Frederic Mompou i Dencausse
, ne le
a
Barcelone
et mort le
dans la meme ville, est un
compositeur
et
pianiste
espagnol
.
Frederic Mompou est ne a
Barcelone
le
[
1
]
, dans une Barcelone artistique et industrielle en pleine mutation, que ce soit en poesie (
Sagarra
), en architecture (
Gaudi
) ou en peinture (
Picasso
,
Miro
)
[
2
]
. Il etudie le
piano
a Barcelone, au
conservatoire du Liceu
avec le professeur Pedro (Pere) Serra
[
1
]
. Il donne son premier recital en 1908
[
3
]
. C'est en
1909
, a la suite d'un concert donne par
Gabriel Faure
, qu'il decide de devenir
compositeur
[
4
]
.
Son premier contact avec les etudes musicales est difficile. En 1911, il arrive a
Paris
avec une lettre de recommandation d'
Enrique Granados
afin d'entrer au conservatoire, alors dirige par
Gabriel Faure
, afin d'etudier principalement la composition. Mais sa timidite le pousse a s'enfuir avant son tour. Il s'engage alors comme auditeur libre au conservatoire et assiste aux lecons de
Louis Diemer
(piano) et
Emile Pessard
(composition), qu'il juge trop formel et incapable de rendre possible son epanouissement
[
5
]
.
Il se presente ensuite a
Isidor Philipp
, qui le recommande a Ferdinand Motte-Lacroix, avec qui une amitie reciproque va s'etablir. Parallelement, il prend des lecons d'
harmonie
avec
Marcel Samuel-Rousseau
, mais, la encore, l'enseignement trop rigide le rebute et il decide de ne pas continuer dans cette direction
[
6
]
.
En 1913, le
service militaire
le contraint a rentrer a Barcelone, ou il reste jusqu'en 1920. C'est a cette periode qu'il compose ses premieres œuvres pour piano :
Impresiones intimas
,
Cants Magics
,
Scenes d'Enfants
,
Pessebres
,
Suburbis
,
Fetes lointaines
,
Charmes
,
Trois variations
et
L'Hora grisa
[
1
]
et la premiere ≪ chanson et danse ≫. C'est egalement durant cette periode que ses idees esthetiques prennent forme. Il s'oppose au ≪ cerebralisme ≫ et cherche la clarte, le naturel, la sincerite et le depouillement. Il utilise beaucoup de quintes repetees au caractere
primitiviste
[
7
]
.
Il revient a Paris en 1921, ou il donne sa premiere audition le 15 avril. Le jour suivant voit la publication d'un article enthousiaste d'
Emile Vuillermoz
[
8
]
dans
Le Temps
. En
1923
, il s'installe a Paris ou il restera jusqu'en 1941 sans pour autant changer son mode de vie ni mener une existence mondaine. Il est cependant en relation avec la ≪ haute societe ≫ et des personnalites des arts et des lettres comme
Paul Valery
, dont il utilisera les textes dans certaines de ses compositions
[
9
]
, ou
Heitor Villa-Lobos
,
Francis Poulenc
et
Darius Milhaud
[
10
]
.
Durant ce sejour, sa production se ralentit
[
11
]
, mais il compose neanmoins les
Chansons et danses
n
o
1 a 4, les
Preludes
n
o
1 a 6,
Dialogues
,
Souvenirs de l'Exposition
, Variations sur un theme de Chopin,
Canconeta incerta
,
Trois comptines
et
Quatre melodies
[
1
]
.
En 1941, il retourne definitivement a Barcelone ou il termine son œuvre
[
1
]
a la suite d'une nouvelle periode de creation
[
12
]
liee notamment a sa rencontre avec la pianiste catalane
Carmen Bravo
[
13
]
, qu'il epousera en 1957. En 1978, une
hemorragie cerebrale
le contraint a cesser de composer. En 1980, il recoit la
Medaille d'or du merite des beaux-arts
par le
Ministere espagnol de l'Education, de la Culture et des Sports
[
14
]
.
Federico Mompou meurt le
[
15
]
a l'age de 94 ans. Son epouse meurt en 2007.
Sa musique est principalement dediee au piano. Son ecriture parcimonieuse se situe a l'oppose de la musique grandiose de
Richard Wagner
, mais plutot dans les traces de
Johannes Brahms
et
Cesar Franck
[
16
]
, et des
nationalismes
musicaux
russes
(comme
Alexandre Scriabine
qui fascinait Mompou
[
17
]
) et espagnols (demarres par
Felipe Pedrell
, musicologue du folklore, puis repris par
Enrique Granados
,
Manuel de Falla
et
Isaac Albeniz
[
18
]
).
Claude Debussy
et ses
dissonances
[
19
]
ainsi que
Maurice Ravel
[
20
]
et
Erik Satie
[
21
]
ont egalement eu une influence importante. Tout comme eux, il n'aime pas le developpement
[
22
]
et le remplissage. Cependant, il ≪ fuit le plus possible l'impressionnisme ≫
[
23
]
, bien que ses pieces composees de 1914 a 1921 aient conduit Emile Vuillermoz a le surnommer ≪ le Debussy espagnol ≫
[
24
]
.
Il ne se definit pas comme un compositeur, mais comme un musicien
[
11
]
. Il refuse la
musique atonale
et la
musique serielle
a la mode dans les
annees 1940
et popularisees par
Arnold Schonberg
[
25
]
. Au contraire, il compose une musique intimiste de maniere instinctive, avec comme ideal esthetique le critere de
beaute
[
26
]
. Il se decrit egalement comme un ≪ primitif ≫, et n'hesite pas a supprimer les
armatures
et les
barres de mesure
[
24
]
.
Roger Prevel dit de lui qu'il est
≪ sans doute le plus grand musicien espagnol depuis
Manuel de Falla
[
27
]
. ≫
, et que sa musique est
≪ aussi coloree que reduite a l'essentiel
[
28
]
. ≫
Vladimir Jankelevitch
quant a lui releve plusieurs points communs avec la musique de
Deodat de Severac
, en particulier la presence d'
accords avec sixte ajoutee
[
29
]
ou le theme des
paysages
[
30
]
. Sa musique joue beaucoup avec la resonance des
harmoniques
qui degagent les
fondamentales
[
31
]
.
Les grands-parents maternels de Mompou, originaires de
Tarbes
, etaient
fondeurs de cloches
[
32
]
. On retrouve dans son œuvre de nombreuses allusions a ce theme, comme dans ≪ La fontaine et la cloche ≫, ≪
Musica callada
≫ (numeros 5, 8 et 9) ou encore dans le dernier ≪ charme ≫, ≪ Pour appeler la joie ≫
[
33
]
.
Les
Impresiones intimas
sont les premieres œuvres composees par Frederic Mompou, entre
1911
et
1914
[
34
]
, lors de son premier sejour a Paris. Elles sont caracterisees par l'utilisation de la
transposition
pour eviter la monotonie
[
35
]
. On peut y distinguer l'influence d'Erik Satie, particulierement dans
Secreto
[
24
]
.
La premiere, intitulee initialement
Adeu
(≪ Adieu ≫) a ete renommee
Planys
(≪ Plainte ≫), est composee d'un theme unique expose trois fois avec des variations, et ne comporte pas de
barres de mesure
, contrairement aux pieces suivante du meme recueil. Les trois pieces suivantes portent le meme nom et sont suivies de
Pajaro triste
(≪ Oiseau triste ≫), inspiree par l'histoire d'un
chardonneret
,
La Barca
(≪ La barque ≫), rappelant ≪ le balancement sans vehemence d'une embarcation
[
36
]
≫ selon Roger Prevel, puis
Cuna
(≪ Berceau ≫), une berceuse,
Secreto
, une danse obstinee, et finalement
Gitano
, qui est la seule piece du recueil a utiliser le folklore meridional, et est inspiree d'un accident de voiture sans gravite avec un vieil homme bon et resigne
[
37
]
.
Les
Pessebres
(≪ Creches ≫), composees de 1914 a 1917
[
34
]
, decrivent une tradition catalane semblable aux
santons de Provence
. Les trois pieces, constituees d'inflexions modales, sont assez homogenes. La ≪ Danse ≫, soutenue et vive, evoque un motif populaire, alors que le
Pastor
(≪ Berger ≫) est un personnage de la creche qui avance ≪ d'un pas mesure [vers] un lieu reposant. ≫ Finalement, l'≪ Ermitage ≫ est serein et contemplatif, laissant deviner des sons de cloches
[
38
]
.
Mompou a compose les
Scenes d’enfants
entre 1915 et 1918
[
34
]
pour ≪ eterniser ses promenades d'autrefois
[
39
]
. ≫ Reminiscences de chansons populaires catalanes, elles sont divisees en trois parties : ≪ Cris dans la rue ≫, ≪ Jeux sur la plage ≫ et ≪ Jeunes filles au jardin ≫
[
40
]
, evoquant un monde ludique
[
41
]
.
Dans ≪ Cris dans la rue ≫, on retrouve trois themes populaires : un mouvement perpetuel rigoureux et obsedant, une chanson des rues et finalement une valse lente sur la melodie populaire
Filla del Marxant
. Jeux sur la plage
I
,
II
et
III
evoquent des appels et des balles lancees sur une plage. Finalement, ≪ Jeunes filles au jardin ≫, reprenant le theme
Filla del Marxant
, evoque un pas de danse en revant d'un
prince charmant
. Elle est inspiree par un souvenir de Mompou : une balade en montagne dans le lit d'un torrent. En haut du ravin, un mur, derriere lequel il imaginait l'existence du jardin et des jeunes filles. Plus tard, l'auteur decouvrira un jardin romantique du
XIX
e
siecle
[
42
]
.
Jeunes filles au Jardin
, avec
La Rue, le Guitariste et le vieux Cheval
(extrait de
Suburbis
) a ete enregistre en mars 1930 par
Magda Tagliaferro
. C'etait le premier disque consacre aux œuvres de Mompou (pour Gramophone P855). Plus tard, en 1935,
Jeunes Filles au Jardin
est l'objet d'une Cinephonie, realisee par
Dimitri Kirsanoff
. Les interpretes sont Magda Tagliaferro, piano, et Clotilde Sakharoff, danse.
Les
Scenes d’enfants
ont ete
orchestrees
en
1936
par
Alexandre Tansman
, ami fidele de Mompou. La piece
Jeu
a egalement ete
transcrite
pour
violon
par
Joseph Szigeti
et jouee par le
Royal Ballet
de
Covent Garden
[
43
]
.
Suburbis
(1916-1917
[
34
]
), l'un des ouvrages les plus connus de Mompou, represente les
faubourgs
de
Barcelone
au debut du
XX
e
siecle tout comme les
Scenes d'enfants
et est ecrit sans
barres de mesure
.
El carrer, el Guitarrista i el Vell Cavall
(≪ La rue, le guitariste et le vieux cheval ≫) est inspire par l'image et les sons d'un quartier ouvrier. Viennent ensuite les ≪
Gitanes
≫
I
et
II
, evoquant probablement ses amies gitanes la Fana et la Chatuncha
[
43
]
; puis
La Cegueta
(≪ La petite aveugle ≫) dont le theme est involontairement analogue a la danse
Portant et Pila a Balco
du
Xiquet de Valls
. Finalement,
L'Home de l'Aristo
(≪ L'Homme a l'
ariston
≫), evoque une sorte d'
orgue de barbarie
desaccorde joue par un mendiant lorsque Mompou etait adolescent, sur un rythme de
habanera
, danse populaire
cubaine
[
44
]
.
Suburbis a ete
orchestre
en
1936
par
Manuel Rosenthal
, a la suite d'un recital donne par Magda Tagliaferro
[
43
]
.
La serie des
Cants magics
a ete ecrite entre 1917 et 1919. Il s'agit de la premiere œuvre de Mompou a etre publiee, des 1920, par Francisco Marti de l’
Union Musical de Barcelona
grace a Augustin Quintas, malgre son style non conformiste caracterise par l'absence de barre de mesure et l'utilisation de deux ou trois portees. Elle est dediee a F. Motte-Lacroix, le maitre de Mompou, qui fut immediatement enthousiasme et le presenta a Emile Vuillermoz, critique du journal ≪
Le Temps
≫. Mais Mompou, toujours trop timide, reprend le train pour Barcelone, trop embarrasse par la perspective d'une interview
[
45
]
.
Le style des
Cants magics
est
primitiviste
, avec de nombreux accords prolonges
[
46
]
.
Ecrites en 1920
[
34
]
, peu avant son retour a
Paris
, les ≪ Fetes lointaines ≫ sont, selon Prevel,
≪ une des plus belles œuvres de Mompou ≫
[
47
]
. Il s'agit de six danses non titrees, de diverses rapidites de mouvement, raffinees et ecrites avec une grande economie de moyens.
Dediees a Emile Vuillermoz et
Ricardo Vines
, les six courtes pieces composant ≪ Charmes ≫ ont ete ecrites entre 1920 et 1921
[
34
]
, en reference aux poemes de
Paul Valery
[
24
]
. Selon leur compositeur, il s'agit d'≪ une forme primitive d'incantation ≫ dans laquelle il cherche a detruire toute idee de composition. Aucune ne dure plus de deux minutes
[
48
]
. Elles sont comparables aux six
epigraphes antiques
de
Claude Debussy
[
30
]
.
Le premier ≪ charme ≫ s'intitule ≪ Pour endormir la souffrance ≫. Le deuxieme, ≪ Pour penetrer les ames ≫, se termine par un son de cloche. Le troisieme, ≪ Pour inspirer l'amour ≫ est tres delicat et rappelle ≪ Jeunes filles au jardin ≫. Dans le quatrieme, ≪ Pour les guerisons ≫, les nombreux trilles se transforment progressivement en un champ elegiaque sur fond de marche funebre. Le cinquieme s'intitule ≪ Pour evoquer l'image du passe ≫ et est dansant et seducteur. Finalement le sixieme et dernier charme, ≪ Pour appeler la joie ≫, est jubilatoire, empli de gazouillis et frolements d'ailes
[
49
]
.
Les ≪ Trois Variations ≫ (1921) autour d'un theme personnel de Mompou sont dediees au pere de Mompou
[
50
]
. La premiere variation est intitulee ≪ Les soldats ≫ et un souvenir du pere de Mompou qui l'emmenait a une messe dans laquelle des soldats jouaient de la
trompette
lorsqu'il etait petit.
La deuxieme s'intitule ≪ Courtoisie ≫ alors que la derniere variation, ≪ Nocturne ≫, s'appelait d'abord
El sapo
(≪ Le crapaud ≫) puis
La rana
(≪ la grenouille ≫) et evoque un nocturne de Chopin, faisant entendre un animal nocturne,
crapaud
,
grenouille
ou
chouette
, ≪ irreel mais qui existe ≫ selon Antonio Iglesias. L'œuvre est de proportion reduite et comporte des indications inspirees d'
Erik Satie
, comme ≪ repetez, je vous prie ≫ a la place des
barres de reprise
[
51
]
.
Les
Canciones y Danzas
[
52
]
ou
Cancons i danses
[
34
]
, composees entre
1921
et
1962
, sont caracterisees par une grande unite. Elles restituent (sans le transcrire
[
24
]
) le
folklore
catalan
, mais contiennent aussi quelques themes originaux. Chaque chanson, elegiaque et parfois melancolique, est suivie d'une danse plus vive
[
53
]
.
Le compositeur a dedie a la guitare une treizieme piece et la quatorzieme, de nouveau pour le piano, a ete publiee en 1980.
Mompou a compose les ≪ 12 Preludes ≫ entre
1927
et
1960
. Au contraire des ≪ Chansons et danses ≫, ils n'ont aucun rapport aux traditions populaires, mais on y trouve des traces de
romantisme
[
63
]
. Contrairement a ce qu'indique leur nom, il s'agit de pieces de caractere independant, comme Chopin ou Debussy ont pu en ecrire
[
51
]
.
Le premier cahier a ete ecrit entre
1927
et
1928
[
51
]
:
- Le
1
er
, dedie a
Manuel Rocamora
≪ Dans le style de romance ≫ est noble, grave et serein
[
63
]
, serenate triste de style
italien
qui s'est initialement intitule
Una ventana con luz
(≪ Une fenetre avec de la lumiere ≫). Son style est proche de celui de
Chopin
[
51
]
.
- Le
2
e
, dedie a
Luis Duran i Ventosa
devait au depart faire partie des
Suburbis
sous le titre du ≪ Marchand des rues ≫
[
64
]
. Il evoque une comptine espagnole et le compositeur indique de le jouer ≪ energiquement ≫, ce qui contraste fortement avec le numero precedent
[
51
]
.
- Le
3
e
, dedie a la baronne Robert
de Rothschild
est une melodie lente avec un accompagnement vif
[
64
]
a jouer ≪ lentement et [de maniere] tres expressi[ve]
[
51
]
. ≫
- Le
4
e
est une ronde enfantine catalane inspiree du
Cantique des cantiques
[
64
]
de rythme archaique autour d'un ≪ Lent ≫ central religieux
[
51
]
.
Le deuxieme cahier a ete ecrit entre
1930
et
1951
[
51
]
:
- Le
5
e
est, selon Robert Prevel, ≪ l'art de Mompou dans ses plus hauts moments
[
64
]
. ≫ L'≪ animato ≫ central rappelle un souvenir nostalgique de
Catalogne
alors que Mompou reside a
Paris
[
51
]
.
- Le
6
e
est compose pour la main gauche seule
[
65
]
avec une economie de moyens caracteristique et une des plus grandes forces d'expression de toute l'œuvre de Mompou selon Antonio Iglesias, autour d'un theme bien developpe et un
rubato
triste et melancolique
[
51
]
.
- Le
7
e
, de 1951, dedie a
Alicia de Larrocha
[
24
]
, s'intitule ≪ Palmier d'etoiles ≫ et forme un bouquet de
feu d'artifice
[
65
]
.
- Le
8
e
, ≪ con lirica espressione ≫ est une composition
polyphonique
et
contrapunctique
plus formelle que ce que Mompou realise habituellement, ou les voix dialoguent et
modulent
sans effort
[
65
]
,
[
51
]
.
- Le
9
e
est similaire au precedent
[
65
]
mais rappelle Chopin ou
Scriabine
dans son chromatisme
[
51
]
.
- Le
10
e
est tres court, intense
[
65
]
et expressif. Sa structure libre rappelle Chopin
[
51
]
.
- Le
11
e
(qui etait originellement le
7
e
et fut donc sans doute compose entre 1930 et 1943, fut dedie a
Alicia de Larrocha
pour son mariage en 1950; cette derniere le crea le 6 novembre 1950 au Casal del Metge a Barcelone. Il y fit quelques variantes apres la creation, et quand la pianiste lui demanda quelle version elle devait finalement choisir, le compositeur lui dit en riant,
l'une pour les week-ends, et l'autre pour le reste de la semaine !
[
66
]
Ce prelude est le seul a ne pas avoir ete enregistre par l'auteur.)
- Le
12
e
en sol mineur fut ecrit en
1960
et dedie au docteur Fidel Saval. Son theme est dessine autour d'un intervalle de
septieme
[
51
]
.
≪ Souvenirs de l'Exposition ≫ est une œuvre commandee par Marietti des editions Max Eschig en
1937
a la suite de l'
exposition specialisee de 1937
a
Paris
en hommage a
Marguerite Long
. Elle se compose de quatre morceaux : ≪ Entree ≫, ≪ Tableau de statistiques ≫, ≪ Le Planetaire ≫ et ≪ Pavillon de l'elegance ≫. Elle apparait aux cotes d'œuvres de
Tcherepnine
,
Martinu
,
Rieti
,
Honegger
,
Halffter
,
Tansman
,
Mihalovici
et
Harsanyi
[
67
]
.
La partie de Mompou est divisee en quatre numeros ironiques, suggestifs et elegants. Apres l’
Entree
, qui represente le portique d'entree dans la foire, le
Tableau de statistiques
traduit en musique les chiffres de la production d'acier, de betail, etc., que toute exposition mondiale se doit de presenter. Le troisieme numero,
La planetaire
reflete la voute sur laquelle le monde astral en mouvement est projete dans le
planetarium
. Finalement, le
Pavillon de l'elegance
rappelle un
defile de mode
avec son motif lyrique initial, puis des chiffres encore, comme dans le
Tableau de statistiques
, mais ceux de la
soie
ou du
coton
cette fois-ci ; avant de finir sur obsedante cadence de notes graves, on revient brievement au defile de mannequins
[
51
]
.
Compose entre
1938
environ et
1957
[
68
]
, les variations sont ecrites autour du theme du
7
e
prelude de Chopin
en
la
majeur. Au depart, il devait s'agir de variations pour
violoncelle
et piano, ecrites avec le violoncelliste espagnol
Gaspar Cassado
. Mais le projet ne voit jamais le jour, et dans un premier temps seuls quatre fragments (
I
,
II
,
III
et
V
) sont ecrits. Mais en
1957
, le
Royal Ballet
du
Covent Garden
de Londres lui propose d'ecrire un
ballet
autour de ces variations. Il les ecrit pour piano, ≪ dans l'idee qu'un jour elles pourraient etre transformees en ballet
[
51
]
. ≫
Contrairement aux trois variations de 1921, dans lesquelles le theme n'etait pas modifie, les variations sur un theme de Chopin modifient et transforment le motif de diverses manieres. On trouve des variations brillantes ou plus emotives, des rythmes de
valse
(n
o
IX
) ou de
mazurka
(n
o
V
), dans un rythme ternaire (celui du theme) ou binaire. Le theme est suivi de douze variations et d'un epilogue lent
[
51
]
:
Le recueil des
Paisajes
(≪ Paysages ≫) est un recueil de trois pieces ecrites entre
1942
et
1960
[
69
]
:
- La fuente y la campana
(≪ La fontaine et la cloche ≫) a ete inspire par une soiree que Mompou a passee avec sa fiancee pres de la
cathedrale
de
Barcelone
[
69
]
;
- El lago
(≪ Le lac ≫) evoque un lac agite, le chant des grenouilles et le bourdonnement d'un
angelus
[
70
]
;
- Carros de Galicia
(≪ Chariots de
Galice
≫), plus tardif, evoque le grincement des roues d'attelages primitifs
[
70
]
.
La
Musica callada
(en francais ≪ Musique tue ≫, ≪ Musique silencieuse ≫ ou ≪ Musique du silence
[
24
]
≫) est un recueil de vingt-huit pieces, reparties en 4 cahiers et composees entre
1959
et
1967
. Elles ont ete inspirees par les vers du
Canto espiritual entre el alma y Cristo su Esposo
de
Saint Jean de la Croix
:
≪
La musica callada
La soledad sonora…
≫
|
|
|
≪ La musique tue
La solitude sonore… ≫
|
Ces pieces contiennent, selon l'auteur, ≪ l'essentiel de [sa] conception esthetique ≫. Il s'agit en quelque sorte d'un resume de sa pensee musicale, exaltant les possibilites expressives du piano mais sans superflu. Elles traduisent les sentiments les plus profonds de l'auteur et, selon lui, sont sa reussite la plus complete, l'œuvre etant exactement comme il souhaitait qu'elle soit
[
71
]
. Elles sont d'une grande concision et d'une brievete qui est une forme d'ascetisme
[
22
]
. Selon
Francois-Rene Tranchefort
, elles representent le
chef-d'œuvre
du compositeur
[
24
]
.
- Cancion de cuna
(1951)
[
34
]
- Les
Dialogues
sont deux pieces romantiques sans titre specifique
[
11
]
ecrites en 1923 a la maniere d'
Erik Satie
, avec de nombreuses indications comme ≪ sans espoir ≫, ≪ suppliant ≫, ≪ expliquez ≫, ≪ questionnez ≫, ≪ repondez ≫, ≪ hesitez ≫ ou ≪ donnez des excuses ≫. Il s'agit d'un dialogue de Mompou avec lui-meme. Dans le premier dialogue, une des phrases preferees du compositeur est interrompue par un signe d'interrogation, alors que le deuxieme est plus tendre, virtuose et passionne, et difficile techniquement
[
51
]
.
- Sur la pointe des pieds
(1962)
[
34
]
Pastoral
, la ≪ Pastorale pour orgue ≫ a ete composee en
1972
. Elle est separee en deux mouvements : le premier est serein et pastoral alors que le second provient d'une danse populaire catalane. L'auteur indique qu'il aurait pu s'agir d'une des ≪ chansons et danses ≫
[
72
]
.
Deux pieces pour
guitare
ont ete composees par Mompou. La
Suite compostelana
, ecrite en (
1962
), est dediee a
Andres Segovia
.
La
Canco i dansa
n
o
13 a quant a elle ete composee en
1972
. Comme les
Cancons i danses
pour
piano
, elle est composee d'une chanson (
El cant dels ocells
) suivie d'une danse (
El bon cacador
)
[
34
]
.
Les pieces pour piano et voix ont ete ecrites par Mompou durant toute sa carriere. La premiere,
L'Hora grisa
, date de
1915
. Le piano ne tient pas le role d'accompagnement, mais il est integre a la voix de maniere homogene et mettent en valeur la beaute de la voix et la qualite de l'interpretation plutot que la tessiture du chanteur ou de la chanteuse. L'
harmonie
est semblable aux pieces pour piano, meme si les modulations sont plus developpees
[
73
]
.
L'Hora grisa
est la premiere œuvre vocale ecrite par Mompou, en
1915
sur les paroles de
Manuel Blancafort
. Elle evoque des bruits de cloches
[
74
]
.
Le ≪ Combat du reve ≫ (
Combat del somni
), compose entre
1942
et
1948
sur des poemes pudiques et poignants de Josep Janes, a la preference de Roger Prevel
[
75
]
. Les trois premiers poemes ont ete transcrits pour
voix et orchestre
en
1965
[
43
]
.
- Damunt de tu nomes les flors
(≪ En dessus de toi rien que les fleurs ≫) est un chant d'amour a l'accompagnement elabore
[
76
]
. ≪
Francis Poulenc
au comble de l'emotion en fit, dit-on, trisser l'execution
[
43
]
! ≫
- Aquesta nit un mateix vent
(≪ Cette nuit la un meme vent ≫), presque vehement, est d'une violence contenue
[
76
]
.
- Jo et pressentia com la mar
(≪ Je te pressentais comme la mer ≫) dans lequel le murmure du piano fait penser a des vagues
[
76
]
.
- Fes-me la vida transparent
(≪ Rends-moi la vie transparente ≫) est constitue d'harmonies limpide et tres expressif<
[
76
]
.
- Ara no se si et veig, encar
(
1948
[
34
]
)
Becquerianas
a ete compose en
1971
sur six des poemes romantiques andalous
Rimas
de
Gustavo Adolfo Becquer
:
- El cielo y la tierra me sonrien
(≪ Le ciel et la terre me sourient ≫) ;
- Yo se cual el objeto de tus suspiros es
(≪ Je sais quel est l'objet de tes soupirs ≫) ;
- Los invisibles atomos del aire
(≪ Les atomes invisibles de l'air ≫) ;
- Yo soy ardiente, yo soy morena
(≪ Je suis ardente, je suis brune ≫) ;
- Volveran las oscuras golondrinas
(≪ Elles reviendront les noires hirondelles ≫) ;
- Olas gigantes
(≪ Vagues geantes ≫).
Mompou utilise une tessiture de voix plus etendue que dans ses œuvres vocales precedentes
[
77
]
.
- Combat del Somni
est une transcription des trois premiers poemes de
Combat del Somni
pour piano et voix datant de
1965
[
34
]
. L'orchestration ajoute une dimension tragique a la version originale plus depouillee, similaire a l’œuvre de
Mahler
[
43
]
.
- Los improperios
est un oratorio pour
baryton
chœur
et
orchestre
commande en
1963
par le festival de musique religieuse de
Cuenca
, pour mettre en musique le rituel chretien des
improperes
du
vendredi saint
. Le texte en
latin
relate la souffrance du
Christ
et ses reproches d'ingratitude au peuple. D'une duree d'environ
30 minutes
, il montre que Mompou est capable de produire un ouvrage de dimension importante et pas uniquement intimiste ou pianistique, bien que celui-ci ait dementi avoir voulu depasser ses compositions precedentes, et affirmait habituellement etre incapable d'immaginer des sons sur commande. La premiere version a ete jouee le
par l'Orchestre symphonique de la
Radio Television espagnole
, la Capilla Clasica Polifonica et Roberto Torres, et une seconde version a ete orchestree en
1968
. Roger Prevel le designe comme ≪ le plus bel
oratorio
ecrit en Espagne dans cette moitie de siecle ≫, ne pouvant etre compare qu'au
Stabat Mater
de
Francis Poulenc
et a la
Messe
d'
Igor Stravinsky
[
81
]
,
[
43
]
.
- Cinq chansons
(
1973
) est une œuvre pour voix, ensemble a cordes et instruments a vent sur les poemes de
Paul Valery
≪ La Fausse Morte ≫, ≪ L'Insinuant ≫, ≪ Le Vin perdu ≫, ≪ Le Sylphe ≫ et ≪ Les Pas ≫. Musique et poesie sont parfaitement meles, atteignant l'ideal de
Musica callada
[
82
]
.
- L'Ocell Daurat
(
Cantata infantil
[
34
]
,
1971
[
84
]
), ≪ L'oiseau dore ≫ en francais, est une cantate pour chœurs d'enfants composee a partir d'un
conte
catalan, dans lequel figurent des personnages tels que le Roi, le fileur, le tisserand, le tailleur ou les medecins, au cote de l'oiseau
[
85
]
.
En 2006 a ete creee par la pianiste Carmen Bravo, veuve du compositeur, entre autres personnes, la
Fondation Frederic Mompou
ayant pour but la diffusion de l'œuvre du compositeur. En 2008, la Fondation a rendu publiques une quarantaine de pieces pour le piano encore inedites, composees entre 1911 et 1920, ainsi que quelques pieces des annees 1940.
En 2001,
George Mraz
,
Richie Beirach
et
Gregor Hubner
(de)
sortent un disque intitule
Round about Mompou
ou ils reinterpretent certaines pieces de
musica callada
dans un style
jazz
au piano, au
violon
et a la
basse
[
86
]
.
- Mompou a interprete une partie de ses propres œuvres en 1974, au
Casino de l’Alianca del Poblenou
, Barcelone, publie chez
Ensayo
[
34
]
(reed. 4 CD
Brilliant Classics
6515).
- L'integrale de l’œuvre pour piano a ete enregistree par
Josep Colom
(Mandala/
Harmonia Mundi
(
OCLC
32519447
)
), Antoni Besses, Miquel Farre (Audio-visuels de Sarria)
[
34
]
,
Jordi Maso
(
Naxos
) et
Adolf Pla
(4CD
La ma de guido
(
OCLC
829706151
)
).
- Les
Cancons i danses
, ont ete interpretees en particulier par
Alicia de Larrocha
(
RCA Records
)
[
34
]
.
- Gonzalo Soriano et Carmen Bravo (epouse du compositeur), interpretent diverses pieces de Mompou (EMI 7 64470 2).
- La melodie
Damunt de tu
, a ete chantee par
Jose Carreras
(
Philips
) et
Victoria de los Angeles
(
EMI
)
[
34
]
.
- Musique pour piano
:
Cancion y danza
,
Prelude
,
Charme
,
Cants magics
-
Stephen Hough
, piano (22-23 juillet 1996,
Hyperion Records
)
(
OCLC
54886563
)
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Gramophone Award
1998.
- Volodos joue Mompou
-
Arcadi Volodos
(2011,
SACD
Sony)
(
OCLC
892963298
)
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Gramophone Award
, categorie ≪ Instrumental ≫, 2014.
- Cancons i Danses ; Paisajes ; Scenes d’enfants
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Luis Fernando Perez
, piano (1-3 decembre 2016, Mirare MIR 364)
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