Une
diphtongue
est un type de
voyelle
dont le
point d'articulation
et le
timbre
varient lors de son emission entre une position de depart et une position d'arrivee.
Une diphtongue est comprise dans une seule et meme
syllabe
: elle se distingue par la du
hiatus
, lequel designe une succession de deux voyelles appartenant a des syllabes differentes. Elle doit egalement etre distinguee du
digramme
, qui est une realite graphique plutot que phonetique : bien que les diphtongues soient souvent notees orthographiquement par des digrammes, il n'y a pas de rapport oblige entre les deux notions.
Dans certaines
langues
, on peut trouver egalement des
triphtongues
, dont le timbre varie deux fois. Le
terme generique
de
polyphtongue
couvre l'ensemble de ces voyelles de timbre variable. Il s'oppose globalement a celui de
monophtongue
, qui designe une voyelle de timbre stable tout au long de son emission.
Le mot provient du
grec ancien
δ??θογγο?
/ diphthoggos
, litteralement ≪ son double ≫, par son adaptation
latine
diphthongus
. Il est apparu en
francais
des le
XIII
e
siecle
, sous la forme simplifiee
ditonge
[
1
]
.
En realite, l'analyse phonetique montre qu'il n'y a pas deux ou trois etapes dans les di- ou triphtongues mais que le son varie tout au long de l’articulation (glissement ou
glide
) et que c'est par ailleurs le cas de tout son produit par le systeme articulatoire, ne serait-ce qu'au debut et a la fin de son articulation. Il n'y a pas forcement de ligne absolument tranchee entre une vraie
monophtongue
et une vraie diphtongue mais on peut bien distinguer en general des voyelles typiquement stables (monophtongues) et d'autres plus typiquement variables (polyphtongues).
C'est l'inventaire phonetique d'une langue qui donne une liste de ses
phones
, independamment de leurs notations conventionnelles. A partir de ce premier inventaire on peut rechercher la liste de ses
phonemes
. Cet examen phonematique se fait par la methode des paires minimales, qui consiste a essayer des
permutations
minimales de sons permettant d'obtenir de nouveaux mots, et a etablir ainsi les oppositions pertinentes dans la langue envisagee. Deux chercheurs independants doivent normalement par cette methode etablir une liste identique des phonemes, mais certains phenomenes peuvent compliquer cette recherche.
L'inventaire des phonemes n'est normalement pas gene par l'existence d'
allophones
, facilement reunis en un seul phoneme ; par contre, il est connu que l'existence d'
archiphonemes
(plusieurs phonemes paraissant distincts dans certains contextes et identiques dans d'autres) peut effectivement gener le comptage. De meme les diphtongues dans une langue risquent d'etre interpretees comme des suites de deux phones, donc de deux phonemes (notamment si leur points de depart et d'arrivee existent en tant que monophtongues dans la meme langue) a moins qu'il existe des allophones monophtongues et d'autres diphtongues du meme phoneme dans differents dialectes.
Etant donne que la notion de phoneme, en pratique, est couramment utilisee aussi bien par des phoneticiens que par des phonologues, un conflit sur le nombre de ceux-ci dans une langue pourra surgir entre ces deux disciplines. Un tel conflit pourrait etre resolu par l'adoption de la theorie la plus ≪ economique ≫ ou encore par le recours a des disciplines paralleles comme la
morphologie
.
En pratique, que ce soit en
phonologie
ou en
phonetique
, les diphtongues sont rarement prises comme exemples dans les oppositions et peu souvent integrees dans les tableaux des voyelles. Elles s'y opposeraient pourtant aux autres voyelles par leur seul caractere de diphtongues (une dimension souvent non prise en compte dans les tableaux qu'affectent les phoneticiens) et pourraient ensuite etre classees dans un tableau a double entree en fonction de leur point de depart et d'arrivee. Il existe apparemment peu d'exemples pedagogiques de la caracterisation d'une diphtongue par la methode des paires minimales, en quelque langue que ce soit.
Une diphtongue (ou triphtongue) doit etre distinguee d'une sequence de deux (ou trois) voyelles en
hiatus
. La difference se reflete au niveau de la division en
syllabes
: une diphtongue constitue un seul noyau syllabique, tandis qu'une sequence de voyelles constitue autant de noyaux et de syllabes differentes.
Dans certaines langues, cette difference permet de constituer des
paires minimales
qui ne se distinguent que par la division syllabique. Exemple en
espagnol
: diphtongue
hay
['ai]
≪ il y a ≫ ~ hiatus
ahi
[a.'i]
≪ la ≫.
Toutefois, l'hiatus est une position phonetiquement fragile qui peut evoluer historiquement en diphtongue de
coalescence
par abolition de la division syllabique entre ses composantes. Par exemple, le
vieil irlandais
differenciait les mots
fiach
≪ dette ≫ (avec diphtongue) et
fiach
≪ corbeau ≫ (avec hiatus). Cette distinction est conservee en
gaelique ecossais
qui contraste toujours
fiach
[?f?i?x]
≪ dette ≫ (avec diphtongue) et
fitheach
[?f?i.?x]
≪ corbeau ≫ (avec hiatus indique par le digramme
th
utilise de maniere non etymologique)
[
2
]
. Elle a disparu en revanche en
irlandais
moderne en faveur d'une prononciation unique en diphtongue
[?f?i?x]
, aboutissant a une
homophonie
entre les deux mots. C'est aussi le cas en
mannois
, ou les deux homophones s'ecrivent
feeagh
pour une prononciation similaire.
Diphtongues, digrammes et fausses diphtongues
[
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|
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]
La diphtongue est un phenomene relevant de la
phonologie
ou de la
phonetique
; elle s'identifie dans le langage parle et independamment de la transcription graphique choisie. Il convient de la distinguer du
digramme
, l'enchainement de deux lettres-voyelles, qui releve uniquement de l'ecrit. Le rapport de l'oral a l'ecrit etant affaire de convention, un digramme peut transcrire une diphtongue, mais aussi bien une monophtongue. C'est frequemment le cas en francais moderne : par exemple, dans
faute
, le digramme
au
note la meme monophtongue
[o]
que la lettre simple
o
dans
mot
. On parle alors parfois de fausse diphtongue.
A l'oppose, une lettre simple peut tres bien transcrire une diphtongue dans certaines langues, par exemple frequemment en anglais. Ainsi dans les mots anglais
gale
et
past
, la lettre
a
note une diphtongue dans le premier mot et une monophtongue dans le second.
L'existence des fausses diphtongues provient souvent de la simplification historique d'une diphtongue vraie en une monophtongue (monophtongaison), sans que l'orthographe ne soit modifiee pour tenir compte de l'evolution phonetique. Le francais
au
en est un exemple : il notait la diphtongue
[au]
en
ancien francais
, devenue
[o]
ou plus rarement
[?]
en francais moderne.
Le digramme utilise pour noter une fausse diphtongue issue d'une monophtongaison peut ensuite etre etendu a des cas ou la voyelle, historiquement, n'a jamais ete une diphtongue. C'est par exemple le cas du
grec ancien
, ou le digramme ει transcrivait au depart la diphtongue [ei?], qui s'est ensuite monophtonguee en voyelle longue [eː]
[
3
]
. Un cas d'ecole est la paire de verbes ε?μι ≪ je vais ≫ / ε?μ? ≪ je suis ≫ , qui proviennent respectivement du
proto-indo-europeen
*h₁eimi
/
*h₁esmi
: dans le premier cas, la voyelle longue provient d'une diphtongue plus ancienne, mais dans le second, elle resulte de l'
allongement compensatoire
de la voyelle breve [e] suite a l'
amuissement
de la consonne [s]. La difference d'origine reste perceptible dans l'
accentuation
differente de ces deux verbes.
Les fausses diphtongues peuvent parfois gener la comprehension d'une langue, notamment lorsqu'elles coexistent avec de vraies diphtongues. C'est notamment le cas en
gotique
, ou la combinaison
ai
peut se lire soit [?], soit [?ː] (fausses diphtongues), soit [ai?] (diphtongue vraie). Pour les distinguer, on peut ainsi avoir recours a des diacritiques, respectivement
ai
,
ai
et
ai
en transcription
[
N 1
]
.
Dans d'autres cas, l'emploi d'un digramme pour noter une monophtongue est une simple commodite, permettant de distinguer un plus grand nombre de voyelles que les signes de base de l'ecriture utilisee ne l'auraient permis, sans impliquer par la l'existence anterieure d'une diphtongue. C'est par exemple le cas du
neerlandais
oe
qui note aujourd'hui la voyelle [uː], issue d'un [o:] simple en
vieux neerlandais
.
En notation phonetique ? representee conventionnellement entre crochets
[]
? les diphtongues sont notees dans l'
alphabet phonetique international
(API) par deux lettres, compte tenu de leur nature dynamique :
- la premiere represente la qualite initiale du son (timbre-source) ;
- la seconde la qualite finale de celui-ci (timbre-cible).
Chacune des deux qualites etant un
phone
voyelle ou
semi-voyelle
.
Pour clarifier la nature de diphtongue et la differencier de l'hiatus, l'element secondaire (le moins audible) peut etre distingue par une
breve inversee souscrite
qui indique la nature non syllabique d'un segment, ou par une
mise en exposant
. Avant la
Convention de Kiel
en 1989, on utilisait plutot la
breve
, mais cet usage est obsolete, ce signe indiquant aujourd'hui une
voyelle extra-breve
.
Differentes representations de la diphtongue [au] dans l'API
au
|
au?
|
a?
|
a?
|
Digramme seul
|
Digramme avec breve inversee souscrite
|
Digramme avec exposant
|
Digramme avec breve (obsolete)
|
Une autre possibilite est de preciser la division syllabique par des
points
, en distinguant ainsi la diphtongue
[au]
de l'hiatus
[a.u]
.
Sur un diagramme phonetique des voyelles, une diphtongue est representee par une fleche entre le son au debut et le son a la fin de cette realisation. Une triphtongue est representee par une fleche coudee passant par un troisieme son intermediaire.
En notation phonologique ? representee conventionnellement entre barres obliques
//
? un conflit surgit entre :
- le souci de simplicite : ressembler le plus possible a l'ecriture phonetique et ne pas avoir a introduire des signes speciaux ;
- le souci de rigueur, tout phoneme devant normalement etre represente par un
grapheme
unique.
Cette question est rarement evoquee dans la litterature scientifique. Une solution serait peut-etre d'utiliser des
ligatures
de lettres (comme
œ
,
æ
, etc.) pour representer les diphtongues, ce qui est possible en utilisant des logiciels specialises mais pas les traitements de texte courants. En pratique, l'usage de digrammes domine.
On peut relever de tres nombreuses possibilites de diphtongues. Il est d'usage de les classer selon les rapports entretenus par le timbre de la position de depart et celui de la position d'arrivee. Deux classements sont couramment employes :
- selon la
phonetique articulatoire
, par l'evolution du
degre d'aperture
au cours de l'emission : on distingue alors des diphtongues
fermantes
,
ouvrantes
,
centralisantes
et
harmoniques
;
- selon la
phonetique auditive
, selon que la premiere ou la seconde partie de la diphtongue est la plus perceptible : on distingue alors des diphtongues
descendantes
et
ascendantes
.
Ces deux dimensions ne varient pas de maniere entierement independante. Il existe aussi les termes de diphtongues
croissantes
et
decroissantes
, susceptibles de diverses interpretations selon les auteurs.
Une diphtongue est dite
fermante
quand son
degre d'aperture
decroit au cours de son emission : la position de depart est relativement plus ouverte, la position d'arrivee relativement plus fermee
[
4
]
. On parle egalement de diphtongue
centrifuge
[
5
]
Exemples :
- allemand
:
B
ei
n
['ba?n]
≪ jambe ≫,
H
au
s
['ha?s]
≪ maison ≫,
n
eu
['n??]
≪ neuf, nouveau ≫
- anglais
:
d
ay
['de?]
≪ jour ≫,
n
igh
t
['na?t]
≪ nuit ≫,
j
oy
['d????]
,
c
oa
t
['k??t]
ou
['ko?t]
≪ manteau ≫,
h
ou
se
['ha?s]
≪ maison ≫
- neerlandais
:
v
ij
f
['???f]
,
z
ou
t
['z???t]
≪ sel ≫,
h
ui
s
['hœ?s]
≪ maison ≫,
h
aai
['?aː?]
≪ requin ≫,
m
ooi
['moː?]
≪ joli, bien ≫,
l
eeuw
['leː??]
≪ lion ≫
- espagnol
:
h
ay
['ai]
≪ il y a ≫,
l
ey
['lei]
≪ loi ≫,
h
oy
['oi]
≪ aujourd'hui ≫,
c
au
sa
['kausa]
≪ cause ≫,
d
eu
da
['deuða]
≪ dette ≫
- italien
:
m
ai
['mai]
≪ jamais ≫,
s
ei
['s?i]
≪ six ≫,
l
ei
['lei]
≪ elle ≫,
p
oi
['p?i]
≪ puis ≫,
n
oi
['noi]
≪ nous ≫,
au
ra
['aura]
≪ brise ≫,
eu
ro
['?uro]
≪ euro ≫,
l
eu
cemia
[leut??e'mia]
≪ leucemie ≫
- occitan
:
p
ai
re
['pajre]
≪ pere ≫,
p
ei
ra
['p?jr?]
≪ pierre ≫,
l
ei
['lej]
≪ loi ≫,
c
oi
re
['k?jre]
≪ cuire ≫,
t
au
la
['tawl?]
≪ table ≫,
n
eu
['n?w]
≪ neige ≫,
b
eu
re
['bewre]
≪ boire ≫,
n
ou
['n?w]
≪ neuf, nouveau ≫
- breton
:
ei
l
['?il]
≪ deuxieme ≫,
p
aou
r
['p?ur]
≪ pauvre ≫,
gl
av
['glau]
≪ pluie ≫,
b
ev
['beu]
≪ vivant ≫
- gallois
:
d
ai
l
['dail]
≪ feuillage ≫,
c
ei
r
['k?ir]
≪ voitures ≫,
tr
oi
['tr?i]
≪ tourner ≫,
ll
ae
th
['??ː?θ]
≪ lait ≫,
h
au
l
['ha?l]
≪ soleil ≫,
t
ey
rn
['t??rn]
≪ souverain ≫,
oe
r
['??r]
≪ froid ≫,
m
aw
r
['maur]
≪ grand ≫,
t
ew
['t?u]
≪ epais ≫,
tr
ow
ch
['tr?ux]
≪ tournez ≫
- gaelique irlandais
:
adha
rc
['?i?k?]
≪ corne ≫,
g
abha
r
['g?????]
≪ chevre ≫
- finnois
:
n
ai
nen
['n?inen]
≪ femme ≫,
h
ei
na
['heinæ]
≪ foin ≫,
p
oi
ka
['poik?]
≪ garcon, fils ≫,
p
ai
va
['pæi?æ]
≪ jour ≫,
s
oi
n
['søin]
≪ je mangeais ≫,
r
au
ta
['r?ut?]
≪ fer ≫,
s
eu
ra
['seur?]
≪ societe ≫,
k
ou
lu
['koulu]
≪ ecole ≫,
t
ay
si
['tæysi]
≪ plein ≫,
k
oy
ha
['køyhæ]
≪ pauvre ≫
- mandarin standard
: 白
b
ai
[pa???]
≪ blanc ≫, 北
b
?i
[pe?????]
≪ nord ≫, 好
h
?o
[x??????]
≪ bon ≫, 口
k
?u
[k???????]
≪ bouche ≫
- wallon
:
m
ai
[mai] ≪ mai ≫,
m
ay
[ma :i] ≪ jamais ≫,
p
oy
e
[p?i] ≪ poule ≫,
s
oy
e
[so :i] ≪ scie ≫,
ouy
e
[u :i]≪ œil ≫,
l
ey
[lεi] ≪ elle ≫,
v
ey
e
[vεi] ≪ vie ≫,
gu
euy
e
[gØ :i] ≪ gueule ≫,
c
aw
e
[kaw] ≪ queue ≫,
spr
ew
[sprεw] ≪ etourneau ≫.
Une diphtongue est dite
ouvrante
quand son
degre d'aperture
s'accroit au cours de son emission : la position de depart est relativement plus fermee, la position d'arrivee relativement plus ouverte
[
4
]
.
Exemples :
- espagnol
:
p
ie
dra
[?pjeð?a]
≪ pierre ≫,
f
ue
go
[?fwe?o]
≪ feu ≫
- italien
:
p
ie
tra
[?pj?tra]
≪ pierre ≫,
f
uo
co
[?fw?ko]
≪ feu ≫
- occitan
:
l
ie
ch
[?lj?t??]
≪ lit ≫,
p
ue
g
[?p??t??]
≪ colline ≫
- roumain
:
s
ea
r?
[?sear?]
≪ soir ≫,
p
oa
rt?
[?poart?]
≪ porte ≫
- breton
:
k
oa
d
[?kw?ːt]
≪ bois ≫,
b
oue
d
[?bweːt]
≪ nourriture ≫
- slovaque
:
p
ia
ty
[?piati]
≪ cinquieme ≫,
hv
ie
zda
[???i?zda]
≪ etoile ≫,
k
o
?
[?ku??]
≪ cheval ≫
- finnois
:
k
ie
li
[?kieli]
≪ langue ≫ ,
l
uo
kka
[?luokː?]
≪ classe ≫,
yo
[?yø]
≪ nuit ≫
- mandarin standard
: 亮
l
ia
ng
[li?ŋ??]
≪ brillant ≫, 切
q
i?
[t???i??]
≪ couper ≫, 光
g
u?
ng
[ku?ŋ?]
≪ lumiere ≫, ?
g
uo
[kuo??]
≪ pays ≫, 月
yue
[?y???]
≪ lune, mois ≫
- wallon
:
p
wer
ter
[pwεrte] ≪ porter ≫,
c
we
sse
[kwεs] ≪ cote (viande) ≫,
b
iess
e
[biεs] ≪ bete ≫
Une diphtongue est dite
centralisante
ou
centripete
[
5
]
quand son articulation varie en direction de la
voyelle moyenne centrale
[?]
. Exemples :
- alemanique
:
l
ie
b
[?l??p]
≪ cher, cheri ≫,
g
ue
t
[?g??t]
≪ bon, bien ≫,
gr
ue
n
[?gr??n]
≪ vert ≫
- anglais
(
Received Pronunciation
) :
b
eer
[?b??]
≪ biere ≫,
f
air
[?f??]
≪ foire ≫,
p
oor
[?p??]
≪ pauvre ≫
- frison occidental
:
st
ie
n
[?sti?n]
≪ pierre ≫,
b
ea
m
[?b??m]
≪ arbre ≫,
f
oe
t
[?fu?t]
≪ pied ≫,
d
oa
s
[?do?s]
≪ boite ≫,
n
ue
t
[?ny?t]
≪ domestique, apprivoise ≫,
fr
eo
n
[?frø?n]
≪ ami ≫
- gaelique irlandais
:
f
ia
ch
[?f?i?x]
≪ corbeau ≫,
t
ua
th
[?t?u?]
≪ nord ≫
- vietnamien
:
m
ia
[mi???]
≪ canne a sucre ≫,
n
??
c
[n??k??]
≪ eau ≫,
th
ua
[t?u???]
≪ perdre ≫
Certaines diphtongues varient essentiellement selon leur
point d'articulation
sans que leur
degre d'aperture
ne se modifie beaucoup pendant leur emission. On en rencontre par exemple en
vieil anglais
, domaine dans lequel elles sont parfois dites
harmoniques
(
harmonic
ou
height-harmonic diphthongs
[
6
]
) :
r
ea
d
[?ræː?d]
≪ rouge ≫,
l
eo
f
[?leːof]
≪ cher, cheri ≫.
Autres exemples :
- neerlandais
:
n
ieuw
[?ni?]
≪ nouveau, neuf ≫,
d
uw
[?dy?]
≪ poussee ≫,
m
oei
te
[?mu?t?]
≪ effort ≫
- occitan
:
c
oi
re
[?kujre]
≪ cuivre ≫,
ling
ui
sta
[liŋ'gwist?]
≪ linguiste ≫,
r
iu
[?riw]
≪ riviere ≫,
- breton
:
sk
ui
zh
[?sk?iːs]
~
[?sk?iːx]
≪ fatigue ≫,
l
iv
[?liu]
≪ couleur ≫
- gallois
:
b
wy
d
[?b??d]
≪ nourriture ≫,
n
iw
l
[?n?ul]
≪ brume ≫,
b
uw
ch
[?b?ux]
≪ vache ≫
- finnois
:
k
ui
va
['kui??]
≪ sec ≫,
h
yi
nen
['hyinen]
≪ glacial ≫,
t
iu
kka
[?tiukː?]
≪ tendu ≫
- mandarin standard
: ?
q
io
ng
[t???i?ŋ]
≪ pauvre ≫
Une diphtongue est dite
descendante
quand elle est accentuee sur le premier element : le timbre de depart est plus nettement perceptible que celui d'arrivee. C'est tres generalement le cas des diphtongues fermantes et centralisantes.
Une diphtongue est dite
ascendante
quand elle est accentuee sur le second element : le timbre d'arrivee est plus nettement perceptible que celui de depart.
Les diphtongues ouvrantes sont souvent ascendantes : c'est ainsi le cas des
ie
,
ue
de l'espagnol, des
ie
,
uo
de l'italien, des
ea
,
oa
du roumain, repertoriees plus haut. Mais ce n'est pas systematique : les diphtongues ouvrantes
ie
,
uo
,
yo
du finnois sont ouvrantes mais descendantes.
Le terme de diphtongue
decroissante
s'applique selon les auteurs a ce qui a ete defini plus haut soit comme diphtongue fermante
[
7
]
, soit comme diphtongue descendante
[
8
]
. Cette ambiguite pose rarement probleme dans la mesure ou les deux caracteristiques vont le plus souvent ensemble.
Le terme de diphtongue
croissante
s'applique selon les auteurs a ce qui a ete defini plus haut soit comme diphtongue ouvrante
[
7
]
, soit comme diphtongue ascendante
[
8
]
. Comme vu plus haut, ces deux caracteristiques sont souvent liees, mais il y a des exceptions.
Les diphtongues dans les langues du monde
[
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|
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]
Les processus qui conduisent a l'apparition (ou a la modification) des diphtongues sont principalement etudies par les
phoneticiens
car ils ont le plus souvent une dynamique
phonetique
. Toutefois cette apparition aura des consequences tot ou tard sur le systeme
phonologique
.
En theorie, il existe trois origines possibles pour une diphtongue : l'evolution d'une ancienne diphtongue, la diphtongaison et la
coalescence
de deux phonemes.
Par ailleurs il est logique dans cette recherche d'etudier symetriquement le sort des diphtongues qui disparaissent.
Une diphtongue actuelle d'une langue peut tout simplement venir d'une ancienne diphtongue (ou triphtongue) dont la prononciation se sera modifiee, soit au point de depart, soit au point d'arrivee, soit aux deux.
L'autre source bien documentee est la diphtongaison, qui est l'obtention d'une diphtongue a partir d'une ancienne monophtongue, souvent sous l'influence de l'
accent tonique
ou du voisinage. Ce n'est donc pas forcement le phoneme dans toutes ses occurrences qui subit le changement, comme dans une evolution reguliere, mais seulement certaines de ses
occurrences
. A cause de ces facteurs determinants, des mots de meme
radical
peuvent etre touches ou non par la diphtongaison d'une de leur
voyelle
selon leur
morphologie
(en fait la voyelle aura plusieurs
allophones
dans un premier temps). Dans le phenomene connu en langue francaise comme l'
alternance vocalique
, on trouve le resultat (encore visible dans l'ecriture) de l'ancienne diphtongaison francaise
[
9
]
qui a affecte differemment des mots de meme souche comme : meule / molaire / moudre
[
N 2
]
. On voit qu'un processus, phonetique au depart, a abouti a l'apparition dans ces mots de phonemes separes aujourd'hui. L'aboutissement
diachronique
de la diphtongaison, un processus phonetique, peut donc ensuite etre observe
synchroniquement
, par la comparaison des differents avatars de la racine originelle, aussi bien phonetiquement que
phonologiquement
.
La diphtongaison, cette evolution d'une monophtongue ancestrale en monophtongue(s) actuelle(s) d'une part (semblable ou non dans sa prononciation a celle d'origine) et/ou en diphtongue(s) d'autre part peut-etre observee :
- soit a l'interieur d'une meme langue, comme on vient de le voir, selon les mots ;
- soit entre phonemes apparentes de deux langues sœurs (sol/
suelo
, bon/
bueno
fait penser a une diphtongaison en espagnol d'un phoneme qui est reste une monophtongue en francais) ;
- soit parallelement entre deux langues pour la meme racine variable (ainsi il est interessant d'observer que l'alternance vocalique du verbe ≪ pouvoir ≫ en francais ressemble a celle du verbe ≪
poder
≫ en espagnol).
Le latin classique connaissait quatre diphtongues. La premiere, notee
ae
comme dans
caelum
(graphie
ai
en latin archaique), etait prononcee [ae?]. La deuxieme, notee
au
comme dans
aurum
, se prononcait [au?]. La troisieme, notee
oe
comme dans
poena
, se lisait [oe?]. La quatrieme, qui ne concernait qu'un tres petit nombre de mots, etait notee
eu
comme dans
reum
et se prononcait [eu?]. Par la suite, les trois premieres se sont monophtonguees : respectivement en [?], [?] et [e] (la diphtongue
au
s'est cependant conservee en roumain et dans certains dialectes occitans)
[
10
]
. La derniere a simplement disparu avec le peu de termes qu'elle concernait. Dans tous les cas, il est aujourd'hui couramment admis que le latin tardif ne connaissait plus la diphtongaison
[
11
]
.
Par ailleurs, le vocalisme du latin classique reposait egalement sur une opposition de longueur, et la voyelle, selon qu'elle etait longue ou breve, pouvait produire deux
phonemes
distincts. Lorsque le latin a evolue, ce trait s'est affaibli puis a fini par disparaitre totalement lors du passage aux differentes
langues romanes
. Des le
III
e
siecle, le grammairien Sacerdos faisait deja des remarques en ce sens, du moins pour la seule syllabe finale des mots, dont la voyelle avait tendance a etre systematiquement abregee (et n'acceptait donc plus
de facto
l'opposition de longueur). Au
V
e
siecle, le phenomene finit par toucher toutes les syllabes du mot, et le grammairien Sergius pouvait ecrire :
Syllabas natura longas difficile est scire
("Il est difficile de savoir quelles sont les syllabes longues par nature")
[
10
]
. D'un systeme qui comptait dix voyelles monophtongales (
?
,
?
,
?
,
?
,
?
,
?
,
?
,
?
,
?
,
?
), voire onze dans le discours soutenu (avec le Y exogene prononce [y], mais tres vite assimile phonetiquement au I par les classes populaires), on passe donc theoriquement a un systeme qui en compte cinq :
a
,
e
,
i
,
o
,
u
(dans les faits, la chose est plus complexe, car des differences nouvelles de timbre sont apparues ou sont devenues pertinentes dans certaines regions, telles [o]/[?] ou [e]/[?], etc.). Si l'on ajoute a ce bilan la chute des diphtongues d'epoque classique evoquee ci-dessus, on ne peut que constater l'appauvrissement profond du vocalisme du latin tardif, tout au moins dans sa variante vulgaire
[
12
]
.
Pour compenser toutes ces pertes, qui, accompagnee de la progressive disparition des
declinaisons
, entrainait la creation de nombreux homonymes, les langues romanes naissantes ont eu recours a de nouvelles oppositions vocaliques variees qui, pour certaines d'entre elles, reposaient sur la diphtongaison.
L'ancien francais notamment, fut plus particulierement sujet a ce phenomene que les autres langues romanes. D'une part parce que l'usure phonetique, plus avancee, entrainait davantage de confusions homonymiques, mais egalement du fait de l'impact phonetique des langues germaniques, tres fort dans les contrees de langues d'oil. Ainsi l'ancien francais regorge-t-il de mots comprenant des voyelles diphtonguees ou triphtonguees, citons par exemple :
c
ue
r
,
b
eau
s
,
ch
ie
vre
,
f
ai
re
,
m
ou
,
par
oi
,
m
oin
s
,
gr
ain
dre
, etc. Au
XII
e
siecle, le vocalisme de l'ancien francais atteignit son apogee, avec 34 sons vocaliques, dont 12 diphtongues orales, 5 diphtongues nasales et 3
triphtongues
. Mais ce systeme etait une richesse mal exploitee, qui n'offrait pas assez de rendement semantique
[
13
]
. Inexorablement, il etait condamne a se reduire peu a peu. Les diphtongues ont ainsi ete assimilees a de simples monophtongues deja existantes (
ai
→ [?]) ou en ont cree de nouvelles (
ue
,
eu
→ [œ], [ø]). Et si l'orthographe francaise moderne en a largement conserve la trace, la diphtongue a bel et bien disparu du francais contemporain (un debat existe cependant a propos de
oi
et
oin
, cf. ci-dessous). Ce trait est d'autant plus marquant que d'autres langues romanes, chez lesquelles le processus de diphtongaison fut pourtant bien moins important, ont conserve le phenomene jusqu'a aujourd'hui. C'est le cas, par exemple, de l'espagnol (
fuego
< FOCU(M) ;
tiempo
< TEMPU(M), etc.) ou de l'italien (
f
uo
co
< FOCU(M) ;
p
ie
tra
< PETRA(M), etc.).
Selon les regions de la
Romania
, le processus de diphtongaison ne fut donc pas le meme. Ainsi, les /e/ et /o/ toniques brefs, devenues indiscernables de leurs homologues longues apres la perte de pertinence de la quantite vocalique du latin classique, diphtonguent en /je/ et /we/ dans le cas des syllabes ouvertes (c'est-a-dire terminees par une voyelle) en francais et en italien, tandis qu'elles diphtonguent independamment de la forme syllabique en espagnol. Dans le cas d'autres langues romanes comme le portugais et le catalan, ces voyelles se maintiennent. Ceci contribue a expliquer le fait que le systeme phonologique de l'espagnol ne renferme que 5 voyelles et non 7, comme c'est le cas de la plupart des autres
langues romanes italo-occidentales
(l'opposition monophtongue/diphtongue jouant le role d'une nouvelle et pleine opposition vocalique en espagnol)
[
14
]
,
[
15
]
,
[
16
]
.
Diphtongaison des syllabes ouvertes et fermees dans les langues romanes italo-occidentales
|
Structure syllabique
|
Latin
|
Italien
|
Francais
|
Occitan
|
Catalan
|
Castillan
|
Portugais
|
Wallon
|
Syllabe ouverte
|
p
e
tram, f
o
cum
|
p
ie
tra, f
uo
co
|
p
ie
rre, f
eu
|
p
ei
ra, f
uo
c
|
p
e
dra, f
o
c
|
p
ie
dra, f
ue
go
|
p
e
dra, f
o
go
|
p
i
re, f
eu
[
N 3
]
|
Syllabe fermee
|
f
e
stam, p
o
rtam
|
f
e
sta, p
o
rta
|
f
e
te, p
o
rte
|
f
e
sta, p
o
rta
|
f
e
sta, p
o
rta
|
f
ie
sta, p
ue
rta
|
f
e
sta, p
o
rta
|
f
ie
sse, p
we
te
|
Deux remarques concernant le wallon: dans
pire
, le i est issu du lat. e, comme dans
pedem > pi, vetulu > vi , medu > mi
(hydromel), etc.
Le mot
feu
est issu de
fo(c)u
, comme
seu
de
so(l)u, djeu
de
j?(c)u , leu
de
lu(p)u,
, etc., notamment toutes les finales en -
oriu, rasoriu > rezeu.
La voyelle eu, absente du latin, est une des solutions apportees par le wallon aux hiatus resultant des amuissements consonantiques. D'autres solutions compatibles avec elle sont l'utilisation de glides (y, h, w ), comme le wallon de Verviers, avec un sens legerement different :
fo(c)u > fouya
ou
fouwa
, feu en plein air
.
Le francais connait aussi les mots
foyer
et
feu
qui coexistent !
Une troisieme source possible serait la
coalescence
de deux phonemes, pas forcement deux voyelles d'ailleurs, qui se systematiserait au point qu'ils finissent par devenir inseparables, formant ainsi une nouvelle unite phonologique.
Existence des diphtongues en francais moderne
[
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]
L'existence des diphtongues en francais moderne peut faire l'objet de deux analyses divergentes, selon le point de vue adopte (plutot phonetique ou plutot phonologique) et de la francophonie envisagee (phenomene de diphtongaison, notamment au Quebec). Ces points de vue apparemment contradictoires tiennent avant tout a la definition exacte qui est donnee aux deux termes employes :
- francais moderne
(norme generale en usage ou variantes regionales, creolisees ou historiques)
- a la notion de ≪ diphtongue ≫ en elle-meme.
Position usuelle, traditionnelle et dominante
[
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]
Selon la definition communement admise et qui est reprise dans tous les ouvrages usuels
[
17
]
:
≪ Les diphtongues
[
N 4
]
n'existent plus en francais moderne. ≫
Les memes sources font le constat suivant :
≪ En francais, ni les voyelles en
hiatus
(exemple : chaos), ni les successions voyelle/
semi-consonne
(exemple : travail), ni les successions semi-consonne/voyelle (exemple : oui) ne sont des diphtongues. ≫
Le francais moderne n'a plus de diphtongues : les groupes de
phonemes
notes par
ie
dans
pied
, [je],
ui
dans
nuit
, [?i],
oi
dans
fois
, [wa], sont bel et bien des sequences semi-consonne + voyelle
[
18
]
. Il ne faut pas confondre les
digrammes
(deux voyelles ecrites a la suite) et les veritables diphtongues. L'
ancien francais
comptait cependant des diphtongues, dont la trace subsiste dans l'
orthographe
moderne : par exemple dans
fleur
ou
haut
.
Plusieurs varietes du francais quebecois contiennent des diphtongues :
fete
se prononce parfois [fa??t],
porc
se prononce parfois [p????]
[
19
]
.
Cette position est egalement confirmee par de nombreuses sources secondaires
[
20
]
.
La position traditionnelle sur les diphtongues du francais semble venir d'une approche essentiellement phonetique directement transposee sur le plan phonematique. Etant donne qu'il n'est pas interdit en phonetique d'utiliser plusieurs graphemes pour affiner la description d'un phenomene sonore, alors si une phonation glissante a, tant comme point de depart que comme point d'arrivee d'autres phones deja connus par la langue, on aura tendance a la noter phonetiquement par les memes signes que les phones simples de la langue quitte a utiliser ou introduire des semi-consonnes (c'est-a-dire l'idee que certaines voyelles sont en fait utilisees localement comme des consonnes). Cette notation par plusieurs graphemes entre crochets aura naturellement tendance a se reporter dans la notation phonematique entre barres obliques, si on saute l'etape de l'examen phonematique notamment. Etant donne le probleme inherent a la notation phonematique souleve plus haut, la notation obtenue, du fait de la regle ≪ un symbole = un phoneme ≫ sera automatiquement interpretee a rebours comme une suite de deux phonemes.
Differents arguments sont en faveur de cette theorie.
Il faut deja tenir compte de l'abondante litterature sur la diphtongaison dans les francais regionaux ou dans un contexte bilingue
[
21
]
,
[
22
]
,
[
23
]
,
[
24
]
.
Les sites qui retracent l'evolution des anciennes diphtongaisons du francais ne diagnostiquent pas tous l'extinction complete des diphtongues obtenues
[
25
]
,
[
9
]
. Au moins une publication fait reference au sort fait au Quebec a une diphtongue prise ailleurs
[
26
]
.
L'analyse d'un complexe par des semi-voyelles ne semble pas contradictoire avec l'existence d'une diphtongue puisqu'apparemment
ce cas est prevu dans la definition de la
semi-voyelle
[ref. necessaire]
.
Le mot
roi
est cite comme exemple de diphtongue sur la page en anglais de cet article. Ecrivons le phonetiquement [?wa] et ecrivons le phonologiquement /?wa/ conformement a la theorie dominante en vigueur.
- Si, par hypothese de travail, on considere qu'il n'y a que deux phonemes seulement /?/+/wa/, on constate que la cesure entre le r et le w permet de nombreuses substitutions (on ecrira directement un des homonymes obtenus en orthographe conventionnelle).
Ainsi en substituant une autre lettre au
r
on obtient :
poids, moi, toi, loi, doigt, soi, bois, coi, foi, oie, joie, quoi, noix, voix
. Chaque paire de mots ainsi construite constitue une paire minimale necessaire a l'identification d'un phoneme. De meme si on remplace le [wa] par une autre voyelle on obtient :
rat, re, rai, riz, rot, roux, rue, rein, rond, rend
. Ici encore chaque paire de mots ainsi construite constitue une paire minimale.
- Si maintenant on considere qu'il y a bien trois phonemes comme la theorie dominante l'affirme, on doit pouvoir obtenir une paire minimale en coupant entre le /w/ et le /a/. On constate qu'on trouve difficilement une consonne a substituer au /w/ sauf a considerer
r(e)pas
comme admissible. On obtient quelques resultats en lui substituant une voyelle :
rhea, ria, rua, roua
[
N 5
]
. Enfin si on veut substituer au /a/ une autre voyelle, la liste obtenue est egalement tres limitee :
roue, rouet
[
N 6
]
.
Si le [wa] est compose de deux phonemes comme le veut la theorie dominante, nous avons donc le /w/ et le /a/ soit une semi-voyelle suivie d’une voyelle. Cette semi-voyelle devrait avoir en francais un comportement autonome, permettant une libre association avec les autres voyelles et consonnes. C'est loin d'etre le cas comme on vient de le voir
[
N 7
]
.
Un autre argument est etymologique :
roi
derive du latin
r?gem
, ou
?
est une voyelle longue et, surtout, accentuee en latin. On note le meme phenomene pour
l
?
gem (l
oi
), f
i
des (f
oi
), qu
ie
tus (c
oi
), hab
e
re (av
oi
r), vid
e
re (v
oi
r)
, ou chaque fois le phoneme [wa] prend la place de la voyelle accentuee en latin.
Considerons la liste des mots :
trente, treize, tricycle, triporteur, trepigner, tiers
et
tierce
. On voit que si le mot
trois
debutait par trois consonnes, il serait le seul de sa famille a posseder un phoneme /w/ dans sa racine /t?w/+(voyelle). Les autres mots sont formes uniquement de /t?/+(voyelle), voire /t/+(voyelle) dans certains cas.
Trois
[t?w?] reste different de
troua
[t?ua] quand bien meme la semi-consonne [w] est generalement decrite comme une simple forme du phoneme /u/.
Comparaison du mot
trois
avec ses cousins
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]
Nous avons
tres
en espagnol et
tre
en italien pour la famille
romane
ainsi que
three
en anglais et
drei
en allemand pour la famille
germanique
. Dans aucune de ces langues n'apparait la trace d’un pareil phoneme W mais leur structure bien reconnaissable est plutot (dentale) + R + voyelle(s) comme en francais
[
N 8
]
.
Comportement en initiale du complexe [wa]
[
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]
Quand le complexe [wa] est place en initiale, on remarque que les mots traditionnels se comportent comme s'il debutaient par une voyelle, c'est-a-dire qu'ils font l'objet d'une liaison, comme dans ≪ les oiseaux ≫ alors que les mots exogenes comme
wapiti
,
water
ou
ouistiti
ne sont jamais lies
[
N 9
]
. Cela corrobore l'idee que dans les mots traditionnels, ce [wa] dont on sait qu'il est bien l'aboutissement d'une diphtongaison, est toujours un phoneme unique, par opposition au comportement des mots empruntes, dans lesquels /w/+/a/ se comporte en revanche comme deux phonemes dont le premier, une consonne (ou une semi-consonne) ne peut etre liee.
On constate que, du point de vue phonologique, le digramme <oi> parait bien noter une diphtongue en francais
[
N 10
]
car cette hypothese est une explication beaucoup plus economique que celle en faisant deux phonemes. Cette position est egalement corroboree par l'etude lexicale et la comparaison des langues apparentees. Enfin, d'autres phonemes que /wa/, comme ceux qui sont proposes comme diphtongues sur la page en anglais, peuvent etre testes de la meme maniere.
- ↑
Ces distinctions se justifient par l'etymologie, assuree par la
comparaison
avec les autres
langues germaniques
. Certains linguistes, par exemple
Fernand Mosse
dans son
Manuel de la lanue gotique
(ed. Aubier Montaigne, 1942), estiment cependant que la diphtongue [ai?] s'etait deja simplifiee en [?ː] a l'epoque ou le gotique a ete ecrit, de sorte qu'il n'aurait plus ete necessaire de faire la difference. Dans cette interpretation, le digramme
ai
note simplement une voyelle de timbre [?], breve ou longue.
- ↑
Dans cet exemple, les anciennes diphtongues obtenues se sont dans la langue moderne fixees comme des
phonemes
simples et aucun de ces trois
mots
ne contient aujourd'hui de diphtongue
- ↑
La graphie du wallon
pire
ne rend pas l'ancienne diphtongue [je], desormais simplifiee en [i:]. Quant a
feu
, il pose egalement probleme car probablement issu d'un emprunt au francais. Cependant, le wallon liegeois connait
fouwa
, et les variantes
fouya
,
fowa
("feu de plein air, de berger ou d'enfant", derives de
*focu
). Ceci montre que la diphtonaison a bien eu lieu.
- ↑
Definition : ≪
voyelle
qui change cours de l'emission, a l'interieur d'une meme syllabe [notee par une ou deux lettres-voyelles] ≫
- ↑
Notons au passage que la prononciation de ≪ roua ≫ est bien distincte de celle de ≪ roi ≫, ce qui est quelque peu contradictoire avec la consideration que la semi-voyelle /w/ ne serait qu'une forme de la voyelle /u/ du point de vue des opposants a l'existence de diphtongue en francaise moderne.
- ↑
≪ rouet ≫ peut s'entendre [?w?] tout autant que [?u?] ce qui n'est pas le cas de ≪ roue ≫, bien disjoint.
- ↑
Ceci ne constitue toutefois pas une preuve absolue, en effet certains phonemes peuvent effectivement avoir une combinatoire tres limitee.
- ↑
Les nombres sont des mots qui ont tendance a etre extremement bien conserves
[
ref.
souhaitee]
.
- ↑
On ne dit pas plus lez-ouaters que lez-ouapitis ou encore lez-ouistiti alors que lez-oiseaux est au contraire la regle.
- ↑
Meme si on peut l'ecrire phonetiquement [wa].
- ↑
Informations
lexicographiques
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etymologiques
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Chantez-vous francais : les diphtongues
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Les Diphtongues du francais canadien de la Mauricie
- ↑
Systemes de diphtongaison dans les dialectes de l'ouest de la France et du Quebec : un probleme de filiation linguistique par Louise Dagenais
- ↑
Acquisition precoce de la phonologie chez le sujet bilingue
- ↑
Diphtongaison en francais du Quebec
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Universite de Laval (Canada) : l'ancien francais
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