Cantonais
?語
|
Pays
|
Chine
,
Malaisie
|
Region
|
provinces du
Guangdong
et du
Guangxi
,
Hong Kong
et
Macao
en
Chine
, et
Sarawak
,
Sabah
et
Kuala Lumpur
en
Malaisie
|
Nombre de locuteurs
|
Chine : 62 000 000 (2007)
[
1
]
Total : 85 538 610 (2018)
[
1
]
|
Typologie
|
SVO
,
isolante
,
a tons
|
Classification par famille
|
|
Statut officiel
|
Langue officielle
|
Hong Kong
Macao
|
Codes de langue
|
IETF
|
yue
|
ISO 639-3
|
yue
|
Etendue
|
langue individuelle
|
Type
|
langue vivante
|
Linguasphere
|
79-AAA-m
|
WALS
|
cnt
|
Glottolog
|
yuec1235
|
Echantillon
|
Article premier de la Declaration universelle des droits de l'homme
(
texte en francais
)
第一?
人人生而平等,?尊?同埋?利上一律平等。??有理性同埋良心,而且??以兄弟?系?精神相?待。
Jyutping
:
Dai6 jat1 tiu4
Yan4 yan4 sang1 ji4 ping4dang2, hai2 zyun1jim4 tung4maai4 kyun4lei6 soeng6 jat1leot6 ping4dang2. Keoi5dei6 jau5 lei5sing3 tung4maai4 leong4sam1, ji4ce2 jing1dong1 ji5 hing1dai6 gwaan1hai6 ge3 zing1san4 seong1 deoi3doi6.
Romanisation Yale
:
Daih y?t tiuh
Yahn yahn s?ng yih pihngdang, hai jy?nyihm tuhngmaaih kyuhnleih seung y?tleuht pihngdang. Keuihdeih yauh leihsing tuhngmaaih leuhngs?m, yihche y?ngd?ng yih h?ngdaih gw?anhaih ge j?ngsahn s?ung deuidoih.
|
Carte
|
Distribution du cantonais en Chine
(
, au sud).
|
modifier
|
Le
cantonais
(
chinois simplifie
:
??
;
chinois traditionnel
:
?語
;
pinyin
:
yue y?
;
cantonais Jyutping
:
jyut6 jyu5
;
cantonais Yale
:
yuht yuh
, aussi connu sous le nom
???
/
廣東話
,
Gu?ngd?ng Hua
,
cantonais Jyutping
:
Gwong2 dung1 waa6
, ≪ la langue du Guangdong ≫) ou
yue
est une
langue chinoise
parlee particulierement dans le sud de la
Chine
, dans les provinces du
Guangdong
et du
Guangxi
, a
Hong Kong
et a
Macao
.
D'un point de vue
linguistique
, il y a plus de differences entre le cantonais et le
mandarin
qu'entre l'espagnol et le francais, mais la comprehension a l'ecrit entre les differentes langues chinoises est assez bonne grace aux
sinogrammes, dont la plupart sont les memes
.
A la difference du mandarin, qui n′emploie que quatre tons, la prononciation du cantonais en connait neuf, c'est-a-dire que certaines syllabes peuvent se prononcer de neuf facons differentes, en fonction de l'intonation et de l'inflexion donnees a la voix. De plus, les syllabes cantonaises se terminent souvent avec une consonne (-
p
/ -
b
, -
m
, -
n
, -
ng
, -
g
/ -
k
, -
d
/ -
t
), alors qu'en mandarin, on ne trouve que les voyelles et deux consonnes nasales (-
n
, -
ng
) a la fin d'une syllabe.
Il s'ecrit au moyen des
sinogrammes
, dont un certain nombre lui sont propres et/ou ne se retrouvent plus en
mandarin
(qui peut cependant les prononcer ou les utiliser de maniere bien moins frequente et dans des emplois tres limites). Par exemple (transcriptions
jyutping
) :
- ?
keoi5
, ≪ il, lui ≫ (se prononce
qu
en mandarin mais n'a pas de sens ; on utilisera 他
t?
) ;
- ?
mou5
, ≪ ne pas avoir ≫ (mandarin
m?o
, pas de sens, equivalent de 沒有
meiy?u
) ;
- ?
m4
, [negation] (mandarin
wu
, ou il sert d'onomatopee rare ; equivalent de 不
bu
) ;
- 係
hai6
, ≪ etre ≫ (mandarin
xi
, ou il signifie ≪ lier ≫ ; equivalent de 是
shi
);
- ?
mat1
, ≪ quoi ≫ (mandarin
mie
, pas de sens, equivalent de 甚?/什?
shenme
).
Le cantonais standard est une variete du cantonais, generalement consideree comme sa
variete de prestige
(en)
. Elle est parlee par les natifs des villes de
Wuzhou
,
Canton
,
Hong Kong
et
Macao
dans le sud de la
Chine
, et dans les regions environnantes. Elle est egalement parlee par une partie importante de la
diaspora chinoise
originaire de la province de
Guangdong
a
Singapour
, en
Malaisie
, au
Canada
, aux
Etats-Unis
, en
Australie
, en
Europe
et ailleurs. Historiquement, le cantonais fut la forme de la langue chinoise la plus parlee par les communautes de Chinois d'outre-mer en Occident, bien que la situation ait change avec l'importance prise par le
mandarin
dans le monde chinois.
Le cantonais standard est generalement connu sous l'appellation de
cantonais
, bien que, dans les milieux scientifiques linguistiques, ce terme soit generalement utilise pour evoquer la categorie plus large
cantonais
(
chinois simplifie
:
?
?
;
chinois traditionnel
:
?語
;
pinyin
:
Yuey?
; Jyutping: Yuet6yue5). Le cantonais standard est aussi parfois appele
Le parler de Canton
(
chinois simplifie
:
??
?
;
chinois traditionnel
:
廣東話
;
pinyin
:
Gu?ngd?ng hua
; Jyutping:
Gwong2dong1 Wa2
) ou parler de la prefecture de Canton (
chinois simplifie
:
?州?、?府?
;
chinois traditionnel
:
廣州話、廣府話
;
pinyin
:
Gu?ngzh?u hua, Guangf? hua
; Jyutping:
Gwong2zau1 Wa2
,
Gwong2fu2 Wa2
).
Comme pour tout
dialecte
, la
phonologie
du cantonais standard varie selon les
locuteurs
. Contrairement a ce qui existe pour le
mandarin standard
, il n'y a pas d'instance officielle pour reguler le cantonais standard. En plus de la phonologie generalement admise par le corps enseignant, la television et la radio donnent egalement la norme. Diverses variations existent.
Il existe environ 630 combinaisons differentes pouvant former des jeux de
syllabe
(consonne initiale) et
rimes syllabiques
(reste de la syllabe), sans compter les tons. Certaines d'entre elles, telles que
/?ː?/
et
/ei?/
(?),
/p?ŋ?/
(?),
/k??ŋ?/
(?) sont rares de nos jours; certaines telles que
/k??k?/
et
/k???k?/
(隙), ou
/k?aːŋ??/
et
/k?ŋ??/
(梗) qui a traditionnellement deux prononciations egalement correctes, mais une prononciation initiale unique (parce que la prononciation
inusitee
est unique pour ce seul mot) faisant des lors disparaitre les sons
inutilises
de la langue; alors que certaines telles que
/k???ːk?/
(擴),
/p?uːi?/
(胚),
/j?y?/
(錐),
/k?ː?/
(痂) qui ont des prononciations standards alternatives qui se sont imposees (telles que
/k???ːŋ?/
,
/puːi?/
,
/t??y?/
et
/k??ː?/
respectivement), faisait aussi disparaitre certains sons de la langue journaliere; et egalement d'autres telles que
/faːk?/
(?),
/f?ŋ?/
(?),
/t?p?/
(?) sont devenues extremement populaires (erronement), considerees comme issues d'emprunt, alors qu'elles sont issues d'usages anciens du cantonais lui-meme.
Par ailleurs, il existe de nouveaux mots en cantonais utilises a Hong Kong, mais qui n'ont jamais ete utilises precedemment, tels que get1 (note : ceci est un usage non standard tel que
/?ːt/
n'a jamais ete une finale valide / acceptee et reconnue pour le cantonais, bien que le son final
/?ːt/
soit apparu en cantonais vernaculaire auparavant,
/p??ːt?/
- notablement pour le
classificateur
des substances collantes, tels la boue, la colle, le chewing gum, etc.), dont le son est emprunte du mot anglais
gag
(comme en francais), pour designer le fait d'amuser autrui avec une blague (si possible visuelle).
Les
initiales
sont les
consonnes
possibles d'une
syllabe
. Ci-dessous figure un inventaire du cantonais standard tel qu'etabli par l'
API
:
On note le contraste de l'
aspiration
et l'absence de contraste de
phonation
pour les
consonnes occlusives
. Les
sifflantes
affriquees
sont groupees avec les arrets pour la facilite de presentation.
Certains linguistes preferent analyser
/j/
et
/w/
comme faisant partie des
finales
pour les rendre analogues a
/i/
et
/u/
en
mandarin standard
, particulierement en phonologie comparative. Cependant, depuis que les tetes de finales apparaissent seulement avec les
initiales nulles
(en)
,
/k/
ou
/k?/
, les analyser comme partie des initiales diminue grandement le nombre des finales en n'ajoutant que quatre initiales. Certains linguistes analysent
/?/
(
coup de glotte
) quand une
voyelle
autre que
/i/
,
/u/
ou
/y/
commence une syllabe.
La position des
consonnes coronales
varie des
consonnes dentales
jusqu'aux
consonnes alveolaires
, avec
/t/
et
/t?/
plus dentales. La position des
consonnes sifflantes
/ts/
,
/ts?/
, et
/s/
sont alveolaires.
Certains locuteurs natifs ne peuvent faire de distinction entre
/n/
et
/l/
, ainsi qu'entre
/ŋ/
et l'initiale nulle. Ils prononcent seulement
/l/
et l'initiale nulle.
Les
finales
(ou rimes) sont ce qu'il reste de la syllabe apres que l'on a enleve l'initiale. Il existe deux types de finales en cantonais, selon la
quantite vocalique
. Le tableau suivant presente toutes les finales possibles en cantonais standard telles qu'elles figurent dans le systeme
IPA
:
- Nasales syllabiques :
[
m?
]
[
ŋ?
]
- ¹Les finales
[
?
ː
u
]
,
[
?
ː
m
]
,
[
?
ː
n
]
,
[
?
ː
p
]
,
[
?
ː
t
]
et
[
œ
ː
t
]
n'apparaissent que dans le discours informel. Elles sont generalement absentes des analyses et des romanisations.
Le cantonais standard comporte six
contours de ton
distincts.
Nom de ton
|
Yin Ping
(陰平)
|
Yin Shang
(陰上)
|
Yin Qu
(陰去)
|
Yang Ping
(陽平)
|
Yang Shang
(陽上)
|
Yang Qu
(陽去)
|
Contour
|
? / ??
|
??
|
?
|
?? / ?
|
??
|
?
|
Description
|
ton haut /
ton haut descendant
|
ton median montant
|
ton median
|
ton descendant /
ton tres bas
|
ton legerement montant
|
ton bas
|
Numero
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
Exemples
|
詩
|
史
|
試
|
時
|
市
|
是
|
Romanisation (
Yale
)
|
s? or si
|
si
|
si
|
s?h or sih
|
sih
|
sih
|
Pour repondre aux exigences des regles de la
poesie chinoise
, les premier et quatrieme tons sont generalement regroupes dans la ≪ categorie (tons) plats ≫ (
平
聲
), alors que les autres sont plutot qualifies d'≪ obliques ≫ (
仄
聲).
A Hong Kong, le premier ton peut etre aussi bien haut niveau ou haut descendant sans que cela n'affecte la signification des mots prononces. La plupart des locuteurs de Hong Kong ne sont en general pas conscients de ces variations. A Guangzhou, le haut descendant est le plus frequemment entendu.
Les nombres ≪ 394052786 ≫ prononces en cantonais, donneront les 9 tons dans l'ordre conventionnel de la
romanisation Yale
: saam1, gau2, sei3, ling4, ng5, yi6, chat7, baat8, luk9), donnant des lors un bon moyen mnemotechnique pour se souvenir de ces tons.
Il n'y a pas actuellement pas plus de
niveaux
de ton en cantonais standard qu'en
mandarin standard
(trois si l'on exclut le ton tombant inferieur du cantonais), mais le cantonais a un jeu plus complet de sept tons.
Le cantonais standard preserve pour l'essentiel les tons du
chinois medieval
de la facon presentee ci-dessous.
Chinois medieval
|
Cantonais standard
|
Tone
|
Initial
|
Voyelle centrale
|
Nom de ton
|
Contour de ton
|
Numero de ton
|
Ping
|
V?
|
|
Yin Ping
|
? / ??
|
1
|
V+
|
Yang Ping
|
?? / ?
|
4
|
Shang
|
V?
|
Yin Shang
|
??
|
2
|
V+
|
Yang Shang
|
??
|
5
|
Qu
|
V?
|
Yin Qu
|
?
|
3
|
V+
|
Yang Qu
|
?
|
6
|
V? = consonne sourde initiale, V+ = consonne sonore initiale. La distinction sourde / sonore existait dans le
chinois medieval
, mais a ete perdue en cantonais, seulement preservee en les differences tonales.
A l'instar d'autres langues, le cantonais est en proie a des
changements phonetiques
, par lesquels de plus en plus de locuteurs utilisent un son specifique jusqu'a ce que celui-ci devienne la norme.
Un glissement connu qui a modifie le cantonais par le passe est la perte de la distinction entre les
consonnes sibilantes
alveolaires et les alveo-palatales (parfois appelees postalveolaires), changement intervenu entre la fin du
XIX
e
et le debut du
XX
e
siecle
. Cette distinction etait mentionnee dans de nombreux dictionnaires et les guides de prononciation jusque dans les
annees 1950
, mais ne se retrouve pas dans le cantonais moderne.
Quelques publications qui mentionnent la distinction :
- Williams, S.,
A Tonic Dictionary of the Chinese Language in the Canton Dialect
, 1856.
- Cowles, R.,
A Pocket Dictionary of Cantonese
, 1914.
- Meyer, B. and Wempe, T.
,
The Student's Cantonese-English Dictionary
,
3
e
edition, 1947.
- Chao, Y.
Cantonese Primer
, 1947.
La depalatalisation des
consonnes sibilantes
a desormais rendu unique des prononciations de mots anciennement distinctes. Par ailleurs, cette distinction est toujours en vigueur dans le mandarin standard moderne, ou les anciennes consonnes sibilantes du cantonais correspondent aux
consonnes retroflexes sibilantes
en mandarin. Par exemple :
Categorie de sibilante
|
Caractere
|
Cantonais moderne
|
Cantonais ancien
|
Mandarin standard
|
Affricative non aspiree
|
將
|
/tsœːŋ/
(alveolaire)
|
/tsœːŋ/
(alveolaire)
|
/t?i?ŋ/
(alveolo-palatale)
|
張
|
/t?œːŋ/
(alveolo-palatale)
|
/t??ŋ/
(retroflexe)
|
Affricative aspiree
|
槍
|
/t?sœːŋ/
(alveolaire)
|
/ts?œːŋ/
(alveolaire)
|
/t??i?ŋ/
(alveolo-palatale)
|
昌
|
/t??œːŋ/
(alveolo-palatale)
|
/t???ŋ/
(retroflexe)
|
Fricative
|
相
|
/sœːŋ/
(alveolaire)
|
/sœːŋ/
(alveolaire)
|
/?i?ŋ/
(alveolo-palatal)
|
傷
|
/?œːŋ/
(alveolo-palatale)
|
/??ŋ/
(retroflexe)
|
Bien que les observateurs mentionnes ci-dessus observent cette distinction, la plupart d'entre eux ont egalement note le phenomene de depalatisation deja a l’œuvre a l'epoque. Williams (
1856
) ecrit :
- Les initiales
ch
et
ts
sont en permanence confondues, et certaines personnes sont tout a fait incapables de detecter une difference entre les deux, prononcant plus frequemment
ts
pour
ch
que le contraire.
Cowles (1914) ajoute :
- l'initiale
≪ s ≫ peut etre entendue comme l'initiale ≪ sh ≫ et vice versa.
Un vestige de cette difference de palatisation se retrouve parfois dans la romanisation du cantonais du Gouvernement de Hong Kong. Par exemple, de nombreux noms sont epeles avec
sh
bien que le ≪ son
sh
≫ (
/?/
) ne soit plus utilise pour ces mots. Par exemple le prenom
石
(
/s?ːk?/
), generalement romanise en
Shek
, et le nom de lieux tels
Sha Tin
(沙田;
/saː? t?iːn?/
).
Les sibilantes alveolo-palatales apparaissent de meme avec les sibilantes retroflexes en mandarin, les sibilantes alveolo-palatales apparaissant seulement avant
/i/
, ou
/y/
. Cependant, la mandarin garde les medianes, ou
/i/
et
/y/
peuvent apparaitre, comme dans les exemples ci-dessus. Le cantonais a perdu ses medianes il y a un certain temps, reduisant d'autant pour ses locuteurs leur capacite de distinguer les initiales sibilantes.
Dans le Hong Kong actuel, de nombreux jeunes locuteurs natifs ne sont plus en mesure de distinguer certaines paires de
phonemes
, et les confondent des lors en un seul. Bien que cela soit parfois considere comme un sous-standard et denonce comme des ≪ sons alteres ≫ (懶音), ce phenomene gagne du terrain et commence a influer sur d'autres regions ou le cantonais est parle.
Selon
Robert Bauer
, le cantonais de Hong Kong est fortement influence par le
passe colonial de Hong Kong
, sous controle britannique. Le lexique cantonais s’est considerablement enrichi sous l’influence coloniale anglaise
[
3
]
. Au niveau de la graphie, l'influence de l'anglais a augmente l’autonomie de la langue cantonaise a l’ecrit : pour pallier le manque de certains caracteres, de nouveaux caracteres sont crees. Certains sont meme uniques a Hong Kong
[
4
]
.
Les systemes de romanisation du cantonais les plus repandus sont connus sous les noms de
Barnett-Chao
,
Meyer-Wempe
, et
Yale
. Ils ne different pas beaucoup l'un de l'autre, mais c'est le Yale qui est le plus communement utilise dans les pays occidentaux. Dans le cadre de ses cours de cantonais langue etrangere, le linguiste de
Hong Kong
Sidney Lau
a apporte des modifications au systeme Yale, creant ainsi un autre systeme actuellement utilise par les etudiants en langue cantonaise.
Le systeme recommande par la Societe linguistique de
Hong Kong
(Linguistic Society of Hong Kong ? LSHK) est appele
jyutping
(??). Il permet de resoudre de nombreux points faibles et problemes du systeme Yale, qui reste neanmoins le plus repandu et privilegie. Le
jyutping
differe du Yale sur de nombreux points avec lesquels les utilisateurs du Yale ne sont pas familiarises. Des efforts ont ete faits pour promouvoir le
jyutping
, mais il est encore trop tot pour connaitre son degre de reussite.
Cependant, le fait que les personnes de langue maternelle cantonaise, quel que soit leur niveau d’education, ne comprennent aucun systeme de romanisation peut etre frustrant pour ceux qui apprennent cette langue. Il semble que les Cantonais ne voient aucun interet a apprendre un de ces systemes. Les systemes de romanisation ne font pas partie des programmes d’education, ni a
Hong Kong
ni dans la province du
Guangdong
.
Les premiers efforts systematiques pour developper une representation alphabetique de la prononciation cantonaise debuterent avec l'arrivee de
missionnaires
protestants
en Chine au debut du
XIX
e
siecle
. Une romanisation etait consideree comme a la fois un outil pour aider les missionnaires a apprendre le parler local plus aisement, et un moyen aise pour les fideles d'apprendre les ecrits chretiens. Avant cela, des missionnaires
catholiques
, generalement
portugais
, avaient developpe des systemes de romanisation pour etablir la prononciation de la langue chinoise en vigueur a la Cour et dans l'Administration, mais tres peu pour les autres langues. Le plus important dictionnaire de traduction du chinois jamais realise, le
Grand Ricci
, date de cette epoque et etablit des traductions vers le francais.
Robert Morrison
, le premier missionnaire
protestant
en Chine, publia
Vocabulary of the Canton Dialect
(
1828
) avec une romanisation de la prononciation du cantonais peu systematique.
Elijah Coleman Bridgman
et
Samuel Wells Williams
en leur
Chinese Chrestomathy in the Canton Dialect
(
1841
) furent a l'origine d'une longue lignee de romanisations et qui furent notamment concretisees par les travaux de
James Dyer Ball
,
Ernest John Eitel
, et
Immanuel Gottlieb Gen?hr
(
1910
). Bridgman et Williams baserent leur systeme sur l'alphabet phonetique et les diacritiques proposees par
Sir William Jones
pour les langages de l'Asie meridionale. Cette romanisation se fondait sur un dictionnaire de rimes local, le Fenyun cuoyao, aisement disponible a l'epoque et qui l'est toujours. Le
Tonic Dictionary of the Chinese Language in the Canton Dialect
de Samuel Wells Willams (
Yinghua fenyun cuoyao
, 1856), est un rearrangement alphabetique, une traduction et une annotation du Fenyun. Pour permettre d'adapter le systeme aux besoins des utilisateurs confronte generalement aux seules langues locales en l'absence d'un standard etabli ? bien que le parler des villes de l'ouest (
xiguan
) ait ete la variete de prestige de l'epoque, de
Guangzhou
? Williams suggera que les utilisateurs apprennent et suivent la prononciation de leur formateur de son jeu de syllabes cantonaises. Ce fut apparemment une innovation de Bridgman d'indiquer les tons avec un cercle ouvert (ton de registre haut) ou un cercle ouvert sous la syllabe (tons de registre inferieur) aux quatre coins de la romanisation du mot en analogie avec le systeme chinois traditionnel pour l'indication d'un caractere avec un cercle (en bas a gauche pour ≪ constant ≫, en haut a gauche pour ≪ montant ≫, en haut a droite pour ≪ descendant ≫ et en bas a droite pour le ≪
ton d'entree
≫).
John Chalmers
, dans son
English and Cantonese pocket-dictionary
(
1859
) simplifia la notation des tons en utilisant un accent aigu pour indiquer le ton ≪ montant ≫, un accent grave pour le ton ≪ descendant ≫ et pas de diacritique pour le ton ≪ constant ≫ et un italique (ou en souligne pour l'ecriture manuscrite) pour les tons hauts. Le ton d’≪ Entree ≫ peut etre distingue par sa fin consonantique.
Nicholas Belfeld Dennys
utilisa la romanisation de Chalmers dans ses publications. Cette methode de notation des tons fut adoptee par la
romanisation Yale
(avec le ton bas note avec un 'h'). Une nouvelle romanisation fut developpee au debut du
XX
e
siecle
, qui elimina les diacritiques en distinguant les tonalites par la differentes facons d'epeler (par exemple : a/aa, o/oh). Les diacritiques furent utilisees seulement pour marquer les tons. Le nom de Tipson est associe avec cette nouvelle romanisation qui comprenait toujours certaines caracteristiques phonologiques du Fenyun. Celle-ci a ete utilisee pour le 'dictionnaire de Meyer-Wempe et Cowles' et les livres de O'Melia, et de nombreux autres ouvrages du
XX
e
siecle. Ce fut la romanisation standard jusqu'a ce qu'elle soit remplacee par le systeme yale. Le linguiste Y. R. Chao developpa une adaptation cantonaise de sa
romanisation Gwoyeu
qu'il utilisa pour son ≪ Cantonese Primer ≫. Le probleme principal evoque en ce livre est la comparaison des differents systemes. Le Gwoyeu Romatzyh ne fut que peu utilise.
Une importante etude sur le cantonais,
A Chinese Syllabary Pronounced According to the Dialect of Canton
(en)
, ecrite par
Wong Shik Ling
, fut publiee en
1941
. Il utilise un systeme de transcription base sur l'
IPA
pour le cantonais,
S. L. Wong system
(en)
et de nombreux dictionnaires chinois publies plus tard a Hong Kong utiliserent cette transcription. Bien que Wong produisit aussi une romanisation apres ses travaux, appelee
romanisation S. L. Wong
(en)
, mais qui n'est plus desormais utilisee comme systeme de transcription.
Le systeme de transcription promu par la
Linguistic Society of Hong Kong
(LSHK), appele
jyutping
, permet de lever la plupart des imprecisions et problemes des systemes plus anciens. Il presente des similitudes avec le systeme de
romanisation Yale
, mais s'en ecarte en divers points. La valeur phonetique des lettres ne pose pas de probleme particulier aux occidentaux et en particulier ceux qui ont etudie l'anglais. Divers efforts ont ete entrepris pour promouvoir le jyutping, mais il est actuellement difficile de savoir quel est leur succes.
Une autre romanisation populaire est le
Standard Cantonese Pinyin
, qui est le seul systeme de romanisation accepte par le
Hong Kong Education and Manpower Bureau
(en)
et le
Hong Kong Examinations and Assessment Authority
(en)
. Les livres et cours pour professeurs et etudiants en etudes primaires et secondaires utilisent generalement cette romanisation. Mais il reste de nombreux partisans et utilisateurs du systeme de S. L. Wong.
Actuellement les personnes desireuses d'apprendre le cantonais peuvent se sentir frustrees de voir que peu de Cantonais, quel que soit leur niveau d'education, ont une maitrise de ces romanisations, ayant peu de motivations pour les apprendre. Ces systemes de romanisation ne sont pas enseignes a Hong Kong ni dans la
province
de
Guangdong
. En pratique, les habitants de Hong Kong utilisent la romanisation non nommee du gouvernement de
Hong Kong
. Voir
Hong Kong Government Cantonese Romanisation
(en)
pour des precisions.
Le cantonais vernaculaire parle differe du
chinois ecrit moderne
, qui est essentiellement une forme ecrite du
mandarin standard
. Un chinois ecrit parle mot-a-mot sonne exagerement formel et distant en cantonais. Le resultat en est qu'avec le temps s'est fait sentir la necessite d'avoir une langue ecrite en accord avec l'oral. Il en resulta la creation de caracteres complementaires specifiquement cantonais. Nombre d'entre eux ont une valeur phonologique qui n'existe pas en mandarin. Une bonne source de ce vocabulaire ecrit cantonais sont les livrets de l'opera cantonais (大? - daai hei). Le cantonais ecrit est largement incomprehensible aux non-Cantonais, car il utilise un vocabulaire et une grammaire que ne comprennent pas les personnes parlant le mandarin.
Readings in Cantonese colloquial: being selections from books in the Cantonese vernacular with free and literal translations of the Chinese character and romanized spelling
(
1894
) de James Dyer Ball dispose d'une bibliographie de documents disponibles en caracteres cantonais au cours de la derniere decennie du
XIX
e
siecle
. Quelques bibliotheques ont des collections souvent appelees
wooden fish books
ecrites en caracteres cantonais. Certains de ces textes ont ete publies dans le
Cantonese Ballads
de Wolfram Eberhard. Voir aussi le
Cantonese love-songs, translated with introduction and notes by Cecil Clementi
(1904) ou une nouvelle traduction de ces Yue Ou en
Cantonese love songs : an English translation of Jiu Ji-yung's Cantonese songs of the early 19th century
(1992). Une bible en caracteres cantonais, le
Pilgrims Progress
, et
Peep of Day
ainsi que de simples catechismes furent publies par les presses des missions. Il ne s'agissait pas generalement d'un jeu de caracteres standardise, et de grandes variations pouvaient etre constatees.
Avec l'arrivee de l'informatique et de la standardisation des jeux de caracteres specifiquement cantonais, de nombreux ecrits des zones cantonophones utilisent dorenavant ces caracteres cantonais pour s'adapter a leur lectorat. Le resultat en est que les principaux medias ecrits sont progressivement devenus moins conservateurs et plus familiers dans leur diffusion des idees. De maniere generale, certains des locuteurs les plus ages regardent cette tendance comme un retour en arriere et un eloignement des traditions. Cette tension entre les ≪ anciens ≫ et les ≪ nouveaux ≫ est un reflet d'une transition qui se deroule actuellement au sein de la population des locuteurs cantonais.
La Chine compte de nombreuses varietes de parlers regionaux, dont beaucoup inintelligibles les uns avec les autres; la plupart d'entre eux sont rarement entendus hors de leur zone d'origine, et ne sont generalement pas utilises dans l'enseignement, les medias et la communication formelle. Ces parlers locaux sont utilises en
Chine continentale
et a
Taiwan
en discours informel par des locuteurs locaux entre amis ou au sein de la famille. Le
mandarin standard
est, lui, plutot utilise dans les medias, l'enseignement et la communication formelle. La majorite des locuteurs cantonais, eux, vivent en Chine continentale, a cause de l'histoire linguistique de
Hong Kong
et
Macao
, mais ils sont nombreux dans la
diaspora chinoise
. Et l'usage du cantonais standard depasse desormais largement l'aire du
Guangdong
, au-dela du nombre meme de locuteurs natifs de cette langue en Chine.
Comme la majorite des habitants de Hong Kong et Macao et leurs ancetres avaient emigre avant la diffusion du
mandarin standard
, le cantonais devint la langue chinoise habituellement parlee en ces regions. Le cantonais est desormais la seule langue chinoise autre que le mandarin standard utilisee en un contexte officiel. Le mandarin standard est en effet la langue officielle de la
Republique populaire de Chine
et de la
Republique de Chine
, ainsi que nombreuses organisations internationales, dont l'
Organisation des Nations unies
. De plus, du fait de son usage par des non-locuteurs du mandarin outremer, le cantonais a souvent ete la premiere langue de contact des Occidentaux avec la Chine. Cependant, l'usage du cantonais comme
lingua franca
en
Amerique du Nord
a diminue ces dernieres annees au profit de l'usage du mandarin
[
5
]
.
Avec le mandarin et le
taiwanais
, le cantonais est aussi l'une des quelques langues chinoises qui possedent leur propre repertoire de musique populaire (
Cantopop
). La prevalence de la culture populaire de Hong Kong a conduit de nombreux
Chinois
a apprendre le cantonais, ce qui est rare etant donne que l'apprentissage d'une langue chinoise ne se fait generalement qu'a la suite d'un long sejour dans la region ou elle est parlee.
Le contraste est particulierement evident avec d'autres langues chinoises, par exemple le
wu
(parle dans la region de
Shanghai
). Le wu a plus de locuteurs que le cantonais. Cependant, le wu et sa variete de Shanghai ne sont pas utilises en contextes officiels ni dans le repertoire populaire de chansons, et n'ont pratiquement aucune diffusion internationale. Ceci est du essentiellement au choix politique du gouvernement de decourager l'usage du wu et des langues chinoises autres que le mandarin standard dans des contextes formels
[
6
]
. Par ailleurs, la quasi-totalite des Shangaiens peuvent parler le mandarin standard et n'utilisent le wu qu'entre eux. De plus, le shangaien est rarement utilise hors de la ville. Il en va de meme pour la plupart des langues chinoises et leurs dialectes. Tandis que les habitants de Hong Kong, eux, parlent peu le mandarin standard et le cantonais y reste la seule forme officielle de la langue chinoise. Voyant le succes du cantonais, certains locuteurs du
Wu
tentent maintenant de promouvoir leur langue.
Certains professeurs du Guangdong continuent a enseigner en cantonais, car de nombreux Cantonais ressentent plus d'affinite pour leur propre langue que pour le mandarin standard, bien que cela aille contre la volonte du pouvoir politique. Cela est meme source de desagrement pour les immigrants d'autres provinces pour qui la langue vernaculaire est le mandarin standard et non le cantonais.
[ref. necessaire]
.
La vie a Hong Kong se caracterise par l'importance des influences
asiatiques
et occidentales, ainsi que par le statut de centre commercial international de la ville. La ville exporte egalement son influence. Il en resulte que de nombreux
mots-valise
sont crees et exportes vers la
Republique populaire de Chine
,
Taiwan
et
Singapour
. Certains de ces mots-valise sont desormais plus populaires que leur equivalent chinois. De meme, de nouveaux mots sont egalement diffuses.
Le cantonais face au mandarin a Hong Kong et Singapour
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]
La bataille entre le cantonais et le mandarin a debute a Hong Kong vers le milieu des
annees 1980
, a l'epoque ou de nombreuses personnes ne parlant pas le cantonais commencerent a y arriver sous les reformes economiques de
Deng Xiaoping
. A cette epoque, Hong Kong et Macao dependaient toujours respectivement du
Royaume-Uni
et du
Portugal
, et le mandarin etait rarement utilise dans ces territoires. Les hommes d'affaires des colonies et de la Republique populaire de Chine observaient une mefiance reciproque envers ceux ne partageant pas la meme langue, avec notamment des polemiques lancees en RPC qualifiant le cantonais de ≪ chinois britannique ≫, alors que le mandarin etait qualifie par ailleurs dans les colonies de ≪ 流氓話 Lau Men Waa ≫, soit litteralement ≪ langue hors-la-loi ≫.
A
Singapour
, le gouvernement avait lance
[Quand ?]
une
campagne pour parler le mandarin
(en)
(Speak Mandarin Campaign / SMC) qui avait l'ambition de promouvoir le
mandarin standard
en lieu et place des
dialectes chinois
, tel le
hokkien
(45 % de la population chinoise de Singapour), le
teochew
(22,5 %), le cantonais (16 %), le
hakka
(7 %) et le
hainanais
. Ceci etait envisage comme une facon de creer une plus grande cohesion parmi la population singapourienne d'origine chinoise. Cette campagne positive de promotion pour le mandarin avait egalement pour but de decourager l'usage des autres parlers chinois. Ceux-ci ne sont plus utilises dans les medias et les autres usages formels comme l'enseignement.
Certains pensent que le gouvernement de Singapour est alle trop loin dans ses ambitions linguistiques. Certaines chansons
taiwanaises
dans des programmes de divertissement diffuses ont ete supprimees ou censurees. Les fictions japonaises ou coreennes sont generalement diffusees en version originale sous-titree, mais les fictions de Hong Kong diffusees sur les medias generalistes sont le plus souvent doublees en mandarin et privees de leurs chansons en cantonais.
Le corollaire de la SMC est la
pinyinisation
de certains termes originaires de la Chine meridionale. Par exemple,
dimsum
est desormais souvent transcrit en
dianxin
en anglais de Singapour dans les medias, bien que cela soit une affaire de style et de convention ; l'usage traditionnel reste largement en vigueur. Une autre consequence de la SMC est que de nombreux jeunes issus de familles de langue cantonaise ne sont desormais plus en mesure de comprendre ou de parler le cantonais, contrairement a la situation prevalant en
Malaisie
, ou la population d'origine chinoise garde largement l'usage de ses langues et dialectes.
Repartition du cantonais parmi les langues chinoises de l'Est de la Chine
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]
Les communautes du sud de la Chine sont de loin celles qui ont essaime le plus frequemment a l'etranger pour former des communautes issues de la
diaspora chinoise
. Le cantonais s'y est donc impose comme langue vehiculaire, notamment dans le
monde anglo-saxon
, au detriment du mandarin.
Le
francais
a emprunte au cantonais quelques mots :
wok
,
dimsum
,
longane
.
En jargon de cinema, on utilise le terme de
gweilo
pour designer les personnages occidentaux antipathiques, notamment dans le cinema de Hong Kong.
Certains personnages historiques chinois (aussi bien des Chinois du continent que de Taiwan) sont egalement connus en Occident sous la prononciation cantonaise de leur nom, comme
Tchang Kai-chek
ou
Sun Yat-sen
.
- ↑
a
et
b
Ethnologue
[yue]
.
- ↑
(en)
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lire en ligne
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lire en ligne
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- ↑
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