Fille et femme finnoises en tenue rurale de
Ruokolahti
, a l'est de la Finlande, dessinees par Severin Falkman en 1882.
Langues
sames
(jaune :
Samegiella
) et
finnoises
(bleu
Suomi
= finnois officiel en Finlande
; vert
= autres langues finnoises :
Kveenin
= ≪ kvene ≫ ;
Mean
= ≪ tornedalien ≫ ;
Karjalaiet
= ≪ carelien ≫ ;
Vepsa
= ≪ vepse ≫ ;
Lyydin
= ≪ lude ≫ ;
Inkeroin
= ≪ ingrien ≫ et
Eesti
= ≪ este ≫ ou ≪ estonien ≫
).
modifier
En
francais
, on parle de
Finnois
(en
finnois
:
suomalaiset
) pour designer, selon la
definition ethnique
, le
droit du sang
et l'
appartenance linguistique
et
culturelle
, le
groupe ethnique
historique associe a la
Finlande
dont la langue fait partie des
langues fenniques
, et de
Finlandais
(en
finnois
:
suomenset
) pour designer, conformement a la
constitution finlandaise
, au
droit du sol
et au
droit international
, les
citoyens
de la
Finlande
et eux seuls, quelles que soient leurs langues, origines et traditions culturelles (ils sont aussi citoyens de l'
Union europeenne
) ; ainsi, les
habitants de Finlande suedophones
ou
sames
sont Finlandais sans etre Finnois
[
11
]
.
Comme pour la plupart des groupes ethniques, la definition des Finnois peut varier. D'habitude, dans toutes les definitions, le terme Finnois inclut toutes les populations de Finlande parlant le finnois, et plus rarement d'autres populations plus restreintes en nombre comme les
Kvenes
de
Norvege
, les
Tornedaliens
et les habitants parlant le finnois de
Suede
, les
Finnois ingriens
et parfois les
careliens
de
Russie
. Les Finnois peuvent etre subdivises, selon les dialectes en usage, en sous-groupes traditionnellement baptises
heimo
, mais ces sous-groupes sont devenus moins pertinents avec l'intensification des migrations internes, lesquelles ont eu tendance au fil du temps a homogeneiser ces populations et la langue
[
12
]
.
Linguistiquement, le finnois, parle par la plupart des Finlandais, est a rapprocher des autres
langues fenno-baltiques
comme l'
estonien
ou le
carelien
, tandis que le
suedois
, parle par les Finlandais suedophones, n'y est pas rattache, de pres ou de loin (ce dernier faisant partie de la famille des
langues indo-europeennes
). Le finnois comprend des
emprunts lexicaux
venant du suedois ou d'autres
langues germaniques
, ou meme d'autres langues indo-europeennes, selon differentes couches d'entree, tandis que le suedois a peu emprunte au finnois ou aux langues fenno-baltiques.
Genetiquement, les Finnois semblent constituer un groupe relativement homogene, avec un patrimoine genetique en grande partie commun avec le reste des autres peuples europeens
[
13
]
,
[
14
]
.
Le centre du registre finlandais de la population conserve des informations concernant le lieu de naissance, la citoyennete et la langue maternelle des personnes vivant en Finlande, mais pas specialement d'information sur l'ethnie auxquelles elles appartiennent
[
15
]
Comme pour toutes les ethnies, l'ethnogenese est un questionnement important pour ce qui concerne les Finnois. L'histoire des langues, vivantes ou mortes, est consideree traditionnellement comme un facteur cle pour la definition d'un peuple et de sa descendance.
Du point de vue linguistique, en plus des Finlandais parlant le finnois, les Kvenes de Norvege, les Tornedaliens du nord de la Suede et les Ingriens de Russie sont consideres comme faisant partie des peuples finnois. Les finnophones constituent la grande majorite des peuples finnois.
Le territoire de la Finlande actuelle fit autrefois partie du
royaume de Suede
, et ce durant plusieurs siecles. De ce fait, une petite communaute suedophone subsiste en Finlande. L'appartenance ethnique de ces Finlandais suedophones (ou Suedois de Finlande) reste discutee, pronant d'un cote l'aspect la nature colonisatrice d'un peuple, de l'autre son changement de langue.
En Finlande, la langue maternelle constitue le seul et unique critere qui distingue les finnophones des suedophones
[
16
]
. En general, les Finlandais suedophones se considerent comme etant autant Finlandais que la majorite finnophone, mais ils ont leur propre identite distincte de celle des autres, et veulent etre reconnus en tant que tels. Cela signifie en clair que pour les Finlandais suedophones, ils ne se sentent pas finnois. Dans une enquete menee en 2005 par l'Assemblee suedoise de Finlande parmi les Finlandais suedophones, a la question ≪ que signifie pour vous votre identite ? ≫, 82 % des personnes s'etant exprimees repondent ≪ Appartenir a une culture propre, mais avant tout etre Finlandais ≫
[
17
]
.
De plus, on peut remarquer que les Finlandais suedophones remplissent quatre des criteres principaux allant vers la constitution d'un groupe ethnique distinct : auto-identification comme une ethnie distincte, langue, structure sociale et ascendance
[
13
]
,
[
18
]
Le dernier critere, a savoir une differenciation genetique, reste en suspens. Cf. infra.
Cette categorie inclut les immigres recents de Finlande ainsi que les finnophones (ou les personnes d'ascendance finnophone) installes en Suede depuis des siecles. On estime qu'environ 470 000 Finnois de premiere ou deuxieme generation vivent en Suede dont a peu pres la moitie parle finnois. La majorite d'entre eux quitta la Finlande pour s'installer en Suede apres la Seconde Guerre mondiale, avec un pic en 1970 puis a un rythme moins soutenu. Il existe egalement depuis longtemps des minorites finnophones en Suede, par exemple dans le
Tornedalingar
(la
Tornedalie
finnoise) et en
Dalecarlie
. De ce fait, le finnois est une des cinq langues officielles de minorites presentes en Suede
[
19
]
.
Dans des textes plus anciens, le terme de ≪ Finnois ≫ a ete largement utilise pour designer d'autres
peuples fenniques
, comme les
Ingriens
, les
Careliens
ou les
Vepses
de
Russie
, ainsi que les
Estoniens
et leurs minorites
livoniennes
(ou lives),
mulgiennes
,
setoises
,
tartoises
ou
voroises
[
20
]
.
Le mot
finnois
pour ≪ Finlandais ≫ est
suomenset
(
suomenen
au singulier) dont les ≪ Finnois ethniques ≫ sont les
suomalaiset
(
suomalainen
au singulier).
Les mots finnois et suedois pour les populations suedophones de Finlande sont respectivement
suomenruotsalaiset
et
finlandssvenskar
, qui se traduisent tous deux par ≪ Suedois de Finlande ≫. En
suedois de Finlande
, on fait usuellement la distinction suivante : la nation finlandaise se decompose en deux sous-parties complementaires, les finnophones (en suedois de Finlande :
finnar
) et les Finlandais suedophones (
finlandssvenskar
), qui forment en compagnie d'autres minorites plus restreintes le peuple finlandais (
finlandare
) dans son ensemble. En suedois parle hors la Finlande, en particulier en Suede, le terme
finlandare
est peu utilise, et ces distinctions ne sont que rarement faites.
Une traduction habile et exacte de cette terminologie dans les langues etrangeres, y compris en suedois de Suede, est perilleuse, car ces termes rendent de maniere tres fine la totalite des questions linguistiques relatives a la nation finlandaise, questions qui sont intimement intriquees dans le processus de cristallisation de la perception que la nation finlandaise a eu d'elle-meme, dans l'interpretation de son histoire, mais egalement parce qu'elles l'affectent encore aujourd'hui. En realite, le tout premier sujet qui fut aborde lors du processus d'≪
eveil des nations
≫ au
XIX
e
siecle fut tres exactement la question de la langue.
Il n'en reste pas moins qu'en francais, il reste delicat de definir avec precision quelles expressions traduisent le mieux les termes finnois et suedois (de Finlande) ≪
suomalaiset
≫ (≪
finlandare
≫, ≪
finnar
≫) et ≪
finlandssvenskar
≫ (≪
suomenruotsalaiset
≫). Neanmoins, en anglais, l'expression ≪
Swedish-speaking Finns
≫ (≪ Finnois suedophones ≫) semble etre l'expression la plus utilisee a la fois pour designer ces populations
[
21
]
et par ces populations pour se designer elles-memes
[
22
]
, bien que le terme ≪
Finland Swedes
≫ (≪ Suedois de Finlande ≫) reste encore largement utilise, au moins chez les auteurs anglophones non nes en Fennoscandie. On peut egalement constater d'apres ce meme document
[
22
]
que la tendance serait voisine en francais, a savoir de designer ces populations par l'expression ≪ Finlandais suedophones ≫. Il n'est toutefois pas fait mention de Finnois suedophones
[
a
]
.
Une meme difficulte apparait lorsqu'il s'agit de designer le mieux possible les habitants de Suede finnophones, ayant une ascendance finnoise, finlandaise ou encore finnophone. Parmi les termes utilises en anglais, on compte le traditionnel ≪
Sweden Finns
≫ (≪ Finlandais suedois ≫) ou le plus moderne ≪
Finnish Swedes
≫ (≪ Suedois finlandais ≫), a la place desquels il semblerait preferable de faire la difference entre les ≪
Finnish immigrants
≫ (≪ immigres finlandais ≫) arrives recemment et l'≪
Indigenous Finnish ethnic minority in Sweden
≫ (≪ minorite finnoise indigene de Suede ≫)
[
b
]
.
Comme la signification de ces differentes expressions a pu changer souvent au cours des temps, il se peut que leur usage et leur signification varie par rapport a celle utilisee ici, notamment dans les travaux etrangers ou plus anciens.
Les references historiques relatives a l'Europe du Nord sont rares et les noms donnes a ses peuples bien souvent obscurs. De ce fait, leur etymologie ainsi que celle des zones geographiques qu'ils habitaient restent difficiles a etablir. Des noms comme
Fenni
,
Phinnoi
,
Finnum
, ou
Skrithfinni
/
Scridefinnum
ont ete utilises dans des textes relativement peu nombreux, et ce au cours des deux millenaires qui nous precedent, concernant un peuple se situant dans le nord de l'Europe, mais le sens reel de ces termes reste sujet a discussion. Les premieres mentions de ce type sont generalement interpretees comme designant les peuples de
chasseurs-cueilleurs
ayant occupe primitivement la Fennoscandie, dont les descendants les plus directs a notre epoque pourraient etre les
Samis
[
23
]
. Ces ethnonymes, d'origine non
ouralienne
, semblent etre d'origines germaniques, et a rapprocher de mots comme
finthan
(en
vieux haut allemand
≪ trouver ≫, ≪ remarquer ≫),
fanthian
(≪ chercher ≫, ≪ essayer ≫) ou
fendo
et
vende
(≪ pieton ≫, ≪ randonneur ≫ ;
moyen haut allemand
pour vende)
[
24
]
. Une autre interpretation etymologique associe les ethnonymes en
fen
avec une approche plus toponymique. Enfin, une autre theorie rapproche les mots
finn
et
kven
dans une origine commune. Dans les
eddas
et les
sagas
islandaise, (ecrits entre les 11 et
14
e
siecles), qui constituent certaines des plus anciennes sources fiables en la matiere, du fait de leur proximite geographique, les mots comme
finnr
et
finnas
ne sont pas utilises de maniere constante. La plupart du temps, toutefois, ils semblent designer des habitants nomades des zones septentrionales, ce qui semble correspondre aux
Sames
.
Il est interessant de remarquer qu'il existe une connexion etymologique directe entre Saamis et Finnois dans les langues finno-ougriennes actuelles. Une theorie propose par exemple que les toponymes
Sapmi
(Laponie en
same
),
Suomi
(Finlande en finnois) et
Hame
(Tavastie en finnois) ont la meme origine
[
24
]
, laquelle proviendrait du mot proto-balte
*zeme
, signifiant
pays
[
24
]
. Toutefois, ce mot est le nom indo-europeen de la terre (comme lieu, espace, grec
xthon
et apparentes) et la raison de son application a une population voisine n'apparait pas. Comment, pourquoi et quand ces designations commencerent a concerner specifiquement les populations du sud-ouest de la Finlande (
Finlande veritable
, Varsinais-Suomi en finnois), puis par la suite toute la Finlande moderne, nul ne le sait.
Parmi les premiers documents ecrits designant l'ouest de la Finlande comme la terre des Finnois se trouvent deux inscriptions runiques sur des pierres. L'une est a
Soderby
[Lequel ?]
, en Suede, et porte l'inscription
finlont
(Rundata : U 582 †), et l'autre se trouve au
Gotland
, ile suedoise de la
mer Baltique
, cette fois-ci portant l'inscription
finlandi
(G 319 M), datant du
XI
e
siecle
.
Si l'on considere l'ascendance du peuple finnois, les considerations actuelles font valoir l'exceptionnelle continuite que l'on retrouve dans les decouvertes archeologiques
[
25
]
et leur environnement linguistique (plus moderne et plus concret). Les donnees archeologiques laissent supposer que le territoire des Finnois a connu la diffusion progressive d'influences culturelles provenant de nombreuses sources venant du sud-est au sud-ouest, selon des modifications graduelles des techniques, plutot qu'a la suite d'arrivees et de migrations brutales.
Les vecteurs ayant repandu la langue ainsi que la chronologie du developpement du finnois parmi les populations fenniques restent egalement incertains. Sur la base de comparatifs linguistiques, on pense que la separation entre les langues fenniques et les
langues sames
a eu lieu durant le
II
e
millenaire
av. J.-C.
, la racines proto-ouraliennes communes a toutes ces langues remontant probablement au
VI
e
voire au
VIII
e
millenaire
av. J.-C.
Le debat reste egalement entier sur quand est-ce que les
langues ouraliennes
ou finno-ougriennes commencerent a etre parlees dans la region, mais on pense raisonnablement que cela a du arriver aux environs de l'
Age de la pierre
[
25
]
.
Comme le finnois n'a ete transpose a l'ecrit qu'au cours du
XVI
e
siecle
, il ne reste plus grand chose comme temoignage du mode de vie des premiers Finnois. Par exemple, l'origine d'icones culturels que constituent par exemple le
sauna
, le
kantele
(instrument de musique) ou le
Kalevala
(l'epopee nationale finnoise) reste plutot obscure.
Les Finnois suedophones descendent de paysans et de pecheurs qui s'installerent sur les cotes finlandaises entre 1000 et 1250
[
22
]
, des immigres s'etant installes lors de la domination suedoise
[
26
]
et des Finnois qui adopterent le suedois comme langue maternelle
[
22
]
.
On pense que les Finnois sont originaires de deux populations differentes, chacune ayant parle son propre dialecte du proto-finnois (
kantasuomi
). Ainsi, on fait generalement une distinction entre les Finnois de l'Ouest et les Finnois de l'Est. Si l'on va plus loin, il existe encore des sous-groupes de ces groupes, appeles
heimo
[
c
]
,
[
27
]
, qui dependent des dialectes et des cultures locales. Bien que ces subdivisions s'appuient ostensiblement sur des conceptions et des repartitions remontant a l'Age de la Pierre, la theorie des
heimo
a ete construite selon les dialectes en usage pendant la montee en puissance du
mouvement fennomane
au
XIX
e
siecle
. On peut comparer cette demarche a celle des
Douze Tribus d'Israel
.
- Finnois de l'Ouest
[
28
]
:
- Hame : Tavastiens ou gens de Hame (
hamalaiset
) ;
- Ostrobotnie
: Ostrobotniens (
pohjalaiset
) ; les Ostrobotniens du Sud (
etelapohjalaiset
) ont un dialecte et une identite tres particuliers ;
- Finlande du Sud-Ouest :
varsinaissuomalaiset
;
- Vasterbotten
, en Suede : groupe parlant le
meankieli
, dialecte du finnois parle dans le Grand Nord.
- Finnois de l'Est :
- Ingrie : Finnois ingriens (
inkerinsuomalaiset
) ;
- Carelie : Finnois careliens (
karjalaiset
) ; les dialectes careliens du finnois sont distincts du
carelien
parle en Russie, et la plupart des gens en
Carelie du Nord
parle des
dialectes savoniens
;
- Savonie
: Savoniens (
savolaiset
), parlant le
savo
.
- Emigres
- Skogfinns
de Suede (
Metsasuomalaiset
) et de Norvege ;
- Emigres finnois en Suede (
ruotsinsuomalaiset
) ;
- Kvenes
(
kveenit
) du
Finnmark
et du
comte de Troms
, en Norvege ;
- Autres emigres finnois (
ulkosuomalaiset
).
- Les suedophones se subdivisent egalement en plusieurs dialectes.
Les
provinces historiques de Finlande
et de
Suede
se rapprochent assez fidelement de ces subdivisions. Les regions de Finlande, vestige de l'ancien systeme administratif du pays, peuvent egalement etre considerees comme pouvant refleter les manifestations contemporaines des identites locales.
Actuellement, les Finnois vivant pour la plupart dans les zones urbanisees, ils ne se reconnaissent plus dans le concept de
heimo
ni ne s'identifient fortement a l'un d'entre eux, bien que l'usage des dialectes ait connu un regain d'interet dernierement
[Quand ?]
. Les Finnois des zones urbanises ne connaissent en general pas de dialecte, et utilisent le finnois standard ou l'argot urbain. Mais ils peuvent reparler en dialecte lorsqu'ils sont amenes a retourner dans leur region d'origine.
D'apres une etude menee en 1990 par quatre scientifiques de l'
universite de Pavie
utilisant des marqueurs classiques :
≪ Nous avons analyse des donnees relatives a trois peuples europeens ne parlant pas des langues indo-europeennes : les Hongrois, les Lapons (
sic
, i.e. les
Sames
) et les Finnois. Les principales analyses comparees montrent que les Lapons (
sic
) sont presque exactement a l'intermediaire entre des peuples se trouvant geographiquement pres des monts Oural et parlant des langues ouraliennes et les Europeens d'Europe centrale et du Nord. Les
Hongrois
et les Finnois sont [quant a eux] fondamentalement plus proches des Europeens. Une analyse des melanges genetiques entre ancetres ouraliens et europeens montre que les Lapons (
sic
) sont a un peu plus de 50 % d'origine europeenne, les Hongrois a 87 % et les Finnois a peu pres a 90 %. Il existe une concordance tangible entre ces conclusions et les donnees historiques disponibles sur la Hongrie
[
29
]
. ≫
Plus recemment, les scientifiques ont utilise les marqueurs de l'
ADN mitochondrial
(ADN-mt, suivant la lignee matrilineaire) et de l'ADN du
chromosome Y
(ADN-Y, lignee patrilineaire) afin de reconstituer l'histoire des peuplements humains
[
30
]
.
En substance, les types de marqueurs ADN-mt rencontres chez les Finnois ne different pas fondamentalement de ceux rencontres dans les autres populations europeennes
[
d
]
. L'
haplogroupe
U5 est, pense-t-on par exemple, l'haplogroupe le plus ancien d'Europe. Il se trouve a une frequence assez faible dans toute l'Europe, mais apparemment plus frequemment chez les Finnois, les Estoniens et les Sames
[
31
]
.
Concernant le chromosome Y, les haplogroupes les plus frequents sont l'
haplogroupe N1c
(58 %), l'
haplogroupe I
(29 %), l'
haplogroupe R1a
(7,5 %) et l'
haplogroupe R1b
(3,5 %)
[
32
]
. L'haplotype N1c qui constitue un sous-type de l'haplogroupe N (ADN-Y), apparait principalement chez les
Iakoutes
de
Siberie
(90 %), dans les
pays baltes
(40 %) et en
Russie
. Il est age de 10 000 a 20 000 ans et entre en Europe il y a quelque 12 000 a 14 000 ans par l'Asie
[
14
]
.
Une etude portant sur les
autosomes
(soit sur l'ensemble du genome, 10 000 marqueurs repandus sur l'ensemble des chromosomes plutot que sur quelques sites des
gonosomes
et de l'ADN-mt que mettent en jeu les analyses precedentes) corrobore partiellement les etudes precedentes
[
33
]
: les Finnois ont plus d'affinite du point de vue du
genotype
avec les Europeens, notamment polonais, germain et anglais, qu'avec les populations altaiques. Toutefois,
≪ en relation avec leur langue ouralique non-indo-europeenne, et etude precedente sur les chromosomes Y, les Finnois montrent a l'evidence une affinite marquee envers les populations d'Asie centrale (altaique) ≫
[
33
]
. Les peuples europeens ont leur patrimoine classable en trois composants principales suivant un axe nord-sud et est-ouest. A noter qu'a distance geographique egale, les Finnois montre globalement plus d'affinite avec les peuples de l'Altai que les Armeniens, qui eux montrent plus d'affinite avec les populations de l'Inde. Toutefois pour plusieurs marqueurs genetiques, les genotypes indiens se placent a mi-chemin entre le genotype finnois et altaique
[
33
]
.
Un petit nombre d'etudes ayant porte sur la question a tendance a montrer que les Finnois suedophones, genetiquement parlant, ont plus a voir avec les autres Finnois qu'avec les Suedois
[
e
]
,
[
13
]
. Auparavant, on pensait que l'existence de l'haplogroupe I1a sur les deux rives du
golfe de Botnie
refletait la diffusion du marqueur d'une rive a l'autre, mais des etudes recentes montrent que le I1a semble avoir une histoire differente d'une rive a l'autre. Dans le meme document
[
34
]
, il est fait etat d'≪ un deficit de recoupements entre Finnois et Suedois dans les resultats SAMOVA
[
35
]
≫ et les chercheurs constatent que ≪ la presence de l'haplogroupe en Finlande et en Carelie n'est pas seulement due a l'influence suedoise ≫
[
f
]
. Aujourd'hui encore, certaines personnes pensent encore, a tort, que les Finnois suedophones sont plus apparentes, genetiquement ou culturellement parlant, aux Suedois qu'aux Finnois. Cette opinion etait particulierement repandue au
XIX
e
siecle alors que les scientifiques confondaient les concepts de langue et d'ethnie (alors appelee ≪ race ≫)
[
g
]
.
Au
XIX
e
siecle, la theorie du chercheur finlandais
Matthias Castren
prevalait, affirmant que ≪ le berceau originel des Finnois ≫ se trouvait a l'ouest de la Siberie centrale
[
36
]
. Par la suite, l'idee d'un berceau commun pour l'ensemble des peuples de langues finno-ougriennes le mena dans une zone entre la
Volga
et la
Kama
, en Russie d'Europe. Jusque dans les annees 1970, la plupart des linguistes pensait que les Finnois n'etaient pas arrives en Finlande avant les premiers siecles de notre ere. Mais l'accumulation des temoignages archeologiques montra bientot que la
Fennoscandie
a ete habitee de facon continue depuis l'ere glaciaire, contrairement a ce que l'on pensait alors, c'est-a-dire que la zone avait connu plusieurs intervalles d'occupation. Parmi les conclusions qui en furent tirees, on en conclut que les ancetres des Finnois commencerent a occuper la region il y a des milliers d'annees, peut-etre en plusieurs vagues successives. Pendant ces periodes de migration, il est fort possible que les ancetres, tant culturels que linguistiques, chasseurs-cueilleurs, des
Samis
aient ete repousses progressivement vers les regions les plus septentrionales
[
37
]
La theorie developpee par Kalevi Wiik, professeur emerite en
phonetique
a l'
universite de Turku
, durant les annees 1990 porte a la controverse. D'apres lui, les ancetres des Finnois vecurent pendant les
glaciations
dans une des trois regions libres de glaces au sud de l'Europe, qu'il appelle ≪ le refuge ≫, les deux autres zones ayant ete des zones de regroupement pour les populations parlant des langues indo-europeennes et
basques
. D'apres cette theorie, les peuples de langues finno-ougriennes se dirigerent vers le nord lors du retrait des glaces. Ils peuplerent l'Europe centrale et septentrionale, tandis que les
Basques
occuperent l'Europe occidentale. Lorsque l'
agriculture
se repandit a partir du sud-ouest de l'Europe, les langues indo-europeennes qui l'accompagnaient furent adoptees par les populations de chasseurs-cueilleurs qu'elle convertissait. Durant ce processus, les peuples finno-ougriens d'une part et basques d'autre part s'≪ indo-europeaniserent ≫, en quelque sorte. Toujours d'apres Wiik, c'est de ces melanges que les
langues celtiques
,
germaniques
,
slaves
et
baltes
naquirent. Du fait de leur isolement, les ancetres des Finnois ne changerent pas de langue
[
38
]
. La theorie de Wiik, soutenue par Ago Kunnap, Kyosti Julku et Angela Marcanio, s'est attire de fortes critiques de la part de la communaute scientifique. En particulier, Raimo Anttila, Petri Kallio et les freres Ante et Aslak Aikio ont formule de vifs reproches a la theorie de Wiik, allant meme jusqu'a soulever les liens de ses confreres avec l'extreme droite
[
39
]
,
[
37
]
. Les echanges les plus virulents eurent lieu dans le journal finlandais
Kaltio
pendant l'automne 2002. Depuis, le calme est retombe, chaque bord restant sur ses positions
[
40
]
.
- ↑
Il n'en reste pas moins que pour la clarte de cet expose, nous garderons pour la suite l'expression ≪ Finnois suedophone ≫ qui, nous semble-t-il
[Qui ?]
, permet de distinguer les personnes appartenant au groupe ethnique finnois, des ≪ Finlandais suedophones ≫, personnes parlant suedois et ayant la citoyennete finlandaise, sans pour autant etre finnois.
- ↑
Habituellement, les populations immigrees sont designees, en anglais, ainsi que dans la plupart des autres langues, par un groupe nominal. Celui-ci est constitue, en anglais toujours, d'abord par un adjectif, indiquant le nouveau pays de residence, suivi d'un nom, designant cette fois le pays ou l'ethnie d'origine. Ainsi, l'expression ≪
Sweden Finns
≫ (qui se traduit litteralement ≪ Finlandais suedois ≫, ou ≪ Finlandais ≫ est le nom, donc designe le pays d'origine, et suedois l'adjectif qui designe le nouveau pays d'accueil) correspond a cette methode de designation.
Toutefois, depuis toujours, les immigrants arrivant aux Etats-Unis sont designes ≪ de facon inverse ≫, l'adjectif antepose donnant l'ethnie ou le pays d'origine, et le nom le pays d'arrivee. Ainsi, ≪
Finnish Americans
≫, et jamais ≪
American Finns
≫. On a donc affaire a des ≪ Americains finlandais ≫ et non a des ≪ Finlandais americains ≫. La locution ≪
Finnish Swedes
≫ correspond a cette methode d'appellation plus moderne. Cette methode est de plus en plus utilisee dans de nombreux pays, notamment du fait qu'elle permet de mettre l'accent sur le fait que le nouvel arrivant accede, y compris dans la facon dont il est designe, a un statut de citoyen totalement egal a tout autre citoyen du pays d'accueil, tout en garantissant que les informations relatives a ses origines culturelles ne sont pas perdues pour autant.
D'autres termes plus recents sont utilises. Il s'agit de ≪
Finnish ethnic minority in Sweden
≫ et ≪
Finnish immigrants
≫, soit respectivement et de facon litterale ≪ minorite finlandaise de Suede ≫ et ≪ immigres finlandais ≫. Ces appellations sont actuellement mises en avant parce qu'elle permettent une distinction claire entre ces deux groupes de population vraiment differents du point de vue chronologique, et pour lesquels l'usage d'une seule expression est douteux, puisque dans leur cas les locutions ≪
Finnish Swedes
≫ et ≪
Finland Swedes
≫ sont souvent confondues pour designer les ≪
Swedish-speaking Finns
≫, a savoir les Finlandais suedophones.
On peut egalement remarquer que de nombreux locuteurs finnophones et suedophones (et francophones dans notre cas) ne sont pas conscients du fait qu'en anglais le mot ≪
Finn
≫, ailleurs que dans l'article servant de base a cette traduction (
en:Finns
) signifie usuellement ≪ habitant ou personne native de Finlande ≫ (
[1]
,
≪
http://encarta.msn.com/encnet/features/dictionary/DictionaryResults.aspx?refid=1861611591
≫
(
Archive.org
?
Wikiwix
?
Archive.is
?
Google
?
Que faire ?
)
(consulte le
)
) et a seulement parfois egalement le sens de ≪ membre d'un peuple parlant finnois ou une langue fennique ≫
[2]
(comme notre ≪ Finnois ≫ avec une majuscule francais).
- ↑
Heimo
est souvent mal traduit par ≪
tribu
≫, mais un
heimo
releve plus d'une parente dialectale et culturelle que d'une parente genetique. De ce fait, il rassemble un groupe de personnes bien plus heterogene qu'une tribu. A titre d'illsutration, voir l'extrait issu de Hanninen, K. (1929,
4
e
edition).
Kansakoulun maantieto ja kotiseutuoppi yksiopettajaisia kouluja varten
. Helsinki : Osakeyhtio Valistus, Raittiuskansan Kirjapaino Oy. Dans cet extrait de manuel scolaire
[3]
, heimo est utilise comme un concept generalisateur. Consulte le 25 mars 2008.
(fi)
- ↑
De
recentes
[Quand ?]
recherches menees sur l'ADN-mt, lesquelles permettent d'etablir des faits remontant a plusieurs dizaines de milliers d'annees, "corroborent l'hypothese d'un genotype europeen pour les Finnois".
[4]
Lien mort
- ↑
La frequence de l'haplogroupe N3 est plus grande chez la population suedophone d'Ostrobotnie que par exemple chez les finnophones d'
Ostrobotnie du Sud
. Toutefois, il existe egalement des points de rapprochement avec les Suedois : "Le lien le plus evident a la population scandinave est la plus grande frequence de l'haplogroupe I1a en Scandinavie (Vasterbotten et
Norrbotten
) (Rootsi
et al.
, 2004) et en
Finlande occidentale
, ou l'haplogroupe atteint son maximum avec une frequence de l'ordre de 40 %. Cela suggere une grosse influence suedoise sur les regions les plus occidentales de la Finlande". Cf. Lappalainen, T., Koivumaki, S., Salmela, S., Huoponen, K,
et al.
(juillet 2006).
≪
Regional differences among the Finns: A Y-chromosomal perspective
≫
(
Archive.org
?
Wikiwix
?
Archive.is
?
Google
?
Que faire ?
)
(consulte le
)
.
Gene
. 376-2.
p.
207-215
.
[PDF]
- ↑
≪ L'etonnante diversite des marqueurs I1a parmi les populations finnoises de l'Est et baltiques, et le deficit d'association entre Finnois de l'Ouest et Suedois dans les analyses SAMOVA tendent a montrer que le I1a a ete implique dans des courants migratoires divergents, passant par la Suede d'une part et par les pays Baltes d'autre part, et que la presence de l'haplogroupe en Finlande et en Carelie n'est pas
simplement
due a l'influence suedoise. ≫ Cf.
Migrations in the Baltic region inferred from Y chromosomes and mtDNA
, billet poste le 28/02/2008 sur le blog
Dienekes' Anthropology Bolg
. Consulte le 26/03/2008.
- ↑
≪ Au cours de la periode revolue de la controverse linguistique (finlandaise), la langue etait souvent assimilee a la nationalite et a la race, et les points de vue racistes n'ont pas manque dans l'histoire des langues nationales de la Finlande. Les recherches actuelles rejettent neanmoins la plupart des doctrines raciales presentees comme verite scientifique par le passe. Les Finnois suedophones, les fameux Suedois finlandais, sont tout aussi proches genetiquement des Finnois que des Suedois. ≫
Passage traduit de la page 5 (a partir de "Menneiden kieliriitojen aikana...") d'un document officiel redige par un comite d'experts, commandite par le Ministere de la Justice finlandais. Cf. Kielilakikomitea. (2000).
Kansalliskielten historiallinen, kulttuurinen ja sosiologinen tausta
(Arriere-plan historique, culturel et sociologie des langues nationales).
Tyoryhmamuistio Kielilakikomitea
(Note de synthese du comite sur la langue). Helsinki :
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. Ce chiffre correspond au nombre d'habitants de la Finlande, qu'ils soient citoyens finlandais ou non, vivant en Finlande, dont la langue maternelle est le finnois ou le suedois, et qu'ils soient nes en Finlande ou a l'etranger.
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≪ Since the (two) population (groups') genetic, ecological and socioeconomic circumstances are equal, Swedish speakers’ longer active life is difficult to explain by conventional health-related risk factors. ≫
(Comme le patrimoine genetique des (deux) populations, leur environnement ecologique et socioeconomique sont identiques, le fait que les suedophones aient une vie active plus longue est difficile a expliquer par les criteres conventionnels de risques sanitaires). Cf. Hyyppa, M.T., & Maki, J. (decembre 2003).
Social participation and health in a community rich in stock of social capital
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Bade att hora till en egen kultur, men ocksa att vara en finlandare bland alla andra
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Kuulumista omaan kulttuuriin, mutta myos suomalaisena olemista muiden joukossa.
) Voir
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, il est question d'une critique de film, lequel est l'occasion de discuter de la question de l'evacuation des Finnois de
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Que faire ?
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Kaltio
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. Le titre de cet article se traduit a peu pres "La theorie de la Grande Finlande sur de mauvaises voies". Le terme
Suur-Suomi
, "Grande Finlande", etait en usage en Finlande a l'entre-deux-guerres, dans les milieux nationalistes, appelant a une reconstruction politique incluant la Finlande, mais aussi la
Carelie orientale
, l'
Ingrie
, l'Estonie, la
peninsule de Kola
, ainsi que les parties le plus au nord de la Suede et de la Norvege.
- ↑
L'integralite des articles relatifs a ce debat sont disponibles (en finnois) sur accessible
≪
le site de Kaltio
≫
(
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?
Wikiwix
?
Archive.is
?
Google
?
Que faire ?
)
(consulte le
)
.
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