Cavaliers de l'Apocalypse

Un article de Wikipedia, l'encyclopedie libre.
Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (de gauche a droite) : Mort , Famine , Guerre et Conquete dans un tableau de 1887 par Viktor Vasnetsov . L' Agneau est visible au sommet.

Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse sont des personnages celestes et mysterieux mentionnes dans le Nouveau Testament , au sixieme chapitre du livre de l' Apocalypse  ; c'est du moins l' exegese dominante depuis le XVI e  siecle car, durant tout le Moyen Age , on considerait plutot qu'il s'agissait d'un seul cavalier montant successivement quatre chevaux [ 1 ] , [ 2 ] , ce cavalier etant le Christ comme le montre aussi l' iconographie de cette epoque.

L'episode a souvent ete compare a deux visions de Zacharie , un prophete de l' Ancien Testament [ 3 ] . On ne peut cependant parler d'un midrash (ou commentaire), car Jean prend de grandes libertes avec son modele. Ces chevauchees inaugurent le commencement de la fin du monde , car ils apparaissent lorsque l' Agneau , figure de Jesus ressuscite, ouvre les quatre premiers sceaux du ≪  Livre de la Vie  ≫.

Bien qu'ils paraissent se succeder dans le temps, le dernier verset suggererait, dans le cadre de cette interpretation, que ces quatre chevauchees seraient simultanees et donc le fait de quatre personnages differents, pourvu du moins qu'on applique ce verset a l'ensemble des quatre chevauchees et non pas a la derniere [ 4 ]  :

≪ Et il leur fut donne pouvoir sur le quart de la terre, pour faire perir (les hommes) par le glaive, et par la famine, et par la mortalite, et sous les betes (sauvages) de la terre. ≫

Plusieurs interpretations de la signification symbolique des cavaliers ont ete emises, a differentes epoques.

Cavaliers et montures [ modifier | modifier le code ]

Les cavaliers et leurs chevaux, tels qu'ils sont decrits dans l' Apocalypse  :

Couleur du cheval Symbolisme de la couleur Attribut Activite explicite Symbolisme generalement retenu a l'epoque moderne
Blanc Puissance ; Victoire Arc Va conquerir Evangelisation ou bien Conquete
Rouge Sang ; Violence Epee Apporte le conflit Guerre
Noir Manque Balance Augmentation du prix du ble et de l'orge Famine
Vert / Bleme / Pale [ 5 ] Peur, Maladie Faux Est suivi par les Enfers Mort ou Epidemie

Voici le texte de l'Apocalypse (6, 1-8) :

≪  [1] Alors je vis que l’Agneau avait ouvert un des sceaux, et j’entendis l’un des quatre animaux qui disait d’une voix de tonnerre : Viens et vois.

[2] Je regardai donc, et je vis un cheval blanc, et celui qui etait monte dessus avait un arc, et on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur, pour remporter la victoire.

[3] Et lorsque l’Agneau eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui disait : Viens, et vois.

[4] Et il sortit un autre cheval qui etait roux ; et celui qui le montait recut le pouvoir de bannir la paix de la terre, et de faire que les hommes se tuassent les uns les autres ; et on lui donna une grande epee.

[5] Et quand l’Agneau eut ouvert le troisieme sceau, j’entendis le troisieme animal, qui disait : Viens et vois. Et je regardai, et il parut un cheval noir, et celui qui etait monte dessus avait une balance a la main.

[6] Et j’entendis une voix qui venait du milieu des quatre animaux, et qui disait : La mesure de froment vaudra un denier, et les trois mesures d’orge vaudront un denier ; mais ne gate point ni l’huile ni le vin.

[7] Et quand l’Agneau eut ouvert le quatrieme sceau, j’entendis la voix du quatrieme animal, qui disait : Viens, et vois.

[8] Et je regardai, et je vis paraitre un cheval de couleur pale [ 5 ]  ; et celui qui etait monte dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait ; et le pouvoir leur fut donne sur la quatrieme partie de la terre, pour faire mourir les hommes par l’epee, par la famine, par la mortalite, et par les betes sauvages de la terre. ≫

Nouveau Testament , Apocalypse chap.  6 , 1-8, traduction revisee par Jean-Frederic Ostervald [ 6 ] .

Interpretations [ modifier | modifier le code ]

Sur les ≪ quatre animaux ≫, voir l'article Tetramorphe .

L'ensemble de ce passage a recu, dans le cadre de l'hypothese de quatre cavaliers distincts, des interpretations tres variees.

Certains y voient des allusions precises a une serie d'evenements historiques donnee, le plus souvent au I er  siecle [ 7 ] , [ 8 ] , mais parfois a l'epoque ou vit celui qui produit cette interpretation ; d'autres a une division de l'histoire en quatre parties, soit depuis le commencement du monde, ou bien depuis l'avenement de Jesus-Christ  ; d'autres a une typologie symbolisant les differents fleaux qui peuvent frapper l'humanite sans qu'on ait en vue une periode precise ; d'autres enfin a des realites spirituelles sans caractere historique.

Dans le cadre de l'hypothese plus ancienne et tres differente, selon laquelle il ne s'agirait que d'un seul et meme cavalier ? hypothese que refletent les commentaires et les enluminures medievales, ou les cavaliers apparaissent parfois nimbes comme des serviteurs de Dieu ? on rencontre egalement, selon les auteurs et les artistes, une grande variete d'interpretations, toutefois centrees en general sur l'œuvre salvatrice du Christ [ 9 ] . Comme la serie doit etre homogene, et si le premier cavalier (blanc) representait l’action du Christ ou la victoire de l'Eglise, il fallait que les trois autres fussent aussi des figures du Messie.

L'interpretation peut etre plus spirituelle, et notamment reconnaitre dans le texte une retrospective de la vie terrestre du Messie. Pour Œcumenius , par exemple (un auteur grec mal identifie du V e ou VI e  siecle), les six premiers sceaux representeraient les ≪ œuvres du Christ ≫ pour la redemption des hommes : 1)  l'incarnation et la naissance humaine, 2) la tentation, 3) l'enseignement donne, 4) les outrages recus, 5) la flagellation, et enfin 6) la mort en croix. Le septieme sceau represente l’œuvre a accomplir, 7) la victoire sur l’ Antechrist [ 10 ] . De meme, pour Rupert de Deutz [ 11 ] , mort en 1129, les quatre premiers sceaux representent respectivement: 1) l'incarnation du Messie et le debut de sa predication; 2) l'hostilite des juifs qui le livrent ensuite aux Romains, lui preferent le brigand Barabbas et en seront chatie par la destruction de Jerusalem; 3) la trahison de Judas pour de l'argent, et la corruption par de l'argent des gardes du tombeau de Jesus; 4) apres la glorification du Messie ressuscite, l'entree en action du diable qui suscite au sein de l'Eglise le developpement des heresies. Au demeurant, pour les exegetes du Moyen Age, ces diverses interpretations ne s'excluent pas, elles se completent au contraire.

Cheval blanc (conquete) [ modifier | modifier le code ]

Le cavalier blanc sur un vitrail de la Basilique de Saint-Denis .

≪ Et je vis, et voici un cheval blanc, et celui assis sur lui ayant un arc, et il lui fut donne une couronne, et il sortit en vainqueur, et pour vaincre. ≫

Les opinions sur le premier cavalier, chevauchant le cheval blanc, sont nombreuses [ 12 ] et contradictoires. Cela tient au fait que Jean ne nous dit pas clairement qui est l'adversaire de ce cavalier : la Bete ou les saints, le bien ou le mal ? On peut donc l'interpreter de toutes les facons.

Une majorite d'auteurs, tant anciens que modernes, catholiques, protestants ou incroyants, y ont vu le Christ ( Irenee de Lyon , Victorin de Pettau , Andre de Cesaree ), ou bien la predication evangelique triomphante ( Bede le Venerable , Albert le Grand , Ribeira, Bossuet , Bernhardt Weiss, Loisy , etc.). En effet, bien que ce premier cavalier vienne en tete d'une serie de fleaux, sa couleur symbolique ( leukos ) est tres nettement et sans ambiguite positive ; il recoit une couronne glorieuse ( stephanos ), non le diademe des tyrans, et il est vainqueur ; or, dans l'Apocalypse, le mal est tres rarement qualifie de vainqueur, ce terme etant reserve a l'Agneau, aux martyrs ou aux elus. Quant a l'arc, bien qu'il n'ait pas tres bonne reputation dans la Bible [ 13 ] , ou il est presque toujours associe a la guerre, ce serait une arme destinee a chasser la Bete, ainsi que l'a compris Victorin : ≪ Le Seigneur a envoye l'Esprit Saint, dont les paroles, par la bouche des predicateurs, sont comme des fleches percant le cœur des hommes, et capables de vaincre l'incredulite ≫. D'ailleurs il reapparait plus tard dans l' Apocalypse (19,11) identifie clairement au ≪ Verbe de Dieu ≫, quoique certains auteurs contestent l'assimilation de ces deux cavaliers.

D'autres auteurs, invoquant la loi des series (les trois autres cavaliers seraient des fleaux, la guerre, la famine et la peste), pensent qu'il doit etre le premier d'entre eux. Ils y voient l'expansion d'une puissance terrestre : soit l'Empire romain conquerant (dont plusieurs auteurs du Moyen Age, puis protestants), ou bien l'Empire parthe envahissant l'Empire romain, puisque la frontiere de l'Euphrate entre ces deux empires est evoquee a deux reprises dans l' Apocalypse , et que les Parthes etaient toujours representes comme des archers a cheval [ 7 ] . Mais ont-ils conquis "le quart de la Terre" ? Cela reste a demontrer, tandis que le christianisme, incontestablement, l'a fait.

Cheval rouge (guerre) [ modifier | modifier le code ]

Le second cavalier, Guerre, sur le cheval rouge (miniature du XIII e  siecle d'un manuscrit de l' Apocalypse .

≪ Et il sortit un autre cheval, rouge feu. Et celui assis sur lui, il lui fut donne de bannir la paix de la terre et que tous s'entretuent [ou s'entregorgent], et il lui fut donne une grande epee [ou poignard] [ 14 ] . ≫

Le deuxieme cavalier representerait la guerre [ 15 ] , et la couleur de sa monture, le rouge (πυρρ??, de π?ρ , feu), le sang verse sur le champ de bataille. Il porte egalement une epee qui represente l'affrontement et le combat. Toutefois, Jean utilise ici, pour une fois, le mot macaira , au lieu de romphaia (epee) ; il a peut-etre en vue un couteau ou un poignard [ 16 ] de grande taille ( megale ), ce qui s'accorderait avec l'egorgement general ( sphaxousin ) ; certains auteurs ont pu y voir une guerre civile, ideologique ou religieuse. Dans la recapitulation, c'est le mot romphaia qui est utilise.

Cheval noir (famine) [ modifier | modifier le code ]

Le cavalier noir dans l'Apocalypse de Bamberg (vers l'an mil).

≪ Et je vis, et voici un cheval noir, et celui assis sur lui ayant une balance dans sa main. Et j'entendis comme une voix au milieu des quatre animaux [ou Vivants] disant : Une mesure de ble un denier, et trois mesures d'orge un denier ; et l'huile et le vin n'y fais pas dommage. ≫

Le troisieme cavalier, dont le cheval est noir, parait representer la disette. Il porte une balance qui signifie l'evaluation et donc le prix atteint par les denrees les plus caracteristiques du monde mediterraneen antique : cereales, huile et vin. Les cereales atteignent un prix exorbitant, un denier correspondant au salaire journalier d'un ouvrier antique. Selon Woodhouse (1805), il apparait "qu'au temps de Ciceron, un denier permettait d'acheter seize mesures (choinix) de ble, et vingt sous le regne de Trajan" [ 17 ] . Or dans l'Apocalypse, un denier ne permet plus d'acheter qu'une seule mesure de ble.

Quant a l'huile et au vin, il est demande au cavalier de les epargner, c'est-a-dire, d'apres le verbe grec utilise ( adikein ), de ne pas leur causer de tort, de ne pas s'en prendre a eux ; c'est pourquoi beaucoup y voient une allusion a un evenement historique precis, difficile a determiner. Il pourrait s'agir d'une secheresse, car la vigne et les oliviers resistent mieux a la chaleur que les cereales.

Un commentateur grec ancien comme Andre de Cesaree , tres spiritualiste et obsede par les persecutions (vers l'an 610), suppose de son cote que le vin et l'huile sont epargnes parce qu'ils sont utilises au cours des rites chretiens. Il fait une reference explicite a la parabole du Bon Samaritain , qui soigne le voyageur blesse avec ces ingredients (Luc, 10:34). D'apres lui, il faut se servir de ≪ l'huile de sympathie ≫ melee au ≪ vin de l’exhortation ≫ pour aider les malheureux qui auraient succombe aux terribles menaces des persecuteurs [ 18 ]  ; il n'explique d'ailleurs ni la famine, ni le prix des denrees.

Cheval vert ou pale (mort ou epidemie) [ modifier | modifier le code ]

Le quatrieme cavalier, Mort, sur le cheval livide. Tapisseries de l'Apocalypse d' Angers .

≪ Et je vis, et voici un cheval verdatre [ou pale] ; et celui assis au-dessus de lui, son nom (etait) la Mort, et l’Enfer (ades) le suivait. ≫

La description du quatrieme cavalier est la plus courte des quatre, mais il est le seul qui soit clairement designe, il se nomme ≪ Mort ≫. Ce mot grec ( thanatos ) sert aussi a qualifier la peste. Son cheval a une couleur difficile a identifier precisement. Le texte originel grec emploie le terme de ≪  χλωρ??  ≫ ( khloros ), qui ailleurs dans la Bible et specialement dans l'Apocalypse designe la couleur verte de la vegetation [ 19 ] (latin viride ), mais qui est aussi utilise dans le discours medical pour designer le teint anormalement pale d'une personne malade (latin pallidus ). Ce fut le cas, par exemple, de l'empereur Constance Chlore , et ce fut la version choisie par la vulgate .

La traduction francaise a varie au cours du temps. La premiere Bible imprimee en francais [ 20 ] (1532) indique ≪ palle ≫, suivie par Olivetan (1535). Ce choix est directement inspire de pallidus, il sera concurrence par livide. Le jaune connaitra une certaine faveur des la fin du XIXe siecle ; Edouard Reuss [ 21 ] traduit chloros par jaunatre, et explique : ≪ Ce cheval pale ou baillet (couleur de la maladie) n’est pas la Mort au sens propre, mais ce que le peuple appelle parfois de ce nom, la mortalite, c’est-a-dire les maladies contagieuses ≫. Pour Swete [ 22 ] (1906), ≪  xloros se rapporte ordinairement a la vegetation, mais il peut aussi signifier "de pale complexion", ici il represente la terreur devant la mort ≫. Le jaune est retenu par H. Oltramare [ 23 ] et le Pere Calmes [ 24 ] (1907), parmi d’autres. Toutefois, depuis le milieu du XXe siecle, et la Bible de Maredsous (1948), le mot "vert" ou "verdatre" semble prefere par les traducteurs, mais toujours comme une allusion a la decomposition des chairs.

Cette couleur est donc a mettre en lien avec la notion de ≪ pestilence ≫ [ 5 ] . Si l'on se refere alors a l'etymologie grecque, au-dela des traductions et adaptations a travers les siecles, le chevalier pale renverrait, non pas a la mort en general (chaque cavalier ayant le potentiel de la provoquer d'une maniere differente des autres), mais a la maladie. Comme les trois autres cavaliers, son champ d'action semble de grande envergure, touchant toute l'Humanite. Distiller la maladie a grande echelle pourrait alors renvoyer aux phenomenes epidemiques dont il serait une allegorie. Jean est d'ailleurs en pleine conformite avec les fleaux traditionnels de la Bible, ≪ la guerre, la famine et la peste ≫.

La couleur de sa monture evoquerait la peur, la maladie, la decomposition, et la mort. Il est accompagne ou plutot suivi du sejour des morts qui cloture l'apparition des quatre cavaliers (le grec Hades , correspondant a l'hebreu biblique Scheol ).

Le cavalier n'a pas d'attribut specifique, en dehors de son nom : "la Mort". Durant le premier millenaire, son apparence ne differe pas des autres, il est vetu comme eux. Mais a partir du XIIIe siecle il est frequemment represente sous l'aspect d'un homme decharne, voire d'un squelette. Les artistes lui donnent souvent une epee ou une lance, et depuis le haut Moyen Age jusqu'au XVe siecle, on lui fit parfois tenir un pot-a-feu, sous l'influence d'une glose de Berengaudus , qui l'assimile au feu de la colere de Dieu durant les derniers jours [Deut. 32:22,25] [ 25 ]  ; ce passage evoque en effet les quatre fleaux, y compris les betes sauvages [ 26 ] . Durer lui assigne un trident ; par la suite, a l'epoque moderne, il recoit souvent une faux . Cet instrument aratoire n'a ete invente qu'au XVIe siecle pour remplacer la faucille, il apparait donc tardivement [ 27 ] .

Mission collective? [ modifier | modifier le code ]

Le passage se termine par ces mots : ≪ Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer ( apokteinai ) par l’epee, et par la faim, et par la mortalite (ou plus litteralement : par la mort, thanato ), et sous les fauves de la terre. ≫ La majorite des commentateurs modernes rapportent ceci a l'ensemble des cavaliers et non pas seulement au dernier, puisqu'il est ecrit ≪ il leur fut donne ≫ ( autois ), d'autres faisant remarquer que cela doit s'entendre plus simplement et plus naturellement de la Mort et de l'Hades qui l'accompagne. Mais ce court verset pose a lui seul quatre questions : la simultaneite (ou non) de leur mission, son objet, son ampleur, et la curieuse intervention des betes sauvages.

De fait, l'epee parait correspondre au second cavalier, la faim au troisieme et la mort au quatrieme. Il semblerait en decouler qu'ils exercent leur mission simultanement (et non successivement) comme des signes avant-coureurs de la fin des temps. Cependant, la rupture visiblement chronologique des sceaux, soigneusement numerotes, contredit cette impression, il s'agit plutot d'un recapitulatif general qui fixe l'etendue de leur pouvoir. L'absence de correspondance avec le premier cavalier (blanc) est etrange, sauf si l'on veut y voir la predication evangelique, ce qui le distingue alors clairement des autres fleaux. L'ajout dans ce contexte des ≪ betes (grec theria ) de la terre ≫ reste enigmatique, meme si cela reprend un lieu commun des propheties de catastrophes dans l' Ancien Testament .

L'objet de la mission est-il de tuer, comme on le lit generalement ? Le Dictionnaire de Bailly [ 16 ] admet une seconde acception au verbe apokteinai , celle de torturer ou tourmenter. Ainsi, la guerre, la famine et la peste pourraient eprouver les hommes sans necessairement les tuer, surtout dans de si grandes proportions.

Enfin, l'expression ≪ le quart de la Terre ≫ a ete diversement interpretee, soit comme une etendue geographique (ainsi les chevaux d'Ezechiel representent les quatre points cardinaux), ce qui fut l'interpretation de la vulgate, soit une quantite de victimes, comme dans les chapitres 8 et 9 (septenaire des trompettes) ou les fleaux atteignent le tiers des creatures (8:7 a 12) ou le tiers des humains (9:15).

Dans l'art [ modifier | modifier le code ]

Representations medievales [ modifier | modifier le code ]

Les quatre cavaliers de l'Apocalypse.
Enluminure du Beatus de Facundus (1047). Bibliotheque nationale d'Espagne .
  • Les quatre cavaliers sont representes dans les enluminures des commentaires de l'Apocalypse appeles Beatus (du IX e au XII e  siecle) et plus generalement dans beaucoup de manuscrits enlumines de la Bible au Moyen Age, comme l'Apocalypse de Bamberg (vers l'an 1000).
  • Ces cavaliers sont representes a plusieurs reprises sur les tapisseries de l'Apocalypse exposees au chateau d'Angers ( Maine-et-Loire ).

Representations modernes [ modifier | modifier le code ]

  • L'une des representations les plus connues des Quatre Cavaliers est la gravure sur bois de Durer (1498), qui marque un tournant dans la representation et l'interpretation de ce passage, car avant lui les cavaliers ne sont pas representes cote a cote mais l'un derriere l'autre (ou successivement). Cette nouvelle representation, surtout justifiee par un gain de place (la totalite de l'Apocalypse etant illustree en quatorze planches seulement, plus titre et frontispice), aura une tres grande influence sur la tradition iconographique posterieure.
  • Le cavalier de la Mort figure dans une toile de Joseph Turner , intitulee Death on a Pale Horse (1830), ainsi que sur une gravure de Gustave Dore pour illustrer une Bible datee de 1865 (c'est le seul cavalier qu'il a represente).
  • Viktor Vasnetsov a fait une peinture un peu hieratique des quatre cavaliers qui semblent se suivre (1887).

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. (la) Luis del Alcazar, Vestigatio arcani sensus in Apocalypsi , Lyon, , p. 317
  2. (de) A. M. Cetto, ≪  Der dritte apocalyptische Reiter  ≫, Metropolitan Museum Journal ,‎ , p.  203-210
  3. Zacharie I, 7-17 (trois couleurs mentionnees dans le texte hebreu dit massoretique, mais quatre dans le texte grec des Septante qu'on considere aujourd'hui comme refletant un texte source hebraique divergent) ; VI, 1-9 (quatre chars aux chevaux de couleurs differentes).
  4. (en) D.E. Aune, Revelation 17-22 , Dallas, , p.  402
  5. a b et c Le texte grec dit khl?ros ( χλωρ?? ), qui est traduit, suivant les sources, par pale, verdatre, voire cendre.
  6. La Sainte Bible ( trad.  Jean-Frederic Ostervald), Apocalypse , Bruxelles, ( lire sur Wikisource ) , chap.  6, versets 1-8
  7. a et b Eugene Boring par exemple voit dans le cavalier blanc une allusion a la victoire que les Parthes ont remportee en 62 sur les Romains dans la vallee du Tigre .
  8. Le protestant Theodore Crinsoz ( Essai sur l'Apocalypse , 1729) assimile les cavaliers a des etapes de l' Empire romain , le blanc represente les victoires de Trajan , le rouge des episodes sanglants du regne d' Hadrien , le noir la famine et la justice d' Antonin le Pieux , et le pale les troubles qui surviennent sous Marc-Aurele et ses successeurs, etc.
  9. Bernard Gineste, Les quatre chevaux du messie , Paris, BoD, , p.  55-75
  10. (la) Œcumenius (Marc de Groote, edit.), Œcumenii Commentarius in Apocalypsin , Louvain, Peeters Publishers, , xiv-355
  11. Patrologia Latina, tome 169, col. 940-947
  12. On en trouvera une enumeration detaillee avec indications de leurs variantes et des auteurs qui les ont defendues, dans le commentaire de E.-B. Allo, L'Apocalypse , Paris, Lecoffre, 1933, p.   95-102 , l'auteur penchant pour sa part pour le ≪ Verbe de Dieu ≫.
  13. Par exemple, la lettre de Paul aux Ephesiens (6 :16) depeint le Malin lancant des traits ( bele ) enflammes contre les fideles, qui s'en protegent avec le bouclier de la Foi.
  14. Maurice Carrez , Nouveau Testament interlineaire grec-francais
  15. Richard C. H. Lenski , The Interpretation of St. John's Revelation (reprint) , Augsburg Fortress, , 676  p. ( ISBN   978-0-8066-9000-1 et 0-8066-9000-3 ) , p.  224 [1]
  16. a et b Le Dictionnaire grec/francais d'Anatole Bailly (1895) mentionne les deux acceptions, glaive court ou poignard.
  17. (en) John Chappel Woodhouse, The Apocalypse, Or, Revelation of Saint John, Translated ; with Notes, critical and explanatory... , London, J. Hatchard, , xxix-498 (6), p.  147
    ≪ In the times of Cicero, it appears that a denario would purchase sixteen choenices of wheat, and in Trajan’s reign twenty ≫
  18. (en) Eugenia S. Constantinou, Andre de Cesaree et l'Apocalypse dans l'ancienne eglise de l'Est : Etudes et traduction (these de doctorat), Quebec, Universite Laval, , XII-271 + 242
  19. Ainsi en 8:7, toute herbe verte ( chortos chloros ) est consumee (1ere trompette), et en 9:4, il est enjoint aux sauterelles malefiques ( 5 e  trompette) de ne pas nuire a toute verdure ( pan chloron ).
  20. Il existe des manuscrits francais des le XIIIe siecle. Voir Pierre-Maurice Bogaert (dir.), Les Bibles en francais, histoire illustree... , Brepols, 1991 (E.O.)
  21. Reuss, L’Apocalypse [extr. de La Bible, traduction nouvelle (NT 4e partie)], Paris, Sandoz et Fischbacher, 1878, 150 p. ; pp 72-74.
  22. Henry Barclay Swete, The Apocalypse of St John ; The greek text with Introduction Notes and Indices , London (et New-York), Macmillan & Co, 1906, in 8°, ccxv (1)-335 p, 6 ill.. Tres savant commentaire destine aux hellenistes.
  23. Sainte Bible de Louis Segond, 1902
  24. Theophane Calmes, Epitres catholiques, Apocalypse / traduction et commentaires par Th. Calmes, SS. CC.  ; Paris,  Bloud et Cie, 1905 (1907), gd in-16°, (3) f° (titres, Avertissement), 240 p. L'Apo occupe les pp 111-235.
  25. Frederic van der Meer, L'Apocalypse dans l'art , Anvers, Fonds Mercator, , 368  p. , p.  276
  26. "Oui, le feu de ma colere s'est allume (...). Ils seront mines par la faim , devores par la fievre et par la peste meurtriere. Contre eux j'exciterai la dent des fauves et le venin des betes rampant dans la poussiere. Au dehors l'epee fera perir les enfants, au dedans regnera la terreur..." (Second Cantique de Moise - Sainte Bible de Maredsous, 1983, p 218-219)
  27. Gustave Dore, La Bible , lithographie, 1866 ; Viktor Vasnetsov, Les quatre cavaliers , peinture, 1887.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]