'elites congolais qui, jusqu'a cette date, ne pouvaient depasser le grade de 1 er  sergent-major. A l'independance, seuls 20 cadets africains etaient en ecolage.

Le Corps des volontaires europeens (C.V.E.) [ modifier | modifier le code ]

Bien que ne faisant pas partie de la Force publique, ce corps y etait etroitement lie puisque ses armes et munitions etaient celles fournies et entreposees par celle-ci.

La conquete de l'Est africain allemand pendant la Premiere Guerre mondiale avait fortement degarni les troupes destinees au maintien de l'ordre dans la colonie. Aussi par decret du 10 mai 1919 furent crees, dans certaines localites, des corps de volontaires europeens pour aider, si necessaire, la Force publique en cas de graves troubles ou de revoltes. Ces corps avaient le caractere d'une garde territoriale destinee a maintenir l'ordre dans les localites ou ils etaient organises.

Tout Europeen residant au Congo belge pouvait signer un engagement pour un, deux ou trois ans [ 25 ] . S'il etait agree par la gouverneur de province, le volontaire recevait une instruction au maniement d'un Mauser de la Force publique et il allait le dimanche sur le champ de tir de celle-ci pour s'entrainer gratuitement au tir de 100 a 300 metres. Le volontaire ne portait pas d'uniforme, mais en cas de requisition il recevait un brassard bleu avec les lettres CV en jaune.

En 1957 le corps comptait 3 285 membres [ 26 ] . Apres l'independance du Congo ce corps ne put, vu ses effectifs et son armement, contrer la mutinerie de la plupart des unites de la Force publique. Il n'y eut principalement qu'au Katanga que les volontaires purent aider le cadre belge de la Force publique dans certaines actions pour contenir les mutins a Kolwezi , Mwadingusha, Shinkolobwe et Jadotville [ 27 ] .

Post-independance [ modifier | modifier le code ]

Le , soit 5 jours apres la proclamation de l'independance, des troupes de la Force publique stationnees pres de Leopoldville se mutinerent contre leurs officiers blancs et s'attaquerent aussi a des civils europeens ou congolais. Des propos tenus aux soldats africains par le general belge Janssens , commandant la FP au camp principal des environs de Leopoldville, auraient ete a l'origine de cette rebellion. Il leur aurait declare que l'independance n'apporterait aucun changement dans leur role ou statut [ 28 ] . L'intention du general Janssens etait avant tout de rappeler que la discipline devait etre maintenue au sein de la Force publique, mais le discours fut compris comme une negation de l'independance nouvellement acquise. L'impact fut desastreux. L'insurrection provoqua une panique parmi la population civile d'origine europeenne, essentiellement belge, et son retour massif vers l'Europe.
Le nouveau gouvernement perdit sa credibilite en se montrant incapable de contenir les mutins et d'empecher leurs exactions. Le ce qui restait de la Force publique fut rebaptise Armee nationale congolaise (ANC), et son encadrement fut hativement africanise au detriment de toute valeur operationnelle. C'est ainsi que du jour au lendemain Victor Lundula , ancien adjudant de la Force publique, fut promu general et commandant en chef de l'ANC.

Cette flambee de violence conduisit immediatement a une intervention de l'Armee belge pour assurer la securite de ses citoyens et plus generalement des Europeens. Ce retour de l'ancienne puissance coloniale, sans l'accord du gouvernement congolais, se faisait en violation de la souverainete nationale. La crise qui s'ensuivit vit la montee en puissance de Joseph Mobutu , un ancien sergent-major de la Force publique, qui avait ete mis a la tete de l'armee par Patrice Lumumba , et devait prendre le pouvoir en 1965.

Personnalites de la Force publique [ modifier | modifier le code ]

Commandants en chef de la Force publique [ modifier | modifier le code ]

  • Capitaine Camille Coquilhat (1885- ).
  • Major Erasme Warnant (1905).
  • Major Joseph Gomins (1906).
  • Colonel Louis Paternoster (1907).
  • Major Joseph Gomins (1908-1909).
  • Major Alberic Bruneel (1909-1911).
  • General-major Auguste Marchant (1911-1916).
  • General-major Charles Tombeur (1916-1917).
  • General-major Armand Huyge (1917-1918).
  • Colonel Philippe Molitor (1918-1919)
  • General-major Frederik Olsen (1920-1924).
  • Lieutenant-general Paul Ermens (1925-1930 et 1941-1944).
  • Lieutenant-general Leopold De Koninck (1930-1932).
  • Colonel Servais (1932-1934).
  • Lieutenant-colonel Lallemand (1934).
  • Lieutenant-colonel Victor Olivet (1934-1935).

Autres militaires connus [ modifier | modifier le code ]

Leon Rom , Guillaume Vankerckhoven , Philippe Brousmiche , Mathieu Pelzer , Kandolo , Yamba-Yamba , Lindsay Burke , Camille Coquilhat , Edmond Van der Meersch, Paul Ermens , Joseph Mobutu , Louis-Francois Vanderstraeten .

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • (nl) Daniel Brackx, Luchtstrijdkrachten Belgie, Vliegtuig- en registratieoverzicht 1945-2007 , Flash Luchtvaart Winkel, 2006, 186 p.
  • Philippe Brousmiche , Bortai : journal de campagne : Abyssinie 1941, offensive belgo-congolaise, Faradje, Asosa, Gambela, Saio , Paris, Editions L'Harmattan , coll.  ≪ Harmatheque ≫, ( ISBN   978-2-296-13069-2 , OCLC   848089785 , lire en ligne ) .
  • A. Gillaert ( et al. ), La Force publique de sa naissance a 1914 : participation des militaires a l'histoire des premieres annees du Congo , Institut royal colonial belge, 1952, 585 p.
  • Emile Janssens, Histoire de la Force publique , Ghesquiere, 1979, 270 p. D1979-2917-03.
  • (nl) A. Lederer, De Kongolese Weermacht en de Belgische Operaties in Afrika tijdens de Twee Wereldoorlogende (≪ L'Armee congolaise et les operations belges en Afrique pendant les deux guerres mondiales ≫), Bruxelles, 1966.
  • Jean-Pierre Sonck, ≪ L'escadrille belge du Tanganyika ≫, Belgian Aviation History Association Contact, 2002.
  • Jean-Pierre Sonck, ≪ L'aviation coloniale belge ≫ (1940-1941, 1941-1950, 1951-1960), Belgian Aviation History Association Contact, 2000-2002.
  • Louis-Francois Vanderstraeten , De la Force publique a l'armee nationale congolaise : Histoire d'une mutinerie , Academie royale de Belgique, Bruxelles, 1993 ( 1 re ed. 1985), 613 p. + pl. ( ISBN   2-8031-0104-1 ) .
  • R. Werbrouck, La Campagne des Troupes coloniales belges en Abyssinie, periode du 24 juin au 6 juillet 1941 , Presses du Courrier d'Afrique, Leopoldville, 194?, 41 p.

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. (en) Stephen Rookes, Belgian military forces in the Congo , Warwick, Helion & Company Ltd, , 96  p. ( ISBN   978-1-915070-54-8 ) , p.  7
  2. ≪  Le Congo - la Force publique - Entrevue avec le lieutenant Gorin  ≫, L'Independance Belge ,‎ , p.  1 ( lire en ligne )
  3. ≪  La Force Publique  ≫, La Gazette de Charleroi ,‎ , p.  1 ( lire en ligne )
  4. Alphonse J. Wauters, L'Etat independant du Congo , 1899, p.  447.
  5. Gann, Lewis H.; Duignan, Peter (1979). The Rulers of Belgian Africa, 1884?1914. Princeton: Princeton University Press. p. 60. ( ISBN   9780691052779 ) .
  6. La Force Publique de sa naissance a 1914 , Bruxelles, Institut Royal Colonial Belge, , p.  505
  7. ≪ Les campagnes coloniales belges ≫, Ministere de la Defense nationale de Belgique, Tome III, 1932, p.  438.
  8. Bernard Lugan, Les guerres d'Afrique , Editions du Rocher , , 403  p. , p.  152 .
  9. ≪  Notre empire colonial - La Force Publique  ≫, Le Soir ,‎ , p.  5 ( lire en ligne Accès limité)
  10. Le gouverneur est les militaires , Bruxelles, Academie royale des sciences d'outre-mer, ( lire en ligne )
  11. Ord. n o  21/FP.
  12. A.L. du .
  13. Lieutenant General E. Janssens, Histoire de la Force publique , 1979, p.  211.
  14. Rene Petre, ≪  Les troupes coloniales Belges au Moyen-Orient  ≫, La Fraternelle "Makambo ya Bisu" ,‎ , p.  28
  15. Rencontre du Maj.-Gen. Beaumont-Nessbitt avec le General Gilliaert en date du .
  16. Lettre du 3 janvier 1944 du General-Major Gilliaert au Commandant en Chef de la Force Publique a Leopoldville
  17. Lettre du 14 mars 1944 du Lieutenant-General Ermens au General Sir Bernard Paget.
  18. Andre Baleriaux, Un Belge face aux Japs : du fort de Battice a la Birmanie , Ed. Collet, 1986, p.  221.
  19. Ordre n° 81/FP du .
  20. Lieutenant General E. Janssens, Histoire de la Force publique , 1979, p.  263.
  21. Pierre Van Bost, L'heritage des ≪ Banokos ≫ , Ed. Masoin, 2015, p.  174.
  22. Jean Schramme, Le bataillon Leopard - Souvenirs d'un Africain blanc, Ed. Robert Laffont 1969, p.   16-17 ( ISBN   2-40261868-X )
  23. B.O., 1953, I, pp.  194 et 204 .
  24. Le Congo Belge - Tome I , Bruxelles, Office de l'Information et des Relations publiques pour le Congo Belge et le Ruanda-Urundi, , 536  p. , p.  192
  25. Pierre Van Bost, L'heritage des ≪ Banokos ≫ , Ed. Masoin, 2015, p.  177.
  26. Pamphile Mabiala Mantumba-Ngoma, Les soldats de Bula Matari (1885-1960) , Kinshasa, Editions culturelles Africaines, , 408  p. ( ISBN  978-99951-781-7-4 [a verifier : ISBN invalide ] , lire en ligne ) , p.  263
  27. Guy Weber, Le Katanga de Moise Tshombe , Ed. Louis Musin, 1983, p.  41 a 47.
  28. Pierre Van Bost, L'heritage des ≪ Banokos ≫ , Ed. Masoin, 2015, p.  114.