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Comite olympique cubain

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Le Comite olympique cubain (en espagnol, Comite Olimpico Cubano) est le comite national olympique de Cuba , fonde en 1937. Le Comite international olympique l'a reconnu en 1955.

Prolegomenes olympiques a cuba (1900-1926) [ modifier | modifier le code ]

Les premiers contacts entre Cuba et l'olympisme [ modifier | modifier le code ]

L'escrimeur Ramon Fonst [ modifier | modifier le code ]

Malgre son sous-developpement sportif apparent, Cuba se fait remarquer par le Comite international olympique grace a ces performances sportives et notamment celles de l’escrimeur (fleuret et epee) Ramon Fonst Segundo aux Jeux Olympiques de Paris 1900 et de Saint Louis 190476. Fils d’un riche proprietaire terrien, il remporta quatre medailles d’or et une d’argent, devenant l’un des deux seuls escrimeurs de l’histoire a avoir remporte trois titres olympiques individuels dans son sport Ramon Fonst est encore aujourd’hui considere comme le plus grand escrimeur latino-americain de tous les temps et venere a Cuba au meme titre que le champion du monde d’echecs Jose Raul Capablanca (1888-1942) [ 1 ] .

Au-dela du cadre purement sportif de l’exploit, la performance de Fonst engendra une certaine fierte nationale a Cuba. En depit du fait qu’il n’etait pas officiellement envoye par son pays lors de ces epreuves, les inscriptions se faisant a titre individuel ou via un club jusqu’en 1908, ces victoires souvent sur les Americains attirerent l’attention sur sa nationalite. Lui-meme d’ailleurs mettait en valeur son ile de Cuba comme jamais elle ne l’avait ete jusqu’ici dans l’histoire du sport international [ 1 ] . Cette revendication de l’identite nationale trouve un echo dans la population cubaine qui, a l’aube d’une nouvelle vague d’occupation americaine (1905-1909), se rappelle aux ideaux independantistes inaboutis de Jose Marti . En ce sens, on peut postuler que les dirigeants politiques cubains ont pu prendre conscience de l’occasion olympique des cette periode.

Cuba propose d'accueillir les JO 1916 et 1920 [ modifier | modifier le code ]

Au-dela de l’absence de Cuba aux trois editions olympiques de 1908, 1912, et 1920, un element vient alimenter la these que le CIO et l’olympisme sont representes a Cuba au cours de cette periode.En effet les memoires de Coubertin relatent que Cuba (La Havane) et les Etats-Unis auraient propose d’etre des alternatives a l’organisation des Jeux de 1916 initialement prevus a Berlin, mais fortement compromis avec l’enlisement de la guerre des 1915. Une candidature que Cuba renouvellera pour les JO de 1920 comme l’ecrit Coubertin : ≪  le comite qui se constituait a La Havane etait moins affirmatif (qu’Atlanta, Cleveland, Philadelphie), plus conscient des difficultes, mais en meme temps assure de l’appui des pouvoirs publics, y compris celui du chef de la Republique, le president Menocal  ≫ [ 2 ] .

Coubertin a refuse ces offres, preferant annuler l’Olympiade de 1916 plutot que de confier l’organisation a un pays americain ou aux YMCA, une organisation de jeunesse americaine d’inspiration protestante qui mise sur le sport pour faire progresser l’influence des Etats-Unis dans le Pacifique et en Amerique latine en particulier. Toutefois, Coubertin restait convaincu que l’ebauche de candidature de La Havane ≪  aide(rait) a la conquete du sud Amerique  ≫ [ 2 ] .

La mission olympique d’Henri de Baillet-Latour en Amerique latine (1922-1923) [ modifier | modifier le code ]

Le membre du CIO pour la Belgique Henri de Baillet-Latour s’implique pour la diffusion de l’ideologie olympique a travers le monde. A la faveur de l’accord entre Coubertin et Elwood Brown, president de l’alliance mondiale des YMCA, qui prevoit le patronage du CIO pour les Jeux d’ Amerique du Sud en echange d’un membre au CIO pour les pays participants, Baillet-Latour se rend en Amerique latine pour assister a ces Jeux et mieux les controler. Grace a l’assistance et aux reseaux des YMCA, Baillet-Latour voyage d’ a entre l’Uruguay, l’Argentine, le Chili, le Perou, le Mexique et Cuba, qui n’avait pu prendre part aux jeux regionaux pour des raisons meconnues. Il insiste dans chaque pays sur l’importance d’une adhesion au Mouvement olympique et federe de potentiels nouveaux membres pour le CIO. Selon lui, cette campagne s’est averee concluante : ≪  I am very satisfied with my mission in America, I believe I have reached good results and have left the IOC in a very good situation in those new countries  ≫ [ 3 ] . Un sentiment qui sera confirme immediatement lors de l’olympiade de Paris 1924 avec la participation de plus de 160 athletes en provenance de Cuba, de l’Argentine, du Bresil , du Chili, du Mexique, de l’Equateur et de l’Uruguay notamment. C'est ainsi que l'on peut parler de ≪ Latin American Olympic Explosion ≫ pour caracteriser ce phenomene [ 3 ] .

En l’espace de deux annees, cinq CNO sont crees en Amerique latine et sept personnages sont recrutes pour devenir les nouveaux membres du CIO pour leurs pays respectifs. Parmi eux, Porfirio Franca y Alvarez de la Campa qui devient en 1923 le premier membre du CIO pour Cuba.

Une premiere structure du nom de "Comite Olympique Cubain" [ modifier | modifier le code ]

Franca, premier membre du CIO pour Cuba [ modifier | modifier le code ]

Membre du gouvernement provisoire qui dirigea cuba pendant 5 jours a la suite du renversement de Carlos Manuel de Cespedes y Quesada (4 au ) et banquier de renom, Franca possede aussi une grande experience du sport cubain puisqu’il est l’un des fondateurs et president d’honneur du Vedado Tennis Club, un membre repute de l’Union Athletica des Amateurs de Cuba (UAAC), de l’Amateur Baseball League ou encore de la Federation d’Escrime [ 4 ] . A l’image de tous les membres recrutes par Coubertin puis Baillet-Latour lors de leurs presidences, il est issu de la haute societe, sinon un aristocrate, suffisamment dote en capitaux economiques pour se consacrer a la diffusion de l’olympisme.

Le decret du 13 aout 1926 [ modifier | modifier le code ]

Sous l’impulsion, de Franca, de l’UAAC, et de son cinquieme president Gerardo Machado y Morales, Cuba se dote de son premier decret presidentiel en faveur de la creation d’un organe sportif etatique le [ 5 ] .

Elu en 1925 selon le slogan ≪ Eau, Routes & Ecoles ≫, Machado se veut un president ambitieux, reformateur, desireux de faire de son pays la ≪ Suisse des Caraibes ≫. Repute ultrapatriotique, il veut voir son pays glorifie dans les premiers Jeux d’Amerique centrale et des Caraibes en octobre de la meme annee a Mexico. Cette competition s’offre a Cuba comme une vitrine, comme une occasion de visibilite inesperee et tant revee depuis les espoirs decus de l’independance.

Anime certes par des volontes politiques, le decret n o  1337 de Machado n’en est pas moins fondateur pour le Comite olympique cubain et son premier president, Porfirio Franca. Concretement, le decret promet la creation d’une institution, le Conseil National des Jeux de Sport Centramericains , avec ses quatre membres :

- Le delegue du CIO a Cuba (Franca),

- Le representant de la Commission Nationale pour le Tourisme,

- Le representant du gouvernement cubain,

- Le representant de la Commission Athletique des Amateurs de Cuba,

Ce nouvel organe se voit confier les missions suivantes :

- Etablir les conditions de la participation de Cuba aux Jeux centramericains,

- Gerer les fonds alloues a cet effet,

- Designer un Comite National olympique qui devra gerer la partie technique de l’organisation.

Le contenu de ce decret revele que le president concoit la place de Cuba dans le Mouvement olympique avant tout a l’echelle regionale, comme en temoigne le nom de l’organe principal cree : Conseil National des Jeux de Sport Centramericains. Relegue au second plan, le COC se revele plus un outil ponctuellement administratif et organisationnel au service de la delegation cubaine qu’un outil politique pour s’inserer durablement dans le Mouvement olympique et structurer voire developper le sport cubain. Ses prerogatives exclusivement orientees vers les Jeux centramericains et non vers les Jeux Olympiques temoignent d’une application stricte des conseils de Baillet-Latour pour le developpement du sport cubain d’abord a echelle regionale pour tendre vers l’international par la suite. On pourrait y lire aussi un esprit d’independance vis-a-vis du CIO et des Jeux Olympiques, comme le prouve la creation en 1928 de la Coupe du monde de football par l’Uruguay.

UNE PERIODE DE TATONNEMENTS (1926-1950's) [ modifier | modifier le code ]

Franca refuse que Cuba participe aux JO [ modifier | modifier le code ]

Cuba affectionne les Jeux centramericains [ modifier | modifier le code ]

De sorte a developper le sport a Cuba, Franca propose La Havane comme ville hote de la deuxieme edition des Jeux d’Amerique Centrale et des Caraibes [ 3 ] . La capitale cubaine, moins chere, plus accessible et moins elevee que Mexico (2250 metres) doit offrir les conditions ideales pour un accroissement de la participation et des retombes mediatiques et symboliques. Nomme directeur du comite d’organisation en sus de sa place de president du COC, Franca mene avec succes cette campagne aux cotes de son conseiller special Ramon Fonst, repondant aux inquietudes de Baillet Latour sur la capacite organisationnelle de l’ile [ 6 ] : 9 pays et 632 athletes repondent presents [ 7 ] . On notera que Cuba semble avoir noue un attachement particulier a cette competition, l’organisant deux fois en 1930 et 1984 et devenant le pays avec le plus de medailles d’or a ce jour (1854) parmi les 32 nations ayant au moins ete representees une fois [ 8 ] .

Une incapacite structurelle pour la participation aux JO [ modifier | modifier le code ]

Alors en bonne voie, ce processus d’acculturation a la participation et a l’organisation de grands evenements sportifs va etre mis a mal par la situation politique dans le pays affectant les budgets alloues au sport. De meme que pour Los Angeles 1932 ou Cuba n’a pas propose de concurrent pour cause de difficultes budgetaires, Franca ne concoit pas comme essentielle et judicieuse une participation a Berlin en 1936 [ 9 ] . Dans ses rapports au CIO, il fait etat des difficultes eprouvees par Moenck pour obtenir les 57 000 dollars necessaires a la participation de la delegation cubaine aux troisiemes Jeux centramericains de 1935 a San Salavador. De plus, et hormis son equipe de tireurs, aucune autre equipe ne semble prete pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux. En ce sens, il ne veut pas mettre en peril la participation de Cuba aux Jeux d’Amerique Centrale et des Caraibes de Panama 1938, la priorite regionale, pour aller ≪  faire un tour  ≫ [ 9 ] a Berlin en 1936

La demission de Franca [ modifier | modifier le code ]

C’est ainsi que le CIO a perdu son interlocuteur originel a Cuba, desormais implique plus durablement dans le comite d’organisation des Jeux centramericains. Apres deux annees sans interlocuteur a Cuba, Baillet Latour semble perdre patience et fait part de sa tentation de ne pas remplacer Franca du fait du manque d’interet de Cuba pour les Jeux Olympiques : ≪  We have decided that at least for the time being no delegate for the I.O.C will be appointed to Cuba. We do not see the necessity, as the leading spirit in your country seems to be more in favor of participating in local events of minor importance  ≫ [ 10 ] .

La soudaine renaissance du COC [ modifier | modifier le code ]

Une initiative du gouvernement Bru [ modifier | modifier le code ]

Alors que la transition de l’echelle regionale a l’echelle internationale semble avoir ete ratee par Cuba, la presidence de Federico Laredo Bru (1936-1940) marquee par de reformes sociales (pensions, assurances sociales, salaires minimums, autorisation des syndicats) donne un nouvel elan a l’olympisme cubain. En effet, le CIO recoit le un decret annoncant la creation d’un nouveau Comite olympique cubain selon une forme qui confere plus de pouvoir a ce gouvernement progressiste. Peu apres, le [ 11 ] , Iglesias (un membre de l'UAAC proche du pouvoir) annonce au CIO qu’il est le president d’un COC nouvellement forme et que Franca est remplace par le docteur Francisco Trelles Y Portillo au poste de membre du CIO a Cuba.

Une decision subie par le CIO [ modifier | modifier le code ]

Contraire aux articles 17 et 2 des statuts du CIO qui stipulent respectivement que les CNO doivent etre institues par les membres du CIO pour ledit pays et que ces membres sont recrutes par le CIO lui-meme [ 12 ] , ce vice de procedure d’Iglesias qui inverse le rapport de force semble surprendre autant que contrarier et le CIO [ 12 ] .

Quoi qu’il en soit, l’effet de cette lettre n’est pas celui escompte par Iglesias puisque Baillet Latour declare la nullite des decisions prises au nom du CIO et notamment la nomination de Trelles. Finalement, Franca parraine Miguel A. Moenck le pour le poste de membre du CIO a Cuba : ≪  In doing that, I firmly believe he is the right man for the place, as no one else has the knowledge of sports, athletic organizations and international relations that he is recognized to have. He is an excellent organizer and frequently consulted about athletic problems ≫ [ 13 ] . Apres avoir ete implique dans la presque integralite des federations du pays, Moenck cede officiellement sa place de president du COC a Iglesias (1939-1941) pour rejoindre le CIO en .

Le decret n o  1509 [ modifier | modifier le code ]

Malgre ce qui s’apparente a une vexation du CIO qui n’avait pas ete prevenu que l’ancien COC avait ete remplace, ce decret fondateur n o  1509 du [ 14 ] emanent certainement de la main du president Bru apparait porteur d’espoir pour le CIO. En effet, il permet un elargissement des objectifs du COC pour une participation aux Jeux Olympiques comme demande par le CIO.

CONSIDERANT : Il est imperatif de creer un organe technique permanent charge de l’organisation, de la direction, de la selection et de la formation du personnel sportif qui representera Cuba a la fois aux Jeux Olympiques et aux Jeux centramericains.

EN CONSEQUENCE : Dans l'exercice des pouvoirs qui me sont conferes, et par proposition du Secretaire d’Etat a l'Education :

PREMIEREMENT : L’organisation, la direction, la selection et l’entrainement des equipes sportives qui representeront Cuba aux Jeux Olympiques et aux Jeux Centramericains seront confies a une organisation technique permanente denommee COMITE OLYMPICO CUBANO.

DEUXIEMEMENT : Le COMITE OLYMPICO CUBANO sera compose de sept membres nommes comme suit : (A) Un nomme librement par le Secretaire d’Etat a l'Education.

(B) Un nomme par le representant a Cuba du Comite international olympique.

(C) Un nomme par le Secretaire d'Etat a l'Education parmi les membres de l'Union Athletica des Amateurs de Cuba (UAAC)

(D) Quatre choisis par le Secretaire a l'Education parmi la liste des candidats envoyee par les organisations sportives suivantes :

1 - Organismes sportifs de renommee internationale pratiquant les sports inclus dans les Jeux Olympiques ou Centramericains a l'exception de ceux qui dependent de quelque maniere que ce soit de l'Union Athletica des Amateurs de Cuba.

2 - Entites sportives masculines ou feminines composees de quatre clubs ou plus, pratiquant au moins deux des sports inclus dans les Jeux Olympiques ou centramericains et ayant ete organises depuis deux ans ou plus.

Le Comite olympique cubain sera entierement renouvele tous les quatre ans, etant entendu que ses membres exerceront leurs fonctions sans recompense et a titre honorifique.

TROISIEME : Le Comite olympique cubain etablira un ensemble de regles qui devront etre appliquees, a la fois avec l’approbation du Secretaire d’Etat a l’Education et avec les deux tiers de ses membres.


La forme, celle du decret-loi, est revelatrice de la prise de controle du sport par le pouvoir presidentiel. Comme precise dans les dispositions transitoires, ce decret restera en vigueur jusqu’a ce que le Congres puisse adopter le projet de loi correspondant, signe que le legislatif travaille probablement a la realisation d’une loi, mais que l’executif ne veut/peut pas attendre. Ainsi le president cubain affiche une ambition pour le COC qui depasse largement les prerogatives qui lui avaient ete confiees dans le cadre du Conseil National des Jeux de Sport Centramericains de Machado.

En absorbant le Conseil National des Jeux de Sport Centramericains, le nouveau COC devient une institution puissante aux mains du gouvernement et bientot d’Iglesias, un veritable relais des politiques gouvernementales par le biais du Secretaire d’Etat a l’Education. Tout cela, probablement, a la defaveur des elites conservatrices qui dirigeaient jusqu’alors le sport cubain comme l’UAAC. Ainsi la reglementation pour la composition du bureau du COC confirme cette idee : six des sept membres du COC seront choisis par le Secretaire d’Etat a l’Education, en opposition a la Charte olympique et sa volonte de dissociation du sport et du politique. L’UAAC qui beneficiait jusqu’ici d’un pouvoir preponderant sur la gestion du sport cubain ne possede plus qu’un siege au COC.

Autour de la Seconde Guerre mondiale [ modifier | modifier le code ]

Le CIO force a la discretion [ modifier | modifier le code ]

Alors qu’une nouvelle relation CIO/COC semblait pouvoir s’instaurer sur la base de ce COC plus structure, la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) va mettre un nouveau coup d’arret a la regularisation du COC selon les principes de la Charte olympique. En effet, le Comte Baillet-Latour est bloque dans la Belgique occupee et doit ceder la gestion des affaires courantes a son vice-president, le suedois Edstrom, avant sa mort en 1942. Le cas de Cuba comme celui de beaucoup d’autres nations est mis de cote pour concentrer les efforts sur les JO d’Helsinki de 1940 finalement annules. Pendant les annees de guerre, l’Allemagne nazie de Gobbels tenter d’unifier selon son ideologie le sport europeen. Le CIO peine a resister et ecorne son image du fait de son approbation du nazisme. Il lui faudra quelques annees de discretion pour eviter le processus de denazification et pretendre retrouver une certaine legitimite dans les relations internationales, peut-etre jusqu’a la presidence d’Avery Brundage (1952-1972) [ 15 ] .

Le COC s'emancipe [ modifier | modifier le code ]

Pour autant, le nouveau COC au budget probablement plus important que le precedent, soutient la participation des delegations pour Londres 1948 (53 athletes [ 16 ] ), Helsinki 1952 (29 athletes [ 17 ] ), Melbourne 1956 (16 athletes dont une femme [ 18 ] ) et Rome 1960 (12 athletes [ 19 ] ). Seul Figuerola decroche une medaille d’argent en athletisme en 1948. Meme si les resultats aux Jeux Olympiques peuvent etre juges decevants, les successifs gouvernements cubains semblent avoir une reelle volonte de developper l’excellence sportive sur l’ile. Le nouveau COC gere de front les participations a toutes les epreuves sous la direction ou le patronage du CIO, que ce soit les JO, les jeux regionaux centramericains de 1946 (Barranquilla/Colombie) puis de 1950 (Guatemala) et aussi pour les nouveaux jeux panamericains qui voient s’affronter tous les pays des continents nord et sud confondus. Cree a l’initiative de Brundage pour pallier l’absence de JO pendant la Seconde Guerre mondiale, la premiere edition se deroule finalement en 1951 a Buenos Aires, et voit Cuba finir troisieme nation devant le Bresil ou encore le Mexique [ 20 ] .

Le coc et les dictateurs (1952-1963) [ modifier | modifier le code ]

La tentative d'annexion de Batista [ modifier | modifier le code ]

Un immersion "sultanique" [ modifier | modifier le code ]

Figure du pouvoir depuis plus d’une decennie deja, Fulgencia Batista a repris la presidence par la force en 1952 afin d’imposer une dictature violente. Categorisee comme ≪ sultanique ≫ par Andre Gounot [ 21 ] dans la mesure ou elle ne comporte aucune dimension de mobilisation ideologique que les JO pourraient glorifier a l’image de l’Allemagne nazie, la dictature de Batista repose sur la satisfaction des interets personnels des dirigeants supremes. L’autorite doit etre complete. Controler le Comite olympique cubain, c’est controler l’organe de rayonnement sportif du pays ainsi que les enjeux financiers qui en decoulent.

Des 1954, Batista veut controler le COC et decide de remplacer le president Iglesias par Miranda, son beau-frere, ce dernier cooptant ses pairs dans le comite executif du COC [ 21 ] .

La reaction de Moenck et du CIO [ modifier | modifier le code ]

Devenu membre de la commission executive du CIO en 1953, Moenck, qui entretient de tres bonnes relations avec Brundage, l’alerte immediatement des derives du dictateur cubain qui fait aller le COC a l’encontre de la regle 25 de la Charte olympique prevoyant l’independance et l’autonomie des CNO par rapport a leur gouvernement. Si le CIO doit faire respecter ses fondements, il doit aussi faire valoir sa capacite a coopter des membres qui lui ressembles socio-politiquement, c’est-a-dire des elites traditionnelles et conservatrices.

Le COC de Batista doit desormais faire face a un lobby conservateur emmene par le CIO, incarne par Moenck aux cotes de l’UAAC. Contraint d’organiser des elections pour legitimer democratiquement sa place ainsi que son nouveau comite executif aux yeux du Mouvement olympique, Miranda enclenche une course a la corruption en vue du scrutin de [ 21 ] . De l’autre cote, de nombreux echanges de lettres temoignent de l’important travail de lobbying realise par Brundage et Moenck pour rassurer les federations et maintenir leurs fidelites.

Finalement, Miranda perd l’election et doit rendre sa presidence au nouveau president Narcisco Camejo Estrella. Brundage felicite Moenck d’avoir ≪  gagne la bataille  ≫, ≪  une victoire remarquable pour le Mouvement olympique  ≫ [ 22 ] . Fort de ce succes, le COC est officiellement reconnu par Brundage le , et pourra participer aux prochaines competitions olympiques comme membre de la grande famille olympique.


Le Comite olympique de Fidel Castro [ modifier | modifier le code ]

Un climat revolutionnaire [ modifier | modifier le code ]

Tendue depuis le debut de l’annee 1956, la situation politique a Cuba ne va faire que se degrader contraignant le travail de Moenck ainsi que ses participations aux rassemblements de la commission executive du CIO de Stockholm 1956 et Tokyo 1958 [ 23 ] . Ses correspondances avec Brundage evoquent la durete de la vie a Cuba, les meurtres, les pillages, sa crainte d’abandonner sa famille ainsi que l’accentuation de la censure qui va l’empecher de quitter le pays des 1956. Alors que la Revolution bat son plein, les opposants sont pousses a l’exil. Parmi eux, on note Porfirio Franca Echarte, le fils du premier president du COC et lui-meme president du COC depuis 1958. Oppose au castrisme, il s’exil a Porto Rico ou il occupe la presidence du Comite olympique portoricain pour des 1960. Ainsi le CIO comme le COC ont ete paralyses pendant ces annees de Revolution [ 23 ] .

L'INDER absorbe le COC [ modifier | modifier le code ]

L'adhesion de Castro au socialisme se materialise par la centralisation de la gestion des affaires publiques et donc sportives par un parti unique officiel et son leader au sein d’un Etat fort. Des 1961, le lider maximo donne naissance a l’Institut National des Sports et de l’Education Physique et Recreative (INDER), une structure centralisatrice nationale calquee du modele sovietique devant organiser la participation sportive en encourageant a la competition. Pense comme une structure a part entiere par le decret de 1937, reconnu comme independant et conforme par le CIO en 1955, le COC devient un outil au service des politiques de l’INDER, revenant une nouvelle fois sous le controle direct du gouvernement, castriste cette fois.

L'impossible resistance [ modifier | modifier le code ]

Le CIO n’a plus de canal de renseignement a Cuba et, isole, ne peut donc pas mettre en place de strategie de defense comme ce fut le cas contre Batista. Brundage tente de faire pression sur Castro en ne reconnaissant plus le COC comme legitime, mais cette tentative n’a guere d’effet [ 23 ] . De son cote, Castro evite l’erreur faite par son predecesseur, celle de court-circuiter le cheminement democratique du vote pour la presidence du COC. En ce sens, il s’attire le soutien de Manuel. G. Guerra, un haut cadre de l’administration sportive qui fut president de l’UAAC et vice-president du COC, et fait subir a Iglesias une ≪ terrible repression ≫ [ 23 ] pour que celui-ci abandonne sa presidence et quitte le pays. C’est chose faite le [ 23 ] , et avec lui, c’est la resistance a l’INDER et au sport d’Etat qui disparait.

Guerra remporte les elections consecutives au depart d’Iglesias, devenant president du COC, un poste qu’il occupera jusqu’en 1997, les statuts de l’institution ne prevoyant pas de limite de mandats successifs. Cette longevite qui temoigne de la confiance de Castro explicite aussi le rapport qu’entretien le leader des revolutionnaires avec le comite olympique : c’est un lieu de pouvoir qui est suffisamment digne d’interet pour etre controler par un allie fidele et perenne a sa tete. Un allie qui saurait s’effacer lorsque Castro sentirait le besoin de gerer lui-meme les affaires olympiques.

Enfin, l’immersion des revolutionnaires dans le monde de l’olympisme apparait complete apres la mort de Moenck en 1969 puisque le CIO coopte Guerra en 1973 [ 24 ] pour qu’il devienne le nouveau membre du CIO pour Cuba. Bien qu’il soit castriste, sa longue carriere de haut dirigeant du sport mondial notamment a la tete de la federation internationale de Baseball a du jouer en sa faveur aupres d'un CIO contraint par les logiques de la Guerre froide.

LE COC INSTRUMENTALISE PENDANT LA GUERRE FROIDE (1960's-1992) [ modifier | modifier le code ]

Une forte contestation de la legitimite du COC [ modifier | modifier le code ]

Selon de nombreux opposants au regime castriste, le COC doit etre exclu du Mouvement olympique du fait de trois infractions majeures a la charte olympique : le COC paie ses athletes, le COC est communiste, le COC est au service de l’Etat [ 23 ] .

Le COC paie ses athletes [ modifier | modifier le code ]

Premierement, le CIO a exige des preuves a l’INDER que les athletes sous la responsabilite du COC pendant les competitions olympiques n’etaient pas payes de sorte a se mettre en conformite avec le principe de l’amateurisme. En , le chancelier Otto Mayer joint dans une correspondance une liste d’athletes probablement payes et demande des certificats pour defendre chacun d’entre eux [ 25 ] . Cuba mettra plus de dix ans a repondre favorablement a tous les noms, repondant a chaque relance du CIO que les recherches etaient en cours de traitement [ 26 ] .

Le COC est communiste [ modifier | modifier le code ]

Deuxiemement, une critique concerne l’aspect communiste du COC. Si Brundage deplore le fait que le sport soit un terrain d’affrontement, il ne peut en revanche condamner Cuba pour son orientation politique, la charte olympique defendant ses membres de ≪  discrimination en raison de la race, de la religion ou de l’affiliation politique  ≫ [ 27 ] . Une situation delicate pour ce president ouvertement anticommuniste, d’autant plus qu’un puissant bloc rassemble autour de l’URSS se construit au CIO.

Le COC est au service de l'Etat [ modifier | modifier le code ]

La critique la plus pertinente juridiquement aux yeux du CIO concerne les liens entre le COC et l’Etat : selon les detracteurs de Cuba, le COC serait au service du regime. D’abord, c’est la participation aux Games of the New Emerging Forces (GANEFO), une competition regroupant les nations emergentes principalement tiers-mondistes devant faire de l’ombre aux CIO, qui va nourrir le debat [ 28 ] . L’Indonesie, suspendue du Mouvement olympique pour avoir refuse la participation de la Republique de Chine (Taiwan) aux quatriemes Jeux asiatiques, accueille alors Cuba et quelques autres nations pour la premiere des deux seules editions de la competition en 1962. Intimement politique selon Brundage, la participation aux GANEFO ne peut etre couplee d’une participation aux JO, si bien qu’il decide de suspendre tous les athletes ayant pris part a cet evenement et profere cette menace a l’encontre de Cuba [ 29 ] . Guerra lui repond qu’aucun athlete n’avait pris part aux GANEFO, seulement des ≪ travailleurs ≫, et aucune sanction ne fut prise [ 30 ] .

Dans le meme temps, l’Union Sportive de Cuba Libre, une association d’anciens athletes cubains exiles en Floride, inonde le CIO de courriers pendant pres d’une decennie de sorte a prouver que les athletes du COC sont des ambassadeurs de l’Etat. Au total, ce sont plus de 140 rapports gouvernementaux subtilises aux revolutionnaires et quelques centaines de coupures de presse denoncant la propagande gouvernementale qui sont envoyes a Lausanne [ 31 ] . Toutes sortes d’accusations y sont proferees a l’encontre des Cubains : des distributions de tract pro-castristes lors des jeux regionaux de Kingston en 1962, l’emprisonnement d’une athlete dissidente tentant de s’echapper en 1962, ou encore le fait que Guerra serait un agent communiste infiltre. Enfin, un livret de propagande denonce l’endoctrinement de l’INDER qui choisirait les athletes en fonction de leur allegeance au communisme.

L'impuissance du CIO [ modifier | modifier le code ]

Face a cette quantite d’elements a charge contre le gouvernement cubain, Brundage ne sevit pas. Bien que le COC ne soit pas innocent, ces accusations sont selon lui le fruit d’une minorite perdante de la Revolution et comportent un aspect trop propagandiste pour etre retenues [ 32 ] . Ainsi, il ne peut qu’adresser de nombreuses lettres au COC pour le menacer de poursuite en cas de nouvelle interference entre le gouvernement et le fonctionnement du COC, donnant un sentiment d’impuissance face a l’immersion du politique. Cuba ne tremble pas et nie en bloc ces accusations retournant les memes reproches aux Etats-Unis [ 33 ] .

Composer avec Castro, leader auto-proclame des non-alignes [ modifier | modifier le code ]

Reticent a l’idee de punir le COC, le CIO va subir les attaques de Castro envers ses principes durant toute la Guerre froide, les evenements du Cerro Pelado en 1966 [ 7 ] ou les boycotts de 1984 et 1988 etant les plus marquants.

Une legitimite sportive [ modifier | modifier le code ]

Tandis que la decennie 1960 a ete celle des grandes reformes du sport cubain, la decennie 1970 consacre les premiers exploits sur les scenes regionale, internationale et olympique. En effet, des 1971 aux Jeux panamericains de Cali (Colombie), le pays atteint la deuxieme place au tableau des medailles, seulement devance par les Etats-Unis. Une performance fierement saluee par Castro, d’autant plus qu’elle va s’inscrire dans une regularite remarquable avant la consecration : Cuba finira au moins deuxieme au tableau des medailles pour les dix editions suivantes, s’offrant meme la premiere place en 1991 lors de l’edition de La Havane.

Au-dela de cette reussite sportive a l’echelle regionale, ce sont les resultats aux Jeux Olympiques qui vont permettre a Castro de demontrer la reussite de son modele. Deja a Mexico 1968, Cuba avait amorce son ascension vers l’Olympe avec 4 medailles d’argent, son deuxieme plus haut total apres Saint-Louis 1904. L’aboutissement intervient lors de l’edition suivante a Munich, dans la discipline qui symbolise le mieux le virage socialiste du sport cubain : la boxe. C’est ainsi que Teofilo Stevensen decroche la premiere medaille d’or revolutionnaire en finale des poids lourds contre le Roumain Ion Alexe. Glanant devant un public conquis la premiere de ses trois medailles d’or olympiques, Stevenson marque alors l’arrivee de Cuba dans le tableau des grandes puissances du sport mondial : lors de cette edition, la delegation cubaine finira 14e sur 126 nations engagees avec 8 medailles dont trois en or pour la boxe cubaine, soit autant que le total de tous les pays d’Amerique latine reunis. La dynamique est enclenchee, et chaque olympiade permet de prendre conscience de la progression de Cuba : 13 medailles a Montreal 1976, 20 a Moscou 1980. Certes, c’est le sport sovietique qui atteint des sommets a cette periode, l’URSS terminant premiere a huit des dix olympiades ete et hiver organisees entre 1972 et 1988 (deuxieme a Sarajevo 1984, pas de participation a Los Angeles 1984).

Grace a ces resultats, le regime castriste beneficie d’une certaine legitimite et credibilite, dont il n’hesite pas a se vanter, encore ici en 1984, dans ses correspondances avec le CIO et Samaranch : ≪  Les efforts et les resultats de nos athletes, entraineurs et officiels techniques nous ont permis d’obtenir une place de choix dans le milieu sportif d’Amerique centrale, panamericain et mondial, et nous ont conduits a occuper des positions importantes au sein de nombreuses federations et organisations sportives internationales  ≫ [ 34 ] . ≪  Fort de l’autorite  ≫ [ 34 ] que lui confere ce prestige sportif, Castro va tenter d’imposer Cuba comme un membre incontournable du Mouvement olympique, une ambition qui commence par des critiques et un boycott en 1984.

Une critique d'inspiration socialiste pour depasser le silence du boycott 1984 [ modifier | modifier le code ]

Quatre ans apres les Jeux de Moscou 1980 boycottes par pres de 51 nations, l’URSS se positionne en faveur de represailles similaires pour l’edition de 1984 a Los Angeles. Pretextant des lacunes dans le dispositif de securite americain et une crainte envers le sentiment antisovietique de la population, le Bloc de l’Est n’engage pas d’athletes, sauf la Roumanie. Outre l’URSS, ce sont 14 autres pays qui declinent l’evenement, et parmi eux, Cuba

Pour autant, et meme si Castro apparait tributaire de ce boycott, il n’en est pas moins decide a exploiter la situation pour revendiquer ces propres interets. Ainsi, il se permet d’exposer sa vision de la situation olympique a Samaranch : ≪  au cours de ces dernieres annees, des elements etrangers au sport sont intervenus dans les JO, consequence des gains obtenus par le biais de la television, la publicite et d’autres facteurs. Ce n’est pas sans raison que les Jeux a Los Angeles ont ete qualifies de “Jeux du dollar”  ≫ [ 35 ] . Rappelant au president du CIO les principes de la charte olympique selon laquelle ≪  les Jeux Olympiques sont non lucratifs  ≫ [ 35 ] , il dit que ces derniers ont ete ≪  violes et bafoues  ≫ [ 35 ] .

Castro denonce la commercialisation, la marchandisation des JO orchestree par Samaranch. Selon lui, cette prise de position en faveur de l’entree des sportifs professionnels dans le Mouvement olympique et donc pour la fin de l’amateurisme ≪  devalue completement l’essence de l’Olympisme  ≫ [ 35 ] et ne va profiter qu’aux pays developpes : ≪  les pays pauvres et sous-developpes n’auront jamais la possibilite de se voir confier l’organisation de manifestations sportives de cette nature  ≫ [ 35 ] .

Des revendications au nom des non-alignes [ modifier | modifier le code ]

Du 3 au s’est tenu a La Havane le VIe Sommet des pays non alignes. Trouvant ses origines dans la conference de Bandung de 1955, cette initiative intergouvernementale, qui vise initialement a proteger ces membres de l’influence des Etats-Unis et de l’URSS compte a l'epoque 95 pays membres.

Quoique tres liee a l’URSS, Cuba joue pourtant sur les deux tableaux et souhaite se poser comme le leader de la troisieme voie. Fidel Castro, grand artisan du bon deroulement de ce sommet affiche alors ses intentions d’actions : ≪  S’il s’agit de defendre l’independance et le role specifique, prestigieux, toujours constructif et toujours plus influent dans la vie internationale des non-alignes, pour qu’on ecoute la voix energique et juste de nos peuples, Cuba sera en premiere ligne pour defendre ces principes  ≫ [ 36 ] . C’est en ce sens et selon cette meme dynamique de protection des non-alignes anti-imperialistes que Cuba se positionne comme un acteur central des Jeux Olympiques de Seoul 88. L’enjeu pour le CIO semble alors de s’accorder directement avec Fidel Castro, et non plus avec le COC semble-t-il depasse par l’enjeu diplomatique depuis quelques annees deja, pour eviter qu’il ne federe un groupe de dissidents.

Plusieurs critiques sont alors emises par Castro :

1) Le choix de Seoul 1988 [ modifier | modifier le code ]

Castro exprime sa tristesse face a la ≪  guerre meurtriere qui couta la totale destruction de la Coree du Nord et la vie de centaines de milliers de ses enfants  ≫ [ 35 ] , en plus de diviser ≪  artificiellement et arbitrairement en deux parties  ≫ [ 35 ] le pays. Au cours d’un paragraphe engage, il denonce l’absence des libertes, des droits sociaux et des droits de l’Homme au sud. Dans les faits, les propos de Castro semblent relativement fondes puisqu’effectivement, le general Chun Doo-hwan a pris le pouvoir par un coup d’Etat militaire en , avant de dissoudre l’Assemblee nationale et de faire proclamer des la loi martiale a tout le pays. Des milliers d’opposants sont assassines tandis que le president americain Jimmy Carter est accuse de soutenir le pouvoir en place. A la vue de ce triste bilan, il ne croit pas que les Jeux Olympiques vont permettre une quelconque paix, reunification, harmonie ou collaboration. C’est en ce sens qu’il suggere a Samaranch une idee qui pourrait sauver la face du Mouvement olympique : ≪  La solution reside peut-etre dans la decision courageuse, constructive et prudente de repartir les Jeux Olympiques en 1988 de maniere plus equitable ou a peu pres equitable entre les deux Corees en fonction des possibilites et des interets de chacune  ≫ [ 35 ] .

Aux termes d’apres discussions entre le CIO, le COC et les deux Corees, durant lesquelles un accord pour la coorganisation fut proche d'etre trouve [ 37 ] , Castro annonce finalement qu'il boycott l'olympiade 1988 emmenant dans son sillages l'Ethiopie et les Seychelles. ≪  La Coree du Sud est un pays fasciste  ≫, ecrit Castro [ 38 ] .

Les considerations strictement sportives sont eclipsees par ce discours politique qui nuit une nouvelle fois a la reunification du Mouvement olympique. Il y a un saisissant contraste dans les correspondances entre les declarations de bonnes intentions et de sympathie vis-a-vis du CIO et la subite position de fermeture definitive pour ce qui concerne la participation a Seoul 88. L’impression dominante a la lecture est celle d’une hostilite de Cuba a l’egard du bon deroulement des JO de 1988, car si le CIO doit faire des efforts et des concessions en sa faveur, Cuba n’accepte d’en faire aucune de son cote maintenant une position binaire realistement intenable dans les relations internationales : tout ce que Castro demande, ou rien. Au lendemain de ces differends, la relation entre le CIO et Cuba apparait tres tendue, et Samaranch annonce le 88 qu’il coupe les fonds alloues au COC pour non-contribution a la progression du Mouvement olympique [ 39 ] . La vraisemblable reussite de ces Jeux, a la fois dans les domaines sportifs et securitaires, contribuera autant a faire connaitre au monde entier la Coree du Sud qu’a discrediter la critique emise par Fidel Castro.

2) La legitimite de l'ONU [ modifier | modifier le code ]

A la faveur de son poids grandissant dans les relations internationales et donc dans le Mouvement olympique, de sa position d’acteur incontournable pour un succes de Seoul 88, Castro a tente de remettre en cause plus que la liberalisation economique de l’olympisme mais la legitimite meme du CIO a dominer et regir le sport international des 1985.

En effet, le tiers-monde peut paraitre delaisse par le CIO qui, s’il a soutenu les initiatives de Jeux regionaux pour le developpement du sport, n’a accorde qu’une seule fois l’organisation des JO en dehors des pays riches, a Mexico 1968. ≪  Il faut faire en sorte que les pays du tiers monde aient egalement le droit d’organiser des olympiades  ≫ [ 39 ] demande alors Castro, de sorte que ces pays beneficient des recettes des rencontres sportives. Pour lui, l’≪  assignation de 200 millions de dollars a l’Etat le plus riche du pays le plus riche du monde (suite a LA84) est une preuve des faiblesses et des conceptions anachroniques de CIO  ≫ [ 39 ] alors que ce qu’il manque au Sud, ≪  c’est le developpement economique et social, les installations sportives […] la nourriture, non pas seulement pour de grandes masses de la population, mais parfois meme pour les athletes  ≫ [ 39 ] . Enfin, et comme pour n’epargner aucune dimension de l’institution olympique, ce sont aussi les membres du CIO qui sont pris a partie par le leader cubain. Denonces comme des ≪  comtes, de(s) marquis, de(s) millionnaires  ≫ [ 40 ] au service d’une ≪  mafia  ≫ [ 40 ] oligarchique et autocratique dans un article de 1985, ils sont confrontes a la non-representativite de leur statut de membres des elites mondiales.

Ainsi ce plaidoyer populiste d’inspiration marxiste typique des propos de Fidel Castro denonce une forme de neo-colonialisme permise par un Mouvement olympique qui entrevoit les faiblesses de ses fondements aristocratiques. De sorte a permettre a l’olympisme de se saisir d’enjeux modernes selon une perspective plus juste, solidaire et egalitaire, Castro propose plusieurs agencements allant d’une reforme de l’institution a une transmission de competence a l’ONU qui signifierait la fin du CIO en tant que tel.

Premierement donc, Castro propose une reforme du CIO pour plus de representativite. Partant du constat que la cooptation permet a certains pays d’avoir plusieurs membres au CIO alors qu’ils n’ont que peu d’athletes, Castro souhaite que chaque pays soit represente au CIO par un delegue elu sous l’egide de l’ONU [ 41 ] .

Si le CIO refuse cette requete, Castro propose alors que l’ONU se saisisse de la question pour reorganiser et diriger le Mouvement olympique en creant un organe similaire a celui de l’OMS ou de l’UNICEF. ≪  Je suis un partisan convaincu que les Nations Unies […] doivent s’interesser au sport et s’en occuper comme elles le font pour la science, l’education, la culture, la sante…  ≫, declare-t-il [ 41 ] .

LE COC DEPUIS LA CHUTE DE L'URSS (1990's-) [ modifier | modifier le code ]

Les JO de Barcelone 1992 [ modifier | modifier le code ]

Episode le plus connu de l’histoire olympique cubaine, la performance exceptionnelle des Jeux Olympiques de Barcelone 1992 revele et credibilise definitivement Cuba au monde. Lors de cette XXVemes edition des JO d’ete de l’ere moderne, Cuba fait son grand retour dans la competition apres les boycott de 184 et 1988 en se hissant a la cinquieme place du tableau des medailles avec 31 medailles dont 14 en or, seulement devance par des grandes puissances sportives : l’Equipe unifiee de l’ex-URSS, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Chine. Avec ses neuf titres en boxe, la delegation cubaine impressionne autant qu’elle fascine des observateurs sous le charme de cette technique, cette fougue, cet atypisme venu des Caraibes.

Parmi ces ambassadeurs, on note l’un des plus grands champions de boxe de l’histoire, Felix Savon, qui glanait avec une deconcertante aisance en 1992 le premier de ses trois titres de champion olympique de boxe, completant son palmares de sextuple champion du monde. Son refus de devenir professionnel pour affronter Mike Tyson dans un combat hautement lucratif fait echo a la celebre declaration de T. Stevenson, autre gloire de la boxe cubaine deux decennies plus tot : ≪  Pourquoi aurais-je besoin de dix millions de dollars quand j’ai onze millions de Cubains derriere moi ?  ≫ [ 42 ] .

A l’instar de ces champions, c’est la delegation cubaine qui renvoie cette image de modestie, d’humilite et de simplicite lors de ces Jeux Olympiques qui consacrent Cuba comme une grande nation du sport et de l’olympisme. Comparativement au total de 58 medailles obtenues jusqu’ici par Cuba lors de ses treize participations aux Olympiades d’ete, cette moisson de 1992 apparait comme une performance comptable extraordinaire et credibilise la methode cubaine a l'aube d'un avenir vraisemblablement plus dur.

Une baisse de l'influence du COC [ modifier | modifier le code ]

Pour autant, il apparait interessant de se demander si le COC de Castro ne s'est pas fourvoye lors de l'episode de JO de 1988, ne parvenant pas a federer un boycott de masse et se froissant avec un CIO pourtant pret a faire des concessions. Tandis que l'influence de Cuba decline a mesure que la Guerre froide s'estompe, et alors qu'une longue periode de crise economique plonge lile dans une certaine detresse humanitaire, son influence dans le Mouvement olympique s'efface aussi. Les bons resultats sportifs diminuent, et, depuis 2015, Cuba n'a plus de membre au CIO pour son pays...

References [ modifier | modifier le code ]

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  41. a et b ACIO, Lausanne, archive de Cuba, correspondances 1985, livret original Anti-Seoul de Castro.
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