Antoine Barcelo
Antonio Barcelo
|
Portrait de don Barcelo conserve au
Museo Naval de Madrid
, copie (1848) d'un original du
XVIII
e
siecle
expose a la mairie de
Palma de Majorque
. Il represente Antoine Barcelo avec
baton
(symbole d'autorite) a la main droite,
tricorne
sous le bras gauche, epee au cote, medaille de l'
Ordre de Charles III
epinglee au revers de son uniforme de general. En haut a gauche, le
blason familial de don Barcelo
(
Barcelo
, branche des Baleares) ; en bas, le blason de la ville de Palma de Majorque.
|
|
Surnom
|
≪ La Terreur des Africains ≫
[
1
]
≪ El Capita Toni ≫
[
2
]
(aux Baleares, lit.
Le Capitaine Toine
)
≪ Barcelo, le
Jean-Bart
de l'Espagne. ≫
[
3
]
|
Naissance
|
Palma de Majorque
,
iles Baleares
,
Espagne
|
Deces
|
(a 79 ans)
Palma de Majorque, iles Baleares, Espagne
|
Origine
|
Espagnol
|
Allegeance
|
Royaume d'Espagne
Royaume d'Espagne
Royaume d'Espagne
|
Arme
|
Armada royale
|
Grade
|
Lieutenant General des Armees Navales
|
Annees de service
|
1738
?
1792
|
Commandement
|
Flottes expeditionnaires mediterraneennes
Corso des iles Baleares et des cotes d'Afrique
|
Conflits
|
Guerre de course
Guerre d'independance des Etats-Unis
Guerre hispano-algerienne
|
Faits d'armes
|
Siege de Gibraltar
Expeditions d'Alger (1783, 1784)
|
Distinctions
|
Chevalier de l'
ordre de Charles III
|
Hommages
|
Pantheon des marins illustres
de
San Fernando
,
Barcelo (129)
,
General Barcelo (vapeur)
,
Barcelo (371)
,
Barcelo (torpilleur)
,
USS
Barcelo
,
USS
Barcelo
,
Barcelo (P-11)
|
Famille
|
Barcelo
|
modifier
|
Antoine Barcelo
, ne a
Palma de Majorque
le
et mort le
, est un
marin
et militaire
espagnol
du
XVIII
e
siecle originaire des
iles Baleares
. Il commence sa carriere comme messager maritime de la
marine marchande
, mais son experience et son habilete lui valent de servir dans l'
Armada royale
de la
Maison Bourbon d'Espagne
, d'ou il se retire a un age avance avec le grade de
lieutenant general
, soit l'equivalent d'
amiral
[
4
]
.
Il est egalement connu, en
francais
, comme don
Antonio (de) Barcelo
[
5
]
, en
castillan
, comme
don
Antonio Barcelo y Pont de la Terra et, en
catalan
, comme don Antoni Barcelo i Pont de la Terra; voire en francais
[
6
]
,
[
7
]
,
anglais
[
8
]
, castillan
[
9
]
et
italien
[
10
]
, comme general ou amiral ≪
Barcello
/
Barcello
≫ ou, plus rarement, comme amiral ou don Antoine ≪
Barcelo
≫
[
11
]
,
[
12
]
,
[
13
]
,
[
14
]
.
Les marines espagnole et
americaine
lui ont
rendu hommage
aux
XIX
e
et
XX
e
siecles en nommant plusieurs navires d'apres son patronyme. L'amiral a egalement donne son nom a plusieurs rues de villes d'Espagne, dont
Madrid
et
Barcelone
[
15
]
, et inspire des
proverbes
[
16
]
et un
couplet
: ≪ Si le
Roi d'Espagne
en trouvait quatre comme Barcelo, Gibraltar appartiendrait a l'Espagne et non aux Anglais
[
17
]
. ≫
Dans son
Dictionnaire historique ou Histoire abregee des hommes qui se sont fait un nom
publie en 1797, le
jesuite
belge
Francois-Xavier de Feller
, qui a rapporte les actions de l'amiral dans la presse francophone de l'epoque, le surnomme ≪ Barcelo, le
Jean-Bart
de l'Espagne ≫
[
3
]
.
Il ne faut pas confondre Antoine Barcelo avec un homonyme contemporain, le capitaine Barcelo de
Dunkerque
, commandant du
lougre
L'Epervier
de l'
armateur
Lefebvre (du
26
fructidor
an III [
] au 15
pluviose
an IV [
]) et du
cutter
Le Sans Peur
arme par Degravier (du 23
floreal
an IV [
] a une date inconnue - presume perdu corps et biens)
[
18
]
. Ce corsaire francais donna son nom a la
goelette
Le Barcelo
≪ armee en course et en marchandises ≫ par
Victor Hugues
(en l'an V) et active contre la marine des
Etats-Unis
dans la
mer des Antilles
sous le
Directoire
[
19
]
.
Antoine Barcelo, marin des
Baleares
qui a obtenu l'un des plus hauts rangs hierarchiques de l'
armada espagnole
, est lui ne a Puig de Sant Pere, quartier de pecheurs et de marins situe a Palma. La demeure dans laquelle il est ne, en 1716 ou 1717 selon les sources, situee au
n
o
12
Carrer des Vi
(≪ rue du
Vin
≫), est desormais le
college
San Alfonso
des
theatins
(ordre catholique de
clercs reguliers
)
[
20
]
. La facade du
n
o
12 ne mentionne guere l'
etablissement scolaire prive
mais comporte, depuis 1967 (
regime franquiste
), une
plaque commemorative
a la memoire de son illustre habitant.
Antoine Barcelo est descendant de Pedro
Barcelo
(
XIII
e
siecle), alias
Pierre Bar
, majorquin natif de la
seigneurie de Montpellier
[
21
]
,
[
22
]
qui a participe a la
Reconquista
des Baleares avec
Jacques
I
er
d'Aragon
.
En 1737, Antoine Barcelo epouse Francisca Bonaventura, fille de don Joan Jaume, de
Calvia
. Le pere d'Antoine, Onofre Barcelo, etait lui-meme un marin, patron d'un
chebec
transmediterraneen affecte au transport de marchandises entre les
iles Baleares
et la
Catalogne
.
Le frere cadet d'Antoine, don Joseph Barcelo (ou Jose Barcelo), est lui aussi marin : il est commandant du chebec nomme, en castillan,
San Antonio
[
23
]
ou, en catalan,
Sant Antoni de Padua
(en francais
Saint-Antoine de Padoue
)
[
24
]
. Il a participe a l'operation anti-corso du
, comme l'atteste le tableau
ex-voto
de la meme date sur lequel il est represente avec son navire. Il decede a
Carthagene
(
Murcie
) le
[
24
]
.
Le neveu d'Antoine, Onofre Barcelo-Potgi (decede en 1806 a Palma), est egalement marin, patron de courrier chebec a Majorque
[
25
]
. En 1775, il rejoint la flottille des chebecs royaux de don Antoine Barcelo, puis est nomme
aspirant
(
alferez de fragata
) en 1776. Il prend part a la
guerre de course
contre les
barbaresques
, aux expeditions d'Alger et de Melilla, au siege de Gibraltar et a la conquete franco-espagnole de
Minorque
dirigee par le
duc de Crillon
en 1782, et est promu
lieutenant de vaisseau
(
Teniente de navio
). En 1794, il commande le
Sant Blai
(
Blaise de Sebaste
) durant les
operations navales contre la France
et est nomme
capitaine
. Il termine sa carriere en tant que commandant de marine a
Mahon
(Minorque).
Son autre neveu, don Franciso Barcelo, est un marin de l'Armada royale
[
26
]
et s'illustre durant la
guerre d'Espagne
(1808-1814) qui oppose l'
empire
de
Napoleon
aux Espagnols et aux Britanniques. Son principal fait d'armes a lieu en
durant le
siege de Gerone
, le neveu a alors le grade de
lieutenant de vaisseau
(
Teniente de navio
), soit
capitaine de navire
, et dirige la prise du chateau de
Montgat
en
Catalogne
. Le reduit fortifie etait alors occupe par une compagnie napolitaine
[
27
]
de la
division Lechi
[
28
]
depuis la prise de la place par le general
Guillaume Duhesme
. L'operation s'est deroulee avec le concours des capitaines de
croiseurs
britanniques mouillant a
El Masnou
et de 9 000 miliciens catalans ou ≪ territoriaux ≫ (les
somatenes
) des communes d'
Alella
,
Tiana
, Taya, El Masnou,
Vilassar
et
Premia
[
29
]
.
Le petit-fils d'Antoine, don Antoine Barcelo-Madueno, ne en
1850
a
Malaga
(
Andalousie
), epouse
dona
Dolores de Torres-Ribera et a 12 enfants
[
30
]
,
[
31
]
. Il suit des etudes dans une
grande ecole
de commerce et fonde en
1876
l'exploitation vinicole
Bodegas Barcelo y Torres
(lit. ≪ caves Barcelo et Torres ≫) specialisee dans le
negoce
de la culture et de l'exportation de
malaga
, ainsi que la fabrication de
liqueurs
et
brandys
[
30
]
,
[
31
]
. Il devient alors l'un des premiers exportateurs de vins espagnols
[
30
]
,
[
31
]
, mais ce sont ses nombreux enfants qui transforment l'entreprise familiale en multinationale, le groupe H.A.Barcelo pour
Hijos de Antonio Barcelo
(en francais, ≪ les descendants d'Antoine Barcelo ≫)
[
30
]
,
[
31
]
.
En cette epoque, l'activite de marin aux Baleares etait perilleuse du fait des frequentes incursions
barbaresques
, des pirates
algeriens
,
tunisiens
et
berberes
ecumant les cotes de la
Mediterranee occidentale
. La vitesse de croisiere et les garanties que donnait Onofre Barcelo lui permirent d'obtenir la concession du trafic de la Messagerie royale avec la
Peninsule
.
Des qu'il est assez age, le jeune Antoine embarque sur le navire de son pere, d'abord comme simple
mousse
puis comme
matelot
et enfin comme troisieme pilote (il a alors 16 ans). Peu apres, son pere Onofre meurt d'un vieillissement premature cause par ses periples prolonges en mer, et Antoine, qui n'est age que de 18 ans, doit prendre la succession.
L'annee suivante, il fait la route
Palma de Majorque
-
Barcelone
. Il essuie ses premieres attaques barbaresques, les pirates sevissant alors partout sur les cotes du
Levant espagnol
.
Sa reputation de bravoure croit parmi les gens de mer et s'accroit apres un combat l'opposant a deux
galiotes
algeriennes. Son action determinee parvient aux oreilles de la
Cour
, tant et si bien que le
roi
Philippe V
lui confere le rang d'
enseigne de fregate
le
(Antoine est alors age de 21 ans). Ce titre honorifique ne donne droit a aucune remuneration.
La
lettre patente
royale lui accordant sa nomination est redigee en ces termes :
Por cuanto en atencion a los meritos y servicios de Antonio Barcelo, patron del jabeque que sirve de correo a la Isla de Palma de Mallorca y senaladamente al valor y al acierto con que defendio e hizo poner en fuga a dos goletas argelinas que le atacaron en ocasion que llevaba de transporte a un destacamento de Dragones del Regimiento de Oran y otro de Infanteria de Africa
- Vengo a nombrar a
- Don Antonio de Barcelo,
- Alferez de Fragata de mi Real Armada
|
En consideration des merites et des services d'Antoine Barcelo, capitaine du chebec qui sert de messager maritime a l'ile de Palma de Majorque, et notamment de la valeur et du succes avec lesquels il se defendit et mit en fuite deux galiotes algeriennes qui l'attaquaient a l'occasion du transport d'un detachement de dragons du regiment d'Oran et d'un autre detachement d'infanterie d'Afrique
- J'en viens a nommer
- Don Antoine de Barcelo
- Enseigne de fregate de ma marine royale
|
Les corsaires et pirates de la
cote des Barbaresques
naviguant dans des
demi-galeres
n'hesitent pas a debarquer sur la peninsule afin d'enlever des chretiens qu'ils reduisent en esclavage
[
33
]
. Les paysans catalans sont parfois amenes a prendre les armes contre ce fleau
[
33
]
qui a conduit Espagnols, Francais, Anglais, Hollandais et Americains a bombarder Alger a maintes reprises de 1620 (Robert Mansell) a 1816 (
Lord Exmouth
). Don Antoine Barcelo acquiert la renommee a l'occasion de ses nombreuses campagnes visant a combattre le
corso
de la
regence d'Alger
; en temoigne son surnom de ≪ Terreur des Africains ≫
[
1
]
et plus tard son titre de ≪ commandant general du corso des iles Baleares et des
cotes d'Afrique
≫. Les resultats qu'il obtient durant cette guerre de course lui valent d'etre promu
lieutenant de vaisseau
(
Teniente de Navio
) en 1756
[
34
]
. Une bataille de cette annee-la est rapportee dans le tome LXXX (
) de la
Suite de la Clef ou Journal Historique sur les Matieres du Tems
[
33
]
.
≪ D'Espagne,
Don Antoine Barcelo, commandant le chebec
Le Courier de
Mayorque
, etant parti de
Barcelone
pour
Palma
, decouvrit le 13 juin entre deux et trois heures du matin sur la pointe de
Rio-Liobnegat
deux galiottes barbaresques, qui avaient les voiles serrees. Des que les galiottes l'apercurent, elles mirent leurs voiles au vent, et s'aidant en meme temps de leurs rames, elles vinrent sur lui. Lorsqu'elle furent a deux portees de canon, elles reconnurent a la manœuvre que le chebec n'etait point un
navire marchand
. Elles revirerent de bord dans le dessein de prendre la fuite. Don Barcelo gagna le vent. Un calme qui survint facilita a l'un des
corsaires
le moyen de deriver sur le chebec. Les Espagnols presenterent la
proue
a l'ennemi, qui eut son
eperon
et la
vergue
de trinquet rompus. Cet accident ne le rebuta point. Quelques-uns de ses gens sauterent avec intrepidite dans le chebec, mais ils furent sur le champ massacres. Tous ceux qui les suivirent eurent le meme sort, et les autres furent obliges de se rendre. La galiotte etait armee de deux canons et de douze pierriers. Il y avait a bord 24
Turcs
et 45
Maures
. Cinquante et un hommes de cet equipage ont ete tues a l'abordage ; et 12, du nombre desquels est le capitaine nomme Ali, ont ete blesses. Personne n'a ete tue du cote des Espagnols, et ils n'ont eu de blesses que leur
contremaitre
et 5
matelots
. Le succes de ce combat fait d'autant plus d'honneur a don Barcelo que son equipage n'etait compose que de 44 hommes, y compris 8
mousses
. On a su par le capitaine Ali que la galiotte dont on s'est empare appartenait au
dey d'Alger
. L'autre galiotte, qui a pris la fuite pendant l'action, est plus forte que celle-ci en equipage
[
35
]
. ≫
Plus tard, le
Suisse
Albert de Montet
, correspondant a
Genes
, en
Italie
, pour la
gazette
francophone
Nouvelles de Divers Endroits
, temoigne d'une autre operation anti-corso de don Barcelo (qu'il prenomme alternativement ≪ Antoine ≫ et ≪ Antonio ≫) dans les colonnes du numero du
[
5
]
:
≪ De Genes, le 11 juillet 1769
On ecrit de Barcelone que, le 19 du mois dernier a 4 heures du matin, deux galiotes maures enleverent a 4 lieues de cette ville 18 pecheurs avec leurs barques. Comme il y avait encore d'autres pecheurs le long de la cote, ces corsaires se revetirent des habillements de leurs captifs et vinrent pour se saisir de ces barques par adresse ; mais la nouvelle de leur premiere prise s'etait deja repandue dans le public. Don Antoine de Barcelo, qui commande les chebecs du roi, monta sur un de ses
batiments
et alla a leur poursuite. Il les atteignit le lendemain, les attaqua et s'empara de leurs galiotes, sur lesquelles il se trouva 40
Turcs
, 50 Maures et les 18 pecheurs. Il n'y eut personne de tue dans cette affaire. Don Antonio de Barcelo rentra dans le port de Barcelone le 25. Ces deux galiotes sont de la Regence d'Alger, d'ou, selon le rapport des gens de l'equipage, deux autres galiotes devaient mettre incessamment a la voile pour le meme objet
[
36
]
. ≫
En 1984, le Premier Congres d'histoire moderne de Catalogne (
Primer Congres d'Historia Moderna de Catalunya
) dresse un bilan des prises de don Barcelo dans le cadre de sa campagne anti-corso, bilan fonde sur les archives de la gazette espagnole
Gaceta de Madrid
[
37
]
. Voici la traduction de ce tableau :
PRISES REALISEES PAR L'ESCADRE DE CHEBECS DE DON ANTOINE BARCELO ENTRE 1762 ET 1769 D'APRES LA
GACETA DE MADRID
1762-1769
[
37
]
Date
|
Lieu
|
Modele et nationalite
|
Canons
|
Morts
|
Blesses
|
Prisonniers
|
Fugitifs
|
Livraison des prises
|
|
Salou
|
1
pinque
maure
|
10
|
14
|
5
|
-
|
-
|
Barcelone
|
|
Barcelone
|
1
londro
(en)
algerien
|
10
|
27
|
-
|
-
|
-
|
Palamos
|
|
Barcelone
|
1
galiote
algerienne
|
4
|
5
|
4
|
34
|
-
|
Barcelone
|
|
Carthagene
|
2 chebecs algeriens
|
|
2
|
2
|
100
|
-
|
Alicante
|
|
Carthagene
|
1 chebec algerien
|
|
10
|
-
|
79
|
-
|
Carthagene
|
|
Palamos
|
1 galiote algerienne
|
|
-
|
-
|
55
|
-
|
Palamos
|
|
Cabo de Gata
|
1
saetia
algerienne
|
|
6
|
-
|
-
|
18
|
Malaga
(liberation de 4
chretiens
)
|
|
Cabo de Gata
|
1 pinque algerienne
|
|
25
|
3
|
51
|
-
|
Malaga
(capture de 1
renegat
)
|
|
Majorque
-
Ibiza
|
1 chebec algerien
|
20/18 montes
|
65
|
-
|
144
|
-
|
Barcelone
(liberation de 1 captif
napolitain
,
evacuation de 5 blesses)
|
|
Detroit de Gibraltar
|
1 chebec algerien
|
24
|
-
|
-
|
-
|
250
|
|
|
Algesiras
|
1 chebec algerien
|
30
|
52
|
18
|
210
|
20
|
|
Expedition de Civitavecchia et de Corse (1767)
[
modifier
|
modifier le code
]
Le
, le roi Charles III donnait la
Pragmatique Sanction
depuis le
Palais du Pardo
a Madrid. Par ce decret il ordonnait l'expulsion des membres de l'ordre de la
Compagnie de Jesus
[
38
]
. Les
jesuites
de la ≪ Province d'Aragon ≫ etaient ainsi mis aux arrets pour etre rassembles au port de
Salou
,
province de Tarragone
d'ou devait partir une flotte chargee de les conduire en exil a
Rome
, capitale des
Etats pontificaux
[
38
]
.
Le
29 avril
, 532 religieux sont embarques a bord d'un convoi compose de 13 vaisseaux de transport, dont 2 navires marchands, et defendu par 3 navires de guerre
[
38
]
. Don Antoine Barcelo commandant l'expedition monte le navire-mere,
El Atrevido
(ou
L'Audaz
selon les versions), il est escorte par deux chebecs, le
Catalan
et
El Cuervo
[
39
]
.
Le
30 avril
a 21h00, la flotte quitte le port de Salou et se dirige vers Palma de Majorque ou elle doit egalement recueillir les jesuites expulses de l'archipel des Baleares
[
39
]
. Le
1
er
mai
, don Antoine Barcelo fait jeter l'ancre dans la baie de l'ile de
sa Porrassa
(en)
(
Magaluf
) tandis qu'un navire de transport est charge d'accoster a Palma pour embarquer les jesuites des trois colleges majorquins et de la residence d'
Ibiza
[
38
]
,
[
39
]
.
La flotte reprend la mer le
4 mai
avec pour destination le port de
Civitavecchia
,
province de Rome
[
39
]
. Le
13 mai
la flotte est accueillie dans la rade de Civitavecchia par une canonnade; en interdisant aux refugies de debarquer, le
pape
Clement XIII
, souverain des Etats pontificaux, entendait ainsi protester contre le decret du roi d'Espagne
[
38
]
. Pris au depourvu, don Antoine Barcelo demande des consignes a Charles III par messager et le
18 mai
decide de lever l'ancre pour replier la flotte en
Corse
,
Republique de Genes
[
38
]
.
Bastia
est alors choisi comme premier port d'attache provisoire mais, bien que les villageois leur fassent un bon accueil, le Recteur du college jesuite local refuse d'accueillir les exiles par crainte de represailles politiques de la part de
Louis XV de France
via ses garnisons d'
Ajaccio
,
Algajola
ou
Calvi
et la flotte doit reprendre la mer
[
38
]
.
Le
28 aout
, apres deux mois d'ordres et contre-ordres de debarquement en differents points de l'ile, don Antoine Barcelo decide finalement de debarquer les 580 religieux dans la rade du village de
Bonifacio
qui est situe a l'oppose de Bastia
[
38
]
. Le
, profitant d'un vent favorable, don Antoine Barcelo fait lever l'ancre pour retourner en Espagne en abandonnant les jesuites a leur sort
[
38
]
.
Le
, les negociations politiques tractees entre
Genes
, Rome et Madrid au sujet des exiles de Bonifacio aboutissent et ils sont finalement autorises a venir s'installer a
Ferrara
, dans les Etats pontificaux
[
38
]
. Plus tard, avec la
suppression de la Compagnie de Jesus
par le Pape
Clement XIV
le
, il est question du rapatriement des jesuites. Ce sujet est evoque par
Pierre Rousseau
dans le
Journal encyclopedique ou Universel
paru au
Duche de Bouillon
en
[
40
]
: ≪ On conclut de la qu'ils pourraient bien retourner en Espagne, et cette opinion est fondee sur la nouvelle, que don Barcelo, commandant des chebecs qui ont transporte ces religieux sur la plage de l'Etat ecclesiastique, fait equiper a Barcelone les batiments necessaires pour les reconduire dans leur patrie ≫.
Un des refugies, le pere don Pedro Montegon, rend hommage au commandant de l'expedition de 1767 en composant l'
ode
A don Antonio Barcelo. Oda XV.
[
39
]
dans un recueil publie a Madrid en 1794 et dont voici la traduction d'un extrait
[
41
]
:
≪
Barcelo, de tu fuerte nombradia / Barcelo, de ta forte renommee
Huyo el pirata moro, / A fui le pirate maure,
Ni osa su alevosia / N'ose sa traitrise
Exponerse a tu excelsa valentia. / S'exposer a ton eminent courage.
O gloriosa nobleza / O glorieuse noblesse
Con duplicados triunfos merecida ! / De doubles triomphes meritee !
≫
En 1775, il participe a l'expedition d'Alger destinee a reduire les pirates de Mediterranee et commandee par le General irlandais
Alejandro O'Reilly
.
Le debarquement tourna au desastre du fait du surnombre des assaillants mais le
capitaine de fregate
Barcelo parvint a rembarquer les troupes. Il en recevra la promotion de
Brigadier
de la marine.
Cet article decrit le role de don Antoine Barcelo au cours du
Siege de Gibraltar
. Pour une vision plus generale de la bataille, consulter l'article connexe.
Le
, le
traite d'Aranjuez
signe l'engagement de l'Espagne au cote de
son allie Bourbon francais
en soutien des
Etats-Unis
qui menent une
Guerre d'independance
contre la
Grande-Bretagne
.
Don Barcelo est nomme
chef d'escadre
de l'Armada royale et commandant general de la flotte chargee d'assieger l'
enclave
et
forteresse
strategique
britannique
de
Gibraltar
qui est situee a l'extremite
meridionale
de la
peninsule Iberique
et a proximite de la cote
marocaine
. Parti de la cote Est-
andalouse
a la tete de fregates, chebecs et galiotes, il arrive sur place en
.
La mise en place du
blocus maritime
, les forces respectives en presence et la capture du
4
e
rang
britannique
HMS
Experiment
sont decrites par le jesuite belge Francois-Xavier de Feller (
S.J.
) dans la revue francophone
Journal historique et litteraire
de
(
p.
43-44
)
[
42
]
≪ MADRID (le 27 juillet 1779.)
[…] On ecrit de
Cadix
, que le gouverneur de la place y refusait depuis le 3 de ce mois, des lettres de sante aux capitaines de navires, sans exception de nations; ce qui arretait le depart des vaisseaux; mais comme ce refus se fait par des raisons particulieres, et s'etend meme sur les navires espagnols, on a lieu de croire qu'il ne sera pas de duree. Les navires qui sont partis de
Carthagene
pour se rendre a Cadix, sont arrives le 11 de ce mois a
Malaga
, et le meme soir
M.
Barcelo a mis a la voile de ce dernier port avec son escadre pour le
detroit
. D'autres lettres de Cadix rapportent que nous y avons conduit 4 prises anglaises, au nombre desquelles se trouve le corsaire anglais l'Experiment, si
[
43
]
connu par les prises qu'il a faites. On ajoute que deux vaisseaux de guerre de 70 canons chacun, ont mis a la voile vers la fin du mois dernier, pour aller jusqu'a la hauteur de
Madere
au-devant des navires qui reviennent des
iles Acores
pour parvenir a reduire par la faim la place de Gibraltar, defendue par la force locale et par une nombreuse garnison, on a pris les mesures les mieux combinees. Outre la defense sous peine de mort, d'y faire passer des vivres par mer, une armee d'observation a ordre d'intercepter tout approvisionnement de vivres qui pourrait y arriver par terre. Du cote de la mer une partie de l'escadre de Cadix bloque le port, tandis que 2 vaisseaux de 70 canons, 2 fregates, 5 chebecs de 32 chacun, et 7 galiotes parties de Carthagene, ont le meme but. Don Barcelo a du aussi partir de Cadix avec une division de 7 vaisseaux de guerre, tous de 70, 2 fregates, 2 chebecs, quelques galiotes et 3 bateaux plats, chacun avec une piece de 24 livres de balle, pour aller seconder cette entreprise. Le secret que garde la cour nous empeche d'etre bien instruit de l'etat et de la position actuelle de nos escadres
[
44
]
. ≫
La position precise des escadres n'est connue que quelques jours plus tard, ainsi que la remise en liberte des captifs francais par les Anglais; ceci figurant dans le meme ouvrage
[
42
]
(
p.
117-118
) :
≪ CADIX (le 30 juillet 1779.)
Tous les prisonniers francais qui restaient a Gibraltar ayant ete mis en liberte, en sont sortis par ordre de l'
amiral Duff
, commandant de la marine en cette place, que l'
escadre
espagnole, aux ordres du
sieur
Barcelo, chef-d'escadre, et composee de six ou sept chebecs, quatre
galiottes
et plusieurs autres petits
batiments
, bloque actuellement par mer; il y a aussi deux
vaisseaux de ligne
, le Saint-Jean-Baptiste et le Saint-Janvier, et deux
fregates
, la Sainte-Cecile et la Sainte-Lucie, formant une
division
aux ordres du sieur de Texada et faisant partie de la meme escadre; cette division est mouillee depuis quinze jours ou environ, dans la
baie d'Algesiras
vis-vis le port de Gibraltar, tandis que celle des chebecs
[
45
]
du sieur Barcelo, est en station a l'
embouchure
du
detroit
, en sorte qu'il est difficile, pour ne pas dire impossible, qu'il puisse entrer dans la
baie de Gibraltar
aucun batiment quelconque, sans que les chebecs et vaisseaux espagnols en aient connaissance : ces derniers viennent de reprendre une
barque
espagnole qui, allant de
la Havane
a Cadix, avec un chargement de dix mille
cuirs
, avait ete prise par un
armateur
anglais, qui la conduisait a Gibraltar : ils se sont empares aussi, le meme jour, d'une
polacre
napolitaine
qui venait de
Londres
, chargee de
draps
,
quincaillerie
,
plomb
et autres marchandises d'
Angleterre
, avec une destination apparente pour
Naples
[
46
]
. ≫
L'evolution du siege, l'ambiance execrable qui regne desormais au sein de la flotte et le soutien appuye du monarque espagnol envers don Barcelo sont rapportes dans la meme edition du journal
[
42
]
(
p.
115-117
) :
≪ MADRID (le 13 aout 1779.)
Plusieurs avis nous apprennent l'attaque, que don Barcelo, commandant d'escadre de chebec destinee a bloquer Gibraltar, a essuye de la part du vaisseau
anglais
le
Panthere
(en)
, monte par l'amiral
Duff
, et accompagne de plusieurs
fregates
ou
balandres
de sa nation. Il parait que le chef d'escadre Texada, sorti le 10 juillet de
Malaga
avec deux
vaisseaux de ligne
et deux fregates, en meme temps que don Antonio Barcelo, refusa de le secourir en cette rencontre, sous pretexte qu'il n'avait point d'ordre d'obeir a
Mr
Barcelo; et qu'il a ete cause par-la qu'une partie du convoi charge de munitions de guerre
[
47
]
pour
Cadix
, que celui-ci avait sous son escorte, a ete enlevee et conduite a Gibraltar, quoique certains avis assurent, qu'apres un combat de 24 heures,
Mr
Barcelo a ete assez heureux pour se retirer sous le canon de
Ceuta
, sans avoir perdu un seul batiment. Sur les plaintes que ce chef d'escadre a porte sur la conduite de
Mr
Texada,
Sa Majeste
pour obvier a de pareils inconvenients, lui a adresse une
cedule
royale, concue en ces termes :
Le Roi etant informe que les forces qui sont a vos ordres, ne sont pas suffisantes pour vous opposer a celle des ennemis a la place de Gibraltar, faisant connaitre par cette raison l'impossibilite de la bloquer avec exactitude par mer, pour empecher tout secours, il a resolu de joindre trente
batiments
de guerre a vos ordres, afin que vous en disposiez de la facon que vous jugerez la plus convenable pour la reussite des intentions de Sa Majeste qui vous ont ete communiquees, vous accordant en meme temps la faculte de casser tout officier de guerre qui sont a vos ordres, qui ne se comporteront pas selon vos desirs; je vous le fait savoir de sa part, pour sa plus parfaite observation, Sa Majeste ayant une entiere confiance en votre conduite militaire deja connue par les preuves sans nombres de vos bons succes dans toutes ses commissions.
Depuis la reception de cet ordre, don Barcelo a pris presque tous les navires qui se rendaient a Gibraltar, entre autres divers batiments
[
48
]
portugais
,
napolitains
et un
hollandais
charge de vivres, lesquels ont tous ete conduits a Cadix. On mande de cette derniere place que le
24 juillet
une fregate suedoise faisant cours pour la
baie de Gibraltar
, fut d'abord suivie par deux fregates et un chebec de l'escadre de don Barcelo, qui ayant ordonne inutilement a la fregate
suedoise
de s'arreter avaient tire sur elle, a quoi elle avait repondu par un coup de canon en manœuvrant avec tant de diligence, qu'elle etait entree en bon etat dans la baie de Gibraltar ; mais que ladite fregate en etait ressortie le 27, elle avait ete poursuivie de nouveau par un navire et deux fregates aux ordres de don Barcelo, lesquels l'avaient arretee, prise et conduite a Malaga
[
49
]
. ≫
L'annee suivante, les Anglais tiennent toujours et le siege franco-espagnol suit son cours, comme l'atteste le
Journal historique et litteraire
du
(
p.
139-140
)
[
50
]
:
≪ Du camp de ST. ROCH (le 30 mars 1780.)
Il ne s'est rien passe ici de bien interessant depuis quelque temps. […] Nous avons a Algesiras 6 vaisseaux de ligne, quelques fregates et chebec aux ordres de don Barcelo, chef-d'escadre. Les ennemis continuent a
fortifier
la pente qui descend vers la
pointe de l'Europe
, comme s'ils craignaient d'etre attaques par mer de ce cote-la
[
51
]
. ≫
En mai, une aide materielle en provenance du Maroc parvint aux assieges et des conditions meteorologiques defavorables font echouer l'offensive espagnole du
; comme en temoigne l'edition de
[
52
]
(
p.
385-386
) :
≪ CADIX (le 25 mai 1780.)
[…]
Quoique l'attaque formelle de Gibraltar continue de se differer, la position des ennemis dans cette place devient de jour en jour plus facheuse: ils manquent de vivres, surtout de charbon: bientot la
disette
d'eau, qu'ils eprouvent, doit faire naitre parmi eux beaucoup de maladies: tous les
transfuges
s'accordent
[
53
]
sur le besoin extreme, ou la garnison est a plusieurs egards: en effet, don Antonio Barcelo ferme exactement la place; et trois ou quatre petits batiments de la cote d'Afrique, les seuls qui y soient entres depuis deux mois, n'ont pu apporter beaucoup de rafraichissements. Le 10 de ce mois avait choisi pour detruire les batiments anglais, qui sont dans la baie : don Antonio Barcelo fit sortir les brulots: toutes les batteries devaient les seconder; mais, le vent ayant change tout-a-coup, les brulots revinrent a Algesires. Les ennemis ont cherche depuis un mouillage moins expose; mais notre brave chef-d'escadre ne les y laissera pas tranquilles, et parait resolu a profiter de la premiere occasion pour executer son projet.
[
54
]
. ≫
Le
une attaque nocturne similaire est menee contre les navires des assieges, l'on dirige sur eux d'anciens navires transformes en torches. Cette fois aussi l'assaut se solde sur un echec, du fait d'une meteo capricieuse et de la riposte anglaise, elle entraine egalement la disparition de deux marins appartenant a l'escadre. Cette operation est decrite dans le
Journal litteraire et historique
d'
[
55
]
:
≪ EXTRAIT d'une Lettre d'Algesires du 18 juin 1780.
Le 7 de ce mois tout ayant ete, dispose pour attaquer le vaisseau de guerre et les autres batiments ennemis, qui sont dans la baie de Gibraltar, 9
brulots
sortirent de ce port pendant la nuit sous le commandement de don Francisco Munnos : Le vent fut assez favorable jusqu'au moment qu'on mit le feu aux
meches
: Alors il devint contraire, de maniere qu'il ne fut pas possible de les diriger vers les vaisseaux, auxquels ils devaient s'accrocher: II etait deux heures de nuit. Les ennemis firent un feu terrible sur ces brulots : Ils ne les atteignirent pas; et cela etait inutile, puisqu'avant d'approcher du
mole
ils furent entierement consumes. Nos
batteries
[
56
]
de terre avaient ordre de joindre leur feu a celui de toutes ces machines infernales; mais voyant par leur direction, qu'il etait impossible qu'elles causassent du dommage aux ennemis, nos
canonniers
ne tirerent pas un seul coup. Don Antonio Barcelo s'etait avance avec le St. Michel qu'il monte, ses fregates et ses chebecs, pour contenir les Anglais, et les empecher de sortir de la baie: La precaution ne servit a rien: Aucun des vaisseaux ennemis ne quitta son mouillage. Ce mauvais succes a fort afflige notre general ainsi que don Francisco Munnos, qui est un excellent officier. Par bonheur qu'il n'a peri personne dans cette expedition, excepte peut-etre deux matelots du brulot l'Emeraude, dont on ignore le sort
[
57
]
≫
.
Une troisieme attaque a lieu quelques jours plus tard, cette fois il s'agit de l'essai d'un nouveau type d'arme qui parait dans le
Journal litteraire et historique
d'
[
58
]
:
≪ ALGESIRES (le 29 juin 1780.)
Le chef d'escadre don Antoine Barcelo ayant resolu d'eprouver deux
chaloupes a canon
de 24
livres
de balle de nouvelle invention, et deux autres qu'on lui a envoye de
Carthagene
[
59
]
, il ordonna la nuit du 26 aux equipages de ces batiments de faire feu sur le vaisseau de guerre la Panthere qui est dans la
baie de Gibraltar
; et en effet a l'aide d'un certain nombre d'autres batiments et en consequence des ordres du general elles commencerent la
canonade
a deux heures et demie du matin a une demi-portee de canon du vaisseau, sans que celui-ci ni les
batteries de terre
qui firent un feu tres-vif, aient ete en etat de diminuer le notre qui finit a trois heures et demie, parce que le jour devenait trop grand. Nous n'avons recu aucun dommage, mais nos
sentinelles
ont observe que le vaisseau ennemi avait souffert dans le corps et dans la
ure
[
60
]
. ≫
En novembre, un article paru dans la revue suisse francophone
Nouveau journal helvetique ou Annales litteraires et politiques de l'Europe et principalement de la Suisse
(
p.
120-121
) temoigne de l'aide exterieure materielle supplementaire, eau potable et nourriture, apportee de nuit aux assieges par douze navires anglais; par ailleurs il illustre le respect des usages malgre les hostilites et le blocus
[
61
]
.
≪ Cadix. novembre 1780
On apprend du camp de
Saint-Roch
, que la nuit du 30 septembre un
corps de troupes
fut charge de devaster et de bruler les jardins du
gouvernement de Gibraltar
, qui s'etendaient jusqu'a la tete de nos lignes. […] Les ennemis n'ont pas ete moins inquietes du cote du detroit. Don Barcelo s'est empare d'une
balandre
, d'une fregate
[
62
]
marchande et d'un autre petit batiment qui sortait de la baie. Sur la balandre etait la femme d'un colonel Anglais qui sert dans Gibraltar : elle emmenait cinq enfants.
Le gouverneur
comprenant combien il lui serait difficile d'echapper a don Barcelo, lui avait donne une lettre de recommandation pour don
Juan de Langara
. Cette lettre a produit l'effet que l'on avait lieu d'esperer, et cette dame a ete recue et traitee, ainsi que sa famille, avec les plus grands egards. Quatorze navires anglais, charges de vivres et de rafraichissements de toute espece, ont attendu sur les cotes de
Portugal
, a
Lagos
, pres du
cap Saint-Vincent
, le premier
coup de vent
d'ouest, et en ont profite pour s'approcher de Gibraltar: le vent et la nuit les ont si bien favorises, que le chef d'escadre Barcelo n'a pu en intercepter que deux, et Gibraltar a vu arriver les douze autres dans sa
rade
.
[
63
]
≫
Destitution et rehabilitation (1781-1783)
[
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|
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]
Mais le
siege Franco-Espagnol
perdure et le
le dossier passe aux mains du General Antonio Rodriguez de Valcarcel qui destitue don Antoine Barcelo.
Ce dernier est rehabilite en 1782 et est a nouveau nomme chef du blocus jusqu'en 1783. Le siege est leve le
7 fevrier
de cette annee sans que le rocher ne soit pris; La guerre prend fin le
3 septembre
avec la signature du
traite de Paris
qui scelle la defaite des Britanniques.
Le
, il part de
Carthagene
a la tete d'une escadre de vingt-cinq embarcations. Le
1
er
aout commence le bombardement d'Alger, repere des
barbaresques
, qui va durer jusqu'au
. En recompense pour cette action, le roi
Charles III d'Espagne
l'eleve au rang d'
Amiral
(
Teniente General
) soit l'avant-dernier echelon de la marine espagnole, excepte le roi lui-meme (
capitaine general
).
Les preparatifs d'un second bombardement d'Alger, lui aussi dirige par don Barcelo, debutent des la fin 1783 comme l'atteste
Jean-Francois de La Harpe
dans la revue
Mercure De France
du
[
64
]
(page 21):
≪
DE MADRID, le 5 decembre 1783.
On assure que D. Antonio Barcelo a recu des ordres a assembler a
Minorque
une nouvelle escadre de vaisseaux de guerre, fregates, chaloupes canonnieres et
bombardieres
, destinee dit-on, a une seconde expedition contre Alger, qu'il conduira comme la premiere
[
65
]
. ≫
Quelques jours plus tard, dans la meme revue
Mercure De France
[
66
]
, La Harpe explique les motivations de ce nouveau bombardement, devoile son souhait personnel de voir se former une
coalition
europeenne contre les
ports ottomans
, et revele les intentions de la
cour
espagnole, creer les conditions favorables a un soulevement populaire contre le Dey
Mohammed Ben Othman
en vue de mettre fin a la piraterie en Mediterranee :
≪ DE MADRID, le 20 decembre 1783.
Les depredations continuelles des corsaires
[
67
]
barbaresques, les insultes qu'ils commettent journellement contre plusieurs pavillons, et ceux - memes avec lesquels ils sont en paix, semblent attirer l'attention de toutes les
Puissances
qui commercent dans la Mediterranee, on dit que quelques-unes se joindront aux forces Espagnoles pour donner une lecon a ces
barbares
. Pendant que le chef d'escadre
D.
Antonio Barcelo ira, le
Printemps
prochain faire une nouvelle visite a la ville d'Alger, on croit que d'autres nations enverront chacune une escadre pour bloquer
Tunis
et
Tripoli
, qui ne pourront par consequent preter aucun secours a Alger pendant qu'on l'attaquera. Il y a longtemps que les Puissances maritimes auraient du se reunir pour detruire ces
Pirates
, qui font tant de tort au commerce et a la navigation. Des Batiments etrangers revenant d'Alger, et qui ont mouille dans nos Ports, rapportent qu'il y a beaucoup de
fermentation
dans cette Ville. Le peuple en general desire la paix, et montre beaucoup de mecontentement de l'opposition du
Dey
a ce vœu. S'il faut les en croire, ils ne seront pas faches de revoir le chef-d'escadre don Barcelo devant leur port; ils profiteront de cette occasion pour se soulever contre le Dey, et le forcer, les armes a la main, de faire un accommodement avec les Espagnols
[
68
]
. ≫
Un meme contexte de radicale scission entre le peuple et les autorites d'Alger est rapporte par Francois-Xavier de Feller dans le
Journal historique et litteraire
de
[
69
]
:
≪ MADRID (le 8 janvier 1784.)
On parle toujours d'une nouvelle expedition contre Alger; on sait du moins que D. Antonio Barcelo prepare une escadre qu'on croit devoir avoir cette destination. Selon des lettres de Carthagene, on y a recu des avis de cette regence barbaresque, qui portent que le peuple desire la paix avec l'Espagne, et que le Dey persiste a refuser de s'y preter. Cette division dans les opinions du prince et des sujets, nuit necessaireirement aux preparatifs de defense, et prepare peut-etre a une emeute, si D. Antonio Barcelo va faire encore une visite a cette ville. ≫
Cette ligue envisagee par Jean-Francois de La Harpe a finalement lieu puisqu'en 1845 dans les
Annales de la
Societe d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du departement d'Indre-et-Loire
[
70
]
(page 125) on pouvait lire :
≪ L'
Ordre de Malte
reunissait alors ses
galeres
aux escadres
venitiennes
, espagnoles et
portugaises
; et sous le commandement general de l'amiral espagnol don Barcelo, cette flotte puissante executa un bombardement contre Alger
[
71
]
. ≫
Cette fois-ci l'escadre est formee de cent-trente navires, emportant 1 250 canons et 14 572 hommes et quitte Carthagene le
. Le combat debute le
.
Apres ce second bombardement, la
regence d'Alger
se decide a signer un pacte mettant fin a la piraterie.
En 1790, alors qu'il est age de 73 ans, le roi
Charles IV d'Espagne
lui confie le commandement de la flotte stationnee a
Algesiras
avec ordre de briser le siege que le sultan
Al-Yazid du Maroc
vient de mener sur l'enclave de
Ceuta
. Mais quand don Barcelo arrive les Marocains avaient deja leve le siege.
La situation se reproduit en 1791 avec une attaque marocaine, mais entre intrigues et indecisions, l'assaut que s'appretait a mener don Barcelo n'a finalement pas lieu et le
il retourne a Palma de Majorque, ou il passe le restant de ses jours.
Il meurt le
, a l'age de 80 ans, et est inhume a la chapelle de Saint Antoine a l'eglise de la Santa Creu. En hommage aux services rendus a la couronne espagnole, il est inscrit au
Pantheon des marins illustres
de
San Fernando
en
Andalousie
.
Son avis de deces dans, la gazette francophone,
Journal historique et litteraire
parait ainsi
[
1
]
:
≪ Dom Antoine Barcelo, chef d'escadre, surnomme "La Terreur des Africains" est mort a Barcelone d'une fievre maligne qui l'a emporte en sept jours, au grand regret de toute la nation
[
72
]
. ≫
Les restes de don Barcelo doivent etre transferes au
Pantheon des marins illustres
de
San Fernando
mais la paroisse de la Santa Creu s'y oppose
[
2
]
.
La rue
Calle Barcelo
de San Fernando, qui jouxte celle des "heros des Baleares" (
Calle Heroes del Baleares
), est vraisemblablement un hommage supplementaire de la ville a l'amiral.
En 1971, le sculpteur majorquin Remigia Caubet a realise un monument en hommage a don Antoine Barcelo. Ce monument localise a Palma de Majorque se compose de trois pieces de deux matieres differentes, la pierre et le bronze. Un buste en bronze representant l'amiral tenant une
longue-vue
est dispose sur un bloc de pierre aligne a la verticale. En contrebas, un autre bloc place a l'horizontale contient la plaque commemorative suivante :
- ≪
Al patron /
Au patron
- don Antonio Barcelo /
don Antoine Barcelo
- Teniente General /
Lieutenant General
- de la Real Armada /
de la Marine Royale d'Espagne
- 1717 - 1797 /
1717 - 1797
- La Camara de Comercio. /
La Chambre de Commerce
≫
D'abord erige sur l'
embarcadere
ouest (
muelle de Poniente
), le monument est deplace, dix ans plus tard en 1981, sur le bord de mer (
Paseo Maritimo
) a l'entree du club nautique (
Club de Mar
).
- Marine marchande
- General Barcelo (vapeur)
: le vapeur
Barcelones
construit en 1847 a
Blanes
est rachete dans les annees 1860 par la compagnie espagnole Empresa Mallorquina de Vapores qui l'utilise comme transmediterraneen entre Palma de Majorque et Valence.
- Barcelo (371)
: le
Montebello
de la Wilson Line fabrique en Angleterre en 1890, est rachete par la compagnie valencienne des courriers d'Afrique et est rebaptise
Barcelo
(371) en 1910 pour etre utilise comme transmediterraneen. Il est requisitionne par la Sante Militaire espagnole pour les besoins de la
guerre du Rif
et est converti en
navire-hopital
en 1919.
- Armada royale
- Barcelo (129)
: L'armada espagnole a rendu hommage a l'amiral don Barcelo avec le
sloop
de premiere classe
Barcelo
(129) monte par le capitaine (
teniente de navio
) Manuel Croquer y Somodevilla depuis le
. Il a ete achete a Cadix en 1844 et etait arme de 4 canons avec un equipage comprenant un lieutenant (
alferez de bavio
), un pilote de troisieme grade, trois officiers de mer, cinq officiers de troupes et 46 marins
[
73
]
.
- Barcelo (torpilleur)
: Le
torpilleur
de seconde categorie
Barcelo
construit en
1886
au
chantier naval
Normand du Havre
en
France
[
74
]
,
[
75
]
. Son navire jumeau etait le torpilleur
Bustamante
[
76
]
.
- Barcelo (P-11)
: Plus tard le patronyme de l'amiral est a nouveau honore par l'Espagne, cette fois avec la
classe Barcelo
[
77
]
. Celle-ci designe une serie de
patrouilleurs
de type
Fast Patrol Boat
("patrouilleur rapide") commissionnee par la marine espagnole (1970-1977) puis
chilienne
,
mauritanienne
et
congolaise
[
78
]
. Le premier patrouilleur,
Barcelo
(P-11)
, entre en service en 1976 a la base de
Cadix
, Andalousie et en est retire en
2009
; Il a ete construit en
1975
par le chantier naval
Lurssen
de
Breme
en
Allemagne
, les 15 suivants par
Bazan
de San Fernando, Espagne
[
79
]
.
Plusieurs œuvres et dictons de
tradition orale
ont ete dediees a don Barcelo notamment :
- Don Pedro Montegon (jesuite),
Oda XV, A Don Antonio Barcelo
(in
Odas
, Imprenta de Sancha, Madrid, 1794)
- Campins i Pont (renovee),
Canso den Barcelo
(1849)
- Baie Barcelo
En 1786, un navigateur espagnol, le commandant Cordova (
Comandante Cordoba
) rend hommage a l'amiral en baptisant Baie Barcelo
[
84
]
(
Bahia de Barcelo
)
[
85
]
le lieu qui est situe au
Chili
sur la cote nord du
detroit de Magellan
(53° 30' Latitude et 72° 34' Longitude) a l'Est de la cote d'Osomo (
Paso Tortuoso
alias
Crooked Reach
), a l'Ouest du Cap Quod (
Cabo Quod
) et a proximite de l'ile Charles III (
Isla Carlos III
)
[
85
]
.
Plusieurs rues sont baptisees ≪ calle General Barcelo ≫
[
86
]
en Espagne.
Rues portant le nom de l'amiral notables:
- Calle de Barcelo
a Madrid ou est situe le
Mercado Barcelo
(marche Barcelo),
- Carrer de l'Almirall Barcelo
, une rue a Barcelone, province de Barcelone,
- Calle del Capitan Barcelo
, une rue a
Felanitx
, province des Baleares,
- Calle de General Barcelo
, une rue a
Melilla
, ville autonome espagnole sur le rif marocain,
- Carrer de D. Antonio Barcelo
, une rue a
Castellon de la Plana
, province de Castellon.
Le
Mercado Barcelo
(ou
Mercado de Barcelo
[
87
]
, lit. ≪ marche Barcelo ≫) est une zone marchande de la rue de Barcelo (
Calle de Barcelo
) situee a Madrid, capitale de l'Espagne. L'actuel marche est sur le point d'etre demoli pour etre remplace par un nouvel espace 50 % plus grand ; cette renovation s'inscrit dans le cadre de la reforme urbaine de la ville
[
87
]
.
A la suite de l'
offre de marche
portant sur le nouveau
Mercado Barcelo
, la maquette des architectes Enrique Sobejano et Fuensanta Nieto a ete selectionnee, par le maire madrilene Alberto Ruiz-Gallardon, parmi 76 projets. Le vieux marche qui hebergeait 113 commercants jusqu'en 2009 verra la superficie de sa
galerie marchande
passer de 4 045
m
2
a 6 951
m
2
. Le nouveau marche sera pourvu d'une salle de sport, de 45 logements, d'une ecole et d'un espace vert accru de 11 000
m
2
.
En
son ouverture etait prevue pour la fin 2010, ou le debut 2011
[
87
]
.
- Don Antonio Barcelo. Almirante de la Real Armada y corsario del Rey
, par Ramon Codina Bonet, edite par Publicaciones de Defensa (Gouvernement Espagnol / Ministere de la Defense), 2010
(
ISBN
9788497815529
)
(es)
- Don Antonio Barcelo y Pont de la Terra, de patron de jabeque-correo a Teniente General de la Real Armada. Corsarismo y operaciones maritimas en el Mediterraneo en el siglo XVIII
, par Gomez Vizcaino et Juan Antonio, edite par Aglaya, imprime a Murcia, 2007,
(
ISBN
9788495669797
)
(es)
- Barcelo
, Agustin R. Rodriguez Gonzalez, collection Gent Nostra no.85, edicions de Nou Art Thor, 1990
(ca)
- El General Barcelo
, Gabriel Aner Manila, collection Biografies de Mallorquins, 1984
(ca)
- El capita Toni
, Maria Montserrat Oller i Torres, Volume 33 de La Xarxa, Abadia de Montserrat, imprime a Barcelone, 1980
(ca)
- Barcelo
,
Enrique Corma
, collection Temas Espanoles 262, Publicaciones Espanolas, 1956
(es)
- Les trois attaques des Espagnols contre Alger, au
XVIII
e
siecle
et
Attaque d'Alger par la flotte espagnole commandee par don Antonio Barcelo en aout 1783.
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