Le
cow-boy
ou
cowboy
[
1
]
(prononce :
/
k
o
.
b
?
j
/
, de l'
anglais
cow
, ≪ vache ≫, et
boy
, ≪ garcon ≫, prononce en anglais
/
?
k
a
?
.
?
b
?
?
/
), qui signifie ≪
vacher
≫ ou ≪
bouvier
≫ en
francais
, est un garcon de ferme s'occupant du
betail
bovin
dans les pays anglophones de grands espaces comme le
Far West
americain
et l'
Outback
australien
.
Cette profession derive de celle de
vaquero
, en vogue au
Nouveau-Mexique
aux
XVI
e
et
XVII
e
siecles, mais s'en distingue en ce sens que ces derniers ne sont pas des
ouvriers agricoles
. En effet, au
XIX
e
siecle les elevages de l'Ouest alimentaient l'ensemble du pays ; le cow-boy avait donc pour mission de conduire les betes a travers le sud des
Grandes Plaines
, en l'absence de
chemin de fer
. Cette
transhumance
, qui cessa aux alentours de 1890, a donne du cow-boy une image d'homme
libre
, solitaire et
nomade
, en certains points eloignee de la realite.
A la fin du
XIX
e
siecle et tout au long du
XX
e
siecle, de tres nombreuses
œuvres litteraires
(
romans
,
bandes dessinees
) et
films
prirent pour heros des cow-boys courageux,
cavaliers
euro-americains
emerites et tireurs d’elite prets a degainer face aux Amerindiens pour sauver la veuve et l'orphelin. C'est ainsi que le cow-boy s'est transforme en un personnage mythique incarnant les valeurs americaines.
Chasse au taureau sauvage dans le Mexique colonial (1582)
Longhorn
Au
XVI
e
siecle
, les
conquistadors
espagnols explorent les regions situees au nord de la
Nouvelle-Espagne
et les colonisent a partir du
XVII
e
siecle
. Lors des expeditions d'exploration du sud-ouest americain appele alors ≪ Nouveau-Mexique ≫, notamment lors de l’expedition de
Francisco de Coronado
en
1540
[
2
]
, des
bovins
s'echappent et retournent a la vie sauvage. Des
chevaux
espagnols retournent aussi a la liberte : ce sont les
mustangs
. Lorsque les Espagnols s'installent au
Nouveau-Mexique
, au
Texas
puis en
Californie
, ils introduisent l'
elevage
d'animaux jusque-la inconnus des
Amerindiens
(
moutons
,
bœufs
,
chevaux
). Les
missions
franciscaines
espagnoles pratiquent un
elevage extensif
, avec l'aide des Amerindiens.
Les grands proprietaires mettent les troupeaux de bovins sous la surveillance de
vaqueros
, des ouvriers agricoles montes sur des chevaux. Ils rassemblent les betes au cours du
rodear
[
3
]
et portent un costume adapte a leur activite : un
sombrero
pour les proteger du soleil, un
bandana
pour ne pas respirer la poussiere, des
jambieres
et des
eperons
pour monter a cheval et un
lasso
afin de capturer les animaux.
”
Charro Mexicain
” (1828). Le terme ≪Charro≫ etait a l'origine un terme pejoratif pour les vaqueros mexicains, synonyme des termes francais ≪Pequenaud≫, ≪Paysan≫, ≪cul-terreux≫ ou ≪Plouc≫.
Un cow-boy (
1887
)
Avec la fin de la domination espagnole et le depart des proprietaires des
ranchos
, les troupeaux se sont retrouves a l’etat sauvage : un cheptel disponible existe donc alors a l’Ouest. En
1820
, lorsqu'arrivent les premiers colons, la region du Texas actuel compte pres de 3,5 millions d'animaux disponibles, les
longhorns
, surtout situes au Sud ou les
paturages
sont nombreux et parfois permanents.
En
1832
, le
Mexique
ordonne la dissolution des missions et le partage de leurs terres, qui vont plus souvent aux colons connaissant l'elevage du betail et ayant les moyens de les acheter qu'aux
Amerindiens
restes pour la plupart chasseurs nomades dans les regions concernees.
La vente de ces vastes territoires, appeles
ranchos
, qui etaient jusqu'alors inhabites, interesse de nouveaux colons. Ces possessions sont surtout utilisees pour l'elevage du betail par les
rancheros
, leurs dirigeants, qui sont aides par les convertis amerindiens des missions. Une elite se forme parmi ces
rancheros
et prend rapidement de l'importance au sein de la province mexicaine.
Des Americains essaient une premiere fois de tirer profit de ces animaux, mais pour cela il faut des hommes capables de gerer le betail : si on les appelle encore les
vaqueros
, le nom anglais ≪ cow-boy ≫, apparu sur la cote atlantique du pays a la fin du
XVIII
e
siecle
[
4
]
, se diffuse peu a peu en
Amerique du Nord
. Ils commencent a mener les betes a destination des centres de consommation du
Missouri
ou de
La Nouvelle-Orleans
. Avec l'independance du Texas en 1836, les ≪
rancheros
≫ deviennent ≪
ranchs
≫ ; il faut trouver des debouches a cette viande : on ouvre de nouvelles pistes, qui conduisent les animaux jusqu'au port de La Nouvelle-Orleans en
Louisiane
. Cependant, les troupeaux transmettent une maladie tres grave et contagieuse, la
Texas Fever
(≪ Fievre du Texas ≫) qui contamine en
1852
-
1853
le betail des fermiers. Des lors, ces derniers font tout pour s’opposer au passage des troupeaux sur leurs terres, souvent fusil a la main.
Le cow-boy et la conquete de l'Ouest (1848-1890)
[
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]
Prairie dans le Kansas
La periode qui s'ecoule de la
defaite mexicaine
a la fermeture de
la Frontiere
marque l'apogee du mode de vie des cow-boys. Lors de la
ruee vers l'or
, de nombreux hommes arrivent en Californie puis dans tout l'Ouest americain. Cet afflux provoque un accroissement de la demande en viande mais, apres une tentative reussie de mener les betes a
Denver
, la
guerre de Secession
(
1861
-
1865
) emporte l’elevage dans la tourmente.
Alors que les cow-boys texans, puis les
rancheros
, sont mobilises, la terrible
secheresse
de
1862
-
1863
decime les troupeaux livres a eux-memes. Au depart, l’
armee sudiste
se nourrit de ce betail, mais le blocus du
Mississippi
, a l’automne
1863
, coupe le dernier debouche des eleveurs qui doivent brader leurs betes au Mexique contre le ravitaillement. A la fin de la guerre, le Texas est ruine, mais bien vite le cheptel se reconstitue : en 1865-
1866
, 5 millions de betes sont a nouveau disponibles.
Au debut des
annees 1860
, l’
immigration
croissante et l’
urbanisation
des Etats-Unis conduisent au developpement du marche de la viande bovine, surtout sur la cote Est. De plus, les habitudes alimentaires changent, et la consommation de bœuf remplace peu a peu celle de porc, consideree comme un plat de pauvres. Les medecins de l'epoque encouragent la population a manger du bœuf. Enfin, il faut pouvoir nourrir les soldats et les Amerindiens de l'Ouest. Le betail de l’Est ne suffit plus a approvisionner les grands centres ou la viande pourrait trouver des debouches, et les grands
abattoirs
de l’Est (
Cincinnati
,
Chicago
) ont besoin de matieres premieres. Or le Texas peut repondre a cette demande, mais l’acheminement des betes reste problematique. Des tentatives ont ete menees dans les annees 1850 vers Chicago,
Saint Louis
et meme
New York
, mais les resultats furent decevants. Dans l'une d’elles, vers la Californie, les animaux n’arriverent d’ailleurs jamais a destination.
Cow-boys contemporains
Un marchand de bestiaux de l’
Illinois
, du nom de Joseph Mc Coy, s’en rend compte et cherche un point d'echange entre les eleveurs et les acheteurs, que l’on puisse joindre sans trop de dangers : il choisit
Abilene
dans le
Kansas
, terminus ferroviaire de la
Kansas Pacific Railway
. Il passe un contrat avec la compagnie, puis il developpe alors, autour de la ville, toutes les infrastructures necessaires a la vente et a l’embarquement des betes a bord du train qui les conduira vers l’Est : en
1867
, les premiers wagons charges de bœufs partent pour Chicago. Cependant, il reste a amener les betes de leur point d’origine jusqu’a cette gare, soit un parcours de pres de 1000 kilometres vers le Nord : c’est la le debut de l’aventure qui a rendu celebres les cow-boys, avec la grande transhumance.
Si, dans l’imaginaire collectif, le cow-boy est un Americain blanc,
WASP
, homme libre et droit, la verite est differente a plusieurs egards.
D'une part, derriere l'image de liberte que la legende associe au cow-boy, celui-ci a un statut subalterne peu enviable, avec des revenus tres faibles. Avec le phenomene de regroupement des terres dans l’Ouest, qui appartiennent de plus en plus a de grands proprietaires, se mettre a leur service est alors l'un des rares metiers proposes dans la region et les patrons peuvent trouver de la main d’œuvre, meme avec un salaire aussi faible. Les jeunes sont fascines par la vie de leurs aines, attirance alimentee par les recits plus ou moins averes des aventures des cow-boys. En realite, les cow-boys constituent un groupe meprise et exploite par les proprietaires de
ranchs
. Peu payes et sans possibilite d'acces au credit, ils ne peuvent que rarement devenir proprietaires a leur tour et vivent dans une certaine precarite en dehors des periodes de
transhumance
.
D'autre part, la faible attractivite du metier n'incite pas les
Blancs
a prendre cet emploi qui se resume a celui d'un
ouvrier agricole
aux activites dangereuses. Par consequent et contrairement aux
idees recues
, 45 % des cow-boys sont des gens de couleur
[
5
]
victimes des
lois Jim Crow
qui codifient leur
segregation raciale
et les empechent d'etre associes a la figure emblematique du cow-boy symbole de la
conquete de l'Ouest
[
6
]
:
Noirs
(15 % des effectifs
[
7
]
sont composes de ces hommes liberes de l'
esclavage
),
metis
(15 % egalement),
Mexicains
ou
indiens
composent les 35 000 a 40 000 cow-boys
[
8
]
qui empruntent la piste du betail (
Cattle Trail
) entre 1865 et 1890.
Quoi qu’il en soit, il y eut peu de cow-boys : jamais plus de 40 000, pour une population de 60 millions d’Americains
[Quand ?]
[
9
]
.
Un cow-boy sur son cheval
On connait les equipements typiques du cow-boy mais, la encore, celui-ci n’a rien invente : les techniques utilisees montrent une filiation indiscutable avec les pratiques des ranchos mexicains, ce qui a ete largement oublie par la legende, preferant faire du cow-boy un ≪ pur
yankee
≫. Si les
vaqueros
n’etaient rien de plus que des
sedentaires
a proximite des animaux, pour les nourrir et les soigner, ils ont donne au ranch americain des techniques et des outils qui ont ete repris et adaptes pour la transhumance : les
vaqueros
avaient notamment mis en place le marquage des betes au fer rouge.
Comme ils devaient capturer le betail sauvage, ils ont elabore une corde a nœud coulant portee au bout d’une perche, le
lazo
, qui devient plus tard le
lasso
que l’on connait. Long de 9 a 18 metres, il est fait de
corde
ou de
cuir
et son maniement requiert une bonne experience : sur un cheval au galop, il faut en faire tourner la boucle, puis la jeter sur le cou de l’animal, enrouler aussitot l’autre extremite autour du pommeau de la
selle
, et arreter sa course sans tomber de cheval.
Au niveau de l’equipement, on trouve l’indispensable
chapeau
large (
≪ pas sur la tete car il se serait envole, mais dans le dos, retenu par une laniere ≫
)
[
10
]
, un heritier direct du
sombrero
mexicain. Le
Stetson
est un des modeles les plus apprecies, son
feutre
indeformable et ses bords larges protegeant bien du soleil ou de la pluie. Il peut meme faire office d’abreuvoir ou de
cravache
. Le foulard (
bandana
) ou simple mouchoir autour du cou pour se proteger de la poussiere, comme les
eperons
pour diriger le cheval, sont egalement empruntes aux
vaqueros
. A cela s'ajoutent les bottes et des jambieres en gros cuir, les chaparreras, la encore d’origine mexicaine. La panoplie se complete d’un pantalon solide, d’une couverture et d’un cire, parfois d’un
revolver
prete par l’employeur. Tres peu de cow-boys ont les moyens de se payer une arme personnelle dont les detonations pourraient effrayer les betes, preferant utiliser les fouets pour se faire obeir.
≪ Seuls les chefs charges de l’encadrement des equipes pouvaient detenir une arme, qu’ils devaient neanmoins laisser a l’entree des hotels et des saloons. Alors, si au
Far West
il arrivait que l’on croise par malheur des individus armes de deux
colts
, il ne pouvait s’agir que de tueurs a gages ou de redoutables hors-la-loi ≫
[
10
]
.
Un cow-boy maniant son lasso.
Mais surtout, le principal outil du cow-boy, c’est son cheval. C’est sur sa monture que l’on attrape les betes pour les marquer, qu’on les dirige dans la
prairie
et qu'on parcourt les longues distances que requiert la transhumance. Il appartient quasiment toujours au patron car, a pres de 300
$
l’unite, un cow-boy ne peut se payer un tel luxe. Autre element tres important, la
selle
represente souvent la seule richesse du cow-boy qui a economise des mois durant pour pouvoir la choisir avec soin : il passe le plus clair de son temps dessus.
Nous connaissons la vie des cow-boys par differentes sources et temoignages, notamment celui de
Charlie Siringo
:
A Texas Cow-boy, or fifteen Years on the Hurridane Deck of a Spanish Poney
, paru en 1885.
Cow-boys au travail,
Colorado
Le
drive
dure entre cinq et treize semaines
[
11
]
, selon la route empruntee et les imprevus : de San Antonio a Abilene, il fallait en moyenne 90 jours, du Texas au
Wyoming
, pres de six mois.
Avant d’emmener les betes vers leur derniere destination, elles sont regroupees, triees puis
marquees
et les
veaux
castres
au printemps. Les animaux non marques sont appeles ≪ mavericks ≫. Le cow-boy utilise alors son lasso pour attraper les animaux selon les techniques heritees des
vaqueros
. Cette etape, le
round-up
, dure plusieurs semaines, car il faut rassembler plusieurs milliers de betes sur un territoire tres etendu (jusqu'a 4000 a 5000 miles carres, soit plus de 10 000 a 12 500
km
2
)
[
12
]
.
Une fois le
round-up
termine, c’est le depart. Il faut souvent quelques jours pour que les animaux demarrent, le temps qu’ils s’habituent a leurs meneurs. Il faut faire avancer une masse mouvante et imprevisible composee d’environ 3 000 betes, qui s'etire sur des kilometres de long et souvent quelques centaines de metres de large, le tout pas trop vite pour ne pas les fatiguer, mais pas trop lentement non plus afin d’eviter leur dispersion. La distance parcourue varie de 20 a 40 kilometres par jour. Le chemin est guide par les points d’eau ou l’on peut s’arreter pour faire paitre le troupeau. Il existe deux pistes principales : la
Old Chisholm Trail
(≪ route des rivieres ≫) et la
Western Trail
, plus a l’ouest, qui passe par
Dodge City
.
L’equipe est constituee d’une dizaine de cow-boys diriges par un chef, le
boss
(≪ chef de piste ≫). Ce dernier est responsable du troupeau, et il doit contenir les debordements d’humeur de ses hommes, que la penibilite et la monotonie du travail rendent bien souvent agressifs. Il connait la piste, les points d’eau et les passages a
gue
. A cela s’ajoutent le cuisinier et le guide indien, qui ouvrent la route avec un peu d’avance.
La piste ne manque pas de dangers, mais les plus grands risques ne sont pas toujours ceux auxquels on s’attend. Le risque indien tant exploite par le cinema existe, mais il est de tres loin moins frequent et moins grave que les problemes lies au troupeau lui-meme. Souvent, le don d’une bete comme
peage
pour la traversee d’une reserve, apaise bien des querelles.
Les voleurs de betail ou les fermiers irascibles posent parfois probleme mais, en fait, le grand danger que craint le cow-boy survient lorsque la nuit tombe. Des lors, une attention de tous les instants devient necessaire afin d’eviter un drame. En effet, le moindre cliquetis, le moindre hurlement de
coyote
ou un
orage
(tres violents dans les
Grandes Plaines
) peut faire peur au troupeau : c’est alors la grande crainte des cow-boys, car le troupeau fonce droit devant lui : c’est le
stampede
. Il vaut mieux alors ne pas etre sur son chemin, et ≪ passer d’un enfer a l’autre ≫, selon l’expression du temps. On essaie alors de calmer le troupeau par un vaste mouvement circulaire. Lors d’un orage pres de Dodge City, un
trail boss
explique qu’il fallut une semaine pour retrouver les betes. Un autre, E. C. Abbott, raconte qu’en
1882
, ≪ il y eut un orage qui tua quatorze tetes de betail, six ou sept chevaux et deux hommes ≫. Parfois, c’est l’
incendie
de la prairie qui peut se transformer en drame, ou bien la
foudre
qui frappe les cavaliers sur leur monture. La traversee des rivieres ou des fleuves prend egalement l’allure d'un defi : il faut parfois pres de trois jours avant que le troupeau ne veuille s’y engager, lorsqu’il ne fait pas demi-tour spontanement. Dans les cours d’eau les plus profonds, les cow-boys nagent devant leurs chevaux, suivis du troupeau, mais un instant d’inattention peut tout faire basculer : nombreuses furent les noyades de betes, mais aussi celles des hommes qui les accompagnaient
[
13
]
. Parfois, a l’inverse, l’eau manque cruellement. Si on ajoute a cela la morsure mortelle de
mouffettes
(sconses) porteurs de la rage ou les attaques des
loups
, on s’apercoit sans difficulte que le plus grand ennemi du cow-boy, loin d’etre l’Indien : c’est la nature.
Au-dela de toutes ces peripeties qui font de ce metier une reelle aventure, il y a cependant la routine, les journees a suivre le troupeau dans la poussiere et la chaleur intense, ou sous des pluies torrentielles avec, pour seul horizon, la prairie a perte de vue. Pendant la journee, deux ≪ pointeurs ≫, souvent les cow-boys les plus experimentes, menent le troupeau et trouvent le chemin : il leur faut eviter les autres troupeaux, les villes et toute chose qui pourrait nuire a la bonne avancee des animaux. Sur les cotes, les flancs-gardes et, a l’arriere, les
drag-riders
sont charges de ramener les egares, places considerees comme plutot degradantes. Le soir, on soigne les chevaux, on coupe du bois puis on assure son tour de garde avant de dormir quelques heures. Et le lendemain arrive une journee differente, mais pourtant si semblable a la precedente. Les distractions sont inexistantes : en effet, le troupeau prend soin d’eviter les centres urbains et l’
alcool
est interdit. Parfois, en cas d’alerte, les cow-boys peuvent rester en selle des jours durant : ainsi
Charles Goodnight
cite son propre exemple, ou il dut rester a cheval trois jours sans discontinuer, pour preserver la surete du troupeau.
Le
chuck wagon
emmene les provisions : la route est longue et, sur les 1 000
km
, elle ne comporte qu’une seule
epicerie
. On mange des
biscuits
, du
bacon
, du
cafe
, des
fruits seches
, avec parfois, pour ameliorer l’ordinaire, du
gibier
ou un bœuf du troupeau que l’on a du abattre
[
14
]
. Avec une nourriture si monotone, le cuisinier n’est pas tres bien place dans le cœur des cow-boys qui, dans leurs recits, lui donnent une place peu enviable. Cette image s’est perpetuee jusque dans les
westerns
ou il est souvent l’archetype du ≪ pauvre type ≫.
Enfin, c’est l’arrivee en ville, dans ces
villes du betail
(en)
(≪
cow-towns
≫ ou ≪
cattle towns
≫) a la si mauvaise reputation que sont
Abilene
,
Dodge City
,
Ellsworth
ou
Newton
. Ces villes ont servi de base pour les decors des westerns
hollywoodiens
du debut du
XX
e
siecle
. Pour les habitants, l'arrivee des troupeaux conduits par les cow-boys est a la fois une aubaine et une source de problemes. Alors que les
maquignons
frequentent des hotels et des bars plus luxueux, les cow-boys depensent la quasi-totalite de leur salaire dans les commerces locaux, ce qui fait vivre une partie de la population locale. Enfin, ces localites fondent leur prosperite economique sur le commerce des troupeaux
[
10
]
.
En effet, une fois leurs gages empoches, les cow-boys profitent des facilites offertes sur place : bains chauds,
barbier
, bottier,
chapelier
et
tailleur
. Le
saloon
ou ils peuvent boire et fumer, permet de mettre un terme aux semaines d’abstinence forcee, et les beuveries degenerent souvent en bagarre. Les dancings, les salles de jeu, ou les ≪ maisons de filles ≫ sont egalement tres populaires aupres des nouveaux arrivants
[
10
]
.
Ces villes ont tres mauvaise reputation : un journaliste de passage a
Kansas City
en
1870
-
1880
rapporte qu’
≪ apres la tombee de la nuit, la terre civilisee connait peu de spectacles de debauche aussi debridee et ehontee qu’un dancing dans les villes de la frontiere ≫
[
15
]
. Celle-ci est en partie justifiee : les hommes emeches provoquent de frequentes bagarres mais les
homicides
restent finalement assez rares. A Dodge City, entre 1867 et 1890, on recense 55 homicides, dont une vingtaine par la police elle-meme
[
16
]
. Dans toutes les villes de betail, le port des armes a feu est en principe interdit
[
17
]
. De plus, les quartiers du jeu et de la
prostitution
sont nettement separes des quartiers ou vivent les ≪ honnetes
protestants
≫. Les villes minieres de l'Ouest sont finalement beaucoup plus violentes que les villes du betail.
Apres quelques jours passes dans ces ≪
Sodomes
de l’Ouest ≫, le cow-boy se retrouve generalement sans argent : il doit retrouver du travail en attendant la prochaine transhumance. La plupart du temps, il se fait engager par un patron de ranch qui eponge ses dettes grace a une avance sur le prochain salaire.
Le
coucher du taureau
(en)
est une technique de rodeo inventee a la fin du
XIX
e
siecle par un cow-boy d'origines noire et indienne,
Bill Pickett
(en)
[
18
]
.
Certains decident de renoncer a cette vie tres difficile et rejoignent les groupes de hors-la-loi mais, finalement, les cow-boys ne furent pas plus nombreux a se reconvertir dans le banditisme que d’autres groupes de population. Une seule chose est sure : quasiment aucun ne put gagner assez d’argent pour se mettre a son compte : au maigre salaire s’ajoute la precarite de cet emploi, qui fait que tout credit est refuse.
Certains ne retrouvent pas d’emploi entre novembre et mars et ils doivent alors s’employer a de petits boulots : tuer les loups qui rodent pour en debarrasser les eleveurs et vendre leurs peaux, reparer les clotures, traire les vaches, fabriquer du
suif
a partir de la graisse de bœuf…
Pour ceux qui retrouvent du travail, le recrutement a lieu au printemps ou a l’automne. En majorite, ils doivent alors dedier l'essentiel de leur temps a savoir trouver des points d’eau, aux soins du betail, a le surveiller ou l’abriter en cas de coup dur meteorologique. D’autres s’occupent des taches au ranch et doivent dresser les chevaux, entretenir les batiments ou couper du bois. Les employes s’entassent dans le
bunkhouse
, ou l’hygiene et l’intimite sont quasi inexistantes. Le materiel et les vetements des occupants s’entassent dans la piece unique. Pour s’occuper, les cow-boys jouent aux cartes, ecoutent des histoires et des chansons, jouent du
banjo
ou de l’
harmonica
. Parfois, lorsqu’un d’entre eux est lettre, il fait une lecture collective des romans bon marche en attendant le prochain
drive
. On est loin des aventures trepidantes contees dans les
journaux
de l’Est.
En 1870, le gouvernement americain ouvre des terres a de nouveaux emigrants au Texas, au
Nouveau-Mexique
, dans l'
Arizona
et l'
Oklahoma
. L'elevage en
open-range
se deplace alors vers le Nord, dans le
Wyoming
, le
Dakota
oriental et le
Montana
. Cependant, la cohabitation avec les nouveaux venus est difficile, voire impossible, ce qui provoque des guerres du betail (
cattle wars
). Les fermiers se regroupent en
syndicats
des
1874
et cloturent leurs exploitations avec du
fil de fer barbele
invente un an plus tot. Malgre l’embauche d’hommes de main pour couper ces clotures, les barbeles ne cessent de gagner du terrain. En effet, c’est un moyen peu couteux d'empecher les troupeaux de passer ; sa production passe de 5 tonnes en 1874 a 40 000 tonnes en 1880
[
19
]
.
Le
chemin de fer
a ete la deuxieme grande cause du declin des grandes transhumances. Les lignes ferroviaires se sont allongees et elles relient a present directement le
Midwest
au Texas. Des lors, nul besoin pour le troupeau de parcourir 1 000
km
pour rejoindre la gare : c'est a present le train qui vient a lui. Le train est aussi un moyen de transport qui amene de nombreux colons qui envahissent la prairie et ne voient pas d’un tres bon œil ces grands deplacements… On accuse aussi la diffusion de l'elevage ovin de degrader les sols, a la fin du
XIX
e
siecle. Le peintre
Frederic Remington
, qui a abondamment peint les scenes de l'Ouest, a bien resume cela : selon lui, ≪ l'arrivee du fil barbele et du chemin de fer a tue le cow-boy ≫
[
20
]
.
Les facteurs climatiques et sociaux provoquent egalement une mutation du metier. L'hiver
1886
-
1887
est tres rude : le cheptel est decime (1 000 000 de betes perissent
[
21
]
), scene immortalisee dans le tableau de
Charles Russel
, jeune cow-boy qui en fut temoin,
le dernier des 5000
. De plus, en
1882
,
1883
et
1884
des
greves
de cow-boys ont lieu afin de reclamer de plus hauts salaires.
Tout ceci concourt a une baisse de la rentabilite, voire a l'inutilite d'un tel systeme. Il lui faut s'adapter : c'est la fin de l'
open-range
. Les betes sont a present soignees dans un espace certes toujours immense, mais a present delimite. Dans les annees 1890, la transhumance tombe en desuetude, rendant inutiles les ≪ cavaliers de la plaine ≫, en tout cas sous cette forme. Ceux-ci se sedentarisent et redeviennent de simples garcons d'ecurie reduits a l'entretien du troupeau, a l'instar des
vaqueros
, leurs predecesseurs. Il faut aussi cultiver la terre pour obtenir du
fourrage
: le fier cavalier devient paysan. La piste est finie et la nostalgie commence.
Le
101 Ranch
, en Oklahoma.
Affiche du Wild West Show
L'invention de la
presse
a vapeur permet la publication de tirages rapides, et notamment la naissance des
dimes novels
(que l'on pourrait traduire par ≪ romans de quat'sous ≫), ou l’on trouve des ≪ feuilletons ≫ qui jouent un grand role dans la mythification du cow-boy. A la fin du
XIX
e
siecle, le public americain se lasse des aventures de cape et d'epee typiquement europeennes. En 1860,
Ned Buntline
(de son vrai nom Edward Judson) renouvelle le genre. Alors que la guerre civile fait rage, il sillonne l'ouest et rencontre
William F. Cody
, un jeune eclaireur ≪ vaniteux comme une jolie femme ≫. Dans le
New York Weekly
, il commence a conter les aventures de celui qu'on appelle desormais
Buffalo Bill
, en y incorporant les histoires les plus invraisemblables qui circulent dans les saloons de l'Ouest et en les rendant plus ≪ croustillantes ≫. Le public est seduit et s'arrache cette feuille, et tout le monde cherche a le copier. Le genre donne naissance a un tas de documents de ce type, avec des auteurs prolifiques tels que
Prentiss Ingraham
ou
Edward L. Wheeler
.
Les Americains trouvent alors dans le cow-boy une identite nationale : le cow-boy symbolise l'homme habile, courageux, entreprenant et individualiste. Il represente en cela les valeurs fondatrices des Etats-Unis, mais surtout il est libre dans une prairie qui s'etend a perte de vue, vision d'une frontiere sans cesse repoussee et d'un espace illimite qui n'existe plus. La popularite du cow-boy augmente, miroir de l'ambition collective americaine, et l'idee survient alors de le mettre en scene.
L'acteur
Will Rogers
Tout d'abord au travers des
rodeos
, ces concours d'habilete a cheval censes reproduire le
round-up
. Ils apparaissent vers 1880 et plusieurs villes s’en disputent la paternite. Pour le cow-boy, ces evenements sont des pretextes pour faire la demonstration de sa capacite a utiliser au mieux sa monture, en attrapant au lasso des bouvillons laches dans une
arene
. A la fin du
XIX
e
siecle
, le rodeo-spectacle devient tres populaire, ce qui ne s’est pas dementi jusqu’a aujourd’hui.
En
1872
, Buntline lance le cow-boy sur les planches, grace a une piece de theatre,
The Scouts of the Prairie
, avec, dans le role de Texas Jack, un jeune
Virginien
, John Omahundro. Le succes est immediat, d'abord a Chicago puis dans toutes les grandes villes. C'est la premiere ≪ star ≫ cow-boy, qui va en preceder de nombreuses autres…
En
1873
,
Buffalo Bill
sent l’opportunite qu’il pourrait tirer de sa popularite grandissante : il lance le
Wild West Show
en 1883. Pendant trois heures, sous un chapiteau de cirque, les spectateurs assistent a toutes les scenes qui symbolisent l'Ouest : l'attaque du convoi de pionniers, d'une
diligence
, l'intervention de la cavalerie et le massacre final des Indiens. Selon les temoignages de l’epoque, c’etait tres impressionnant, mais sans avoir les dangers d’une vraie visite dans l’Ouest. En
1886
a New York, le spectacle attire un million de spectateurs. En
1893
, 50 spectacles se produisent a travers les Etats-Unis et, en 1888-1889, il s'exporte avec une tournee europeenne, qui sera suivie de nombreuses autres. De plus,
Buffalo Bill
contribue a la notoriete de son spectacle en recrutant de veritables legendes vivantes tels
Annie Oakley
(qui pouvait, disait-on, couper, d'une balle, une carte a jouer) et le chef Indien
Sitting Bull
.
Le phenomene s'amplifie encore avec la publication des histoires de William A. Rogers dans le
Harper's Weekly
, le
Frank Leslie's
et le
Police Gazette
. En 1885,
Charlie Siringo
, ancien cow-boy, publie ses memoires, puis
Owen Wister
sort son roman
The Virginian
en
1902
, ouvrage qui se vend a 50 000 exemplaires en deux mois
[
22
]
, signe de la popularite du genre.
Les peintures d'artistes comme
Charles Russell
ou
Frederic Remington
se taillent aussi un beau succes, par leur volonte de rechercher une inspiration nationale, en rompant avec les themes europeens.
Enfin, ce sont les balbutiements du cinema avec, des
1903
, le premier
western
,
The Great Train Robbery
. Ces premiers films se soucient peu de la realite historique, mais les decors naturels de l'Arizona donnent un relief jamais atteint aux aventures des cow-boys. Les premiers
films muets
etant arrives alors que les grandes transhumances venaient de disparaitre, ils sont essentiellement le reflet d’un imaginaire collectif. Beaucoup de
westerns
ont ete tournes depuis (pres de 1 700), avec des succes inegaux. Certains sont restes celebres, tels que
La Prisonniere du desert
(
1956
),
Rio Bravo
(
1959
) ou encore
Il etait une fois dans l'Ouest
(
1968
).
Ronald Reagan
avec son cheval
Little Man
a Rancho Del Cielo, 1977
Le cow-boy ≪ traditionnel ≫ reste indissociable de l'imagerie de la
conquete de l'Ouest
: c’est sans doute pour cela que l’image que l’on peut en avoir est plus le produit d’un imaginaire collectif que le miroir de la realite. En effet, au cow-boy aventureux, aux multiples savoirs, epris de liberte vivant en communaute, courageux, defenseur de la veuve et de l’orphelin, on peut opposer la vie routiniere et neanmoins risquee d’un etre fruste et solitaire, simple garcon vacher, au service de grands proprietaires
[
23
]
. Si l’aventure n’etait pas inexistante, elle a largement ete exageree dans les multiples recits de la vie de ces personnages. Grace a une mediatisation massive (developpement du cinema, ouvrages a grand tirage, etc.) et surtout aux valeurs qu’il represente, il a pu devenir le symbole que l’on connait aujourd’hui.
De nos jours encore, le cow-boy fascine, et de nombreux Americains continuent a s’identifier a ce personnage, jusqu'a certains dirigeants (
George W. Bush
dans son ranch, ou
Ronald Reagan
et sa phrase du
≪ J’ai toujours dit qu’il n’y avait rien de meilleur pour un homme que d’etre assis sur un cheval. ≫).
Il existe toujours un personnel pour garder les troupeaux dans les ranchs, qui conserve le cheval, les vetements et certains accessoires issus du cow-boy originel. Cependant, les cow-boys actuels sont des employes sedentaires qui n'ont finalement que peu de choses en commun avec les hommes qui arpentaient la piste sur des milliers de kilometres. On appelle egalement cow-boys les participants des concours de
rodeos
, qui sont parfois de veritables sportifs professionnels.
- ↑
[1]
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- ↑
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Sur les autres projets Wikimedia :
- en francais
- Claude Fohlen,
La Vie quotidienne au far-west (1860-1870)
, Hachette,
;
- Pierre Lagayette,
L’Ouest americain : realites et mythes
, Ellipses,
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- Philippe Jacquin et Philippe Royot,
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, Flammarion,
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- Philippe Jacquin,
Vers l’ouest : un nouveau monde
, Gallimard,
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- Jean Ollivier, Marcello, Michel de France,
Histoire du Far West
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ISBN
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- ≪ Cowboys et Indiens, a la decouverte de l'Ouest americain ≫, dans
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- en anglais
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