한국   대만   중국   일본 
Culte de la personnalite de Nicolae Ceau?escu ? Wikipedia Aller au contenu

Culte de la personnalite de Nicolae Ceau?escu

Un article de Wikipedia, l'encyclopedie libre.
Nicolae Ceau?escu et son epouse Elena en 1986. Les affiches de propagande et les representations du couple etaient omnipresentes.
Affiche de propagande a Bucarest en 1986. La legende indique ≪ 65 ans depuis la fondation du Parti communiste roumain ≫, tandis qu'en arriere plan il est indique ≪ ere de Ceau?escu ≫ et ≪ le Parti. Ceau?escu. Roumanie. ≫
Une librairie de Bucarest faisant la promotion des travaux de Ceau?escu c. 1986.
Un timbre commemorant le 70eme anniversaire (et 55 ans d'activite politique) de Ceau?escu, 1988.
Ceau?escu recevant le sceptre presidentiel des mains du president de la Grande assemblee nationale ?tefan Voitec a l'occasion de son election au poste de President de la Roumanie le 28 mars 1974.

Le culte de la personnalite de Nicolae Ceau?escu a constitue l'adulation la plus extreme d'un dirigeant politique du bloc de l'Est pendant la guerre froide . Le dictateur roumain s'est inspire du culte de la personnalite entourant Kim Il-sung en Coree du Nord pour developper son propre culte. Ce tournant de sa politique a ete initie avec les Theses de juillet   (en) de 1971 , inversant la liberalisation des annees 1960 . Cette evolution s'est traduite par l'imposition d'une ideologie nationaliste stricte, du totalitarisme stalinien et par un retour au realisme socialiste . Initialement, le culte de la personnalite se centrait uniquement sur la personne de Nicolae Ceau?escu mais, au debut des annees 1980 , sa femme, Elena Ceau?escu ? l'une des rares epouses d'un dirigeant communiste a devenir une femme de pouvoir a part entiere ? a egalement fait l'objet du culte [ 1 ] .

Origines [ modifier | modifier le code ]

Les premisses de ce culte de la personnalite peuvent etre recherchees dans l'acclamation de Ceau?escu a la suite de son discours du 21 aout 1968 dans lequel il denonce l' invasion de la Tchecoslovaquie par le Pacte de Varsovie survenue en 1968. A partir de cette date, il y a eu une identification croissante de la Roumanie a Ceau?escu dans les medias roumains et dans les declarations de ses responsables politiques [ 1 ] . Cependant, le veritable depart de ce culte de la personnalite survient apres la visite de Ceau?escu en Chine et en Coree du Nord en 1971. Il y a ete particulierement impressionne par la maniere tres personnaliste dont Mao Zedong en Chine et Kim Il-sung en Coree du Nord dirigeaient leur pays, ainsi que par les cultes de la personnalite dont ils faisaient l'objet [ 2 ] .

De meme que Staline jusqu'en 1956, le predecesseur de Ceau?escu, Gheorghe Gheorghiu-Dej , au pouvoir de 1947 a 1965, faisait deja l'objet d'un culte de la personnalite, mais moins marque que celui entourant Ceau?escu [ 3 ] .

Caracteristiques [ modifier | modifier le code ]

Ceau?escu est devenu ≪ president du Conseil d'Etat ≫ de Roumanie en 1967, c'est-a-dire chef d'Etat de jure comme de facto. En 1974 son pouvoir s'est encore accru lorsqu'il a ete ≪ elu ≫ (a l'unanimite) au poste de President de la Republique , prenant ainsi un controle total sur l'executif. C'est a ce moment que lui a ete octroye un ≪ sceptre presidentiel ≫ presentant les caracteristiques d'un sceptre royal. Salvador Dali l'a felicite pour ce sceptre dans un telegramme publie par la presse etatique roumaine qui n'a pas su en deceler l'ironie :

≪ J'ai beaucoup apprecie votre decision d'etablir le sceptre presidentiel [ 4 ]  ≫

De plus, Ceau?escu etait president du ≪ Conseil supreme du developpement economique et social ≫, du ≪ Conseil national des travailleurs ≫ et du ≪ Front de la democratie socialiste et de l'unite ≫ [ 5 ] .

Des leur plus jeune age, les ecoliers apprenaient des poemes et des chansons dans lesquels ≪ le parti, le chef et la nation ≫ etaient loues [ 6 ] .

Le but du culte etait de rendre impossible toute opposition publique a Ceau?escu, ce dernier etant considere, par definition, comme infaillible et au-dessus de toute critique [ 7 ] .

Representations mediatiques [ modifier | modifier le code ]

Ceau?escu a commence a etre depeint par les medias roumains comme un theoricien communiste de genie ayant fait des contributions significatives au marxisme-leninisme [ 6 ] et a un leader politique dont la ≪ pensee ≫ etait source de toutes les realisations nationales [ 5 ] . Ses œuvres compilees ont ete reeditees a intervalles reguliers et traduites en plusieurs langues. Des travaux qui ont fini par representer des dizaines de volumes et qui etaient omnipresents dans les librairies roumaines. Elena Ceau?escu a ete decrite comme la ≪ Mere de la Nation ≫. Selon tous les temoignages, sa vanite et son desir d'honneurs depassaient ceux de son mari [ 2 ] .

Les medias usaient de l'expression ≪ age d'or de Ceau?escu ≫ et d'une plethore d'autres d'appellations stereotypees telles que ≪ garant du progres et de l'independance de la nation ≫ et ≪ architecte visionnaire de l'avenir de la nation ≫ [ 5 ] . Dan Ionescu, qui travaillait pour Radio Free Europe , a compile une liste d'epithetes designant Ceau?escu utilises par les ecrivains roumains. Parmi ceux-ci : ≪ architecte ≫, ≪ corps celeste ≫ ( Mihai Beniuc ), ≪ demiurge ≫, ≪ dieu seculier ≫ ( Corneliu Vadim Tudor ), ≪sapin≫, ≪ prince charmant ≫ (Ion Manole), ≪ genie ≫, ≪ saint ≫ ( Eugen Barbu ), ≪ miracle ≫, ≪ etoile du matin ≫ (Vasile Andronache), ≪ navigateur ≫ (Victor Nistea), ≪ sauveur ≫ (Niculae Stoian), ≪ soleil ≫ (Alexandru Andri?oiu), ≪ titan ≫ (Ion Potopin) et ≪ visionnaire ≫ (Viorel Cozma) [ 8 ] , [ 9 ] . Il etait le plus souvent designe comme le Conduc?tor , ou ≪ le guide ≫ [ 2 ] .

Cependant, il etait egalement decrit comme un homme aux origines modestes, ayant atteint le sommet de l'Etat a la force du poignet, et donc symboliquement lie a des heros populaires de l'histoire roumaine, tels Horea et Avram Iancu [ 7 ] .

Les Ceau?escu surveillaient de pres leur image publique. La plupart des photos les representant les montraient a la fin de la quarantaine. La television d'Etat roumaine avait pour ordre strict de les presenter sous le meilleur jour possible. Par exemple, les producteurs devaient prendre grand soin de s'assurer que la petite taille de Ceau?escu (il mesurait 1  m 65) n'etait jamais soulignee a l'ecran. Elena n'a jamais ete vue de profil en raison de son grand nez et de son apparence quelconque. Violer ces regles avait de graves consequences ; un producteur ayant montre des images de Ceau?escu clignant des yeux et begayant, et a ete ostracise pendant trois mois [ 2 ] .

A une certaine epoque, tous les portraits de Ceau?escu le representaient de demi-profil, avec une seule oreille apparente. Apres qu'une blague se soit repandue a propos du portrait ≪ dans une oreille ≫ (une expression roumaine signifiant ≪ etre fou ≫), les photographies de profil ont ete jugees inappropriees et les portraits ont ete remplaces par de nouvelles photographies sur lesquelles ses deux oreilles etaient clairement visibles [ 10 ] .

Arts et litterature [ modifier | modifier le code ]

Portrait de Ceau?escu a Bra?ov pour feter les 45 ans de la " liberation fasciste ".

Les intellectuels etaient invites a exprimer leur appreciation pour Ceau?escu [ 8 ] . En 1973, un grand tome intitule Omagiu (≪ Hommage ≫) a ete publie pour en dresser le panegyrique [ 6 ] . Dans les annees 1980, des volumes annuels de louanges d'intellectuels roumains etaient publies, contenant de la prose, de la poesie et des chansons. Ces volumes etaient publies le jour de l'anniversaire de Ceau?escu, qui etait une fete nationale [ 7 ] .

Des artistes tels que le peintre Sabin B?la?a ont represente Ceau?escu dans des œuvres d'art commandees par l'Etat [ 1 ] .

Plusieurs chants populaires en font sont apologie comme Poporul, Ceau?escu, Romania , Cu-Ceau?escu -n-frunte , Ceau?escu , om de omenie pour n'en citer que trois. A noter aussi que lors de sa visite officielle en Coree du Nord , le parti au pouvoir [pas clair] ecrivit une chanson specialement pour l'occasion [ref. necessaire] .

Contestation [ modifier | modifier le code ]

Au sein de la societe civile [ modifier | modifier le code ]

Meeting de septembre 1978 a Bucarest

Selon le dissident Mihai Botez , la faible propension de la population a exprimer ouvertement sa dissidence n'etait pas seulement une question de courage, mais aussi une analyse couts-avantages  : de nombreuses personnes pensaient que s'exprimer n'ebranlerait en rien un regime dont la police politique , la Securitate , etait omnipresente et toute-puissante, tandis que scander servilement les slogans officiels, applaudir et agiter des calicots valait des avantages (jours de conge, tickets d'acces a divers services ou loisirs…) [ 8 ] .

Toutefois, une multitude de ≪  blagues d'arrestation  ≫ prolifere (ainsi appelees parce qu'elles pouvaient valoir des peines d'emprisonnement) [ 10 ] comme par exemple ≪ - Pourquoi Ceau?escu fait-il defoncer tout Bucarest avec ses chantiers ? - Parce qu'il cherche les diplomes de sa femme ! ≫, le prolongement du nom du Boulevard de la Victoire du Socialisme en ≪ Boulevard de la Victoire du Socialisme sur le Peuple ≫ ou encore l'inversion des termes du slogan officiel omnipresent Romania = comunism, Ceau?escu = eroism en ≪ Ceau?escu = comunism, Romania = eroism ≫ [ 11 ] , [ 12 ] . En 1987, des manifestations ouvrieres degenerent en emeutes , revelant jusqu'en occident l'impopularite du regime [ 13 ] .

Or, jusqu'a la fin des annees 1980, les pays occidentaux avaient de bonnes relations avec Ceau?escu et ne s'inquietaient nullement du sort de la population [ 8 ] , a la seule exception d' Amnesty international preoccupee par le sort de quelques dissidents et surtout de la minorite magyare . Sur le plan politique, la position apparemment ≪ independante ≫ de Ceau?escu (qui ne remit cependant jamais en question l'appartenance de son pays au pacte de Varsovie et au Comecon ) plaisait aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, a la France et au Japon, ce qui a decourage l'opposition. Le dissident Mihai Botez a indique avoir eu le sentiment que pendant des annees, lui et ses semblables etaient percus comme des ≪ ennemis de l'Occident ≫ parce qu'ils contestaient la realite de l'≪ independance ≫ de la Roumanie au sein du ≪  bloc de l'Est  ≫ [ 14 ] .

Le soutien des pays occidentaux a Ceau?escu cessa avec la montee en puissance de Mikhail Gorbatchev en mars 1985, dont Ceau?escu critique la glasnost et la perestroika , cessant alors d'etre percu comme pertinent sur la scene mondiale [ 14 ] .

Au sein du Parti communiste [ modifier | modifier le code ]

Il y avait peu de divergences d'opinion au sein du Parti communiste roumain . Deux incidents majeurs se produisirent toutefois en 1978. D'une part, un proche conseiller de Ceau?escu, Ion Mihai Pacepa , fit defection et passa a l'Ouest ou il revela les operations d'espionnage du regime en occident, et d'autre part au douzieme congres du Parti communiste, un haut fonctionnaire age, Constantin Pirvulescu , affirma que le Parti est indifferent aux difficultes interieures du pays, et ne sert qu'a la glorification du couple Ceau?escu. A la suite de cela, il a ete expulse du Congres, place sous stricte surveillance et assigne a residence [ 5 ] .

Heritage [ modifier | modifier le code ]

A la fin des annees 1980, le Parti communiste et l'ensemble des institutions roumaines etaient totalement subordonnes a la volonte de Ceau?escu. Dans les autres pays communistes , la plupart des dirigeants, meme avec l'importante puissance que leur donnait leur poste, etaient les premiers parmi leurs pairs, mais la direction du parti unique restait collegiale. En Roumanie, Ceau?escu imposa un national-communisme isolationniste, impliquant un controle absolu sur le pays et l'omnipresence de son culte, qui conduisirent des observateurs non roumains a decrire sa gouvernance comme s'approchant d'un ≪ regime stalinien a l'ancienne ≫ [ 15 ] . En partie a cause de la subordination du PCR a Ceau?escu, il fut dissout au lendemain de l' effondrement du regime et ses avatars ulterieurs, le front du salut national et les partis dits sociaux-democrates abandonnerent tous les principes du communisme [ 16 ] .

A cause de ce culte de la personnalite conjugue a une concentration du pouvoir aux mains de la famille Ceau?escu, une grande partie de la frustration du peuple roumain etait dirigee directement contre le couple Ceau?escu, plutot que contre l'appareil politique du Parti communiste dans son ensemble [ 17 ] . C'est peut-etre pourquoi le vainqueur des elections generales de 1990 a ete le Front de salut national , compose en grande partie d'anciens membres du Parti communiste.

References [ modifier | modifier le code ]

  1. a b et c Deletant, p.  203
  2. a b c et d (en) Victor Sebetsyen , Revolution 1989: The Fall of the Soviet Empire , New York City, Pantheon Books , ( ISBN   0-375-42532-2 , lire en ligne )
  3. Roper, p.  60
  4. (ro) ≪  Misterul SCEPTRULUI PREZIDEN?IAL al lui NICOLAE CEAU?ESCU. Un mare SECRET a fost dezv?luit dup? 53 de ani! [The Mystery of Nicolae Ceau?escu's Presidential Sceptre. A Big Secret Was Unveiled After 53 Years!]  ≫, sur transparentnews.ro , (consulte le )
  5. a b c et d Ronald D. Bachman (ed.), Romania: A Country Study . "The Ceausescu Era" Washington: GPO for the Library of Congress, 1989.
  6. a b et c Crowther, p.  125
  7. a b et c Crowther, p.  126
  8. a b c et d Deletant, p.  204
  9. "An A to Z of the Personality Cult in Romania" , Radio Free Europe SK/1 (2 February 1989).
  10. a et b Caterina Preda, Dictators and Dictatorships: Artistic Expressions of the Political in Romania and Chile (1970s-1989): No Paso Nada...? , Universal-Publishers, 2010, p.  284
  11. Bancuri din iepoca odiosului , Orientul Latin, Bra?ov, 1992
  12. Dana Maria Niculescu-Grasso, Bancuri politice , Funda?ia Cultural? Roman?, Bucarest 1999.
  13. Le Monde du 09 fevrier 1988 : Roumanie : Les emeutes de Brasov etaient des actions anarchiques declare N. Ceau?escu - [1] .
  14. a et b Deletant, p.  205
  15. Catherine Durandin, Histoire des Roumains Fayard, 1995, 573 pp., ( ISBN   9782213594255 )
  16. Steven D. Roper, Romania : the unfinished revolution , Routledge, 2000, ( ISBN   90-5823-027-9 ) .
  17. Roper, p.  68

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

  • Dennis Deletant. Ceau?escu and the Securitate: Coercion and Dissent in Romania, 1965-1989 , p.  229. M.E. Sharpe, 1995, ( ISBN   1-56324-633-3 ) .
  • Steven D. Roper, Romania: The Unfinished Revolution , Routledge, 2000, ( ISBN   90-5823-027-9 )
  • William E. Crowther, The Political Economy of Romanian Socialism . New York: Praeger, 1988, ( ISBN   0275928403 )