En
traitement du signal
, une
fonction de transfert
est un modele mathematique de la relation entre l'entree et la sortie d'un
systeme lineaire
, le plus souvent
invariant
. Elle est utilisee notamment en theorie des communications, en
automatique
, et dans toutes les sciences de l'ingenieur qui font appel a cette discipline (
electronique
,
mecanique
,
mecatronique
,
etc.
). Les signaux d'entree et de sortie ci-dessus peuvent avoir plusieurs composantes, auquel cas on precise souvent (sans que ce soit une obligation) que la fonction de transfert est une
matrice de transfert
. D'autre part, ces signaux peuvent ne dependre que du temps (c'est le cas le plus classique), ou des variables d'espace, ou des deux : c'est le cas des
systemes multidimensionnels
)
[
1
]
; certains auteurs modelisent de cette facon les systemes definis par des equations aux derivees partielles
[
2
]
. Dans le domaine du
traitement d'images
, les signaux d'entree et de sortie sont des fonctions des variables d'espace qui sont le plus souvent considerees comme des variables discretes, et sont alors des familles (ou suites) indicees
[
3
]
. La fonction de transfert d'un systeme permet d'en realiser
l'analyse frequentielle
, de maniere par exemple a concevoir par la suite un regulateur dans ce qu'il est convenu d'appeler le
domaine frequentiel
[
4
]
(voir l'article
Automatique
). L'entree d'un systeme lineaire n'est pas necessairement une variable de commande et sa sortie n'est pas toujours une variable dont on souhaite gerer le comportement ; par exemple, un
bruit colore
peut se modeliser comme la sortie d'un systeme lineaire ayant pour entree un
bruit blanc
et dont la fonction de transfert est determinee par la methode de factorisation spectrale causale directe et inverse
[
5
]
.
La relation evoquee plus haut entre l'entree
u
et la sortie
y
d'un systeme est un
operateur de convolution
dont le noyau est la
reponse impulsionnelle
du systeme. Sauf dans le cas d'un systeme stable ou marginalement stable, celle-ci n'est pas une distribution temperee (dans le cas de variables continues) ou une suite a croissance lente (dans le cas de variables discretes), et n'admet donc pas de transformee de Fourier
[
6
]
. Il est donc necessaire d'en considerer la
transformee de Laplace
ou la
transformee en Z
, selon que les variables sont continues ou discretes. C'est cette transformee qui est appelee la
fonction de transfert
du systeme. Celle-ci ne represente le systeme que partiellement, puisqu'elle ne prend pas en compte les conditions initiales (ou aux limites). Plus exactement, elle est obtenue en supposant que ces conditions initiales (ou aux limites) sont nulles. Il en resulte une perte d'information, qui fait que la fonction de transfert ne represente que la partie commandable et observable du systeme. Neanmoins, elle est tres importante pour l'analyse des proprietes de ce systeme et, historiquement, c'est cette representation qui est apparue la premiere (voir
Histoire de l'automatique
). Il importe de bien connaitre les possibilites qu'offre le formalisme des fonctions de transfert, ainsi que ses limites.
La notion de fonction de transfert n'a longtemps ete definie que pour les
systemes lineaires invariants
. La question s'est naturellement posee de savoir si cette notion pouvait s'etendre au cas des systemes lineaires a coefficients variables. Ce n'est que recemment, par une methode algebrique, que cette extension a ete realisee
[
7
]
avec des consequences pratiques tangibles
[
8
]
.
Fonction de transfert d'un systeme monovariable
[
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|
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]
Considerons un systeme d'equation :
ou
u
et
y
sont respectivement l'entree et la sortie, et ou
D
(∂)
et
N
(∂)
sont des polynomes a coefficients reels en
∂ =
d
/
d
t
de degre
n
et
m
respectivement. L'ensemble de ces polynomes est un
anneau euclidien
, donc
principal
, note
.
Le polynome
D
(∂)
est suppose non nul. Supposons que
u
et
y
soient des ≪ fonctions generalisees a support positif ≫
[
9
]
admettant des transformees de Laplace notees respectivement
et
.
Supposons que les
conditions initiales
y
(0
?
)…,
y
n
?1
(0
?
),
u
(0
?
)…,
u
m
?1
(0
?
)
soient
nulles
. Alors l'equation differentielle ci-dessus implique, par la
transformee de Laplace
,
.
Par consequent :
ou
G
(
p
)
est la
fraction rationnelle
N
(
p
)
/
D
(
p
)
. Cette fraction rationnelle est appelee la
fonction de transfert
du systeme.
Les raisonnements mettant en jeu cette fraction rationnelle doivent se faire sur sa representation irreductible
N'
(
p
)
/
D'
(
p
)
ou
N'
(
p
) =
N
(
p
)
/
P
(
p
)
,
D'
(
p
) =
D
(
p
)
/
P
(
p
)
,
P
(
p
)
designant un
PGCD
de
N
(
p
)
et
D
(
p
)
.
Le systeme considere est toujours observable, et il est commandable (resp. stabilisable) si, et seulement si
P
(
p
)
est une
unite de l'anneau
, c'est-a-dire un reel non nul (resp. un
polynome de Hurwitz
). Les racines dans le plan complexe du polynome
P
(
p
)
sont les
poles non commandables
du systeme
[
10
]
Le degre d'une
fraction rationnelle
G
=
N
/
D
est defini par :
d
°(
G
) =
d
°(
N
) ?
d
°(
D
)
.
Faisons la division euclidienne de
N
(∂)
par
D
(∂)
. Il vient
N
(∂) =
D
(∂)
Q
(∂) +
R
(∂)
ou
Q
(∂)
est le quotient et
R
(∂)
le reste, tel que
d
°(
R
) <
d
°(
D
)
. En posant
z = y ? Q
(∂)
u
, soit encore
on obtient
Supposons que
u
soit une fonction continue par morceaux, presentant une discontinuite a l'origine. Alors
z
est une fonction continue. Pour
y
, trois cas sont possibles :
- Q
(∂) = 0
, ce qui equivaut a
d
°(
G
) < 0
. La fraction rationnelle
G
est dite
strictement propre
. Dans ce cas,
R
(∂) =
N
(∂)
. Alors
y = z
.
- d
°(
Q
) = 0
, ce qui equivaut a
d
°(
G
) = 0
. La fraction rationnelle
G
est dite
bipropre
. Alors
y
est une fonction presentant les memes discontinuites que
u
. Une fonction de transfert strictement propre ou bipropre est dite
propre
.
- d
°(
Q
) > 0
, ce qui equivaut a
d
°(
G
) > 0
. La fraction rationnelle
G
est dite
impropre
. Dans ce cas,
y
est, au plan mathematique, une
distribution
singuliere (c'est-a-dire une distribution qui n'est pas une fonction, car elle s'exprime en fonction de la
distribution de Dirac
et eventuellement de ses derivees).
Le cas (3) ne se rencontre jamais en pratique, car une entree discontinue provoquerait la destruction du systeme. Le cas (2) est exceptionnel : il correspond a un systeme ≪ sans inertie ≫. Un regulateur peut neanmoins avoir une fonction de transfert bipropre (le cas le plus simple etant celui d'un regulateur proportionnel).
On suppose dans ce qui suit que l'on se trouve dans le cas (1) ou (2).
Poles et zeros de transmission - Stabilite
[
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]
On appelle poles (resp. zeros) de transmission du systeme les poles (resp. les zeros) de la fonction de transfert
G
(
p
)
, a savoir les racines de
D'
(
p
)
(resp.
N'
(
p
)
).
Le systeme est
stable EBSB
si, et seulement si ses poles de transmission appartiennent tous au demi-plan gauche (dont, par convention, l'axe imaginaire est exclu). Il est exponentiellement stable si, et seulement si le polynome
D
(∂)
est de
Hurwitz
. D'apres ce qui precede, le systeme est exponentiellement stable si, et seulement s'il est stable EBSB et stabilisable. (On ne saurait trop insister sur le fait que ceci n'est vrai que parce que le systeme considere est observable, et que ses seuls modes caches possibles sont donc ses poles non commandables.)
Le systeme est dit a
minimum de phase
si ses poles et ses zeros de transmission appartiennent tous au demi-plan gauche.
La reponse frequentielle du systeme considere ci-dessus est la fonction
. Elle est definie sur le complementaire de
dans
ou
est l'ensemble (eventuellement vide) des poles de transmission situes sur l'axe imaginaire.
Le principe du prolongement analytique
montre que la reponse frequentielle determine completement la fonction de transfert.
L'interpretation de la reponse frequentielle est la suivante : supposons que l'entree du systeme soit sinusoidale, de pulsation
ω
(cette pulsation n'appartenant pas a l'ensemble
ci-dessus). Il est commode, au plan mathematique, d'ecrire ce signal d'entree
u
sous la forme complexe
,
. Alors on montre immediatement que la sortie est (sous forme complexe)
y
(
t
) =
G
(i
ω
)
u
(
t
)
. Concretement, l'entree et la sortie reelles (dans tous les sens du terme) sont bien entendu la partie reelle de l'entree et de la sortie complexes ci-dessus.
Si l'axe imaginaire appartient a la bande de convergence de la fonction de transfert (en tant que
transformee bilaterale de Laplace
de la reponse impulsionnelle), la reponse frequentielle n'est autre que la transformee de Fourier de la reponse impulsionnelle. C'est pourquoi, dans certaines sciences de l'ingenieur ou les systemes consideres sont toujours stables, la fonction de transfert est definie comme etant cette transformee de Fourier. Ceci est un abus de langage qui n'est pas sans conduire a certaines confusions.
Dans le cas des systemes a temps discret, le formalisme est tres semblable a celui developpe ci-dessus, avec certaines differences
- Dans l'equation du systeme, l'operateur de derivation
∂
est remplace par l'operateur d'avance
. Les signaux sont maintenant des suites.
- En ecrivant que
D
(
q
) =
q
n
+
a
1
q
n
? 1
+ ... +
a
n
et
N
(
q
) =
b
0
q
m
+
b
1
q
m
? 1
+ ... +
b
m
, l'equation du systeme peut donc s'expliciter comme suit :
(3) Les conditions initiales sont maintenant
y
(0), ... ,
y
(
n
? 1),
u
(0), ...,
u
(
m
? 1)
. En les supposant nulles, et en symbolisant par
U
(
z
)
et
Y
(
z
)
les
transformees en Z
monolaterales des suites
u
et
y
respectivement, on obtient (voir
Proprietes de la transformee en Z
)
ou
G
(
z
)
est la fonction de transfert
N
(
z
)
/
D
(
z
)
.
Le systeme est strictement causal si, et seulement si sa fonction de transfert est une fraction rationnelle strictement propre (i.e.
d
°(
G
) < 0
). Cela signifie que la sortie a un instant donne
k
(considere comme l'instant present) n'est influencee ni par le futur de l'entree, ni meme par la valeur de celle-ci a l'instant
k
.
Le systeme est causal si, et seulement si sa fonction de transfert est propre. Cela signifie que la sortie a un instant donne n'est pas influencee par le futur de l'entree.
Enfin, le systeme est non causal si, et seulement si sa fonction de transfert est impropre. La sortie a un instant donne est alors influencee par le futur de l'entree. Cela est bien entendu impossible lorsque passe, present, futur, ont les significations habituelles. Neanmoins, on peut realiser, par exemple, du
traitement du signal
en temps differe en utilisant des
filtres numeriques
non causaux.
Un systeme a temps discret de fonction de transfert
G
(
z
)
est
stable EBSB
si, et seulement si ses poles de transmission, c'est-a-dire les poles de
G
(
z
)
, sont tous situes a l'interieur du cercle unite.
On sait que la relation entre la variable de Laplace
p
et la variable
z
de la
transformee en Z
est (voir
Transformee de Laplace
)
z
= e
pT
ou
T
est la periode d'echantillonnage. On a donc
|
z
| < 1
(resp.
|
z
| = 1
) si, et seulement si
(resp.
). La condition de stabilite, enoncee ici pour les systemes a temps discret, ne doit donc pas surprendre quand on connait celle enoncee plus haut pour les systemes a temps continu.
En posant
p
= i
ω
dans la relation liant la variable de Laplace
p
et la variable
z
, on obtient
z
= e
i
ωT
= e
i
θ
avec
θ = ωT
. Ceci explique que la reponse frequentielle d'un systeme a temps discret, de fonction de transfert
G
(
z
)
, soit la fonction
. Cette fonction, definie pour tous les
θ
tels que
e
i
θ
n'est pas un pole de
G
(
z
)
, est periodique de periode
2π
, et comme
, les variations de
θ
peuvent etre restreintes a l'intervalle
[0 , π[
. La variable
s'appelle la pulsation normalisee. Si l'entree du systeme est sinusoidale, de pulsation normalisee
θ
(ou
e
i
θ
n'est pas un pole de
G
(
z
)
), a savoir (sous forme complexe)
u
(
k
) =
A
e
i
kθ
, alors la sortie est (sous forme complexe)
y
(
k
) = G(e
i
θ
)
u
(
k
)
.
Fonction de transfert d'un systeme discretise
[
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]
En
automatique
, dans la grande majorite des cas, un systeme a temps discret
S
d
resulte de la discretisation, a une periode d'echantillonnage
T
, d'un systeme a temps continu
S
c
de fonction de transfert
G
(
p
)
. La sortie
y
du systeme
S
c
est echantillonnee a la periode
T
, et il en resulte le signal echantillonne
y
*
=
y ?
T
ou
?
T
est le "
peigne de Dirac
".
Ce signal
y
*
, qui n'est qu'une representation mathematique, contient en effet pour seule information les valeurs de
y
aux instants d'echantillonnage, puisque
En posant
y
d
(
k
) =
y
(
kT
)
, le signal discret
y
d
(qui est une suite) est la sortie du systeme
S
d
que nous cherchons a caracteriser. Cette information discrete est traitee par un calculateur, par exemple pour generer un signal de commande discret
u
d
. Ce signal
u
d
doit subir une interpolation pour etre transforme en un signal a temps continu qui puisse agir sur le systeme
S
c
. Pour obtenir un systeme boucle fonctionnant en temps reel, cette interpolation doit etre causale, a la difference de l'interpolation de Shannon (par le
theoreme de Shannon-Nyquist
). On procede donc par blocage du signal discret
u
d
sur chaque periode d'echantillonnage. Le
bloqueur
le plus simple est celui d'ordre zero. Le signal echantillonne-bloque (avec bloqueur d'ordre zero) est defini par
- .
C'est donc ce signal
u
b
0
(qui est bien a temps continu, mais qui en revanche est une fonction discontinue du temps puisqu'elle est en escalier) qui entre dans le systeme
S
c
.
La relation entre
u
d
et
y
d
est lineaire et stationnaire. Elle admet donc une fonction de transfert en
z
, notee
G
d
(
z
)
, qui prend en compte le bloqueur d'ordre zero. On montre facilement
[
11
]
qu'elle est donnee par
ou
et
designent respectivement la
transformee de Laplace
et la
transformee en Z
.
Les developpements qui suivent sont realises pour les systemes a temps continu. Ils se transposent de maniere evidente aux systemes a temps discret.
Considerons un systeme multivariable a temps continu, ayant
m
entrees
u
1
, ... ,
u
m
et
q
sorties
y
1
, ... ,
y
q
. Soit
u
(resp.
y
) la colonne formee des
u
j
(resp. des
y
i
) et
(resp.
) la
transformee de Laplace
monolaterale de
u
(resp.
y
). A conditions initiales nulles, il existe
[
12
]
une relation
ou
G
(
p
)
est une matrice de fractions rationnelles, et plus precisement un element de
ou
designe le corps des fractions rationnelles en
p
a coefficients reels, a savoir le corps des fractions de l'anneau
des polynomes en
p
. Cette matrice
G
(
p
)
est la matrice de transfert du systeme.
Cette matrice de transfert est dite propre (resp. strictement propre) si tous ses elements le sont, et impropre sinon.
Soit
δ
(
p
) ≠ 0
, le plus petit commun denominateur de tous les elements de la matrice
. La matrice
N
(
p
) =
δ
(
p
)
G
(
p
)
appartient donc a
, et comme l'anneau
est principal, le
theoreme des facteurs invariants
montre qu'il existe des matrices
P
(
p
)
et
Q
(
p
)
, inversibles sur
, telles que
Σ(
p
) =
P
(
p
)
N
(
p
)
Q
?1
(
p
)
soit la forme de
Smith
de
N
(
p
)
. Cette matrice
Σ(
p
)
est de la forme
ou
est le rang de
sur
(donc de
G
(
p
)
sur
) et ou les
(
α
i
(
p
))
1 ≤
i
≤
r
sont des elements non nuls de
verifiant la
relation de divisibilite
. Ces elements
α
i
(
p
)
sont les
facteurs invariants
de
N
(
p
)
et sont determines de maniere unique a la multiplication pres par des unites (c'est-a-dire des elements inversibles) de
(voir l'article
theoreme des facteurs invariants
). On a donc
ou
- .
On a enfin
ou les fractions rationnelles
n
i
(
p
)
/
d
i
(
p
)
sont irreductibles. On a les
relations de divisibilite
et
. Les elements
n
i
et
d
i
pour
1 ≤
i
≤
r
verifiant ces conditions sont determines de maniere unique a partir de
G
(
p
)
a la multiplication pres par des unites de
, par consequent la matrice de fractions rationnelles
est canonique et s'appelle la forme de Smith-MacMillan de
G
(
p
)
[
13
]
.
Il est a noter que le fait que
G
(
p
)
soit une matrice de transfert propre (resp. strictement propre) n'entraine pas que les fractions rationnelles
n
i
(
p
)
/
d
i
(
p
)
le soient.
Les poles (resp. les zeros) de transmission du systeme ayant pour matrice de transfert
G
(
p
)
sont les racines dans
des polynomes
d
i
(
p
)
(resp.
n
i
(
p
)
) ci-dessus. Si
p
0
est une racine d'ordre
ν
i
de
d
i
(
p
)
pour
1 ≤
i
≤
ρ
, on precisera que le pole
p
0
a pour indices structurels
{
ν
1
, ...,
ν
ρ
}
[
14
]
. Cette definition est valable pour les zeros,
mutatis mutandis
.
Considerons par exemple la matrice de transfert
On a, avec les notations ci-dessus,
δ
(
p
) = (
p
+1)
2
(
p
+2)
2
et
Les operations elementaires sur les lignes et les colonnes utilisees dans le
theoreme des facteurs invariants
permet d'obtenir pour
N
(
p
)
la forme de Smith
et la forme de Smith-MacMillan de
G
(
p
)
est donc
Les poles de transmission sont donc -1 et -2, et ils ont tous deux pour unique indice structurel 2. Le seul zero de transmission est -2 avec pour unique indice structurel 1. On note sur cet exemple qu'un meme nombre complexe (en l'occurrence, -2) peut etre a la fois un pole de transmission et un zero de transmission, ce qui est evidemment impossible dans le cas des systemes monovariables.
Soit
G
(
p
)
(resp.
G
(
z
)
) la matrice de transfert d'un systeme a temps continu (resp. a temps discret) et supposons que cette matrice de transfert soit propre. Alors le systeme considere est
stable EBSB
si, et seulement si ses poles de transmission sont tous situes dans le demi-plan gauche (resp. a l'interieur du cercle unite).
Pour une interpretation plus aisee des zeros de transmission, nous supposerons que
m = q = r
(cas auquel on peut d'ailleurs toujours se ramener). Alors le nombre complexe
λ
est un zero de transmission si, et seulement si, a conditions initiales nulles, il existe une entree non nulle
u
de la forme
(resp.
),
, ainsi qu'une forme lineaire
non nulle telles que la combinaison lineaire
soit identiquement nulle
[
15
]
.
Fonctions de transfert des systemes de dimension infinie
[
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]
La notion de systeme de dimension infinie ne peut se definir que par une negation: il s'agit d'un systeme qui n'est pas de dimension finie. Aussi la variete de ces systemes est-elle immense. La "dimension" dont il est question ici est celle de l'espace d'etat
[
16
]
, et le fait qu'elle soit infinie se traduit par le fait que la fonction de transfert est irrationnelle. Il n'est pas question ici d'etre exhaustif, et la breve presentation qui suit est limitee au cas des systemes lineaires, a temps continu et a retards commensurables (distribues ou non).
Considerons tout d'abord un systeme de la forme
ou les
a
ij
et les
b
ij
sont des coefficients reels (les
a
ij
etant non tous nuls) et ou
τ
> 0
est le retard. En posant
la fonction de transfert du systeme s'ecrit
G
(
p
) =
N
(
p
)
/
D
(
p
)
avec
N
(
p
) =
b
(
p
, e
?
τp
)
et
D
(
p
) =
a
(
p
, e
?
τp
)
. Cette fonction de transfert appartient donc au corps de fractions de l'anneau
, anneau qui est isomorphe a
[
17
]
. Cet anneau est
factoriel
d'apres un theoreme du a Gauss (voir
Anneaux des polynomes
), par consequent
a
(
s
,
z
)
et
b
(
s
,
z
)
ont un pgcd
c
(
s
,
z
)
. Les elements
a'
(
s
,
z
) =
a
(
s
,
z
)/
c
(
s
,
z
)
et
b'
(
s
,
z
) =
b
(
s
,
z
)/
c
(
s
,
z
)
sont donc premiers entre eux dans
, et on a
G
(
p
) =
N'
(
p
)
/
D'
(
p
)
avec
N'
(
p
) =
b'
(
p
, e
?
τp
)
et
D'
(
p
) =
a'
(
p
, e
?
τp
)
.
Les poles (resp. les zeros) de transmission du systeme sont definis comme etant les zeros dans le plan complexe de
D'
(
p
)
(resp.
N'
(
p
)
).
Supposons que
- .
Alors, le systeme est
stable EBSB
s'il existe un reel
ε
> 0
tel que ses poles de transmission (qui sont en general en nombre infini) aient tous une partie reelle inferieure a
?ε
[
18
]
.
Ce systeme est observable. Etant donne que l'anneau
n'est pas un
anneau de Bezout
, il existe differentes sortes de commandabilite
[
19
]
. Enfin, l'analyse ci-dessus ne peut se generaliser au cas des systemes multivariables. C'est pourquoi il est necessaire de proceder a un changement de l'anneau des operateurs, ce qui conduit a considerer des systemes a retards distribues.
Considerons par exemple l'operateur de retard distribue
defini par
Sa fonction de transfert est
qui peut etre considere comme un element de
ou
designe l'anneau des fonctions entieres dans le plan complexe. L'anneau
ainsi defini est tres approprie pour l'etude des systemes a retards commensurables distribues. Bien que n'etant pas principal, il s'agit en effet d'un
anneau a diviseurs elementaires
[
20
]
. Par consequent, une matrice a elements dans cet anneau admet une forme de Smith, et une matrice a elements dans le corps de fractions de cet anneau admet une forme de Smith-MacMillan. La theorie des systemes definis sur cet anneau est donc tout a fait semblable (au plan algebrique) a celle des systemes definis sur l'anneau classique des operateurs differentiels
. Neanmoins, le nombre de poles et de zeros de transmission est cette fois infini en general.
En supposant que les elements
G
ij
(
p
)
de la matrice de transfert
G
(
p
)
soient tous tels que
le systeme est
stable EBSB
s'il existe un reel
ε
> 0
tel que les poles de transmission (en general en nombre infini) aient tous une partie reelle inferieure a
?ε
.
Fonctions de transfert des systemes a coefficients variables
[
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|
modifier le code
]
Soit
K
un
corps differentiel
muni de la derivation usuelle
(par exemple
anneau des fractions rationnelles complexes), et soit
D = K[∂]
avec
, l'anneau des
polynomes gauches
en
∂
a coefficients dans
K
. Si
est une variable, on a d'apres la
regle de Leibniz
, et puisque ceci est vrai quelle que soit
f
on a sur
D
la regle de commutation
L'anneau
D
, muni de cette regle, est un anneau principal non commutatif et simple
[
21
]
. De plus, il s'agit d'un anneau d'
Ore
[
22
]
qui admet un corps de fractions
F
a gauche et a droite. Chaque element de
F
se met sous la forme
a
?1
b
=
b
'
a'
?1
ou
a
,
a'
,
b
,
b'
appartiennent a
D
et
a
,
a'
sont non nuls.
D'un point de vue algebrique, un
systeme differentiel
lineaire a coefficient dans
K
est un
module
de type fini
sur
D
. Une colonne
u
de
m
elements
u
i
dans
peut etre choisie comme entree du systeme si le
D
-module
[
u
]
D
engendre par les
u
i
est libre de rang
m
et tel que le quotient
M
/ [
u
]
D
est de torsion
[
23
]
. Notons alors
la colonne de
elements
representant la sortie du systeme.
Considerons le foncteur de Laplace
[
7
]
:
Ce qui precede revient a dire que les images canoniques
dans
forment une base du
F
-espace vectoriel
. Par consequent, en notant
les images canoniques des
dans
, il existe une matrice unique
G
∈ F
q
×
m
telle que
Cette matrice
G
est la matrice de transfert du systeme a coefficients variables.
Le cas des systemes a temps discret peut etre traite comme suit: on considere cette fois un corps aux differences
[
24
]
, muni de l'operateur d'avance avance
. Soit
l'anneau des
polynomes gauches de Laurent
en l'indeterminee
q
(operateur d'avance qui est une extension de
) muni de la loi de commutation
. Cet anneau
D
est, comme precedemment, un anneau principal non commutatif et simple (cette derniere propriete fait l'avantage de
D
sur l'anneau des
polynomes gauches
, qui est principal mais n'est pas simple
[
25
]
) et
F
admet un corps de fractions
F
a gauche et a droite. Un systeme lineaire a temps discret s'identifie a un module de type fini sur
D
. La construction du paragraphe precedent peut alors etre repetee sans changement, grace au foncteur transformee en Z :
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- ↑
a
et
b
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- ↑
Bourles et Marinescu 2011
, Chap. 11
- ↑
Voir
Relation entre la transformee bilaterale et la transformee monolaterale
et
Transformee de Laplace
.
- ↑
Bourles 2010
, Chap. 7.
- ↑
Bourles 2010
, §10.3.3
- ↑
Bourles 2010
, §2.4.2
- ↑
MacFarlane et Karcanias 1976
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Bourles 2010
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Types de stabilite
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Representations mathematiques
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Representations graphiques
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