Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus.
Ferdydurke
est un
roman
de l'ecrivain polonais
Witold Gombrowicz
, publie en
1937
.
Considere comme une piece maitresse du
postmodernisme
europeen,
Ferdydurke
a ete publie a un moment inopportun. La
Seconde Guerre mondiale
, l'instauration par l'Union sovietique d'un
regime communiste
en
Pologne
et l'exil de l'auteur pendant vingt-cinq ans en
Argentine
ont peu favorise l'interet pour ce roman, qui est une exploration singuliere et etrange de l'identite.
En
Pologne
,
Ferdydurke
est diversement recu. Certains, comme
Bruno Schulz
, le considerent comme une provocation litteraire, comme un
Don Quichotte
de la
litterature polonaise
. Aujourd'hui,
ce roman est reconnu
[Par qui ?]
comme ayant ete un jalon significatif de l'histoire litteraire.
Apres la guerre,
Albert Camus
, decouvrant le livre dans sa traduction espagnole, est immediatement fascine. Il ecrit une lettre a
Gombrowicz
qui a emigre en
Argentine
. L'edition francaise de
Ferdydurke
en est posterieure.
Les Jeux d’enfants
-
Pieter Brueghel l'Ancien
Dans cette histoire pleine d'humour noir, Jojo (
Jozio
dans la version
polonaise
) Kowalski decrit la transformation d'un homme de trente ans en un adolescent. Enferre dans sa vie adolescente ou se succedent les rixes entre bandes adverses, les combats de grimaces parodiant les gestes de la messe, la vie de pensionnaire et les vacances a la campagne chez sa vieille tante, le narrateur est condamne a errer dans un univers qui n'est plus le sien.
Le titre du roman, qui n'apparait pas dans le texte lui-meme, serait emprunte a un personnage secondaire du roman de
Sinclair Lewis
,
Babbitt
, paru en Pologne au debut des annees 30 : Freddy Durkee
[
1
]
.
≪ Devinez qui j’ai rencontre l’autre soir au restaurant De Luxe ? Je vous le dis tout de suite ! Notre vieil ami Freddy Durkee. ≫
|
Le narrateur erre donc de lieux en lieux sans jamais savoir vraiment pour quels motifs: on le ramene a l'ecole alors qu'il se sent adulte, on le place dans une famille, il suit son camarade Mientus a la recherche d'un mysterieux valet de ferme et atterrit miraculeusement dans la maison de campagne de sa tante… Il avance comme mu par une force superieure et absurde qu'il renonce a comprendre.
Si au debut le narrateur ne supporte pas sa condition infantile, il s'en accommode peu a peu et arrive meme a en tirer avantage aupres de la famille Lejeune (sa famille d'accueil) ou de sa tante, qui lui glisse des bonbons dans les poches. En outre, les adultes qu'il croise (l'educateur Pimko, le couple Lejeune ou sa famille aristocrate) finissent invariablement par adopter une attitude infantile une fois le vernis social ecorche.
Une autre particularite du roman est que, a deux reprises (chapitres intitules ≪Philidor double d'enfant≫ et ≪Philibert double d'enfant≫), l'auteur introduit au milieu de son ouvrage des recits sans lien apparent avec l'histoire.
Les exploits de Kowalski sont a la fois comiques et erotiques. En cela le modernisme est plus proche du
dadaisme
et des
Marx Brothers
que de
T. S. Eliot
ou d'
Ezra Pound
mais comporte une subtile reflexion philosophique sous-jacente.
Gombrowicz dit lui-meme de ce roman qu'il n'est pas
≪ …une satire d'une quelconque classe sociale, ni une attaque nihiliste de la culture… Nous vivons une ere de violents changements, de developpements acceleres dans laquelle les formes acquises se cassent sous la pression de la vie… la necessite de trouver une forme pour ce qui n'est pas mur, ni cristallise mais encore sous-developpe, aussi bien que le grognement que genere l'impossibilite de trouver ce postulat, voila le moteur principal de mon livre. ≫
Plus que tout, ce roman est une celebration du langage, plein de
neologismes
, de pastiches et de jeu linguistique (le ≪ culcul ≫ et la ≪ culcultisation ≫ par exemple).
L’ecrivain y mene a la fois le proces de la culture et de l’enseignement qu'il designe comme une volonte de ≪ culcultiser ≫ les enfants, de les rendre inoffensifs, mignons et bebetes. Gombrowicz s'en prend egalement au progres technique et industriel qui maintient selon lui l’homme dans un etat d’infantilisme et d’abetissement. Il pointe sous le modernisme des Lejeune une volonte artificielle de se distinguer des autres, d'etre en avance sur son temps puisqu'il est obligatoire dorenavant ≪ d'etre moderne ≫.
- Ferdydurke
, realise par
Jerzy Skolimowski
, est un
film britannique
, polonais, francais (1991).
Comedie dramatique
. Duree :
1
h
36
. Avec
Iain Glen
,
Fabienne Babe
,
Judith Godreche
,
Robert Stephens
,
Crispin Glover
. Jerzy Skolimowski estime lui-meme qu'il s'agit d'un mauvais film, en particulier car pour lui la force de Gombrowicz vient du langage et ne peut etre traduite en image. En outre le film est en anglais et, toujours d'apres le
realisateur
, cet ecrivain est intraduisible en anglais et
≪ passe mieux en francais
[
2
]
≫
- ↑
≪
Titre - Witold Gombrowicz
≫, sur
witoldgombrowicz.com
(consulte le
)
- ↑
≪ Interview de Jerzy Skolimowski ≫, entretien realise par Alain Keit, Alicja Korek et Marcos Uzal dans
Jacques
Deniel
, Alain
Keit
et Marcos
Uzal
,
Jerzy Skolimowski : Signes particuliers
, Gennevilliers/Crisnee (Belgique), Yellow Now,
, 256
p.
(
ISBN
978-2-87340-321-8
)
,
p.
114
- (fr)
≪
Ferdydurke
≫
, presentation et etude du roman sur le site
gombrowicz.net
.