Le
concile de Vienne
est pour l'
Eglise catholique romaine
le quinzieme
concile œcumenique
. Il fut convoque par le pape
Clement V
a la demande du
roi de France
Philippe le Bel
pour discuter de l'avenir de l'
Ordre du Temple
. Il se reunit entre octobre
1311
et mai
1312
a
Vienne
(dans le
Dauphine de Viennois
) et aboutit a la suppression de l'Ordre.
Outre la question centrale des Templiers, il traita de la querelle des spirituels qui divisait l'
ordre franciscain
. Il interdit les
beguinages
et legifera sur la presence de l'
islam
en terre chretienne. Les propositions de reforme de
Guillaume Durand
, eveque de Mende, y furent presentees.
Le concile de Vienne se situe dans le contexte d'une papaute affaiblie ; le pape
Clement V
, elu en 1305 grace aux pressions du roi de France
Philippe le Bel
, avait du installer le siege de la
papaute a Avignon
.
Apres la chute de
Saint-Jean d'Acre
, l'
ordre de l'Hopital
s'est replie a
Chypre
pour preparer de nouvelles
croisades
et neutraliser la piraterie. Au contraire, les Templiers se sont replies en occident et semblent assez peu se soucier de croisades. Cet ≪ oubli de leur vocation a reconquerir la Terre sainte ≫
[
1
]
choque leurs contemporains, et tout particulierement le roi de France. En 1307,
Philippe le Bel
, inquiet du pouvoir des Templiers devenus tres riches (ils pratiquaient l'usure pourtant interdite) et a qui il devait de l'argent et de l'etat des finances royales (une nouvelle fois les caisses etaient vides), prend la decision de detruire l'ordre du Temple. Pour cela, le
, il decide de
lancer ses chevaucheurs
(les courriers royaux) aux quatre coins du royaume pour faire arreter lors d'un vaste coup de filet tous les
Templiers
du royaume. Il s'est passe un mois entre l'envoi des courriers ordonnant l'arret des Templiers et les arrestations, et il ne s'est trouve personne pour les prevenir, ce qui permet de mesurer leur impopularite
[
1
]
. Lors des premiers interrogatoires, ils avouent sous la
torture
tout ce qu'on veut leur faire avouer : reniement du
Christ
, crachat sur la croix,
idolatrie
,
sodomie
,
simonie
, prevarication, etc.
Tout cela se fait sans en referer au
pape
de qui, pourtant, ils dependent.
Clement V
, ancien archeveque de Bordeaux, qui residait entre Guyenne et Poitou, surpris par ces arrestations mais ebranle par la multitude d'aveux, obtenus sous la
torture
, decrete la
bulle
Pastoralis præminentiæ
qui ordonne l'arrestation de tous les Templiers de la
Chretiente
, rappelant ainsi que seul le
pape
a le pouvoir de decider de leur sort.
Par la bulle
Faciens misericordiam
du
, il cree des commissions diocesaines, chargees d'enqueter sur les agissements des Templiers, et des commissions pontificales, chargees de juger l'
Ordre du Temple
comme tel. Ces dernieres livrent leurs rapports lors d'un concile œcumenique convoque a
Vienne
(sur le
Rhone
) en
1310
, qui discute de son sort.
Ce n'est finalement que le
que le concile de Vienne, preside par
Clement V
, commence ses travaux. 300 eveques et abbes etaient convoques, mais il n'en vint que 114, surtout italiens et francais
[
1
]
. Il se tient dans la
Cathedrale Saint-Maurice
. Les conclusions des commissions pontificales different cependant de ce que desire le roi et son gouvernement : l'Ordre du Temple doit etre reforme et non aboli. Plusieurs eveques ne sont pas convaincus de la culpabilite des Templiers et penchent dans le meme sens. Ils voudraient les entendre se defendre. Ne voulant pas s'opposer ouvertement au roi,
Clement V
va atermoyer pendant plusieurs mois.
Au printemps
1312
, les membres du concile apprennent que
Philippe le Bel
est a
Lyon
avec son armee. Prenant peur, ils acceptent alors tout ce que le pape decrete. Des textes inacheves furent approuves ≪ en blanc ≫ et remanies apres coup
[
2
]
.
Le concile de Vienne prend officiellement fin le
.
Par la bulle
Vox in excelso
du
, le pape supprime purement et simplement le
Temple
, bien qu'il ne le condamne pas. La bulle
Ad providam
du
2 mai
decrete que les biens du Temple passeront aux mains des
Hospitaliers
. Enfin, une troisieme bulle, datee du
6 mai
, annonce que le pape se charge du jugement des dignitaires de l'Ordre.
Le
,
Guillaume Durand
, eveque de Mende, presente son rapport intitule
Tractatus de modo generalis Concilii celebrandi
, ou il preconise une reforme de l'Eglise catholique. Il remet en cause l'absolutisme de Rome. Il prone en faveur du mariage des pretres, de la gratuite des sacrements, et milite contre les fetes religieuses qu'il juge trop licencieuses
[
3
]
.
Cette reforme est rejetee, certains craignant qu'elle puisse provoquer un schisme.
Cette querelle oppose deux tendances dans l'
ordre franciscain
. Les ≪ spirituels ≫ s'en tiennent a l'esprit de pauvrete a l'origine de la fondation de cet ordre par
Saint Francois d'Assise
, et refusent la possession de biens materiels et les privileges. Les idees de
Pierre de Jean Olivi
, mort quelques annees plus tot, marquent particulierement ce courant
[
4
]
.
Le concile tenta de concilier les deux tendances, demandant que les regles de l'ordre distinguent les obligations strictes liees au
vœu de pauvrete
des simples recommandations. Des theses theologiques imputees a Olivi furent denoncees
[
4
]
.
Le mouvement des
beguinages
, ne au debut du
XIII
e
siecle, est alors a son apogee. Il regroupe des femmes qui, sans etre consacrees, menent une vie de
moniale
. Critique des
Latran II
, le mouvement est ensuite encourage par la papaute, mais est a nouveau inquiete par l'
Inquisition
[
5
]
.
En 1310, la mystique
Marguerite Porete
est brulee a Paris pour
heresie
. Les extraits de son œuvre,
le Miroir des ames simples aneanties
, sont lus au concile et servent de base a la redaction du decret
Ad nostrum
condamnant Beguards et beguines
[
6
]
.
Le concile discute d'une nouvelle croisade mais ne decrete pas pour autant les levees de fonds correspondantes. Il demande aux princes chretiens d'interdire dans leurs territoires les pelerinages sur les tombeaux de ≪ saints ≫ musulmans, ainsi que les appels a la priere
[
7
]
.
≪ Pour la premiere fois depuis longtemps, un concile ne s'est vraiment saisi d'aucune question de doctrine ≫
[
1
]
.
- ↑
a
b
c
et
d
[Favier 2006]
Jean Favier
,
Les papes d'Avignon
, Paris, Fayard,
, 852
p.
, sur
books.google.fr
(
ISBN
2213625247
,
EAN
978-2213625249
,
lire en ligne
)
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- ↑
Chiron 2011
,
p.
135.
- ↑
[Buffiere]
Felix Buffiere,
Ce tant rude Gevaudan
,
t.
1, Mende, Societe des Lettres des Sciences et des Arts de la Lozere,
, 955
p.
(
OCLC
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,
presentation en ligne
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,
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723
.
- ↑
a
et
b
Chiron 2011
,
p.
138.
- ↑
Chiron 2011
,
p.
143.
- ↑
Voir le
programme du colloque Marguerite Porete
, 2010.
- ↑
Chiron 2011
,
p.
144.
: document utilise comme source pour la redaction de cet article.
- [Chiron 2011]
Yves Chiron,
Histoire des conciles
, Paris, Perrin,
, 287
p.
(
EAN
9782262033095
)
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- [Demurger 2002]
Alain Demurger
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Jacques de Molay
, Paris, Payot,
coll.
≪ Biographie Payot ≫,
(
ISBN
2-228-89628-4
)
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- [Lerclerc 2005]
Joseph Lerclerc,
Histoire des conciles œcumeniques
,
t.
VIII :
Le concile de Vienne, 1311-1312
, Paris, Fayard (reed.),
(
ISBN
2-213-62494-1
)
.
Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes
: