Direction de la Surveillance du territoire

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Direction de la surveillance du territoire
Logotype de la DST.
Immeuble de Levallois-Perret qui fut le siege de la DST entre 2007 et 2008 (puis de la DCRI entre 2008 et 2014, et de la DGSI depuis lors).
Histoire
Fondation
Dissolution
Successeur
Cadre
Type
Pays
Coordonnees
Organisation
Organisation mere
Carte

La direction de la Surveillance du territoire ( DST ) etait un service de renseignement du ministere de l'Interieur , au sein de la direction generale de la Police nationale , charge historiquement du contre-espionnage en France . Le , la DST a fusionne avec la direction centrale des Renseignements generaux au sein d'une nouvelle direction, la direction centrale du Renseignement interieur (DCRI) [ 1 ] , devenue Direction generale de la Securite interieure (DGSI) en 2014.

Au-dela du contre-espionnage, la DST a pris en charge la lutte antiterroriste , la lutte contre la proliferation (materiel sensible ou militaire) et la protection du patrimoine economique et scientifique francais ( intelligence economique ).

L'identite des personnels ainsi que la nature des operations auxquelles ils participaient relevent du secret-defense et confidentiel-defense .

Histoire [ modifier | modifier le code ]

La Direction de la Surveillance du territoire est l'heritiere du Controle general de la Surveillance du territoire (CGST), un service de police cree en 1934 au moment de la creation de la Direction generale de la Surete nationale [ 2 ] . Renforcee en 1937 par le Front populaire , elle permet l'arrestation de nombreux espions allemands pendant la Seconde Guerre mondiale . Plusieurs de ses membres rejoindront d'ailleurs la Resistance .

Arrete dactylographie du ministre de l’Interieur precisant l’organisation de la Direction de la surveillance du territoire (DST), creee par ordonnance le ( Archives nationales de France ).

La DST succede a la ST par une ordonnance du , signee du general de Gaulle et relative a l'organisation du ministere de l'Interieur, que vient completer un arrete du . Elle est confiee a Roger Wybot , qui avait dirige a Londres , a partir de decembre 1941 , la section de contre-espionnage du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA).

Le general de Gaulle fixe ses attributions et ses structures internes. La tache devolue aux ≪ documentalistes ≫ de ce service nouveau et interne a la DST consistait principalement a identifier par recoupement les residents etrangers suspectes de se livrer a des activites d'espionnage et de terrorisme ainsi que, en cas d'arrestation d'un suspect, de preparer les schemas d'interrogatoires. Pour cela, la DST devait exploiter les informations transmises par les agents de terrain et a mettre a jour un fichier nominatif. Lors de sa creation, la DST a egalement pour mission de traquer les anciens criminels de guerre et collaborationnistes [ 3 ] .

Les succes majeurs de la DST furent :

  • l'identification d'une source des agents sovietiques, Georges Paques , haut fonctionnaire francais en poste a l' OTAN ,
  • l'arrestation de Kranick et Bammler, agents de la Stasi ,
  • l'exploitation de Farewell (cf. infra ),
  • l'arrestation du terroriste international Ilich Ramirez Sanchez dit ≪ Carlos ≫.

Missions [ modifier | modifier le code ]

Dernierement, les grandes missions de la DST etaient le contre-espionnage interieur, la protection du patrimoine industriel, scientifique et technologique ainsi que la lutte contre le terrorisme interieur. La DST s'articulait autour de quatre grandes divisions :

  • division de la surveillance du monde musulman et contre-terrorisme ;
  • division securite, protection du patrimoine et proliferation ;
  • division contre-espionnage interieur ;
  • division des services techniques et de l' informatique .

Les liens traditionnels que la France entretient avec l' Afrique , le Proche-Orient et le Moyen-Orient avaient contribue a faire de la DST l'un des services de renseignements occidentaux les plus performants en matiere de contre-terrorisme islamiste radical.

La DST assurait des missions se rapportant a la defense, dirigees sur la recherche, la prevention et la lutte contre toutes les activites inspirees ou soutenues par des puissances etrangeres et de nature a menacer la securite et la souverainete du pays et de son patrimoine a tous les niveaux. Elle est organisee en services centraux (de competence nationale) et en services territoriaux. Elle entretenait egalement des antennes dans certains pays etrangers.

La DST etait responsable de la police des communications radio (PCR), c'est-a-dire la recherche d' emetteurs clandestins grace a des stations d'ecoute. Un plan national des frequences est programme sur un ordinateur, et toute emission non repertoriee provoque ainsi un etat d'alerte. Il est alors procede a l'enregistrement du contenu de l'emission et a sa localisation.

La DST de par ses attributions etait chargee de proteger les entreprises francaises contre l'espionnage economique, scientifique et industriel. Ces cas d'espionnage se sont considerablement developpes au cours des dernieres annees, ils constituent desormais 60 % des cas detectes, contre 40 % pour l'espionnage politique, diplomatique et de defense : un nombre important d'entreprises francaises font l'objet d'espionnage de la part de puissances etrangeres.

Localisation et effectifs [ modifier | modifier le code ]

Le siege de la DST se trouvait :

L'organisation exacte et l'identite des agents qui y travaillaient sont couverts par le secret defense (avis du Conseil d'Etat du et du ). Ses effectifs etaient de 1 419 fonctionnaires au . Depuis le 11 septembre 2001 , les effectifs et les moyens mis en œuvre dans la lutte antiterroriste ont augmente de facon significative : avant sa fusion en 2008 avec la DCRG au sein de la nouvelle DCRI , les effectifs de la DST etaient voisins de 1 800 fonctionnaires et personnels administratifs inclus.

Organisation [ modifier | modifier le code ]

Hierarchie [ modifier | modifier le code ]

La DST etait subordonnee a la Direction Generale de la Police Nationale (DGPN) , elle-meme placee sous l'autorite du ministre de l'Interieur lui-meme sous l'autorite du Premier ministre

Services [ modifier | modifier le code ]

Parmi les autres services centraux, on trouvait un service de documentation et d'exploitation qui assurait la centralisation de tous les renseignements recueillis par les fonctionnaires du service et qui beneficiait de sections specialisees en province. Le but de ce service etait d'assurer un controle total des documents lies aux informateurs et aux agents (simples ou doubles), depuis leur recrutement jusqu'a la cessation de leurs rapports avec le service.

En ce qui concerne les activites dans le domaine de l'informatique, la DST a aussi cree un departement des systemes informatiques en 1986.

Le , la division Moyen-Orient de la DST s'est vu attribuer des moyens humains et materiels supplementaires afin de lui permettre de s'impliquer plus serieusement dans les affaires de terrorisme. Elle disposait ainsi de moyens plus importants que les autres divisions de la DST : voitures rapides, materiel de photographie tres sophistique pour l'epoque, et des moyens permettant de realiser des ecoutes telephoniques, des recepteurs et emetteurs pour marquer et suivre des vehicules ou des personnes. Ces techniques etaient a l'avant-garde de nombre de services de contre-espionnage en Europe et dans le monde a cette epoque.

Organisation territoriale [ modifier | modifier le code ]

Il existait une antenne de la DST par region militaire et par zone de defense repartie sur l'ensemble du territoire :

Groupe de soutien operationnel et d'interpellations [ modifier | modifier le code ]

La DST beneficiait d'un groupe d'operateurs du RAID . Les fonctionnaires de ce corps d'elite de la police nationale assistaient les enqueteurs de la DST pour les interpellations et leurs protections depuis 1987. Ainsi, dans Paris et en Ile-de-France , le RAID entretenait une astreinte pour la DST de 8 a 24 operateurs du groupement d'intervention, pour securiser les lieux et proceder a l'effraction et a l'interpellation des individus incrimines.

Pour les directions regionales en province, la DST etait aidee et soutenue par les groupes d'intervention de la police nationale (GIPN) et par les BREC (devenues BRI ) de la direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) decentralisees au niveau des Services regionaux de police judiciaire (SRPJ) pour les memes taches de securite et de protection que le groupement d'intervention RAID.

Directeurs de la surveillance du territoire [ modifier | modifier le code ]

Les directeurs de la surveillance du territoire ont ete successivement [ 4 ]  :

Directeur de la surveillance du territoire Decret de nomination
Roger Wybot 1944
Gabriel Eriau [ nom 1 ]
Daniel Doustin [ nom 2 ]
Tony Roche [ nom 3 ]
Jean Rochet [ nom 4 ]
Henri Biard [ nom 5 ]
Jacques Chartron [ nom 6 ]
Marcel Chalet novembre 1975
Yves Bonnet [ nom 7 ]
Remy Pautrat aout 1985
Bernard Gerard [ nom 8 ]
Jacques Fournet [ nom 9 ]
Philippe Parant [ nom 10 ]
Jean-Jacques Pascal [ nom 11 ]
Pierre de Bousquet de Florian [ nom 12 ]
Bernard Squarcini [ nom 13 ]

Bernard Squarcini est nomme directeur central du Renseignement interieur a partir du .

Critiques et scandales [ modifier | modifier le code ]

Operations sous fausse banniere [ modifier | modifier le code ]

La DST a plusieurs fois ete accusee de commettre sous fausse banniere des attentats en Bretagne au cours des annees 1970 pour ainsi tenter de discrediter les actions du Front de liberation de la Bretagne . L'affaire la plus importante reste celle de l' attentat de Roc'h Tredudon en 1974, ou la DST est successivement accusee par Le Matin de Paris le et par Le Canard enchaine le d'etre responsable de l'attentat [ 5 ] , ce dernier ayant pourtant ete revendique par les clandestins bretons. La DST a toujours nie son implication dans cette affaire, mais reconnait en revanche sa responsabilite dans l'attentat contre le domicile de Francis Bouygues a Saint-Malo en 1972 [ 6 ] .

De maniere generale, depuis la fin des annees 1960 et la montee en puissance des organisations independantistes en Bretagne , la DST a toujours ete tres active en Bretagne et a participe a l'arrestation de plusieurs centaines de militants bretons.

Affaire du Canard enchaine [ modifier | modifier le code ]

Le , des agents de la DST, deguises en plombiers, ont ete surpris en train d'installer un micro espion dans les bureaux du journal Le Canard enchaine .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Le decret n o  2008-609 du 27 juin 2008 (JO 28 juin) enterine la fusion et fixe la mission de la nouvelle direction
  2. Breve histoire de la Direction de la surveillance du territoire (DST)
  3. Bruno Fuligni (dir.), Dans les archives inedites des services secrets , Paris, Folio, ( ISBN   978-2070448371 )
  4. ≪  Directeurs de la surveillance du territoire (depuis sa creation)  ≫, sur le site de la Societe francaise d'histoire de la police.
  5. Lionel Henry et Annick Lagadec , FLB-ARB : L'histoire, 1966-2005 , Fouesnant, Yoran Embanner, , 396  p. ( ISBN   2-9521446-5-6 ) , p.  144 et suivantes .
  6. Mouvement Breton, ≪  Il y a 35 ans, l'attentat de Roc'h-Tredudon  ≫, Histoires de Bretagne (consulte le )

Decrets de nomination, dans le Journal officiel de la Republique francaise (JORF), sur Legifrance  :

  1. Decret du 4 avril 1959 , JORF n o  81 du 7 avril 1959, p.  3956.
  2. Decret du 1 er aout 1961 , JORF n o  184 du 6 aout 1961, p.  7324.
  3. Decret du 8 mai 1964 , JORF n o  109 du 10 mai 1964, p.  3985.
  4. Decret du 12 juillet 1967 , JORF n o  163 du 14 juillet 1967, p.  7086.
  5. Decret du 30 octobre 1972 , JORF n o  255 du 31 octobre 1972, p.  11362.
  6. Decret du 1 er avril 1974 , JORF n o  81 du 3 avril 1974, p.  3735?3736.
  7. Decret du 12 novembre 1982 , JORF n o  265 du 14 novembre 1982, p.  3422.
  8. Decret du 9 avril 1986 , JORF n o  86 du 12 avril 1986, p.  5404.
  9. Decret du 28 mai 1990 , JORF n o  123 du 29 mai 1990, p.  6361, NOR INTA9010025D.
  10. Decret du 11 octobre 1993 , JORF n o  238 du 13 octobre 1993, p.  14294, NOR INTA9310092D.
  11. Decret du 28 aout 1997 , JORF n o  201 du 30 aout 1997, p.  12786, NOR INTA9710120D.
  12. Decret du 4 juillet 2002 , JORF n o  156 du 6 juillet 2002, p.  11646, texte n o  34, NOR INTA0210052D.
  13. Decret du 28 juin 2007 , JORF n o  149 du 29 juin 2007, texte n o  38, NOR IOCX0710556D.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Au cinema [ modifier | modifier le code ]