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Dietrich Buxtehude

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Dietrich Buxtehude
Description de cette image, également commentée ci-après
Portait presume de Buxtehude
Surnom Le Maitre de Lubeck
Naissance Vers 1637
Helsingborg
Drapeau de Danemark-Norvège  Danemark-Norvege [ 1 ] ou Buxtehude
Blason de la Principauté archiépiscopale de Brême Principaute archiepiscopale de Breme  ?
Deces
Drapeau de Lübeck  Lubeck
Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire romain germanique
Activite principale Musicien , organiste et compositeur
Style Musique baroque
Ascendants Johannes Buxtehude (son pere, musicien)

Dieterich Buxtehude (en allemand  :  [?diːt???c b?kst??huːd?] [ 2 ] , en danois  : Diderik Buxtehude ), ne vers 1637 a Helsingborg ou Buxtehude ou Oldesloe [ 3 ] et mort le a Lubeck , est un musicien , organiste et compositeur allemand d'ascendance danoise . Etabli a Lubeck , l'une des villes les plus actives sur le plan musical en son temps, il compose pour la liturgie , mais aussi pour des concerts spirituels ou profanes plaisant au public local, notamment les Abendmusiken , veillees musicales de l' Avent dont il fait une institution qui se perpetue jusqu'au XIX e  siecle.

L'un des musiciens les plus reconnus en son temps, il entretient de fructueuses amities musicales, comme avec Johann Adam Reinken , et attire de nombreux eleves parmi lesquels on compte Nicolaus Bruhns et sans doute Jean-Sebastien Bach . Son œuvre, dont une partie importante nous est parvenue, compte parmi les plus riches d'Allemagne pour la generation situee apres Sweelinck et Schutz et avant Bach, avec celles de Reinken et de Pachelbel et est devenue un classique du repertoire d'orgue. En ce qui concerne les nombreuses pieces de musique vocale, elles ont commence a retrouver la faveur des interpretes et du public autour des annees 1970, grace, notamment, aux recherches effectuees autour de la musique baroque, dans les annees 1960-1970 et avant, par les musicologues et les interpretes de ces periodes aussi bien qu'actuellement.

Biographie [ modifier | modifier le code ]

Jeunesse [ modifier | modifier le code ]

peinture : Buxtehude à la viole, Reinken au clavecin
Scene de musique dans un interieur , par Johannes Voorhout (1674). Dietrich Buxtehude tient la viole, aux cotes de Reinken au clavecin.

Les origines de Dietrich Buxtehude sont mal connues, meme si differents temoignages permettent de privilegier la date de 1637 pour sa naissance, probablement a Helsingborg . Il est egalement possible qu'il tienne son nom de la ville de Buxtehude , ou il a pu naitre, non loin de la capitale de l'orgue d'Europe du Nord, Hambourg [ 4 ] . Son pere, Johannes Buxtehude, sans doute ne a Oldesloe (dans le Holstein , pres du Danemark ), etait organiste lui-meme : il occupa la tribune de l'eglise Sainte-Marie d' Helsingborg (du debut des annees 1630 a 1641 ou 1642), puis celle de Saint-Olaf d' Elseneur (a partir de 1642, avant de renoncer a son poste en 1672 , et de s'installer a Lubeck , pres de son fils, ou il mourut en 1674). De la mere de Dietrich, on ne connait que le prenom, Helle, et celui de son propre pere, Jesper, ce qui pourrait indiquer une souche danoise de foi protestante lutherienne [ 4 ] .

L'education de Dietrich Buxtehude se deroule donc pour l'essentiel au Danemark, ou il vit des l'age de cinq ans. Outre de possibles etudes classiques a la Lateinschule d'Elseneur [ 5 ] , il etudie la musique, sous la conduite de son pere [ 6 ] . Il assiste egalement au relevage de l'orgue de Saint-Olaf par Johann Lorentz, en 1649-1650, probable occasion d'un apprentissage de la facture d'orgue [ 6 ] .

photo :Orgue de Sainte-Marie d'Elseneur
Orgue de Sainte-Marie d' Elseneur , dont Dietrich Buxtehude est titulaire entre 1660 et 1668.

On ne sait rien de plus sur ses annees de formation, sa scolarite a la Lateinschule s'etant peut-etre achevee vers l'age de dix-huit ans, en 1655. Tout juste peut-on emettre l'hypothese qu'il se soit rendu a Copenhague , ou la cour de Frederic III est un des foyers musicaux les plus brillants d'Europe, et surtout ou est etabli Johann Lorentz le Jeune (1610-1689), l'un des organistes les plus reputes de son temps, titulaire de la Nikolaikirche, et qui compte parmi les proches de Johannes Buxtehude [ 7 ] . Il est egalement possible que Dietrich se soit rendu a Lubeck, aupres de Franz Tunder [ 8 ] , ou encore a Hambourg, aupres de Heinrich Scheidemann [ 7 ] (lui-meme eleve de Sweelinck ), occasion d'une premiere rencontre avec Reinken [ 6 ] .

Le debut de carriere et l'installation a Lubeck [ modifier | modifier le code ]

Dietrich Buxtehude est nomme titulaire de Sainte-Marie de Helsingborg en 1657 ou 1658 [ 6 ] , dans une region ravagee par la guerre entre le Danemark et la Suede . En 1660 , Buxtehude succede a l'organiste Claus Dengel, a Sainte-Marie d' Elseneur . Ses appointements passent de 75 a 200 thalers par an [ 9 ] , nettement plus que les 125 thalers que gagne son pere a Saint-Olaf . Dietrich Buxtehude reside avec ses parents, et voit sa reputation d'organiste grandir. Il se lie d'amitie avec Marcus Meibom , fidele de sa paroisse, et surtout humaniste renomme et historien de la musique [ 6 ] .

En 1667 , a la mort de l'organiste Franz Tunder , Buxtehude est retenu pour lui succeder comme titulaire de Sainte-Marie de Lubeck  : il y prend officiellement ses fonctions le [ 10 ] . La vieille capitale hanseatique est une metropole commercante d'importance, bien qu'une crise economique y sevisse alors. L'organiste est la principale figure musicale de la ville, et ses nouveaux revenus s'elevent a 472 thalers, soit plus du double de son salaire a Elseneur [ 10 ] . Son installation est rapide : il acquiert la bourgeoisie lubeckoise le [ 11 ] et le 3 aout , il epouse une fille de son predecesseur [ 12 ] , Anna Margaretha, nee en 1646 , ils auront sept filles entre 1669 et 1686 [ 10 ] .

gravure : Vue de Lübeck en 1641
Vue de Lubeck en 1641 depuis la rive ouest de la Trave (gravure de Matthaus Merian). On voit au centre les fleches de Sainte-Marie, l'ancienne cathedrale etant a droite.

A Lubeck [ modifier | modifier le code ]

Buxtehude cumule les fonctions d'organiste et d'administrateur de Sainte-Marie, plus importante eglise de la ville [ 13 ] . Sa responsabilite d'organiste comprend par ailleurs le deroulement musical des ceremonies, au grand-orgue et, pour certaines ceremonies, a un deuxieme orgue situe dans la chapelle ≪ de la danse macabre ≫, dans le transept nord ; mais aussi l'entretien des instruments (et la commande de travaux d'importance en cas de necessite) ; la direction d'un ensemble musical (sept musiciens appointes par la ville, trois par l'eglise, un organiste pour le positif ) ; et la responsabilite sur l'ecole voisine de Sainte-Catherine, ou un cantor dirige un ensemble vocal [ 13 ] . Buxtehude reprend egalement les veillees musicales ou Abendmusiken initiees par son predecesseur Franz Tunder , des concerts spirituels proches de l' oratorio , et leur donne une dimension nouvelle [ 14 ] . Enfin, la bourgeoisie lubeckoise le sollicite pour composer des musiques destinees a des fetes privees, a des mariages [ 15 ] Cette activite intense semble toutefois avoir faibli avec les annees, et le declin economique de la ville [ 13 ] .

Ce poste prestigieux est aussi l'occasion pour Buxtehude d'entretenir des relations avec les musiciens les plus reputes de son temps, comme Gustav Duben , titulaire de l'eglise allemande de Stockholm (et dedicataire des Membra Jesu nostri en 1680), et Johann Theile , eleve de Schutz , qui sejourne a Lubeck entre 1671 et 1673, avant de s'etablir a Hambourg comme Kappelmeister du duc Christian Albert jusqu'en 1685 [ 13 ] . La proximite de cette grande metropole est importante pour Buxtehude, qui s'y rend probablement assez souvent, et y frequente, outre Theile, Reinken , titulaire de Sainte-Catherine avec lequel il entretient vraisemblablement une sincere amitie [ 16 ] , Matthias Weckmann , titulaire de Saint-Jacques, ou encore Christoph Bernhard , cantor de Saint-Jean et director musices de la ville [ 17 ] , de 1664 a 1674 [ 18 ] .

peinture : Reinken
Reinken , proche ami de Buxtehude.
plaque commémorative : Visite de Bach à Lübeck (Marienkirche)
Visite de J.S. Bach a Lubeck en 1705 (Marienkirche)

La reputation de Buxtehude lui permet de nouer d'autres amities fructueuses, en particulier avec le grand theoricien Andreas Werckmeister , et de susciter l'admiration de ses contemporains, comme Johann Pachelbel qui lui dedie son Hexachordum Apollinis en 1699 [ 19 ] . Buxtehude attire par ailleurs des eleves venus de toute l'Allemagne : Daniel Erich en 1675, Ludwig Busbetzky en 1679, puis le talentueux Nicolaus Bruhns en 1682, Georg Dietrich Leyding en 1684, et d'autres encore [ 20 ] . Le jeune Bach est probablement son eleve le plus connu : en 1705, il se rend a pied d' Arnstadt a Lubeck, ou il demeure trois mois, sejour dont on ne connait pas les details.

La succession et la fin [ modifier | modifier le code ]

La succession de Buxtehude, qui n'a pas de fils et dont le meilleur eleve, Bruhns, est mort prematurement en 1697, preoccupe le conseil de Lubeck qui, des 1703, invite Johann Mattheson a venir faire acte de candidature. Ce dernier se rend a Lubeck accompagne de son jeune ami Georg Friedrich Haendel , en aout 1703. C'est Mattheson qui relate que Buxtehude aurait exige une clause matrimoniale [ 21 ]  : son successeur aurait ainsi du se marier avec l'une des filles de Buxtehude, sans que l'on sache laquelle. Cette clause fut refusee par Mattheson et Haendel, a qui le poste aurait egalement ete propose, sans que rien n'autorise les interpretations qui ont ete faites depuis de cet episode. L'hypothese de Philipp Spitta [ 22 ] selon laquelle Buxtehude aurait offert au jeune Bach sa succession a la meme condition ne se base ainsi sur aucune source [ 19 ] , et rien ne vient appuyer la vision d' Albert Schweitzer pour qui ≪ Mademoiselle Buxtehude n'avait ni les agrements de la jeunesse ni ceux de la beaute [ 23 ]  ≫ .

peinture : Bach jeune
Le jeune Bach parcourt a pied les 400 kilometres qui separent Arnstadt de Lubeck , pour rencontrer Buxtehude.

Toujours est-il que Buxtehude designe pour son successeur Johann Christian Schieferdecker , qui vient s'etablir des la fin de l'annee 1705. Dietrich Buxtehude meurt le , a soixante-dix ans, et est inhume le 16 mai dans le caveau de l'eglise Sainte-Marie ou reposent son pere et ses quatre filles mortes prematurement. Schieferdecker est elu a sa succession par le conseil de Lubeck le 23 juin, et epouse bien la fille ainee de Buxtehude, Anna Margreta, de quatre ans plus agee que lui, quelques semaines plus tard [ 19 ] .

Œuvre [ modifier | modifier le code ]

Le catalogue des œuvres de Dietrich Buxtehude a ete etabli par Georg Karstadt en 1974 [ 24 ] . La numerotation BuxWV (Buxtehude-Werke-Verzeichnis) n'est pas effectuee selon un ordre chronologique, mais par rubriques thematiques, puis par genre, et par ordre alphabetique ou par tonalite. Soit 275 œuvres en tout.

Œuvres vocales [ modifier | modifier le code ]

Les cantates conservees [ modifier | modifier le code ]

Sur 115 œuvres spirituelles connues, on compte 113 cantates [ 25 ] , dont on ne connait pas avec certitude l'ordre chronologique ni la destination liturgique, et que l'on peut subdiviser en plusieurs genres, dont les frontieres ne sont toutefois pas toujours evidentes [ 26 ] .

Les arias spirituelles sont les plus nombreuses, avec trente-cinq pieces conservees [ 27 ] , faisant intervenir de une a six voix, sur des poesies spirituelles le plus souvent en allemand, de facon tres libre mais presque sans contrepoint pour favoriser l'intelligibilite [ 28 ] . On peut y joindre huit arias nuptiales [ 29 ] , composees sur des poesies libres et pas toujours liturgiques, pour des effectifs tres divers, en fonction des moyens financiers engages par les commanditaires prives de la bourgeoisie lubeckoise [ 30 ] . On compte ensuite vingt-sept concerts spirituels [ 31 ] , sur des textes bibliques en prose, sans structure strophique, avec une ecriture contrapuntique riche, et dont l'exemple le plus connu est le Jubilate Domino BuxWV64, dont la virtuosite peut laisser supposer qu'il aurait ete compose pour un soliste exterieur [ 32 ] , [ 33 ] .

manuscrit : page de titre des Membra Jesu nostri
La page de titre de l'autographe des Membra Jesu nostri (BuxWV 75, 1680).

Buxtehude pratique en revanche les chorals de facon assez marginale, avec seize pieces en tout [ 34 ] , dont la principale caracteristique est une simplicite laissant entendre la melodie aux fideles. La plus remarquable est Herzlich lieb hab ich dich, o Herr (BuxWV 41), piece composee pour un ensemble important (cinq solistes), qui distingue les trois strophes du choral et les developpe longuement [ 35 ] .

Une vingtaine d'œuvres combinent l' aria et le concert spirituel [ 36 ] , en particulier les sept cantates composant le cycle Membra Jesu nostri (BuxWV 75). Cet ensemble a ete exceptionnellement bien conserve puisque l' autographe nous est parvenu. Les sept cantates qui le composent, basees sur le poeme latin de la Rhythmica oratio , sont chacune consacree a l'une des plaies du Christ , sans que l'on sache si elles etaient destinees a etre jouees a une meme occasion [ 37 ] . Enfin, d'autres œuvres ajoutent a la combinaison entre concert et aria des recitatifs ou des chorals [ 38 ]  ; certaines enfin sont des arias ou des concerts dont la forme est dominee par un ostinato a variations [ 39 ] , et dont les exemples les plus fameux sont Herr, wenn ich nur dich hab (BuxWV 38/39) et Jesu meines Lebens Leben (BuxWV 62) [ 40 ] .

Abendmusiken [ modifier | modifier le code ]

Si leur premiere mention explicite dans les deliberations de la paroisse ne date que de 1673, les veillees musicales lubeckoises (en allemand Abendmusiken ) sont une innovation du predecesseur de Buxtehude, Franz Tunder . Celui-ci instaure, peut-etre des 1646, des concerts lors des deux dimanches precedant la Trinite , et des trois dimanches precedant Noel [ 41 ] . Ces soirees sont organisees autour d'une cantate dramatique, dans un genre inspire par Heinrich Schutz et Giacomo Carissimi . Cette tradition ancree dans la vie locale et financee par la bourgeoisie de la ville, consacree sous Buxtehude, sera reprise par ses successeurs, et n'est sans doute pas etrangere a la candidature de Mattheson puis au choix de Schieferdecker pour reprendre ses fonctions, ces deux derniers venant de l' opera de Hambourg . Les Abendmusiken resteront une tradition lubeckoise jusqu'en 1810 [ 42 ] .

Buxtehude fait de ces veillees une veritable institution, ce dont attestent plusieurs mentions dans des documents administratifs ou financiers [ 41 ] . On n'a malheureusement conserve aucune Abendmusik [ 43 ] , meme si certaines œuvres connues permettent d'imaginer a quoi les veillees pouvaient ressembler. C'est le cas des cantates a grand effectif [ 44 ] ainsi que de cantates en dialogues [ 45 ] , au sujet desquelles il n'est pas exclu qu'elles aient fait partie de certaines Abendmusiken [ 46 ] . A defaut de musique, on connait du moins certains titres [ 47 ] et meme le livret complet d'un oratorio de 1678, Die Hochzeit des Lammes BuxWV 128 ( Les Noces de l'Agneau ), base sur la parabole des dix vierges [ 48 ] . Ces oratorios sont en fait de vastes compositions en cinq parties dont l'execution est etalee sur les cinq dimanches precedant Noel, selon le calendrier des veillees reorganise par Buxtehude [ 41 ] .

On sait par ailleurs que, confronte a la diminution de ses subventions, Buxtehude recourt en 1700 a une solution de remplacement en ne faisant pas executer d'oratorio, mais des concerts composes de plusieurs pieces pour des effectifs plus modestes [ 48 ] .

Deux Abendmusiken datant de decembre 1705, meritent une attention particuliere. Il s'agit de deux oratorios executes certes pendant l' Avent , mais en semaine et sur des livrets independants, le 2 decembre en hommage a l'empereur Leopold I er , mort au cours de l'annee ( Castrum Doloris ), et le 3 decembre en celui de son successeur, Joseph I er ( Templum Honoris ). Ces concerts correspondent de plus a la periode a laquelle le jeune Bach se trouvait a Lubeck, et il semble vraisemblable qu'il ait figure parmi les musiciens [ 19 ] . Les livrets des deux oratorios ont ete conserves, mais la musique en est perdue ; on sait toutefois que l'effectif instrumental etait tres important (vingt-cinq violons, double chœur de vents, double chœur de voix) [ 49 ] .

manuscrit : Tablature d'orgue
Tablature d'orgue (partition de continuo de la cantate O dulcis Jesu , BuxWV 83, copie de Gustav Duben [ 50 ] ).

Œuvres pour orgue [ modifier | modifier le code ]

Le corpus des pieces pour orgues de Buxtehude qui nous sont parvenues est le plus important connu avant Bach , a l'exception de Pachelbel  : quatre-vingt-neuf pieces inscrites au catalogue [ 51 ] , dont aucune n'est editee de son vivant, probablement en raison des limites techniques imposees par la composition typographique a caracteres mobiles . On ne connait pas non plus d'autographe du compositeur, mais les pieces nous sont connues grace aux nombreuses copies de ses contemporains, notees en tablature allemande [ 52 ] . La chronologie de ces œuvres est assez hypothetique, mais la virtuosite de certaines pieces, notamment libres, influencees par le stylus phantasticus [ 53 ] , permet d'imaginer le talent d'interprete de Buxtehude [ 54 ] .

Toccata en FA majeur - BuxWV 156

Les elaborations sur chorals [ modifier | modifier le code ]

Plus de la moitie de ces pieces [ 55 ] sont fondees sur des chorals , selon la liturgie lutherienne . Les preludes de choral , au nombre de trente-deux, sont tres varies, la complexite de certains les rattachant probablement a une epoque plus tardive. La melodie disparait parfois presque totalement derriere l'ornementation, comme dans Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort (BuxWV 185), Nun bitten wir den Heiligen Geist (BuxWV 208) et surtout In dulci Jubilo (BuxWV 197). En 1701, les pasteurs de Sainte-Marie firent suspendre des panneaux dans l'eglise, afin que les paroissiens connaissent le numero des chorals dans leurs livres de chant, ce qui temoigne de la difficulte grandissante a les reconnaitre [ 56 ] .

On possede aussi six elaborations en variations, et neuf fantaisies d'une grande richesse, en particulier Ich dank dir, lieber Herre (BuxWV 194) et Nun freut euch, lieben Christen g'mein (BuxWV 210). Ces pieces tres en vogue devaient pouvoir etre jouees aussi bien dans un cadre liturgique que lors des Abendmusiken [ 56 ] .

partition : thèmes de diverses fugues
Les sujets des episodes fugues des preludes BuxWV 137, 140, 142 (deux sujets) et 153.

Les pieces libres [ modifier | modifier le code ]

Le catalogue des œuvres de Buxtehude comprend quarante et une pieces libres [ 57 ] , dont quinze sans pedalier, courtes compositions peut-etre composees pour le clavecin , relevant du genre de la canzone importe d' Italie [ 58 ] .

Les vingt-deux pieces recourant au pedalier , sont pour l'essentiel des preludes , genre qui se developpe alors en Europe du Nord et comprend generalement un episode fugue, qui deviendra independant avec les preludes et fugues de la generation de Bach . Certains preludes de Buxtehude comprennent deja une fugue tres developpee, comme le prelude en fa majeur BuxWV 145 [ 59 ] . Trois toccatas et un preambulum sont a rapprocher de cet ensemble et devaient avoir une fonction comparable, sans doute pour accompagner l'entree et la sortie de la messe. Ces œuvres sont constituees de plusieurs episodes enchaines, de styles contrastes. Buxtehude est surtout familier de la structure en cinq parties, que l'on observe dans neuf preludes [ 60 ] , et que reprendra Bruhns , tandis que les deux diptyques BuxWV 145 et 157, tres complexes, prefigurent la formule qui se generalisera plus tard, comme chez Bach [ 59 ] . L'influence du stylus phantasticus est la plus visible dans ces pieces, notamment dans les introductions, improvisees sur un meme motif.

partition : prélude en fa majeur BuxWV 145
L'introduction du prelude en fa majeur BuxWV 145.

Enfin, trois pieces pour orgues sont explicitement fondees sur un ostinato (meme si Buxtehude y recourt aussi dans certains preludes [ 61 ] ou fantaisies de choral [ 62 ] ) : les deux chaconnes en ut mineur (BuxWV 159) et en mi mineur (BuxWV 160), et surtout la fameuse passacaille en re mineur (BuxWV 161) [ 59 ] . Celle-ci, de composition sans doute tardive, montre une profonde maitrise : l'ostinato est repete 28 fois, a travers 28 variations qui suivent un chemin tonal (re mineur, fa majeur, la mineur, re mineur) refletant l'accord de re mineur en meme temps que les quatre mesures de l'ostinato. Les variations sont elles-memes structurees avec rigueur et inventivite [ 63 ] .

partition : thème de la Passacaille en ré mineur
L'ostinato de la passacaille en re mineur .

La musique pour clavecin [ modifier | modifier le code ]

On a conserve de la production pour clavecin de Buxtehude dix-neuf suites [ 64 ] et six series de variations [ 65 ] . Les suites sont de structure classique ( allemande , courante , sarabande , gigue ), sans prelude mais avec de frequentes originalites (absence de gigue , ou redoublement de certaines danses). Les series de variations comprennent de trois (Aria Rofilis en re mineur, BuxWV 248, sur un theme du Ballet de l'Impatience de Lully ) a trente-deux variations (Aria La Capricciosa en sol majeur, BuxWV 250, sur la Bergamasque ) [ 66 ] .

La musique de chambre [ modifier | modifier le code ]

On compte egalement vingt-deux sonates de musique de chambre , la plupart en trio, dont quatorze editees du vivant de Buxtehude en deux recueils (publies en 1694 (?) et 1696) [ 67 ] . Le nombre de mouvements (trois a sept) et la duree sont tres inegaux [ 68 ] .

Influence et posterite [ modifier | modifier le code ]

Si l'on fait exception de Bruhns et de Bach les eleves et admirateurs de Buxtehude n'ont guere marque l'histoire de la musique, et son influence sur la musique de son temps n'est guere perceptible. C'est pourtant grace a ses eleves et a ses relations qu'une partie de l'œuvre de Buxtehude a survecu, les pieces editees ou encore les manuscrits autographes etant tres rares.

photo : Philipp Spitta
Philipp Spitta , premier a redecouvrir Buxtehude au XIX e  siecle.

En effet, la majorite des œuvres conservees de Buxtehude nous ont ete transmises par des copies, notamment celles de la collection de Gustav Duben , aujourd'hui conservee a la bibliotheque d'Uppsala . C'est en effet grace a l'amitie de Duben avec Buxtehude, qui lui envoyait des copies d'œuvres pour leur execution a Stockholm , qu'une centaine de ses œuvres vocales, nous sont connues. Il faut y ajouter une vingtaine d'œuvres vocales conservees par le biais de la tablature de Lubeck, sous la direction du compositeur. D'autres pieces, surtout pour orgue, nous sont parvenues par differents copistes faisant ou non partie de l'entourage du compositeur (Friedrich Gottlieb Klingenberg, Georg Osterreich , Heinrich Bokemeyer   (de) ), et surtout les nombreux proches de Bach , parents, eleves et amis, en particulier son frere aine Johann Christoph Bach III et son cousin Johann Gottfried Walther [ 69 ] , [ 52 ] .

Redecouverte [ modifier | modifier le code ]

Oublie, Buxtehude fait l'objet de travaux du musicologue allemand Philipp Spitta qui le decouvre dans le cadre de son etude sur Bach. Spitta est le premier a redecouvrir des partitions de Buxtehude, et les publie avec enthousiasme, partageant ses decouvertes, comme la passacaille en re mineur qu'il envoie a son ami Johannes Brahms [ 69 ] . Spitta fait publier les œuvres pour orgue de Buxtehude a partir de 1873, ce qui explique peut-etre que ce pan de l'œuvre de Buxtehude soit le plus joue et le plus connu du public. D'autres editions de la musique de Buxtehude se sont suivies (en particulier l'edition critique initiee par Wilibald Gurlitt en 1925 et menee a terme par Kerala J. Snyder   (en) ) [ 70 ] , ainsi que de nombreux enregistrements, bien que certaines œuvres vocales ou de musique de chambre demeurent presque ignorees [ 69 ] .

Dietrich Buxtehude a egalement fortement influence le jeune Gustav Mahler [ 71 ] .

Hommages [ modifier | modifier le code ]

L' asteroide (4344) Buxtehude est nomme en son honneur [ 72 ] .

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. (en) ≪  Sa biographie  ≫, sur dieterich-buxtehude.org
  2. De nombreuses graphies existent tant pour son nom (Buxstehude, Buxstehoed, Buchstehude, Buxstehuude, Buxstehud, Buxdhue, Buxte Hude) que son prenom (Diederik, Diedrich, Dierich, Diederich, Didericus), et le compositeur lui-meme ecrivait son prenom Dieterich en allemand, et Ditericus ou Dietericus en latin. Voir Cantagrel 2006 , p.  21-22.
  3. Snyder 2007 , p.  5-10.
  4. a et b Cantagrel 2006 , p.  21-24.
  5. Snyder 2007 , p.  12 et suiv..
  6. a b c d et e Cantagrel 2006 , p.  25-31.
  7. a et b Pirro 1913 .
  8. Snyder 2007 , p.  22 et suiv..
  9. Snyder 2007 , p.  28 et 31-32.
  10. a b et c Cantagrel 2006 , p.  31-40.
  11. Snyder 2007 , p.  36.
  12. Pratique courante dans le milieu musical allemand de l'epoque, comme en temoignent le mariage du violoniste Nathaniel Schnittelbach avec la veuve de son predecesseur Paul Bruhns en 1655 ; l'accord qui semble avoir ete conclu entre Johann Lorentz et son beau-pere Jacob Praetorius pour la succession de ce dernier, finalement declinee par Lorentz ; et bien sur la proposition de Buxtehude lui-meme au jeune Bach (cf. infra). Voir Snyder 2007 , p.  36.
  13. a b c et d Cantagrel 2006 , p.  40-46.
  14. Voir infra
  15. Plusieurs exemples en sont conserves : BuxWV 115 a 122 .
  16. En temoignent la Scene de musique dans un interieur de Johannes Voorhout , sur lequel un canon, peut-etre de Johann Theile , celebre leur amitie ; et la musique pour le second mariage de Reinken en 1685, composee par Buxtehude : Drei schone Dinge sind (BuxWV 19). Voir Cantagrel 2006 , p.  161-165.
  17. Responsable de la musique dans les principales eglises, fonctions occupees ensuite par Georg Philipp Telemann puis Carl Philipp Emanuel Bach .
  18. Cantagrel 2006 , p.  46-53.
  19. a b c et d Cantagrel 2006 , p.  61-81.
  20. Cantagrel 2006 , p.  53-61.
  21. Johann Mattheson , Grundlagen einer Ehrenpforte , Hambourg, 1740
  22. Philipp Spitta , Johann Sebastian Bach , vol. 1, Leipzig, 1873
  23. Albert Schweitzer , Bach, le musicien-poete , Lausanne, &905, p. 37
  24. (de) Georg Karstadt , Thematisch-systematisches Verzeichnis der musikalischen Werke von Dietrich Buxtehude : Buxtehude-Werke-Verzeichnis (BuxWV) , Wiesbaden, Breitkopf & Hartel, , 245  p. ( ISBN   3-7651-0065-X )
  25. Les deux pieces restantes sont un contrepoint sur Mit Fried und Freud (BuxWV 76a) et une Missa brevis (BuxWV 114).
  26. Cantagrel 2006 , p.  307-308.
  27. BuxWV 6 a 9, 13, 14, 22, 25, 28, 56, 58, 59, 63, 66, 68, 72, 74, 80, 84, 85, 87-91, 93, 96, 99, 104-110
  28. Cantagrel 2006 , p.  300-302, 315-323.
  29. BuxWV 115-122
  30. Cantagrel 2006 , p.  154-158.
  31. BuxWV 2, 5, 7, 11, 12, 15, 17, 18, 23, 31, 37, 44, 45, 49, 53, 64, 67, 71, 73, 79, 82, 83, 94, 95, 97, 98, 113
  32. On sait par exemple qu'un castrat italien s'est produit a Sainte-Marie de Lubeck a Paques 1672
  33. Cantagrel 2006 , p.  302-303, 323-335.
  34. BuxWV 3, 10, 20, 21, 27, 32, 40, 41, 52, 60, 78, 81, 100 a 103
  35. Cantagrel 2006 , p.  308-315.
  36. BuxWV 19, 24, 30, 33, 35, 39, 46-48, 50, 54, 55, 75, 77
  37. Cantagrel 2006 , p.  342-349.
  38. BuxWV 4, 29, 34, 51, 86, 112
  39. BuxWV 38, 57, 62, 69, 70, 92
  40. Cantagrel 2006 , p.  351-355.
  41. a b et c Cantagrel 2006 , p.  357-369.
  42. Albert Schweitzer , Bach, le musicien-poete , Lausanne, 1905, p.  56
  43. Un oratorio retrouve a la fin des annees 1920 dans la collection Duben, Wacht! Euch zum Streit (BuxWV Anh. 3), est d'attribution douteuse, soutenue par Kerala J. Snyder ( Snyder 2007 , p.  69, 208-211) mais mise en doute par Sara Cathca Ruhle ( An Anonymous Seventeenth-century German Oratorio in the Duben Collection , University of North Carolina, Chapel Hill, 1982) et Gilles Cantagrel ( Cantagrel 2006 , p.  392-397).
  44. BuxWV 51, 72, 110, 113
  45. BuxWV 36, 61, 111, 112
  46. Cantagrel 2006 , p.  369-383.
  47. BuxWV 129, 130, 131
  48. a et b Cantagrel 2006 , p.  383-387.
  49. Cantagrel 2006 , p.  388-392.
  50. Snyder 2007 , p.  315.
  51. BuxWV 136-275
  52. a et b Cantagrel 2006 , p.  206-222.
  53. Snyder 2007 , p.  250-260.
  54. Cantagrel 2006 , p.  236-247, 259-265.
  55. BuwWV 177 a 224. Voir Liste des œuvres de Dietrich Buxtehude .
  56. a et b Cantagrel 2006 , p.  222-236.
  57. BuxWV 136 a 176. Voir Liste des œuvres de Dietrich Buxtehude .
  58. Cantagrel 2006 , p.  140-143.
  59. a b et c Cantagrel 2006 , p.  241-259.
  60. BuxWV 136, 140-143, 148, 149, 155, 156
  61. BuxWV 137, 148, 149
  62. BuxWV 195, 218
  63. Cantagrel 2006 , p.  436-442. Voir aussi l'article Passacaille en re mineur (Buxtehude) .
  64. BuxWV 226 a 244
  65. BuxWV 245 a 251
  66. Cantagrel 2006 , p.  130-140.
  67. BuxWV 252 a 273
  68. Cantagrel 2006 , p.  143-154.
  69. a b et c Cantagrel 2006 , p.  81-89.
  70. Voir infra
  71. The Mahler Companion:Mitchell and Nicholson
  72. (en) ≪ (4344) Buxtehude ≫ , dans Dictionary of Minor Planet Names , Springer, ( ISBN   978-3-540-29925-7 , DOI   10.1007/978-3-540-29925-7_4296 , lire en ligne ) , p.  373?373

Editions [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Gilles Cantagrel , Dietrich Buxtehude , Paris, Fayard, , 508  p. ( ISBN   978-2-213-63100-4 ) .
  • Eric Lebrun , Dietrich Buxtehude , Paris, Bleu nuit, coll. ≪ Horizons ≫, 2006.
  • Andre Pirro , Dietrich Buxtehude , Fischbacher, .
  • (en) Kerala J. Snyder , Dietrich Buxtehude. Organist in Lubeck , Rochester, University of Rochester press/Woodbridge/Boydell & Brewer, , 554  p. ( ISBN   978-1-58046-253-2 , lire en ligne )
    Eastman studies in music (44). Premiere edition : Schirmer Books, New York, 1987
    .
  • (de) Hermann Wettstein, Dietrich Buxtehude, 1637-1707 : eine Bibliographie , Fribourg/Bresgau, 1979
  • Marie-Jose Minassian, Une fille de M. Buxtehude - Histoire d'une femme sans histoire , Paris, TriArtis, 2021.

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Discographie selective [ modifier | modifier le code ]

Musique vocale [ modifier | modifier le code ]

Membra Jesu nostri
Autres

Orgue [ modifier | modifier le code ]

Integrales
Autres
  • Le Voyage du nord (BuxWV 213, 211, 202, 178, 184, 223, 197), Jean-Charles Ablitzer , Stil, 1985
  • Œuvres pour l'orgue (BuxWV 137, 184, 161, 211, 197, 174, 217, 139, 212, 163, 223, 149), Ton Koopman , Novalis (NVS 150482), 1994
  • Œuvres pour l'orgue (BuxWV 149, 223, 146, 197, 139, 211, 137, 183, 140, 199, 142, 178, 145, 153, 174, 161, 160, 159, 171, 203, 182, 155, 218, 156, 207), Marie-Claire Alain , Erato (0630129792), 1996 (enregistrement 1988)
  • Œuvres pour l'orgue (BuxWV 203, 161, 160, 157, 140, 174, 153, 188, 146, 168, 155), Rainer Oster , Arte Nova (74321 63633-2), 1999

Clavecin [ modifier | modifier le code ]

  • Pieces pour clavecin (BuxWV 163, 234, 164, 166, 226, 174, 248, 250), Rinaldo Alessandrini , Astree Auvidis (E 8534), 1995
  • Œuvres pour clavecin (BuxWV 165, 223, 233, 176, 226, 249, 166, 179, 225 ; 247, 242, 174, 245, 171, 235, 170, 215 ; 243, 168, 238, 162, 250), Lars Ulrik Mortensen , Dacapo (3 vol., 8.224116 a 18, reed. Naxos 8.570579 a 81), 1999

Musique de chambre [ modifier | modifier le code ]

Article connexe [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]

Partitions [ modifier | modifier le code ]